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La France exilée. Tome 2 : 1942 La roue tourne

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Message par LFC/Emile Ollivier Sam 13 Mar - 22:29

Bonjour à tous,

L'idée d'un livre étant à court terme, mise de côté, j'ai décidé de poster directement les chapitres du tome 2 dès que je les considère comme terminés.

Je vous souhaite une excellente lecture.

Chapitre 1 : L’incendie de l’Orient

« Si l’occupation totale du territoire indochinois apparaît inévitable à court terme, je veux que tout soldat, tout officier, Indigène ou Métropolitain, sans distinction aucune, me suive dans le grand projet que j’ai commencé secrètement à mettre en place. À savoir, la mise en place de bases de repli dans l’arrière-pays d’où depuis ces forteresses inexpugnables, nous mènerons la vie impossible à l’occupant. »
Ordre du jour du général Salan du 27 décembre 1941, surnommé « Serment du Paské ».

Le général Salan faisait face au déchaînement de l’offensive japonaise contre l’Indochine française. Malgré les réformes initiées par le gouvernement d’Alger en faveur des « Indigènes », la position française était des plus précaires. Déjà, la République en avait été réduite à faire des communistes vietnamiens d’Hô Chi Minh des partenaires au sein de la coalition alliée tandis que les rapports qui lui parvenaient annonçaient un regain important de l’activité des nationalistes non communistes du Phuc Quôc Hôi du prince Cuòng Dê.

Attaquée depuis la Chine occupée (on mourrait de nouveau à Lang Son) et assaillie depuis la mer dans les régions de Haïphong et désormais Tourane par les Japonais, la colonie devait ég alement faire face à l’offensive thaïlandaise sur son flanc ouest, principalement au Cambodge. Sa destinée semblait déjà tout tracée et ce, même pour un officier aussi combatif que Raoul Salan.

Mais celui-ci voyait déjà plus loin qu’une simple reddition des forces de la colonie, peu confiant qu’il était dans l’appui chinois négocié par Mandel. Or, son projet impliquait une victoire certes temporaire et d’honneur, mais ayant un impact d’importance sur une des offensives en cours contre l’armée française d’Orient. Le général Salan, fit part de son idée au gouverneur Auriol. Celui-ci, bien conscient de l’inévitable défaite, fut ravi de l’audace, du courage et de l’ambition du projet de l’officier et lui apporta sa bénédiction alors que lui-même allait quitter la colonie pour Singapour (elle-même menacée déjà par l’offensive de ce diable de Yamashita) pour y mettre « hors de portée des Nippons, la souveraineté de la France ! » comme l’avait si bien dit le Général.

Salan allait réaliser l’improbable, attaquer, et bientôt l’impossible, vaincre…

Yamashita Tomoyuki n’avait pas vraiment le temps de profiter de l’accueil triomphal que firent les Thaïs à ses troupes à peine débarquées dans l’ancien Siam. Déjà, quelques kilomètres au sud, l’armée de Phibun, le premier ministre thaïlandais, contenaient difficilement l’offensive britannique, déclenchée à l’annonce de Pearl Harbor.

Ses hommes, vétérans de Chine pour la plupart, étaient extrêmement confiants. Ils allaient, avec leurs blindés, écraser ces Occidentaux décadents …

Yamashita, lui, avait su garder sa tête froide. Il prévoyait une offensive éclair pour s’emparer de la colonie de la couronne britannique, du fait de l’extrême complexité du ravitaillement en pleine jungle. Son offensive reposait sur un usage intelligent de ses blindés et de ses forces rapides et légères.

Le commandement britannique, à commencé par Lord Gort lui même, aveugle, avait commis une rapide une erreur fatale. Ils estimaient idiot ce qu’avait fait les Français en envoyant leurs précieux blindés M3 en Indochine, considérant comme impossible l’emploi des chars dans la jungle asiatique.

Comme le pensait le défunt Pétain des Ardennes…

Leur moral ébranlé par la destruction de la Force Z, celui-ci s’effondra définitivement quand ils durent faire face à l’action combinée de la puissance de feu des chars (pourtant tenant plus de la tankette) et de la mobilité de l’infanterie nippone. Les différentes lignes de défense des soldats de sa Gracieuse Majesté furent contournées par la jungle (Kuala Lumpur tombe le 19 Janvier), ainsi que par la mer, dominée par la marine impériale japonaise. Tout cela finit par transformer l’invraisemblable, l’impensable, en fait.

Les Japonais étaient aux portes de Singapour le 7 février 1942 !

L’envoi d’importants renforts de tout l’Empire (Indiens, Rhodésiens etc...), la mobilisation de l’Australie, tout cela n’avait servi qu’à engorger les camps de prisonniers japonais...

C’est une armée à genoux qui s’apprêtait à défendre Singapour, dont les défenses étaient puissantes côté mer, mais inexistantes côté terre…

Mais une ombre guettait Yamashita et s’apprêtait à lui porter un coup qu’elle lui espérait fatal.

Pendant ce temps, en Chine résistante, le général américain Stilwell est nommé chef d'état-major du maréchal Tchank Kai-chek suite à l'accord du gouvernement chinois. Stillwell était jusque là attaché militaire américain auprès de la république de Chine. Dire que le général américain et le « premier ministre » chinois se détestent et ne peuvent travailler ensemble que par l’entremise de l’épouse du second, Soong Mei-ling. En effet, l’Américain veut une répartition équitable de l’aide américaine entre le gouvernement Tchang et les communistes de Mao. Pire, il veut placer l’armée chinoise sous commandement US… Le tout saupoudré d’un caractère détestable, qui le font unanimement détesté… Il sera d’ailleurs affublé du sobriquet peu flatteur de Vinegar Joe (« Joe le Vinaigre »).

Concernant les Philippines, attaquée en dépit de la semi-indépendance de l’archipel vis à vis des États-Unis (l’indépendance totale étant prévue pour 1942), l’assaut japonais est commandé par le général Honma Masaharu à la tête de la XIVème armée japonaise, forte de 43 000 hommes. Ils font face à 100 000 soldats alliés (bien qu’en réalité, seulement 20 000 sont réellement en état de combatte car les Alliés manquent de matériel…) dirigé par le redoutable Douglas Mc Arthur, individu capable du meilleur comme du pire et qui ne laisse personne indifférent... Après des efforts exceptionnels visant à augmenter la portée de leur aviation, basée à l’origine à Formose, les Japonais détruisent au sol les appareils américains. En effet, « Mac », bien qui aurait pu profiter de la chance offerte par une tempête sur Formose qui y cloue au sol l’aviation ennemi, pour devancer son assaut en frappant ses propres bases en premier, se laisse convaincre… de ne rien faire! Pis, alors que le Plan Orange de défense de l’archipel prévoit une retraite sur Bataan, Mc Arthur, qui certes a bien prévu que le débarquement principal des Nippons aurait lieu dans le golfe de Lingayen, n’y lance que des divisions philippines, digne d’une « armée de Bourbaki », qui se font rapidement écraser.

Le Plan Orange est réactivé, Manille déclarée ville ouverte.

Le combat final aura bien lieu à Bataan...

Pendant ce temps, un autre combat final, qui n’en sera finalement pas un, prend une nouvelle tournure.

La bataille pour Moscou…

Joukov y mène depuis les 5 et 6 décembre une contre-offensive générale contre les attaquants allemands. 450 000 soviétiques appuyés par 1427 avions surprennent 240 000 allemands soutenus eux par 550 avions seulement. Cette supériorité numérique est dû à l’arrivée opportune des unités sibériennes qui gardaient la frontière avec l’empire japonais. Celle-ci étant vidée de troupes côté japonais, et l’espion Richard Sorge ayant garanti que les Nippons n’attaqueraient pas l’URSS, à moins qu’elle ne s’effondre bien sûr, Staline a pu lui aussi exposer son flanc est sans crainte d’un retour de bâton mortel.

La tactique russe, visant à éviter les points fortifiés et au contraire, à s’enfoncer profondément dans le dispositif allemand pour attaquer ses communications et l’isoler, est une réussite. L’ennemi décroche partout. Un vent de panique face à la déferlante russe souffle sur les généraux nazis. Faut-il s’accrocher ou du moins tenter de le faire ? Ou bien se replier sur la ligne Rjev-Koursk à 100 km à l’ouest ? Von Bock, commandant l’offensive s’en remet tout naturellement à son Führer

Lui même tout heureux de voir le Japon s’en prendre à des États-Unis qui devront donc faire la guerre sur deux fronts ! Mieux, dans son esprit, désormais ses U-Boot pourront s’en restriction attaquer le commerce américain vers les Alliés franco-britanniques…

Hitler ordonne alors de tenir à tout prix ! Et limoge des dizaines d’officiers supérieurs, dont Guderian, qui milite désormais pour la retraite ! Dans le même temps, il envoie en URSS des renforts en prélevant sur l’armée de réserve en Allemagne même, et en retirant des unités des Balkans ou stationnées en Europe de l’ouest. Mais leur engagement précipité n’offre que des résultats mitigés… La Luftwaffe, mobilisée sur de trop nombreux fronts ne peut envoyer des renforts en URSS qu’au compte-goutte. Le moral du peuple allemand s’effondre face à cette guerre que l’on pensait victorieuse et qui s’avère non seulement longue mais également de plus en plus mal engagée.

D’autant que les Soviétiques n’attaquent pas qu’au Centre. Ils attaquent partout, distillant la crainte d’un effondrement général côté allemand. Rostov est déjà reprise, les assiégeants de Leningrad menacés à droite et, surtout, les Soviétiques installant une tête de pont à Feodosia, en Crimée! Seule l’habileté manœuvrière de Manstein sauvera la présence allemande dans la péninsule d’ailleurs…

Mais la principale menace est bien au Centre. Les Allemands se sont certes installés en hérisson (à l’instar des Français sur la Somme et l’Aisne en juin 1940) mais tout comme eux, les défenseurs sont rapidement isolés par les pointes des blindés et même de la redoutable cavalerie russe. La Luftwaffe, qui subit de lourdes pertes, semble bien incapable d’enrayer la marche en avant des pointes soviétiques qui ont progressé de près de 100 km. L’effondrement du front allemand semble proche...

Singapour n’est pas la seule chose qui donne des sueurs froides à Churchill. L’ombre du cuirassé géant Tirpitz plane sur l’Angleterre et particulièrement sur les routes maritimes la reliant à l’Amérique du nord, la voie sacrée d’Albion. En effet, Hitler pourrait bien, si cela l’enchante, transférer le monstre de Norvège en France d’où il pourrait s’en prendre aux convois ravitaillant la Grande-Bretagne.

Churchill a du nez, car Hitler a prédit un prochain débarquement allié en France (il avait un temps envisagé une action de ce type en Norvège mais il s’était ravisé, conscient que ces « maudits Français » avaient dû faire pression sur leurs alliés britanniques et, désormais, américains, pour que le débarquement ait lieu dans leur pays). En conséquence, non seulement le Scharnhorst et le Gneisenau resteront stationnés en France métropolitaine (au lieu de partir pour la Norvège comme cela a été envisagé) mais le Führer réfléchit à bel et bien envoyer le gigantesque cuirassé en France occupée.

Or, dans toute l’Europe occidentale, seule la forme Joubert située à Saint-Nazaire est en mesure d’accueillir la bête.

Le Prime Minister charge Lord Mountbatten (auquel il a confié les opérations combinées, la création des armes permettant d’écraser le Nazisme pour toujours et la préparation du futur retour des Alliés en Europe) de la mise en place de l’opération Chariot/Char, la destruction de la cale sèche.

Et le membre de la famille royale britannique a rapidement un idée...

Pour faire face à la déferlante japonaise, les Alliés décident la création d’un commandement commun, l’ABFDA pour American-British-French-Dutch-Australian sous la direction du général Lord Gort. Ce dernier a notamment pour objectif de défendre Singapour et les Indes néerlandaises contre l’agression nippone. Bien que l'Indochine fasse aussi partie de sa zone de commandement, celle-ci apparaît déjà comme condamnée, du fait de son isolement géographique et de la brutalité de l’action des Japonais contre elle. En effet, en Indochine, on se battait dans les rues d’Hanoï et d’Hué tandis que tout semblait montrer que les troupes nipponnes allaient effectuer un débarquement en Cochinchine.

L’affaire semblait donc entendue pour les troupes de Salan, destinée à l’écrasement comme les Britanniques en Malaisie ou les Américains aux Philippines et d’autant plus suite à la débâcle de « l’armée de secours » chinoise du seigneur de guerre Long Yun, cacique du Yunnan, écrasée par les Japonais au nord-Tonkin, et s’est rapidement repliée dans son propre pays, où les Nippons ne l’avaient pas poursuivi.

Mais le commandant en chef français ne l’entendait pas de cette oreille comme on l’a vu…

Ayant pressenti la situation présente donc, celui-ci avait regroupé ses divisions d’élites, composées en majorité de « Métropolitains » (Alors que les seuls Indigènes présents étaient des Khmers et des Laos à la fidélité indiscutable) et équipées par le matériel que livrait déjà la puissante Amérique à la France en exil, au nord-ouest de Battambang, sur la RC1, axe de progression principal des envahisseur thaïlandais, soutenus qu’ils étaient par des unités japonaises.

Enivrés par la « disparition » des unités françaises qui leur faisaient face, l’ennemi avançait rapidement vers son objectif à très court terme, Battambang, et à moins court terme, Phnom Penh, en oubliant presque toute prudence...

« L’ennemi fonce droit dans mon piège ! » se réjouit le Français.

