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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

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Message par Yodarc Ven 18 Fév - 21:41

Préface :
Voici la première partie du premier texte que je publie sur ce forum. Il est tiré de celui publié sur Alternatehistory.com. Cependant, étant une personne perfectionniste et soucieuse de détails (même pour un texte se voulant assez concis), il ne sera pas exactement le même que celui publié sur le site anglophone (ne serait-ce parce que j'escompte réussir à dépasser le cap des années 1520). Si le point de divergence concerne la France, le récit cherche à dépeindre l'évolution de cette réalité alternative pour d'autres territoires européens du fait des liens qu'ils avaient avec la France dans la période concernée par ce récit uchronique. Les éléments entourant la France seront un peu plus mis en avant pour des raisons évidentes, mais avoir une vision d'ensemble est ce qui est au coeur de ce projet de texte.
J'espère qu'il saura vous intéresser et que cela vous donne l'envie de commenter et de débattre sur divers éléments du récit. J'aurai grand plaisir à répondre.
Bonne lecture !  Very Happy

Novembre 1514-juillet 1515 : le temps de la grossesse
En décembre 1514, Louis XII apprend que sa nouvelle épouse, Marie d’Angleterre, est enceinte. C'est une nouvelle réjouissante pour lui car il espère avoir un héritier pour lui succéder sur le trône après le décès de ses précédents fils issus de son mariage avec Anne de Bretagne. Malheureusement, sa santé fragile l'abandonne dans les derniers jours de décembre et il meurt le 1er janvier 1515.
Dans l'attente de la naissance de son enfant, c'est son héritier présomptif, François d'Angoulême, qui devient régent, Marie ne pouvant assumer cette charge en raison de sa grossesse. C'est la deuxième fois que le royaume de France connaît une régence de grossesse depuis celle de Clémence de Hongrie en 1316.

François est alors l'homme le plus puissant de France. Non seulement il est l'héritier présomptif, mais il contrôle également le duché de Valois par son statut d'héritier et le duché de Bretagne jure uxoris au nom de son épouse, Claude de France, la fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne. Cela suscite les protestations des seigneurs bretons qui dénoncent le non-respect du contrat de mariage d'Anne de Bretagne avec le précédent roi puisqu'il stipulait que c'était Renée de France, la sœur cadette de Claude, qui devait hériter du duché. Ces protestations ne sont pas longues en raison de la position de force de François et de la possibilité que Marie donne naissance à un fils peut annuler cette condition car elle ne s'applique que si Claude de France devient reine de France.

Pendant sa régence, François va régner afin de renforcer sa position et de prouver aux autres qu'il serait un grand roi. Et si Marie donne naissance à un fils, il sera suffisamment puissant pour faire partie de la régence, idéalement dans la même position, sinon en tant que conseiller. Pour y parvenir, il confirmera la création du Parlement de Normandie, nommera son beau-frère, Charles IV d'Alençon, comme gouverneur de Normandie, et augmentera les impôts ou vendra des terres à ses parents et amis afin de résoudre les dettes résultant des guerres d'Italie et aggravées par la réduction des impôts de son prédécesseur. Cela lui permet également de renforcer sa position grâce à un réseau d'alliés. Dans la même optique, il nomme Antoine Duprat en tant que chancelier.

Sur le plan diplomatique, François adopte une posture modérée pour rassurer les différents souverains, notamment en Italie. Les anciens membres de la Sainte Ligue accueillent la nouvelle de la grossesse de Marie et de l'établissement de la régence dans le royaume de France avec soulagement car elle stoppe pour un temps les ambitions françaises en Italie. Tous espèrent la naissance d'un fils : cela signifierait une régence plus longue et une moindre influence française en Italie. Ce répit est bénéfique pour Maximilien Sforza, duc de Milan, car il lui permet d'épouser Bona Sforza, sa cousine, pour renforcer sa légitimité en tant que duc de Milan. Pour d'autres, en revanche, la régence française est un désastre, même s'ils espèrent voir François devenir roi : Venise et la Navarre. Charles de Gand envoie des représentants pour demander à la régente de reconnaître sa revendication sur les couronnes espagnoles. Il en résulte le traité de Paris qui signe une alliance entre François et Charles de Gand, le premier reconnaissant les prétentions du second sur l'Espagne, tandis que Charles reconnaît la prétention de François sur Milan si ce dernier devient roi de France.
François confirme également le traité de Londres d'août 1514 afin de maintenir de bonnes relations avec l'Angleterre. Le roi anglais, Henri VIII, observe avec intérêt la situation française car sa sœur pourrait donner naissance au futur roi de France.
François autorise John II Stuart, duc d'Albany, à revenir en Écosse pour prendre sa position de régent pour Jacques V, car avoir un allié en Écosse est stratégique pour l'héritier présomptif de la couronne de France, ne serait-ce pour maintenir la Auld Alliance face à l'Angleterre. Il arrive en juin 1515 dans sa terre natale et parvient à fortifier sa position, malgré la défiance de Margaret Tudor qui se réfugie à Stirling.


Dernière édition par Yodarc le Dim 9 Oct - 12:24, édité 3 fois
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Message par ezaski Sam 19 Fév - 11:05

Ah une uchronie renaissance, ça faisait longtemps Smile

J'imagine qu'il y aura un héritier mâle qui survivra !

Comment ça c'est passé dans la réalité ?
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Message par Yodarc Sam 19 Fév - 11:12

Historiquement, Marie d'Angleterre n'est jamais tombée enceinte de Louis XII, ce qui a permis l'ascension de François Ier. Et notre royale veuve s'est remariée peu après la mort de Louis XII (mars 1515) après à Charles Brandon, duc de Suffolk et ami d'Henri VIII (le frère de Marie), faisant notamment d'elle la grand-mère de Jane Grey qui a été reine d'Angleterre pendant neuf jours en 1553 avant que le parlement ne se rallier à Marie Tudor (celle que les protestants surnommeront Marie la Sanglante et la fille d'Henri VIII et de Catherine d'Aragon).
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Message par Anaxagore Sam 19 Fév - 11:34

Un sacré bouleversement.
Si l'enfant devient adulte (et donc roi) on va avoir un changement de l'histoire de France majeur. Dans une précédente uchronie sur cette période, j'avais pointé du doigt que les rois qui ont précédé les événements de la Réforme ont été contesté, comme Henri III, quant à son père, Hernri II, c'est également un roi qui a terminé sa vie affaiblis par ses défaites en Italie. Quant à François 1er, son incapacité à contrer la Réforme en France et sa défaie en Italie sont à l'origine du mouvement qui a aboutit à la Réforme.
Ces trois rois (François 1er, herni II et Henri III) bien que talentueux (oui, Henri III était un bon roi) ont à la fois perdu du terrain hors de France, finissant par être chassés d'Italie et en France même, la Réforme étant au moins autant un problème religieux qu'une question de l'indépendance des petits seigneurs français et leur capacité (réunis en alliance) à contrer le pouvoir royal.
Notons aussi que c'est avec François 1er que la Bretagne perd son indépendeance.
Un fils de Louis XII devenu roi pourrait changer aussi ce point.

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Message par Collectionneur Sam 19 Fév - 13:06

On risque une nouvelle guerre de 100 ans avec un roi de France neveu de celui d'Angleterre ?
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Message par ezaski Sam 19 Fév - 13:10

Anaxagore a écrit:Un sacré bouleversement.
Si l'enfant devient adulte (et donc roi) on va avoir un changement de l'histoire de France majeur. Dans une précédente uchronie sur cette période, j'avais pointé du doigt que les rois qui ont précédé les événements de la Réforme ont été contesté, comme Henri III, quant à son père, Hernri II, c'est également un roi qui a terminé sa vie affaiblis par ses défaites en Italie. Quant à François 1er, son incapacité à contrer la Réforme en France et sa défaie en Italie sont à l'origine du mouvement qui a aboutit à la Réforme.
Ces trois rois (François 1er, herni II et Henri III) bien que talentueux (oui, Henri III était un bon roi) ont à la fois perdu du terrain hors de France, finissant par être chassés d'Italie et en France même, la Réforme étant au moins autant un problème religieux qu'une question de l'indépendance des petits seigneurs français et leur capacité (réunis en alliance) à contrer le pouvoir royal.
Notons aussi que c'est avec François 1er que la Bretagne perd son indépendeance.
Un fils de Louis XII devenu roi pourrait changer aussi ce point.

Je sais pas si tu l'as lu, mais il existe une uchronie de Joël Schmidt "La Saint Barthélémy n'aura pas lieu", ou le POD et que le congrès de Poissy de 1561 se passe un peu différemment... Au final la royauté (et donc la majeure partie de la France) se converti au Calvinisme dans les années qui suivent.
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Message par Yodarc Sam 19 Fév - 13:21

Collectionneur a écrit:On risque une nouvelle guerre de 100 ans avec un roi de France neveu de celui d'Angleterre ?

C'est une possibilité, mais tout dépendra de la manière dont Henri VIII va gérer sa succession. Et il faut prendre en compte Jacques V d'Écosse qui est le neveu aîné du souverain anglais, à la fois par l'âge et par le fait que sa mère est la sœur aînée d'Henri VIII.
Ceci dit, la situation pourrait être au départ assez similaire à ce qui s'est passé historiquement avec Jacques V : une certaine neutralité dans les relations du fait de la régence et surtout de la présence de la mère du jeune roi du fait de son lien de parenté avec Henri VIII (d'autant plus que Marie était la sœur préférée du roi anglais et apparemment une des rares personnes qu'il ait sincèrement aimé (cf la biographie de Georges Minois sur Henri VIII). Et à partir du moment où la reine mère décède, une potentielle dégradation des relations.
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Message par Flosgon78 Sam 19 Fév - 15:12

Très intéressant, hâte de lire la suite !
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 20 Fév - 16:20

On explore de nouvelles périodes ces derniers temps, c'est vraiment bien!
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Message par Yodarc Mar 22 Fév - 20:18

Voici la deuxième partie de cette TL. Elle s'attarde sur les événements et tendances qui se dégagent en France (du moins d'après la réflexion que j'ai pu développer à partir des éléments repérés sur la période et certaines figures-clés).
Bonne lecture !

1515-1518 : Naissance de l'héritier et "Régence duale"
Marie donne naissance à un fils à la fin juillet 1515 au château de Blois. Il sera nommé Charles en honneur du père de Louis XII, bien que certaines mauvaises langues suggèrent que c’est en honneur de Charles Brandon, duc de Suffolk, qui avait accompagné la jeune princesse anglaise pour son mariage et pour lequel cette dernière avait eu quelques sentiments affectueux. Du fait des circonstances de sa naissance, le jeune fils de Louis XII est d’abord connu en tant que Charles le Posthume, Dieudonné ou le Miraculeux. En tant qu’héritier de Louis XII, il est Charles IX de France. Le souverain bambin est baptisé lors de Pâques 1516 à la cathédrale de Reims et reçoit pour parrains François d’Angoulême et Henri VIII d'Angleterre tandis qu’Anne de Beaujeu, la sœur de Charles VIII et ancienne régente, est sa marraine. Son baptême officiel est l'un des principaux événements de la décennie alors que le baptême d'un nouveau roi est quelque chose d'exceptionnel. Beaucoup de seigneurs français, mais aussi des représentants des royaumes voisins, y assistent.
La naissance de Charles IX signifie que François d’Angoulême demeure héritier présomptif à la couronne, ce qui contribue à susciter une vive frustration chez sa mère et lui. François devient jure uxoris François III de Bretagne et s’attache à développer ses liens avec les seigneurs Bretons.

