L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Et nous y voilà !
La suite de mon récit sur la Renaissance va commencer à être publié dès ce soir.
La période couverte sera de 1570 à 1620. L'approche pseudo-historiographique est similaire, même s'il est évident qu'aussi loin du point de divergence originel, de nombreux éléments relèveront de ma pure imagination, même en cherchant à garder une approche de plausibilité. Il se pourrait que certains éléments que j'avais tendance à présenter davantage dans la première partie soient plus discrètes du fait de la difficulté de pouvoir les dépeindre aussi facilement, sans compter le volume d'informations et de détails que je cherche à développer autant que possible, surtout avec de nouveaux territoires qui vont entrer en scène dans ce texte.
Néanmoins, pour m'aider à pouvoir explorer l'univers que je développe sans me heurter au problème inconsistances accidentelles, principalement sur la question dynastique et matrimoniale, j'ai développé en document parallèle sur plusieurs familles pour développer sur la période du 16ème siècle des arbres généalogiques pour m'aider à avoir différents figures à mentionner dans le récit. Cela ne signifie pas que je ne pourrais pas mentionner d'autres inédits en ayant eu besoin de ce développement d'univers
Enfin, les deux premières parties sont plus des parties de mise en place pour la suite du récit avec le rétablissement du contexte au regard du récit précédent.
Bonne lecture à venir !
Yodarc- Messages : 424
Date d'inscription : 14/02/2022
Age : 31
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Yodarc- Messages : 424
Date d'inscription : 14/02/2022
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Hâte de lire ça. Tu as fait un travail énorme.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
DemetriosPoliorcète a écrit:Oui oui oui!
Hâte de lire ça. Tu as fait un travail énorme.
Merci.
Je pense que cette suite pourra autant te plaire.
Pour le moment, avec cette chronologie et la seconde partie de mise en contexte, j'ai presque une trentaine de parties déjà réalisées. Et au vu du nombre de territoires explorés, il se pourrait qu'il y ait au moins 150 chapitres.
Yodarc- Messages : 424
Date d'inscription : 14/02/2022
Age : 31
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L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Royaume de France
A. Charles IX de France (1515-1569)/Élisabeth Jagellon (née en 1519)
• Charles X de France (né en 1538)/Jeanne de Navarre (née en 1536)
1. Marie (née en 1562)
2. Louis (né en 1563)
3. Élisabeth (née en 1565)
4. François (né en 1568)
B. François de Valois[2] (1494/1547)/Claude Ière de Bretagne (1499-1524)
• François IV de Bretagne (né en 1518)/Marie Ière d’Angleterre (née en 1516)
1. Catherine (née en 1536)
2. François (né en 1537)
3. Claude (née en 1539)
4. Élisabeth (née en 1541)
5. Henri (né en 1544)
• Henri de Chartres (né en 1519)/Isabeau de Navarre (née en 1512)
1. François (né en 1538)
2. Marguerite (née en 1540)
3. Jeanne (née en 1543)
4. Charlotte (née en 1546)
5. Antoine (né en 1550)
C. Charles de Bourbon-Montpensier (1490-1553)/Suzanne de Bourbon-Beaujeu (1491-1521)
• Louis III de Bourbon(né en 1518)
* Madeleine de Valois-Angoulême (1520-1543)
1. Jeanne (née en 1543)
* Antoinette de La Marck (née en 1542)
2. Marguerite (née en 1562)
3. Charles (né en 1565)
4. Diane (née en 1566)
5. Charlotte (née en 1569)
Royaume de Navarre
A. Henri II de Navarre (1503-1555)/Marie de Bourbon-Vendôme (1515-1548)
• Jean IV (né en 1538)/Marguerite de Chartres (née en 1540)
1. Catherine (née en 1562)
2. Gaston (né en 1565)
3. Madeleine (née en 1567)
4. Anne (née en 1569)
Royaume d’Espagne
A. Charles Quint (1500-1556)/Isabelle de Portugal (1503-1559)
• Philippe II (né en 1529)
* Marie-Manuelle de Portugal (1527-1543)
1. Charles d’Autriche (né en 1545)
* Éléonore d’Autriche (née en 1534)
1. Isabella (née en 1562)
2. Diego (né en 1564)
3. Marie-Jeanne (née en 1567)
B. Garcia Álvarez de Toledo y Zuniga (?–1512)/Beatriz Pimentel (?)
• Ferdinand Alvare de Tolède (né en 1507)/María Enríquez de Toledo y Guzmán (?)
1. García Álvarez de Toledo y Enríquez de Guzmán (1530-1548)
2. Fadrique Alvare de Tolède (né en 1537)
3. Diego Álvarez de Toledo (date de naissance inconnue)
4. Beatriz Álvarez de Toledo (date de naissance inconnue)
Pays-Bas Espagnols
A. Henri III de Nassau-Breda (1483-1555)/Claude de Chalon (1498-1521)
• René de Chalon (né en 1519)/Anne d’Egmont (1533-1558)
1. Charles-Henri (né en 1556)
B. Jean IV d'Egmont (1499-1528)/ Françoise de Luxembourg-Gavere ( ?-1557)
• Charles (date de naissance inconnue-1541)
• Lamoral (né en 1522)/Sabine de Palatinat-Simmern (née en 1528)
1. Léonore (née en 1545)
2. Marie-Christine (née en 1550)
3. Philippe (né en 1558)
4. Sabine (née en 1562)
5. Charles (né en 1567)
Royaume du Portugal
1. Jean III (1502-1557)/Catherine de Castille (1506-1578)
A. Jean-Manuel (1537-1554)/Marguerite d’Autriche (née en 1536)
• Alexandre Ier de Portugal (né en 1554)
Royaume d’Angleterre
A. Henri VIII (1492-1536)
+ Catherine d’Aragon (1486-1536)
• Marie Ière d’Angleterre[3] (née en 1516)/François IV de Bretagne (né en 1518)
1. Catherine (née en 1536)
2. François (né en 1537)
3. Claude (né en 1539)
4. Élisabeth (née en 1541)
5. Henri (né en 1544)
+ Anne Boleyn (1507-1563)
• Henri IX (1531-1551)/Jane Howard (née en 1534)
• Élisabeth Ière d’Angleterre[3] (née en 1532)/Édouard VI de Courtenay (né en 1526)
1. Élisabeth (née en 1553)
2. Gertrude (née en 1558)
3. Marguerite (née en 1561)
4. Henri (né en 1565)
5. Anne (née en 1569)
B. Thomas Howard (1473-1554)/Élisabeth Stafford (aux alentours de 1497-1558)
• Henri Howard (c. 1517)/Frances de Vere (c. 1517)
1. Jane Howard (née en 1534)
2. Thomas Howard (né en 1536)
3. Henri Howard (né en 1539)
4. Katherine Howard (née en 1543)
5. George Howard (née en 1547)
C. Charles Brandon, duc de Suffolk (1484-1528)/Elizabeth Grey (1505-1529)
• Charles II Brandon, duc de Suffolk (né en 1523)/Catherine Carey (1524-1567)
1. Marie (née en 1543)
2. Élisabeth (née en 1544)
3. William (né en 1545)
4. Jane (née e 1546)
5. Henri (né en 1547)
6. Catherine (née en 1548)
7. Cécile (née en 1549)
8. Charles (né en 1550)
Royaume d’Écosse
A. Jacques V (1512-1548)/Renée de France (1510-1564)
• Jacques VI (né en 1538)/Catherine de Bretagne (née en 1536)
1. Marie (née en 1560)
2. Matthew (né en 1561)
3. Jacques (né en 1563)
Saint-Empire romain germanique
A. Ferdinand Ier (1503-1564)/Anne Jagellon (1503-1547)
• Maximilien II (né en 1527)/Marie d’Espagne (née en 1528)
1. Anne (née en 1549)
2. Rodolphe (né en 1552)
3. Ernest (né en 1553)
4. Élisabeth (née en 1554)
5. Matthias (né en 1557)
6. Maximilien (né en 1558)
7. Albert (né en 1559)
8. Wenceslas (né en 1561)
9. Marguerite (née en 1567)
10. Éléonore (née en 1568)
• Ferdinand II d’Autriche[4] (né en 1529)/Cunégonde Jagellon(née en 1523)
1. Élisabeth (née en 1553)
2. Charles (né en 1555)
3. Anne (née en 1558)
• Charles II d’Autriche[5] (né en 1540)/Éléonore de Norvège (née en 1541)
1. Anne (née en 1564)
2. Christine (née en 1566)
3. Ferdinand (né en 1567)
4. Marie-Isabelle (née en 1569)
Électorat de Brandebourg
A. Joachim Ier Nestor de Brandebourg (1484-1535)/Élisabeth de Danemark (1485–1555)
• Joachim II Hector de Brandebourg (né en 1505)
* Madeleine de Saxe (1507-1534)
1. Jean Georges de Brandebourg (né en 1525)
2. Barbara de Brandebourg (née en 1527)
3. Frédéric de Brandebourg (1530–1552)
* Hedwige Jagellon (née en 1513)
1. Élisabeth-Madeleine de Brandebourg (née en 1537)
2. Sigismond (1538–1566)
3. Edwige de Brandebourg (née en 1540)
4. Sophie (1541–1564)
Électorat de Palatinat
A. Jean II de Palatinat-Simmern (1492-1557)/Béatrice de Bade (1492-1535)
• Frédéric III du Palatinat (né en 1515)/Amélie de Bade-Burlach (née en 1513)
1. Louis (né en 1540)
2. Élisabeth (née en 1541)
3. Anne-Jacqueline (née en 1544)
4. Jean-Ernest (né en 1549)
5. Ottilie (née en 1551)
6. Frédéric (né en 1554)
Électorat de Saxe
A. Henri IV de Saxe[6] (1473-1541)/Catherine de Mecklembourg (1487-1561)
• Maurice (1521-1567)/Agnès de Hesse (1527–1555)
1. Anne (née en 1544)
• Auguste (né en 1526)/Anne de Danemark (née en 1532)
1. Élisabeth (née en 1552)
2. Christian (né en 1560)
3. Dorothée (née en 1563)
4. Anne (née en 1567)
5. Frédéric (né en 1575)
Duché de Saxe
A. Jean-Frédéric I le Magnanime de Saxe[7] (1503-1554) /Sibylle de Clèves (1512-1554)
• Jean-Frédéric II[8] (né en 1529) /Élisabeth du Palatinat (née en 1541)
1. Jean-Ernest (né en 1563)
2. Jean-Christophe (né en 1565)
• Jean-Guillaume de Saxe-Weimar (né en 1530) /Anne-Jacqueline de Simmern (née en 1544)
1. Frédéric-Guillaume (né en 1562)
• Jean-Frédéric III de Saxe-Gotha[8] (1538-1565)
Duché de Poméranie
A. Philippe I de Poméranie (1515-1569)/Marie de Saxe (née en 1515)
• Jean-Frédéric (né en 1542)
• Bogislaw XIII (né en 1544)
• Ernest-Louis (né en 1545)
• Barnim X (né en 1549)
• Casimir VI (né en 1557)
Duché de Bavière
A. Guillaume IV (1493-1550)/Marie-Jacobée de Bade-Sponheim (née en 1507)
• Albert V (né en 1528)/Anne d’Autriche (née en 1528)
1. Charles (né en 1550)
2. Guillaume (né en 1551)
3. Marie-Anne (née en 1552)
4. Maximilienne-Marie de Bavière (née en 1553)
5. Ferdinand (né en 1554)
Duché de Lorraine
A. Antoine Ier (1489-1544)/Renée de Bourbon-Montpensier (1494-1539)
• François Ier (1517-1545)/Anne de Clèves (née en 1515)
• Nicolas II de Lorraine (né en 1524)/Catherine d’Autriche (née en 1533)
1. Catherine (née en 1553)
2. Anne (née en 1554)
3. Charles (né en 1555)
4. Renée (née en 1557)
5. Nicolas (né en 1560)
Duché de Clèves
A. Jean III de Clèves (1490-1539)/Marie de Juliers-Berg (1491-1543)
• Guillaume de Clèves (né en 1516)/Marguerite de Valois (née en 1523)
1. Marie-Claude (née en 1548)
2. Charles (né en 1550)
3. Anne (née en 1552)
4. Sybille (née en 1553)
5. Jean-François (né en 1555)
6. Guillaume (né en 1558)
7. Élisabeth (née en 1561)
Duché de Prusse
A. Albert de Prusse (1490-1568)/Anne-Marie de Brunswick-Calenberg-Göttingen (1532-1568)
• Albert-Frédéric (né en 1554)
Comté de Frise orientale
A. Enno II de Frise orientale (1505-1540)/Anne d’Oldenbourg (1501-1575)
• Edzard II[9] (né en 1532)/Catherine de Suède (née en 1539)
1. Margaret (née en 1561)
2. Enno (né en 1562)
3. Anne (née en 1563)
4. Élisabeth (née en 1565)
5. Edzard (né en 1569)
• Christophe I[9] (né en 1536)
Duché de Savoie
A. Charles III (1486-1554)/Béatrice de Portugal (1504-1547)
• Louis II de Savoie (né en 1523)/Marie de France (née en 1541)
1. Louis-Amédée de Savoie (né en 1560)
2. Béatrice (née en 1561)
3. Charles (né en 1563)
4. Philibert (né en 1565)
5. Élisabeth (née en 1567)
6. Catherine (née en 1568)
Duché de Milan
A. Maximilien Sforza (1493-1552)/Bona Sforza (1494-1557)
• Francesco II (né en 1517)/Catherine de Médicis (née en 1519)
1. Madeleine (née en 1538)
2. Maximilien (né en 1542)
3. Giuliano (né en 1543)
4. Francesco (né en 1545)
5. Isabella (née en 1549)
6. Ludovico (né en 1553)
Duché de Mantoue
A. Frédéric II de Mantoue (1500-1540)/Marguerite de Montferrat (1510-1566)
• François III de Mantoue (1533-1550)
• Guillaume Ier de Mantoue (né en 1538)/Lucrèce d’Este (née en 1539)
1. Vincent (né en 1564)
Duché de Ferrare
A. Hercule II d'Este (1508-1559)/Béatrice Sforza (née en 1516)
• Alphonse II (né en 1537)/Jeanne de Bourbon (née en 1543)
1. Béatrice (née en 1568)
Duché de Florence
A. Alessandro Ier le noir (1510-1540)/Vittoria Farnese (née en 1519)
• Alessandro II (né en 1540)/Madeleine Sforza (née en 1538)
1. Caterina (née en 1564)
2. Cecilia (née en 1566)
Duché d’Urbino
A. Francesco Maria I della Rovere (1490–1538)/Eleonora Gonzaga (née en 1493)
• Guidobaldo II (né en 1514)
* Giulia Varano (1523-1547)
1. Virginia (née en 1544)
* Bona d’Este (née en 1535)
2. Giulia (née en 1557)
3. Francesco Maria (né en 1559)
4. Cecilia (née en 1561)
5. Frederico (né en 1562)
6. Sophia (née en 1565)
Duché de Castro
A. Pieri Luigi Farnèse[10] (1503-1552) /Gerolama Orsini (1503-1569)
• Ottavio (né en 1524)/Isabelle Sforza (née en 1527)
1. Alessandro (né en 1552)
2. Violante (née en 1556)
3. Beneditta (née en 1558)
Royaume de Danemark
A. Christian III (1503-1559)/Dorothée de Saxe-Lauenbourg (née en 1511)
• Frédéric II (né en 1534)/Anne de Saxe (né en 1544)
1. Anne (né en 1564)
2. Christian (né en 1566)
3. Sophie (née en 1567)
4. Agnès (née en 1569)
Royaume de Norvège
A. Christian II (1481-1544)/Isabelle d’Autriche (1501-1526)
• Jean II (né en 1518)/Marie de Portugal (né en 1521)
1. Charles (né en 1540)
2. Éléonore (née en 1541)
3. Jean (né en 1543)
Royaume de Suède
A. Éric XIV (né en 1533)/Élisabeth d’Hesse (née en 1539)
• Gustave II (né en 1560)
Royaume de Pologne/République des deux nations
A. Sigismond I de Pologne (1567-1548)/Suzanne de Bavière (1503-1543)
• Sigismond II de Pologne (né en 1520)/Anne de Hongrie (née en 1529)
1. Sigismond de Pologne (né en 1554)
2. Élisabeth (née en 1556)
3. Suzanne (née en 1558)
• Casimir IV de Mazovie (né en 1526)/Zofia Odrowąż (née en 1537)[11]
1. Wojciech (né en 1555)
2. Hedwige (née en 1557)
3. Stanislas (né en 1561)
4. Anna (née en 1563)
5. Barbara (née en 1566)
6. Sophie (née en 1568)
Royaume de Hongrie
A. Louis II (1506-1554)/Marie de Hongrie (1508-1558)
• Louis III de Hongrie (né en 1531)/Marie d’Autriche (née en 1531)
1. Anne-Marie (née en 1555)
2. Vladislas (né en 1558)
Tsarat de Russie
A. Vasili III de Moscovie (1479-1533)/Héléna Glinska (1506/1507-1538)
• Ivan IV de Russie (né en 1530)/Anastasia Romanovna Zakharine (1530-1560)
1. Ivan Ivanovitch (né en 1554)
2. Fodor (né en 1557)
Empire ottoman
A. Soliman Ier (1494-1564)/Hürrem (1500-1558)
• Selim II (né en 1524)/Nurbanu Sultan (née vers 1525)
1. Şah Sultan (née vers 1543)
2. Gevherhan Sultan (née en 1544)
3. Ismihan Sultan (née en 1545)
4. Mourad (né en 1546)
5. Fatma Sultan (née vers 1558)
Empire Séfévide
A. Ismaïl Ier (1487-1524)/Tajlu Khanum (c. 1485-1540)
• Tahmasp Ier (né en 1514)/Sultanum Begum (née vers 1516)
1. Mohammad Khodabanda (né en 1532)
2. Ismail II (né en 1537)
3. Gawhar Sultan Begum (date de naissance inconnue)
Royaume d’Éthiopie
A. Gelawdewos (1522-1565)/Épouse non connue
• Yakob (né en 1555)
[1] Ce portrait montre le souverain/seigneur actuel (voire les figures ayant (eu) des responsabilités comtales, ducales, royales ou impériales), ses (leurs) parents et ses (leurs) enfants. Seulement les enfants ayant passé l’âge de l’enfance ou ceux nés dans les années 1560 et encore en vie en 1570 seront montrés.