Informés des déplacements ennemis par les paysans khmers, dont le peuple soutient massivement les Français, galvanisé qu’il est par les appels enflammés à la résistance contre les envahisseurs du roi Sisowath Monireth, qui a succédé en avril à son père le roi Sisowath Monivong. Sisowath Monireth héritier naturel de son père, a été élu « dans un fauteuil » car il bénéficiait aussi du soutien des autorités françaises, heureuses de voir ce vétéran de 1940 qui combattit courageusement au sein du 2e RIMa, obtenir la couronne durant ces heures périlleuses.

Le jeune roi a nommé son frère, Sisowath Monipong, vétéran de l’Armée de l’air, au tout nouveau poste de premier ministre du premier gouvernement « moderne » de l’histoire du pays. À l’heure des accords de Hué, cela ne va plus d’ailleurs à l’encontre de la politique de libéralisation initiée par la République dans l’Empire en général et en Indochine en particulier.

Dans la même esprit, Bao Dai, réfugié à Singapour, rencontre l'ex-empereur d'Annam, Duy Tan, désormais connu sous le nom de Vinh San. Celui-ci s'est engagé volontairement après le sursaut comme radiotélégraphiste au sein de la Marine nationale. Mandel a en effet décidé que le prince vietnamien serait plus utile à la cause de la France auprès de Bao Dai.

Bao Dai craint d'abord d'être démis de son pouvoir impérial au profit de Vinh San, désormais chaud partisan de la France, mais celui-ci lui explique qu'il n'est ni dans ses intentions, ni dans celle d'Alger, de le remplacer. Vinh San lui propose en effet de se mettre à son service en prenant la tête d'un gouvernement « moderne » de l'Empire du Vietnam, tout comme l’ont fait les Khmers, d’ailleurs. Bao Dai, qui se doute bien que les Français sont derrière cette idée et qui avait craint d'être déchu, accepte facilement. Les 2 hommes seront désormais le visage du Vietnam impérial luttant aux côtés des Alliés.

Déjà, les Thaïs et les Nippons traversaient la rivière Paské, non défendue à première vue par les  Français.

C’est alors que l’enfer s’abattit sur eux…

L’artillerie française, massée par Salan et soigneusement dissimulée, déclencha un feu terrible sur les troupes ennemies ayant traversées la rivière cambodgienne. Puis ce fut la contre-attaque menée par les chars d’origine américaine M3, dont c’est le baptême du feu, appuyant de près l’infanterie, qui rejeta l’ennemi dans le cours d’eau.

Malgré la débandade ennemie, Salan ordonna de ne pas entreprendre la moindre poursuite au-delà de la Paské. En effet, il savait l’adversaire bien trop fort et de ce fait, il avait un autre projet pour ses forces car, pour lui, cette victoire servait surtout à montrer que l’on pouvait lutter contre les Japonais…

Ainsi, Salan se contenta de rendre inutilisable le matériel abandonné par les Thaïs et les Nippons avant de faire décrocher ses forces. L’ordre du jour qu’il leur transmis était clair et entrera dans l’histoire comme l’évènement fondateur de la Résistance.

« Soldats !

Vous avez ce jour prouvés au Monde que l’ennemi japonais et ses serviteurs thaïlandais loin d’être invincibles, pouvaient être vaincus dans un combat de ligne.

L’ennemi détesté cependant, dispose de moyens qui sont immensément supérieurs aux nôtres. Celui-ci pouvant à sa guise recevoir de nouvelles forces là où nos capacités de renforcement militaire s’avèrent nulles, du fait de la situation sur les autres fronts. Pourtant, c’est bien un message d’espoir que je vous adresse maintenant et un appel à ne pas baisser les armes !

Si l’occupation totale du territoire indochinois apparaît inévitable à court terme, je veux que tout soldat, tout officier, Indigène ou Métropolitain, sans distinction aucune, me suive dans le grand projet que j’ai commencé secrètement à mettre en place. À savoir, la mise en place de bases de repli dans l’arrière-pays d’où depuis ces forteresses inexpugnables, nous mènerons la vie impossible à l’occupant.

Épuisé par l’enfer que nous lui ferons subir, l’ennemi y consommera d’importantes ressources, accélérant d’autant la future reconquête et l’arrivée des armées de secours ! Car si l’ennemi triomphe ce jour, les capacités incommensurables de l’industrie américaine lui amèneront un jour prochain la victoire sur l’agresseur !

Braves soldats, je vous fait ce serment. Un jour, l'heure de notre revanche sonnera, et c'est vous qui serez en première ligne dans cette ultime bataille !

Aux armes, Citoyens ! »

À l’autre bout du monde, dans la région encore épargnée par la guerre de Prusse-Orientale, les Boches font preuve de toute la barbarie dont ils sont capables. En effet, sachant que le climat rude de la province leur sera mortel, c’est là qu’ils ont décidé d’enfermer les Tirailleurs de l’armée française fait prisonniers c’est à dire qu’ils n’ont pas froidement exécutés… Léopold Sédar Senghor perd d’ailleurs la vie en Février 1942, dans un Stalag prussien.

Mais le Reich a beau être démoniaque, certains combattants allemands font preuve d'une grande humanité tout en ne faisant pas partie de la résistance anti-nazie incarnée par le comité de l’Allemagne libre de Rudolf Hilferding, bien au contraire.

Ainsi, le 9 Février 1942, le U-156, commandé par Werner Hartenstein, croise la route du Normandie, reconverti en transport de troupes suite à un accord entre Alger et Washington et le torpille. Le paquebot avait déposé des centaines de soldats américains à Casablanca et, reprenant la route de l'Amérique, il avait pris à son bord des milliers de prisonniers italiens, capturés lors de « La guerre éclair du désert » de 1940, que les Alliés avaient décidés de mettre hors de portée de l'Axe, aux États-Unis. Des centaines de civils désireux de rejoindre la sécurité de l'Hémisphère occidentale avaient également été embarqués.

Hartenstein se rendant compte de la présence de civils et de prisonniers italiens à bord du navire mourant, prend le risque d'expédier en clair un SOS proposant une trêve, le tout en Anglais et en Français. L'officier allemand annonce son intention de déposer les canots de sauvetage pris en remorque à Ponta Delgada, capitale des Açores, archipel portugais donc neutre.

Rapidement, d'autres U-Boots arrivent sur place sur ordre de l'Amiral Donitz et prennent en charge les survivants.

Les Alliés ne sont bien évidemment pas en reste. Leurs bateaux présents dans l'Atlantique ont captés le message et l'ont retransmis à leurs amirautés respectives. Mandel est stupéfait par la situation. Alors que jusque là les Allemands foulaient au pied la France, voilà qu'un commandant de sous-marin du IIIème Reich prend des risques considérables pour sauver les survivants d'un navire français (dont plusieurs sont Juifs d'ailleurs) !

Darlan, ministre de la Marine, propose d'envoyer des contre-torpilleurs en « éclaireurs » sur place. En effet, ce sont des bâtiments très rapides et, si jamais l'Allemand tend un piège, on le coulera avec leurs charges sous-marines.

3 destroyers/contre-torpilleurs (2 Français, 1 Britannique (Churchill est moins méfiant que les Français quant aux intentions des Allemands et a vite donné son accord)) qui escortaient un convoi à une journée de navigation sont détachés de leur tâche et envoyés sur place.

Une force opérationnelle française en patrouille restera à bonne distance et aux aguets mais prête à aider les survivants si les Allemands n'ont pas mentis.

Au cas où Hartenstein trahirait sa parole, les Alliés n’envoient qu'un sibyllin « Trêve acceptée. Les secours sont en route. » en clair et en Allemand.

Cependant, une fois sur place, les Alliés découvrent des U-Boots en pleine mission de sauvetage et dont le pont est recouvert par d'immenses Croix-Rouges.

Entre temps, à la stupéfaction générale, un message signé de l'Amiral Donitz semblait confirmer la trêve !

Les capitaines des destroyers/contre-torpilleurs informent leurs commandements de la situation et reçoivent rapidement l'ordre de prendre en charge les survivants.

Quelques heures plus tard, la force opérationnelle française (composée notamment du Gloire) arrive sur les lieux et recueille le reste des naufragés.

Cette trêve, inouïe, a donc permis de sauver la majeure partie des survivant du Normandie qui seront pris en charge aux Açores avant de reprendre, quelques semaines plus tard, la route de l'Amérique.

Cependant, cette trêve restera unique du fait du durcissement de la guerre sur mer et de l'utilisation de plus en plus massive par les Alliés du système des convois.

Le U-156 sera coulé, comme tant d'autres U-Boots, en mai 1943 mais Werner Hartenstein et son équipage survivront au naufrage et finiront capturés par les Alliés.

D’ailleurs, ce même Darlan a décidé l’envoi d’une importante flotte sous-marine issue des rangs de la Royale dans le Pacifique, pour harceler les voies de communication japonaises. Car en effet, hormis la mission cruciale consistant à maintenir des liaisons avec la résistance métropolitaine et l'attaque des convois allemands assurant la navette entre le Reich et la Norvège occupée, les submersibles français ne sont que peu utilisés, en dépit du courage manifeste et de la volonté de se battre des équipages.

D’ailleurs, l’un d’entre eux entrera par la grande porte au panthéon des gloires de la marine française, ayant gagné sa place aux côtés de Jean Bart, Surcouf, de Grasse et Courbet.

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Douglas Mc Arthur à Corregidor (Source : Wikipédia)
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 14 Mar - 8:23

Je ne suis pas un grand connaisseur de Barbarossa IRL.

Est-ce qu'il y a des différences notables sur le Front Est jusqu'ici?
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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 14 Mar - 8:51

Ca commence justement. Le retour de bâton est plus violent durant l'hiver 41-42. L'URSS pu ramener encore plus de soldats de Sibérie et les Allemands ont moins d'avions, vu qu'ils sont engagés sur plus de fronts et y ont subis par conséquent de plus grandes pertes.
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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 14 Mar - 8:52

Or, selon mes sources, la Luftwaffe a eu sa part dans l'arrêt de la contre-attaque russe.
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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 14 Mar - 16:14

Chapitre 2 : Déferlante

« Je voyais ces longues files constituées de ceux qui la veille encore étaient nos maîtres, et qui étaient désormais des esclaves comme nous. Esclaves d’un peuple de la Grande Asie, comme nous. Cette vision pathétique, les appels à la libération de l’Inde du général Yamashita Tomoyuki et de Chandra Bose, tout cela me conforta dans mon choix de rejoindre l’armée indienne libre. »
Jamal Naseem, De la fin de la domination occidentale sur l’Asie

L’enthousiasme anti-occidental de Naseem n’était cependant pas partagé par tous les soldats indiens rejoignant l’armée indien libre et a fortiori par l’ensemble des unités issues du Raj de l’armée britannique. En effet, si le discours était beau, ce sont le plus souvent la faim et les mauvais traitements qui poussèrent ces hommes à rallier les forces pro-japonaises. Au grand désespoir de Bose, à la grande déception de Yamashita Tomoyuki, désormais surnommé le « Tigre de Malaisie ».

Celui-ci n’a d’ailleurs pas le temps de se lamenter. Le premier ministre nippon, Tojo Hideki, haïssant le général, profite d’une « bévue » de celui-ci pour le « placardiser ». En effet, Yamashita a commis un crime de lèse-majesté majeur en qualifiant les habitants de Singapour de « Citoyens japonais » devant une assemblée de notables locaux, alors qu’ils ne sont en réalité que de simples habitants de seconde zone de l’Empire que se bâtit le Japon, à l’instar des Tchèques du Protectorat bohémien-morave vis à vis du Reich allemand. Celui-ci est alors envoyé en exil « intérieur » en Mongolie extérieure à la tête d’une unité secondaire.

Et pourtant, ce brillant soldat en a accompli un véritable exploit. En 2 mois, il s’est emparé de la puissamment défendue Malaisie et de la clé de l’Empire britannique et de l’Asie du sud, Singapour.

En effet, Singapour en feu, bombardée quotidiennement, la plus sage option aurait été d’évacuer l’île-forteresse, mais 3 choses rendirent cela impossible. En premier lieu, le refus catégorique de Churchill d’abandonner la « clé de l’Asie ». La seconde chose, les Australiens, bercés pendant des années par la propagande impériale faisant du « Gibraltar d’Extrême-Orient », la clé de leur sécurité face au Japon, refusèrent toute idée de perte de celui-ci. Enfin, la place commandée par Lord Gort, qui a déjà évacué Dunkerque en 1940 dans des conditions similaires, tâche indélébile sur son honneur et qui lui ont valu ce commandement « placard », et qui voulait donc défendre l’île à tout prix.

Mais l’assaut entamé le 15 février est rude. Finalement Lord Gort, face à la déferlante, n’eut d’autre choix que de capituler le 23.

Dans le Pacifique centre cette fois, les Américains mènent leurs premiers raids contre des bases japonaises. À savoir, les installations nippones des îles Gilbert et Marshall. Wake et l’île Marcus (Minamitori en Japonais) ne sont pas non plus épargnées par la Task Force américaine, dont l’ossature est formée des porte-avions USS Enterprise et USS Yorktown. Plus au sud, les appareils de l’USS Lexington attaquent la base japonaise de Rabaul, dans l’archipel Bismarck, au nord des îles Salomon.

Ces raids cependant ne font que des dégâts mineurs… Mais cela n’empêche pas les Américains de préparer un raid d’une audace inouïe ! Et ce, pour les semaines à venir...

