La conflagration (suite de "L"héritage de Lazare Hoche")

Collectionneur a écrit:La Suisse en guerre Peut on espérait une alliance après guerre ou des régiments de Suisses peuvent jouer les mercenaires pour la France, remplaçant IRL la Légion étrangère ?

La Suisse a toujours été, dans cet univers, davantage sous influence française qu'OTL (en gros, la situation sous le Directoire et le Consulat s'est maintenue). Donc oui, on peut imaginer que la France ait toujours gardé des régiments suisses, à côté d'autres régiments étrangers (nord-africains notamment).

Bravo, c'est une excellente uchronie

L’esquisse d’une nouvelle ère

Les années suivant la fin de la guerre allaient voir se mêler les espoirs d’une société meilleure, tant dans la Russie rouge que dans les démocraties occidentales, avec une vision bien sombre de l’humanité. On découvrait peu à peu l’ampleur des massacres qui avaient eu lieu : épurations ethniques dans le royaume de Hongrie avec l’accord tacite des troupes occupantes, puis violent retour du baton à la libération, pogroms nombreux contre les Juifs commis par les troupes russes et prussiennes malgré l’absence d’ordres officiels et, surtout, nettoyage ethnique de l’Irlande dont on découvrit après guerre qu’il était bien plus ambitieux que ce qui avait été mis en œuvre. Les crimes de guerre des Japonais en Asie devaient, eux, être révélés dans les décennies suivantes.

Les ravages de la guerre étaient visibles par tous : villages dépeuplés, villes rasées par les bombardements et les combats urbains, nombre considérable de veuves, d’orphelins et de mutilés de guerre.

La conférence de la paix de Francfort de 1937 confirmait le nouvel ordre européen. La Rhénanie obtenait de nouveaux gains territoriaux et un accès à la mer en Basse-Saxe, le Hanovre redevenait un pays indépendant, la Prusse perdait tous ses gains du dernier conflit et se voyait privée de la Silésie, confiée à une force d’occupation internationale dans l’attente d’un référendum d’autodétermination. Une Union Germanique était créée, regroupement de nations souveraines dont la co-présidence était dévolue à l’Empereur du Saint-Empire (devenu plus que jamais une structure seulement symbolique) et au président de la République rhénane.

La Russie acceptait la perte de la Pologne, agrandie de Vilna et de l’ouest de la Biélorussie , et de la Bessarabie, ainsi que de certains territoires en Carélie, ainsi que le rattachement d’Erevan à l’Arménie anatolienne nouvellement indépendante, mais conservait pour le reste son immense territoire, soulevant beaucoup de protestations en Occident. Mais personne ne voulait lancer une nouvelle guerre pour poursuivre jusqu’à Moscou…

Les discussions à la conférence de paix furent également l’occasion de développer l’idée d’une organisation internationale dédiée à l’arbitrage des conflits et au maintien de la paix, plusieurs puissances publiant une déclaration en ce sens. Elle se concrétisa lors de la conférence de La Havane, deux ans plus tard, où les vainqueurs de la guerre, ainsi que la Chine impériale et de nombreux pays américains, dont le Mexique et les Etats-Unis, fondèrent le Conseil Mondial des Nations. Il fut bientôt rejoint par la plupart des pays indépendants, à l’exception de la Russie et du Japon.

Face à l’affaiblissement de l’Europe, de nouvelles puissances apparaissaient : les Etats-Unis, malgré l’affaiblissement consécutif à la guerre civile et les divisions internes toujours plus grandes, et, surtout, le Mexique, dominaient les Amériques. En Asie, la Chine impériale semblait prête à reprendre sa montée en puissance interrompue par la guerre civile. Le Japon, auréolé de ses derniers succès, parlait maintenant d’égal à égal avec les anciennes puissances coloniales.

excellent !

La reconstruction de l’Angleterre

La fin officielle du royaume de Grande-Bretagne, avec l’indépendance de l’Ecosse, et les dégâts causés par la guerre, auxquels s’ajouta l’humiliation d’une occupation étrangère, laissaient l’impression d’un pays à reconstruire de fond en comble, après une catastrophe nationale jamais vue depuis au moins la guerre des deux-roses.

Le résultat du référendum qui garantissait le maintien de la monarchie indiquait néanmoins une volonté des Anglais d’une certaine continuité avec le passé, un passé antérieure à la prise de pouvoir par les nationalistes. L’élection d’un nouveau parlement et le vote de l’Acte de reconstruction  nationale, compromis historique entre les différentes forces politiques, allait définir les orientations du pays pour les décennies à venir.

L’Acte reconnaissait l’autonomie du Pays de Galles, désormais doté de son propre parlement, et, surtout, confirmait les nationalisations de fait opérées lors des révoltes syndicales, les élargissant même à certaines entreprises reconnues coupables de participation aux crimes de la dictature.