[2] François III de Bretagne de 1515 à 1524 en tant que duc jure uxoris.
[3] Après la mort d'Henri IX en 1551, Élisabeth est placée sur le trône par sa mère et le duc de Norfolk au détriment de sa demi-sœur aînée, Marie. Cette dernière prendra le trône en 1556 grâce à une expédition organisée par son époux François IV de Bretagne et soutenue implicitement par Charles IX de France.
[4] Archiduc de l’Autriche antérieure par la succession définie par Ferdinand I.
[5] Archiduc de l’Autriche intérieure par la succession définie par Ferdinand I.
[6] Électeur de Saxe à partir de 1539 avec la déchéance de la branche ernestine à l’issue de la Guerre de la Ligue de Marbourg (1537-1539).
[7] Initialement Électeur de Saxe à la mort de son père Jean I e 1532, Jean-Frédéric perd le statut à l’issue de la guerre de la Ligue de Marbourg en 1539 au profit de son cousin Henri IV de Saxe de la branche Albertine.
[8] Duc de Saxe à la mort de son père, Jean-Frédéric II perd le titre à la suite de la Faide de Grumbach en 1567 au profit de son frère Jean-Guillaume.
[9] Après la mort de son époux Enno II en 1540, Anne d'Oldenbourg gère la régence du comté de Frise Orientale et décida en 1558 de partager la succession entre ses trois fils au détriment de la succession par primogéniture. Cette succession est cependant déstabilisée avec l'exécution de son jeune fils Jean (1538-1560) par Gustave Vasa en 1560 pour sa responsabilité dans le scandale du Vadstenabullret (le jeune homme surpris dans la chambre de Cécile de Suède, la fille du souverain, alors qu'il accompagnait son frère Edzard qui venait d'épouser Catherine de Suède), ce qui a empoisonné les relations du comté de Frise orientale avec le royaume de Suède.
[10] Duc de Castro de 1540 avec la création du titre par le pape Paul IV (Alexandre Farnèse, père de Pieri-Luigi) avant de devenir duc de Sienne avec le traité de Cambrai de 1549, laissant le titre de duc de Castro à son fils Ottavio.
[11] Sigismond II a fait épouser son frère cadet à la dernière représentante de la maison de Piast afin de résoudre le contentieux sur le duché de Mazovie provoqué par leur père, permettant aussi d’ancrer le duché au sein des domaines des Jagellon.
Dernière édition par Yodarc le Mar 22 Oct - 11:47, édité 3 fois
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
DemetriosPoliorcète a écrit:Comme pour le premier cycle, il y a visiblement beaucoup de recherches pour aboutir à un tableau dynastique cohérent. Hâte de lire le récit en tant que tel.
Merci.
Il m'a fallu en effet un certain nombre de recherches pour croiser les informations et mettre à jour les lignées dynastiques dans ce nouveau contexte, ne serait-ce pour avoir des points de repère clairs pour pouvoir développer ce second cycle dans la durée.
Avec quelques exceptions, tous les informations sont issues d'arbres généalogiques/dynastiques que j'ai développé et imaginé pour près d'une trentaine de dynasties.
Yodarc- Messages : 424
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L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Succédant à son père Charles IX à l’automne 1569, Charles X est un homme entrant dans la trentaine et ayant été préparé à sa charge et à ses différentes missions, notamment en ayant pris d’importantes responsabilités sur les dernières années de règne de son père.
Le nouveau souverain poursuit la lancée des politiques de son père, mais cherche aussi à imprimer sa marque, prenant des décisions différentes sur certains sujets. Il s’appuie cependant sur le renforcement de l’autorité royale que son père a pu réussir à développer malgré l’impact de la régence de début règne et le poids des clans Valois-Angoulême et Bourbon dans la vie de la cour, même si d’autres familles notables, comme les Valois de Chartres commencent à s’affermir, tout particulièrement après la mort de François IV de Bretagne en 1571 qui permet à Henri de Chartres et son fils de développer leur influence à la cour.
Charles X peut ainsi tirer profit de l’imposition de la langue française dans les documents administratifs et juridiques pour plus facilement diffuser ses décisions. La prospérité globale que le royaume a connu sur deux décennies a aussi contribué à l’affermissement du pouvoir royal, même si le duché de Bretagne a aussi bénéficié de cette prospérité et des expéditions maritimes vers le Nouveau Monde et l’Asie, notamment au travers des colons rejoignant la Nouvelle-France et des marins formant le cœur de la marine marchande et royale en Atlantique. Charles X peut s’appuyer sur l’expérience qu’il a développé dans le Dauphiné et l’Artois pour affermir son autorité. Il doit cependant composer avec les parlements locaux, ces derniers ayant préservé en partie l’influence et le pouvoir qu’ils ont pu avoir durant la régence de Marie d’Angleterre dans le début du règne de son père, même si Charles IX s’est efforcé par la suite de réguler le rapport de force en faveur de la couronne.
À son accession sur le trône, le nouveau roi de France est à la tête d’un royaume qui a su développer une certaine prospérité économique grâce aux importants échanges commerciaux dans la Manche et la Mer du Nord et au développement des colonies de Nouvelle-France avec l’arrivée de différentes ressources du Nouveau Monde, notamment la pêche, le tabac et le début du commerce de fourrures. Le développement de la banque lyonnaise et de la bourse de Rouen contribue à l’épanouissement commercial et économique, mais leur création récente restreint leur impact, d’autant plus alors que les banques génoises et lombards continuent d’avoir un poids conséquent dans le financement économique et les échanges au sein du royaume et surtout avec les royaumes voisins.
Charles X doit cependant gérer l’impact de l’inflation sur l’économie du royaume et les séquelles de la crise de subsistance du milieu des années 1560, notamment aggravé par la guerre nordique et les troubles dans les Seize Provinces. Ces difficultés sont renforcées durant le début des années 1570 par l’irruption d’hivers particulièrement rudes en 1570-1571 et en 1572-1573. Ces hivers provoquent d’importantes gelées dans l’ensemble du royaume et vont provoquer une importante crise agricole qui va aggraver les tensions au sein du royaume, notamment dans le Languedoc. Ces difficultés sont renforcées par la relance des troubles dans les Pays-Bas espagnoles à partir de 1572, affectant les échanges commerciaux. Le royaume doit faire face à des troubles sur les années 1574-1575 alors que les facteurs de la prospérité économique semblent s’éloigner sur la période, notamment avec des émeutes à Paris et à Bordeaux lorsque les droits d’entrées sur le vin sont augmentés durant l’année 1575.
À ces troubles s’ajoutent la persistance de mouvements protestants, principalement calvinistes, dispersés dans le royaume malgré l’importante politique religieuse de son père, inspirée des réformes mises en place par l’Église Catholique lors du concile de Mantoue. Les provinces proches des territoires où les confessions luthérienne ou calviniste se sont implantées, mais aussi celles marqués par une forte identité locale et une méfiance du renforcement du pouvoir royal sont les régions qui voient des communautés réformées se développer dans la clandestinité malgré la répression et la combattivité de l’Église catholique, marquée notamment par le début du développement de l’art baroque qui s’est développé en Italie et s’est répandu dans les territoires contrôlés par les Habsbourg.
Face à la persistance des communautés protestantes, Charles X revendique l’héritage de son père et la défense de la foi catholique. Le concordat de Carpentras ayant donné aux souverains français une influence importante sur l’Église de France, la détermination à défendre la foi catholique est d’autant plus forte alors qu’à l’extérieur, Genève continue d’être un important foyer calviniste et le développement d’une communauté calviniste dans les Pays-Bas espagnols contribuent à un risque de diffusion des idées calvinistes dans le royaume, même si le catholicisme mantouan fait preuve d’une combattivité intellectuelle et théologique conséquente.
Durant les premières années de son règne, Charles X poursuit sur les premières années de son règne la politique de son père, même si deux tendances s’opposent au sein de la cour. D’un côté, la faction soutenant l’approche choisie par son père sur les deux dernières décennies de son règne, misant l’accent sur les échanges commerciaux et le développement de la Nouvelle-France. De l’autre, les tenants de la politique traditionnelle du royaume visant à l’affermir au sein de la Chrétienté, notamment face à la toute-puissance du royaume d’Espagne et de la Maison des Habsbourg. Cette rivalité est accentuée par la situation des Seize Provinces et la persistance des tensions, certains membres de la cour soutenant l’idée de poursuivre le soutien aux Malcontents pour fragiliser la domination espagnole dans les Pays-Bas espagnols et briser le risque d’encerclement du royaume.
Le nouveau roi tend à privilégier sur le début des années 1570 les politiques menés par son père sur les dernières années, notamment du fait des responsabilités grandissantes qu’il a occupé sur la fin des années 1560. Il se montre cependant incertain à poursuivre les expéditions vers l’Asie du fait du bilan mitigé des deux expéditions vers le royaume de Kandy et ce en dépit des efforts de François IV de Bretagne pour soutenir la poursuite de ces expéditions. Charles X préfère se concentrer sur la consolidation des acquis de son père, notamment la Nouvelle-France alors que le potentiel du territoire commence à porter ses fruits après près d’un demi-siècle d’un développement et progressif. Il consent cependant à envoyer une expédition en direction de Fort François afin de déterminer si la petite colonie développée sur la côte de Guinée a survécu ou non aux affres locales et aux Portugais. Le roi charge Philippe de Corguilleray de l’expérience, tirant profit de l’expérience de ce dernier. Ce dernier prend la mer à partir du Havre en septembre 1570 avec trois navires et deux cent personnes. Le trajet est difficile, l’expédition devant éviter les Canaries et les Portugais, mais doit aussi subir les intempéries importantes de la saison.
Philippe de Corguilleray parvient non sans mal à rejoindre la région de Fort François courant décembre 1570. Il découvre le fort dans un état délabré et un groupe très affaibli, les maladies et le climat ayant décimé la moitié de ses membres sur les trois années qui ont suivi le retour de l’expédition vers le royaume de Kandy, mais aussi subissant un raid des Portugais en provenance du fort Sao Jorge da Mina au début de l’année 1570, les Portugais ayant finalement eu vent de l’existence du fort. Seul l’emplacement géographique du fort à l’intérieur de l’embouchure et les relations avec les Kroumen ont empêché l’effondrement de la colonie grâce aux échanges de ressources et au développement de quelques relations avec les tribus locales. Philippe de Corguilleray ravitaille le fort et cherche à le réorganiser durant l’hiver 1570-1571 avant de repartir pour le royaume de France qu’il rejoint en avril 1571.
Charles X apprend du navigateur la situation de Fort François et se montre encore plus réticent à poursuivre le maintien du fort, son utilité étant principalement lié au besoin d’escale dans la route vers l’Asie. La réticence est renforcée avec le décès de François IV en mai 1571, la disparition du duc de Bretagne fragilisant la position de ceux qui défendent la reprise des expéditions vers l’Asie. L’isolement de la colonie et les difficultés à la maintenir de façon viable alors que le développement et l’épanouissement des colonies de Nouvelle-France représentent un investissement à la fois conséquent et plus attrayant, alors que l’expédition norvégienne d’Enno Brandrøk dans la région suscite l’appréhension de la couronne française de voir de nouveaux acteurs chercher à tirer profit de la région. Ces différentes raisons poussent le souverain à y renoncer à son maintien, préférant faire rapatrier les occupants du fort vers la métropole. Fort François se retrouve ainsi abandonné au début de l’année 1574.
Dans la continuité de son père, Charles X poursuit sa politique de renforcement diplomatique dans la péninsule italienne. Il consolide ainsi ses liens avec le duc Louis II de Savoie avec qui il avait eu l’occasion d’échanger durant la période où il gérait le Dauphiné. Il soutient le duc dans son projet de s’emparer de Genève, notamment pour neutraliser le principal foyer responsable de la persistance de la diffusion des idées calvinistes dans son royaume.
Charles X soutient aussi Cesare Fregoso, doge depuis 1567 dans la République de Gênes, notamment pour prévenir le retour des Doria soutenus par Philippe II. L’instabilité qui frappe la république maritime depuis le renversement des Doria est à la fois une préoccupation pour le roi de France alors que la rivalité entre Cesare Fregoso et certains des Albergi pourraient provoquer sa chute, mais aussi une opportunité pour reprendre le contrôle de la cité. Les troubles qui frappent la cité au début des années 1570 contribue au renforcement de l’influence française dans la république maritime, notamment alors que les Fregoso se tournent vers la couronne française pour pouvoir protéger sa position face à ses rivaux et aux communes. La situation d’instabilité au sein de la cité sur les années 1571-1575 contribuent à renforcer le rôle de la couronne française dans le territoire, d’autant plus alors que la crainte d’un retour des Doria soutenus par la couronne espagnole se fait forte. Charles X trouve l’opportunité d’affermir l’influence française dans la république génoise suite à la révolte populaire du printemps 1575 qui force le doge et le sénat génois à se tourner vers la couronne française en tant que médiateur dans le conflit. Cela permet à Charles X de se présenter en tant que protecteur de la république maritime, mais aussi de consolider l’accès aux banques génoises.
Le roi de France travaille aussi ses relations avec le duché de Ferrare et Modène et avec la république de Sienne, notamment pour contrer les revendications des Médicis. Cela contribue à affecter ses relations avec le Saint-Siège, le retour de l’influence française en Italie menaçant celle que la papauté avait réussi à construire après la guerre de la Ligue de Pérouse. Les relations avec le duché de Milan sont cordiales, Charles X cherchant à développer son influence et un réseau d’alliances dans la péninsule italienne, même si certains membres de la cour l’encouragent à défendre ses revendications sur le Milanais, voire sur le royaume de Naples afin de contester dans le second cas la puissance espagnole.
Charles X cherche enfin à maintenir de bonnes relations avec la République de Venise, mais ne peut la soutenir dans le conflit opposant cette dernière à l’empire ottoman dans la défense de Chypre, le roi de France estimant que sa flotte de galères est insuffisante pour pouvoir soutenir la Sérénissime, mais étant aussi méfiant de la perspective d’une tentative des Doria de reprendre le pouvoir à Gênes avec le soutien de la couronne espagnole. Cela n’empêche pas Charles X d’envoyer une dizaine de galères pour soutenir Venise durant la campagne de 1571. Mais ce conflit et la puissance navale espagnole dans la région pousse le souverain à développer sa flotte méditerranéenne à partir de 1572 et encore plus après 1573 alors que ses représentants parlent des préparatives de Philippe II pour son expédition contre le royaume du Maroc. Les événements de Gênes de 1575 donnent au roi de France une opportunité de consolider davantage sa flotte.
Charles X envoi enfin Charles de Dancey et Armand de Gontaut à Stettin pour servir de médiateurs dans la résolution du conflit entre le royaume de Danemark et celui de Suède à l’été 1571, lui permettant aussi de renouer des liens avec le royaume de Pologne et son nouveau souverain, Sigismond III. Charles de Dancey cherche notamment dans les années 1571-1572 à encourager une nouvelle alliance matrimoniale entre les deux royaumes afin de contrer la prééminence des Habsbourg.
Charles X tisse des relations importantes avec Marie I d’Angleterre, tirant profit du fait que François IV de Bretagne soit l’époux de cette dernière, poursuivant la politique de son père dans le maintien de bonnes relations avec le royaume d’Angleterre et le maintien des échanges commerciaux entre les deux royaumes. Le nouveau souverain de France se méfie cependant un peu du duc de Bretagne du fait de ses loyautés doubles ou de la crainte de voir ce dernier revenir sur le traité de Guînes de 1557 pour affirmer son fils aîné François comme héritier du duché de Bretagne. Pour éviter ce risque, le roi de France consolide ses relations avec Henri de Bretagne, l’héritier présupposé du duché par le traité de 1557 et qui a été un de ses compagnons de jeunesse. Ces relations lui assurent cependant le soutien du duc de Bretagne et contribue à la poursuite de plusieurs des politiques de Charles IX, notamment en direction du Nouveau Monde.
La situation évolue au printemps 1571 avec le décès de François IV. Appliquant les conditions du traité de Guînes, Charles X permet à Henri de devenir le nouveau duc de Bretagne même si son aîné, François, digère mal cet état de fait, bien qu’étant l’héritier de la couronne anglaise. Henri renforce davantage ses relations avec son souverain et poursuit la politique de son père, notamment dans l’expansion maritime de son duché et du royaume de France, Nantes, Brest et Saint-Malo commençant à se renforcer en tant que ports grâce aux liens avec la Nouvelle-France.