Alors qu’aux États-Unis, se déroule comme prévu la première conférence d’État-major officiel entre des officiers américains, britanniques et français, au Canada, les candidats anti-conscriptions sont largement battus dans 4 élections partielles. Dans le même temps, en Pologne occupée est crée l’AK, l’armée de l’intérieur polonaise, par la fusion de plusieurs groupes de résistance polonais. L’AK sera le bras armé en Pologne captive du gouvernement polonais en exil à Alger (qui compte par ailleurs plusieurs divisions dans son armée régulière qui se bat aux côtés des Alliés).

À Vienne, c’est un Führer d’apparence froide mais dont le visage stoïque cache mal son malaise intérieur, qui s’apprête à accueillir le Duce, Benito Mussolini.

En effet, le chef de l’Allemagne, inquiet de ses défaites en URSS (les rapports sur la situation près de Moscou sont chaque jour plus catastrophique), a convié Mussolini dans l’ancienne capitale des Habsbourgs pour, suprême humiliation, lui demander d’intervenir plus massivement encore en URSS qu’il ne le fait déjà.

Autrement dit, quémander de l’aide au dictateur transalpin…

Bien qu’officiellement, les deux tyrans font part de leur certitude en « une victoire prochaine de l’Axe » dans le communiqué finale de la conférence, l’Allemagne nazie est bien dans une situation fort complexe en Russie…

C’est ainsi que la fine fleur de l’armée italienne, soit 300 000 hommes (dont la redoutable Folgore (Éclair en Français), division parachutiste initialement destinée à un assaut sur Malte, la désormais fort compromise « Opération Hercule »...), qui gardaient jusque là le sud de la péninsule et la Sicile face aux Français, sont expédiés dans le secteur sud du Front de l’est, rejoignant les forces italiennes qui y étaient déjà engagées depuis l’année précédente, formant ainsi l’ARMIR (Armata Italiana in Russia) par adjonction des deux entités. « L’armée italienne en Russie » est désormais commandée par le général Italo Gariboldi, remplaçant du général Messe, critique de l’engagement italien à l’est…

Les renforts italiens prennent le relai de troupes allemandes qui se dirigent rapidement vers le front central afin d’aider à y éteindre l’incendie de la contre-offensive du général Joukov.

L’Axe prend un énorme risque en dégarnissant le front occidental. Mais les dirigeants nazis et fascistes estiment les Alliés incapables d’une quelconque action offensive contre le continent avant au moins un an et l’arrivée en masse d’un corps expéditionnaire américain. De plus, ils s’enivrent des triomphes nippons…

Peut-être que les « petits hommes jaunes » vaincront la toute puissante Amérique finalement.

Mais, Hitler s’avérera bientôt être tout le contraire d’un Cassandre pourtant. Il a tort mais tout le monde l’écoute...

En Asie de nouveau, Singapour a capitulé comme on l’a vu. Commence alors une marche à la mort pour les soldats du Commonwealth qui les conduira sur les chantiers de la route de l’invasion japonaise de la Birmanie et de l’Inde. Leur martyr sera raconté de manière un peu romancée par l’écrivain français Pierre Boulle dans son œuvre majeure Le pont de la rivière Kwaï (Boulle est également l’auteur de La planète des singes au passage). Notons que Boulle, présent à Singapour lors de l’invasion nippone, fait partie des rares rescapés ayant pu fuir vers Batavia. Mais la guerre n’était pas fini pour lui. Il devînt agent des SR (services de renseignements, nouvelle forme prise par le 2ème bureau français suite à sa refonte par de Gaulle) et de liaison entre les Alliés et la Résistance de Salan, repliée dans la jungle d’Indochine.

Parlons en de Salan justement.

L’Indochine, submergée, a été partagé entre les 2 alliés, Tokyo et Bangkok. La Thaïlande de Phibun reçoit ses 30 deniers. Les provinces de Battambang et Siem Reap, prises au Cambodge (dont le reste devient un État khmer, collaborateur, dirigé par le journaliste nationaliste, Son Ngoc Thanh) ainsi que l’intégralité du Laos. Mais d’autres annexions, cette fois aux dépend de la Malaisie et de la Birmanie britanniques, sont déjà en route pour le royaume…

Concernant le restant de la fédération, les Japonais ont fait proclamer quelques jours après leur arrivée à Hanoï par les nationalistes non communistes du Phuc Quôc Hôi, un « État du Vietnam », avec à sa tête le prince Cuòng Dê. Mais les Japonais, d’apparence victorieux, ne sont pas au bout de leur peine. En effet, Salan a pris le maquis avec le restant de ses forces.

C’est la genèse de la Résistance.

En Europe, Mountbatten a, en un temps record, établi son plan d’action contre la forme Joubert. Conscient de l’importance d’associer les Français à l’action, qui malgré tout vise à la destruction d’une installation qui aurait dû leur revenir après la victoire finale, le Britannique associe pleinement les Corps francs de la République, déjà impliqué dans les nombreuses actions « coup de poing » alliées contre les installations côtières allemandes en France captive. Moutbatten, qui depuis sa nomination à la tête des Combined Operations en octobre (jusque là, il commandait le HMS Kelly, un destroyer coulé durant la bataille de Crète par la Luftwaffe. Pour info, il aurait préféré commander un porte-avions) a noué des liens avec la résistance intérieure française qui lui seront utile à la fois pour l’opération présente, mais également pour d’autres à la fois encore plus ambitieuses et lointaines.

Aux Philippines, les erreurs du « Mac » ont permis aux Japonais de conquérir l’intégralité de l’archipel, les troupes locales étant coincées dans la petit péninsule de Bataan, au bord de la baie de Manille. Et pourtant, elles y mèneront une résistance héroïque ! Cependant aucun renfort ne viendra jamais… Les Japonais triomphent sur tous les fronts. Le seul où Mc Arthur l’emportera haut la main, c’est celui de la communication… Sa gloire, gagnée au prix du sang de ses troupes, et son don de l’emphase, en font bientôt le héros de toute l’Amérique… Mais celui-ci, imbue de sa personne (il parle de lui à la 3ème personne…) refuse l’ordre d’évacuation du président Roosevelt. Il veut au contraire, conduire la résistance intérieure, la guérilla contre l’occupant nippon.

En effet, si le « Frenchy » Salan a pu le faire, alors imaginez lui, le « Mac »…

À cet effet, il abandonne lors de l’offensive finale des Japonais ses malheureuses troupes et se fait déposer par une vedette rapide (Un PT-Boat) sur l’île de Leyte. C’est là que l’histoire dérape… À peine débarqué, il est capturé par une patrouille ennemie ! Ainsi commence l’épopée du « plus prestigieux prisonnier d’Amérique » que tout un peuple a juré de venger ! Dans un camp de prisonnier de l’archipel…

Et pourtant, sa Légende font que lors de l’inévitable reconquête alliée, sa captivité fera que l’Amérique sera irrésistiblement attirée par l’Archipel, en dépit du bon sens. Pour le pire...

Leyte, la horrenda insulae de l’Amérique dans cette guerre...

Singapour est tombée, l’Indochine est submergée, les Philippines conquises. Mais l’appétit de conquêtes des Nippons est loin d’être assouvi. Déjà le territoire des Indes néerlandaises est gangrené par l’assaut japonais (Balikapan et ses puits de pétrole est occupée). Et ça n’est que le début. D’ailleurs, n’est-ce pas pour le pétrole des Indes néerlandaises que le Japon a lancé sa grande offensive...

Une flotte d’invasion, dirigée par le contre-amiral, Takagi Takeo, se dirige vers l’île de Java et la capitale de la colonie, Batavia.

En face, les Alliés sont commandés par l’amiral néerlandais Karel Doorman. Si depuis les différentes crises asiatiques qui ont eu lieu depuis 1940 (on pense à l’Indochine) ont soudés les Alliés Anglo-Franco-Néerlandais, ces derniers ne savent que peu coopérer avec les Américains composant l’armada. Mais déjà étrillés en Mer de Chine méridionale, les Alliés sont en grande infériorité numérique. Néanmoins, l’amiral Doorman ordonne d’attaquer le convoi de Takagi pour y finir écrasé sous les obus nippons… et de couler avec son propre vaisseau amiral !

Submergés par l’assaut terrestre de l’infanterie nippone, harcelés par les Indépendantistes locaux qui se sont soulevés, Java capitule le 9 mars 1942. C’en est fini des Indes orientales néerlandaises.

La France exilée. Tome 2 : 1942 La roue tourne A29
Troupes japonaises victorieuses à Bataan (Source : Wikipédia)
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Message par Rayan du Griffoul Dim 14 Mar - 19:53

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Message par Wardog1 Dim 14 Mar - 22:16

Ce chandra bose était tout de meme assez stupide(ou aveugle)pour penser que les Japonais allaient laisser son pays devenir indépendant si les britanniques en étaient chassées...
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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 14 Mar - 22:22

Si tu savais à qui il a demandé de l'aide à l'origine... Staline puis Hitler ! Les Japonais n'arrivent qu'en troisième. C'est l'anti Gandhi. IRL il a même aidé à créer une unité SS "indienne libre" !
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 15 Mar - 11:14

Le même profil que Sun Yat-Sen ou même Pilsudski à ses débuts. L'important est de vaincre l'occupant, tout ce qui se passe après n'est pas encore à l'ordre du jour.
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Message par LFC/Emile Ollivier Mar 13 Avr - 10:29

Chapitre 3 : Partie remise pour Staline

« L’armée allemande est épuisée. Nos contre-attaques se transforment en contre-offensives. […] Nous attaquons et allons attaquer sur tous les fronts. L’armée allemande, en fin de compte, n’est pas si forte que cela. Sa réputation est très surfaite. »
Staline aux représentants français et britanniques. Février 1942.

Staline s’emballe et ordonne de « ne laisser aucun répit aux envahisseurs ! ». Au Centre, la contre-offensive soviétique continue. Ainsi le front de Kalinine contourne Rjev par l’ouest, isole le 23ème corps d’armée du reste de la IXème armée, créant ainsi un importante saillant au nord-ouest de Moscou. La pression est telle que l’encerclement apparaît la seule option si l’évacuation n’est pas ordonnée rapidement. Et encore, l’offensive soviétique est si forte, que seul un miracle permettrait de maintenir le cordon sanitaire vers le reste du front allemand suffisamment longtemps pour permettre ce repli.

Ce miracle s’appelle Walter Model. Une fois Hitler convaincu de l’absolue nécessité d’évacuer le saillant (« Mais pas au-delà de Vyazma ! » tranche le dictateur allemand), il parvient en ralliant son armée en déroute à tenir suffisamment longtemps sous les bombardements aériens des Soviétiques, pour permettre à sa force de se replier en relatif bon ordre vers Vyazma donc. Arrivée sur place, elle réussira à y arrêter l’offensive russe en adjuvant sa puissance de feu à celle des forces qui y étaient déjà présentes. Mieux, Model et von Kluge y parviennent alors que leur logistique est harcelé par des « partisans », en fait des fantassins russes ayant échappés à la capture en 1941, rejoints par des milliers de parachutistes envoyés en renfort.

Au nord, le combat enragé continue entre les Soviétiques commandés par le général Vlassov, qui tentent de dégager les assiégés de Leningrad, et les assiégeants nazis, qui veulent maintenir leur étreinte mortelle sur l’ancienne capitale des Tsars ! Ce combat ressemble fort à une réédition orientale de la bataille de la Somme ou de Verdun du précédent conflit car depuis septembre, les Allemands ont très solidement fortifiés leur flanc droit. On se bat à la baïonnette dans des tranchées prises et reprises successivement tandis que les rares percées des chars russes sont colmatées par des contre-attaques panzers. Ainsi, la résistance de ses forces, pourtant diminuées, sur un équivalent de la Ligne Hindenburg, convaincra le Führer, dans un avenir très proche, de la possibilité de tenir à l’est en fortifiant massivement le front.

Mais c’est une autre histoire…

Mars arrive et avec lui la boue conséquence logique des importantes pluies printanières, stoppant nette la contre-attaque soviétique au Nord et au Centre.

Certes, l’armée allemande n’a pas été détruite, loin s’en faut, mais Moscou est sauvée et l’Armée rouge a prouvé qu’elle était en mesure d’infliger un grand revers à la Wehrmacht. Mieux, Moscou apparaît bien à l’abri, l’ennemi étant rejeté à 235 kilomètres de la capitale, encore s’agit-il d’une pointe avancée !

Commence alors, côté nazi, les réflexions quant à la suite à donner aux opérations. Où attaquer à compter du printemps 1942 ? Car oui, Hitler, non seulement veut attaquer encore mais surtout, doit attaquer, pour espérer en finir avec ces maudits Russes, qui sans cela pourrait reconstituer entièrement leurs forces ! Hitler commence alors à lorgner vers le sud, le Caucase et son pétrole. Conscient qu’il est de l’importance de contrôler les ressources dans ce conflit titanesque. A fortiori pour un « pays restreint, à l’industrie limitée. » comme l’Allemagne. Ainsi que l’avait prédit en juin 1940 Hausamann…

En Europe de l’ouest, l’opération Chariot/Char est déclenchée. Elle repose sur l’effet de surprise car Saint-Nazaire est la base nazie la mieux fortifiée d’Europe occidentale, après Brest. Tandis que l’aviation alliée mène un raid pour distraire les défenseurs, une flotte de vedettes franco-britanniques travers l’estuaire de la Loire ainsi qu’un navire rempli d’explosifs est déposé à l’extrémité de la forme Joubert. Des vedettes surgissent des Corps francs et des British commandos qui s’en prennent à 24 cibles différentes dans la ville portuaire.

