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Tout commence à Presbourg : une autre Europe napoléonienne

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Message par DemetriosPoliorcète Mer 25 Jan - 18:36

La montée des nationalismes promet des guerres civiles et interétatique Sad

Oui, les régimes sont différents, les centres de pouvoir sont différents, mais les grands phénomènes historiques restent là : il va y avoir des revendications nationales et l'ordre européen va être ébranlé.
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Message par Yodarc Mer 25 Jan - 20:03

J'adore le développement des troubles dans le Royaume-Uni qui rappelle l'histoire parfois compliquée et tendue de la Grande-Bretagne et une belle mise en scène de l'impact de l'absence des succès de Wellington dans la péninsule ibérique et à Waterloo.

J'apprécie le fait que l'évolution du contexte amène à l'émergence de nouvelles sources de tensions qui remettent en cause la Napoleoni Pax.
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Message par DemetriosPoliorcète Jeu 26 Jan - 9:46

Chapitre 24 : l’Europe vers la guerre


"L. M. l'Empereur de Russie et roi de Pologne, l'Empereur d'Autriche, roi de Hongrie et de Bohème, et le roi de Prusse et président à vie de la Confédération du Nord ont approuvé les termes du présent traité. Les trois puissances déclarent renoncer à toute agression et se vouer amitié et assistance mutuelle"

                           Préambule du traité de 1887




Les historiens et les intellectuels ont souvent mis en avant la montée des nationalismes comme unique facteur de la désagrégation du concert européen et de la marche vers la guerre. La réalité est en fait plus complexe : les rivalités entre les puissances de ce concert européen et le choix fait par ces puissances de privilégier les alliances bilatérales comptaient au moins autant que les nationalismes minoritaires dans le déclenchement du futur conflit.

La rivalité impériale la plus évidente était celle entre le Royaume-Uni et la Russie. Les deux puissances étaient en friction en Iran, où la cour qadjare était depuis longtemps divisée entre partisans de Pétersbourg et de Londres, et dans le nord du monde indien : si les Britanniques avaient soutenu Dost Mohammad contre l’expansion de l’Iran, l’Afghanistan s’était ensuite rapproché de la Russie et avait repris la région pashtoune de Peshawar à ses vieux ennemis sikhs. Paniquée à l’idée de voir les territoires de l’EIC menacés, Londres s’empressa de mettre en place un protectorat sur l’Etat sikh du Pendjab. En 1885, le Royaume-Uni se résolut à supprimer l’East India Company pour établir un contrôle direct sur l’Inde, à travers le Gouvernement Royal de l’Inde.

Un espace de confrontation plus inattendu était l’Alaska. La région avait été, pour des raisons géopolitiques et de prestige, l’objet d’attentions particulières dès la fin du règne d’Alexandre Ier. Néanmoins, la chute des profits du commerce de fourrure avait posé la question du maintien de la Russie en Amérique, et la vente du territoire aux Etats-Unis et au Japon avait été envisagée. Mais, aucune négociation n’ayant abouti, la Russie se décida à conserver le territoire et à le considérer comme une partie du territoire national, continuant à y envoyer de nouveaux colons. Il trouva également une nouvelle vocation de territoire de relégation pour les prisonniers. Dès la décennie 1870, l’immigration de colons venus du Canada britannique entraîna des affrontements armés avec les autorités russes et les Amérindiens, convertis à l’orthodoxie. Pétersbourg dut envoyer 700 grenadiers du régiment d’élite Pavlovsky prêter main forte à ses sujets. La découverte d’or à la frontière entre Alaska et Canada fit rejaillir les tensions entre les deux puissances dans la décennie suivante. Les expulsions de colons, voire les attaques à main armée des camps de mineurs considérés par l’un ou l’autre pays comme installé illégalement de son côté de la frontière. Aucune tentative de délimitation claire et définitive de la frontière ne put réellement aboutir.

Plus à l’ouest, l’influence russe de plus en plus importante au nord de la Chine inquiétait également la Grande-Bretagne, mais aussi la France, protectrice de la Corée et qui se voulait l’amie de la Chine parmi les puissances occidentales : après s’être vu accorder un ensemble de concessions ferroviaires en Mandchourie, la Russie avait obtenu, contre l’annulation des dettes chinoises, la concession pour cinquante ans, de la péninsule du Liaodong.