Le décès de François IV contribue à affecter quelque peu les relations entre Charles X et Marie I, ces dernières demeurant cordiales mais devenant aussi un peu distantes, même si les deux souverains se connaissent suffisamment, Charles X ayant eu l’occasion de croiser Marie I à la cour avant qu’elle ne devienne reine d’Angleterre. Les intérêts économiques et religieux communs contribuent au maintien de bonnes relations, mais la question des Seize Provinces et du soutien à Charles d’Autriche contribue aussi à susciter des désaccords, la souveraine anglaise cherchant à maintenir de bons échanges avec les Pays-Bas espagnols et maintenant de bonnes relations avec Philippe II d’Espagne. Les divergences entre Charles X et Marie I vont continuer sur les années 1571-1573 alors que le roi de France se décide peu à peu à relancer le soutien au mouvement des Malcontents en dépit de ses réserves initiales.
La mort de Marie I à l’automne 1573 modifie les relations entre le royaume de France et le royaume d’Angleterre. Le nouveau souverain anglais, François I, entretient en effet des relations complexes avec Charles X. D’un côté, les deux hommes proches en âge se connaissent, François ayant passé du temps à la cour de France alors qu’il était encore héritier du duché de Bretagne. Mais de l’autre, l’avènement de sa mère à la tête du royaume d’Angleterre et son passage d’héritier de Bretagne à celui du trône anglais a contribué à complexifier les relations, encore plus après la mort de François IV. Si les deux souverains entrÉtiennent dans un premier temps des relations cordiales, les intérêts de François I, la situation spécifique du royaume d’Angleterre, les troubles dans les Seize Provinces et les difficultés économiques notamment marqués par la crise agricole de 1573-1575 tendent à susciter des tensions et à provoquer un certain éloignement entre Charles X et son parent.
Mais le premier défi et dilemme de son règne tourne autour de la situation des Pays-Bas espagnols et de la question de continuer ou non de soutenir les Malcontents dans les Pays-Bas espagnols. D’un côté, Charles X est poussé par certains membres de la cour et par son beau-frère, le roi Jean IV de Navarre, à poursuivre le soutien à la faction rebelle opposé au duc d’Albe pour pouvoir affaiblir la puissance espagnole, leur présence au nord du royaume de France dans une des régions les plus prospères de la Chrétienté et dont la couronne française possède des revendications alors que Philippe II s’appuie sur une puissance considérable du fait des colonies du Nouveau Monde qui lui rapportent or et argent en quantité et domine la Méditerranée occidentale.
Mais de l’autre, Charles X est incertain à l’idée de continuer de soutenir des rebelles, d’autant moins alors que certains des Malcontents ont des convictions calvinistes ou luthériennes. Ces réticences religieuses et politiques sont amplifiées lors de la rencontre entre le roi de France et Charles d’Autriche lorsque ce dernier le rencontre en janvier 1570 pour échanger sur la poursuite du soutien de la couronne française. Charles X avait rencontré le prince déchu au cours de l’année 1569 alors qu’il était en charge de l’Artois et avait une opinion négative du prince à cause du caractère difficile et violent. La rencontre de janvier 1570 est tendue et difficile, Charles X cherchant à temporiser et à avoir une posture diplomatique alors que son interlocuteur fait preuve d’une certaine impatience et irritation devant la possibilité que la couronne française cesse de soutenir ses revendications. La rencontre s’achève sans résultat concret, mais renforce les réticences de Charles X à poursuivre le soutien aux Malcontents.
Plusieurs facteurs vont contribuer à l’évolution de la position de Charles X. Le premier vient de son expérience en tant que gouverneur de l’Artois en 1568-1569 au cours duquel il a eu l’opportunité de rencontrer différents chefs en plus de Charles d’Autriche, notamment René de Chalon. Les compétences et qualités de ces figures et notamment du prince d’Orange amènent Charles X à reconsidérer ses réserves à soutenir les Malcontents. René de Chalon joue un rôle important dans l’évolution des relations de Charles X avec les Malcontents, le prince d’Orange jouant le rôle de médiateur entre ses alliés et le roi de France et étant un des piliers du mouvement en plus d’être catholique. L’influence de Jean IV de Navarre joue aussi un rôle important, ce dernier travaillant son beau-frère par ses représentants et sa correspondance avec sa sœur Jeanne pour pousser le roi à affaiblir Philippe II d’Espagne, le roi de Navarre étant déterminé à reprendre la Basse-Navarre que le grand-père de Philippe II avait arraché à sa grand-mère, Catherine I, en 1512. Jean IV continue aussi de soutenir Charles d’Autriche en dépit du caractère difficile du prince, conscient du rôle perturbateur qu’il peut susciter au sein de la cour d’Espagne.
Le second facteur vient des relations complexes entre Charles X et Philippe II. Sur les années 1570-1572, le rapport entre les deux souverains sont mesurés, Charles X se concentrant sur la gestion intérieure de son royaume pour s’affirmer en tant que nouveau souverain et cherchant à être dans la continuité des politiques de son père alors que Philippe II doit gérer plusieurs difficultés. Les deux souverains sont même alliés de circonstance dans la sixième guerre vénéto-ottomane déclenchée à partir de 1571, Charles X répondant à l’appel de Benoît XIII de contrer la menace ottomane afin de pouvoir soutenir la République de Venise afin de renouveler l’alliance avec cette dernière et de développer la flotte française en Méditerranée pour contrer l’hégémonie espagnole dans la région. Le souverain envoie une petite force de soutien aux vénitiens lors de la campagne navale de 1571 et continue de soutenir sur le plan diplomatique la Sérénissime par la suite.
Mais plusieurs facteurs, notamment les rivalités coloniales résultant du développement de la Nouvelle-France, la question de l’Artois, la présence de Charles d’Autriche à la cour de France et le soutien implicite de Charles IX aux Malcontents contribuent à nourrir des tensions entre les deux souverains. Philippe II demande puis exige à Charles X durant les années 1570-1572 de ne plus accueillir son fils rebelle. A ces griefs s’ajoutent les tensions inhérentes aux luttes d’influence entre les deux couronnes, notamment autour de la République de Gênes. Les griefs réciproques des deux couronnes et leurs luttes d’influence contribuent à la dégradation progressive des relations. Influencé par la faction désireuse de contrer la puissance espagnole jugée menaçante pour le royaume et conscient de la menace que peuvent représenter les Seize Provinces sur la sécurité des frontières septentrionales du royaume, Charles X évolue progressivement vers un retour de soutien aux Malcontents, d’abord sur un plan diplomatique, puis sur un plan matériel et financier.
C’est enfin le développement du soutien du royaume du Danemark aux Malcontents à partir de 1572 qui pousse Charles X à renouveler son soutien à ces derniers, ne voulant pas voir les figures protestantes du mouvement s’imposer face à Charles d’Autriche et ses alliés et de prendre le risque de voir un foyer calviniste s’imposer au nord de son royaume. Le roi rencontre à nouveau Charles d’Autriche au printemps 1573 dans l’optique de renouveler de façon officielle le soutien de la couronne française au mouvement rebelle et si les négociations sont un peu compliquées, elles aboutissent au travers du traité d’Etampes de mars 1573, assurant un soutien de la couronne française à Charles d’Autriche et aux Malcontents dans leur lutte contre le duc d’Albe et la couronne d’Espagne. Le soutien est d’abord financier et matériel, le roi de France cherchant surtout à influencer les Malcontents et à affaiblir de façon indirecte Philippe II, même si certains membres de la cour l’encouragent à confronter la Maison d’Espagne pour pouvoir à la fois affaiblir cette dernière, défendre les revendications du royaume sur la Flandre et contester la présence espagnole dans le royaume de Naples alors que Jean IV de Navarre pousse le roi de France à affronter le royaume d’Espagne pour avoir son soutien pour pouvoir reconquérir la Haute-Navarre.
Le soutien grandissant aux Malcontents contribuent à dégrader davantage les relations avec Philippe II et à un début de rapprochement avec le roi du Danemark, Frédéric II, Charles X et ce dernier ayant en commun le désir d’affaiblir la position espagnole dans la région, même si Charles X est hésitant de s’associer avec un roi luthérien. Mais la volonté de ne pas voir le mouvement des Malcontents se faire dominer par la faction protestante et la rivalité commune contre l’Espagne de Philippe II contribue à un certain rapprochement à partir de 1574. Ce rapprochement s’accélère en 1575 et aboutit au traité de Fontainebleau d’octobre 1575 dans lequel Charles X et Frédéric II s’assurent d’une assistance militaire mutuelle en cas de conflit contre Philippe II d’Espagne, les deux souverains s’inspirant de ce que leurs pères respectifs avaient mené durant la guerre de la Ligue de Pérouse.
Dans l’optique du soutien aux Malcontents, Charles X travaille ses relations avec le duc Nicolas II de Lorraine et le duc Guillaume V de Clèves, ces derniers ayant joué un rôle important dans l’accueil des Malcontents et dans la médiation entre ces derniers et la couronne de France dans le début du conflit. Cela permet aussi au roi de France de tisser des liens dans l’espace impérial et de développer des soutiens dans les terres d’empire. Les relations avec Nicolas II de Lorraine se développent d’autant que Charles X s’appuie sur Claude de Guise, frère du comte François de Guise, et de leur frère, le cardinal de Guise, ces derniers étant des neveux du duc de Lorraine.
Le début des années 1570 voient les colonies de Nouvelle-France poursuivre leur développement alors que l’exploitation des ressources locales leur permettent de s’épanouir. Leur développement est géré par Troillus des Mesgoüets, gouverneur de Nouvelle-France depuis le début des années 1560. Les échanges avec les populations locales continuent de jouer un rôle crucial, mais les ravages provoqués par les maladies en provenance de la Chrétienté et le développement des différentes colonies contribuent à impacter ces relations alors que des tensions se font jour. Bien qu’entretenant des échanges avec la métropole, les contraintes liées à la distance contribuent à une certaine autonomie des colonies, même si Troillus des Mesgouëts et les autres représentants de la couronne cherchent à affirmer la présence de l’autorité royale et des lois du royaume, suscitant des remous qui vont grandissants à l’aube des années 1570. Les colonies bénéficient cependant d’un soutien renforcé de la couronne à partir de 1571, Charles X faisant financer des flottes destinées à développer les colonies et à développer les échanges avec ces dernières.
Fort Charlesbourg est le cœur de la Nouvelle-France, comptant en 1570 un peu plus d’un millier de personnes et s’est organisé en une petite cité portuaire qui prospère à la fois grâce à la culture du tabac, la production de bois et l’usage du pin blanc pour concocter l’anneda. A ces ressources s’ajoutent aussi les échanges commerciaux avec les tribus Leni Lenape, même si les épidémies ayant frappé la région dans les décennies précédentes ont fragilisé ces populations. Ces épidémies et le développement de Fort Charlesbourg ont provoqué l’émergence de tensions, notamment avec les tribus voisines qui cherchent à tirer profit du vide provoqué par la disparition d’une partie des tribus échangeant avec les Français de récupérer de nouveaux territoires ou voient d’un mauvais ce voisin étranger qui se renforcent. Les Raritan vont partie de ces tribus hostiles aux Français, mais leur conflit avec ces derniers à la fin des années 1560 les a profondément affaiblis. Malgré les difficultés, les Français étendent leur territoire et influence, notamment le long du Saint-Jean où l’établissement de relations avec les tribus qu’ils rencontrent leur permettent de diversifier et d’affermir leurs échanges alors qu’en parallèle, la fragilisation des tribus voisines contribuent à l’expansion de la Terre d’Orléans, mais aussi à une certaine mixité avec les populations survivantes, une partie de ces dernières cherchant la protection des Français pour se protéger de leurs voisins, voire se convertissant à la foi catholique ou contribuant à des unions avec des Français, même si le phénomène est restreint par la décimation démographique des autochtones ou les différences culturelles. Cela n’empêche pas Fort Charlesbourg de compter deux cent descendants d’unions mixtes dans sa population. Cette mixité démographique s’accompagne de l’émergence d’une fusion de pratiques culturelles des colons avec celles des habitants, notamment de l’impact que certaines pratiques et coutumes des Leni Lenape ont sur la survie de la colonie.
Deuxième centre important de la Nouvelle-France, Fort Sainte-Croix est devenu le cœur économique du Saint-Laurent au début des années 1570, d’autant plus alors que l’alliance iroquoienne dépend de plus en plus de leur relation avec l’établissement français pour les échanges et leur survie face à leurs rivaux. Cette situation contribue à d’importantes tensions au sein des villages d’Hochelaga et de Stadaconé, certains représentants étant incertains ou hostiles de l’ascendant que prennent les Français sur leur communauté alors que la foi catholique commence à pénétrer la population ayant survécu aux épidémies et aux conflits avec les Montagnais et les Mohawks, même si les conflits et les épidémies ont contribué à leur affaiblissement. La communauté iroquoienne survit cependant malgré un important affaiblissement et tire profit de leur relation à Fort Sainte-Croix alors qu’en retour, les Français peuvent s’appuyer sur leurs alliés pour le commerce et la poursuite de leur exploration dans la région. Pour assurer la protection de Fort Sainte-Croix et de leurs alliés, les français étendent leur territoire le long du Saguenay jusqu’au lac Saint-Jacques où ils bâtissent un fort, Fort Manouan en 1571. L’affermissement de la présence française force cependant les Montagnais à devoir composer avec ces derniers, même si des tensions persistent. Les Français poursuivent en parallèle l’exploration du Saint-Laurent, remontant jusqu’aux affluents, principalement le Kissésippi. Ces explorations permettent le rétablissement d’un fort sur le site de Fort Breton qui avait été bâti en 1539 par l’expédition de Jacques Cartier, le fort devant servir de lieu d’échange avec les tribus environnantes parmi les Algonguins, mais aussi permettre l’exploration de la région, le gouverneur de Fort Sainte-Croix voulant développer la connaissance de la région et rencontrer les tribus locales pour développer le plus d’échanges possibles. Cette exploration les fait davantage entrer en contact avec la Confédération des Cinq-Nations avec qui les relations vont s’avérer complexes, notamment à cause de la rivalité des Mohawks avec les Iroquoiens même si le développement du commerce des fourrures offre un débouché potentiel dans les relations avec les tribus iroquois. La Confédération des Cinq Nations est en pleine transition à cette époque alors que la diffusion des maladies importées d’Europe ont affecté les populations de ces tribus.
Sur le début des années 1570, Saint-Jean tient un rôle important dans le développement de la Nouvelle-France en tant que port d’entrée sur le Nouveau Monde, en tant qu’escale vers les trois autres colonies principales et en tant que lieu de pêche. Si les Français contrôlent le sud de Terre-Neuve, les escarmouches et les épidémies ont fragilisé les Béothuks, contribuant au renforcement de l’exploration de l’île et à son exploitation, nourrissant le développement de Saint-Jean qui ne dépend plus seulement des pêcheurs.
Enfin, Fort Valois demeure une petite colonie comptant près de trois cent personnes en 1570, mais sa position entre Fort Charlesbourg et Saint-Jean, la pêche et le développement de l’exploitation des ressources locales sur la période et les échanges avec les Elnous contribuent à son affermissement alors que les Français étendent leur présence et influence en Petite-Bretagne. Si les relations avec les Elnous sont plutôt cordiales, notamment du fait de l’approche par les échanges commerciaux, le développement de la colonie et les épidémies contribuent à des tensions alors que certaines des tribus Elnous commencent à s’inquiéter du renforcement de ces voisins venus de la mer.
Dernière édition par Yodarc le Jeu 24 Oct - 20:33, édité 2 fois
Yodarc- Messages : 424
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DemetriosPoliorcète et Raoul Sanchez aiment ce message
Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
DemetriosPoliorcète a écrit:Curieux de voir ce qu'il va advenir dans les relations entre France et Espagne. Et plus encore entre les Valois français et leurs cousins d'outre-manche.
Dans le premier cas, des relations qui vont s'épicer (à cause d'une certaine région évidente...). Dans le second, cela va naviguer à vue dans un premier temps jusqu'à ce que la situation va forcer les choses.
Yodarc- Messages : 424
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DemetriosPoliorcète aime ce message
L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Au début des années 1570, le royaume d’Espagne fait face à différents défis, mais semble en mesure de les surmonter. D’un côté, la rébellion morisque dans les Alpujarras qui fait rage depuis fin 1567 et de l’autre la révolte des Malcontents dans les Pays-Bas espagnols.
Au début de l’année 1570, la rébellion morisque qui fait rage dans les Alpujarras est en déperdition et ce en dépit du maintien du soutien marocain aux rebelles alors que les côtes d’Andalousie doivent subir sur les années 1570-1571 des raids maritimes venant du royaume chérifien. Le renforcement des raids marocains force les espagnols à déployer leur flotte pour protéger leurs côtes et empêcher les marocains de continuer de soutenir les rebelles. Cela aboutit notamment à une embuscade au large d’Adras au printemps 1570 où les Espagnols surprennent une des flottilles marocaines et la détruisent.