François III de Bretagne demeure régent durant les premiers mois suivant la naissance de Charles IX, tirant profit de la faible influence de la reine douairière, du manque de préparation de cette dernière aux responsabilités royales et du fait que Louis XII l’avait désigné régent sur son lit de mort. Durant les mois suivants la naissance du roi, le régent continue de mener la politique qu’il avait mis en place depuis la mort de Louis XII.
Cependant, la naissance de son fils pousse Marie à devoir s’intéresser à ses responsabilités politiques. Elle est notamment poussée en ce sens par son frère par l’intermédiaire de son ambassadeur, Thomas Boleyn. Elle est aidée dans l’apprentissage de ses responsabilités par sa rencontre avec Charles de Bourbon-Montpensier et son épouse Suzanne de Bourbon, lui permettant d’entrer en contact avec Anne de France, la mère de Suzanne. Les échanges avec cette dernière lui permettent d’avoir des conseils politiques. Ces rencontres qui ont lieu dans les derniers mois de 1515 lui permettent de construire un début de réseau d’alliés, d’autant plus précieux que les Bourbons sont très vigilants vis-à-vis des ambitions des Valois-Angoulême. Ce développement d’influence est en partie entravé par le retour de ses dames de compagnie anglaises, notamment lady Guildford, certains membres de la cour ne voyant pas d’un bon œil l’arrivée d’anglais.
Au début l’année 1516, Marie confronte François III pour obtenir la régence de son fils. D’importantes discussions s’ensuivent, l’héritier présomptif n’étant pas disposé à céder facilement la position, s’estimant légitime pour la position. Refusant de céder du fait de son caractère indépendant, la jeune reine douairière menace de faire appel aux États généraux pour obtenir la position de régente. La confrontation entre les deux grandes figures du royaume fut qualifiée par les contemporains de « Querelle des régents ». A l’approche du baptême solennel de Charles IX, la querelle se fait bien plus vive, alors que Marie reçoit le soutien de son frère, même si ce soutien est plutôt symbolique. Un compromis sera trouvé entre les deux : Marie deviendra régente après le baptême de son fils. En contrepartie, François continue d’exercer un rôle important dans la régence et se voit confirmer le titre de duc de Valois qu’il détenait en tant qu’héritier présomptif de Louis XII. Dans ce compromis, le conseil royal tel que François a établi au cours de sa régence est maintenu, permettant notamment à Antoine Duprat de rester chancelier du royaume.
Après le baptême de Charles IX à la Pâque 1516, Marie devient officiellement régente, reconnue par le Parlement de Paris en avril 1516. Ce faisant, elle a aussi la responsabilité de Renée de France, sa belle-fille. Ses premières années en tant que régente sont difficiles car elle doit composer avec François dont l’influence et le charisme lui permettent d’avoir un rôle prépondérant à la cour. Cette régence sera surnommée la « Régence duale » par les contemporains et voit le développement de la rivalité entre les deux figures les plus importantes du royaume. Sa position mineure de régente oblige Marie à développer son réseau d’alliés à la cour, cherchant tous ceux qui sont défiants à l’encontre des Valois-Angoulême. Elle peut compter sur le soutien des Bourbons qui se méfient de l’influence et de l’ambition des Valois-Angoulême, notamment des revendications de Louise de Savoie sur le duché du Bourbonnais. Néanmoins, la position des Bourbon se consolide avec la naissance de trois enfants entre 1516 et 1518 : Pierre, qui décède en bas âge, Marie et Louis.
La reine douairière développe aussi une correspondance importante avec Anne de France dont les conseils et l’influence lui permettent de développer des compétences nécessaires pour la régence. Elle peut aussi s’appuyer sur le soutien des représentants de son frère, même si cela suscite l’hostilité de certains membres de la cour royale qui tendent à rejoindre le clan des Valois-Angoulême. Au-delà de la cour, Marie développe des relations par le biais de ses alliés parmi les seigneurs, ecclésiastes et notables. Le développement de son influence et le renforcement de sa position de régente contribue à nourrir la rivalité avec François III de Bretagne. L’opposition est aggravée par la méfiance de Marie d’Angleterre envers Louise de Savoie à cause de la forte ambition de la seconde.
A cette position de régente qu’elle doit affermir, Marie est soucieuse pour son fils et s’attache à ce qu’il grandisse, chargeant le premier médecin du roi, Guillaume Cop, de s’assurer de la bonne santé de son enfant.

La rivalité entre Marie et François s’exprime dans différents domaines, mais principalement dans la vie culturelle de la cour, les deux appréciant beaucoup l’art. La reine douairière et l’héritier présomptif vont se lancer dans une compétition, chacun cherchant à développer son influence au travers du mécénat de peintres, de sculpteurs, de musiciens et de penseurs importants. Bien que la cour royale bénéficie de l'influence italienne du fait des guerres italiennes qui ont eu lieu entre 1494 et 1514, la rivalité entre la reine douairière et l'héritier présumée au trône contribue au prestige et au dynamisme de la culture française en mettant en place des caractéristiques spécifiques sur le plan de la peinture, de l’architecture, de la musique et de la sculpture. Marie tire son épingle du jeu en déployant ses talents de chant et de danse, lui faisant gagner le surnom de « reine trouvère ». A cela s’ajoute les inspirations utilisées pour développer leur style : François s’inspire beaucoup de la culture italienne tandis que Marie développe un style mêlant les influences anglaises et françaises tout en sachant tirer profit de l’influence italienne. Ces styles et influences se retrouvent dans les portraits officiels et la décoration des palais et des châteaux qu’occupent les deux personnes. Ainsi, Marie rénove et décore le Louvre, Blois ou Fontainebleau qui devient sa résidence principale, tandis que François commence à rénover le château familial de Cognac, mais aussi le Château des Ducs de Bretagne à Nantes, bien que dans ce second cas, cette rénovation vise aussi à gagner le soutien et la loyauté des vassaux breton.

La rivalité entre François III de Bretagne et Marie est cependant moins forte dans le domaine financier. Marie conserve une bonne partie des décisions prises par François, notamment concernant la hausse des impôts. Elle abandonne en revanche la vente de terres, ne voulant pas spolier davantage le domaine royal. Bien qu’elle doit composer avec les vues plus protectionnistes soutenues par Antoine Duprat et François, la reine douairière cherche à s’imposer et s’inspire notamment des politiques de son père, Henri VII. Elle promeut ainsi le soutien au commerce et l’application de la Fourchette de Morton : un impôt de bienfaisance jouant sur le fait qu’une personne peut se permettre la bienveillance aussi bien si elle vit de façon modeste parce qu'elle "économise" que si elle vit de manière extravagante et ayant donc les moyens financiers pour faire preuve de bienveillance. L’approche de la Fourchette de Morton est approuvée en étant perçue comme une forme d’application concrète de charité chrétienne envers le Chrétien souverain. L’approche de Marie en faveur du commerce connaît plus de difficultés pour être mis en place, même si le souvenir de la politique de Charles VII est évoqué pour justifier l’approche. D’une part, Antoine Duprat privilégie une politique protectionniste et est soutenu par François. D’autre part, la reine douairière et l’héritier présomptif sont en profond désaccord sur le partenaire commercial principal : Marie privilégie le commerce avec l’Angleterre et les Flandres alors que François défend le commerce avec la péninsule italienne, car cela permettrait à la France de conserver une certaine influence dans la région. Marie doit composer avec l’influence considérable de François III de Bretagne, ce qui aboutit à un maintien d’un certain protectionnisme. Néanmoins, le commerce est peu à peu valorisé avec les territoires voisins, notamment grâce au développement de l’influence de la régente durant les années suivantes. Le développement de la politique commerciale amène la régence à accorder des privilèges aux villes qui contribueraient au commerce. Cela aboutit aussi à la fondation du Havre à l'automne 1517, Harfleur s’ensablant de plus en plus. La fondation du nouveau port permet en outre l’utilisation stratégique de l'estuaire de la Seine. Le développement du commerce amène au développement de la flotte marchande de la France, tout particulièrement dans la Manche pour pouvoir commercer avec l’Angleterre.

La rivalité entre la reine douairière et l’héritier présomptif à la couronne s’exprime aussi dans le domaine des choix diplomatiques, même si elle est aussi complexe dans son expression.
François et Marie sont d’accord concernant le maintien de l’alliance avec Henri VIII d’Angleterre, la naissance de Charles IX permettant de la consolider. Cela se traduit notamment par le choix d’Henri VIII comme parrain du souverain bambin, mais aussi par le soutien de Marie à la politique de son frère et de Thomas Wolsey, à savoir la recherche de l’établissement d’une paix perpétuelle entre les différents souverains de la Chrétienté. Ces efforts conjugués se concrétiseront avec la signature du Traité de Londres en septembre 1517. A cette occasion, Henri VIII rend Tournai au royaume de France, alors qu’il l’avait prise durant la guerre de la ligue de Cambrai en 1513.
En revanche, la reine douairière et l’héritier présomptif à la couronne sont en profond désaccord sur l’Écosse. François défend les droits d'Albany à être régent du fait qu’il a été choisi par ses pairs, et la nécessité d'honorer l'Auld Alliance. Marie est quant à elle plus prudente : si elle reconnaît l’importance de l'Auld Alliance, elle ne veut pas voir la relation avec l'Angleterre s’envenimer à cause de cette alliance qui pourrait suggérer que la France et l’Écosse cherchent à encercler celle-ci. Elle est également plus sensible aux revendications de sa sœur car elles ont des situations similaires. La situation de sa sœur lui fait prendre conscience des risques qu’elle court si elle se laisse influencer par ses émotions alors qu’elle doit veiller aux intérêts de son fils. Le traité de Londres de septembre 1517 permet de résoudre une partie du problème, tandis que le traité de Calais signé en novembre 1517 permet de dessiner des relations pacifiées entre les royaumes de France, d’Angleterre et d’Écosse.
Concernant l'Italie, Marie mènera une politique de conciliation afin de rassurer les états italiens et la papauté après les années de guerres dans la Péninsule. Alors que François est conscient qu'une nouvelle guerre en Italie n'est pas disponible à court terme, il soutient l'idée de garder une influence sur Milan et Gênes et de trouver un allié et un partenaire avec Venise. Alors que ses opinions sur le sujet sont dominantes au cours des deux premières années de la régence, elles s'estompent quelque peu à mesure que Marie apprend à émanciper sa régence de son influence. En 1518, la régence a développé ses relations avec Gênes et trouvé un allié et partenaire économique avec Venise. Les relations avec le duché de Milan se sont améliorées, d’autant plus avec la reconnaissance de Maximilien Sforza comme duc légitime en 1516 avec le traité de Carpentras qui officialise la fin de la guerre de la Ligue de Cambrai. La régence développe aussi des relations avec le duché de Savoie, le duc Charles III se sentant moins menacé par la reine douairière que par l’héritier présomptif dont la mère, Louise de Savoie, est une prétendante à son titre en tant que demi-sœur.
Les relations entre la régence française et la papauté sont en revanche plus ambiguës. D’un côté, la fin de la guerre de la Ligue de Cambrai et l’affaiblissement de l’influence française dans la péninsule permet une amélioration des relations, confirmée par le traité de Carpentras. Mais de l’autre, un contentieux existe entre les deux puissances avec les décisions du cinquième concile du Latran, achevés en 1516. Ce concile dénonce la Pragmatique Sanction de Bourges et exige sa suppression, réaffirmant de surcroît la supériorité du pape sur le concile sur les questions religieuses. Sur les premières années de la régence, la question de la Pragmatique Sanction de Bourges est esquivée, à cause de la forte opposition des parlements à son abrogation. Les parlements et le clergé dit gallican demandent en outre une meilleure application de la Pragmatique Sanction. Pour pouvoir assurer sa position et renforcer son influence, Marie consent à une meilleure application de la Pragmatique Sanction, ce qui suscite la colère de Léon X. Des négociations continueront cependant de se faire pour pouvoir trouver un compromis satisfaisant aux deux parties.
La régence renoue aussi des liens avec les cantons suisses, tout particulièrement ceux de l’ouest, bien que ces liens soient principalement diplomatiques et économiques du fait de l’absence de guerre et de l’influence importante du cardinal et prince-évêque de Sion, Matthieu Schiner qui reste assez hostile aux Français.
Concernant la relation avec les Habsbourg, Marie applique la même politique que François III de Bretagne, préférant garder de bonnes relations avec Charles de Gand et Maximilien Ier de Habsbourg. Cette approche est confortée avec la mort de Ferdinand II d’Aragon en janvier 1516 qui voit Charles de Gand devenir Charles Ier en mars de la même année. Dans la même optique, la régente accepte de signer un traité d'alliance en 1516 avec Charles et Maximilien, officiellement destiné contre les Turcs. Enfin, avec le Traité de Londres de 1517, Marie reconnaît la revendication espagnole sur Naples et leur domination sur la Haute-Navarre.


Dernière édition par Yodarc le Mar 22 Fév - 22:17, édité 1 fois
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Message par Collectionneur Mar 22 Fév - 22:11

Merci. Mais je pense à un lapsus ici : Elle promeut ainsi le soutien au commerce et l’application de la Fourchette de Morton : un impôt de bienfaisance jouant sur le fait qu’une personne peut se permettre la bienveillance s’il économise de l’argent ou s’il vit de manière ''extravagante''. Modeste plutôt ?
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Message par Yodarc Mar 22 Fév - 22:14

Collectionneur a écrit:Merci.  Mais je pense à un lapsus ici : Elle promeut ainsi le soutien au commerce et l’application de la Fourchette de Morton : un impôt de bienfaisance jouant sur le fait qu’une personne peut se permettre la bienveillance s’il économise de l’argent ou s’il vit de manière ''extravagante''. Modeste plutôt ?

Oups, une confusion de ma part. Je voulais dire que l'impôt de bienfaisance concernait aussi bien les personnes vivant de façon modeste, impliquant qu'elle doit économiser et qu'elle peut donc se permettre à la bienveillance, que les personnes vivant de façon "extravagante" parce qu'elles ont les ressources pour se permettre la bienveillance.

Je vais éditer le texte pour rectifier ce raccourci maladroit.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Flosgon78 Mar 22 Fév - 23:12

Yodarc a écrit:
Voici la deuxième partie de cette TL. Elle s'attarde sur les événements et tendances qui se dégagent en France (du moins d'après la réflexion que j'ai pu développer à partir des éléments repérés sur la période et certaines figures-clés).
Bonne lecture !