L’opération est un succès total. Tandis que la cale sèche est anéantie, les forces spéciales alliées se retirent avec des pertes minimes en ayant remplie tous leurs objectifs, mettant à mal le mythe nazi de l’inviolabilité du « mur de l’Atlantique » et l’impression de puissance de l’armée allemande en général. Ce succès rehaussera encore le moral du peuple français, éprouvé par la dureté de l’occupation. Notons l’importance, au niveau du renseignement, du réseau de la « Confrérie Notre-Dame-Navarre» ou « CND-Navarre », réseau résistant né de la fusion entre la « Confrérie Notre-Dame », fondée par Gilbert Renault, le « colonel Rémy », proche de l’Action française et le réseau « Navarre » de Georges Loustaunau-Lacau, autre militant de la droite extrême.

Hitler n’a pu qu’à enrager tandis que Lord Mountbatten obtient la Victoria Cross ainsi que la Légion d’honneur. Le Tirpitz restera en Norvège. Les malheureux Nazairiens, eux, subiront le courroux nazi. Exécutions d’otages et destruction des quartiers entourant la base navale allemande...

En Orient, la vague nippone continue de se répandre. Cette fois, c’est la Birmanie qui est touchée. Et pourtant, les plans de Tokyo ne prévoyaient nullement l’invasion et l’occupation de cette colonie britannique ! Tout au plus fin décembre, les 2 divisions de la XVème armée, après avoir traversée une Thaïlande favorable, ont pénétré dans le sud du pays et atteint Moulmein au terme d’une promenade militaire. En effet, les Anglais se sont bien peu intéressés à la défense de ce territoire, ce qui laisse les défenseurs fort démunis à l’heure de cette pourtant si modeste offensive… Citons Ève Curie, fille de Marie Curie, correspondante de « La France combattante » dans la région.

« Au moins, dira-t-on, les Anglais doivent avoir des armes modernes, des armes d’Occident, pour faire cette campagne de Birmanie ? Pas le moins du monde : C’est l’Homme Jaune qui possède le matériel moderne. Les Japonais se battent avec des mitraillettes contre des fusils, ils opposent des centaines d’avions à des dizaines d’avions : le ciel est presque vide d’avions anglais […]. Dans les îles britanniques, en Afrique du nord et en URSS, une fois unique, un idéal commun soulèvent d’enthousiasme trois grands peuples. En Birmanie, une armée coloniale mal équipée doit affronter à la fois un ennemi fanatique et une populations indigène en partie infidèle. » (Ève Curie, Voyage parmi les guerriers, 1944).

Notons que Georges Orwell, ancien policier colonial en Birmanie, avait noté le peu de fidélité si ce n’est la haine des Birmans envers ses occupants britanniques dans Une histoire birmane (Burmese Days pour son titre original).

Tandis que les Australiens, paniqués, imposent à Londres de rapatrier pour la défense du Homeland leurs 2 dernières divisions encore en poste en Afrique du nord (et initialement prévues pour participer à Battleaxe/Hache de guerre, la libération de la Grèce), les autres ayant été anéanties en Malaisie, Londres doit gratter les fonds de tiroir pour assurer la défense de sa colonie, et celle de l’Inde (tout en maintenant une force importante en Afrique face à une quoi que peu probable attaque brusquée germano-italienne). Singapour tombée, les Japonais décident finalement d’en profiter pour pousser plus loin leurs succès en s’emparant de la Birmanie et de ses ressources en riz, pétrole et tungstène, pour se forger un glacis protecteur à l’ouest de leur désormais immense empire et, enfin couper la route de Birmanie, dernière voie de ravitaillement de la Chine de Tchang-Kaï-Tchek après la chute de l’Indochine et Hong Kong. Tandis que Londres doit transporter ses renforts sur une longue distance, la force d’invasion nippone est immédiatement disponible. L’assaut reprend les méthodes de l’exilé intérieur, Yamashita. Tandis que les Japonais fixent les défenseurs, une force mobile les contournent par la jungle et les prend de revers.

Le 8 mars, Rangoon tombe. Churchill décide alors de nommer à la tête des troupes britanniques de Birmanie le fraîchement nommé lieutenant-général William Gott. Officier impétueux et caractériel, surnommé Strafer(le « mitrailleur ») à cause de sa fougue, il a tout pour plaire à Churchill qui voit en lui rien moins que le sauveur des positions anglaises dans la région. Cependant, Alan Brooke, chef d’État-major impérial se méfie de cette nomination et tente de s’y opposer.

Et de fougue, Gott n’en manque pas comme nous le verrons…

Le dirigeant chinois, inquiet à l’idée de la coupure de la « Route de Birmanie », dernière voie de ravitaillement pour son pays et son armée, envoie une centaine de milliers d’hommes en renfort pour couvrir ce véritable cordon sanitaire. Or, Gott, d’accord avec l’Américain Stillwell, se décide non pas à se cantonner d’une position défensive, mais lancent une contre-attaque générale en direction de Rangoun, en dépit de la nette réticence des officiers chinois !

Les Japonais, qui ont reçus des renforts de troupes libérées par la chute de Singapour et la « conquête » de l’Indochine, n’en demandaient pas tant ! Ils laissent les Alliés s’enfoncer dans leur dispositif tout en conservant leur propre cohésion puis, encore une fois par la jungle, prennent par revers leurs ennemis. Près de 25 000 britanniques, soit la moitié de forces disponibles, sont pris au piège, le reste s’enfuient vers l’Inde où Stillwell, lui-même déjà écrasé, les a précédé avec son État-major, laissant un amer goût d’abandon chez les Chinois…

Dans des conditions dantesques, tenaillés par la chaleur, la soif et la faim, dans un pays presque démuni de routes, l’armée britannique et 9 000 chinois se replient vers l’Inde tout comme des centaines de milliers de civils, principalement Indiens, fuyant l’avance japonaise. Après la chute de Mandalay, habilement relayée par la propagande du Régime de Tokyo, le 2 mai, seule l’arrivée de la mousson, le 12 de ce même mois, stoppe l’avance japonaise vers le cœur du Raj.

Gott meurt lui-même du paludisme, contracté au cours de la retraite, peu après.

Les Japonais, bloqués par les pluies intenses, sont de toute façon bien trop épuisés eux-mêmes par la faim, les maladies et 4 mois de campagnes ininterrompues pour continuer. Ils se contentent pour continuer à se montrer menaçant, de poursuivre le démantèlement de l’empire britannique en laissant Aung San, dont les troupes les ont bien aidés dans leur offensive, proclamer un « État birman » le 1er juin.

Néanmoins, écrasés sur terre, les Britanniques sont mêmes, et c’est un comble, également contraint à la fuite dans l’océan indien. L’un de leurs 2 porte-avions dans la région, le vieillissant HMS Hermes est coulé tandis que le HMS Illustrious, plus moderne et donc encore plus précieux, ne trouve son salut que dans la fuite vers la base française de Diego Suarez, sur l’île de Madagascar, face au puissant raid conduit dans cet océan par la marine impériale japonaise. Les Nippons se replient presque sans pertes non sans avoir mis à mal le commerce britannique dans la région.

Heureusement pour Churchill, le succès de Saint-Nazaire, plus proche géographiquement et qui met un terme à un danger plus immédiat pour la Grande-Bretagne, permet de facilement faire oublier à l’opinion publique anglaise ces désastres...

En Europe, tandis que l’armée allemande souffre énormément en Russie, les Occidentaux entament leur propre offensive, entièrement aérienne celle-ci, en commençant à détruire les villes allemandes. La première victime est Cologne, ravagée lors de l’opération Millenium/Millénaire par près de 1200 bombardiers franco-britanniques. L’un d’eux est commandé par rien moins qu’Henri-Laurent Daillière, connu pour être le premier aviateur à avoir bombardé Berlin le 7 Juin 1940 avec le « Jules Verne », un Farman F.222 ! Daillière est désormais aux commandes d’un bombardier plus moderne fourni par les Américains. Il participe à l'opération bien que lui et son équipage soient condamnés à mort par les autorités nazies ! En effet, bien que ses supérieurs aient voulus les placer à des postes moins exposés (lutte anti-sous-marine notamment), Daillière et ses hommes ont insisté pour faire partie des gigantesques formations de bombardiers alliés qui matraquent le Reich afin, comme le dit Daillière, de « venger la nation française foulée au pied par l'ennemi allemand ! »

En France occupée justement, le gouvernement, en la personne de Fernand de Brinon, annonce l'instauration du Service du Travail Obligatoire suite aux demandes de main-d’œuvre des Allemands, représentés par Fritz Sauckel. Le « chef de l’État national » justifie la mesure en expliquant que le STO est la participation française à la guerre menée par l'Allemagne contre le Bolchevisme. En dépit de la propagande promettant des salaires plus élevés en Allemagne qu'en France et de l'action de la garde nationale légionnaire et des soldats allemands qui traquent les réfractaires, le STO servira plus à gonfler les rangs de la Résistance qu'à aider à augmenter la productivité des usines du Reich, à tel point que la Résistance intérieure aura parfois bien du mal à nourrir ses nouvelles recrues !

C’est un Japon enivré de ses victoires spectaculaires qui subit le courroux de la puissante Amérique en ce 18 avril 1942 ! En effet, 16 bombardiers B-25, ayant décollés du porte-avions USS Hornet (ce qui constitue un véritable exploit) parviennent à atteindre l’archipel japonais et à y larguer quelques bombes, dont certaines sur Tokyo. La plupart des équipages parviennent à s’échapper en se posant en Chine libre tandis que 3 des 8 Américains capturés par les Japonais sont exécutés par eux pour « avoir bombardé un objectif civil ». Mais cette vengeance apparaît bien douce comparée au sort que réserveront les Japonais aux Chinois ayant soutenus les pilotes alliés… Ceux-ci seront en effet massivement massacrés tandis qu’une offensive nippone leur permet de détruire les aérodromes qui devaient justement accueillir les appareils ayant participé au raid.

Cette victoire américaine de pure propagande sera cependant lourde de conséquence, à l’heure où Yamamoto cherche à pousser l’Amérique, dont les porte-avions sont justement intactes, dans une grande bataille navale décisive. Elle lui donne en effet raison quant au fait que l’existence des porte-aéronefs US constitue une menace grave pour l’empire du soleil levant.

Or, et ce quasiment depuis le déclenchement des hostilités, un vif débat, si ce n’est un conflit, oppose l’armée de terre et la marine impériale concernant la suite à donner aux opérations. Les « terriens » ne rêvent que d’URSS et de liquidation de la résistance chinoise (l’armée de terre prépare même l’opération Go Gô, une offensive sur Chongqing, capitale provisoire de la République du Chine !). Les « marins » eux, souhaitent pousser plus loin dans le Pacifique et en direction de l’Inde.

Or, les évènements du conflit, comme par exemple les échecs allemands en Russie et le fait qu’il ai fallu « vider » le Mandchoukouo de ses forces pour attaquer au sud tandis qu’au contraire, l’offensive contre les Occidentaux est un franc succès, vont clairement dans le sens de la marine impériale, à la grande déception de Tojo qui perd de son influence.

Mieux, l’action de Doolittle conforte l’empereur et les principaux dirigeants japonais dans le fait que l’objectif de Yamamoto, qui est de détruire la force aéronavale américaine avant toute chose, est bien l’action à prioriser.

Pour le commandant en chef de la marine impériale, qui a pleinement conscience du risque que fait peser sur l’empire nippon l’aéronavale américaine, dernière menace dans un avenir proche pour la sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale après que le raid conduit dans l’océan indien par la marine japonaise eut expulsé la Royal Navy de celui-ci comme nous l’avons vu, choisit une cible que les Américains ne pourront en aucun cas abandonner aux Japonais, du moins sans combattre et donc sans engager leurs propres porte-avions.

Le bien nommé atoll de Midway, situé à mi-chemin de l’Amérique et du Japon et véritable tremplin pour envahir ensuite les îles Hawaï !

Pour se faire, Yamamoto réunit 4 porte-avions lourds (Kaga, Akagi, Soryu et Hiryu) qui seront escortés d’une puissante armada. En attendant, 2 porte-avions lourds, les Zuikakuet Shokakuainsi que le léger Shohoconduiront l’offensive MO, l’attaque de Port-Moresby ainsi qu’un débarquement sur l’île stratégique de Tulagi, dans les Salomon, sous la direction du vice-amiral Shigeyoshi. Si l’Amérique réagit, comme elle l’a toujours fait pour défendre les voies de communication entre elle et l’Australie, ses forces seront affaiblies avant l’assaut sur Midway. Dans tous les cas, le Japon avancera ses pions dans son projet d’isolement de l’île-continent justement (sauf en cas d’échec grave bien entendu…).

Or, Nimitz, dont les crypte-analystes ont cassé partiellement les codes militaires japonais, est au courant de l’attaque et décide d’y faire face avec ses Yorktownet Lexingtonsous le commandement de l’amiral Fletcher. Les Japonais devinent la présence des porte-avions adverses lorsque les appareils américains bombardent la force d’invasion de Tulagi. Immédiatement, les unités lourdes nippones s’élancent en direction de la mer de Corail pour affronter leur ennemi.

La bataille de la mer de Corail, la première bataille aéronavale de l’histoire, est sur le point de commencer.


La France exilée. Tome 2 : 1942 La roue tourne 800px-11
Un bombardier américain décollant du pont de l'USS Hornet, lors du « Raid de Doolittle ».
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 13 Avr - 11:06

Toujours un plaisir de voir une nouvelle livraison Emile!
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Message par LFC/Emile Ollivier Lun 7 Juin - 7:32

Chapitre 4 :  Prendre les devants
« Nous Libanais, avons décidé de conserver le drapeau tricolore en signe d’amitié avec la France qui, bien avant l’Angleterre avec nos frères arabes, a choisi la voie de la collaboration entre peuples égaux au lieu de celle de la domination coloniale. »
Émile Eddé à l’ambassadeur égyptien, 1947.