Loin des terrains asiatiques, un événement avait entraîné un basculement en Europe, mais était dans un premier temps passé inaperçu : le 18 juillet 1887, Russie, Autriche et Confédération du Nord avaient signé un « Pacte de non-agression, d’amitié et d’entraide mutuelle » par lequel elles s’engageaient à reconnaître en l’état l’ensemble des frontières en Europe orientale et à s’interdire toute tentative pour les modifier. Apparaissant comme un pas vers la baisse des tensions et la pacification de l’Europe, ce traité orienté contre les nationalismes faisait en fait entrer l’Europe dans l’époque des alliances permanentes, qui allaient bientôt remplacer le mécanisme du concert européen, bien que personne n’en ait réellement conscience. Il avait comme origine la volonté de la Russie de sécuriser ses gains polonais, mais aussi la peur entrainée par la montée des nationalistes dans la région. Le nationalisme roumain était notamment une préoccupation partagée entre Autriche et Russie. Si la Valachie avait été reconnue comme un Grand Duché autonome au sein de l’Empire russe, la Moldavie était plus directement intégrée au territoire et soumise au pouvoir de Pétersbourg. Les revendications d’unification de ces deux régions dans un même grand duché de Roumanie avaient été clairement refusées par le pouvoir central, qui ne voulait pas froisser l’Autriche, qui abritait en Transylvanie une grande partie de la population roumanophone. Les organisations nationalistes roumaines avaient répliqué par une série d’assassinats de responsables russes aussi bien qu’Autrichien, provoquant une certaine paranoïa dans les deux chancelleries.
Parmi les Slaves des Balkans, le rapprochement russo-autrichien avait été perçu comme une trahison par l’ancien protecteur. Un certain Tzvetan Radic, qui s’était fait connaître comme auteur de romans d’aventure, théorisa ce que l’on devait bientôt appeler le « néo-panslavisme », dans un livre bientôt lu dans toute l’Europe : selon son idée, les Russes n’étaient pas d’authentiques slaves mais un mélange de nombreux peuples soumis qui plus est à l’acculturation turco-mongole ; la Russie devait retrouver sa « vocation orientale », tandis que l’ensemble des slaves du sud et de l’ouest devaient s’unir dans une unique Empire de Slavie, réunissant les Salves des Balkans, ceux de l’Empire d’Autriche, l’Ukraine, la Pologne, la Lithuanie et la Biélorussie. D’autres, plus réalistes, se contentaient de l’idée d’une Roumélie agrandie à la Serbie et à la Bosnie, et obtenaient une influence de plus en plus grande à la cour de Skopje.

Restait encore la question allemande. Pour de nombreux observateurs, les trois Allemagne constituaient la plus belle réussite du concert européen. Un diplomate français avait ainsi expliqué que « la preuve la plus évidente de la réussite du système européen ne se trouve pas dans l’un des grands congrès que l’on a convoqué pour régler telle ou telle crise urgente ; elle se trouve dans la patiente et discrète simplification du problème allemand, qui nous mène à la situation actuelle, satisfaisante pour toutes les parties ». La question allemande ne paraissait pourtant pas, à l’aube du XXe siècle, être devenue si simple. Tous les Etats avaient rejoint soit la Confédération du Nord, soit la Confédération du Rhin, devenue par la suite Confédération Sud-Allemande, mais des points de discorde subsistaient : pourquoi le Grand Duché de Berg de la famille Murat, enclavé en Allemagne du Nord, appartenait-il à la Confédération Sud-Allemande ? De plus, le pangermanisme, resté minoritaire dans l’opinion, avait néanmoins gagné du terrain à la cour de Berlin. La chancellerie prussienne espérait étendre son influence vers le sud, sans étendre la Confédération du Nord à toute l’Allemagne, ce que n’aurait pas accepté Vienne, mais tout du moins en remplaçant l’influence française par sa propre influence. Cette tendance fut confirmée par la nomination du Hessois Ludwig Wittenberg, pangermaniste convaincu, au double poste de ministre-président de Prusse et de chancelier de la Confédération.

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La Confédération du Rhin dans ses frontières de 1806 (pointillés mauves). Ces frontières sont les dans les grandes lignes les mêmes à la fin du XIXe siècle

Enfin, l’Italie était l’autre foyer de tensions en Europe. Milan n’avait jamais accepté la défaite de 1857 et le recul de sa frontière, et les radicaux (ou Giacobini) au pouvoir depuis le début de la décennie 1880 poussaient à une militarisation intense du pays. A Rome, les républicains rêvaient d’en découdre avec le pouvoir pontifical, garanti par Vienne et les puissances réactionnaires, qui leur semblait les maintenir dans l’archaïsme, malgré les concessions démocratiques faites par les Pape successifs. L’Italie du sud des Bourbons était quant à elle plus que jamais acquise à l’alliance avec Vienne.
Alors que la possibilité d’une guerre généralisée se faisait de plus en plus tangible, les opinions publiques, elles, ne semblaient pas s’y préparer. Certes, la plupart des pays d’Europe avaient mis en place de longs services militaires, et la propagande nationaliste y était omniprésente. Mais peu de gens, y compris parmi les militaires, souhaitaient une guerre, et pratiquement personne n’imaginait un conflit qui puisse durer plusieurs années. Les mentalités restaient ancrées dans l’idée de conflits limités comme ceux qu’avaient connu l’Europe depuis 1805.

Après la décennie de marasme économique qui avait suivi 1881, on s’enthousiasmait pour la seconde révolution industrielle, qui ramenait emploi et dynamisme. Le cinéma se démocratisait, tandis que le tourisme était désormais à la portée de la petite-bourgeoisie. Autour de 1900, on recommençait à croire à un progrès qui amènerait l’Europe vers la paix perpétuelle. La suite allait prouver le contraire...