1515-1518 : Naissance de l'héritier et "Régence duale"
Marie donne naissance à un fils à la fin juillet 1515 au château de Blois. Il sera nommé Charles en honneur du père de Louis XII, bien que certaines mauvaises langues suggèrent que c’est en honneur de Charles Brandon, duc de Suffolk, qui avait accompagné la jeune princesse anglaise pour son mariage et pour lequel cette dernière avait eu quelques sentiments affectueux. Du fait des circonstances de sa naissance, le jeune fils de Louis XII est d’abord connu en tant que Charles le Posthume, Dieudonné ou le Miraculeux. En tant qu’héritier de Louis XII, il est Charles IX de France. Le souverain bambin est baptisé lors de Pâques 1516 à la cathédrale de Reims et reçoit pour parrains François d’Angoulême et Henri VIII d'Angleterre tandis qu’Anne de Beaujeu, la sœur de Charles VIII et ancienne régente, est sa marraine. Son baptême officiel est l'un des principaux événements de la décennie alors que le baptême d'un nouveau roi est quelque chose d'exceptionnel. Beaucoup de seigneurs français, mais aussi des représentants des royaumes voisins, y assistent.
La naissance de Charles IX signifie que François d’Angoulême demeure héritier présomptif à la couronne, ce qui contribue à susciter une vive frustration chez sa mère et lui. François devient jure uxoris François III de Bretagne et s’attache à développer ses liens avec les seigneurs Bretons.

François III de Bretagne demeure régent durant les premiers mois suivant la naissance de Charles IX, tirant profit de la faible influence de la reine douairière, du manque de préparation de cette dernière aux responsabilités royales et du fait que Louis XII l’avait désigné régent sur son lit de mort. Durant les mois suivants la naissance du roi, le régent continue de mener la politique qu’il avait mis en place depuis la mort de Louis XII.
Cependant, la naissance de son fils pousse Marie à devoir s’intéresser à ses responsabilités politiques. Elle est notamment poussée en ce sens par son frère par l’intermédiaire de son ambassadeur, Thomas Boleyn. Elle est aidée dans l’apprentissage de ses responsabilités par sa rencontre avec Charles de Bourbon-Montpensier et son épouse Suzanne de Bourbon, lui permettant d’entrer en contact avec Anne de France, la mère de Suzanne. Les échanges avec cette dernière lui permettent d’avoir des conseils politiques. Ces rencontres qui ont lieu dans les derniers mois de 1515 lui permettent de construire un début de réseau d’alliés, d’autant plus précieux que les Bourbons sont très vigilants vis-à-vis des ambitions des Valois-Angoulême. Ce développement d’influence est en partie entravé par le retour de ses dames de compagnie anglaises, notamment lady Guildford, certains membres de la cour ne voyant pas d’un bon œil l’arrivée d’anglais.
Au début l’année 1516, Marie confronte François III pour obtenir la régence de son fils. D’importantes discussions s’ensuivent, l’héritier présomptif n’étant pas disposé à céder facilement la position, s’estimant légitime pour la position. Refusant de céder du fait de son caractère indépendant, la jeune reine douairière menace de faire appel aux États généraux pour obtenir la position de régente. La confrontation entre les deux grandes figures du royaume fut qualifiée par les contemporains de « Querelle des régents ». A l’approche du baptême solennel de Charles IX, la querelle se fait bien plus vive, alors que Marie reçoit le soutien de son frère, même si ce soutien est plutôt symbolique. Un compromis sera trouvé entre les deux : Marie deviendra régente après le baptême de son fils. En contrepartie, François continue d’exercer un rôle important dans la régence et se voit confirmer le titre de duc de Valois qu’il détenait en tant qu’héritier présomptif de Louis XII. Dans ce compromis, le conseil royal tel que François a établi au cours de sa régence est maintenu, permettant notamment à Antoine Duprat de rester chancelier du royaume.
Après le baptême de Charles IX à la Pâque 1516, Marie devient officiellement régente, reconnue par le Parlement de Paris en avril 1516. Ce faisant, elle a aussi la responsabilité de Renée de France, sa belle-fille. Ses premières années en tant que régente sont difficiles car elle doit composer avec François dont l’influence et le charisme lui permettent d’avoir un rôle prépondérant à la cour. Cette régence sera surnommée la « Régence duale » par les contemporains et voit le développement de la rivalité entre les deux figures les plus importantes du royaume. Sa position mineure de régente oblige Marie à développer son réseau d’alliés à la cour, cherchant tous ceux qui sont défiants à l’encontre des Valois-Angoulême. Elle peut compter sur le soutien des Bourbons qui se méfient de l’influence et de l’ambition des Valois-Angoulême, notamment des revendications de Louise de Savoie sur le duché du Bourbonnais. Néanmoins, la position des Bourbon se consolide avec la naissance de trois enfants entre 1516 et 1518 : Pierre, qui décède en bas âge, Marie et Louis.
La reine douairière développe aussi une correspondance importante avec Anne de France dont les conseils et l’influence lui permettent de développer des compétences nécessaires pour la régence. Elle peut aussi s’appuyer sur le soutien des représentants de son frère, même si cela suscite l’hostilité de certains membres de la cour royale qui tendent à rejoindre le clan des Valois-Angoulême. Au-delà de la cour, Marie développe des relations par le biais de ses alliés parmi les seigneurs, ecclésiastes et notables. Le développement de son influence et le renforcement de sa position de régente contribue à nourrir la rivalité avec François III de Bretagne. L’opposition est aggravée par la méfiance de Marie d’Angleterre envers Louise de Savoie à cause de la forte ambition de la seconde.
A cette position de régente qu’elle doit affermir, Marie est soucieuse pour son fils et s’attache à ce qu’il grandisse, chargeant le premier médecin du roi, Guillaume Cop, de s’assurer de la bonne santé de son enfant.

La rivalité entre Marie et François s’exprime dans différents domaines, mais principalement dans la vie culturelle de la cour, les deux appréciant beaucoup l’art. La reine douairière et l’héritier présomptif vont se lancer dans une compétition, chacun cherchant à développer son influence au travers du mécénat de peintres, de sculpteurs, de musiciens et de penseurs importants. Bien que la cour royale bénéficie de l'influence italienne du fait des guerres italiennes qui ont eu lieu entre 1494 et 1514, la rivalité entre la reine douairière et l'héritier présumée au trône contribue au prestige et au dynamisme de la culture française en mettant en place des caractéristiques spécifiques sur le plan de la peinture, de l’architecture, de la musique et de la sculpture. Marie tire son épingle du jeu en déployant ses talents de chant et de danse, lui faisant gagner le surnom de « reine trouvère ». A cela s’ajoute les inspirations utilisées pour développer leur style : François s’inspire beaucoup de la culture italienne tandis que Marie développe un style mêlant les influences anglaises et françaises tout en sachant tirer profit de l’influence italienne. Ces styles et influences se retrouvent dans les portraits officiels et la décoration des palais et des châteaux qu’occupent les deux personnes. Ainsi, Marie rénove et décore le Louvre, Blois ou Fontainebleau qui devient sa résidence principale, tandis que François commence à rénover le château familial de Cognac, mais aussi le Château des Ducs de Bretagne à Nantes, bien que dans ce second cas, cette rénovation vise aussi à gagner le soutien et la loyauté des vassaux breton.

La rivalité entre François III de Bretagne et Marie est cependant moins forte dans le domaine financier. Marie conserve une bonne partie des décisions prises par François, notamment concernant la hausse des impôts. Elle abandonne en revanche la vente de terres, ne voulant pas spolier davantage le domaine royal. Bien qu’elle doit composer avec les vues plus protectionnistes soutenues par Antoine Duprat et François, la reine douairière cherche à s’imposer et s’inspire notamment des politiques de son père, Henri VII. Elle promeut ainsi le soutien au commerce et l’application de la Fourchette de Morton : un impôt de bienfaisance jouant sur le fait qu’une personne peut se permettre la bienveillance aussi bien si elle vit de façon modeste parce qu'elle "économise" que si elle vit de manière extravagante et ayant donc les moyens financiers pour faire preuve de bienveillance. L’approche de la Fourchette de Morton est approuvée en étant perçue comme une forme d’application concrète de charité chrétienne envers le Chrétien souverain. L’approche de Marie en faveur du commerce connaît plus de difficultés pour être mis en place, même si le souvenir de la politique de Charles VII est évoqué pour justifier l’approche. D’une part, Antoine Duprat privilégie une politique protectionniste et est soutenu par François. D’autre part, la reine douairière et l’héritier présomptif sont en profond désaccord sur le partenaire commercial principal : Marie privilégie le commerce avec l’Angleterre et les Flandres alors que François défend le commerce avec la péninsule italienne, car cela permettrait à la France de conserver une certaine influence dans la région. Marie doit composer avec l’influence considérable de François III de Bretagne, ce qui aboutit à un maintien d’un certain protectionnisme. Néanmoins, le commerce est peu à peu valorisé avec les territoires voisins, notamment grâce au développement de l’influence de la régente durant les années suivantes. Le développement de la politique commerciale amène la régence à accorder des privilèges aux villes qui contribueraient au commerce. Cela aboutit aussi à la fondation du Havre à l'automne 1517, Harfleur s’ensablant de plus en plus. La fondation du nouveau port permet en outre l’utilisation stratégique de l'estuaire de la Seine. Le développement du commerce amène au développement de la flotte marchande de la France, tout particulièrement dans la Manche pour pouvoir commercer avec l’Angleterre.

La rivalité entre la reine douairière et l’héritier présomptif à la couronne s’exprime aussi dans le domaine des choix diplomatiques, même si elle est aussi complexe dans son expression.
François et Marie sont d’accord concernant le maintien de l’alliance avec Henri VIII d’Angleterre, la naissance de Charles IX permettant de la consolider. Cela se traduit notamment par le choix d’Henri VIII comme parrain du souverain bambin, mais aussi par le soutien de Marie à la politique de son frère et de Thomas Wolsey, à savoir la recherche de l’établissement d’une paix perpétuelle entre les différents souverains de la Chrétienté. Ces efforts conjugués se concrétiseront avec la signature du Traité de Londres en septembre 1517. A cette occasion, Henri VIII rend Tournai au royaume de France, alors qu’il l’avait prise durant la guerre de la ligue de Cambrai en 1513.
En revanche, la reine douairière et l’héritier présomptif à la couronne sont en profond désaccord sur l’Écosse. François défend les droits d'Albany à être régent du fait qu’il a été choisi par ses pairs, et la nécessité d'honorer l'Auld Alliance. Marie est quant à elle plus prudente : si elle reconnaît l’importance de l'Auld Alliance, elle ne veut pas voir la relation avec l'Angleterre s’envenimer à cause de cette alliance qui pourrait suggérer que la France et l’Écosse cherchent à encercler celle-ci. Elle est également plus sensible aux revendications de sa sœur car elles ont des situations similaires. La situation de sa sœur lui fait prendre conscience des risques qu’elle court si elle se laisse influencer par ses émotions alors qu’elle doit veiller aux intérêts de son fils. Le traité de Londres de septembre 1517 permet de résoudre une partie du problème, tandis que le traité de Calais signé en novembre 1517 permet de dessiner des relations pacifiées entre les royaumes de France, d’Angleterre et d’Écosse.
Concernant l'Italie, Marie mènera une politique de conciliation afin de rassurer les états italiens et la papauté après les années de guerres dans la Péninsule. Alors que François est conscient qu'une nouvelle guerre en Italie n'est pas disponible à court terme, il soutient l'idée de garder une influence sur Milan et Gênes et de trouver un allié et un partenaire avec Venise. Alors que ses opinions sur le sujet sont dominantes au cours des deux premières années de la régence, elles s'estompent quelque peu à mesure que Marie apprend à émanciper sa régence de son influence. En 1518, la régence a développé ses relations avec Gênes et trouvé un allié et partenaire économique avec Venise. Les relations avec le duché de Milan se sont améliorées, d’autant plus avec la reconnaissance de Maximilien Sforza comme duc légitime en 1516 avec le traité de Carpentras qui officialise la fin de la guerre de la Ligue de Cambrai. La régence développe aussi des relations avec le duché de Savoie, le duc Charles III se sentant moins menacé par la reine douairière que par l’héritier présomptif dont la mère, Louise de Savoie, est une prétendante à son titre en tant que demi-sœur.
Les relations entre la régence française et la papauté sont en revanche plus ambiguës. D’un côté, la fin de la guerre de la Ligue de Cambrai et l’affaiblissement de l’influence française dans la péninsule permet une amélioration des relations, confirmée par le traité de Carpentras. Mais de l’autre, un contentieux existe entre les deux puissances avec les décisions du cinquième concile du Latran, achevés en 1516. Ce concile dénonce la Pragmatique Sanction de Bourges et exige sa suppression, réaffirmant de surcroît la supériorité du pape sur le concile sur les questions religieuses. Sur les premières années de la régence, la question de la Pragmatique Sanction de Bourges est esquivée, à cause de la forte opposition des parlements à son abrogation. Les parlements et le clergé dit gallican demandent en outre une meilleure application de la Pragmatique Sanction. Pour pouvoir assurer sa position et renforcer son influence, Marie consent à une meilleure application de la Pragmatique Sanction, ce qui suscite la colère de Léon X. Des négociations continueront cependant de se faire pour pouvoir trouver un compromis satisfaisant aux deux parties.
La régence renoue aussi des liens avec les cantons suisses, tout particulièrement ceux de l’ouest, bien que ces liens soient principalement diplomatiques et économiques du fait de l’absence de guerre et de l’influence importante du cardinal et prince-évêque de Sion, Matthieu Schiner qui reste assez hostile aux Français.
Concernant la relation avec les Habsbourg, Marie applique la même politique que François III de Bretagne, préférant garder de bonnes relations avec Charles de Gand et Maximilien Ier de Habsbourg. Cette approche est confortée avec la mort de Ferdinand II d’Aragon en janvier 1516 qui voit Charles de Gand devenir Charles Ier en mars de la même année. Dans la même optique, la régente accepte de signer un traité d'alliance en 1516 avec Charles et Maximilien, officiellement destiné contre les Turcs. Enfin, avec le Traité de Londres de 1517, Marie reconnaît la revendication espagnole sur Naples et leur domination sur la Haute-Navarre.
J'adore c'est très réaliste et détaillé, brillant !!!!
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Message par Yodarc Sam 26 Fév - 19:09

Voici la troisième partie de ce récit. Il présente les éléments-clés pour les voisins du royaume de France sur les années 1515-1518, tout particulièrement ceux qui ont historiquement joué un rôle important durant cette période. Cela me permet de présenter la manière dont je vais développer ce récit : une alternance entre la présentation des tendances-clés qui affecteront le royaume de France, celles qui toucheront ses voisins et celles des événements aux enjeux conséquents (principalement les conflits), le tout sur des périodes précises (même si les titres de mes parties indiquent le cadre).
Bonne lecture !  Very Happy

1515-1518 : les nouveaux équilibres politiques de la Chrétienté
La naissance de Charles IX et de la régence de Mary ont un impact sur l'équilibre politique de la chrétienté. L'équilibre fragile s'était installé avec la fin des affrontements de la Guerre de la Ligue de Cambrai (1) en 1514 est confortée avec la prolongation de la régence française.