La déclaration de guerre allemande aux États-Unis le 11 décembre 1941 mit fin à la « guerre froide » (bien que le terme soit anachronique) opposant les 2 puissances dans l’océan atlantique depuis le début de l’année et qui allait en s’intensifiant, les U-Boote attaquant désormais sans ordre les navires américains.

Dönitz, commandant la flotte sous-marine nazie, prépara « un grand coup » contre le commerce américain dès l’annonce de la déclaration de guerre. Pour se faire, il obtînt carte blanche d’Hitler soit 12 U-Boote de type IX, les seuls capables à l’époque d’atteindre à l’époque les côtes américaines. En effet, le Führer, dont les déboires à l’est commencent à être patent, est pleinement conscient que l’aide américaine, si elle arrive encore plus massivement aux Franco-britanniques, leur permettra à terme de reconstituer un second front à l’ouest.

Ce qui signifierait rien moins que la défaite de l’Allemagne…

Les 12 sous-marins ont comme consigne de ne rien attaquer sur leur chemin, sauf « prise de valeur », transport ou gros navire de guerre. Vers le 10 janvier, les premiers vaisseaux nazis sont sur place et commencent leur œuvre de mort, bien que Dönitz ne déclenche officiellement l’attaque que le 13 janvier.

L’opération Paukenschlag ou Roulement de tambour/Drumbeat pour les Alliés.

Les Américains ne sont absolument pas préparés à cette offensive, pourtant d’une bien faible ampleur. Pas de black-out et encore moins de système de convois, et ce en dépit des suppliques des Alliés franco-britanniques ! Presque 2 navires sont coulés par jour par les Allemands jusqu’à la fin de la première vague, le 6 février.

On aurait pu croire que s’arrêterait là le martyr de la marine marchande américaine, toujours réticente à l’idée de s’organiser en système de convois. Mais c’est sans compter sur le système de sous-marins ravitailleurs, les Milchkühe (Vaches à lait en Français) qui permet même désormais au Type VII d’atteindre les côtes américaines.

Le carnage continue, une bonne centaine de bâtiments supplémentaires sont coulés avant qu’à la mi-avril, l’Amérique organise enfin son trafic maritime oriental en convois.

Mais déjà, les U-Boote avaient commencés à attaquer dans le golfe du Mexique. Ils y frappèrent 2 mois avant que Dönitz, face à la baisse des résultats et à la hausse proportionnellement inverse des pertes, ne replie ses bâtiments dans l’Atlantique nord.

Organisée en convois, la marine américaine allait désormais pouvoir transporter massivement des troupes et du matériel de l’autre côté de l’Atlantique. Au Levant, comme promis par Georges Mandel au mois d’octobre précédent, la république libanaise et la république fédérale de Syrie accèdent à l’indépendance le 1er avril. Cette dernière est composée de 4 entités. L’État alaouite le long de la côte, l’État kurde au nord-est, l’État druze au sud et la République syrienne en elle-même sur le reste du territoire. Cette fédéralisation a été voulue par Alger, désireuse d'empêcher la majorité arabo-sunnite de « vampiriser » l'intégralité du pouvoir en écrasant démographiquement les minorités. Le Liban du président Émile Eddé, lui, repose sur le « Pacte national », véritable partage officieux du pouvoir entre les 3 grandes communautés que sont les Chrétiens (qui obtiennent le poste de président de la république), les Sunnites (qui obtiennent celui de premier ministre) et enfin les Chiites (qui ont eux la présidence de la Chambre des députés). Notons que le Liban conserve le drapeau mandataire tricolore bleu, blanc, rouge avec le cèdre en signe d’amitié avec la France.

La France exilée. Tome 2 : 1942 La roue tourne A11

Si le Liban choisit cette date du 1er avril comme fête nationale, la Syrie, elle, prendra la date de la visite de Mandel à Damas le 12 octobre. Notons que ce sont les pressions anglaises qui ont empêchés l’intronisation d’un roi hachémite pour la Syrie. Ainsi, la forme d’une fédération républicaine restait la seule option viable. Le premier acte des 2 gouvernements syriens et libanais en tant que dirigeants de nations indépendantes est la signature de traités d’amitié et de coopération avec la République française. De plus, la France maintient une présence militaire et des bases dans les 2 pays. La Syrie et le Liban déclarent également dans la foulée la guerre aux puissances de l’Axe.

Churchill n’aura même pas le temps de peaufiner sa réaction (colérique, cela va de soit) face à ce dont il sait que les organisations sionistes considéreront comme un casus belli, que l’Irgoun et le groupe Stern lance une série d’attaques contre les troupes britanniques de Palestine mandataire ! L’objectif pour les Sionistes n’est rien moins que la Grande-Bretagne tienne sa promesse de constituer un foyer national juif en Palestine. Les Juifs de Palestine sont aussi échaudés par le fait que les autorités britanniques refusent systématiquement d’accorder des visas pour la Palestine aux Juifs de Roumanie transportés vers la Turquie par le service maritime roumain et qui s’installent en désespoir de cause au Liban. Le représentant de Londres à la tête du mandat, Harold MacMichael, aura ses mots cruels : »« Le destin de ces gens a été tragique, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de citoyens d’un pays en guerre contre la Grande-Bretagne venant d'un territoire sous contrôle ennemi ».  Pire, Lord Boyne, ministre britannique des colonies, aura ses mots dramatiques devant la Chambre des Lords.

«  La Palestine est trop petite et déjà surpeuplée pour accueillir les trois millions de Juifs que les sionistes veulent y amener »...

Et pourtant, grâce au pasteur antinazi Dietrich Bonhoeffer, qui est entré en contact avec des agents français et britanniques, les Alliés ont appris que les Nazis ont entamé une politique de destruction systématique des populations juives de l’Europe occupée. Ces informations concordent avec celles regroupés par les Occidentaux et en provenance des différentes cellules de résistance à travers toute l’Europe, particulièrement les cellules polonaises, en première ligne face à la barbarie allemande… Bonhoeffer demande également un soutien pour renverser Hitler et, dans ce cas, obtient une oreille beaucoup plus attentive des Français, qui, ne l’oublions pas, patronnent le « Comité de l’Allemagne libre » que des Britanniques, qui voit en lui un agent provocateur ! Néanmoins l’agent du Deuxième bureau qu’il rencontre le mettra en garde. Si les Nazis sont renversés, l’Allemagne subira quand même son châtiment (démilitarisation, épuration politique et occupation) afin qu’elle cesse d’être une menace pour la paix mondiale avant de conclure que celui-ci sera de toute façon moins terrible que s’il faut terminer la guerre à Berlin. Bonhoeffer comprend le message et le transmet aux chefs de la résistance intérieure allemande regroupés autour de Carl Friedrich Goerdeler.

À la décharge de Churchill, celui-ci a une autre formidable qualité après sa francophilie. C’est un ami des Juifs. Rapidement apaisé, il décide dès lors de ne mener qu’une répression limitée contre les organisations juives en guerre avec ses troupes ce qui apaisera vite la situation tandis qu’il ouvre, certes de façon limitée, les frontières du mandat aux rescapés du Nazisme en signe de bonne volonté. Bien qu’il se fusse emporté terriblement contre de Gaulle en Octobre comme on l’a vu, l’idée d’une grande monarchie hachémite regroupant la Transjordanie et le mandat palestinien le séduit tout de même, car il s’agira d’un État croupion du Royaume-Uni dans la région.

Reste à convaincre les Sionistes…

Pendant que se déroulent ces événements cruciaux pour l’avenir du Levant, un évènement d’importance touchant le domaine militaire et concernant la France se produit en Allemagne, en Saxe. En effet, le général Henri Giraud s’évade la forteresse-prison de Kœnigstein ! Hitler, furieux de l’évasion, fait exécuter les officiers français dont il considère qu’il y ont participé, et ce parfois sur de simples présomptions ! Heydrich et Himmler lance la traque de l’officier français, dont ils ont ordonné la mise à mort mais celui-ci parvient à atteindre sans mal le nord de la France (après avoir traversé le Reich) et à rejoindre Alger via l’Angleterre. Cette évasion spectaculaire provoque l’enthousiasme en Afrique française du nord. Mandel nomme immédiatement Giraud à la tête de la 1ère armée française, qui doit bientôt se lancer à la conquête du continent (et les Alliés penchent de plus en plus pour un assaut en direction de la Sicile dans leurs conversations auxquelles participent Noguès, désormais adjoint d’Eisenhower, commandant suprême allié, et Catroux, dont on a estimé la présence auprès de l’Américain plus importante qu’à commander le théâtre nord-africain, confié au général Delay).

Heureusement pour la République, ce général se contentera d’obéir au gouvernement (avec comme seul mot d’ordre, la victoire !) et ne mettra jamais en avant ses idéaux réactionnaires…
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 8 Juin - 22:23

Hâte de voir ce qu'il va advenir du Moyen Orient sur le plus long terme.
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Message par LFC/Emile Ollivier Mar 22 Juin - 19:51

Chapitre 5 : Dans l’antre de la bête
« Je jure solennellement de participer au redressement national.
Contre l’ancien Régime, pour l’Ordre nouveau.
Je m'engage à rester fidèle et à œuvrer à la reconstruction de la patrie.
Servir ! Obéir ! Lutter !  »
Serment de fidélité à l’État national français.

21 juin 1942 : Des dizaines d’arrestations venaient d’être procédé dans les milieux extrémistes de droite de l’Algérie. Le motif invoqué avait été que ces organisations contrevenaient au décret-loi Marchandeau du 21 avril 1939 qui prévoit des poursuites « lorsque la diffamation ou l'injure, commise envers un groupe de personnes appartenant, par leur origine, à une race ou à une religion déterminée, aura eu pour but d'exciter à la haine entre les citoyens ou les habitants ».

En réalité, la situation était bien plus grave…

Au nom de la liberté républicaine, Mandel n’avait jusqu’ici jamais attaqué directement les milieux antisémites, fortement actifs en Algérie en dépit de leur relatif faiblesse numérique, et s’était contenté de les placer sous étroite surveillance. Mais désormais, la situation rendait l’action vitale. En effet, un agent de la résistance intérieure, infiltré dans les plus hautes sphères de l’État national collaborationniste, avait informé le gouvernement français qu’en riposte à l’assassinat de Pierre Laval, les traîtres avaient ordonnés l’exécution de Mandel ! La « main de Judas » devait être un membre des « Briscards » de 17 ans, formé aux armes par l’ancien commissaire central de Constantine, Miquel (l’un des meneurs du groupe avec le docteur Guigon, un autre antisémite notoire…) et donc trop jeune pour être mobilisé...

Lors des perquisitions, de nombreuses armes, mais également des matériels de communication, ainsi que des messages en provenance directe d’Europe, et confirmant les informations de la Taupe, avaient été découverts ! Dire que ces informations provenaient d’une taupe du réseau Klan, que l’informateur était une taupe du « Colonel » François de la Rocque !

Mandel oublia vite au nom du Front commun que son sauveur était un membre de la droite dure, si ce n’est extrême, et ordonne que la Légion d’honneur soit remise à ce « Morland » une fois que son identité sera connue.

Elle lui sera effectivement remise en décembre de cette même année lorsqu’il réussit à rejoindre l’Algérie suite à sa fuite contrainte consécutive au démantèlement de « Klan » par la Gestapo et la « Garde nationale légionnaire », démantèlement auquel de la Rocque n’échappa pas. Il mourut en déportation en 1944.

Morland pouvait désormais recevoir sa Légion d’honneur en tant que récipiendaire François Mitterrand.

Et pourtant, devenu président conservateur de la république française dans les années 1980, il dû subir les attaques de son opposition de gauche, conduite par son ennemi intime, Jacques Chirac, qui n’avait de cesse de ressasser son soit-disant passé de « collabo » en tant que haut-fonctionnaire au ministère de l'Économie nationale dirigé par René Belin.

Certes, c’est en tant que « personne sûre » (à l’instar d’un Darnand, qui connu un tout autre destin) que Mitterrand fut libéré en juillet 1941 du Stalag IX A, dans le but de rejoindre la haute-administration de l’État national, en manque critique de personnel. Pour cela, il reçu la caution d’anciens « amis de jeunesse » cagoulards, Simon Arbellot et Gabriel Jeantet.

Confiance bien peu méritée...

En effet, c’est bien Mitterrand qui le premier informa la résistance de l’organisation de la vaste rafle dite du « Vel d’Hiv » de juillet 1942, ce qui lui permit de s’organiser pour sauver un maximum de Juifs, qu'ils soient Français ou étrangers (et y parviendra en grande partie), anticipant les consignes d’Alger, évidemment bien trop tardives face à l’imminence du crime. Le futur chef de l’État avait en effet appris qu’une vaste campagne d’arrestations des Juifs de France allait être lancé car son ministère peaufinait la spoliation des biens des futures victimes !

Notons qu’il n’y a pas que des garde nationaux qui suppléent l’armée allemande dans sa triste tâche. Ainsi, les débris de la police et de la gendarmerie française qui ont ralliés le Régime collaborateur soutiennent également le crime. Néanmoins, le plus souvent, les policiers et les gendarmes français, résistants ou tout simplement humains, font de leur mieux pour prévenir les Juifs du sort qui les attend, parallèlement et souvent sans liaison avec l’armée des ombres. Ainsi, de nombreuses personnes échapperont à l'arrestation et parviendront à se cacher, aidées en cela par la Résistance. Notons d’ailleurs, qu’à l’issue du conflit, 75 % des Juifs présents en France, qu’ils soient Français ou étrangers, échapperont à la déportation.