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Message par Collectionneur Jeu 26 Jan - 16:49

Juste une lettre oubliée : Enfin, l’Italie était l’autre foyer de tensions en Europe. Milan n’avait jamais accepté la défait... de 1857

Royaume-Uni, France, Italie et Chine contre Prusse, Russie et Autriche ?
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Message par Rayan du Griffoul Jeu 26 Jan - 16:50

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Message par DemetriosPoliorcète Jeu 26 Jan - 18:46

Collectionneur a écrit:Juste une lettre oubliée : Enfin, l’Italie était l’autre foyer de tensions en Europe. Milan n’avait jamais accepté la défait... de 1857

Royaume-Uni, France, Italie et Chine contre Prusse, Russie et Autriche ?

Corrigé!

Et...oui. Wink
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Message par ezaski Ven 27 Jan - 0:04

IRL il y avait une alliance entre ces 3 empires il me semble, Bismarck a mis fin à celle-ci
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 28 Jan - 16:01

Chapitre 25 : le déclenchement de la guerre

« Devant l’impossibilité de toutes les autres solutions envisagées, et après que l’Autriche ait usé de tout son poids pour chercher à obtenir une conciliation et ramener la paix en Europe, je dois aujourd’hui demander à tous mes sujets d’accomplir leur devoir vis-à-vis de l’Empire, parmi les mobilisés comme parmi les civils. Puisse Dieu mettre fin à cette guerre aussi vite que possible, et nous donner le courage de l’affronter »

                     Proclamation Rodolphe Ier, Empereur d’Autriche, 17 octobre 1905





En 1905, on s’apprêtait à fêter les cent ans de la bataille d’Austerlitz, qui allaient précéder ceux du traité de Presbourg, fondement du système qui régissait depuis lors l’Europe des puissances. La seconde révolution industrielle battait son plein, les automobiles remplaçaient les chevaux dans les villes, le métropolitain et les constructions en métal mettaient la modernité la plus avancée aux yeux de tous. Mais le climat d’optimisme cachait mal les tensions qui, semées à la fin du siècle précédent, se faisaient de plus en plus visibles.

En Russie, trente-cinq ans de libéralisme autoritaire avaient profondément transformé les sociétés du pays, et la réforme du cens qui avait porté à 25% la part de votants n’avait rien arrangé au climat politique et social, qui s’aggravait de jour en jour. Beaucoup commençaient à penser à une guerre extérieure comme un moyen de consolider le pouvoir ou, à l’inverse, de faire la révolution.

En Angleterre, William VI, qui avait succédé à son père, possédait les mêmes traits de personnalité et hésitait encore moins à faire valoir ce qu’il considérait comme sa prérogative, laissant posée la question constitutionnelle. En France, on se souciait surtout de la question religieuse, l’Empereur, les Démocrates et les Libéraux poursuivant leur patiente politique de séparation de l’Eglise et de l’Etat. L’avenir de la dynastie n’en semblait pas moins assuré : le prince Léopold-Napoléon avait plusieurs enfants avec son épouse, Kristin de Danemark-Norvège.
Dès la fin de 1904, les tensions internationales avaient monté d’un cran avec un nouvel incident dans le Klondike, qui avait vu les autorités russes poursuivre, après un premier affrontement armé, des mineurs canadiens en dehors de leur frontière, et échanger des coups de feu avec la police canadienne, entraînant plusieurs morts de part et d’autre. Mais, après les violentes manifestations nationalistes de part et d’autre, il était clair que les opinions publiques ne voulaient pas d’une guerre pour une région aussi lointaine, si riche fût-elle. Les relations diplomatiques officielles restaient rompues, mais on espérait leur rétablissement prochain.

Ce fût finalement la question allemande, que l’on jugeait si bien réglée par le concert européen, qui provoqua l’étincelle d’un conflit global. Le 9 juin, le Grand-Duc de Berg Joachim III Murat fut renversé par des partisans de la Confédération du Nord et des pangermanistes, qui le remplacèrent par un ambitieux cousin, Achille III, et proclamèrent la sécession vis-à-vis de la Confédération d’Allemagne du sud. La France protesta vivement, et proposa une réunion présidée par Paris, Berlin et Munich pour arriver à une solution, mais avec pour préalable non-négociable un départ des putschistes du pouvoir. Devant le refus de la Prusse, on mobilisa de part et d’autres ; 50 000 soldats de la Grande-Armée furent déployés en Allemagne du sud. La Russie, principal allié de la Prusse, massa des troupes en Pologne, prêtes à venir en aide aux troupes de Berlin. A la mi-juillet, Berlin, dont les services avaient soutenu le coup d’Etat, prit définitivement la décision d’accepter le conflit, avec l’assurance de l’aide russe. Dans l’esprit des deux alliés, le conflit devait être limité dans le temps et dans l’espace : une rapide campagne devait chasser les troupes françaises et briser le potentiel militaire de la Confédération Sud-Allemande. Devant cette défaite, le régime français s’effondrerait et la médiation de l’Autriche et de la Grande-Bretagne permettrait d’aboutir à un Congrès qui fixerait le recul de l’influence française dans tout l’espace allemand. Si le plan était très avancé sur le plan tactique, les considérations stratégiques et géopolitiques qui sous-tendaient sa mise en œuvre étaient, comme on s’en aperçût vite, clairement anachroniques.

