Ils arrivent !
Ils arrivent !
Il faut noter qu'à l'origine, cette nouvelle n'était pas supposée être une uchronie (ça se passe en 2030), mais je l'ai écrite en octobre 2023 et, pour certains des événements décrits, j'ai depuis été en quelque sorte rattrapé par l'actualité (ce qui n'est pas très rassurant, car l'objectif était de décrire un monde devenu fou !)
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Re: Ils arrivent !
Néanmoins, au sein de la communauté scientifique, il en allait tout autrement. Dès le deuxième jour de janvier, l’astrophysicien Raoul Dubout publia en effet un article qui fit grand bruit. Dans cet article, intitulé « Enfin la certitude : la première preuve de l’existence d’une civilisation non-humaine », Dubout exposait les résultats de ses récentes recherches : en examinant dans le cadre d’un tout autre projet les images fournies par un télescope récemment mis en service, il avait découvert par hasard un petit corps interstellaire situé à ce moment-là à environ quarante-deux millions de kilomètres de la Terre. La trajectoire de ce corps lui paraissant anormale et inexplicable par des raisons naturelles, il concluait qu’il ne pouvait s’agir que d’un objet artificiel. Dubout prétendait donc être le premier à avoir découvert un vaisseau extraterrestre venu d’un autre système solaire.
Les réactions ne se firent pas attendre. Beaucoup d’éminents savants contre-attaquèrent prestement, affirmant qu’aucun fait tangible ne pouvait appuyer les hypothèses de Raoul Dubout. Néanmoins, la réplique la plus vive vint d’une opposition inattendue : le professeur François Lemaître, l’ancien directeur de thèse de Dubout, publia à son tour un article dans lequel il pourfendait la théorie de son disciple. Il y affirmait que le prétendu « objet artificiel » n’était en fait qu’une banale comète et que les anomalies constatées dans sa trajectoire n’étaient que la conséquence d’erreurs de calcul élémentaires commises par Dubout. Lemaître concluait perfidement en assurant qu’il regrettait à présent d’avoir contribué à l’obtention par cet individu du titre de docteur, dont il était manifestement indigne.
L’article de Lemaître rendit Dubout furieux.
« Lemaître n’est qu’un vieux con incapable de se remettre en question ou d’accepter qu’on le contredise, » déclara-t-il à des collègues.
Cette phrase fut répétée et parvint rapidement aux oreilles du professeur Lemaître. Celui-ci, fou de rage, décida de se venger de « la trahison de ce petit salaud qui lui devait tout ». Il fit appel à ses relations au ministère et obtint ce qu’il voulait : Dubout perdit son poste au CNRS et se retrouva au chômage.
Quelques jours plus tard, une équipe de chercheurs américains publia un article sur l’objet interstellaire découvert par Dubout. Sans avoir eu accès aux recherches de ce dernier (qui avait eu la mauvaise idée de les publier uniquement en français et n’avait donc pas été lu à l’étranger), ils parvenaient à la même conclusion que lui : la seule manière d’expliquer l’étonnante trajectoire de l’objet était de lui supposer une origine artificielle.
À ce stade, la controverse cessa d’être confinée au petit monde de l’astrophysique et des médias destinés au grand public se mirent à s’y intéresser.
Dubout publia un nouvel article, dans lequel, tout en se félicitant des résultats obtenus par l’équipe américaine, il ne manquait pas de rappeler que c’était bien lui qui était à l’origine de la découverte. Le professeur Lemaître, quant à lui, riposta à nouveau férocement. Il publia ses propres travaux sur la question, accorda à plusieurs grands journaux des interviews au cours desquelles il répétait, preuves à l’appui, que les conclusions de ses confrères américains étaient tout aussi erronées que celles de Dubout et que le « vaisseau extraterrestre » n’était qu’une comète parfaitement ordinaire, et fit même quelques apparitions sur des plateaux de télévision. Il profita de ces occasions pour affirmer que les universités américaines feraient bien de s’inspirer du système français, dont il louait l’efficacité pour se débarrasser des individus peu recommandables qui, pour bénéficier d’une éphémère célébrité, n’hésitaient pas à annoncer des découvertes aussi sensationnelles qu’infondées et nuisaient ainsi à la réputation de leur science.