Les Habsbourg sont parmi ceux qui bénéficient le plus de la situation française car ils n'auront pas de rivaux sérieux pendant au moins une décennie, voire deux. Cela leur permet de consolider leur pouvoir et leur influence en Europe, tout particulièrement en Italie et en Espagne lorsque Charles de Gand devient roi d'Aragon et de Castille au printemps 1516. Maximilien Ier profite de la situation pour renforcer sa position à Vérone, un endroit qu'il a pris à Venise en 1509. Il créé le duché de Vérone en février 1518, ce qui lui permet d’établir un pied à terre dans la péninsule italienne. Il lui permet également de réaliser plusieurs succès politiques sur le plan matrimonial : au congrès de Vienne en juillet 1515, l’empereur parvient à obtenir les fiançailles entre Marie de Habsbourg et Louis II de Hongrie tandis qu’Anne, la sœur du roi hongrois, sera destinée à Charles de Gand ou son frère Ferdinand. Et en septembre 1518, sa nièce, Suzanne de Bavière, épouse Sigismond I de Pologne et de Lituanie. L’empereur soutient aussi le projet du pape Léon X d’expédition contre l’Empire Ottoman, préparant durant l’année 1518 tout un projet de campagne militaire visant à s’emparer de Constantinople.
Charles de Gand renforce ses liens avec la France, mais suit également les conseils de sa tante, Marguerite d'Autriche, et construit des liens avec l'Angleterre. Ses efforts diplomatiques se concrétisent avec le traité de Douvres en février 1518 qui se trouve dans la continuité du traité de paix éternelle signée à Londres l’automne précédent. Le traité le voit devenir allié de la régence française et d’Henri VIII alors qu’une promesse de fiançailles entre Renée de France et lui est acceptée. Sa position se renforce lorsqu’il succède à son grand-père Ferdinand II d’Aragon en mars 1516, bien qu'officiellement, il l'est conjointement avec sa mère, Jeanne la Folle. Alors qu’il consolide sa position, il renforce ses relations diplomatiques grâce au Traité de Londres et aux différents traités d’alliance signés avec Maximilien Ier, la régence française et Henri VIII entre 1516 et 1518. Il soutient aussi le projet d’expédition militaire contre les turcs défendu par le pape Léon X et commence à préparer durant l’année 1518 avec Maximilien 1er un projet de campagne contre le sultan Selim Ier.
Avant sa mort, Ferdinand II d'Aragon bénéficie de la succession française qui lui donne l'occasion de forcer les Navarrais à reconnaître son contrôle de la Haute-Navarre. La mort de Catherine Ière de Navarre en février 1517 et l’arrivée sur le trône de Henri II contribuent à créer une nouvelle dynamique entre la Navarre et la France : Henri II tisse des liens avec François III de Bretagne afin de développer de l’influence dans la cour de la régente qui, espère-t-il, lui permettrait de trouver en la reine douairière ou Charles IX un allié précieux qui lui permettra de récupérer dans le futur la Haute-Navarre.

En Angleterre, la naissance de Charles IX est accueillie par Henri VIII avec joie et envie : il est heureux de voir sa sœur préférée avoir un fils roi de France, mais cela lui rappelle qu'il n'a pas d'héritier malgré les quatre grossesses de sa femme depuis leur mariage en 1509. La naissance de Charles IX affecte ses projets car l'existence d'un neveu à la tête du royaume de France contribue à affaiblir davantage ses rêves de gloire militaire sur le continent. La naissance de sa fille Marie en février 1516 apaise quelque peu son amertume et sa jalousie même s'il n'a toujours pas d'héritier masculin. Le fait qu'il ait été choisi pour être un des parrains du jeune roi français l'amène à voyager en France, devenant le premier roi anglais à être à Reims. Il en tire une très grande fierté, fier d'avoir réussi à aller dans un des haut-lieux de la royauté française à la différence de ses prédécesseurs, tout particulièrement Henri VI qui avait été si près de devenir roi de France. Il lui permet également de se rencontrer à nouveau sa sœur et de raffermir les nouveaux liens qui se tissent entre les deux royaumes et d'utiliser ce voyage pour déployer tout son prestige avec faste.
Au cours des années suivantes, le roi anglais renforce ses liens avec la France et repose sur son nouveau chancelier, Thomas Wolsey, pour y parvenir, d'autant plus que l'homme a eu un rôle central à la composition du traité de Londres 1514. Le roi anglais et son chancelier décident également d'être le champion d'une voie diplomatique valorisant la paix entre les pays et prévenir les guerres. Leur approche est soutenue par la régente de France et se concrétise dans le traité de paix éternelle signé à Londres en septembre 1517 entre les principaux territoires de la Chrétienté, notamment l'Angleterre, la France, l'Espagne, le Saint Empire romain ou la papauté. Le traité qui est finalement signé est un pacte de non-agression entre les signataires, mais aussi une alliance militaire dans laquelle les signataires s’engagent à intervenir en cas d’agression d’un des leurs. Le traité aide également à résoudre les problèmes qui persistaient depuis 1514, comme le retour de Tournai par l'Angleterre à France ou la reconnaissance de Maximilien Sforza par la régence française. Cette politique diplomatique contribue à faire de l’Angleterre de nouveau un grand acteur de la politique de la Chrétienté, d’autant plus alors que son voisin et ancien rival est en période de régence. Le traité de Londres entraîne également la nomination de Wolsey en tant que légat du pape en Angleterre. En parallèle de cette politique de diplomatie, Henri VIII s’attache à développer de l’influence dans la cour de France au travers de sa sœur et de ses ambassadeurs.
1517 voit Londres être frappée par une violente émeute lors du Evil May Day et si les efforts de Thomas More permettent de pacifier les quartiers touchés par les troubles, plusieurs des meneurs sont exécutés, car Henri VIII ne veut pas voir des troubles menacer les négociations visant à l’établissement de la Paix Éternelle.

La nouvelle de la naissance de Charles IX arrive en Écosse à l'automne de 1515. Cela suscite des difficultés pour le parti français car la naissance du roi interroge la pérennité du maintien de l'alliance française. Si Albany et ses alliés sont confrontés à ce dilemme, ils sont encore soutenus par le régent de France. La reine douairière d’Écosse, Margaret Tudor n'est pas dans une meilleure situation car seule sa famille la soutient pour retrouver la position de régente et qu'elle n'apprend la nouvelle de la naissance de son royal neveu français après son arrivée en Angleterre en septembre 1515, l'empêchant d'en tirer profit. Le changement au sein de la régence française en avril 1516 complique la situation, car Albany ignore si la reine douairière de France le soutiendra alors qu’elle est la sœur de Margaret.
Les deux parties sont dans une impasse et seulement une médiation conjointe d'Henri VIII et de la régente française à l’automne 1516 leur permet de trouver un compromis : Albany reste le régent, mais un conseil de régence est créé dans lequel Margaret peut contribuer. Cependant, cette solution amène de nouvelles difficultés : chaque camp essaie de devenir la force dominante dans la régence ; Margaret et son époux cherchent à consolider leur position alors qu’Albany essaie de renforcer sa situation de régent et de renouveler l’Auld Alliance avec la France. Usant l'approche diplomatique pour consolider sa position, le régent décide de renouveler l'Auld Alliance avec la France tout en développant des relations avec l'Angleterre. Cela amène à des discussions se produisant durant l'année 1517. Elles trouvent un début de réponse durant le traité de Londres de septembre 1517 où Albany fait partie des signataires et se concrétisent avec le traité de Calais de novembre 1517. Ce traité créé une alliance entre le royaume d’Écosse, le royaume de France et le royaume d'Angleterre et confirme le rôle de Margaret dans le conseil de la régence alors qu’une promesse de fiançailles entre une princesse française et James V est suggérée. Dans le même traité, l'idée d'une promesse d’épousailles entre la fille d’Henri VIII et un prince français est mentionnée, bien que la reine douairière de France et Thomas Wolsey conviennent d’attendre la naissance du premier héritier de François avant de décider sur ce point. Le traité fut surnommé de "Triumvirat des Tudors" par les contemporains du fait que les reines douairières des royaumes français et écossais étaient les sœurs d'Henri VIII. Le traité permet un certain apaisement au sein de la noblesse écossaise, même si les rivalités nobiliaires et ancestrales continuent d'affecter la régence.