Mandel dénoncera cette rafle sur les ondes de Radio-Alger ainsi que de Gaulle et les plus hautes personnalités du cabinet de la République. Les Français prennent conscience du sort qui attend leur malheureux frères juifs mais des milliers de personnes sont tout de même regroupées dans des camps partout en France, notamment dans celui tristement célèbre de Drancy. Des ordres sont rapidement donnés à la résistance en vue d'empêcher dans la mesure du possible les déportations vers la Pologne.

Néanmoins, la photo du président français, serrant la main de Pierre Laval et arborant la « Francisque », la plus haute distinction de l’État félon, sera bel et bien en couverture du livre de Pierre Péan, Une jeunesse française, publié en 1988.

Pourtant, on ne peut qualifier le François Mitterrand, surtout celui de l’époque, « d’ami des Allemands ». N’est-ce pas lui qui, désormais Ministre des Anciens Combattants et Victimes de guerre dans le cabinet de de Gaulle, s’exprimant dans les colonnes du « Petit Journal », organe du PSF dans le France libérée, eut ses mots cruels envers les Allemands des provinces orientales du Reich et fuyant l’avancée implacable de l’Armée rouge.

« Il paraîtrait que l'Allemagne perd la guerre. Il me semble que c'est effectivement le cas. J'ai vu les images de ces flots de réfugiés pitoyables venus de Prusse et des provinces orientales du Reich. Jamais spectacle aussi beau ne fut offert à mes yeux. Vous allez me dire qu'il y a la Libération de Paris. Certes, mais Paris, c'est notre liberté. La Prusse, c'est leur destruction, leur débâcle, leur écrasement ! Sedan, les 2 Sedan, sont effectivement sur le point d'être vengés. Les cortèges de fuyards, des ces Prussiens hier si arrogants, aujourd'hui si pathétiques, est la plus belle revanche accordé à nos pious-pious de 1870, 1914 et 1940 ! La cruauté de Bismarck a donc trouvé ici sa punition, que dis-je, son juste châtiment ! L'Allemagne est au bord du gouffre. Poussons là ! »

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Message par Amon luxinferis Mar 22 Juin - 20:08

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Message par Collectionneur Mer 23 Juin - 18:46

Concernant la partition du Levant. Une Syrie sans accès à la mer est elle viable ? Pour l'état kurde, Ankara a du avoir une apoplexie 🤣
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Message par LFC/Emile Ollivier Mer 23 Juin - 18:55

Collectionneur a écrit:Concernant la partition du Levant. Une Syrie sans accès à la mer est elle viable ? Pour l'état kurde, Ankara a du avoir une apoplexie 🤣

La Syrie a un accès à la mer, c'est juste que la côte fait partie de l’État alaouite, une entité fédérée. Oui les Turcs n'ont pas appréciés :p
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Message par Thomas Mer 23 Juin - 20:01

Collectionneur a écrit:Concernant la partition du Levant. Une Syrie sans accès à la mer est elle viable ? Pour l'état kurde, Ankara a du avoir une apoplexie 🤣
Une Syrie indépendante sans accès à la mer serait "viable", mais avec une économie faible qui aura plus de mal à se dévelloper.
Quant aux Kurdes la Turquie des années 30/40, aura bien du mal dans cette TL à s'opposé à cela si c'est une volonté des Alliés. L'idée pourrait même être soutenu par l'URSS.

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Message par LFC/Emile Ollivier Lun 12 Juil - 19:32

Chapitre 6 : Chocs
« Tout d’abord, une puissante masse de blindés et d’infanterie partant du sud d’Orel et du secteur de Koursk enfoncera les défenses soviétiques vers Voronej, sur le Don, à mi-chemin entre Moscou et le bassin du Donets. De la sorte, on fera croire aux Soviétiques que Moscou reste la cible de l’opération (...) »
Extrait de la directive n°41 sur la conduite des opérations à l’est et ordonnant le déclenchement du Plan bleu/Fall Blau.

L’armée allemande a grandement souffert depuis juin, et notamment pendant l’hiver 1941-1942. Elle n’aligne plus à l’est que 2 510 000 hommes soit 750 000 de moins que le 22 juin 1941. Sans compter que selon le maréchal Keitel, chef de l’OKW, cette dernière « fond de 70 000 à 80 000 hommes par mois ». Ainsi, au sortir de l’hiver, les divisions allemandes au sud ne sont plus qu’à 50 % de leur effectif théorique tandis que celles des groupes situés plus au nord ne sont guère mieux lotis avec seulement 60 % de leur effectif normal. Ainsi, l’Allemagne et contrainte de gratter les fonds de tiroirs, et ceux-mêmes, et c’est une tare, dans son industrie ! Pour compenser cette hémorragie, Hitler s’appuie également massivement sur ses alliés italiens, comme on l’a vu, mais également roumain, hongrois et slovaque bien que leur rôle sera celui de garder les futurs flancs démesurément étendus de la Wehrmacht sur le fleuve Don.

Au niveau stratégique, la réussite initiale du plan bleu repose sur un leurre comme on l’a vu. Faire croire à Staline et à la STAVKA que l’objectif de l’attaque est Moscou. Dans cet but est mis en place l’opération Kremlin. Multiplication des opérations de reconnaissance aériennes sur la région moscovite, faux messages radios annonçant l’attaque, simulacres de renforcements du groupe d’armée du Centre… L’Allemagne y met autant d’ardeur car elle n’a pas d’autres choix. Si les importantes forces soviétiques massées devant Moscou sont redéployées au sud, Hitler peut abandonner ses projets caucasiens...

Par ailleurs, le reste de la directive montre que le Führer s’immisce de plus en plus dans le déroulement des opérations en elles-mêmes, ne se contentant plus comme à l’origine de fixer les grandes orientations stratégiques. Ainsi, il tend à privilégier les petits encerclements tactiques, toujours inquiets qu’il est de l’éloignement entre les pointes blindées et l’infanterie traînarde. Cependant, et ce qui brouillera la mise en place effective du plan, c’est que les services de renseignements nazis informent Adolf Hitler que l’URSS, ne supportera pas une nouvelle saignée comme celle subie en 1941. Ainsi, Il sera tout de même prévu de conduire plusieurs grands encerclements stratégiques lors de la ruée sur le pétrole caucasien.

La principale force de frappe hitlérienne, ses unités blindées, ont été renforcée dans le domaine de l’équipement. Motorisation des unités d’infanterie accompagnant les chars, conception de canons automoteurs de type Mark III et IV, reposant sur le châssis de chars légers (le tout en attendant l’arrivée de nouveaux blindés, apte à affronter les « monstres » soviétiques). En tout, 9 divisions blindées disposant de 1700 chars et canons automoteurs participeront à l’attaque. L’aviation n’est pas en reste. Les 2/3 des appareils disponibles à l’est sont affectés au groupe d’armée du sud soit 1600 appareils. Notons que ce dernier chiffre a pu être atteint en retirant plusieurs escadrilles du front méditerranéen ou basées en réserve en Allemagne.

Du côté soviétique, l’Armée rouge mobilise des effectifs pléthoriques, supériorité numérique permise en partie l’envoie contre les Allemands de l’immense majorité des effectifs qui faisaient face aux Japonais en Sibérie (il ne reste plus que 200 000 hommes face au Mandchoukouo) soit un chiffre de 6,4 millions d’hommes mais le plus souvent mal encadrés, surtout au niveau du bataillon. Ainsi August von Kageneck fera remarquer qu’il suffisait de « tuer l’officier » pour que les autres soldats russes se débandent.

L’aviation soviétique, qui a déjà fait preuve d’une résistance héroïque face aux assauts furieux de la Luftwaffe, est réorganisée et ses unités sont réorganisées en flotte aériennes autonomes et désormais directement subordonnées aux fronts, ce qui accroît la flexibilité et renforce la coordination interarmes. L’armée blindée se réorganise au niveau tactique (Un corps blindé regroupe désormais trois brigades de chars et une d’infanterie) tandis que les unités d’infanterie sont désormais mieux dotées en moyens antichars.

Tout est désormais prêt pour un choc titanesque…

Et c’est Staline qui frappe le premier ! En effet, le Géorgien attaque en direction de Kharkov et c’est l’ARMIR, l’armée italienne en Russie, qui subit le choc principal avec courage et vigueur. Néanmoins, l’attaque soviétique est très puissante et contraint les Italiens au recul. Les Soviétiques arrivent même à 20 km d’un des principaux dépôts logistiques nazis constitué en vue de Fall Blau ! Les Allemands constituent dans l’urgence 2 pinces en vue d’encercler les Russes et d’anéantir la menace. C’est l’opération Fredericus.

Il faudra 3 semaines aux Allemands pour conduire l’encerclement puis la destruction des forces soviétiques engagés à Kharkov. Cet important succès ouvrira la voie à l’assaut principal sur le Caucase, en permettant l’anéantissement d’importantes forces soviétiques.

Restait à sécuriser le flanc sud de l’opération et à s’emparer de Sébastopol, « verrue » selon les propres mots du Führer…

Là bas, sous le commandement de Manstein, la XIème armée allemande, soutenu la Luftflotte 4 et le corps de montagne roumain, déclenche son assaut le 7 juin. Les assaillants sont précédés du bombardement d’enfer procédé par le mortier géant Karl (dit Karlgerät) dont c’est le baptême du feu. La résistance soviétique est héroïque. Ainsi, Sébastopol n'est pas encore tombée lorsque le reste du groupe d'armée du Sud lance sa grande offensive d'été en direction du Caucase et de Stalingrad le 28 juin. La forteresse ne tombe complètement que le 5 juillet en effet.

Dans le Pacifique, se déroule la bataille de la mer de Corail. Bataille qui démontre déjà aux Américains que la chance peut tourner en un instant… Apprenant que ses éclaireurs ont « détecté » une flotte constituée de deux porte-avions et quatre croiseurs, proie peu intéressante certes mais le vice-amiral Fletcher n’en lance pas moins contre elle l’essentiel de sa flotte aérienne soit 93 appareils… C’est alors qu’arrive un erratum malheureusement trop tardif ! Il ne s’agit que de deux croiseurs et deux destroyers. Néanmoins, la chance semble tourner du côté de l’amiral américain. En effet, c’est d’une manière totalement fortuite que sa vague d’assaut tombe sur l’escadrille du porte-avions léger japonais Shoho. Face à la déferlante, le bâtiment nippon n’a aucune chance et succombe en une demi-heure…

Mais la roue tourne vite dans cette mer d’azur. Un éclaireur japonais détecte dans la foulée l’escadre américaine de l’USS Lexington, désormais sans couverture aérienne, et la violente offensive aérienne qui suit écrase sous les bombes le porte-avions américain ! Seul l’USS Yorktown réussit à trouver son salut dans la fuite. Port-Moresby est facilement investie. La Nouvelle-Guinée est japonaise !

L’amiral japonais Inoue Shigeyoshi peut exulter, Tokyo pavoiser… Tout semble se dérouler comme prévu. Peut-être que Yamamoto a été trop pessimiste en prédisant que le Japon ne pourra l’emporter sur l’Amérique que pendant 6 mois à un an...

Le Zuikaku par rejoindre l’escadre participant à l’assaut contre Midway, tandis que le Shokaku est envoyé à Singapour en vue de surveiller la flotte britannique et la contrer si cette dernière ose conduire une offensive contre le segment occidental du nouvel empire japonais…

Les marins du Yorktown ne se laissent cependant pas submerger par le désespoir. À peine arrivé à Nouméa, le bâtiment américain se rue vers Pearl Harbor en vue de contrer l’offensive japonaise sur l’atoll Midway, dont les Américains connaissent l’existence grâce au fait qu’ils ont cassé les codes de transmissions japonais.

L’armada nippone est impressionnante, rien moins que 200 bâtiments quittent l’archipel japonais dont 11 cuirassés, 9 porte-avions, 22 croiseurs, 65 contre-torpilleurs, 21 sous-marins et 760 avions de tous modèles. Yamamoto, (trop ?) confiant, disperse ses forces. Ainsi, il détache déjà deux porte-avions légers, un porte-hydravions, sept croiseurs et douze contre-torpilleurs de sa force principale pour les lancer à l’assaut des îles aléoutiennes, territoire américain ! Cependant, loin d’être une entreprise de diversion, le chef de la marine impériale répond là à un besoin de couvrir le flanc nord de la sphère de coprospérité en empêchant les Américains d’assaillir le Japon depuis l’Alaska.

Mais dans le même temps, Yamamoto Isoroku scinde également la force d’invasion de Midway en trois escadres. Une force principale, qu’il commande en personne, et qui regroupe entre autres trois cuirassés et un porte-avions léger. La flotte des porte-avions, commandée par l’amiral Nagumo, et qui regroupe cinq de ses bâtiments (Zuikaku, Kaga, Akagi, Soryu et Hiryu), embarquant 267 appareils. Enfin, la force d’invasion de Midway en elle-même et qui vampirise deux cuirassés et un autre porte-avions léger à l’escadre principale.