Cependant, l’objet mystérieux n’avait pas disparu ; bien au contraire, il semblait se diriger vers le centre du système solaire, ce qui conduisait de nombreux autres chercheurs du monde entier à s’intéresser à lui. La théorie dominante était celle d’une comète ou d’un astéroïde d’un type jusqu’alors inconnu, mais beaucoup d’astrophysiciens étaient contraints d’admettre que sa trajectoire et les variations de sa vitesse étaient difficilement explicables. Jour après jour, malgré tous les efforts de François Lemaître et de ses partisans, l’hypothèse d’un objet artificiel gagnait du terrain.
Comme le corps interstellaire se rapprochait de plus en plus de la Terre, on put l’observer plus en détail. Le 16 janvier, les premières images furent rendues publiques : on découvrit qu’il s’agissait d’un cylindre de couleur blanche long de trois kilomètres. Tandis que François Lemaître campait sur ses positions et, dans les émissions télévisées où il était de plus en plus souvent invité, répétait inlassablement mais sans parvenir à dissimuler un certain embarras que les comètes pouvaient prendre bien des formes, la grande majorité des savants se rendait à présent à l’évidence : cette chose ne pouvait être qu’artificielle.
La première conséquence de la diffusion des images de l’objet fut un spectaculaire retour en grâce de Raoul Dubout. Dès le soir du 16 janvier, il retrouva son poste ; le 17, on lui annonça qu’une chaire lui serait réservée au Collège de France ; le 18, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur.
« Je n’ai jamais véritablement douté des compétences exceptionnelles de Raoul, déclara ce jour-là François Lemaître, entouré d’une nuée de caméras et de micros. Compétences que j’ai d’ailleurs été le premier à remarquer, alors qu’il venait juste d’entreprendre sa thèse - sous ma direction. Dès cette époque, je savais qu’il marquerait l’histoire des sciences et serait à l’origine de découvertes majeures.
— Pourtant, répliqua un journaliste, vous avez prétendu pendant deux semaines qu’il faisait fausse route !
— J’ai peut-être dit quelque chose comme ça, c’est vrai, mais, au fond, j’ai toujours été certain qu’il devait avoir de bonnes raisons d’affirmer ce qu’il affirmait… »
Les médias délaissèrent bien vite ces querelles universitaires, car d’autres sujets de préoccupation venaient d’émerger.
Il y avait bien sûr le choc suscité par la simple découverte de l’existence d’une forme de vie extraterrestre dotée d’une technologie extrêmement avancée.
Il y avait aussi et surtout le fait que tout semblait indiquer que le gigantesque vaisseau se dirigeait à présent droit vers la Terre.
Inévitablement, on se demanda quelles étaient les intentions des visiteurs d’outre-espace. Il y eut à ce sujet un débat très vif à l’Assemblée nationale. Les partis de gauche réclamèrent la construction en urgence de milliers de centres d’hébergement : peut-être les nouveaux arrivants étaient-ils des demandeurs d’asile, auquel cas il conviendrait de les accueillir avec générosité. Les députés de droite protestèrent énergiquement :
« Le pays, disaient-ils, est déjà submergé par les clandestins ! On ne va quand même pas nous demander d’accueillir en plus ceux qui viennent d’Alpha du Centaure, de Bételgeuse ou de je-ne-sais-où, d’autant plus qu’ils n’ont probablement pas de papiers et qu’il sera difficile de les renvoyer chez eux s’il faut les expulser ! »
Certains députés manquèrent de peu d’en venir aux mains, et on dut mettre précipitamment un terme à la séance.
La population commençait quant à elle à s’inquiéter et à se demander si les extraterrestres étaient bien venus avec des idées pacifiques. Beaucoup décidèrent de faire des provisions, et l’on ne dut pas attendre bien longtemps avant de voir les premiers pillages de magasins. Ceux qui en avaient les moyens se faisaient construire des bunkers. Certains des écologistes les plus radicaux se mettaient à proclamer que le vaisseau extraterrestre était venu pour punir les humains, et particulièrement les gros pollueurs, pour leurs crimes contre l’environnement. Partout dans le monde, des prédicateurs et des illuminés de toutes sortes annonçaient que la fin des temps était proche et que chacun devait se repentir immédiatement de ses péchés sous peine d’être précipité en enfer.