En Italie, un nouvel équilibre politique se met en place durant la période. Avec l’affaiblissement de l’influence française dans la péninsule, les Habsbourg et le pape consolident et étendent leurs influences sur les autres États de la ville. Un autre acteur bénéficie de la situation : les cantons de la Confédération suisse. Comme ils ont contribué à la défaite des Français en 1512-1513, ils deviennent un acteur important dans le nord de la péninsule, tout particulièrement dans le duché de Milan. En effet, le duc Maximilien Sforza doit rembourser les paiements qu’il leur doit et s'appuie sur les cantons pour pouvoir consolider sa position dans le duché. A cela s'ajoute le fait que les Suisses influencent ses actions politiques et contrôlent plusieurs vallées stratégiques du duché, notamment la Valteline. Le duché de Milan devient de facto un officieux protectorat suisse. L'influence suisse crée un ressentiment au sein de la population milanaise qui les voit de moins en moins comme des alliés et de plus en plus comme des étrangers envahissants assez similaires aux Français. Du fait de l’affaiblissement de la menace française, Maximilien Sforza travaille à établir de nouvelles relations avec ses voisins et alliés sur les années 1516-1517. Grâce à l'influence du cardinal de Sion, Matthieu Schiner, cela aboutit au traité de Bergame de mai 1517. Dans ce traité, une alliance est reconnue entre le duché et les cantons suisses qui assurent la protection du duché en échange d’une pension financière. Si ce traité affecte ses ressources financières, cela permet à Maximilien Sforza d’assurer à son duché son indépendance vis-à-vis des grandes puissances voisines. Cela lui permet de reconstruire son duché et de ramener une certaine prospérité, notamment en s'appuyant sur les artistes. Son pouvoir s’en retrouve conforté, d’autant plus qu’en 1518, il a eu deux enfants avec son épouse Bona : Béatrice née en mai 1516 et Francesco né en juin 1517.
La montée de la Confédération suisse contribue également à renforcer les liens entre les différents cantons et avec les trois alliances de la Ligue. Les Suisse renforcent également leurs liens avec la papauté grâce au travail du cardinal Matthieu Schiner, la tête pensante de l'alliance avec les États papaux. Le cardinal de Sion est devenu l'un des figures-clés de la Confédération suisse grâce au succès de ses actions diplomatiques dans la guerre de la Ligue de Cambrai (2). Au cours des années 1515-1518, le cardinal rencontre Érasme à Bâle en 1515, échangeant avec lui sur la nécessité de réformes de l'Église. Il développe également une correspondance avec Ulrich Zwingli, un prêtre de Glarus qu'il connaissait depuis les combats de 1512 contre les Français. Si les deux hommes sont en désaccord sur la question de la politique de mercenariat de leurs compatriotes, Zwingli étant en opposition au principe de cette politique, les deux hommes ont en commun leur soutien de l’alliance pontificale et de la nécessité de réformer l'Église catholique. À travers les lettres, ils développent une amitié forte. Cette correspondance continue alors que Zwingli devient aumônier à l'abbaye d'Einsiedeln suite à l’hostilité croissante d’une partie de ses paroissiens du fait de son austérité et de certaines de ses idées.
Charles III de Savoie tire profit de la naissance de Charles IX, car elle atténue la menace française sur son duché, d'autant plus que la mère de François III de Bretagne, Louise de Savoie, est sa demi-sœur et revendique le duché. Il perd cependant en 1516 le soutien de Léon X avec la mort de son beau-frère, Julien de Médicis. Cela le force à s’appuyer sur les Suisses, permettant à ces derniers de développer leur influence sur son duché et sur la petite république de Genève avec laquelle il est en conflit larvé depuis 1513 avec son choix de désigner son cousin Jean comme évêque de la ville.
Le pape Léon X prend profit du retrait français de l'Italie pour renforcer sa position en Italie, mais aussi comme chef de l'Église. Ainsi, il tire profit des actions de son prédécesseur pour conserver le duché de Modène et Reggio et récupère Parme en 1518 à travers le traité de Bergame dans lequel il aide le duché de Milan et la Confédération suisse à trouver un accord. Cela lui permet de promouvoir son projet contre les Turcs. Durant les années 1515-1516, une première ébauche du projet commence à prendre forme avec Matthieu Schiner parmi les figures-clés de l’expédition. La mort de Ferdinand II d’Aragon oblige à relancer les efforts diplomatiques, notamment dans le cadre d’un projet de traité de paix général. Le pape soutient ainsi les efforts diplomatiques d’Henri VIII et de son chancelier qui aboutissent au Traité de Londres. Léon X salue le traité qu’il considère comme une étape cruciale pour la mise en place d’une expédition contre les Turcs, d’autant plus alors que ces derniers se sont emparés de l’Égypte contrôlée par les mamelouks au début de 1517. Les efforts de Léon X semblent porter ses fruits en 1518 lorsque Maximilien Ier, Charles Ier d’Espagne et Manuel Ier du Portugal s’associent avec lui pour préparer une campagne militaire contre Selim Ier, amenant à une demande encore plus forte d’indulgences dans la Chrétienté. Ce projet est cependant entravé par l’absence de la France du fait de sa régence et des relations compliquées entre le pape et la reine douairière à cause de la question de la Pragmatique Sanction de Bourges condamnée par le concile du Latran achevé en 1516.
A la même époque, Léon X est confronté à la révélation de Martin Luther. Le moine allemand de l'ordre des Augustins dénonce l'abus du système des indulgences au travers de ses 95 thèses en octobre 1517. S’il considère le message de ce dernier comme un problème relevant du territoire impérial, le pape souhaite cependant rencontrer le moine pour discuter avec lui des différents éléments de controverse parmi ses thèses, notamment sur celles qu'il juge erronées. Le refus de Martin Luther à le rencontrer l’amène à envoyer le cardinal de Cajetan pour rencontrer le moine à Augsbourg en octobre 1518. La rencontre se passe mal, Martin Luther se refusant de se rétracter sur les points jugés faux ou erronés de ses idées malgré les arguments du cardinal. Et même la bulle pontificale rappelant la légitimité du pape à accorder des indulgences ne fait fléchir le moine augustin.
La République de Gênes tire profit de la paix qui s’installe grâce au gouvernement d’Ottaviano Fregoso en tant que doge. Au cours de sa gouvernance, il parvient à moderniser le port de Gênes et à obtenir le soutien de nombreux patriciens et habitants grâce à sa magnanimité. Il permet le retour de son cousin, Giano II di Campofregoso. Si le doge fait prospérer sa cité durant les années 1515-1516, la pérennisation de la paix amène au retour des rivalités patriciennes des Albergo , notamment de la famille Adorno. Pour contrer ces menaces, Ottaviano Fregoso renforce ses liens avec la papauté et les Habsbourg. Le doge tire aussi profit de l’affaiblissement du puissant royaume voisin du fait de sa régence et de l’état de dépendance du duché de Milan envers les Suisses pour consolider sa position, s’appuyant sur son cousin et l’amiral Andrea Doria pour pouvoir imposer une gouvernance plus stable. Pour renforcer la prospérité de sa cité, il tisse enfin des liens commerciaux avec ses voisins, notamment le royaume de France.
Venise doit reconnaître la perte du territoire de Vérone à Maximilien Ier et se retrouve isolée sur le plan diplomatique. Pour contrer la menace des Habsbourg et l'influence renforcée de la papauté, Venise se tourne vers la France. La politique de la régence française permet à la république maritime de devenir un partenaire commercial très important et un allié-clé à partir de 1517.

(1) La Guerre de la Ligue de Cambrai correspond à la Quatrième Guerre d'Italie entre 1508 et 1514.
(2) Durant la quatrième guerre d'Italie, Henri VIII a rejoint la Sainte-Ligue contre Louis XII dans l'espoir de conquérir des terres aux dépens du royaume de France. Si ses armées défont les Françaises à la "bataille des éperons" à l'été 1513 et conquièrent Tournai, le coût des expéditions et l'absence de soutien de ses alliés, tout particulièrement Ferdinand II d'Aragon, amènent Henri VIII à renoncer à ses projets, privilégiant la voie diplomatique. C'est ainsi qu'il signe le traité de Londres de l'été 1514 qui ramène la paix entre son royaume et celui de France, ainsi qu'une alliance symbolisée par le mariage de sa sœur Marie d'Angleterre avec Louis XII (informations tirés de la biographie de Georges Minois sur Henri VIII).


Dernière édition par Yodarc le Dim 17 Avr - 22:49, édité 4 fois
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Collectionneur Sam 26 Fév - 21:55

Merci. Guerres de religion inéluctables ? Ou alors ''sus aux Ottomans'' parvient à maintenir la cohésion d'une alliance européenne ?
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Message par Yodarc Sam 26 Fév - 22:04

Collectionneur a écrit:Merci. Guerres de religion inéluctables ?   Ou alors ''sus aux Ottomans'' parvient à maintenir la cohésion d'une alliance européenne ?

Sans trop en révéler (cela gâcherait le plaisir de la lecture) l'absence de François Ier comme roi de France du fait du point de divergence va avoir pour conséquence de grandement influencer la politique extérieure de Charles Quint (ce n'est pas vraiment un spoiler, étant donné la situation favorable que ce dernier avait dans les successions dynastiques de l'époque). Mais cela va aussi avoir pour conséquence d'accentuer certaines oppositions qui étaient déjà présentes historiquement (et tout cela sera présenté dans les parties ultérieures concernées).
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Message par Flosgon78 Sam 26 Fév - 22:43

Vraiment passionnant, j'ai hâte de lire la suite !
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Message par Yodarc Mer 2 Mar - 19:54

Voici la quatrième partie de ce récit alternatif sur la Renaissance. Partie particulière du fait qu'elle regroupe tous les acteurs pour des raisons pratiques : le contexte particulier de l'année 1519 sur le plan historique justifie à mon sens de la développer de manière à part entière et par conséquent de considérer la situation de la France et de ses voisins à ce moment pivot qui à mon humble avis, ne change guère par rapport à l'Histoire du fait de la réunion de conditions particulières précises (et la seule façon de les changer aurait été de supprimer Charles Quint, ce que je ne fais pas : le but de ce récit est d'explorer une évolution plausible de la réalité historique au travers de tendances tout en s'attardant sur certains événements précis de cette réalité alternative). Cet événement pivot est l'autre raison de mon intérêt à développer ce récit : explorer la manière dont la Renaissance aurait évolué sans un des acteurs-clés à la position où il se trouvait.
Dans tous les cas, bonne lecture ! N'hésitez pas à me faire des retours.

1519-1520 : bouleversements de l’échiquier politique de la Chrétienté
En janvier 1519, Maximilien I de Habsbourg décède. Sa mort provoque l’élection impériale par les sept Grands électeurs devant désigner son successeur. Les principaux candidats sont Henri VIII et Charles I d’Espagne, même si certains des princes électeurs tentent de persuader le prince Frédéric III de Saxe d'être candidat. En juin 1528, n’ayant pas d’adversaire sérieux pour le concurrencer, Charles est élu empereur, devenant Charles V (mais tous le nommeront Charles Quint). Son élection fait de lui le dirigeant le plus puissant de la chrétienté puisqu'il règne désormais sur le Saint Empire romain germanique, le duché de Bourgogne par le biais des Flandres et de la Franche-Comté, le duché de Vérone, les terres héréditaires d'Autriche, les royaumes de Castille et d'Aragon et est représenté dans les royaumes de Naples et de Sicile. Le souverain Habsbourg est confirmé dans son nouveau titre avec son couronnement en tant que roi des romains à Aix-la-Chapelle en octobre 1520.

L’élection de Charles Quint bouleverse l'équilibre politique établi depuis 1514 et confirmé par le traité de Londres de 1517. Le pouvoir considérable des Habsbourg suscite chez certains de leurs voisins appréhension et hésitation, notamment pour le royaume de France et la papauté, le premier inquiet de voir les Habsbourg menacer son intégrité du fait des revendications de Charles Quint sur la Bourgogne ou le fait que ses terres encerclent le royaume, le second inquiet de voir son influence menacé dans la péninsule Italienne.

En France, l'élection impériale a été suivie avec prudence et intérêt. Alors que Marie soutient secrètement son frère, François III de Bretagne soutient Charles car le succès du Habsbourg signifierait une pression plus grande sur la régente et pourrait l’aider à reprendre la position de force qu’il occupait dans les toutes premières années de la régence. L’élection de Charles Quint se traduit par un renforcement de l’influence de l’héritier présomptif à la couronne, bien que ses positions sur les relations avec les Habsbourg se rapprochent de celles de la régente, tous les deux étant conscients de l’importante menace que fait peser l’empereur sur le royaume. Seules les modalités de gérer cette menace sont différentes chez les deux grandes figures du royaume : pour la reine régente, il s’agit principalement de conserver des relations cordiales avec Charles Quint tout en renforçant les liens avec le royaume d’Angleterre, tandis que pour François, il s’agit de renforcer l’alliance avec l’Angleterre et de développer les relations dans la péninsule italienne, notamment avec la papauté.
Ces divergences ne nuisent cependant pas à la consolidation des liens entre le royaume de France et celui d’Angleterre, facilitée par le fait que les deux royaumes voient toutes deux l'empereur comme une menace, Marie pour l’intégrité du royaume de son fils et Henri VIII pour l'influence qu'il exerce actuellement sur le continent par l’intermédiaire de son alliance avec sa sœur. Les deux dirigeants trouvent l’opportunité de se rencontrer près d’Ardres en juin 1520 au cours de laquelle l'alliance entre les deux royaumes est renouvelée et concrétisée par les fiançailles entre la fille d'Henri VIII, Marie, et le fils aîné de François III de Bretagne, François. Alors que Marie d’Angleterre renouvelle le traité de Douvres avec Charles Quint durant l’entrevue de Tournai à la fin juin 1520, elle ne renouvelle pas la promesse de fiançailles entre Renée de France et lui, préférant proposer sa pupille à son neveu, Jacques V d’Écosse lors du traité de Rouen signé avec Albany en octobre 1520 qui renouvelle l’alliance entre les deux royaumes.

L'élection de l'Empereur crée quelques remous en Écosse alors qu'une nouvelle alternative à l'alliance avec l'Angleterre et la France apparaît. Cela soulève des tensions parmi les seigneurs écossais, car certains n'aiment pas le statu quo actuel et ne font pas confiance au partenariat avec l'Angleterre. Bien qu’il ait été renouvelé par le traité de Rouen, le compromis de Calais de 1517 commence à se fragiliser alors que les rivalités entre John Stuart d’Albany et Archibald Douglas se renforcent. En parallèle, des seigneurs écossais décident de prendre contact avec Christian III de Danemark, espérant voir ce dernier servir d’intermédiaire entre eux et Charles Quint, ce dernier étant le beau-frère du roi danois.

La mort de Maximilien I coupe court au développement de l’expédition contre l’Empire Ottoman alors qu’il s’approchait du stade de l’exécution pratique. Durant les mois précédant l’élection impériale, le pape Léon X cherche un candidat idéal à soutenir pour éviter de voir Charles Ier d’Espagne obtenir la charge impériale, car cela le rendrait très puissant et menacerait l’influence et le pouvoir de la papauté dans la péninsule italienne.
Cependant, en mai 1519, son neveu, Laurent II meurt de la syphilis. Son décès prive Florence d’un duc de la maison des Médicis et amène le pape à envoyer son légat et cousin, Giulio de Médicis, prendre la position de Gran Maestro de Florence. Le décès de Laurent II précipite une révolte à Urbino au début du mois de juin 1519, la ville n’ayant jamais accepté le duc depuis qu’il a été imposé par la force en mars 1516 au détriment de François-Marie I Della Rovere. L’émeute chasse les soldats de l’ancien duc Médicis et oblige Léon X à recruter dans la précipitation une armée pour réprimer la révolte et empêcher François-Marie de revenir. Ce dernier, exilé à Mantoue, cherche à tirer profit de l’occasion : il revient à la fin juin à Urbino, accueilli en ferveur par les habitants et cherche à recruter une armée. En juillet 1519, le pape charge le condottiere Francesco Del Monte de reprendre la ville avec les forces mobilisées en Romagne. Le condottiere rejoint Urbino à la fin juillet et entreprend le siège de la cité. Malgré la défense féroce des habitants de la ville et la position géographique de cette dernière, l’expérience militaire de Francesco Del Monte et l’isolement d’Urbino lui permet de s’en emparer à la fin du mois de septembre 1519. Urbino subit une répression féroce des armées pontificales alors que François Marie est forcé de fuir la cité et de retrouver l’exil à Mantoue.
Accaparé par le conflit d’Urbino, Léon X a observé en spectateur l’élection de Charles Quint. S’il finit par triompher de François-Marie, le conflit a affecté sa réputation et sa capacité à soutenir un projet d’expédition contre l’Empire Ottoman. Le trésor pontifical ayant subi d’importantes dépenses pour assurer le paiement des soldats chargés de reprendre Urbino.
Le conflit d’Urbino contribue aussi à exacerber le développement des idées de Martin Luther : le moine allemand continue de refuser de se rétracter et tire avantage du conflit pour dénoncer les ingérences du pape dans des domaines qu’il ne devrait pas s’il était homme de Dieu. Cela contribue à renforcer la détermination de Léon X à faire rétracter le moine et devant le refus de ce dernier, condamne ses idées par la bulle Exsurge Domine en juin 1520. Il demande aussi à Charles Quint à prendre des mesures drastiques contre le moine augustin, d’autant plus lorsque ce dernier brûle publiquement la bulle pontificale à Wurtemberg en décembre 1520, officialisant sa rupture avec Rome.
En parallèle de ces tensions, Léon X retravaille le projet d’expédition contre les Turcs Ottomans avec le nouvel empereur, mais est aussi soucieux de préserver l’influence de la papauté face au pouvoir imposant de Charles Quint. Cela l’amène à chercher à améliorer ses relations avec la régence française et à renforcer ses relations avec le royaume d’Angleterre, d’autant plus alors qu’il décerne à Henri VIII le titre de « défenseur de la foi » pour son traité théologique contre Martin Luther. La mort du sultan Selim I amène le pape à suspendre le projet d’expédition, estimant la menace moindre avec le nouveau sultan, Soliman.