Sur terre, Luís de Zúñiga y Requesens, Gonzalo Fernández de Córdoba et le marquis de Velèz poursuivent leur progression dans les Alpujarras, notamment en piégeant les forces rebelles qui s’étaient réfugiés dans les grottes en les asphyxiant par des feux. Les dernières forces rebelles menées par Abou Aben persistent cependant à harceler les espagnols, pratiquant plus que jamais la tactique de la terre brûlée pour freiner l’avancée de leurs adversaires. Pour continuer leur lutte, les derniers rebelles s’appuient notamment sur la forteresse de Juviles, dernier lieu stratégique tenu par les rebelles. Ils sont encore soutenus par quelques forces marocaines ayant réussi à rejoindre l’Andalousie, mais l’isolement des dernières forces rebelles et la disparition du soutien marocain à partir de mars 1570 fragilise ce qui reste de la rébellion morisque. Luís de Zúñiga y Requesens s’en prend à la forteresse de Juviles en avril 1570 et doit faire face à une lutte féroce contre les défenseurs, mais il finit par s’emparer du lieu après une semaine de siège et d’affrontement. La perte de la forteresse donne le coup de grâce à la révolte morisque alors que les dernières poches de résistance sont écrasées dans les grottes dans lesquelles les tout derniers rebelles s’étaient réfugiés. Abou Aben est assassiné par ses hommes au début de mai 1570. La disparition de leur dernier chef précipite la fin de toute résistance supplémentaire des morisques rebelles.
A la fin du printemps 1570, l’Andalousie est pacifiée mais meurtrie par la violence des affrontements et les raids menés par les marocains. Informé de la fin des troubles dans la région, Philippe II charge ses commandants de déporter la population morisque de la région pour détruire tout potentielle relance des violences, mais aussi pour empêcher tout potentiel soutien aux marocains si ces derniers décidaient d’attaquer le royaume. A partir de l’été 1570, plusieurs milliers de morisques sont déplacés dans les quatre coins du royaume. Le départ forcé de ces populations contribue à fragiliser davantage la situation économique et sociale de l’Andalousie, les morisques étant le cœur économique de la région, alors qu’elle doit se remettre des séquelles du conflit. Pour pallier à ces problèmes et pour s’assurer de la loyauté du territoire, Philippe II et son administration planifie l’envoi de populations chrétiennes venant des quatre coins du royaume. Les premiers colons arrivent durant l’automne 1570 et se voient distribués des terres et des ressources pour s’implanter. Mais l’implantation est difficile du fait des séquelles de la rébellion alors que de nombreux colons n’ont aucune expérience dans le travail agricole en montagne, amenant durant les années suivantes à des départs, réduisant d’un tiers les effectifs de la population des nouveaux habitants dans les Alpjurras.
Le succès dans les Alpujarras ne fait pas oublier à Philippe II que le royaume du Maroc a soutenu les rebelles morisques et menés des raids aussi bien contre les côtes de son royaume que contre les enclaves de la côte africaine, principalement contre Oran et Mers el-Kébir, et seul le soutien de la marine espagnole a permis à ces territoires de résister. Le roi d’Espagne est déterminé à mettre un terme à la menace marocaine alors que leur expansion dans le nord de l’Afrique menace le sultanat Koukou, allié local des espagnols, et fait resurgir la peur d’une invasion de la péninsule ibérique à l’instar de celle des Almohades du 13ème siècle. L’échec de l’expédition de 1564 amène cependant le souverain espagnol à planifier en détail la campagne devant renverser les Saadiens et mettre un terme à la montée en puissance d’un rival local.
Au printemps 1571, Philippe II reçoit cependant des messages et des représentants de la République de Venise, ces derniers demandant son aide alors que l’empire Ottoman semble déterminé à s’emparer de Chypre. Le roi espagnol est hésitant à offrir son aide, Venise demeurant un concurrent économique en Méditerranée et la menace marocaine étant plus immédiate et conséquente que celle ottomane à ses yeux. Ses hésitations sont cependant atténuées puis contrebalancées par son désir d’être le défenseur de la Chrétienté contre toute menace extérieure, mais aussi par la situation difficile du califat hafside où les relations entre les espagnols et son dirigeant, Abû al-`Abbâs Abû al-`Abbâs Ahmed III al-Hafsi al-Hafsi, se sont dégradées et devenues tendues alors que des rumeurs autour d’un rapprochement et le califat et la Sublime Porte se sont développées depuis 1568. La perspective de voir l’Ifriqiya tomber dans le giron ottoman après que son père en ait empêché une première tentative en 1541 déplaît fortement à Philippe II, d’autant plus que cela placerait le royaume de Naples et les îles sous son autorité, comme Malte, sous le coup d’une menace d’attaque par le détroit de Sicile. L’échec dans la défense de Rhodes lors du siège de 1563 est aussi au cœur de ses préoccupations et la volonté de réparer cet échec influence Philippe II dans ses décisions, même s’il médite sur la marche à suivre, ne voulant pas répéter les écueils qui ont contribué aux échecs passés. Le roi reçoit aussi des messages du pape Benoît XIII, ce dernier poussant le roi espagnol et les autres souverains chrétiens à soutenir Venise contre l’empire ottoman.
La situation de stabilité retrouvée dans ses domaines et les ressources financières qu’il a à sa disposition, malgré le contexte économique difficile provoqué par l’inflation, amène le souverain à prendre sa décision en juin 1571 et de soutenir la Sérénissime contre la Sublime Porte, à la fois pour affermir sa position de grand défenseur de la foi chrétienne, mais aussi pour affermir des liens avec la république maritime et la détacher du royaume de France et enfin pour briser toute velléité du califat hafside à chercher un rapprochement avec l’empire ottoman pour contrer l’influence espagnole. Il charge Giovanni Andrea Doria de la tête de la flotte destinée à défendre Chypre. La flotte rejoint celle vénitienne et de ses alliés en septembre 1571 avant qu’elle ne vogue vers Chypre. La flotte espagnole et Giovanni Andrea Doria jouent un important rôle dans l’affrontement avec la flotte ottomane, permettant le renforcement des défenses de l’île. La bataille du cap Arnaoutis se termine sur une défaite tactique de la flotte chrétienne, mais les renforts déployés permettent un prolongement du siège de Nicosie.
La défaite du cap Arnaoutis amène Philippe II à prendre ses distances dans son soutien à la république de Venise, d’autant plus alors qu’il doit faire pression sur le califat hafside pour le dissuader de se rapprocher davantage des Ottomans. La poursuite du conflit entre Venise et l’empire ottoman sur les années 1572-1573 amènent le souverain à se détacher d’autant plus du soutien à la Sérénissime alors que sa préoccupation de sécuriser son influence en Afrique du Nord et de prévenir le renforcement du royaume du Maroc demeure importante. Il peut s’appuyer sur le fait qu’il avait encore un des fils d’Abû Hassûn `Alî, Messaoud[1], et sur l’alliance renouvelée avec le sultanat Koukou de Sidi Amar Ou el Kadhi. Le souverain est cependant inquiet du risque de troubles dans les Pays-Bas espagnoles alors que Frédéric II de Danemark soutient les Malcontents depuis 1572, contribuant à des actions de piraterie sur les côtes néerlandaises, alors que Charles X de France a décidé de soutenir le mouvement et son fils rebelle, Charles d’Autriche, depuis le début de l’année 1573. Il charge son gouverneur, le duc d’Albe, d’affermir le contrôle de la couronne dans les Seize Provinces et de maintenir l’ordre face aux menaces extérieures et aux Malcontents.
Au printemps 1575, Philippe II menace Frédéric II de représailles s’il persiste à soutenir les Malcontents. Cette menace est le prétexte pour la relance de la révolte des Malcontents dans les Pays-Bas espagnols alors que leurs attaques permettent la capture de la pointe de la Hollande, le contrôle de la Zuiderzee et de s’enfoncer dans le duché de Gueldre. Philippe II charge Ferdinand Alvare de Tolède de reprendre le contrôle des territoires rebelles et de mettre un terme au mouvement des Malcontents. Le souverain ne peut cependant envoyer de ressources ou de forces supplémentaires à son gouverneur alors qu’il prépare son expédition en direction du Maroc et que le soutien plus évident du royaume de France constitue un obstacle dans la logistique nécessaire pour maintenir le contrôle sur les Seize Provinces. Ferdinand Alvare de Tolède parvient cependant à réprimer les actions des Malcontents dans les provinces du sud, défaisant les armées de Louis de Nassau et de Lamoral d’Egmont sur l’été et l’automne 1576 et chargeant son fils Don Fadrique de reprendre le contrôle de la Hollande pour protéger Amsterdam et stopper court à la progression des Malcontents dans la région.
Philippe II commence à travailler sur un projet d’expédition sur la fin de l’année 1573, mais la nouvelle de la mort d’Abdallah al-Ghalib au début de l’année 1574 offre une opportunité à Philippe II d’agir, d’autant plus alors que les bruits de tensions au sein du royaume chérifien se développent au cours de l’année. Le roi espagnol commence à planifier une nouvelle expédition à partir de l’été 1574, rassemblant les ressources nécessaires pour pouvoir lever une armée suffisamment puissante pour mener à bien la campagne et une flotte suffisamment puissante pour la transporter et assurer le soutien à ces dernières. Le roi charge le gouverneur d’Oran d’échanger avec le sultan koukou pour s’assurer de son soutien pour l’expédition à venir.
Le roi a cependant vent des projets similaires de son neveu, le roi portugais Alexandre I au début de l’année 1575. Ayant appris la petite expédition de ce dernier durant l’année précédente, le roi espagnol considère la possibilité de s’allier avec son parent pour neutraliser la menace marocaine. Ce projet se développe, notamment grâce aux échanges réalisés par sa tante et la grand-mère d’Alexandre I, Catherine. Si le souverain espagnol cherche à affermir sa position de souverain le plus puissant dans la chrétienté et de champion de la foi catholique, l’idée de s’allier avec son parent se développe alors qu’ils ont en commun l’hostilité contre le royaume chérifien.
Les échanges portent leurs fruits avec la rencontre des deux souverains à Guadalupe lors de la Pâques 1575, afin de leurs projets respectifs et de comment les associer. Des désaccords autour des objectifs, du plan de campagne et du commandement potentiel des forces compliquent les échanges, mais le roi pragmatique et prudent parvient à trouver un accord avec son parent et de ratifier avec ce dernier le traité de Guadalupe le 16 avril 1575 dans lequel les deux souverains s’accordent pour l’organisation commune d’une expédition destinée à attaquer le Maroc et à délimiter les zones d’influence des deux royaumes dans la région. Le souverain espagnol recommande à son neveu de bien préparer l’expédition pour s’assurer les meilleures chances de succès et seul le soutien de sa tante Catherine et des conseils du roi de Portugal permettent l’acceptation de cette condition par Alexandre I.
Durant le reste de l’année 1574 et le début de l’année 1575, Philippe II collecte impôts et taxes pour financer cette expédition et mobilise un grand nombre de navires pour pouvoir mener à bien son expédition. Les troubles grandissants dans les Seize Provinces l’obligent cependant à détourner certaines des forces prévues pour l’expédition afin de renforcer Ferdinand Alvare de Tolède. Pour mener à bien l’expédition et éviter les erreurs de l’expédition de 1564, Philippe II fait rassembler une flotte regroupant des navires en provenance des différents ports espagnols, des Baléares, de Sardaigne et du royaume de Naples. Seuls les navires des Pays-Bas espagnols ne peuvent venir, étant occupés de contrer les corsaires néerlandais qui harcèlent les côtes des Seize Provinces.
S’il est concentré sur le projet de mettre un terme à la menace marocaine, Philippe II cherche aussi à défendre et affermir sa position au sein de la Chrétienté et à tirer profit du développement des territoires du Nouveau Monde, ces derniers se consolidant dans leur développement, notamment en détruisant le dernier bastion inca et en exécutant le dernier souverain inca, Túpac Amaru, en 1572. En parallèle du renforcement des colonies, l’exploration se poursuit et se développe vers le nord, les Espagnols cherchant à prévenir l’expansion française qui se développe au nord et à découvrir de nouvelles richesses et ressources.
Si sa détermination à affermir sa position au sein de la Chrétienté lui permet d’avoir des relations importantes avec le pape Benoît XIII, notamment dans le contexte de la sixième guerre vénéto-ottomane, cela l’amène à avoir des relations compliquées avec Charles X de France, notamment à cause de la présence de son fils déchu et proscrit, Charles d’Autriche, et des relations conflictuelles avec Jean IV de Navarre, ce dernier étant déterminé à récupérer la Haute-Navarre que Ferdinand II d’Aragon, le grand-père de Philippe II, avait arraché durant le contexte de la Guerre de la Ligue de Cambrai en 1512. Le soutien des souverains de Navarre et de France à Charles d’Autriche et aux Malcontents constitue une pomme de la discorde, d'autant plus à partir de l’automne 1573 lorsque Charles X commence à soutenir plus ouvertement les Malcontents, contribuant à susciter des hésitations du souverain espagnol à poursuivre son projet d’expédition contre le Maroc. Philippe II décide finalement de renforcer les Seize Provinces et son gouverneur, Ferdinand Alvare de Tolède en envoyant des renforts au printemps 1574 et en chargeant le duc d’Albe de renforcer les défenses des Pays-Bas espagnoles contre une attaque du sud.
Dans le contexte de sécuriser les Seize Provinces, ses relations avec le royaume du Danemark se dégradent fortement sur les années 1572-1575, non seulement à cause du différend confessionnel, mais aussi à cause du soutien qu’apporte Frédéric II aux Malcontents à partir de 1572. Le souverain espagnol se rapproche de ses cousins, l’empereur Maximilien II et le roi Jean II de Norvège, pour essayer de forcer le roi danois à renoncer à soutenir les rebelles des Seize Provinces et à chercher à étendre son influence dans la mer du Nord.
Le roi d’Espagne a cependant l’opportunité de développer de nouvelles alliances à partir de 1573 suite à la mort de Marie I d’Angleterre alors que le nouveau souverain d’Angleterre, François I, se démarque quelque peu dans ses relations avec le royaume de France et se soucie des troubles qui affectent la mer du Nord. Philippe II entreprend de développer d’importantes relations avec ce dernier, tirant profit de l’importance cruciale que représentent les échanges économiques avec les Pays-Bas espagnoles pour le royaume insulaire et poursuivant dans la continuité des relations antérieures avec Marie I d’Angleterre.
Dans son royaume, Philippe II continue d’affermir son autorité même s’il doit toujours composer avec les assemblées locales. Le besoin de composer avec l’aristocratie locale et ses assemblées est d’autant plus grande que son conflit avec son fils aîné, Charles d’Autriche, contribue à susciter des factions au sein de son royaume, notamment en Castille. Seul le rôle de son fils à la tête des Malcontents permet à Philippe II de contenir l’émergence d’un parti carliste, une bonne partie de l’aristocratie espagnole voyant d’un mauvais œil le potentiel héritier soutenir des rebelles et des hérétiques.
Philippe II peut cependant compter sur la noblesse pour la préparation de l’expédition contre le Maroc, la menace chérifienne étant considérée comme grave après la révolte morisque et le désir de revanche après l’échec de l’expédition de 1564 étant forte dans une partie des élites alors que le rêve de croisade parcourt certains esprits encore marqué par le souvenir glorieux de la Reconquista et de la chute de Grenade.
Le royaume doit cependant gérer les effets de l’inflation et de la crise de subsistances qui frappent à l’époque. Les dépenses grandissantes liées aux troubles dans les Pays-Bas espagnols et à la préparation des expéditions militaires n’aident pas non plus à une stabilité financière sereine en dépit de l’afflux d’or et d’argent du Nouveau Monde.
Dans le Nouveau Monde, l’empire colonial espagnol continue de se développer et de prospérer alors que des expéditions vers le nord et le sud continuent, permettant aux Espagnols de découvrir de nouveaux territoires et d’étendre leur empire. Ils développent ainsi la colonisation de la Floride, explorée depuis 1539, alors que des missions d’évangélisation se sont développées durant la même période dans les territoires de Californie et d’Arizona. La colonisation de ces territoires se fait progressive mais s’est renforcée au fil des années alors que l’émergence de la Nouvelle-France dans la partie nord du Nouveau Monde est considérée comme un potentiel danger, bien que la distance entre les deux domaines coloniaux prévient une rivalité immédiate entre le royaume de France et celui d’Espagne. Au sud, l’expansion espagnole voit aussi la fin de la grande révolte inca de Túpac Amaru en 1572 avec la capture et l’exécution de ce dernier.
En Asie, les Espagnols étendent leur colonie des Philippines en s’emparant en 1571 de Maynila[2], un état vassal du sultanat de Brunéi, notamment en défaisant une coalition de princes locaux à la bataille du canal de Backgusay en juin 1571 puis en attaquant Pampanga et Bucalan pour étendre leur autorité. Après ce succès, les Espagnols renomment Maynila Manille et font de cette dernière la capitale des Indes Espagnoles Orientales. En 1574, ils repoussent une attaque du pirate chinois Limahong, même si cette attaque contribue à de nouveaux troubles de la part des autochtones, avec notamment une révolte provoquée par le rajah Soleiman de Luzon et seule les actions de concilition menées par Frère Gerónimo Marín et Juan de Salcedo permettent de rétablir la paix entre les autochtones et les Espagnols.
[1] Le frère aîné de Messaoud, Nacer, a été tué durant la bataille de l’Oued Sra durant l’expédition de 1564.
[2] Ancien nom de Manille.