Le 24 juillet, Berlin approuva officiellement l’entrée du Grand Duché de Berg dans la Confédération du Nord et y déploya des troupes, casus belli pour la France. La guerre fût déclarée le lendemain. Le même jour, la guerre fit ses premiers morts dans des attaques de troupes françaises sur la frontière saxonne, et le franchissement du Rhin par la Grande-Armée, au niveau du Grand Duché.

Ce furent pourtant la Prusse et la Russie qui, surprenant par leur rapidité et leur coordination réfléchie depuis longtemps, lancèrent les premières une offensive d’envergure. La bataille à la frontière entre les deux Allemagne qui se joua tout au long du mois d’août fût une nette victoire des puissances alliées, comme on appela bientôt le camp prusso-russe, forçant les troupes ennemies à se replier et enfermant 30 000 Français et 50 000 Bavarois dans une poche autour de Nuremberg. Si les alliés avaient clairement montré l’efficacité de leur tactique, aucun des deux camps n’avait prévu des pertes aussi lourdes : les deux armées avaient perdu entre 350 000 et 400 000 hommes, conséquence d’une puissance de feu qui n’avait jamais été expérimentée avant cela. Les deux camps étaient épuisés, et le front se stabilisa une première fois, coupant en deux les Etats de Bavière et du Wurtenberg. On expérimenta pour la première fois une guerre de position.

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Un uhlan prussien. Très utilisée dans la propagande au début de la guerre, la cavalerie s'avéra vite obsolète

Si la Prusse avait tactiquement réussi, les effets attendus par sa victoire rapide furent l’exact inverse de ce qui était attendu : la réaction nationaliste à Paris fut violente, et le pays fit bloc autour de son Empereur. Le gouvernement du libéral Jean Giolitti fut renversé et remplacé par une union sacrée intégrant les socialistes, dirigée par un membre du Parti National, l’amiral Georges de Kéroual. Si le Parti Catholique s’associa à cette union, beaucoup de Français expliquèrent les défaites initiales par un « complot de la sacristie » impliquant des officiers catholiques et visant à saper l’armée impériale pour provoquer un changement de régime ; si certains officiers avaient en effet fait défection, l’importance de l’opposition des milieux catholiques dans la désorganisation de l’armée divise aujourd’hui encore les historiens.

Le monde entier observait les combats en Allemagne, mais les deux puissances qui s’en inquiétaient le plus étaient le Royaume-Uni et l’Autriche. A Vienne, où l’on avait des liens politiques avec la Prusse mais également des liens dynastiques avec les Bonaparte et les Wittelsbach, beaucoup prônaient la neutralité, bien que l’on sache celle-ci de plus en plus difficile à tenir. Ce furent finalement les provocations des nationalistes italiens, et la mansuétude de leur gouvernement à leur égard, qui décidèrent la chancellerie autrichienne à entrer en guerre aux côtés des alliés. Si l’offensive autrichienne se brisa sur les défenses italiennes, l’armée bavaroise n’avait pas les moyens de se défendre sur un second front et Munich fut rapidement occupée, provoquant un repli général des Sud-Allemands et des Français sur le Bade. Un mot d’ordre dominait à présent dans l’Empire français : stabiliser à nouveau le front et tenir à n’importe quel prix pour éviter une invasion du territoire national.

A Londres, le roi William VI était un prussophile convaincu et voyait plutôt l’ennemi dans la France impériale, principal rival colonial, mais il devait faire face à une opinion publique comme à un état-major pour qui l’objectif principal était de contenir la Russie. Il fut finalement contraint de rentrer en guerre aux côtés de Paris, au nom de l’équilibre européen ; il s’était en outre laissé convaincre par la possibilité d’un Etat hanovrien reconstitué sous influence anglaise. Le même Etat que Napoléon avait livré à la Prusse un siècle plus tôt…

L’arrivée des premières troupes anglaises pour soutenir les Français dans le Bade soulagea un temps la défense, de même que l’absence de coordination entre les trois alliés. La « ligne Léopold » (du nom du Prince de Constantinople, qui commandait un corps d’armée) sur la rive droite du Rhin continuait à tenir, malgré le froid d’un hiver précoce et des conditions horribles, marquées par le plus grand déploiement d’artillerie jamais vu de part et d’autre.

Le 2 novembre, le pouvoir temporel du Pape était renversé et la République Romaine proclamée. Il était clair que le conflit n'était pas un simple déséquilibre dans l'ordre européen, mais allait changer le monde à tout jamais.


Dernière édition par DemetriosPoliorcète le Sam 28 Jan - 16:48, édité 2 fois
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Message par Collectionneur Sam 28 Jan - 16:27

L'Alaska va devenir canadien Smile

Une lettre oubliée en fin de chapitre :
. Un mot d’ordre dominait à présent dans l’Empire français : stabiliser à nouveau le front et tenir à n’importe quel prix pour éviter une invasion d ... territoire national
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Message par Thomas Sam 28 Jan - 16:49

Je me demande ce qui se passe en Asie. Ouverture d'un second front par les Français avec l'aide de la Chine et du Japon qui se tailleraient toutes deux un bout de l'empire russe?

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Message par DemetriosPoliorcète Sam 28 Jan - 17:12

Thomas a écrit:Je me demande ce qui se passe en Asie. Ouverture d'un second front par les Français avec l'aide de la Chine et du Japon qui se tailleraient toutes deux un bout de l'empire russe?