L’année 1519 voit quelques tensions dans le duché de Milan. D’une part, l'élection impériale suscite l’appréhension et la curiosité de Maximilien Sforza, car l’élection de Charles Quint signifie à la fois un autre prétendant pour le titre ducal, mais aussi un potentiel protecteur puissant pour préserver son duché contre d’autres revendications et limiter l’influence des cantons suisses sur ses terres alors que ses sujets continuent d’avoir un certain ressentiment à l’encontre des Suisses. La présence de son frère Francesco à la cour impériale l’amène à développer les relations avec le nouvel empereur.

Les Suisses ne prêtent guère attention à l'élection impériale, étant autonome de toute allégeance à l’empereur depuis le traité de Bâle de 1499 avec Maximilien I. Le cardinal Matthieu Schiner soutient cependant Charles Ier d’Espagne car il le considère comme un allié puissant sur lequel il pourrait compter pour préserver le nouveau statu quo. L’élection du souverain Habsbourg permet au prince-évêque de Sion de consolider ses liens avec le nouvel empereur.
Un incident grave implique durant l’année 1519 certains cantons suisses : la crise genevoise. En février 1519, le Grand Conseil de Genève décide de faire alliance avec Fribourg. En réponse, Charles III de Savoie envahit le petit territoire. Le duc de Savoie demande également à Fribourg de renoncer à leur traité d'alliance avec Genève. Les cantons suisses, en particulier Fribourg et Berne, ont cependant développé des liens étroits avec Genève au cours des années 1515-1518 et soutiennent Philippe Berthelier, un ardent patriote genevois qui s’oppose aux ambitions du duc de Savoie dans son pays. Les différents cantons suisses ont en outre renforcé leurs liens et développée une certaine influence dans le nord de l’Italie par le biais de leur alliance avec le pape et le duché de Milan. La rupture du traité de combourgeoisie et l’exécution de Philippe Berthelier pour trahison en août 1519 aggravent les tensions, les cantons de Berne et de Fribourg dénonçant l'ingérence savoyarde dans la politique genevoise. Le maintien des troupes savoyardes dans la république genevoise contribuent à nourrir les tensions. La médiation de Léon X par le biais du cardinal Matthieu Schiner permet d’apaiser les cantons suisses, mais contribuent au développement d’une rivalité entre les cantons et le duché de Savoie, les premiers considérant de plus en plus le duc comme un danger pour la pérennité de la république de Genève alors que Charles III considère les suisses comme un danger pour son duché. Du fait de la proximité du pape avec les cantons suisses et du lien qui semble se développer entre Charles Quint et le cardinal Matthieu Schiner, il décide de se rapprocher du royaume de France, considérant que la régence française ne représentera pas une menace pour son territoire et pourra le soutenir contre ses rivaux.
Au début de l’année 1519, Ulrich Zwingli devient curé stipendiaire de Zurich. Il échange encore des lettres avec Matthieu Schiner, débattant avec lui de l'urgente nécessité de réformer l'Église. En 1520, il renonce à sa pension pontificale et commence à développer ses propres positions théologiques, bien qu’elles demeurent quelque peu officieuses du fait des liens forts qui lient les cantons suisses avec la papauté.

Durant les années 1519-1520, la république de Gênes connaît des événements importants. En avril 1519, une flotte commandée par Andrea Doria détruit celle des pirates barbaresques de Bizerte près de Pianosa, détruisant la capacité de Bizerte à mener des raids dans la Méditerranée orientale et renforce la capacité de Gênes à frapper sur les côtes des Barbaresques. Suite à l’élection impériale de Charles Quint, le doge de la république de Gênes, Ottaviano Fregoso, entreprend de se rapprocher de ce dernier, considérant ce dernier afin d’avoir un puissant allié pour protéger son territoire et lui permettre de tenir face aux autres Albergo dont la rivalité est devenue de nouveau intense à Gênes. Mais en septembre 1520, Ottaviano Fregoso est contraint de démissionner de la position de doge sous la pression des alliés d’Antoniotto II Adorno qui redevient doge après 1512. Suite à son retour au pouvoir, le nouveau doge oblige les Fregoso à l’exil comme cela avait été le cas en 1510. Pour pouvoir stabiliser sa position et faire face à ses rivaux, Antoniotto II Adorno se rapproche de la régence française, ayant été autrefois un allié de Louis XII durant la guerre de la Ligue de Cambrai.
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Message par Flosgon78 Mer 2 Mar - 23:53

Yodarc a écrit:
Voici la quatrième partie de ce récit alternatif sur la Renaissance. Partie particulière du fait qu'elle regroupe tous les acteurs pour des raisons pratiques : le contexte particulier de l'année 1519 sur le plan historique justifie à mon sens de la développer de manière à part entière et par conséquent de considérer la situation de la France et de ses voisins à ce moment pivot qui à mon humble avis, ne change guère par rapport à l'Histoire du fait de la réunion de conditions particulières précises (et la seule façon de les changer aurait été de supprimer Charles Quint, ce que je ne fais pas : le but de ce récit est d'explorer une évolution plausible de la réalité historique au travers de tendances tout en s'attardant sur certains événements précis de cette réalité alternative). Cet événement pivot est l'autre raison de mon intérêt à développer ce récit : explorer la manière dont la Renaissance aurait évolué sans un des acteurs-clés à la position où il se trouvait.
Dans tous les cas, bonne lecture ! N'hésitez pas à me faire des retours.

1519-1520 : bouleversements de l’échiquier politique de la Chrétienté
En janvier 1519, Maximilien I de Habsbourg décède. Sa mort provoque l’élection impériale par les sept Grands électeurs devant désigner son successeur. Les principaux candidats sont Henri VIII et Charles I d’Espagne, même si certains des princes électeurs tentent de persuader le prince Frédéric III de Saxe d'être candidat. En juin 1528, n’ayant pas d’adversaire sérieux pour le concurrencer, Charles est élu empereur, devenant Charles V (mais tous le nommeront Charles Quint). Son élection fait de lui le dirigeant le plus puissant de la chrétienté puisqu'il règne désormais sur le Saint Empire romain germanique, le duché de Bourgogne par le biais des Flandres et de la Franche-Comté, le duché de Vérone, les terres héréditaires d'Autriche, les royaumes de Castille et d'Aragon et est représenté dans les royaumes de Naples et de Sicile. Le souverain Habsbourg est confirmé dans son nouveau titre avec son couronnement en tant que roi des romains à Aix-la-Chapelle en octobre 1520.

L’élection de Charles Quint bouleverse l'équilibre politique établi depuis 1514 et confirmé par le traité de Londres de 1517. Le pouvoir considérable des Habsbourg suscite chez certains de leurs voisins appréhension et hésitation, notamment pour le royaume de France et la papauté, le premier inquiet de voir les Habsbourg menacer son intégrité du fait des revendications de Charles Quint sur la Bourgogne ou le fait que ses terres encerclent le royaume, le second inquiet de voir son influence menacé dans la péninsule Italienne.

En France, l'élection impériale a été suivie avec prudence et intérêt. Alors que Marie soutient secrètement son frère, François III de Bretagne soutient Charles car le succès du Habsbourg signifierait une pression plus grande sur la régente et pourrait l’aider à reprendre la position de force qu’il occupait dans les toutes premières années de la régence. L’élection de Charles Quint se traduit par un renforcement de l’influence de l’héritier présomptif à la couronne, bien que ses positions sur les relations avec les Habsbourg se rapprochent de celles de la régente, tous les deux étant conscients de l’importante menace que fait peser l’empereur sur le royaume. Seules les modalités de gérer cette menace sont différentes chez les deux grandes figures du royaume : pour la reine régente, il s’agit principalement de conserver des relations cordiales avec Charles Quint tout en renforçant les liens avec le royaume d’Angleterre, tandis que pour François, il s’agit de renforcer l’alliance avec l’Angleterre et de développer les relations dans la péninsule italienne, notamment avec la papauté.
Ces divergences ne nuisent cependant pas à la consolidation des liens entre le royaume de France et celui d’Angleterre, facilitée par le fait que les deux royaumes voient toutes deux l'empereur comme une menace, Marie pour l’intégrité du royaume de son fils et Henri VIII pour l'influence qu'il exerce actuellement sur le continent par l’intermédiaire de son alliance avec sa sœur. Les deux dirigeants trouvent l’opportunité de se rencontrer près d’Ardres en juin 1520 au cours de laquelle l'alliance entre les deux royaumes est renouvelée et concrétisée par les fiançailles entre la fille d'Henri VIII, Marie, et le fils aîné de François III de Bretagne, François. Alors que Marie d’Angleterre renouvelle le traité de Douvres avec Charles Quint durant l’entrevue de Tournai à la fin juin 1520, elle ne renouvelle pas la promesse de fiançailles entre Renée de France et lui, préférant proposer sa pupille à son neveu, Jacques V d’Écosse lors du traité de Rouen signé avec Albany en octobre 1520 qui renouvelle l’alliance entre les deux royaumes.

L'élection de l'Empereur crée quelques remous en Écosse alors qu'une nouvelle alternative à l'alliance avec l'Angleterre et la France apparaît. Cela soulève des tensions parmi les seigneurs écossais, car certains n'aiment pas le statu quo actuel et ne font pas confiance au partenariat avec l'Angleterre. Bien qu’il ait été renouvelé par le traité de Rouen, le compromis de Calais de 1517 commence à se fragiliser alors que les rivalités entre John Stuart d’Albany et Archibald Douglas se renforcent. En parallèle, des seigneurs écossais décident de prendre contact avec Christian III de Danemark, espérant voir ce dernier servir d’intermédiaire entre eux et Charles Quint, ce dernier étant le beau-frère du roi danois.

La mort de Maximilien I coupe court au développement de l’expédition contre l’Empire Ottoman alors qu’il s’approchait du stade de l’exécution pratique. Durant les mois précédant l’élection impériale, le pape Léon X cherche un candidat idéal à soutenir pour éviter de voir Charles Ier d’Espagne obtenir la charge impériale, car cela le rendrait très puissant et menacerait l’influence et le pouvoir de la papauté dans la péninsule italienne.
Cependant, en mai 1519, son neveu, Laurent II meurt de la syphilis. Son décès prive Florence d’un duc de la maison des Médicis et amène le pape à envoyer son légat et cousin, Giulio de Médicis, prendre la position de Gran Maestro de Florence. Le décès de Laurent II précipite une révolte à Urbino au début du mois de juin 1519, la ville n’ayant jamais accepté le duc depuis qu’il a été imposé par la force en mars 1516 au détriment de François-Marie I Della Rovere. L’émeute chasse les soldats de l’ancien duc Médicis et oblige Léon X à recruter dans la précipitation une armée pour réprimer la révolte et empêcher François-Marie de revenir. Ce dernier, exilé à Mantoue, cherche à tirer profit de l’occasion : il revient à la fin juin à Urbino, accueilli en ferveur par les habitants et cherche à recruter une armée. En juillet 1519, le pape charge le condottiere Francesco Del Monte de reprendre la ville avec les forces mobilisées en Romagne. Le condottiere rejoint Urbino à la fin juillet et entreprend le siège de la cité. Malgré la défense féroce des habitants de la ville et la position géographique de cette dernière, l’expérience militaire de Francesco Del Monte et l’isolement d’Urbino lui permet de s’en emparer à la fin du mois de septembre 1519. Urbino subit une répression féroce des armées pontificales alors que François Marie est forcé de fuir la cité et de retrouver l’exil à Mantoue.
Accaparé par le conflit d’Urbino, Léon X a observé en spectateur l’élection de Charles Quint. S’il finit par triompher de François-Marie, le conflit a affecté sa réputation et sa capacité à soutenir un projet d’expédition contre l’Empire Ottoman. Le trésor pontifical ayant subi d’importantes dépenses pour assurer le paiement des soldats chargés de reprendre Urbino.
Le conflit d’Urbino contribue aussi à exacerber le développement des idées de Martin Luther : le moine allemand continue de refuser de se rétracter et tire avantage du conflit pour dénoncer les ingérences du pape dans des domaines qu’il ne devrait pas s’il était homme de Dieu. Cela contribue à renforcer la détermination de Léon X à faire rétracter le moine et devant le refus de ce dernier, condamne ses idées par la bulle Exsurge Domine en juin 1520. Il demande aussi à Charles Quint à prendre des mesures drastiques contre le moine augustin, d’autant plus lorsque ce dernier brûle publiquement la bulle pontificale à Wurtemberg en décembre 1520, officialisant sa rupture avec Rome.
En parallèle de ces tensions, Léon X retravaille le projet d’expédition contre les Turcs Ottomans avec le nouvel empereur, mais est aussi soucieux de préserver l’influence de la papauté face au pouvoir imposant de Charles Quint. Cela l’amène à chercher à améliorer ses relations avec la régence française et à renforcer ses relations avec le royaume d’Angleterre, d’autant plus alors qu’il décerne à Henri VIII le titre de « défenseur de la foi » pour son traité théologique contre Martin Luther. La mort du sultan Selim I amène le pape à suspendre le projet d’expédition, estimant la menace moindre avec le nouveau sultan, Soliman.