Yodarc- Messages : 424
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DemetriosPoliorcète et Raoul Sanchez aiment ce message
L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Le début des années 1570 sont une période particulière pour les Pays-Bas espagnols. D’un côté, Ferdinand Alvare de Tolède, duc d’Albe, a affermi son autorité après ses succès contre le mouvement des Malcontents en 1568. De l’autre, bien que fragilisé et divisé, le mouvement des Malcontents persiste bien qu’étant dispersé, notamment dans la cour de France, la cour de Lorraine ou celle de Danemark, mais doit faire face à de nombreux défis sur le début de la décennie.
Dans la continuité des politique développées depuis 1568, le duc d’Albe administre les Seize Provinces avec fermeté, poursuivant à la fois l’affermissement de l’autorité de la couronne d’Espagne dans la région au travers de ses institutions, la traque des calvinistes et autres protestants et la défense de la primauté de la foi catholique. Pour mener à bien ces politiques et assurer le paiement de ses forces, le duc est cependant forcé à partir de 1571 de mettre en place des politiques fiscales lourdes, la cour d’Espagne devant investir ses moyens dans l’expédition de soutien à Venise contre l’empire ottoman en 1571, puis dans la préparation de l’expédition contre le royaume du Maroc à partir de 1573. Ces politiques fiscales sont aggravés par la crise de subsistance qui frappe la Chrétienté sur les années 1573-1574, notamment suite à l’hiver rude qui frappe le continent. Ces circonstances nourrissent la colère et le ressentiment de la population des Seize Provinces qui désire plus que jamais la préservation de ses traditions.
La politique religieuse du duc d’Albe est consolidée par l’implantation des frères mineurs capucins à partir de 1572 à Liège, mais contribue autant à l’exode de certaines franges des communautés calvinistes vers les territoires méridionaux des Seize Provinces ou vers les principautés protestantes du Saint-Empire, voire le royaume du Danemark. Cela a notamment des conséquences au niveau du comté de Frise Orientale où le comte Edzard II a pris l’ascendant dans la gouvernance duale qu’il doit mener avec son frère Christophe, le comte cherchant à affermir la primauté de la foi luthérienne dans son comté, en dépit de l’opposition de sa mère due à ses convictions calvinistes et à la défense du maintien de la liberté de culte dans le comté par cette dernière.
Au nord, les régions de Frise, de Groningue et de Drenthe sont gérées par Caspar de Robles, un Portugais au service de la couronne espagnole. Ce dernier doit notamment gérer les ravages de la Tempête de la Toussaint 1570 qui ravage les côtes et fait plusieurs dizaines de victimes. Le délabrement des digues de protection, notamment par l’abrogation de la corvée dans le bailliage des Vijfdeelen en 1569, sont une des causes de ce désastre. Caspar de Robles est chargé en 1572 d’une commission d'arbitrage sur le problème et de rétablir la corvée pour établir des digues de douze pieds de haut. Mais ces démarches suscitent des oppositions vives et nourrissent un certain ressentiment des contribuables locaux, d’autant plus alors que la crise de subsistance des années 1573-1574 renforcent le problème. Des travaux de réparation et d’aménagement des digues sont cependant entrepris durant la période, permettant de restaurer une partie des digues, mais les tensions provoquées par la question financière et de l’imposition constituent des obstacles pour le stathouder de Frise qui doit accepter la demande la Chambre basse d’établir les digues à dix pieds de haut pour apaiser les contribuables. Le stathouder doit de surcroît faire face à l’émergence des Malcontents des mers durant la période, compliquant d’autant plus sa position.
La politique de Ferdinand Alvare de Tolède au niveau fiscal et religieux nourrit non seulement les tensions, mais permettent aux Malcontents de se réorganiser durant la période, même si leur situation reste précaire durant les années 1570-1572. Leur principale faiblesse vient de l’absence de soutien officiel ou tacite du nouveau roi de France, Charles X, ce dernier se concentrant d’abord sur les affaires intérieures de son royaume et étant méfiant à l’idée de soutenir des rebelles dont une partie est de confession calviniste ou luthérienne. Cette défiance est notamment illustrée par la rencontre infructueuse entre Charles d’Autriche et le nouveau souverain français en janvier 1570 qui ne débouche sur rien, notamment du fait de l’irritation et de l’impatience du prince déchu.
Cette absence de soutien empêche les Malcontents de pouvoir s’organiser de nouveau sur le plan militaire pour tenter de contester le duc d’Albe. Les divisions internes parmi les meneurs des Malcontents sont l’autre principale raison de leur situation précaire. L’échec des deux campagnes militaires de 1568, la figure controversée de Charles d’Autriche et la diversité confessionnelle au sein du mouvement ont nourri les tensions entre les principaux chefs sur la marche à suivre et la stratégie à mener. Si Charles d’Autriche demeure officiellement la tête du mouvement, son caractère violent et difficile, sa position de prince déchu et ses convictions le mettent en porte-à-faux de plusieurs de ses alliés qui le soupçonnent de vouloir d’abord le trône d’Espagne plutôt que de défendre leurs intérêts ou que se défient de lui à cause des divergences confessionnelles.
René de Chalon et son fils, Antoine, permettent cependant au mouvement de se maintenir, le prince d’Orange jouant un rôle crucial par ses relations avec ses alliés catholiques et en ayant réussi à développer quelques relations avec Charles d’Autriche. Son mariage avec Anne de Lorraine permet à René de maintenir des relations avec le duc Nicolas II de Lorraine et d’avoir un lieu d’accueil pour les Malcontents, principalement Charles d’Autriche et les chefs catholiques. Les chefs calvinistes et protestants se sont réfugiés dans les principautés allemandes ou dans le royaume du Danemark, rendant compliqué la coopération et la réorganisation du mouvement. Malgré ces difficultés, René de Chalon cherche à préserver l’unité des Malcontents et à défendre les privilèges traditionnels des Seize Provinces. Avec l’absence de soutien de la couronne française et de plusieurs des princes protestants, René de Chalon se décide à envoyer à partir de l’été 1570 des lettres de marque à destination des corsaires et marins néerlandais en tant que prince d’Orange, leur permettant d’écumer les côtes des Pays-Bas espagnoles et d’harceler les navires espagnols. Le prince d’Orange travaille à tisser des alliances, notamment auprès de son cousin, Guillaume II de Nassau-Dillenbourg, en dépit des convictions luthériennes de ce dernier.
A partir de l’été 1571, les corsaires néerlandais, aussi surnommés les Malcontents des mers, s’organisent et commencent à avoir un impact au travers de leurs raids dans la région. Ces corsaires sont notamment menés par Lenart Jansz de Graeff, Willem Bloys van Treslong et Guillaume II de La Marck, ces derniers devenant des figures éminentes des Malcontents, même s’ils ont des réserves sur le rôle de Charles d’Autriche comme figure de proue du mouvement, notamment du fait de différends religieux. Leurs raids gagnent en puissance sur les années 1571-1572, notamment grâce au soutien des réfugiés protestants ayant fui la répression du duc d’Albe dans les terres d’empire ou dans les régions reculées des Seize Provinces. Ce soutien s’exprime notamment par l’implantation de bases et de repères dans des lieux où les réfugiés protestants prennent de l’importance, principalement sur certaines des îles frisonnes, même si les tempêtes automnales de la mer du Nord complique la situation. Les Malcontents des mers font parfois escale à Emdem, mais leur présence contribue à nourrir les tensions grandissantes entre la population calviniste et le comte Edzard II, ce dernier étant de surcroît soucieux et méfiant de l’extension des troubles en provenance des Pays-Bas espagnoles sur le comté de Frise Orientale.
Le changement décisif intervient cependant à partir du printemps 1572 alors que les efforts de René de Chalon pour maintenir le mouvement et de trouver de nouveaux alliés commence à porter leurs fruits. Si Charles X demeure neutre, le roi de France est plus disposé à échanger avec le prince d’Orange et Charles d’Autriche, notamment grâce au soutien de Jean IV de Navarre à ces derniers. Mais le changement décisif vient du roi du Danemark, Frédéric II. Ce dernier, libéré de sa guerre contre le royaume de Suède après l’été 1571, voit dans le soutien aux Malcontents l’opportunité d’affaiblir la présence espagnole dans la Mer du Nord, de renforcer l’influence et la présence de son royaume dans la région, notamment sur le plan commercial et économique. Le roi danois décide d’apporter un soutien financier et logistique aux Malcontents, permettant notamment aux corsaires néerlandais de pouvoir séjourner dans les ports de son royaume. Il mène des négociations avec les Malcontents, notamment au travers de Guillaume II de La Marck, ce qui aboutit au traité de Gottorp de septembre 1572 qui officialise ce soutien danois aux Malcontents. Husum devient ainsi le principal lieu où les Gueux de mer peuvent séjourner, tout particulièrement en hiver, à partir de l’hiver 1572-1573.
Le soutien danois permet aux Malcontents non seulement d’avoir un soutien financier et logistique en mer du Nord, mais cela leur permet aussi d’étendre leur zone d’action et de repli alors qu’ils s’établissent aussi sur les îles frisonnes occidentales. Le renforcement des Malcontents des mers fait qu’à l’automne 1574, ils ont des bases de repli des îles frisonnes à Husum, notamment sur l’île de Borkhum réputée pour les activités de piraterie. Cela permet aux corsaires d’harceler l’ensemble des côtes des Seize Provinces en subissant moins les aléas climatiques de la Mer du Nord et en ayant un allié puissant chez qui se replier pour parer aux représailles espagnoles.
Le soutien danois a aussi pour conséquence de pousser la couronne française à soutenir les Malcontents à la fois pour fragiliser la domination espagnole dans la région, pour les revendications de la couronne sur la Flandre et pour éviter que le mouvement ne devienne une force de propagation des idées protestantes aux portes du royaume. Charles X conclut avec Charles d’Autriche et René de Chalon le traité d’Etampes de mars 1573 dans lequel il s’engage à soutenir sur le plan financier et matériel les Malcontents. Ce nouveau soutien donne un coup de fouet au mouvement qui se fracturait entre ses différentes tendances alors que le soutien de Frédéric II a contribué à affermir l’influence des éléments calvinistes et luthériens du mouvement. René de Chalon doit cependant passer l’année 1573 à rallier les différents représentants et de chercher à les faire entendre avec Charles d’Autriche, ce dernier s’étant enfoncé dans une impatience virulente et violente que seules le risque de perte de soutien des couronnes navarraise et française restreigne l’impact. Charles d’Autriche doit composer et négocier avec ses alliés, les années d’exil et le poids du soutien français au mouvement ont beaucoup influencé le prince déchu. Les négociations pour réorganiser le mouvement et permettre à Charles d’Autriche de demeurer à sa tête sont difficiles et tendues, mais aboutissent avec la rencontre de Montbéliard d’octobre 1573 où les différents représentants du mouvement cherchent à s’entendre et à se coordonner.
Le soutien des couronnes danoise et française placent Ferdinand Alvare de Tolède dans une position compliquée. S’il n’a affaire qu’à une opposition insignifiante sur les années 1572-1574, les raids des Malcontents et la menace que fait planer une intervention potentielle des français l’amène à demander de l’aide à Philippe II. Ce dernier lui envoie des renforts au printemps 1574, même si ce soutien est entravé par les préparations de l’expédition contre le Maroc. Ferdinand d’Alvare se concentre à consolider les défenses méridionales du royaume, mais aussi à mobiliser autant que possible les navires à sa disposition pour assurer la protection du commerce maritime et des côtes contre les raids des Malcontents des mers.
Durant les années 1573-1574, Lenart Jansz de Graeff, Willem Bloys van Treslong et Guillaume II de La Marck entreprennent de nombreux raids qui écument les côtes des Pays-Bas espagnols, même si certains raids résultent en de violentes escarmouches avec des forces espagnoles dans lesquelles seules l’habilité des commandants évitent le désastre. Ces raids permettent aux Malcontents d’avoir des ressources complémentaires à celles que la couronne danoise et française leur accorde durant la période. Les actions des Malcontents des mers contribuent aussi à perturber le commerce dans la région, notamment pour le comté de Frise orientale dirigée par Edzard II et Christophe. Le comté est affecté par les raids maritimes et seuls les échanges terrestres et les liens avec les autres terres d’empire permettaient à Edzard II de maintenir une certaine prospérité au comté dans les échanges commerciaux. Les actions des Malcontents renforcent les tensions importantes du fait du développement de la communauté calviniste dans la cité d’Emden alors qu’Eddzard II est luthérien. Les raids des Malcontents des mers impacte aussi les ressources du duc d’Albe pour maintenir le bon entretien de ses forces, Ferdinand Alvare de Tolède étant forcé de disperser ses forces navales pour tenter de contenir les raids et cherchant même à s’en prendre à leurs bases, aboutissant notamment à la capture de Terschelling à l’été 1573. Si ces attaques connaissent quelques succès, les Espagnols connaissent des échecs notables, notamment dans l’attaque contre l’île de Borkum au printemps 1574 où Caspar de Robles envoie une force pour s’emparer de l’île, mais les Malcontents des mers attaquent par surprise la flottille et capture deux navires et forcent le reste à fuir.
Ces raids et l’utilisation des îles frisonnes amènent les Malcontents à s’enhardir et à se renforcer. Au début de l’année 1575, René de Chalon et ses alliés commencent à recruter des forces et de planifier une nouvelle campagne, même si le choix du lieu d’attaque divise les principaux chefs du mouvement, notamment du fait du renforcement des défenses méridionales des Pays-Bas espagnols. Mais la situation est précipitée par les actions des Gueux de mer dans la Mer du Nord. Au printemps 1575, Ferdinand Alvare de Tolède exige de Frédéric II de cesser de soutenir et d’héberger les corsaires néerlandais. Cette demande pousse le roi danois à encourager les commandants corsaires à s’enhardir, d’autant plus qu’il craint une pression de la part de l’empereur Maximilien II.
Cette requête et le risque de se retrouver sans port de repli poussent Guillaume II et ses alliés à planifier une des attaques les plus audacieuses qui leur ait été donné de réaliser. Les quatre années de raids contre les côtes des Seize Provinces leur ont permis de repérer l’affaiblissement des défenses du nord du territoire, notamment en Hollande, Ferdinand Alvare de Tolède préférant renforcer les défenses du sud pour contrer toute menace en provenance du royaume de France.
Le besoin d’avoir des bases plus proches pour pouvoir agir amènent aussi les Malcontents des mers à agir de façon plus audacieuse. En mai 1575, Lenart Jansz et Guillaume II de La Marck s’empare de Medemblik puis de Hoorn avant de s’emparer d’Alkmaar peu après. Ces succès contribuent au ralliement d’une partie de la Hollande alors que Stavoren est aussi prise en juin 1575, permettant aux Malcontents de consolider leur présence dans le nord des Seize Provinces. Sous l’instigation de Diederik Sonoy, un autre chef majeur des Malcontents, qui rejoint Enkhuizen en juin 1575, les Malcontents des mers obtiennent aussi le ralliement d’Edam et d’Haarlem, contribuant à l’isolement d’Amsterdam. Au nord, Les Malcontents des mers obtiennent aussi le ralliement d’Harlingen, de Makkum, de Dokkum, Franeker, Bolsward, Sneek et Lemmer et Workum, contribuant à menacer la domination espagnole dans la Frise et le Pays de Groningue.
Ces succès poussent les Malcontents à reprendre l’initiative alors qu’ils ont désormais le soutien de la couronne française et de la couronne danoise, alors que René de Chalon peut compter sur l’appui de ses parents de la branche de Nassau-Dillebourg. Charles d’Autriche reste la tête de proue du mouvement, mais doit composer avec les autres chefs, notamment les figures calvinistes dont la méfiance et les convictions religieuses suscitent la défiance de part et d’autre. Il peut s’appuyer sur le soutien de René de Chalon et d’Egmont dont les positions modérées permettent de contrebalancer les opinions des figures calvinistes et luthériennes. Mais les divisions et les divergences d’opinions contribuent à handicaper l’effort des Malcontents face au duc d’Albe alors que certaines franches de la population, catholique comme calviniste, se montrent réticentes à rejoindre les Malcontents à cause de la figure controversée de Charles. Ce dernier doit aussi composer avec le soutien danois.
Malgré les difficultés, Charles d’Autriche et ses alliés envoient des émissaires dans les territoires de Hollande et de Zélande pour obtenir leur ralliement. Une partie des cités acceptent de rallier les Malcontents alors que d’autres demeurent neutres ou refusent de soutenir le mouvement. La principale contrainte concerne la désignation du stathouder de Hollande, une partie des représentants étant réticents ou méfiants de nommer un prince d’Espagne et préférant un de leurs représentants. Des négociations difficiles durant l’été 1575 empêchent la confirmation de Charles d’Autriche comme figure de proue du mouvement ou la désignation d’un représentant local pour le représenter, les positions vis-à-vis du prince déchu et le caractère difficile de ce dernier présentant de nombreux freins. Les échecs des armées de Lamoral d’Egmont et de Louis de Nassau renforcent la position des Malcontents des mer et forcent Charles d’Autriche à des compromis difficiles en soutenant son principal allié, René de Chalon, à la position de stathouder en septembre 1575, même si des divisions continuent de traverser le mouvement entre ceux qui sont prêts à négocier la fin des hostilités en échange du renvoi du duc d’Albe et de la restauration des privilèges et libertés locales alors que les figures protestantes, notamment calvinistes sont plus déterminés à mener une lutte acharnée contre la couronne espagnole. Sur la fin de l’année 1575, les Malcontents ont consolidé leur position en Hollande, en Frise et en Gueldre, mais les divisions sur les objectifs recherchés et le rapport à avoir aux espagnols constituent autant d’éléments de tensions.