Pour Yamamoto, la flotte américaine n’est pas encore sur place. Elle n’interviendra qu’une fois Midway déjà tombée aux mains de l’infanterie japonaise ! C’est là une véritable erreur car les porte-avions américains se tiennent prêt à combattre au large de l’atoll ! Il faut dire que le Nippon joue de malchance. Les submersibles qu’il a envoyé surveiller Pearl Harbor arrivent après le départ de l’escadre de Nimitz tandis que les hydravions envoyés survoler Pearl Harbor doivent faire demi-tour, leur point de ravitaillement prévu, l’atoll de la frégate française, étant déjà occupé par des bâtiments US. À cela s’ajoute l’absence de radar côté japonais…

Côté américain, les portes-avions sont placés sous le commandement du vice-amiral Raymond A.Spruance suite à la maladie de peau de l’amiral Halsey. Un rideau de 30 sous-marins (dont 5 des bâtiments de la Marine nationale envoyés dans le Pacifique par Darlan) est placé entre Midway et la zone d’arrivée probable de la marine impériale japonaise. Mieux, les Japonais ne comptent absolument pas sur la présence du Saratoga et du Yorktown, tous deux arrivés sur place à marche forcée, dans le corps de bataille américain.

Un combat dantesque commence...

4 juin 1942 : Pensant les porte-avions américains encore loin, Nagumo lance la moitié de son aviation embarquée, soit 134 appareil, contre l’atoll Midway dans l’optique d’anéantir sa piste d’aviation. Malgré certaines pertes, submergés par la vague nipponne, l’aérodrome est pulvérisé, les appareils encore présent sur place cloués au sol ou détruits.

À peine Nagumo est-il informé du succès du raid qu’un de ses éclaireurs détecte la flotte américaine puis confirme la présence d’au moins un porte-avions dans cette escadre ! Branle-bas de combat côté japonais ! Nagumo ordonne l’assaut sur la Task Force US avec les 133 appareils restants. Le timing est parfait car à peine ce raid sera parti que… l’on récupérera les appareils revenant du raid sur l’atoll !

Ce que Nagumo ne sait pas, c’est qu’il est déjà lui-même repéré, à la fois par les éclaireurs américains mais également par un « corsaire ». Ainsi, ce ne sont pas moins de 180 appareils américains, issus des porte-avions (et on ne compte pas les appareils venus, eux, de Midway) qui se dirigent déjà vers l’escadre japonaise !

Malheureusement, les appareils venus de Midway arrivent juste trop tard pour intervenir pendant le décollage de la vague chargée d’attaquer le groupe de combat américain détecté plus tôt. Pire, ils sont massacrés par les Zéros ! Tant de valeureux pilotes perdront la vie à bord d’appareils périmés… Néanmoins, les vagues successives américaines empêchent les appareils revenus de Midway de pouvoir atterrir. En effet, les chasseurs japonais doivent sans arrêt se poser pour se ravitailler puis redécoller car une autre vague approche ! Déjà, au grand désespoir de Nagumo, les premiers appareils doivent amerrir.  

10H20, le raid principal US arrive. Il s’agit à la fois de bombardiers torpilleurs (Devastator) et en piqué (Dauntless). Or, les précédentes attaques avaient été des vagues de bombardier torpilleurs justement, entraînant la chasse japonaise dans un combat au ras des flots. Ainsi, si les Devastators sont à nouveau massacrés, les Dauntless peuvent quasiment impunément faire littéralement pleuvoir la mort sur les navires japonais, véritables bombes à retardement, car couverts de munitions et d’essence destinées aux chasseurs dont certains étaient en instance de décollage ! Le Kaga et l’Akagi sont incendiés et sombrent rapidement !

C’est un rude coup porté aux Japonais mais ceux-ci sont encore loin d’être vaincus. D’ailleurs, leurs pilotes qui attaquent peu après la flotte US, certes moins nombreux que les Américains qui avaient frappés précédemment le Kido Butai, mais plus expérimentés, mettent au tapis le Saratoga et le Yorktown. Estimant la puissance américaine gravement blessée, Yamamoto s’apprête à ordonner à ses cuirassés de finir le travail quand il apprend la nouvelle du drame. Le Soryu a été coulé à son tour mais cette fois par un submersible « américain ».

En réalité français…

Le Surcouf, commandé par le capitaine de frégate Louis Blaison, est en effet parvenu à s’infiltrer dans le dispositif nippon et à frapper à mort le porte-avions ennemi. Yamamoto semble rester de marbre face à la nouvelle mais il est conscient du risque pour ses bâtiments de surface à l’heure où les appareils revenus du raid sur Midway continuent à devoir amerrir…

La mort dans l’âme, le Japonais ordonne la retraite. Cependant, il échafaude déjà de nouveaux plans, mais cela passe par la reconstitution de sa force de frappe aérienne. Il n’aura cependant même pas le plaisir de voir ses escorteurs couler le submersible qui réussit vraisemblablement à s’échapper.

En effet, le sous-marin « corsaire » refait surface. La flotte nippone a disparu.

Son action courageuse et décisive a littéralement transformé la guerre du Pacifique. En effet, non seulement il avait coulé une des pièces maîtresses du dispositif ennemi, mais de nombreux pilotes et appareils japonais avaient été foudroyés au décollage ou juste avant par la destruction du Soryu. Blaison et son équipage reçurent, après être revenus à Pearl Harbor, la plus haute décoration de chaque pays allié en guerre contre le Japon. Bien évidemment, ce fut la « Légion d'Honneur » remise par Mandel qui leur fit le plus chaud au cœur.

On pourrait croire que les Américains, qui ont souffert de pertes sensible également, préfèrent lécher leurs plaies en attendant de constituer une force de frappe massive. Mais leur future stratégie dans le Pacifique pourrait se définir par cette déformation d’une célèbre phrase du maréchal Joffre.

« Les Japonais m’ont écrasé au sud. Je les ai difficilement contenu à Midway. Situation excellente. J’attaque ! »

Les « Pittbulls » US ne sont pas prêts de lâcher leur proie japonaise...

Ainsi, réunis à Alger, Roosevelt, Churchill et Mandel actent la situation globale sur le front. Le Japon a été stoppé au prix de lourdes pertes mais est très loin d’être vaincu. L’Allemagne, elle, semble malgré ses succès, déjà vaciller et l’URSS semble en mesure, à terme, capable de stopper l’offensive allemande (avec, bien évidemment, un soutien logistique massif des Occidentaux). Les 3 Grands occidentaux décident donc de confirmer la stratégie de « l’Allemagne d’abord » quitte à limiter, pour le moment bien sûr, l’effort de guerre contre le Japon. Les porte-avions lourds britanniques ne participeront plus à la guerre du Pacifique mais couvriront au contraire les futurs débarquement en Méditerranée et ayant but de frapper le « ventre mou » italien de l’Empire nazi. Ainsi, le HMS Illustrious reprend la route d’Alexandrie et quitte Madagascar. Cependant, comme dit plus haut, Roosevelt et ses officiers ne veulent pas pour autant ménager le Japon. Ainsi, le président des États-Unis informe ses alliés du futur déclenchement de l’opération Watchtower, un débarquement sur l’île de Guadalcanal, où les Japonais ont entreprise la construction d’une piste d’où il pourrait menacer les convois à destination de l’Australie.

En France, le « Chef du gouvernement » de l’État français collaborateur, Fernand de Brinon, déclare, dans un discours prononcé le jour anniversaire du déclenchement de Barbarossa, soit le 22 juin, « souhaiter la victoire de l'Allemagne car sans elle, ce serait la mort de l’Europe chrétienne. » (!). Bien évidemment, ce discours est rapidement dénoncé par le gouvernement de la République française depuis Alger, De Gaulle mettant toute sa verve à dénoncer le « collaborateur de Brinon ». Georges Mandel rappelle dans le même temps l'admiration du peuple français pour l'héroïque résistance du peuple soviétique.

Dire que les Nazis sont des Païens admirateurs des anciens dieux…

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Message par Thomas Lun 12 Juil - 20:41

Chouette chapitre.

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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 18 Juil - 20:33

Chapitre 7 : L’heure des choix pour le Führer
« Je lève mon verre aux valeureux défenseurs de Stalingrad qui chaque jour, envoient des centaines de « Fascistes » en enfer ! »
Joseph Staline

Au terme du premier mois de campagne, soit fin juillet, près de 400 000 soldats soviétiques avaient été fait prisonnier dans la poche de Milerovo, au nord de Rostov. Cela enthousiasmait mais également inquiétait le dictateur allemand. Les réserves de l’Armée rouge semblait en effet infinie et les Soviétiques disposaient encore d’importantes forces au sud en dépit des manœuvres « d’intoxication » mises en place pour faire croire à une action en direction de Moscou.

À ces difficultés à l’est s’ajoute la menace croissante d’une action des Alliés occidentaux à l’ouest. Rommel commandant du Heeresgruppen Mittelmeer (Groupe d’armée Méditerranée) veillait certes au sud, les forces allemandes en France semblait suffisantes pour repousser toutes tentative alliée de mise en place d’une tête de pont mais Hitler n’en dépeça pas moins la XIème armée en lui retirant plusieurs de ses meilleures unités, tandis qu’en parallèle, la Gross Deustchland et la SS Leibstandarte, la garde du Führer, sont envoyés en Europe occidentale, parer à toute éventualités. Les débris de l’armée qui conquit Sébastopol 1 mois auparavant sont enfin dispersés entre les groupes d’armées A et B. Car en effet, Hitler, à la fois euphorique et désireux d’en finir avant que les Occidentaux ne passent à l’action, et dont le Reich est assoiffé de pétrole, a divisé le groupe d’armée du sud en 2 entités, contrairement à ce qui était prévu dans les plans initiaux ! Le groupe d’armée A a pour ordre d’attaquer de suite en direction du Caucase tandis que le B doit défendre les positions allemandes le long du Don et attaquer Stalingrad. Initialement, il était en effet prévu de se concentrer sur la seule cité de Staline avant seulement d’attaquer le Caucase...

Le moral de Staline est en berne. Lui jusque là si optimiste depuis la victoire devant Moscou s’inquiète. Les pertes sont à nouveaux lourdes pour l’Armée rouge tandis que la Wehrmacht se projette au cœur du territoire soviétique, mais cette fois encore plus loin qu’en 1941. C’est rien moins que les ressources soviétiques en pétrole qui sont menacées ! Staline ordonne de préparer le sabotage des puits… À Londres, des plans de destructions étaient déjà établis depuis 1941 notons le…

Néanmoins, 3 évènements montrent au Vojd que les Occidentaux ne l’ont pas abandonné… À commencer par les convois de l’Arctique en général, et la bataille du convoi PQ-17, qui se déroula du 27 juin au 10 juillet, en particulier. Les Alliés de l’ouest organisent en effet un système de convois en vue de ravitailler l'Union soviétique. Heureusement, ils disposent d'une large supériorité navale ce qui leur permet de doter le convoi d'une solide escorte en cuirassés pour tenir à distance le Tirpitz et la flotte de surface allemande. Reste cependant la menace des sous-marins et de la Luftwaffe basés en Norvège… C'est dans cette optique que la Royal Navy fait participer les porte-avions ‌HMS Furious et HMS Victorious à l'opération d'escorte en vue de doter le convoi d'une couverture aérienne.

Les Allemands, sont bien décidés à anéantir le convoi et déclenchent en conséquence l'opération Rösselsprung d'attaque coordonnée de l'aviation et des U-Boote contre les vaisseaux alliés. En effet, du fait de l'escorte massive du convoi (dont le cuirassé français Jean-Bart), ceux-ci ont renoncé à engager leurs propres vaisseaux de ligne ce qui est déjà une victoire pour les Alliés ! L'assaut allemand est enragé. En effet, tandis que Stukas et JU-88 larguent leurs bombes depuis le ciel, les sous-marins du IIIème Reich s'infiltrent entre les escorteurs et tirent leurs torpilles sur les malheureux cargos alliés. Pire, l'Axe endommage sérieusement le Furious qui devra passer plusieurs mois en réparation à Scapa Flow. Cependant, face à la détermination des chasseurs britanniques et des destroyers alliés (dont plusieurs contre-torpilleurs français), les assaillants subissent de lourdes pertes. Au final, sur les 42 navires marchands du convoi, 17 sont coulés par les Allemands contre la perte d'environ 20 avions et 2 U-Boote.

Défaite tactique mais victoire stratégique pour les Alliés donc car si environ 40 %  des navires marchands a été coulé et que cette victoire n'a été permise que par la présence importante de navires de ligne et au prix d'un porte-avions britannique lourdement endommagé, les 25 navires survivants sont parvenus à déverser à Mourmansk des ressources vitales pour l’URSS dans sa lutte à mort contre Hitler.

Un peu plus d’un mois plus tard, le 19 août, en France occupée, les Alliés déclenchent l'opération Jubilee/Jubilée, un puissant raid au niveau divisionnaire contre la ville de Dieppe. Les Canadiens sont en première ligne tandis que 100 membres des « Corps-francs » et 50 Rangers américains participent également au raid. Cependant, l'opération est un échec cuisant non pas par manque de courage du côté des soldats alliés mais bien à cause de la mauvaise préparation de l'opération par les stratèges alliés. En effet, entre autres, les blindés des Canadiens restent bloqués sur la plage de galets tandis que la coordination entre la marine alliée, l'aviation et les troupes débarqués est très mauvaise.