L’année 1519 voit quelques tensions dans le duché de Milan. D’une part, l'élection impériale suscite l’appréhension et la curiosité de Maximilien Sforza, car l’élection de Charles Quint signifie à la fois un autre prétendant pour le titre ducal, mais aussi un potentiel protecteur puissant pour préserver son duché contre d’autres revendications et limiter l’influence des cantons suisses sur ses terres alors que ses sujets continuent d’avoir un certain ressentiment à l’encontre des Suisses. La présence de son frère Francesco à la cour impériale l’amène à développer les relations avec le nouvel empereur.

Les Suisses ne prêtent guère attention à l'élection impériale, étant autonome de toute allégeance à l’empereur depuis le traité de Bâle de 1499 avec Maximilien I. Le cardinal Matthieu Schiner soutient cependant Charles Ier d’Espagne car il le considère comme un allié puissant sur lequel il pourrait compter pour préserver le nouveau statu quo. L’élection du souverain Habsbourg permet au prince-évêque de Sion de consolider ses liens avec le nouvel empereur.
Un incident grave implique durant l’année 1519 certains cantons suisses : la crise genevoise. En février 1519, le Grand Conseil de Genève décide de faire alliance avec Fribourg. En réponse, Charles III de Savoie envahit le petit territoire. Le duc de Savoie demande également à Fribourg de renoncer à leur traité d'alliance avec Genève. Les cantons suisses, en particulier Fribourg et Berne, ont cependant développé des liens étroits avec Genève au cours des années 1515-1518 et soutiennent Philippe Berthelier, un ardent patriote genevois qui s’oppose aux ambitions du duc de Savoie dans son pays. Les différents cantons suisses ont en outre renforcé leurs liens et développée une certaine influence dans le nord de l’Italie par le biais de leur alliance avec le pape et le duché de Milan. La rupture du traité de combourgeoisie et l’exécution de Philippe Berthelier pour trahison en août 1519 aggravent les tensions, les cantons de Berne et de Fribourg dénonçant l'ingérence savoyarde dans la politique genevoise. Le maintien des troupes savoyardes dans la république genevoise contribuent à nourrir les tensions. La médiation de Léon X par le biais du cardinal Matthieu Schiner permet d’apaiser les cantons suisses, mais contribuent au développement d’une rivalité entre les cantons et le duché de Savoie, les premiers considérant de plus en plus le duc comme un danger pour la pérennité de la république de Genève alors que Charles III considère les suisses comme un danger pour son duché. Du fait de la proximité du pape avec les cantons suisses et du lien qui semble se développer entre Charles Quint et le cardinal Matthieu Schiner, il décide de se rapprocher du royaume de France, considérant que la régence française ne représentera pas une menace pour son territoire et pourra le soutenir contre ses rivaux.
Au début de l’année 1519, Ulrich Zwingli devient curé stipendiaire de Zurich. Il échange encore des lettres avec Matthieu Schiner, débattant avec lui de l'urgente nécessité de réformer l'Église. En 1520, il renonce à sa pension pontificale et commence à développer ses propres positions théologiques, bien qu’elles demeurent quelque peu officieuses du fait des liens forts qui lient les cantons suisses avec la papauté.

Durant les années 1519-1520, la république de Gênes connaît des événements importants. En avril 1519, une flotte commandée par Andrea Doria détruit celle des pirates barbaresques de Bizerte près de Pianosa, détruisant la capacité de Bizerte à mener des raids dans la Méditerranée orientale et renforce la capacité de Gênes à frapper sur les côtes des Barbaresques. Suite à l’élection impériale de Charles Quint, le doge de la république de Gênes, Ottaviano Fregoso, entreprend de se rapprocher de ce dernier, considérant ce dernier afin d’avoir un puissant allié pour protéger son territoire et lui permettre de tenir face aux autres Albergo dont la rivalité est devenue de nouveau intense à Gênes. Mais en septembre 1520, Ottaviano Fregoso est contraint de démissionner de la position de doge sous la pression des alliés d’Antoniotto II Adorno qui redevient doge après 1512. Suite à son retour au pouvoir, le nouveau doge oblige les Fregoso à l’exil comme cela avait été le cas en 1510. Pour pouvoir stabiliser sa position et faire face à ses rivaux, Antoniotto II Adorno se rapproche de la régence française, ayant été autrefois un allié de Louis XII durant la guerre de la Ligue de Cambrai.

Comptes-tu publier une partie sur l'Europe de l'Est dans ton uchronie ? Vraiment super encore une fois !!!
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Message par Collectionneur Jeu 3 Mar - 0:30

Je ne connaissais pas Philippe Berthelier. La page wiki est assez succincte, accusations de trahison, mais de qui envers qui ?
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Message par Yodarc Jeu 3 Mar - 6:53

La page wiki anglaise est un peu plus détaillée sur le sujet : Philippe Berthelier était accusé de trahison officiellement contre le gouvernement de sa cité, mais en réalité parce qu'il était un des plus farouches opposants aux ambitions de Charles III de Savoie envers son territoire (République de Genève).
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Message par Yodarc Jeu 3 Mar - 11:00

Flosgon78 a écrit: Comptes-tu publier une partie sur l'Europe de l'Est dans ton uchronie ? Vraiment super encore une fois !!!

Probablement. Je le ferai cependant lorsque de possibles répercussions liées au point de divergence se feront sentir. Pour la période décrite (1514-1520), hormis le mariage de Sigismond I de Pologne qui change (IOTL, il est marié à Bona Sforza), il n'y a guère d'incidence sur l'évolution du royaume de Pologne sur cette période.
Cela n'empêchera pas des mentions dans d'autres parties, notamment du fait des tractations diplomatiques qui pourraient subvenir dans cette réalité alternative.
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Message par Flosgon78 Jeu 3 Mar - 11:26

Yodarc a écrit:
Flosgon78 a écrit: Comptes-tu publier une partie sur l'Europe de l'Est dans ton uchronie ? Vraiment super encore une fois !!!

Probablement. Je le ferai cependant lorsque de possibles répercussions liées au point de divergence se feront sentir. Pour la période décrite (1514-1520), hormis le mariage de Sigismond I de Pologne qui change (IOTL, il est marié à Bona Sforza), il n'y a guère d'incidence sur l'évolution du royaume de Pologne sur cette période.
Cela n'empêchera pas des mentions dans d'autres parties, notamment du fait des tractations diplomatiques qui pourraient subvenir dans cette réalité alternative.
Ok merci de ta réponse, j'ai hâte de voir et de lire tout ça !
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Message par ezaski Jeu 3 Mar - 12:18

C'est toujours très intéressant Smile
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Message par Yodarc Sam 5 Mar - 21:54

Voici la quatrième partie de cette TL. Elle est la première de celles se concentrant sur un événement à part entière qui concerne plusieurs acteurs de l'époque. Elle a été très difficile à imaginer, car elle s'appuie sur des événements préexistants mais qui se retrouvent reconfigurés par la nouvelle donne contextuelle. Le plus difficile pour moi a été de définir la version alternative de ces événements tout en restant plausible et crédible, notamment concernant les contraintes de l'époque. Les chiffres données sont des extrapolations résultant de l'analyse des données historiques que j'ai pu trouver sur ces événements et recontextualisés. J'espère que le résultat présenté dans cette partie est au moins satisfaisante.
Bonne lecture et n'hésitez pas à faire vos retours !

1521-1523: Guerre de la Sainte Ligue, genèse et débuts
Suite à un incident diplomatique durant l’année 1520 (1), la guerre est déclarée entre l’Empire Ottoman et le royaume de Hongrie. En 1521, le sultan ottoman, Soliman, mène campagne contre le sud du royaume, s’emparant notamment de la forteresse de Belgrade en août 1521.
La chute de la forteresse stupéfie toute la chrétienté et contribue à relancer et à consolider l'idée d'alliance militaire contre les Turcs. S’appuyant sur le traité de Londres, le pape Léon X exhorte les différents souverains à combattre les Turcs, arguant que l’agression de la Hongrie implique le soutien des autres signataires du traité. Charles Quint et son frère Ferdinand, devenu archiduc d'Autriche en avril 1521, sont les premiers à répondre à l'appel du pape. Un traité d’alliance militaire est signé à Parme entre les trois dirigeants en novembre 1521. Durant les négociations qui ont permis d’aboutir au traité, Charles Quint est reconnu par le pape comme le roi de Naples. Durant la même période, les Habsbourg renforcent leurs liens avec Louis II de la Hongrie, notamment au travers des mariages entre Louis II avec Marie de Habsbourg et de Ferdinand de Habsbourg avec la sœur du souverain hongrois, Anne Jagellon.
Les autres souverains de la Chrétienté ne sont pas cependant aussi déterminés de rejoindre l’alliance militaire contre les Turcs. La régence française est un peu réticente à y participer, Marie étant peu désireuse de voir l’influence des Habsbourg s’accroître davantage. Seule la détermination et le désir de gloire de François III de Bretagne l’amènent à nuancer sa position. Du côté du royaume d’Angleterre, Henri VIII est d'abord très désireux de gloire militaire, mais son caractère insatiable et versatile contribue à faire évaporer ce désir assez rapidement. Cela est aussi renforcé par le manque d'intérêt de l'aristocratie anglaise à aller combattre les Turcs, le projet ne correspondant point à leurs intérêts. Quant à Venise, la république maritime ne veut pas voir ses privilèges commerciaux avec l’Empire Ottoman se faire menacer.

Durant la même période, différents souverains reçoivent la visite de Villiers de l’Isle-Adam, Grand Maître de l’ordre des Hospitaliers depuis janvier 1521. Ce dernier cherche à avertir les souverains chrétiens de la menace turque sur l’île de Rhodes et cherche à trouver des volontaires pour renforcer la défense de l’île. Le pape et l’empereur se montrent tout particulièrement attentifs à ses appels à l’aide. Suite à la chute de Belgrade, Charles Quint décide de soutenir les Hospitaliers en préparant une expédition destinée à envoyer des renforts à Rhodes contre la menace turque. L’empereur et le pape enjoignent les autres souverains à les soutenir dans cette démarche. La mort de Léon X en décembre 1521 créé un flottement dans la démarche. Quant à Villiers de l’Isle-Adam, il revient à Rhodes au début de 1522 avec des volontaires et prépare la défense de l’île.

Durant l’année 1522, Ferdinand de Habsbourg envoie des soldats soutenir les Hongrois dans la Slavonie, tandis que Charles Quint exhorte les princes allemands à soutenir la campagne militaire contre les Turcs lors de la diète de Nuremberg tenu durant le printemps 1522. Une partie d’entre eux, notamment Guillaume IV de Bavière, approuvent la demande de l’empereur alors que d’autres, comme le prince-électeur Frédéric III de Saxe, sont plus sur la réserve, peu intéressés à s’investir dans un conflit en dehors des frontières du Saint-Empire et plus soucieux des controverses résultant de la diète de Worms.