Un nombre incalculable d’attentats terroristes furent commis par des groupes djihadistes et diverses autres sectes fanatiques. On observait dans de nombreux pays des émeutes violentes, parfois même des tentatives de révolutions ou de coups d’État. Certains gouvernements, incapables de gérer une telle situation, s’effondrèrent assez vite et des régions entières du globe se retrouvèrent plongées dans l’anarchie la plus totale.
Le 26 janvier, le Guide suprême iranien déclara que le prétendu « vaisseau extraterrestre » n’en était pas un et qu’il s’agissait en réalité d’un signe divin annonçant le retour prochain du Mahdi. Par conséquent, il convenait de « se débarrasser sans plus attendre des ennemis de Dieu, et particulièrement de l’entité sioniste ». Quelques minutes après la fin de son discours, le Hezbollah lança des dizaines de milliers de roquettes sur Israël, qui répliqua en bombardant massivement le Liban, puis lança un raid aérien contre l’Iran. La Syrie entra alors en guerre contre Israël, suivie par tout ce qu’il y avait de milices pro-iraniennes en Irak et au Yémen. Les grandes puissances ne manquèrent pas d’exprimer leur préoccupation, mais ce qu’il arriva le 28 janvier en Asie orientale relégua le conflit au Moyen-Orient au rang de simple détail.
L’armée américaine intercepta des messages radios diffusés par la Corée du Nord à destination du mystérieux vaisseau : les Nords-Coréens proposaient en effet aux extraterrestres de « s’allier avec eux pour vaincre les infâmes puissances capitalistes qui oppriment la plus grande partie des Terriens et libérer l’humanité ». La réaction fut immédiate : les États-Unis, la Corée du Sud, le Japon et même la Chine (qui trouvait que, cette fois-ci, les Nords-Coréens étaient allés un peu trop loin) se coalisèrent et envahirent la Corée du Nord, qui dut reconnaître sa défaite dès le 30 janvier, non sans avoir eu le temps auparavant de détruire Séoul dans une attaque nucléaire.
Tout cela était finalement presque anecdotique en comparaison des événements qui se produisaient au même moment en Asie du sud. Le soir du 29 janvier, dans les confins du Cachemire, à proximité de la ligne de cessez-le-feu, un officier indien trop nerveux ordonna à ses hommes d’ouvrir le feu sur ce qu’il crut être un engin extraterrestre et qui se révéla être un hélicoptère pakistanais. Ce simple accrochage provoqua une escalade incontrôlable : il y eut plusieurs grandes batailles et l’armée indienne parvint à infliger une telle déroute à ses adversaires que ceux-ci, en proie à la panique, décidèrent d’utiliser toutes leurs armes atomiques contre les grandes villes indiennes. L’Inde riposta de la même manière et ce qu’il restait de l’État pakistanais capitula le 3 février après avoir subi à son tour un bombardement nucléaire massif.
Il y avait déjà plus de cent millions de morts, le nombre de blessés, d’irradiés et de réfugiés était incalculable, des villes avaient été rasées, des régions entières étaient dépeuplées et des pays avaient été rayés de la carte, et les extraterrestres n’étaient même pas encore arrivés.
Ils ne devaient cependant plus tarder : au moment où la guerre indo-pakistanaise prenait fin, le vaisseau, dont la vitesse avait considérablement décru, se trouvait à environ six cent mille kilomètres de la Terre. Il devenait urgent pour l’humanité de s’organiser. Au terme d’une réunion au siège de l’ONU, tous les chefs d’État s’accordèrent sur un plan qui devait permettre de faire face à la situation.
D’une part, on décida qu’une équipe scientifique internationale serait constituée ; composée d’astrophysiciens, de biologistes, de linguistes et de nombreux autres experts de diverses disciplines, elle serait chargée d’essayer d’établir le contact avec les voyageurs interstellaires. D’autre part, pour le cas où ces tentatives de communication échoueraient et où les extraterrestres manifesteraient des intentions belliqueuses, toutes les forces armées du monde, rassemblées au sein d’une grande coalition et réunies sous un même commandement, devaient se préparer à défendre la Terre par tous les moyens.