En parallèle des négociations difficiles pour la consolidation du mouvement des Malcontents dans le nord, ces derniers entreprennent de lancer des attaques pour soutenir les Gueux de mer. Lamoral d’Egmont, Louis de Nassau et Guillaume IV van der Bergh mènent trois armées, la première en direction de Mons, la seconde vers Maastricht et la dernière vers la Frise pour renforcer la présence des Malcontents dans la région. Guillaume IV van der Bergh est celui qui connaît le plus de succès en s’emparant de plusieurs cités et localités de Gueldre, comme Appoldro, Deventer et Zutphen, provoquant notamment des ravages dans cette dernière. Les succès de Guillaume IV van der Bergh permettent aux Malcontents de consolider leur présence dans le nord. Son attaque force notamment Caspar de Robles à laisser une partie de ses forces à Groningue, l’empêchant de reprendre le contrôle des forts qui se sont ralliés aux Malcontents des mers et aux Malcontents durant l’été 1575, notamment dans la région de Stavoren et d’Harligen. Il reprend cependant Dokkum où il fait massacrer la population en représailles à leur ralliement aux Malcontents et aux Malcontents des mers provoquant la soumission de Sneek et de Franeker. Le contrôle de la Zuiderzee par les Malcontents et leurs alliés à l’automne 1575 placent le port fortifié dans une position délicate et Caspar de Robles cherche à la renforcer.
La prise de contrôle de la Zuiderzee par les Malcontents et leurs alliés menacent le commerce de la mer du Nord pour les Pays-Bas espagnoles, notamment pour Amsterdam qui craint aussi une potentielle attaque par le golfe. Face à ces menaces, Maximilien de Hénin-Liétard cherche à reprendre le contrôle du golfe en menant une flotte fin octobre 1575 afin d’affaiblir les Malcontents des mers et de protéger Amsterdam des incursions de ces derniers, notamment en cherchant à reprendre Hoorn. Face à cette attaque, Cornelis Jansz Dircksz et Willem Bloys van Treslong entreprennent de tenter d’harceler la flotte adverse, ce qui se produit sur la fin d’octobre et début novembre 1575. Au nord de Volendam, les deux hommes et leur flotte parviennent à exécuter leurs plans, forçant la flotte espagnole à battre en retraite alors que plusieurs navires ont été capturés durant l’affrontement. Cette défaite place Amsterdam dans une position compliquée et force le duc d’Albe à envoyer son fils pour tenter de reprendre le contrôle de la Hollande et de mettre un terme à la menace incarnée par les Malcontents des mers et les Malcontents dans la région.
Louis de Nassau connaît des succès initiaux en s’emparant de Ruremonde en juillet 1575 avant de descendre sur Diest et de la capturer début août 1575. Il cherche à s’emparer de Louvain à la mi- août 1575, devant faire face à la résistance de la garnison, même s’il parvient à s’en emparer de la cité à la fin août. Se tournant vers l’ouest, il décide d’avancer vers Anvers, s’emparant de Malines début septembre 1575. Il atteint Anvers peu après et l’assiège, mais la menace du duc d’Albe l’oblige cependant à descendre vers le sud en direction de Tournai, s’emparant d’Alost à la fin septembre 1575. Mais début octobre, son armée fait face à celle de Philippe de Noircarmes et se fait défaire, Louis de Nassau échappant de peu à la capture et rejoignant avec difficulté le royaume de France.
Quant à Lamoral d’Egmont, il attaque à partir du royaume de France mais attaque par la Champagne et remonte par Bouillon en juillet 1575 pour s’approcher de Namur, s’emparant de Dinant. Ferdinand Alvare de Tolède part à sa rencontre et l’affronte au nord du château de Bioul à la mi-août 1575. Lamoral est défait par son adversaire et tué dans l’affrontement. Suite à ce succès, le duc d’Albe remonte vers le nord pour neutraliser l’armée de Louis de Nassau. Il reprend Louvain début septembre 1575 et charge Philippe de Noircarmes de s’occuper de l’armée de ce dernier alors qu’il entreprend de reprendre les autres cités capturées par les Malcontents. Il reprend et met à sac Diest à la mi-septembre, lui permettant d’obtenir la loyauté des cités du sud des Pays-Bas espagnols avant d’assiéger Ruremonde à partir de fin septembre, la garnison placée par les Malcontents se défendant avec férocité et obtenant du soutien en provenance du duché de Juliers par lequel les Malcontents transportent des ressources.
Le duc d’Albe parvient cependant au début de décembre 1575 à soumettre la cité, lui imposant une répression féroce. Suite à la défaite de la Zuiderzee et la menace qui pèse sur Amsterdam, le duc charge son fils, Don Fadrique, de reprendre le contrôle de la Hollande alors qu’il réorganise la gestion du sud des Seize Provinces pour contrer tout risque de velléité de soutien aux Malcontents et pour prévenir toute menace d’attaque française. Il charge aussi Gilles de Berlaymont de défendre ce qui reste de la Gueldre et de prévenir une expansion des Malcontents en direction d’Utrecht, ce qui menacerait davantage Amsterdam.
Carte des raids des Malcontents (1571-1574)
1. Ligne de frontière bleue : frontière avec le royaume de France en 1570
2. Flèches oranges : mouvements maritimes des Malcontents en provenance d'Husum (Danemark)
3. Quadrillé orange : prise de contrôle des îles frisonnes par les Malcontents (1572-1573)
4. Barres oranges claires : raids des Malcontents sur la côte des Pays-Bas espagnols
Carte de la relance de la révolte des Malcontents (1575)
1. Zones oranges : territoires contrôlés par les Malcontents au printemps 1575
2. Flèches oranges claires : attaques des Malcontents des mers en mai-juin 1575
3. Flèches jaunes sombre : attaques terrestres des Malcontents (Lamoral d'Egmont, Louis de Nassau, Guillaume IV van Bergh)
4. Étoile rouge : Victoire des Malcontents (9 : Bataille de la Zuiderzee)
5. Cercles à point rouge : capture de villes par les Malcontents (1 : Zutphen, 2 : Deventer, 4 : Louvain, 5 : Malines)
6. Étoiles noires : Victoires espagnoles (3 : Bataille de Bioul, 6 : Bataille d'Alost)
7. Cercles noires : reprise de villes par les Espagnols (7 : Malines, 8 : Louvain)
8. Étincelles noires : répression espagnole par le duc d'Albe
9. Zone saumon : territoire contrôlé par les Malcontents à la fin de l'automne 1575.
Yodarc- Messages : 424
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Ammonios a écrit:Je suis encore loin d'avoir tout lu, mais je poste juste pour dire que ton travail est vraiment impressionnant ! Bravo !
Merci !
Yodarc- Messages : 424
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Raoul Sanchez- Messages : 134
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Raoul Sanchez a écrit:C’est toujours aussi impressionnant la précision et le niveau de détail que tu apportes au récit, on a vraiment l’impression de lire un traité d’histoire. J’imagine même pas le temps de travail derrière tout ça. En tout cas, c’est toujours autant un plaisir à découvrir cette TL
Merci beaucoup.
C'est en effet beaucoup de travail, encore plus à ce stade de la chronologie où les repères historiques de référence ne peuvent vraiment suffire ou aider (sauf exception, comme pour les Pays-Bas pour la période en cours). Tout l'art est de rester dans une continuité cohérente et plausible tout en faisant jouer l'imagination dans le même temps, notamment pour les événements imprévisibles qui font le sel de l'Histoire autant que les grandes tendances.
Yodarc- Messages : 424
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L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Le début des années 1570 est une période d’affermissement pour Alexandre I du Portugal alors qu’il cherche à mettre en place des projets ambitieux.
Au début des années 1570, Alexandre I règne de sa propre personne depuis près de deux ans, même si son oncle, le cardinal Henri d’Évora, sa grand-mère, la reine douairière Catherine et sa mère Marguerite d’Autriche, continuent de jouer un rôle important dans son entourage. Les luttes d’influence sont cependant vives, notamment entre sa mère et sa grand-mère, la première cherchant à raffermir sa position de mère du souverain alors que la seconde continue de défendre sa position de reine douairière. Et en parallèle de ces luttes d’influence, le jeune roi s’entoure de favoris dont une partie encourage son caractère fougue et belliqueux. Le souverain est ainsi autant épris de la gouvernance de son royaume que de gloire militaire et religieuse, notamment vis-à-vis de l’Afrique du Nord où le rêve de propager la foi chrétienne et protéger les enclaves restantes est fort.
Dans le domaine administratif, le jeune souverain poursuit la restructuration administrative, juridique et militaire de son royaume débuté à partir de 1568, créant notamment une unité d’infanterie d’élite en 1571 alors qu’il fait promulguer une loi somptuaire qui renforce l’influence du clergé au travers du respect des commandements de l'Église : cette loi définit notamment les viandes permises ou interdites, comment dépenser son argent, proscrivant la majeure partie des importations tout en oubliant de préciser ce qui était luxe et ce qui ne l'était pas. Le jeune souverain encourage aussi le clergé en autorisant à partir de 1572 l’implantation des frères capucins dans son royaume.
Durant la période, le jeune souverain est poussé à se marier pour assurer la survie de sa lignée, mais aussi pour consolider des liens avec un de ses voisins. Le royaume du Portugal entretient alors des relations cordiales mais compliquées avec les royaumes d’Espagne et de France, le premier du fait de leurs vues sur le royaume du Maroc et le second à cause des expéditions maritimes de la fin des années 1560 et de l’existence de Fort François sur la côte de Guinée. Alexandre I consolide ses relations avec le royaume d’Angleterre, mais c’est vers le Saint-Empire romain qu’il se tourne, Maximilien II ayant une fille, Anne, qui est en âge de se marier. Le projet présente de surcroît l’avantage de consolider les relations avec les Habsbourg. Les négociations matrimoniales aboutissent à l’automne 1571 et Anne rejoint Lisbonne en février 1572. A l’automne 1573, la reine met au monde son premier enfant, une fille qu’elle nomme Anne-Marguerite. Au printemps 1575, c’est l’héritier attendu qui naît, Alphonse.
Mais s’il consolide son règne et réforme son royaume en permettant notamment le développement des études en pharmacologie et médecine à l’université de Coïmbra, le jeune roi est surtout intéressé à étendre l’empire colonial portugais. S’il poursuit le développement et le maintien de l’influence de son royaume dans l’océan indien, il cherche à relancer l’expansion de son royaume en Afrique du Nord à laquelle son grand-père avait renoncé. L’expansion marocaine menée par la dynastie Saadienne est une autre raison de ses projets militaires, le jeune souverain étant déterminé à empêcher la dynastie chérifienne de présenter une menace trop grande pour son royaume, notamment après le soutien que cette dernière avait offert aux morisques révoltés des Alpujarras dans l’Espagne voisine. Dès 1571, le jeune souverain réfléchit à un projet d’expédition digne des croisades d’antan ou de la guerre de la Sainte-Ligue menée par l’empereur Charles Quint dans les années 1520. Ses envies et ambitions sont freinées au départ par les conseils de sa grand-mère, mais l’influence grandissante des favoris l’amène peu à peu à l’ignorer. Son projet est de surcroît soutenu par la bourgeoisie et la noblesse.
Au printemps 1574, Alexandre mène une expédition de trois mois dans le Nord du Maroc avec ses forces, lui permettant aussi d’inspecter certaines des possessions encore détenues par son royaume, notamment Avilah ou Ceuta. Mais la faiblesse de ses forces l’empêche d’obtenir des résultats concrets. Mais la nouvelle de la mort du sultan Abdallah al-Ghalib et les troubles qui émergent dans les mois suivants au sein du royaume chérifien poussent le jeune souverain à préparer une nouvelle expédition plus conséquente pour étendre l’influence de son royaume dans la région.
Son envie d’étendre l’influence portugaise et chrétienne en Afrique du Nord se fait d’autant plus forte que son oncle maternel, le roi Philippe II d’Espagne, planifie une nouvelle expédition destinée à mettre un terme à l’expansion saadienne en Afrique du Nord et prévenir une potentielle invasion de son royaume par ces derniers. Alexandre I voit d’un mauvais œil son puissant voisin planifier une expédition qui risquerait de le priver de ses rêves de gloire militaire et religieuse alors que le royaume d’Espagne exerce déjà une influence conséquente dans la région. Le développement du projet militaire espagnol en 1574-1575 pousse Alexandre I à faire ses propres projets, mais les conseils de sa grand-mère Catherine l’amènent à négocier avec Philippe II, cherchant à combiner leurs projets respectifs en une grande croisade commune contre le royaume du Maroc.
Les deux souverains se rencontrent lors la Pâques 1575 à Guadalupe afin de discuter de ce projet commun et de la possibilité de le concrétiser. Si les projets des deux souverains sont quelque peu contradictoires dans leurs buts, Alexandre cherchant à raffermir et étendre le domaine portugais en Afrique du Nord alors que Philippe II cherche à chasser la dynastie Saadienne et à briser l’expansionnisme marocain, les intérêts convergents des deux souverains permettent de faire aboutir le projet avec le traité de Guadalupe du 16 avril 1575. Si Alexandre I déplore de devoir prendre du temps pour préparer son expédition, il finit par ranger bon gré mal gré aux avis de ses conseillers et au risque de voir Philippe II mener de son côté son expédition au détriment de ses ambitions. La situation est d’autant plus favorable aux projets d’Alexandre I qu’à la même période, Abdallah el-Ghalib décède, laissant le trône à son fils Mohammed el-Mottouakil. Le jeune souverain est par conséquent disposé à soutenir le projet de son oncle à placer sur le trône marocain Messaoud Abu Ali, le dernier représentant de la dynastie Wattaside.
Suite à ce traité, Alexandre I s’attache à préparer son expédition de façon à s’assurer une victoire éclatante et d’affermir la position portugaise dans la région, levant d’importants impôts et taxes pour pouvoir financer son expédition. La correspondance avec son oncle se poursuit alors que les deux souverains cherchent à mettre au point leur expédition, même si les ambitions d’Alexandre I contribuent à nourrir des tensions et des incertitudes, le jeune souverain se méfiant de son puissant oncle et de la perspective de voir ce dernier tirer le plus profit de l’expédition à son détriment et au détriment du royaume de Portugal.
Si le royaume du Portugal se focalise sur une potentielle expansion en direction du Maroc, elle n’en oublie pas de continuer le développement et la défense de ses autres possessions, notamment alors qu’ils doivent faire face à des défis divers et variés.
Dans le Nouveau Monde, la colonie du Brésil continue de se développer sur la côte et la région de Bahia grâce à la culture du sucre et à l’administration efficace de son gouverneur, Mem de Sá. Ce dernier a notamment associé les populations amérindiennes pour le développement de la colonie et autorisé les expéditions de bandeirantes à l’intérieur des terres sur la fin des années 1560. En dehors de quelques incursions maritimes venant notamment de France, la colonie s’est développée sans être inquiétée par l’émergence d’une colonie étrangère ou des attaques de corsaires. Après sa mort en 1572, il est remplacé par Luís de Brito e Almeida qui poursuit la politique d’exploration de l’intérieur des terres par le biais des bandeirantes, notamment pour découvrir et extraire des pierres précieuses. Poursuivant le développement de la colonie, notamment dans la région de Bahia, il se retrouve au cœur de conflits avec les tribus locales qui voient d’un mauvais œil l’empiètement de leurs territoires par ces étrangers.
Au début des années 1570, les Portugais cherchent à expulser les Français situés à Fort François, menant notamment un raid au début de l’année 1570 pour les déloger. Les Portugais y sont refoulés, mais lors de leur expédition suivante en 1573, ils y découvrent un fort à l’abandon et seulement protégé par une petite garnison. L’affrontement qui s’ensuit voit les derniers français chasser du fort. Les Portugais détruisent le fort, s’assurant de nouveau une domination claire dans le golfe de Guinée. A la même période, Paulo Dias de Novais obtient en 1570 du roi une charte de donation (Carta de Doação) pour l'Angola. Il part à l’automne 1574 pour la région où il arrive au début de l’année 1575 et y fonde Luanda, contribuant à renforcer l’influence portugaise dans la région.
En Mer Rouge, les Portugais cherchent à préserver leur position dans la région alors que les Ottomans poursuivent leurs raids à leur encontre, notamment pour s’emparer d’Aden. Le conflit opposant la Sublime Porte à Venise prend cependant une tournure inattendue qui forcent les Ottomans à détourner une partie de leurs ressources pour pouvoir s’emparer de l’île et contrer les autres défis qui se dressent face à eux. Cela permet aux Portugais de consolider leur position à Aden et l’accès du golfe d’Aden alors qu’ils renforcent aussi Zeila qu’ils contrôlent depuis la fin de la guerre adalo-éthiopienne. Les Portugais cherchent aussi à maintenir des relations avec le royaume d’Éthiopie, notamment pour contenir l’expansion ottomane dans la région. Mais le contexte de régence pour le négus Yakob contribuent à la persistance de tensions importantes au sein de la cour éthiopienne alors qu’une partie de la noblesse et le clergé éthiopien voient d’un mauvais œil l’influence conséquente des lusitaniens et de la foi catholique, avec notamment le prince Menas qui devient durant la période une figure de proue de cette opposition anti-portugaise.