Après 6 heures de combats, l'ordre de repli général est donné. La retraite est couverte par les Corps-francs français qui ne se replient qu'une fois le restant des survivants alliés à l'abri ce qui fera dire à Hitler « Vous entendez, messieurs, ce que raconte le Général Haase. C'est bien une nouvelle preuve de la thèse que j'ai toujours soutenue, à savoir que les Français sont, après nous, les meilleurs soldats de toute l'Europe. La France sera toujours en situation, même avec son taux de natalité actuel, de mettre sur pied une centaine de divisions. Il nous faudra absolument, après cette guerre, nouer une coalition capable de contenir militairement un pays capable d'accomplir des prouesses sur le plan militaire qui étonnent le monde comme ces Corps-francs à Dieppe. » Sur les 100 soldats des unités spéciales de l'armée française engagés dans Jubilée, seule une trentaine parviennent à rembarquer. Les autres sont soit tombés au combat ou gravement blessés, soit se sont rendus qu'après épuisement des munitions. Néanmoins, les informations collectées seront capitale pour la réussite des débarquements ultérieurs. Mountbatten prend note qu’un assaut direct sur un port lourdement fortifié est une idée à mettre de côté…

Mais au-delà des simples enseignements militaires issus des constations faîtes sur le terrain lors de l’opération Jubilee/Jubilée, le raid sur Dieppe constitue également un désastre pour la marine d’Hitler, désastre qui affaiblit définitivement le premier rempart du Mur de l’Atlantique, la marine nazie ! En effet, dès la nouvelle de l'assaut parvenue à Berlin, Hitler ordonne une sortie des bâtiments de surface de la Kriegsmarine basés à Brest et notamment des grosses unités qui y sont stationnées désormais dans l'unique but de contrer un débarquement alliée dans le nord de la France.

Et tout semble démontrer qu’il a désormais lieu.

Ainsi, ce n'est qu'après avoir été harcelés par l'aviation alliée, qui les attendaient de pied ferme, que les puissants navires allemands parviennent à accrocher l'arrière garde de la flotte alliée en pleine retraite.

Un furieux duel au canon et à la torpille oppose alors les navires alliés aux Allemands au cours duquel, le Scharnhorst est coulé et que le Gneisenau, lui n’a d’autre choix que de se replier sur Brest, sévèrement endommagé qu’il est. Certes, les Alliés occidentaux ont perdus plus de navires que les Allemands (3 croiseurs et plusieurs contre-torpilleurs) mais la marine du Reich basée en France est brisée.

Au-delà de la « mise au tapis » de la marine allemande, ce désastre a pour conséquence la promotion de l’amiral Donitz au poste de commandant suprême de la marine du IIIème Reich, celui de Großadmiral. La composante sous-marine a remporté son duel avec la composante de surface.

Et pourtant… les U-Boote d’Hitler, qui durent faire face à l’engagement massif des avions alliés dans le Channel, ont eux aussi subis des pertes significatives (5 d’entre eux ont été envoyés par le fond). Les stratèges alliés en tirèrent également rapidement des conclusions fatales pour les hommes du Führer… Mais comme il s’agit là d’un énième échec pour Raeder et le premier, et de faible ampleur au premier abord, pour les hommes de Donitz, c’est bien la tête de Raeder qui tombe (heureusement pour lui, au sens figuré) au profit du second.

3ème consolation pour Staline, l’escadrille de chasse Normandie est prête au combat. Son premier engagement au dessus de Kalatch a démontré la valeur des pilotes français qui ont abattus 6 avions nazis lors de leur premier engagement au prix d’un seul des leurs abattus (mieux, le pilote est récupéré par les Soviétiques et rejoint rapidement l’unité).

Ainsi, Staline voit que ses partenaires de lutte, qui lui confirment d’ailleurs le futur assaut contre l’Italie fasciste, faire ce qu’ils peuvent pour l’aider. Livraison de ressources, piqûres de moustiques dans le dos du loup nazi en lutte contre l’ours soviétique, présence d’une unité occidentale de qualité en URSS. C’est peu, mais cela remonte tout de même légèrement le moral du tyran rouge. D’ailleurs, celui-ci, ayant désormais compris le véritable objectif de l’attaque nazi, dépêche au sud d’immenses renforts, notamment des unités de la Garde sur le Terek (en Tchétchénie) et des troupes fraîches pour la 13ème division de la Garde à Stalingrad. Le groupe d’armée A, à bout de force, est stoppé sur le Terek, devant Maïkop ainsi que Novossibirsk et bien loin d’Astrakhan, au cœur de la steppe des Kalmouks…

Mais Hitler a déjà oublié le Caucase et lorgne désormais vers Stalingrad. La VIème armée commence à être engluée dans les ruines fumantes face à la défense acharnée des troupes d’élite qu’y a expédié Staline ? Défense d’autant plus forte que l’avance du groupe d’armée B a été fortement ralenti en Août par la priorité donnée alors au Caucase ? Qu’à cela ne tienne, cela est du passé. Désormais, on s’acharnera à prendre cette ville symbole désire Adolf Hitler…

Mais Stalingrad n’est pas qu’un symbole notons le. Elle a aussi une valeur industrielle et militaire. Prendre Stalingrad, nœud ferroviaire et qui longe la Volga (et la contrôle donc), c’est isoler le Caucase et l’Asie centrale du cœur de l’URSS et par conséquent la priver de leurs ressources en hommes et en matières premières. C’est également priver l’Union soviétique de celles fournies par les Alliés depuis l’Iran et qui passe obligatoirement par le Caucase puis par Stalingrad donc.

Un rude combat, qui deviendra très vite l’image d’Épinal suprême de la sauvagerie de la guerre à l’est, bien plus que le siège pourtant cruel de Leningrad, s’engage dans les ruines de la ville bordant la Volga, détruite par l’aviation nazie le 23 août, non sans que l’aviation soviétique, ainsi que l’escadron Normandie, n’ai envoyé dans la tombe nombre d’assaillants lors de ce raid… Mieux, les ruines de la cité réduites en cendres, offrent désormais d’excellentes positions défensives aux assiégés !

Ainsi, lors de sa rencontre avec Anthony Eden, Wendell Wilkie et Joseph Paul-Boncour (accompagné de Charles de Gaulle) peu après le déclenchement de l’assaut nazi, à la mi-septembre, le dirigeant soviétique, s’il insiste sur la nécessité de l'ouverture d'un second front « le plus rapidement possible », se montre souriant et affirme, après avoir porté un toast « aux valeureux défenseurs de Stalingrad » que chaque jour, ceux-ci « envoient des centaines de « Fascistes » en enfer ! ». Le renouveau d’optimisme de Staline ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Il inquiète même de Gaulle.

Il faudra mettre un frein un jour aux ambitions du tyran géorgien...

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Message par Collectionneur Dim 18 Juil - 21:52

Juste une précision : À Londres, des plans de destructions étaient déjà établis depuis 1941 notons le… 1940 et la Guerre d'hiver en fait.
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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 18 Juil - 21:58

Effectivement, les fameux bombardements sur Bakou... Là il me semble que c'était par des Britishs Commandos.
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Message par Collectionneur Dim 18 Juil - 22:41

Raids de bombardiers depuis la Syrie, l'Irak et la Turquie. En 1941, c'était donc une remise à jour si les allemands s'emparer du pétrole russe :
http://www.air-defense.net/forum/topic/6750-le-projet-de-bombardement-des-petroles-du-caucase-en-1940/

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Pike

Et cet article de 1976 récapitule la politique française envers l'URSS ou beaucoup était prêt à la guerre car la considérant comme un allié objectif d'Hitler.

Les britanniques sont plus prudents :
https://www.persee.fr/doc/cmr_0008-0160_1976_num_17_1_1254
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Message par LFC/Emile Ollivier Lun 19 Juil - 23:11

Chapitre 8 : Envers et contre tout
« 2 éléments ont permis à la Chine de tenir en 1942 : Les héroïques soldats chinois, prêts à mourir pour défendre leur patrie face à un envahisseur sans pitié, et les informations initialement fournies à Tchang Kaï-chek, sur les mouvements des troupes japonaises stationnées au Tonkin par Salan, avant l’opération Ichi-Go. »
Michel Cartier, La Chine et l'Occident. Cinq siècles d'histoire

Le conflit persistait voire s’intensifiait entre la marine impériale et l’armée de terre japonaise sur les objectifs des futures actions offensives de l’Empire nippon. Si l’enlisement nazi à Stalingrad allait dans le sens des projets de la marine, en retirant tout sens au projet d’une offensive contre l’URSS si l’Allemagne s’emparait d’une ville quelconque sur la Volga, ce qui poussait donc à privilégier une action contre l’Inde ou l’Australie, à l’inverse, son influence pâtissait désormais de son semi-échec à Midway et il était parfaitement clair que l’URSS n’avait presque plus aucune défense en Extrême-Orient… « Il faut attaquer Vladivostok ! » hurlent désormais à nouveau les terriens !

Face à cette nouvelle césure au sein de l’armée japonaise, l’Empereur se devait d’agir vite pour éviter de nouveaux « incidents »… Comme ceux qui avaient émaillés les années 30. Le Japon, qui avait presque tout réussi depuis le 7 décembre, avait des centaines de milliers de soldats d’élite de l’armée du Kwantung désormais libérés de la surveillance d’une Armée rouge massivement engagée à l’ouest.

Soucieux de ménager la chèvre et le chou, Hiro-Hito donna officiellement raison à l’armée de terre sans pour autant prendre la décision à laquelle s’opposerait avec force la marine à savoir une attaque sur l’Union soviétique. On allait donc déclencher enfin l’offensive qui briserait définitivement le Kuonmitang et la résistance chinoise ! La décision de l’Empereur Showa est également motivée par la réussite de « l’opération de police », en fait le meurtre en masse de civils chinois (pas moins de 250 000 civils chinois massacrés), pratiqués dans ces régions par l’armée impériale suite au raid de Doolittle et a l’assistance offerte aux pilotes américains par les civils et résistants chinois.

Tout d’abord, c’est un désastre diplomatique pour Hitler, qui ne peut ni espérer que les Britanniques soient contraints de retarder l’assaut occidental sur la « Forteresse Europe » du fait d’une menace japonaise sur l’Inde, ni voir Staline devoir rapatrier en urgence d’importantes troupes sur le fleuve Amour du fait du déclenchement d’une nouvelle guerre Soviéto-japonaise. Hitler perd sur tous les plans à cette occasion… Son travail de sape sur l’ambassadeur japonais à Berlin, Oshima Hiroshi, n’aura donc servi à rien…

Néanmoins, cette action est extrêmement dangereuse pour les Occidentaux. En effet, si la Chine tombe, le Japon pourra déployer toute sa force de frappe contre eux ! Et l’un d’entre eux, qui se bat en première ligne, en a encore plus conscience que les stratèges de Washington, Londres ou Alger. Raoul Salan et ses maquisards d’Indochine, qui voit à compter de juillet 1942 s’accentuer la présence nippone au Tonkin. L’objectif est clair comme de l’eau de roche. Un vaste mouvement en pinces sur Chongqing, « l’Alger » de la République de Chine du fait de son exil intérieur, destiné à faire tomber cette dernière. Devançant les consignes, trop lentes à arriver, Salan multiplie les actions rapides et brusquées sur les troupes japonaises au nord-Tonkin. La réaction brutale des Japonais, qui se lancent à la chasse aux résistants français, a du moins le mérite d’amoindrir l’assaut japonais déclenché néanmoins le 27 septembre sur 3 fronts. Au nord, le long du fleuve bleu, évitant ainsi l’héroïque cité de Changsha, située plus sud, dont les défenseurs ont déjà repoussé 3 offensives japonaise. Au sud contre la grande ville de Nanning et au-delà, la passe de Kunlun, depuis la péninsule de Leizhou, au nord de l’île d’Hainan. La dernière pince, quant à elle, partira depuis le nord de l’Indochine occupée donc.

Face à l’ampleur de l’offensive, qui implique plus d’un demi-million d’hommes, les soldats chinois sont repoussés, mais loin d’être anéantis. Mieux, l’étirement des lignes de communication nippones exposent les soldats japonais aux actions de harcèlement, et pas seulement de la part des guérilleros communistes… mais également de la part de milice patriotiques et de soldats républicains isolés par l’avance ennemie. Enfin, elle tourne les yeux du monde libre vers les malheurs du peuple chinois, qui paye lui aussi, son propre salaire de sang… Une aide de masse arrivera bientôt.

C’est au nord, là où la distance est la plus courte entre les positions avancées de l’Empire japonais et Chongqing, que la résistance est la plus acharnée, et l’avance ennemie par conséquent la moins importante. Au sud, l’avance est nettement plus grande en revanche. Culbutant les défenseurs chinois de la province du Kouang-Si/Guangxi, les Japonais s’emparent de Nanning, écrase les Chinois par leur puissance de feu à la passe de Kunlun puis remontant la ligne de chemin de fer, progresse vers Guiyang dans le Kouy-Tchéou/Guizhou mais sans réussir à s’en emparer, en dépit de raids meurtriers lancés par l’aviation japonaise, face à la détermination des défenseurs.

Ichi-Go est donc un échec stratégique. La Chine a certes perdus des centaines de milliers de soldats, mais l’armée impériale a grandement souffert de son côté. Pire, la République de Chine non seulement ne s’est pas effondrée, mais elle sort même renforcée de l’épreuve, renforçant sa place au sein de la grande coalition alliée, et améliorant l’image de son leader auprès du peuple chinois dont le poids politique se renforce largement, à l’heure où des affrontements sporadiques ont toujours lieu avec les Communistes de Mao… Pour terminer, les lignes de communications nippones, dangereusement étirées, sont à la merci des attaques chinoises. Mais bien évidemment, pas question de repli…

Heureusement, les effectifs nécessaires à la lutte contre les Américains dans le Pacifique sont autrement moins importants et la lutte titanesque engagée désormais dans les Salomon, et qui détourne rapidement l’attention des responsables japonais de la Chine, repose d’ailleurs principalement sur la marine impériale, jamais plus de 31 000 fantassins nippons n’y étant engagés en même temps.

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