Raoul Dubout, désormais considéré comme un expert en affaires extraterrestres, fut nommé à la tête de la délégation scientifique française qui devait participer aux recherches internationales sur la communication avec les extraterrestres. François Lemaître en faisait également partie (beaucoup, à commencer par Dubout, estimaient qu’il n’avait rien à faire là, mais Lemaître avait encore suffisamment d’amis au ministère pour qu’on lui réserve une place dans l’équipe).
Les chercheurs déployèrent des efforts colossaux et tentèrent de toutes les manières possibles d’envoyer des messages de paix au vaisseau extraterrestre qui se rapprochait toujours, mais celui-ci ne fit jamais rien qui puisse être interprété comme une réponse.
Le 10 février, une vingtaine d’engins plus petits se détachèrent de l’astronef et entrèrent dans l’atmosphère terrestre. Ils circulèrent pendant quelques heures dans le ciel, principalement au-dessus de l’Afrique subsaharienne et de l’Asie du sud et du sud-est, puis regagnèrent le vaisseau-mère ; ces événements provoquèrent des scènes de panique dans le monde entier et laissèrent les scientifiques perplexes.
Le 12 février, l’énorme vaisseau extraterrestre pénétra à son tour dans l’atmosphère et se posa dans le nord de la Tanzanie, non loin de la frontière avec la Kenya. L’atterrissage, qui ne provoqua pas le moindre dégât, eut lieu dans une région sauvage, loin de toute présence humaine.
On envoya immédiatement sur place l’équipe scientifique chargée de communiquer avec les visiteurs interstellaires. Elle était escortée par une force militaire commandée conjointement par des généraux venus de Chine et des États-Unis - ces deux pays étant ceux qui fournissaient les plus grands contingents. L’Union européenne, qui tenait à montrer à toute la galaxie qu’elle était une puissance qui comptait, voulut apporter sa contribution à cette force internationale : il fut décidé à l’unanimité que l’armée française aurait l’honneur de représenter l’Europe en cette circonstance et qu’elle se rendrait en Tanzanie avec l’intégralité de ses effectifs opérationnels (deux régiments) pour aller au contact des extraterrestres tandis que les troupes allemandes, soucieuses d’être en mesure de protéger le continent européen en cas de besoin, y resteraient prudemment afin de constituer une arrière-garde.
Au matin du 13 février, lorsque les forces humaines coalisées se furent déployées autour du gigantesque cylindre blanc qui se dressait au milieu de la savane et l’eurent entièrement encerclé, l’équipe scientifique reçut l’autorisation de s’approcher de l’astronef.
Les chercheurs, impressionnés, s’avancèrent jusqu’à une cinquantaine de mètres.
« Je ne vois pas la moindre porte ou fenêtre, dit Raoul Dubout après avoir attentivement examiné la paroi blanche.
— Si c’est pour dire des choses aussi évidentes, vous feriez mieux de la fermer, grommela François Lemaître.
— Puisqu’on parle d’évidences, rétorqua Dubout, vous pourriez nous prouver que ce truc n’est pas en réalité une comète tout ce qu’il y a de plus banale ?
— Mais vous m’en voulez encore pour cette histoire idiote ? s’emporta Lemaître. C’est pas possible d’être aussi rancunier !
— Je suis peut-être rancunier, mais, moi, au moins, je ne suis pas un vieux con comme vous ! »
Les collègues des deux astrophysiciens les tancèrent vertement : en ce jour unique dans l’histoire de l’humanité, peut-être y avait-il mieux à faire que de se disputer !
Les savants travaillèrent avec acharnement toute la journée. Une fois encore, ils essayèrent tous les moyens pour entrer en contact avec les mystérieux occupants du vaisseau. Mais on ne constata pas le moindre mouvement.
« Je commence à me demander s’il y a réellement quelqu’un là-dedans ! s’exclama Lemaître, découragé, à la fin de la journée.
— Vous voulez dire que, finalement, c’est peut-être juste une comète ? ricana Dubout.
— Mais vous allez arrêter de me casser les burettes avec ça ? Je voulais juste dire que c’est peut-être une épave, un vaisseau abandonné…
— Vous êtes débile ou quoi ? Si ce machin était une épave à la dérive, vous croyez vraiment qu’il serait venu se poser comme ça, en douceur, sur une planète habitée ? Il y a forcément du monde à l’intérieur.