Dans l’océan Indien, les Portugais consolident leur position dans la région, d’autant plus alors que les expéditions françaises dans la région au cours des années 1560 ont contribué à susciter des inquiétudes de voir une autre puissance chrétienne menacer le monopole portugais dans le commerce des épices et les relations avec les royaumes locaux. Les rencontres des Français avec le roi de Kandy contribuent à nourrir les tensions entre ce dernier et les Portugais, le royaume de Kandy ayant soutenu le royaume de Jaffna contre les Portugais. Le gouverneur portugais, Fernando de Monroy, et son successeur, Diogo de Melo Coutinho, entreprennent ainsi de raffermir leur influence sur le royaume de Kandy en plus de consolider leur présence dans le royaume de Kotte et de préserver la position d’état client du royaume de Jaffna, tout autant contre le royaume de Kandy que contre les visées expansionnistes du royaume de Sitawaka et de son roi, Mayadunne, ce dernier étant le seul souverain de l’île capable de leur tenir tête et de les menacer. En 1574, en réaction à l’invasion du royaume de Kandy par Mayadunne, les Portugais s’en prennent à Negombo, Kalutara et Beruwala, ravagent les territoires de Weligama et Chilaw et expulsent les garnisons sitawakan de Nagalagama et de Mapane.
L’influence portugaise se renforce enfin au niveau de l’Asie du Sud-Est et de la mer de Chine, même s’ils ont des relations complexes avec les princes musulmans locaux, notamment à Ternate à la suite de l’assassinat du sultan par le gouverneur portugais, provoquant une période de violents troubles et de conflits entre les Portugais et les habitants de l’île. Au Japon, les Portugais consolident leurs relations commerciales, même si les tensions résultant du développement de la communauté chrétienne locale contribuent à des restrictions au niveau de leur principal port d’attache à Hirado.
Yodarc- Messages : 424
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Yodarc a écrit:
En Mer Rouge, les Portugais cherchent à préserver leur position dans la région alors que les Ottomans poursuivent leurs raids à leur encontre, notamment pour s’emparer d’Aden. Le conflit opposant la Sublime Porte à Venise prend cependant une tournure inattendue qui forcent les Ottomans à détourner une partie de leurs ressources pour pouvoir s’emparer de l’île.
L'île dont il est question ici, c'est Chypre ?
Ammonios- Messages : 54
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Ammonios a écrit:Yodarc a écrit:
En Mer Rouge, les Portugais cherchent à préserver leur position dans la région alors que les Ottomans poursuivent leurs raids à leur encontre, notamment pour s’emparer d’Aden. Le conflit opposant la Sublime Porte à Venise prend cependant une tournure inattendue qui forcent les Ottomans à détourner une partie de leurs ressources pour pouvoir s’emparer de l’île.
L'île dont il est question ici, c'est Chypre ?
En effet. Un chapitre spécial sur Venise et un autre sur l'empire ottoman dépeindra en détail le conflit en question.
Yodarc- Messages : 424
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Re: L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Ammonios- Messages : 54
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L'Inattendu : les successeurs d'Orléans
Le début des années 1570 est une période d’évolutions et de nouveaux défis pour les îles britanniques.
Angleterre
Au début des années 1570, le royaume d’Angleterre connaît stabilité et prospérité grâce notamment aux liens forts liant Marie I à son époux, François IV de Bretagne, et à Charles X de France. En dépit de tensions liées aux communautés protestants qui se sont développées dans le royaume, la position des Tudors-Valois paraît forte. Marie I poursuit ses politiques pour maintenir la paix dans le royaume et assurer la prospérité de ce dernier malgré les difficultés économiques qui frappent la Chrétienté. Elle échoue cependant à trouver un terrain d’entente avec le pape Benoît XIII concernant la possibilité d’un concordat sur l’Église d’Angleterre, ce dernier appréhendant de donner trop d’influence et d’autorité à la couronne anglaise sur le clergé alors qu’il a permis le maintien de la taxation des couvents. Cet échec contribue à nourrir les tensions locales alors que les idées luthériennes, calvinistes et tyndaliennes continuent d’être diffusées et d’avoir leurs communautés, malgré la censure et la persécution, notamment du fait de l’existence de la lignée des Tudors-Courtenay exilés au royaume du Danemark.
Marie doit aussi faire face à l’opposition d’une partie de la noblesse locale autour des réformes sur la pratique de l’enclosure communal alors qu’elle cherche à résoudre cette pratique qui affecte la paysannerie locale et nourrit les tensions dans diverses régions du royaume. Elle doit aussi gérer l’impact de la guerre nordique et des troubles dans les Seize Provinces sur le commerce que son royaume peut mener avec d’autres régions dans la Mer du Nord.
Marie entretient non seulement d’importantes relations avec le royaume de France, mais aussi avec le royaume d’Espagne, notamment du fait des liens économiques qu’entretient son royaume avec les Seize Provinces. Ses relations avec le royaume d’Écosse sont cordiales et neutres. Si elle ne parvient pas à obtenir le concordat, elle continue de maintenir de bonnes relations avec la papauté. Elle consolide ses relations avec Jean II de Norvège afin d’avoir un allié scandinave du fait de la présence de la famille de sa demi-sœur au royaume du Danemark. En plus de poursuivre une politique de stabilité et d’échanges, en s’appuyant notamment sur Calais, la souveraine anglaise cherche à développer un nouveau projet d’expédition pour trouver un passage vers le nord-ouest pour rejoindre l’Asie.
La situation évolue cependant à partir de l’été 1571 avec la mort de François IV. Le fils cadet de Marie I, Henri, devient le nouveau duc de Bretagne et s’il maintient d’importantes relations avec sa mère, il se rapproche surtout de son souverain, Charles X, alors que des tensions émergent entre Henri et son frère aîné, François. Marie I est affectée par la mort de son époux et est épuisée par la charge de sa position. Elle continue cependant de gouverner et de chercher à préparer son fils à sa position future. Les années 1571-1573 sont complexes et denses alors que la souveraine doit gérer à la fois la dégradation de la situation économique, le retour des tensions au niveau de l’échiquier européen, principalement entre le royaume de France et celui d’Espagne. La souveraine développe son projet d’expédition vers le nouveau monde, choisissant John Hawkins pour mener l’expédition en 1572, ce dernier décidant de s’appuyer notamment sur le récit de l’expédition de John Rut et sur les récits des explorations françaises de la région depuis leurs colonies de Saint-Jean et de Fort Sainte-Croix pour mener à bien cette expédition.
L’expédition de John Hawkins quitte Southampton en juin 1572 avec quatre navires et accompagné de son parent, Francis Drake. Le navigateur et son équipage rejoignent début septembre 1572 Terre-Neuve avant de longer la côte du Lavrador. La saison froide l’oblige à redescendre sur Terre-Neuve pour passer l’hiver 1572-1573. John Hawkins perd un tiers de son équipage durant l’hiver et doit gérer les relations avec le gouverneur français du territoire, mais reprend le trajet à partir de mars 1573 remontant le Lavrador et remontant vers le nord, rejoignent une terre qu’ils nomment Terre-Marie[1] avant de rejoindre le territoire qui avait été décrit comme la Terre d’Henri[2] par les rescapés de l’expédition de John Rut. Poursuivant vers l’ouest, son expédition atteint une terre qu’il nomme l’île de Canterbury[3] en juillet 1573. Ils découvrent un passage que John Hawkins pense être le lieu d’accès vers l’Asie[4]. Après cette découverte, le navigateur décide de revenir en direction de l’Angleterre. Le trajet retour se fait non sans embûche, même s’ils rejoignent le Lavrador début septembre 1573. Le trajet retour dans l’Atlantique manque de tourner au désastre alors que la flotte de John Hawkins subit une tempête au cours d’octobre 1573 qui sépare un de ses navires du reste de sa flotte. En dépit de ces aléas, John Hawkins finit par rejoindre Plymouth début décembre 1573.
Marie I ne verra pas le résultat de l’expédition de John Hawkins. Affaiblie par la maladie et la charge de sa position, la reine s’éteint à l’automne 1573. Son fils François lui succède, devenant François I d’Angleterre. Ce dernier rencontre John Hawkins en janvier 1573 et apprend sur le potentiel passage vers l’Asie, ce qui persuade le nouveau souverain de songer à organiser une nouvelle expédition. Les défis que le nouveau souverain doit gérer l’amènent cependant à reléguer ce projet au second plan alors qu’il cherche à affermir sa nouvelle position.
Le nouveau roi hérite à la fois d’un royaume stable et assez prospère, mais il doit faire face à de nombreux défis. Le premier étant le fait qu’une partie de la noblesse anglaise est hésitante ou méfiante à l’accepter du fait de son héritage et de son éducation française, créant des contrastes et des incompréhensions dans la manière de gouverner le royaume et ce en dépit des années de préparation à la succession et aux responsabilités après l’arrivée au pouvoir de sa mère. Ce défi est aggravé par l’existence des souverains déchus, Élisabeth I et Édouard VI, ces derniers étant hôtes de Frédéric II du Danemark. La présence de compagnons bretons du nouveau roi n’aide pas à rassurer les figures les plus indécises, sceptiques on méfiantes vis-à-vis de François I.
L’opposition d’une partie de la cour vient aussi de la question diplomatique avec la question des relations avec les voisins du royaume, notamment la France et même l’Écosse. Les liens dynastiques de François I avec la maison de Valois-Bretagne et celle royale soulèvent des inquiétudes concernant la capacité du souverain à défendre les intérêts du royaume et non ceux de la cour de France ou de Bretagne. Quant au royaume d’Écosse, si les relations entre les deux royaumes se sont pacifiées depuis le règne de Jacques V, les liens conséquents que le royaume septentrional possède avec le royaume de France suscitent quelques inquiétudes, même si l’épouse de Jacques VI est la sœur de François I. Ces liens dynastiques permettent d’un côté des relations apaisées entre le royaume d’Angleterre et ses deux principaux rivaux historiques, mais de l’autre côté, elles contribuent aussi à l’émergence de nouveaux enjeux et tensions, d’autant plus alors que François I estime que le duché de Bretagne lui revient de droit en tant qu’aîné, ayant d’abord été préparé à prendre la tête du duché.
Aux différents défis dynastiques, s’ajoute le défi religieux alors que François hésite sur la marche à prendre pour gérer la présence des communautés tyndaliennes, calvinistes et luthériennes au sein du royaume, d’autant plus que ces communautés commencent à s’organiser et à interagir entre elles pour faire face à un pouvoir royal qui les persécute. Le souverain décide dans un premier temps de maintenir la politique religieuse de sa mère, mais le fait de composer avec le parlement contribue à susciter des tensions. Mais plus que sa mère, c’est la politique du royaume de France que le nouveau souverain cherche à s’inspirer, l’amenant à chercher à négocier avec le Saint-Siège pour obtenir un concordat qui lui permettrait d’affermir son autorité sur l’Église d’Angleterre tout en assurant la primauté de l’Église catholique. Ce projet lui permet d’atténuer des tensions avec les représentants de la noblesse, mais contribuent avec des raideurs de la part du clergé, notamment l’évêque de Canterbury, d’autant plus que le développement des frères mineurs des capucins dans d’autres royaumes chrétiens offre une possibilité d’étouffer le maintien des communautés réformées.
Ces tensions religieuses sont nourries par les difficultés économiques liées à l’inflation et aux problèmes autour des pâturages communaux et aux troubles qui frappent les Pays-Bas espagnols qui affectent les échanges économiques et ce en dépit du renforcement des échanges commerciaux avec le royaume de France. La controverse des enclosures contribue aussi aux conflits entre le roi et la noblesse locale, François I percevant dans le maintien de cette pratique un moyen de la noblesse locale pour L’accord pontifical sur la taxation des couvents permet de composer en partie certains problèmes, mais l’opposition de certains représentants contribuent à affaiblir l’impact de cette mesure, d’autant plus après la mort de Marie I. François I parvient cependant à renouveler l’accord avec Benoît XIII, même s’il doit faire des concessions.
Le nouveau souverain peut cependant s’appuyer sur différents atouts. Le premier étant les échanges commerciaux avec le royaume de France et le royaume de Norvège avec notamment Calais étant devenu un important lieu d’échange et un lieu stratégique pour le royaume et de conforter sa réputation de perle du royaume. Les troubles dans les Pays-Bas espagnols affectent d’un côté certains des échanges en direction de la cité, mais elles permettent aussi à Calais de s’affermir au détriment de ses rivales. Reprenant les projets de sa mère, François I est aussi déterminé à développer son royaume, notamment dans les expéditions vers l’Asie et le Nouveau Monde, ayant été témoin du développement du duché de Bretagne grâce au développement de la Nouvelle-France. Il se tourne vers des compagnies privées pour le développement de ces projets, le parlement anglais étant frileux à ces projets du fait de leur coût, même si la perspective d’avoir ses propres débouchés commerciaux sans dépendre des Français, Espagnols ou Portugais influencent la position de certains représentants.
La crise de subsistance des années 1573-1574 et le renforcement des troubles provoqués par les corsaires néerlandais en Mer du Nord contribue à affecter les échanges commerciaux pour le royaume d’Angleterre et le soutien danois aux Malcontents et celui de la couronne française à ces derniers placent François I dans une situation particulière alors que d’un côté le royaume soutenant ses rivaux et celui avec lequel il entretient des liens particuliers soutient des rebelles dont les actions menacent la stabilité des Seize Provinces dont dépend les échanges commerciaux. La situation contribue à susciter des tensions avec Charles X et à un rapprochement avec Philippe II d’Espagne, même si François I cherche d’abord à affermir sa position au sein de son royaume, les difficultés commerciales et économiques nourrissant les tensions qui traversent son royaume, notamment avec certaines parties de la noblesse, mais aussi avec le clergé alors qu’il cherche à renforcer l’autorité de la couronne anglaise sur l’Église d’Angleterre. Le roi d’Angleterre doit ainsi faire face à des émeutes qui frappent différentes régions du royaume, notamment dans le nord où la question des enclosures demeure une controverse vive alors qu’à Londres, les troubles économiques et commerciaux provoquent une émeute au printemps 1575.
Du fait de sa situation, François I cherche à consolider sa lignée et commence à chercher des alliances matrimoniales, notamment pour son héritier Arthur, d’autant plus alors que sa défunte mère avait commencé à entreprendre cette démarche sur les toutes dernières années de son règne. S’il a une préférence pour maintenir des liens avec le duché de Bretagne, le roi d’Angleterre doit prendre en considération les incertitudes et défiances d’une partie de la cour, de la noblesse et du clergé à son égard, notamment sur sa capacité à régner sur le royaume sans être trop dépendant du royaume de France. S’il garde à l’esprit la possibilité de faire marier son héritier à un parti français, le souverain se tourne aussi vers les cours voisines, notamment le royaume d’Écosse pour renouveler et renforcer les liens avec Jacques VI d’Écosse.
Irlande
Durant le début des années 1570, la couronne anglaise poursuit la consolidation de son autorité et son influence en Irlande, Marie I continuant de poursuivre sa politique de statu quo au niveau de l’île d’Émeraude et de renforcement des acquis de son demi-frère et de sa demi-sœur durant les dernières années de son règne.
La période est cependant marquée par la résurgence de tensions, Thomas Butler devant faire face à l’hostilité de Gerald FitzGerald, comte de Desmond, autant du fait de la rivalité opposant leurs clans que ce que Thomas Butler représente. D’autres clans, notamment les O’Neill, se montrent aussi opposés et hostiles au Lord Lieutenant et à ce qu’il représente. Thomas Butler peut cependant s’appuyer sur les inimitiés opposant certains clans, notamment les MacDonnell aux O’Neill et les MacDonnell, pour maintenir sa position et représenter les intérêts de la couronne anglaise. Mais à l’automne 1570, Gerald FitzGerald dénonce auprès de la cour d’Angleterre la position de pouvoir, la corruption et les abus du Lord-Lieutenant. Ces accusations graves amènent Marie I à remplacer Thomas Butler par Francis Beaumont à l’hiver 1570-1571 afin d’enquêter sur ces accusations et e pacifier les relations et de préparer la place pour son successeur.
Sur les années 1571 et 1572, le nouveau lord lieutenant se concentre sur la consolidation du Pale et l’assainissement des relations avec plusieurs des clans irlandais, notamment Gerald FitzGerald. Il cherche à maintenir la paix dans le Tír Eoghain, mais les relations entre les O’Neill, les MacDonnell et les Donnell s’enveniment de nouveau, Shane étant déterminé de vaincre ses rivaux pour s’imposer en tant que figure incontournable dans le Tír Eoghain et contester l’influence grandissante de la couronne anglaise dans la région. Francis Beaumont ne parvient qu’en partie à prévenir le retour des tensions durant la période où il gère les responsabilités et n’ayant trouvé qu’une partie des accusations contre son prédécesseur étaient véridiques, contribuant à une condamnation de Thomas Butler. Ce dernier est enfermé à la Tour de Londres au printemps 1571, contribuant à fragiliser la position des Butler. Cela contribue aussi à relancer les tensions entre les Butler et les FitzGerald de Desmond, les deux clans étant en forte rivalité depuis des décennies. Le contexte amène Gerald FitzGerald de Desmond à chercher à exploiter la situation au détriment de la paix générale et de la position qu’il a pu obtenir en poussant les accusations contre son rival, considérant que l’arrestation de Thomas Butler prive son clan du soutien de la couronne royale. Si sur le cours de l’année 1571, cela se résume à quelques heurts, la situation évolue à l’automne 1571, il rassemble ses alliés, Hugh O'Conor et Connor O’Brien, pour entreprendre une attaque contre le comté d’Ormonde. Les trois hommes et leurs clans attaquent le comté durant l’hiver 1571-1572. En réaction à leur agression, Edmund Bulter, comté par intérim en l’absence de son frère, rassemble ses forces dans l’attention de stopper ses rivaux. Le 8 décembre 1571, il affronte ces derniers lors de la bataille d’Affane, attaquant en embuscade leurs forces alors qu’elles cherchent à franchir le gué traversant le Blackwater. Au cours de l’affrontement, il fait face à Gerald et l’abat. La mort du comte provoque la débandade de ses forces et de celles de ses alliés.