Je vais en parler dans le prochain chapitre. La guerre va devenir mondiale assez vite.
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 28 Jan - 19:48

Petit tableau (provisoire) de la famille Bonaparte dans ce récit :


Napoléon II

Epouse : Frédérique Sophie Dorothée Wilhelmine de Bavière

Enfants :

Marie-Victoire Caroline Louise (1830-1911), reine de Saxe
Laëtitia Wilhelmine Sophie (1830-1862)
Napoléon Charles Maximilien (1832-1868), Prince de Constantinople puis Empereur
Maximilien Louis Napoléon (1834-1919)

Napoléon III

Epouse : Louise de Prusse
Enfants légitimes : Marie-Sophie Louise Frédérique Laëtitia
Enfants illégitime : Constantin Bonaparte, orientaliste et diplomate
Philippine Bonaparte
Pierre-Charles Bonaparte
Marie Bonaparte
Lucie Bonaparte

Maximilien Ier (1834-1919)

Epouse : Cécile de Bade
Enfants :
Clothilde (1859-1976)
Léopold-Napoléon (1861-1924), Prince de Constantinople puis Empereur
Wilhelmine (1863-1965)
Alexandrine (1866-1912)
Louis-Maximilien (1869-1947)
Sophie Théodelane (1871-1939)

Napoléon IV (1861-1924)

Epouse : Kristin de Danemark-Norvège
Enfants :
Napoléon-Maximilien (1885-1941 ), Prince de Constantinople puis Empereur
Adolphine
Pierre-Léopold
Charles

Maximilien II (1885-1941)

Epouse : Charlotte du Royaume-Uni
Enfants :
Marie-Charlotte
Napoléon-Charles
Guillaume-Napoléon
Epouse : Paula Duarte
Enfants : Victoire

Napoléon V (1907-1977)

Guillaume Ier (1916-1989)
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 29 Jan - 9:03

Chapitre 26 : le conflit devient mondial

"It 'd be better to die, 'neath an Irish sky,
Than in Klondike or Esfahan..."

                     Chanson irlandaise, 1907




Dès l’entrée en guerre du Royaume-Uni, le Vice-Roi des Indes avait reçu des instructions pour se préparer à une offensive contre l’Afghanistan. Violant la neutralité du pays, les troupes britanniques s’emparèrent de Peshawar dès février 1906 : le risque d’une invasion russe à travers l’Afghanistan était trop fort, il était nécessaire de consolider la frontière là où le relief était le plus avantageux. On se garda bien d’aller plus loin et de prendre Kaboul.

Une autre voie était néanmoins impossible à verrouiller de la sorte : l’Iran qadjar, tampon entre les deux puissances, avait proclamé sa neutralité, mais il était évident que celle-ci était fragile. Deux semaines après la chute de Peshawar, l’armée russe entrait sur le territoire iranien par la province du Gilan. Après quelques jours de combat, le Palais accepta l’entrée des Russes dans Tabriz puis dans Téhéran, les deux plus grandes villes du pays, et la formation d’un gouvernement dont la composition était dictée par Saint-Pétersbourg. Alors que les partisans de la Grande-Bretagne et de la France se rassemblent dans le sud du pays, des troupes cipayes britanniques débarquent à Bandar Abbas. Deux gouvernements, se réclamant tous deux de la légitimité royale, se partagent le pays, dans une guerre où des armées petites et mobiles s’affrontent sur d’immenses distances, sorte de miroir inversé de la guerre en Europe.

Bien plus à l’Est, un autre grand Empire était mis devant un choix : la Chine, qui avait vécu les guerres de l’opium puis la pénétration russe comme une humiliation, avait l’occasion de chasser l’une ou l’autre des puissances qui avaient tenté de la rabaisser. Le pays avait connu une réelle modernisation administrative et économique à la fin du XIXe siècle, mais cela s’était fait au prix d’une perte de souveraineté. Elle avait pu compter sur le soutien de la France dans de nombreux domaines, mais il n’avait été acquis qu’en accordant gracieusement à Paris ce que Londres avait conquis par les armes, jusqu’à autoriser une concession française à Kwang-Tchéou Wang, et à reconnaître la fin de la vassalité de la Corée. L’île de Formose était en outre occupée par les Japonais depuis 1874, sous le prétexte du meurtre de sujets nippons par les indigènes, et Pékin n’était jamais parvenue à la récupérer. Faire la guerre dans l’un ou dans l’autre des camps avait donc du sens, mais la dangereuse proximité de l’Empire russe des centres du pouvoir chinois, et la volonté de retrouver une pleine souveraineté sur le berceau de la dynastie Qing, la Mandchourie, décida l’Empire à entrer en guerre dans le camp Franco-Britannique, déclarant dès mars 1906 la saisie de toutes les infrastructures aux mains des Russes et l’annulation de toutes les concessions. Si la garnison russe de la péninsule du Liaodong fut massacrée après une résistance héroïque, les premiers véritables combats en Manchourie furent à l’avantage des Russes, qui purent s’enfoncer dans le territoire mandchou.