— Du monde, du monde… Moi ce que je vois c’est qu’on fait tout ce qu’on peut pour signaler notre présence et que personne ne réagit ! Puisque vous êtes si sûr qu’il y a du monde dedans, allez donc toquer à la porte, peut-être qu’ils vous ouvriront ! »
Dubout, qui s’apprêtait à répliquer par des noms d’oiseaux, se figea soudain.
« Attendez… Qu’est-ce que vous avez dit ?
— J’ai dit « peut-être qu’ils vous ouvriront », répondit Lemaître.
— Non, avant.
— Euh… « Toquer à la porte » ?
— Voilà ! s’écria Dubout. C’est ça ! Toquer à la porte ! Toquer à la porte !
— Mais qu’est-ce que vous voulez dire ? Je ne comprends… »
Lemaître se tut et regarda Dubout.
« Merde… Vous voulez dire que…
— Personne n’a encore essayé, non ?
— Ben non, puisqu’on nous a demandé de ne pas nous approcher à moins de vingt mètres tant que la nature précise de ce matériau blanc n’est pas connue… »
Dubout se leva brusquement.
« On y va ! déclara-t-il.
— Maintenant ?
— Oui, maintenant ! Vous voulez attendre que d’autres aient la même idée et nous volent la gloire ?
— Mais on ne sait même pas si ça a la moindre chance de fonctionner !
— Peu importe, il faut essayer ! »
Les deux hommes quittèrent le campement et s’avancèrent en direction de l’engin extraterrestre.
« Hé ! Qu’est-ce que vous faites ? leur crièrent certains de leurs collègues. On ne doit pas aller si près ! »
Ils ne répondirent pas et continuèrent à s’approcher, jusqu’à ce qu’ils arrivent à proximité immédiate de l’objet.
Les deux chercheurs échangèrent un regard :
« Qui essaie le premier ?
— Allez-y, vous, dit Dubout. Votre carrière est finie et vous devriez être depuis longtemps à la retraite, c’est moins grave si vous mourez. Alors que moi, maintenant que j’ai une chaire au Collège de France, je compte bien en profiter.
— Je vous remercie bien, espèce de petit connard ! fulmina Lemaître. Non, c’est vous qui avez eu l’idée, c’est vous qui avez repéré le premier ce foutu vaisseau, alors c’est vous qui frappez d’abord !
— Bon… Et si on essayait tous les deux en même temps ?
— D’accord. Essayons. »
Et, en même temps, ils frappèrent doucement contre la paroi, comme s’il s’agissait d’une porte.
Sous les yeux incrédules de quelques dizaines de scientifiques qui s’étaient rassemblés autour d’eux, ils disparurent aussitôt.
Dubout et Lemaître avaient été téléportés quelque part à l’intérieur du vaisseau et étaient sains et saufs, mais cela, leurs collègues qui venaient de les voir s’évanouir sans laisser la moindre trace ne pouvaient pas le savoir.
« Ils ont été désintégrés ! hurla quelqu’un. »
Ce fut la débandade générale : les chercheurs s’enfuirent à toutes jambes en poussant des cris de terreur.
La nouvelle mit moins d’une minute à parvenir au commandement de la force militaire.
« Alerte ! Deux scientifiques français ont été désintégrés par les extraterrestres ! »
Les généraux jugèrent que les occupants du vaisseau venaient de dévoiler des intentions hostiles à l’égard de l’humanité et qu’il convenait de riposter.
À 20h53, ils donnèrent l’ordre d’ouvrir le feu sur l’appareil avec toutes les armes disponibles.
Celui-ci fut bombardé sans relâche, mais rien ne semblait pouvoir l’endommager.
À 21h26, les extraterrestres réagirent.
Une sphère de couleur noire qui semblait avoir surgi de nulle part tomba au milieu des troupes humaines. Elle explosa, ce qui produisit une très forte lumière verte, puis une épaisse fumée jaunâtre se répandit dans les alentours.
À 21h27, toutes les armes des Terriens étaient inexplicablement devenues inutilisables et tous les humains présents à cinquante kilomètres à la ronde, plongés dans un état de paralysie totale, étaient incapables du moindre mouvement.
Le silence revint sur la savane.
Plein d’enthousiasme à l’idée de découvrir de plus près cette planète inconnue, Gualdikroniadiealdongeriop monta à bord d’un véhicule individuel rapide et quitta le vaisseau interstellaire.