Cet incident amène Francis Beaumont à intervenir entre les deux clans et à Marie I d’appeler les deux hommes à se présenter à la cour pour s’expliquer. Les Butler sont pardonnés, Thomas Butler étant finalement libéré en avril 1572 alors que les FitzGerald de Desmond sont sanctionnés avec John FitzGerald étant arrêté et enfermé à la Tour à la même période. Ce renversement de situation contribue à renforcer à la fois l’antagonisme entre le comté d’Ormonde et celui de Desmond, mais aussi celui du clan FitzGerald de Desmond envers la couronne anglaise. L’emprisonnement de John FitzGerald place cependant le comté de Desmond dans une position difficile sans personne pour gérer le comté et le clan au nom du fils de Gerald FitzGerald, James, âgé d’environ trois ans. Cette situation et le contexte de conflit amène Francis Beaumont à acter au nom de la couronne d’Angleterre la mise sous tutelle du comté, chargeant Thomas Butler et Oliver FitzGerald[5] de cette tutelle[6]. Cette mise en tutelle n'est cependant pas du goût de tous les clans irlandais, notamment dans la région, plusieurs d’entre eux, notamment les clans alliés aux FitzGerald de Desmond y voyant à la fois une ingérence anglaise et la volonté de partager le comté.
A l’automne 1572, Francis Beaumont se retire de la position de lord-lieutenant de l’Irlande, remplacé par Sir John Higford. Le nouveau lord lieutenant doit cependant gérer une situation fort délicate durant son mandat alors que les tensions entre les O’Neill et leurs rivaux se renforcent à la suite du décès de Calvagh O’Donnell en janvier 1573. Par les lois de Brehon, c’est son jeune frère Hugh McManus O'Donnell qui lui succède, mais Calvagh avait décidé de faire de son fils Conn son héritier, notamment pour continuer de contenir les O’Neill et maintenir les relations avec la couronne anglaise. Cette situation provoque un conflit entre Conn et son oncle, les deux revendiquant chacun la succession. Les deux hommes cherchent à trouver un accord, mais la tentative échoue, aggravant le conflit entre les deux hommes. Pour chercher à résoudre la situation, Conn se rapproche de la couronne anglaise et fait appel à leur arbitrage. Sir John Highford finit par lui accorder son soutien et confirme la succession à l’été 1573. Mais cet arbitrage contribue à fracturer davantage le clan, les partisans de Hugh McManus O’Donnell accusant l’ingérence anglaise et la trahison des traditions ancestrales. Le conflit s’envenime d’autant plus alors que Hugh McManus O’Donnell reçoit le soutien de Shane O’Neill qui cherche à exploiter la situation pour affaiblir ses rivaux. Conn O’Donnell cherche à se tourner vers Solerly McDonnell, mais ce dernier préfère prendre une position neutre dans le conflit. Il reçoit en revanche le soutien de Brian McPhelim Bacagh O'Neill qui cherche à contrer l’influence de Shane O’Neill dans la région. Au cours de l’automne 1573, le Tír Eoghain est en proie à de violents troubles alors que Hugh McMannus O’Donnell et Shane O’Neill attaquent le comté. Conn O’Donnell bénéficie du soutien de sir Brian, mais doit cependant fuir à Armagh en novembre 1573 avant de rallier le Pale pour demander l’aide du lord lieutenant.
À la suite de ces troubles, Sir John Highord cherche à ramener l’ordre, mais la nouvelle du décès de Marie I et l’avènement de François I bouleversent la situation. Sir John Highford doit rejoindre à l’hiver 1573-1574 Londres pour prêter serment au nouveau roi. Ayant vent des troubles en Irlande à cette occasion, François I renouvelle la position de John Highford et lui accorde des forces et ressources pour rétablir la paix et renforcer le Pale. Le lord lieutenant revient sur l’île d’Émeraude en février 1574 alors que la situation demeure tendue dans le Tír Eoghain, Shane O’Neill devant affronter Brian McPhelim Bacagh O'Neill alors que Hugh McMannus O’Donnell cherche à consolider sa position. Avec les forces accordées par le nouveau souverain, Sir John Highford mène campagne à partir du printemps 1574 et n’hésite pas à utiliser la politique de la terre brûlée comme Thomas Radclyffe l’avait fait durant les années 1560 pour tenter de briser la résistance des O’Neill et de Hugh McMannus O’Donnell. Sa campagne permet à Conn O’Neill de reprendre le contrôle du comté de Tír Eoghain au cours de l’été 1574, mais Sir John Highford échoue à capturer l’oncle de de ce dernier alors que Shane O’Neill évite le combat et cherche à harceler les forces du lord lieutenant.
Le résultat de la campagne est mitigé et ne résout qu’en partie les troubles. John Highford entreprend de consolider le Pale, d’autant plus alors que la couronne anglaise lui enjoint de poursuivre le renforcement de l’influence anglaise sur l’île. John Highford se rapproche de Oliver FitzGerald et de Thomas Butler afin de renforcer sa position et d’établir un réseau d’influence sur l’île. S’il continue de soutenir Conn O’Neill, il ne peut empêcher la persistance des troubles dans le nord de l’île alors que les divisions qui fracturent les O’Donnell persistent et que les McDonnell et O’Neill sont déterminés à en tirer avantage pour renforcer leur position et influence. La paix sur l’île est non seulement troublée, mais une partie des clans irlandais voient d’un mauvais œil les ingérences croissantes de la couronne anglaise, d’autant moins alors que le comté de Desmond est sous tutelle et que le Tír Eoghain est désormais au cœur d’une querelle de succession aggravée par l’arbitrage du lord lieutenant.
La situation se stabilise au cours de l’année 1575 alors que Shane O’Neill doit gérer de nouvelles attaques de Brian McPhelim Bacagh O'Neill dans son territoire plus que jamais ravagé. John Highford intervient pour forcer les O’Neill à cesser le combat alors que Hugh McManus O’Donnell est forcé de s’exiler.
Exilés royaux
Toujours en exil dans le royaume du Danemark depuis leur départ forcé en 1556, les anciens souverains Élisabeth I et Édouard VI ont cherché à composer avec leur exil alors que leur hôte, le roi Frédéric II de Danemark, est impliqué dans la guerre nordique contre le royaume de Suède. Le couple déchu cherche à bien former leurs enfants[7], notamment Henri, leur second fils né en 1565 et leur unique et principal héritier en tant que prétendant à la couronne anglaise. Édouard de Courtenay est aussi de santé fragile depuis l’expédition désastreuse de 1562 pour tenter de reprendre la couronne anglaise. Les souverains déchus sont cependant entourés d’autres exilés qui sont demeurés fidèles à Élisabeth I et son époux, comme Thomas Howard, le frère d’Henri Howard, le duc de Norfolk ou les frères Guilford et Robert Duddley.
La situation commence cependant à évoluer à partir de 1571 pour deux raisons. La première est la mort du duc François IV de Bretagne, signifiant que les liens associant la couronne anglaise au duché du Bretagne et au royaume de France sont atténués, d’autant plus alors que la couronne française est désormais détenue par Charles X, fils de Charles IX et cousin d’Élisabeth I. La seconde est la fin de la grande guerre nordique avec le traité de Stettin qui permet à Frédéric II d’être de nouveau accessible pour négocier son soutien pour les revendications de la lignée Tudor-Courtenay. Les interactions avec le roi du Danemark sont d’autant plus facilitées que ce dernier mène désormais une cour itinérante qui lui permet de rencontrer les différents membres de son conseil et des dignitaires, notamment au travers de parties de chasse. Édouard de Courtenay cherche à travailler ses relations avec le roi du Danemark en participant à ses parties de chasse quand Élisabeth interagit beaucoup avec l’épouse du roi, contribuant à apaiser le trouble dont cette dernière souffre depuis la mort de son père, Maurice de Saxe en 1568.
L’évolution de la situation amène Élisabeth et Édouard à reconstituer leurs réseaux d’alliés au sein du royaume d’Angleterre, ayant eu vent de la dégradation de la santé de Marie I et conscients que son successeur n’a pas la même légitimité que sa mère. Le renouvellement des réseaux d’alliés et d’espions au royaume d’Angleterre est facilité à partir de l’automne 1573-1574 avec le soutien tacite de Frédéric II et le développement des Malcontents des mers, la force maritime des Malcontents, leur permet d’avoir plusieurs voies de communication vers les îles Britanniques en dépit des difficultés et dangers liées à la Mer du Nord.
Les Tudor-Courtenay voient cependant leurs opportunités grandir avec le décès de la demi-sœur d’Élisabeth, Marie I, à l’automne 1573 et l’avènement du fils de cette dernière, François I d’Angleterre. La situation paraît d’autant plus favorable que depuis l’automne 1572, Frédéric II soutient les Malcontents des Pays-Bas espagnols, notamment la frange luthérienne et calviniste. Conscients que le nouveau souverain d’Angleterre a une légitimité incertaine du fait de sa naissance française, Élisabeth et Édouard entreprennent au début de l’année 1574 à obtenir un soutien officiel du souverain danois en faveur de leur projet de reconquête du trône d’Angleterre. Frédéric II accepte de les soutenir, désireux de retrouver de l’influence et de la présence en Mer du Nord. Les négociations aboutissent au traité de Schakenborg de mars 1574 officialisant le soutien du roi de Danemark aux revendications de la Maison de Tudor-Courtenay. Ce soutien officiel permet à Élisabeth et à Édouard de renforcer leurs réseaux au sein du royaume et de commencer de travailler sur des placards destinés à dénoncer l’ingérence française à la cour d’Angleterre et le risque de perte d’indépendance du royaume.
Le succès du traité est cependant affecté par le décès d’Édouard en août 1574, laissant Élisabeth et son fils Henri en tant que grands prétendants à la couronne anglaise. En dépit de cette perte, le clan Tudor-Courtenay peut continuer de compter sur le soutien de ses alliés et de la couronne danoise, d’autant plus alors qu’Élisabeth et ses alliés cherchent à recruter des forces qui pourraient leur servir pour tenter un nouveau soulèvement en Angleterre.
Écosse
Au début des années 1570, Jacques VI poursuit sa politique de renforcement de son autorité sur le royaume et accorde au Parlement d’Édimbourg un rôle conséquent pour briser le pouvoir des clans. Sa politique provoque d’importants remous au sein des clans qui voient d’un mauvais œil cette centralisation du pouvoir, notamment les comtes d’Arran, de Morton et d’Angus, James Hamilton, James Douglas et James Douglas[8]. Ces derniers s’opposent à la fois à la politique de renforcement de l’autorité royale et à la figure de Matthew Stewart, l’homme de confiance de Jacques VI. Les trois hommes cherchent à contrer la politique royale, notamment en s’appuyant sur leurs alliés et sur les clans qui se sentent menacés par le renforcement du pouvoir du roi. Cette approche suscite de vives tensions au sein du Parlement d’Édimbourg, James Hamilton cherchant à se servir de l’institution pour la retourner contre son souverain. Aux tensions politiques s’ajoutent les difficultés sociales et économiques qui affectent le royaume durant la période, même si Jacques VI s’efforce de maintenir sa politique d’échanges commerciaux, tout particulièrement avec le royaume d’Écosse de Jean II.
Ces différentes tensions contribuent à nourrir des tensions entre les clans rivaux, ramenant des troubles que le royaume n’avait plus connu depuis la majorité de Jacques VI. Les plus graves éclatent à l’automne 1572 dans les Highlands et obligent le roi à y intervenir. Jacques VI est blessé durant une des escarmouches, mais échappe à la mort. Il parvient non sans difficulté à ramener la paix dans la région à partir du printemps 1574, ne pouvant s’appuyer sur certains des clans et nobles écossais qui ont préféré demeurer en retrait pour exprimer leur désaccord avec sa politique. Cette situation nourrit les tensions entre Jacques VI et ses barons, le souverain étant encore plus déterminé à limiter le pouvoir des clans. Mais cela contribue à renforcer l’antagonisme entre lui et certains des seigneurs écossais, principalement au niveau du parlement où certains des seigneurs écossais cherchent à raffermir leur pouvoir par cette institution, mais aussi au travers de conjurations. La mort de James Hamilton en janvier 1575 bouleverse cependant la situation avec l’avènement de James Hamilton dont la folie le rend incapable de régner, amenant son frère à être le régent. Ce décès déstabilise la faction « nobiliaire » qui se constituait face à Jacques VI et Matthew Stewart. James Douglas d’Angus devient de facto le nouveau chef de faction mais doit composer avec son neveu Archibald Douglas de Pittendreich et avec James Douglas de Morton.
La politique de renforcement du pouvoir royal passe aussi par le développement d’un mécénat inédit dans le royaume d’Écosse, Jacques VI s’inspirant tout autant de ce qui se fait à la cour d’Angleterre que son épouse s’inspire de ce qu’elle a vécu à la cour de son père, le duc de Bretagne. Cette politique s’inscrit dans celle débutée à la fin des années 1560 de restaurer et de créer des châteaux. Ces différentes politiques résultent notamment en l’aménagement du château d’Édimbourg à partir de 1571 et la venue de quelques musiciens et peintres du continent malgré le climat écossais. Cette politique de mécénat permet à la cour écossaise de connaître un renouveau culturel, mais nourrit aussi les tensions entre les clans écossais et Jacques VI, même si la faction proche du roi imite ce dernier, contribue à l’émergence d’un renouveau culturel dans certains clans écossais.
La politique de centralisation du pouvoir passe aussi par la lutte contre les mouvements protestants, d’autant plus alors que ces derniers connaissent un certain regain au cours des années 1570 du fait des liens que ces communautés ont avec celles anglaises et surtout avec les personnes vivant en exil au Danemark, notamment représentées par George Wishart[9] puis après la mort de ce dernier en 1574, de son disciple James Hamilton. Le roi peut se faisant s’appuyer sur l’archevêque de Saint Andrews, James II Beaton qui avait succédé à son oncle David en 1557. Jacques VI cherche à faire preuve de modération, mais cette approche et sa politique de renforcement de l’autorité royale contribue à la tentation de certains chefs de clans écossais à se rapprocher de la réforme protestante ou du moins d’en avoir des sympathies.
Sur le plan diplomatique, Jacques VI continue de maintenir d’importantes relations avec les royaumes d’Angleterre et de France, même si le décès de Marie I d’Angleterre et l’avènement de François I contribuent à une évolution de ces relations. Des échanges entre les deux cours ont lieu à partir du printemps 1575 sur de potentiels projets matrimoniaux entre les deux lignées pour maintenir d’importantes relations et poursuivre le renforcement des liens entre les deux royaumes. En parallèle de ces relations, Jacques VI continue de tisser et de consolider ses relations avec Jean II de Norvège, notamment grâce au commerce en mer du Nord qui permet au royaume écossais de développer une flotte marchande et à Édimbourg de connaître une prospérité relative.
[1] Ile de Baffin.
[2] Ile de Southampton.
[3] Rockhouse Island.
[4] Accès de la baie Hudson vers le lac Baker.
[5] Oliver FitzGerald est le comte de Kildare depuis 1568 et la mort de son père, Silken Thomas, 10ème comte de Kildare.
[6] Par sa mère, Thomas Butler a des liens de parenté avec les FitzGerald de Desmond alors que les FitzGerald de Kildare ont des liens de parenté plus distants avec ceux de Desmond.
[7] Élisabeth née en 1553, Gertrude née en 1558, Henri né en 1565 et Anne née en 1569.
[8] James, né en 1545, est le fils d’Archibald Douglas et de sa seconde épouse, Margaret Maxwell succède à son père au printemps 1570 en tant que comte d’Angus.
[9] Né en 1513, George Wishart avait étudié à l’université de Louvain et avait commencé à développer des convictions protestantes. Les événemets des années 1530 et la politique royale de Jacques V l’empêchent cependant de revenir dans son pays et l’amènent à rejoindre le royaume du Danemark en 1541 où il est influencé par le luthéranisme danois et devient un pasteur et prédicateur notable. Durant la régence de Jacques VI, il entretient une correspondance avec Renée de France et va contribuer à l’émergence d’une communauté écossaise protestante issu de l’exil. Au cours des années 1560, il tisse des liens notables avec la reine déchue d’Angleterre, Élisabeth I et de plusieurs figures notables des protestants anglais exilés, comme Matthew Parker. Un de ses disciples est James Hamilton, le fils illégitime du comte d’Arran.
Parmi les exilés figure John Knox. Ce dernier a choisi l’exil à partir de 1545 du fait de ses convictions religieuses et avait fini par rejoindre le royaume du Danemark où il a été influencé par le luthéranisme danois. Devenu prédicateur, il joue un rôle crucial dans le maintien d’une communauté réformée dans le royaume d’Ecosse et a tissé d’importants liens avec la cour du Danemark, mais aussi avec la reine déchue d’Angleterre, Élisabeth.
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