Tout commence à Presbourg : une autre Europe napoléonienne - Page 4 Tropas_marchando_hacia_la_frontera_mandch%C3%BA-coreana%2C_tren_militar_que_cruza_el_lago_Baikal

Des troupes russes arrivent sur le front oriental

En Mandchourie extérieure (khalka), le colonel Ivan Ogarev [1] accomplit un exploit en bousculant des troupes chinoises supérieures en nombre avec une armée principalement composée d’irréguliers cosaques, bouriates et centrasiatiques, et entre dans Urga sous les acclamations de la foule.

En Alaska, les Russes tenaient mieux que prévu face aux Anglo-Canadiens, d’autant plus que Pétersbourg put alimenter plus longtemps que prévu sa province américaine : le 9 mars, la flotte russe du Pacifique remportait une victoire contre une escadre de la Royal Navy, pourtant supérieure en nombre. Si cette bataille n’inversait bien sûr pas le rapport de force naval, elle provoque une vague d’enthousiasme en Russie et est largement exploitée par la propagande.

A l’autre bout de l’Eurasie, la fin de l’hiver voyait les deux camps se résoudre à s’installer dans une guerre longue : les combats le long de la ligne Léopold avaient finalement vu les Français, les Britanniques et les restes des troupes Sud-Allemandes résister aux offensives des trois puissances qui, improvisant, n’avaient pas été capables de se coordonner et avaient subi des pertes cette fois clairement supérieures à celles des défenseurs.

L’Europe allait s’installer dans la guerre.

[1] oui, c’est un mélange entre le personnage de Jules Vernes et le baron Ungern-Sternberg
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 30 Jan - 20:37

Chapitre 27 : les sociétés dans la guerre

« Désormais, cette guerre est la guerre du peuple russe tout entier. La grande vague du prolétariat russe anéantira les citadelles du capitalisme mondial que sont Londres et Paris. Et de retour au pays, nous réclamerons nos droits durement gagnés ! »

                  Andreï Voronov, 1906



Au printemps 1906, une offensive Nord-Allemande sur la Hollande, alliée de la France, échouait. Le camp franco-britannique adoptait une stratégie strictement défensive, espérant que l’attrition couplée aux effets du blocus maritime affaiblirait les puissances ennemies et les amènerait à la table des négociations. L’ensemble des belligérants avait pris conscience que la guerre serait longue et se gagnerait sur la capacité à mobiliser sa population et son économie jusqu’aux limites du supportable.

La Russie fit face en mars 1906 à une première vague de contestation lancée par les syndicats révolutionnaires et les partis socialistes, demandant de profonds changements sociaux et politiques. Acculé, le Premier ministre se dit prêt à mettre immédiatement en place le suffrage universel ainsi que des augmentations de salaires. Se produisit alors le « schisme de 1906 » : la majeure partie des contestataires accepta la proposition et se rangea à la participation à la guerre ; pour certains, comme le jeune syndicaliste révolutionnaire Andreï Voronov, la guerre était une opportunité pour gagner de nouveaux droits sociaux et politiques mais était aussi partie intégrante d’un combat révolutionnaire global, en permettant d’aller combattre le capitalisme libéral dans son berceau. Ceux qui refusèrent l’accord passèrent, eux, dans la clandestinité ; le mouvement socialiste russe n’allait jamais se reconstituer et les deux factions allaient connaître des destins désormais contraires.

Tout commence à Presbourg : une autre Europe napoléonienne - Page 4 19170704_Riot_on_Nevsky_prosp_Petrograd

Emeutes à Saint-Pétersbourg pendant la grève générale de 1906

En Allemagne, la Fédération Socialiste d’Allemagne du Nord avait dans un premier temps soutenu la guerre mais, devant l’ampleur des destructions provoquées et le raidissement autoritaire de l’Etat, de nombreux délégués avaient changé d’avis et le Parti Socialiste de Prusse vota en février une motion qui demandait au gouvernement d’œuvrer au service de la paix le plus rapidement possible. Le Parti n’osa néanmoins pas entrer dans la confrontation directe, ce qui entraîna une scission, son n°2, Alfred Hirschhausen, fondant une organisation clandestine, l’Œuvre de Libération du Prolétariat, fermement opposée à la guerre.

La France et l’Angleterre maintenaient tant bien que mal l’union sacrée, malgré l’inévitable apparition de voix discordantes. La nomination de socialistes à des postes-clés avait permis de limiter la contestation en France. A Londres, l’activité de William VI, se déplaçant volontiers en uniforme sur le front, fût l’occasion de rehausser la popularité du souverain, qui gagna une image de roi-soldat. Les Italiens, qui s’étaient souvenu de Graz et restaient particulièrement prudents, gardaient leur population mobilisée, d’autant que la révolution romaine ouvrait des perspectives d’expansion vers le sud, voire d’unification de toute la péninsule.

Tout commence à Presbourg : une autre Europe napoléonienne - Page 4 2560px-Flag_of_the_Repubblica_Romana_%281798%29.svg

Drapeau de la République Romaine

A Vienne, au cœur du pays qui participait sans doute de plus mauvaise grâce au conflit, la déposition du Pape donna à la mobilisation un thème supplémentaire qui s’ajoutait à la défense de la monarchie : une croisade pour défendre le catholicisme face à la marée jacobine.