Il survola sans y prêter beaucoup d’attention les armées humaines vaincues et poursuivit sa route au-dessus de la savane jusqu’à ce qu’il aperçoive au loin un indigène terrien qui l’observait avec curiosité. Il se posa à proximité, sortit de son véhicule et s’avança vers l’autochtone.
« Bonjour, ami terrien, lui dit-t-il. Enchanté de faire votre connaissance.
— Bonjour et bienvenue sur Terre. C’est toujours un plaisir d’accueillir des visiteurs. »
La combinaison de Gualdikroniadiealdongeriop était équipée d’un système de traduction universelle qui lui permettait de comprendre le sens des sons émis par l’être qui lui faisait face et de dialoguer avec lui.
« Qui êtes-vous ? demanda l’indigène de la Terre.
— Je suis le professeur Gualdikroniadiealdongeriop, exobiologiste de l’université de Dormandurfgulareomp et chef de cette mission d’exploration de la Terre mise en place par le Grand Conseil Scientifique de l’Union des Trois Mille Soleils. Mes collègues et moi-même sommes venus pour étudier les formes de vie que l’on trouve sur cette planète. Naturellement, nous nous concentrerons particulièrement sur votre espèce, qui nous semble être de loin la plus intéressante.
— Merci pour le compliment, dit l’indigène de la Terre, flatté. Vous avez fait bonne route ?
— Oui, le voyage s’est très bien passé, répondit Gualdikroniadiealdongeriop. Nous avons juste eu un petit problème après l’atterrissage : une horde d’hominidés primitifs nous a attaqués avec une telle violence que nous avons été contraints de les neutraliser. Je me demande bien ce qui leur est passé par la tête !
— Oh, ne perdez pas trop de temps à essayer de comprendre les humains, répliqua l’éléphant avec un barrissement amusé. Nous, ça fait déjà quelques millénaires que nous avons laissé tomber. »
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Un autre objet céleste qui provoque une guerre entre l'Inde et le Pakistan, ma nouvelle "Bolide".
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Thomas a écrit:Texte franchement sympa et dont la chute n'est pas tout à fait celle que j'avais anticipée ^^
À quel genre de fin t'attendais-tu ?
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Re: Ils arrivent !
Thomas, je viens de regarder "Bolide" et je vois qu'on est en gros d'accord sur les conséquences de ce type de scénario... mais ton texte est autrement plus flippant que le mien ! Ce qui était sans doute le but, autant dire que c'est très réussi !
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Merci.Ammonios a écrit:Ah oui, je m'y attendais, c'est justement pour ça que j'avais décidé de laisser l'ambiguïté le plus longtemps possible et de ne pas nommer immédiatement "l'indigène terrien" !
Thomas, je viens de regarder "Bolide" et je vois qu'on est en gros d'accord sur les conséquences de ce type de scénario... mais ton texte est autrement plus flippant que le mien ! Ce qui était sans doute le but, autant dire que c'est très réussi !
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Re: Ils arrivent !
LFC/Emile Ollivier a écrit:Tu as des projets d'uchronie ?
Disons que j'ai quelques idées...
J'ai notamment une idée pour une uchronie antique qui reprendrait, mais de manière différente et plus détaillée, quelques éléments qu'on trouve dans "Un cours d'histoire ancienne", le texte que j'avais posté l'autre jour. Mais je ne sais pas quand j'aurai le temps de m'y mettre.
J'adore écrire, mais je n'ai malheureusement pas la possibilité d'y passer tout le temps que je voudrais (si je pouvais je ne ferais que ça )
J'ai par contre encore quelques textes déjà écrits en réserve. Des choses que ne relèvent pas du tout de l'uchronie, un peu de fantasy, un texte sur un sujet médiéval qui se rapproche un peu plus de l'uchronie (même si ça n'en est pas vraiment une), un autre qui en relève davantage mais dont je ne suis pas satisfait...
Dites-moi si ça intéresse certains d'entre vous, je pourrai poster certaines choses.
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Re: Ils arrivent !
Je ne connais pas Demain les dauphins par contre.
Mais de manière générale j'aime beaucoup l'idée qu'une visite d'extraterrestres sur Terre pourrait avoir des raisons qui n'ont absolument rien à voir avec l'humanité !
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