Au début de mars 1522, Charles Quint fait partir de Barcelone la flotte destinée à transporter les renforts pour l’île de Rhodes La flotte, commandée par Hugo de Moncada, rejoint Messine à la fin d’avril 1522 où elle est complétée par d’autres navires. La flotte italo-espagnole se compose d’environ trente navires dont six galères qui protègent les navires transportant les renforts. Un total d’environ trois mille soldats est transporté en direction de Rhodes. Malgré les contraintes résultant de la distance et de l’absence de soutien de Venise qui possèdent plusieurs territoires dans la proximité de Rhodes, la flotte italo-espagnole parvient à rejoindre l’île au début de juin 1522. L’arrivée de renforts renforce le moral des chevaliers hospitaliers et leur détermination à défendre l’île contre les Turcs. Alors que la majeure partie des renforts rejoignent les défenseurs de l’île, d’autres s’installent dans la forteresse de l’île voisine de Chálki. Pour ne pas engorger le port de Rhodes, une partie de la flotte italo-espagnole demeure sur l’île tandis que le reste est réparti sur les différentes îles contrôlées par les chevaliers hospitaliers, notamment Lango (2). La défense de l’île est préparée et organisée par Villiers de l’Isle-Adam et Hugo de Moncada. Une certaine tension existe entre le commandant espagnol et les chevaliers hospitaliers, ces derniers lui reprochant de ne pas avoir honoré son engagement dans l’ordre.
Le 24 juin 1522, la flotte turque se présente devant Rhodes et met en place un blocus destiné à prévenir le ravitaillement de l’île. Le 18 juillet, Soliman rejoint la région avec son armée et le siège de la cité commence le 28 juillet. Face aux soixante-quinze mille hommes du sultan turc, ce sont près de onze mille défenseurs qui sont déterminés à se défendre.
Durant août 1522, le siège est principalement marqué par les jeux d’artillerie et les actions de sape et de contre-sape. D’un côté, les Turcs cherchent à fait effondrer un des murs ou bastions de Rhodes pour ouvrir une brèche qui leur permettrait de prendre possession de la ville. De l’autre, les défenseurs cherchent à empêcher leurs adversaires de parvenir à leurs fins, conseillés par Gabriel Tadini de Martinengo, un ingénieur vénitien expert en contre-sape. Il en résulte en certaines occasions de terribles combats souterrains entre les sapeurs des deux camps. En parallèle de ces épreuves de forces, les Turcs mènent des assauts quotidiens pour éprouver les défenseurs et espérer les submerger par le nombre. A ces assauts, les défenseurs, principalement italo-espagnols, n’hésitaient pas à mener de temps à autre des raids dans le camp adverse. Ces attaques et un début d’épidémie de dysenterie contribuent à saper le moral des Turcs. La situation évolue quelque peu lorsque le 4 septembre 1522, une brèche est ouverte le bastion de l’Angleterre, amenant à un assaut important des Turcs contre celle-ci. L’affrontement fait rage toute la journée et voit les assaillants se faire refouler par les défenseurs. Ces derniers bénéficient de quelques soutiens des autres îles du Dodécanèse grâce aux navires de la flotte envoyée par Charles Quint.

Au cours de la même période, le successeur du pape Léon X, Paul III cherche à organiser une alliance militaire plus conséquente contre l’Empire Ottoman, notamment en réponse aux appels à l’aide des chevaliers de l’ordre hospitalier à Rhodes qui appréhendent de voir les Turcs chercher à s’emparer de l’île comme en 1480. Informé du début du siège de Rhodes en juillet 1522, le pape enjoint les souverains chrétiens à agir pour empêcher les Turcs de s’emparer de l’île. L’annonce du siège de Rhodes contribue à faire aboutir les négociations du pape, amenant à la création de la Sainte-Ligue en septembre 1522. Cette alliance regroupe Charles Quint, Ferdinand de Habsbourg, le pape, le roi Jean III du Portugal, le duché de Milan, la République de Gênes, la République de Venise, le duché de Florence, la confédération suisse, le royaume d’Angleterre et le royaume de France.

Charles Quint est le premier à répondre à l’appel de Paul III. Il est d’autant plus déterminé qu’il avait reçu la nouvelle de la réussite de l’expédition navale de mars. A la fin de juillet 1522, il envoie une nouvelle flotte d’une vingtaine de navires pour soutenir en vivres et renforts les défenseurs. Cette dernière est accompagnée de la flotte personnelle d’Andrea Doria, ce dernier ayant offert ses services à l’empereur pour cette nouvelle expédition. L’escadre rejoint Rhodes au cours de septembre 1522 et parvient à passer outre le blocus pour envoyer des vivres et près de deux mille hommes. Ce renfort affermit la détermination des défenseurs alors qu’ils ont subi l’assaut du 4 septembre contre le bastion de l’Angleterre. L’espoir d’avoir le secours des nations chrétiennes de l’ouest renforce la détermination des chevaliers hospitaliers et de leurs alliés à tenir. Cette détermination est cruciale lorsque le 24 septembre 1522, les Ottomans se lancent à l’assaut de la Tour de l’Espagne et des bastions de l’Angleterre, de la Provence et de l’Italie. De violents affrontements font rage durant toute la journée, tout particulièrement à la Tour d’Espagne. Les Turcs manquent à plusieurs reprises de s’en emparer, mais les défenseurs se défendent avec férocité. Parmi eux, Ignace de Loyola s’illustre en affrontant au corps à corps plusieurs janissaires. L’échec final de l’assaut amène Soliman à destituer Mustapha Pacha de la responsabilité de commandant des forces armées assiégeant le siège pour la donner à Ahmed Pacha, le commandant des janissaires. Le siège connaît alors un enlisement, l’armée turque souffrant beaucoup de l’attrition et de la dysenterie alors que les défenseurs sont raffermis dans leur détermination à préserver Rhodes.
Sur Rhodes, le siège continue de faire rage durant le mois de novembre alors que les Turcs sont déterminés à faire tomber au plus vite un des bastions fragilisés par leurs opérations de sape. Alors que la saison hivernale arrive, Soliman est obligé de faire amener des vivres et des munitions pour pouvoir continuer le siège alors que son armée voit son moral se dégrader à mesure que le siège perdure et que les pertes augmentent à la fois du fait des défenseurs de la cité que la dysenterie. Du côté des défenseurs, la détermination demeure forte même si certains déplorent que seul l’empereur Charles Quint soit le seul à les soutenir. Le soutien des navires en provenance de Lango permet de préserver le moral des défenseurs, notamment lorsqu’ils apprennent la création de la Sainte-Ligue. L’apparition d’une flotte vénitienne durant le mois de novembre réanime la volonté de combattre des défenseurs qui savent désormais que les puissances chrétiennes de l’Ouest sont unies pour les soutenir contre les Turcs. Le 21 novembre 1522, la Tour d’Espagne s’effondre, alors que d’autres bastions sont fragilisés, rendant compliquée la situation des défenseurs. S’ils repoussent un nouvel assaut des Ottomans à la fin de novembre, ces derniers se retrouvent divisés sur la marche à suivre. Si Hugo de Moncada et Villiers de l’Isle-Adam sont déterminés à poursuivre le combat, d’autres membres des chevaliers hospitaliers et les habitants de Rhodes commencent à considérer la reddition préférable. Au début de décembre 1522, un incident grave éclate : un serviteur d'André d'Amaral est surpris en train d’envoyer un message au camp turc. Torturé, il avoue avoir agi sur l’ordre de son maître. Malgré ses dénégations, le prieur est exécuté quelques jours plus tard. Cet incident contribue à renforcer les tensions entre ceux déterminés à continuer de se défendre et ceux qui commencent à penser que la reddition est la seule issue possible. La présence d’Hugo de Moncada et de ses hommes permet à Villiers de l’Isle-Adam de demeurer en position forte sur le sujet.
Au mois de décembre 1522, l’armée turque est très affaiblie par le siège. Les échecs dans les assauts, la dysenterie et l’hivernage contraint sur l’île contribuent à saper le moral des soldats alors que leurs adversaires paraissent toujours aussi déterminés. L’arrivée plus fréquente de navires ravitaillant les défenseurs contribuent à amoindrir le moral des Ottomans, se rendant compte de la faiblesse de leur blocus et du risque de renforts imminents pour leurs adversaires. Cette situation amène Soliman à demander l’intensification du blocus et à concentrer les tirs d’artillerie sur ce qui reste de la Tour d’Espagne et sur le bastion d’Angleterre afin de les faire écrouler et de tenter un nouvel assaut pour faire céder les défenseurs. Le 13 décembre, ce qui reste de la Tour d’Espagne s’effondre tandis que le bastion de l’Angleterre est presque en ruine. Alors que cela amène à accentuer les pressions des habitants de Rhodes sur les défenseurs pour qu’ils demandent une trêve, les Turcs lancent le 18 décembre un assaut assez similaire à celui du 24 septembre. L’état de ruine de la Tour d’Espagne et du bastion de l’Angleterre rend plus ardu la tâche des défenseurs et les deux tours changent de possession trois fois au cours des affrontements. Les pertes sont lourdes des deux côtés et ce n’est qu’à la tombée de la nuit que les combats cessent. A l’issue de ces affrontements, les deux camps sont à bout de souffle, même si les défenseurs ont espoir d’avoir de nouveau de l’aide des puissances chrétiennes, principalement de Charles Quint.
Durant les mois d’octobre et de novembre, Charles Quint constitue une troisième flotte pour soutenir Rhodes. Sa flotte est composée des vaisseaux envoyés en août et renforcée par des navires portugais et de galères génoises, se composant de près de cent navires, dont une vingtaine de galères, qui transportent environ huit mille hommes. Quittant Messine au cours de novembre 1522, la flotte affronte la mauvaise saison et rejoint Candie (3) au début de décembre avant de rejoindre Rhodes aux alentours de Noël 1522. Leur arrivée amène à un violent affrontement naval entre les navires turcs et les navires de la Sainte-Ligue, mais la majeure partie des bateaux rejoignent Rhodes. L’arrivée des renforts soulage les défenseurs et contribue à dégrader davantage le moral des Ottomans qui voient la réussite du siège s’éloigner malgré la multiplication des brèches dans les fortifications. Malgré les pressions de certains de ses commandants et conseillers, Soliman se décide de lever le siège au début de janvier 1523, ne voulant pas perdre inutilement davantage de forces alors que les défenseurs se sont bien renforcés et pourraient recevoir de nouveaux renforts. Durant le mois de janvier, il fait évacuer son armée démoralisée et fragilisée par l’usure du siège et la dysenterie. Les défenseurs en profitent pour multiplier les raids contre le camp turc. Le départ des derniers soldats ottomans le 17 janvier 1523 marque la fin officielle du siège de Rhodes. Près de huit mille hommes ont été tués ou blessés durant le siège du côté des défenseurs tandis que du côté des Turcs, trente mille hommes ont été tués, blessés ou malades. A ces pertes s’ajoute la perte d’une vingtaine de navires chez les hospitaliers et leurs alliés et autant pour leurs adversaires.

Le dénouement du siège de Rhodes est célébré dans la Chrétienté, notamment par la papauté et l’empereur qui y voient un signe du ciel pour chasser la menace turque. A l’inverse, l’échec devant Rhodes contribue à réveiller les doutes et divisions chez les Ottomans alors que Soliman avait exécuté ce projet dans le but d’unifier ses sujets contre un ennemi commun. Il en résulte aussi la déchéance de plusieurs des vizirs ayant soutenu et préparé le projet, notamment Piri Ahmed. L’échec de Rhodes amène aussi Soliman à renouveler l’alliance que son père avait construite avec Khayr Ad-Dîn Barberousse, le beylerbey d’Alger afin d’avoir les pirates barbaresques. Il envoie plus de cinq mille janissaires soutenir le corsaire barbaresque à l'été 1523. Ce renfort permet à Khayr Ad-Dîn de mener une attaque contre son rival, Sidi Ahmed ou el Kadhi, sultan de Koukou, qui avait pris possession d'Alger en 1520. Ce dernier demeure maître de la ville, mais se retrouve en difficulté face aux barbaresques et leurs alliés turcs.

Durant l’année 1523, Charles Quint et Paul III collaborent pour développer le projet d’expédition contre l’Empire Ottoman et concrétiser le projet de feu Léon X. S’inspirant en partie du projet conçu en 1518 par son prédécesseur et grand-père, Maximilien I, Charles Quint compte mettre en œuvre un ambitieux projet ayant trois axes de progression : un par la Hongrie pour les armées du Saint-Empire et de son frère Ferdinand ; un passant par l’Italie et Durrës pour les armées française, napolitaine et papale ; et un passant par l’Afrique du Nord pour l’armée espagnole soutenue par sa flotte et la flotte portugaise. Pour pouvoir mettre en œuvre ce projet, l’empereur négocie avec les différents alliés de la Sainte-Ligue afin de pouvoir les persuader de participer à l’expédition. Paul III est favorable au projet, soutenant l’empereur dans sa démarche. Son frère Ferdinand est facile à convaincre, ce dernier soutenant déjà leur beau-frère Louis II de Hongrie pour protéger son royaume des Turcs. Jean III de Portugal le rejoint aussi, honorant l’alliance qui s’est établie entre les souverains de la maison d’Aviz et ceux des lignées de Castille et d’Aragon. Pour les princes allemands, la troisième diète de Nuremberg voit une division entre eux entre ceux qui sont favorables à soutenir l’empereur dans son projet et ceux qui sont plus réticents. Quant au royaume de France, si la régente est hésitante, l’empereur peut avoir le soutien de l’héritier présomptif pour son projet. Il obtient aussi le soutien de la république de Venise durant la même année. A l’automne 1523, lors de la rencontre de Cambrai, l’empereur élabore avec ses alliés le plan de campagne contre les Turcs et leurs alliés. Tous les membres de la Sainte-Ligue semblent disposés à soutenir le projet, amenant l’empereur à penser que le combat contre l’Empire Ottoman permettra de rapprocher les puissances chrétiennes en vue de l’empire universel qu’il cherche à ressusciter.

(1) En 1520, Soliman envoie un ambassadeur demander le tribut à Louis II de Hongrie dans le cadre de la trêve signée en 1519. Louis II insulte l'ambassadeur et refuse d'honorer le tribut.
(2) Lango est l'île de Kos, une des îles du Dodécanèse à proximité de Rhodes.
(3) Actuelle île de Crête.


Dernière édition par Yodarc le Dim 6 Mar - 15:32, édité 2 fois
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