Loin des regards de l’opinion, mais fatalement influencés par les mouvements changeants de celle-ci, les chancelleries planifiaient l’après-guerre. La certitude d’une guerre longue qui allait entraîner d’immense sacrifices poussait chacun à revoir ses exigences à la hausse. A Berlin, on ne voulait plus se contenter de chasser la France d’Allemagne du Sud mais on comptait désormais lui retirer la rive gauche du Rhin au profit soit d’une annexion par la Prusse, soit de la création d’un royaume membre de la Confédération du Nord. L’influence française devrait à terme s’étendre à toute l’Allemagne, Vienne pouvant trouver des compensations en Méditerranée par le contrôle indirect sur l’Italie. A Vienne, il était bien sûr hors de question d’accepter ce genre d’arrangements, et l’on souhaitait rétablir l’influence autrichienne sur toute l’Allemagne catholique.

Pour le Royaume-Uni, les deux buts de guerre principaux étaient les objectifs traditionnels de la diplomatie de l’Empire : affaiblissement de la Russie et mise en place d’Etats tampons pour protéger les Indes, maintien de l’équilibre des puissances européennes. Paris souhaitait de son côté développer un cordon d’Etats alliés autour de ses frontières pour protéger son territoire et maintenir son rayonnement en Europe.

Alors que chacun mobilisait ses forces à l’arrière, le front européen était resté, pendant la majeure partie de l’année 1906, marqué par une « accalmie » bien sûr relative ; l’exception était la Suisse, entrainée malgré elle dans la guerre et envahie par les troupes autrichiennes, qui ne parvinrent néanmoins pas à se servir du pays comme base pour déferler sur le nord de l’Italie
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Message par Rayan du Griffoul Lun 30 Jan - 21:41

Voyons maintenant de quelle coté va pencher la balance
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Message par Thomas Lun 30 Jan - 22:22

L’influence française devrait à terme s’étendre à toute l’Allemagne
Prussienne, non?

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Message par LFC/Emile Ollivier Mar 31 Jan - 7:47

Thomas,

Je pense que Demetrios explique que la France veut dissoudre la confédération du nord et place ses membres dans son orbite.
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Message par Thomas Mar 31 Jan - 9:08

OK. J'ai du mal saisir la phrase dans cet enchainement. Ou c'était la fatigue.

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Message par DemetriosPoliorcète Mar 31 Jan - 13:05

Thomas a écrit:
L’influence française devrait à terme s’étendre à toute l’Allemagne
Prussienne, non?

Oui en effet, je corrige.
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Message par Collectionneur Mar 31 Jan - 13:17

Juste une question au niveau technologie, l'aviation a t'il commencé à se développer et mitrailleuse et artillerie sont a quel niveau alors que pendant un siècle il n'y a pas de réelle rivalité stimulant le génie créatif de l'homme à s'entre-tuer ? Gatling certainement mais mitrailleuse Maxim et canon de 75 mm ?
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 31 Jan - 13:24

Collectionneur a écrit:Juste une question au niveau technologie, l'aviation a t'il commencé à se développer et mitrailleuse et artillerie sont a quel niveau alors que pendant un siècle il n'y a pas de réelle rivalité stimulant le génie créatif de l'homme à s'entre-tuer ? Gatling certainement mais mitrailleuse Maxim et canon de 75 mm ?

J'allais parler de l'aviation au prochain chapitre Wink

En général, la technologie est, à ce stade du récit, à peu près la même que dans notre continuum.
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 31 Jan - 18:25

Chapitre 28 : nouveaux fronts

« L’heure est venue pour l’Amérique de laver la honte de la défaite de 1865. Cette fois, nous ne montrerons aucune faiblesse face aux pécheurs. »

Nathaniel Black, président des Etats-Unis, novembre 1907


Au printemps 1907, des millions d’hommes en armes se tenaient de part et d’autre d’un front qui courait de la Mer du Nord à l’Adriatique. La possibilité d’une percée apparaissait de plus en plus illusoire aux états-majors. Les avancées techniques transformaient le visage de la guerre mais ne changeaient pas fondamentalement le rapport de force : la reconnaissance aérienne s’était généralisée durant la bataille du Bade, puis les avions intégrant de l’armement furent produits au cours des mois suivants. On avait également test les gaz de combat, sans que cela n’ait eu d’effet déterminant.
Parmi les dirigeants franco-britanniques, deux stratégies s’opposaient : rester sur la défensive et profiter de la maitrise des mers et de l’accès aux ressources coloniales et Nord-Américaines pour remporter les batailles de la production industrielle et de la mobilisation de l’arrière, ou ouvrir de nouveaux front pour faire s’écrouler l’Alliance. Dans cette optique, des pourparlers avaient été ouverts dès 1906 avec Stockholm, qu’un contentieux opposait depuis longtemps à la Russie. D’autres responsables, minoritaires, espéraient l’ouverture d’un front dans les Balkans.

Tout commence à Presbourg : une autre Europe napoléonienne - Page 4 3290285_0

Dans un premier temps, les décideurs politiques avaient mis de côté ces « options aventureuses », en actant la poursuite d’une stratégie de guerre d’attrition. Dans cette optique, et pour consolider l’alliance entre les deux nations, on décida d’un mariage dynastique unissant le fils ainé de Léopold-Napoléon, Napoléon-Maximilien, à la fille de William VI, Charlotte du Royaume-Uni, célébré dans la cathédrale de Bayeux, en Normandie. Etant donné les circonstances, tout faste fut bien entendu banni, ce qui fera dire à l’ambassadeur du Royaume-Uni « dans ma vie personnelle comme dans ma carrière de diplomate, j’atteste avoir vu de nombreux enterrements moins sinistres ».

Un nouveau front s’ouvrit néanmoins dans les Balkans, lorsque la Bulgarie, dirigée par un Romanov, attaqua le royaume de Grèce avec l’aval de Pétersbourg et de Berlin, persuadés que l’entrée en Guerre d’Athènes était prévue par l’ennemi ; c’était également de mobiliser l’opinion autour du vieux projet de récupérer Constantinople. Si la Thrace tomba rapidement aux mains des Russo-Bulgares, la constitution d’une solide ligne de défense au nord de la Grèce continentale puis l’arrivée de 50 000 soldats français, britanniques et italiens permit, là-aussi, une stabilisation du front.

Mais l’événement inattendu allait venir des Amériques. Si les Provinces Unies du Rio de la Plata avaient affirmé dès le début de la guerre leur soutien à Londres et Paris et avaient envoyé une division de volontaires qui combattait sur le front talien, et que le Mexique penchait pour l’Alliance tout en restant neutres, les Etats-Unis passaient clairement pour isolationnistes, ce qui était en effet l’opinion de la majorité de la population. Mais, depuis la fin de la guerre de sécession, si le pouvoir central et l’exécutif s’étaient renforcés face à l’idéal confédéral du sud, la fin du bipartisme avait amené à des élections présidentielles particulièrement incertaines, et l’arrivée au pouvoir de présidents rarement soutenus par une majorité des électeurs. L’élection de 1904 avait amené le candidat du Parti National-Chrétien, Nathaniel Black, à la Maison Blanche. Sans programme international clair, ce presbytérien persuadé du rôle purificateur que devaient jouer les Etats-Unis face au « péché » et de la supériorité de la race anglo-saxonne s’était progressivement convaincu de la nécessité d’une intervention aux côtés des Britanniques. Les milieux financiers américains, qui avaient prêté des sommes gigantesques à Londres et Paris suivirent la même trajectoire et se rallièrent à l’interventionnisme. Un autre allié inattendu fût la Guilde des brasseurs américains, dominée par des entrepreneurs d’origine bavaroise (rares exemples de catholiques ayant intégré l’élite du pays), qui diffusèrent dans l’opinion une intense propagande autour des exactions réelles ou fantasmées commises par les troupes russes dans leur région d’origine.

Prenant prétexte d’une attaque sous-marine prussienne contre un cargo américain (attaque présentée dans un premier temps comme russe dans les journaux), les Etats-Unis déclarèrent la guerre le 12 novembre 1907. Dès février 1908, la presse américaine célébra les succès des premiers bataillons américains, mais il fallut dans les faits attendre encore des mois pour que le corps expéditionnaire soit suffisamment renforcé pour peser significativement.
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Message par Collectionneur Mar 31 Jan - 21:29

La guilde des brasseurs d'Amérique ? Et bien, c'est la première fois que je lit que l'industrie de la bière fait du lobbying militariste Smile Une touche d'humour dans ce drame. Dans la réalité, rappelons que la viticulture en fait pour que chaque poilu est son quart de vin quotidien...
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 31 Jan - 21:40

Collectionneur a écrit:La guilde des brasseurs d'Amérique ? Et bien, c'est la première fois que je lit que l'industrie de la bière fait du lobbying militariste Smile Une touche d'humour dans ce drame. Dans la réalité, rappelons que la viticulture en fait pour que chaque poilu est son quart de vin quotidien...

Figure-toi que c'est un clin d'oeil à l'histoire réelle : les brasseurs américains affichant fièrement leurs origines allemandes, ils ont souffert des campagnes de propagande avec l'entrée en guerre, ce qui a brisé leur influence et a ouvert la voie à la prohibition.
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Message par Yodarc Mar 31 Jan - 21:44

DemetriosPoliorcète a écrit:
Collectionneur a écrit:La guilde des brasseurs d'Amérique ? Et bien, c'est la première fois que je lit que l'industrie de la bière fait du lobbying militariste Smile Une touche d'humour dans ce drame. Dans la réalité, rappelons que la viticulture en fait pour que chaque poilu est son quart de vin quotidien...

Figure-toi que c'est un clin d'oeil à l'histoire réelle : les brasseurs américains affichant fièrement leurs origines allemandes, ils ont souffert des campagnes de propagande avec l'entrée en guerre, ce qui a brisé leur influence et a ouvert la voie à la prohibition.

Grosso modo ici, ils maintiendraient potentiellement un rôle de premier choix et seraient une entrave à toute potentielle politique de Prohibition, si celle-ci devait encore se produire du fait des changements conséquents qui ont touché les États-Unis.
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