Devenu roi après l’abdication de son père, le prince Harold régnait sous le nom de George VII. Sa jeunesse (dix ans à peine en 1937) était bienvenue, l’empêchant d’être associé par les Anglais aux errances passées du pays. Le trône étant installé à York pendant l’occupation de Londres par les troupes du Pacte, le roi passa la majeure partie de ses premières années de règne en déplacement en Ecosse, la proximité des foyers insurrectionnels syndicalistes et la peur d’un retour de la violence politique faisant craindre pour sa sécurité. Le souverain et le conseil de régence ne rentrèrent à Londres qu’en 1938, après le départ des troupes françaises.

Le Parti conservateur put continuer à exister politiquement, car dirigé par des personnalités exilées ou emprisonnées après l’établissement du régime autoritaire, mais n’était plus que le troisième parti du parlement. La vie politique se structura entre l’United Labour Party, issu principalement de la résistance syndicaliste, et le Parti Social-Chrétien, monarchiste de gauche et lié à la low church anglicane.

Les années 1940 furent celles de la reconstruction et de la reprise économique, accompagnées d’un renouveau culturel qui refit des productions britanniques un produit d’exportation. Mort en prenant les commandes d’un prototype défaillant d’avion à réactions en 1954, George VII est pleuré par une nation qui avait retrouvé son unité. Son jeune frère Richard, devenu roi sous le nom de Richard IV, est actuellement roi d’Angleterre, d’Ecosse et de Madras.

La France après 1937

En 1937, Sigebert Schaffer quittait la présidence de la République après 15 ans de pouvoir, laissant un pays profondément transformé.
Victorieuse, la France n’en avait pas moins été affaiblie par la guerre, tant par les pertes humaines et économiques que par le recul de son influence dans plusieurs zones. La France avait dû mettre fin à son protectorat sur la Corée, et bientôt accorder l’indépendance à la Cochinchine et à Bornéo. En 1942, le système des Républiques fédérées fut transformé en Union des Républiques Libres, dans laquelle la République Française perdait sa préséance.

En manque chronique de main-d’œuvre, la France dut faire appel à une fort immigration, obtenue principalement par des accords avec la Corée et le Champa, et également en autorisant les troupes de la Légion nord-africaine et les vétérans des troupes coloniales à venir s’installer en métropole et à obtenir la citoyenneté.

Profondément divisée après la révolution russe, la gauche socialiste ne put garder le pouvoir, qui fut occupé tout au long des années 1940 par les centristes du Parti Démocrate. Les conquêtes sociales restaient pourtant en place et se trouvaient consolidées, tandis que l’interventionnisme étatique dans l’économie devenait la norme dans l’ensemble du champ politique.

Via le Pacte de Baden-Baden, la France conservait une influence notable sur l’Europe centrale et le monde germanique, mais devait faire, à l’international, avec l’influence grandissante du royaume du Mexique et le retour progressif de l’influence russe.

Au cours des années 1950, elle fut néanmoins le pays qui déploya le plus de troupes en Amérique du Nord, dans le cadre de la troisième guerre civile américaine.

Chute et renaissance de la Chine impériale

La Chine avait été dans les décennies 1910 et 1920 une puissance montante, de plus en plus capable de faire valoir son point de vue à l’échelle du monde. Sous l’égide d’un empereur populaire, légitimé par ses succès à la tête des armées impériales, le pays connaissait un développement économique tiré par les investissements étrangers mais aussi par l’apparition d’une bourgeoisie nationale et d’un ensemble de grandes entreprises.

La situation changea radicalement avec la mort inattendue de l’empereur en 1929 et la crise politique qu’elle provoqua. Une faction de la bourgeoisie déclencha deux ans plus tard une insurrection contre le pouvoir impérial à Shanghaï, où fut proclamée la République chinoise. Mais la révolution échappa rapidement à ses concepteurs, dépassés par les factions égalitariennes et socialistes, et le gouvernement libéral doit fuir Shanghaï pour s’installer à Canton. La « révolution rouge » s’étend à Tianjin, et de là à Pékin, ainsi qu’aux régions charbonnières de l’intérieur.

En 1932, le gouvernement républicain du sud est contraint à une reddition sans conditions, mais il faut deux années supplémentaires pour en finir avec l’ « armée rouge ». Mais la guerre de s’achève pas : les tenants du retour à une monarchie constitutionnelle et modernisatrice sur le modèles des années 1910 et 1920 s’opposent à la faction des « Jeunes dragons » partisans d’un traditionalisme intransigeant et anti-occidental.

Les combats ne s’achèvent qu’en 1936, juste à temps pour que la Chine puisse participer aux conférences internationales qui posent les bases du monde d’après-guerre.

Les années qui suivent sont marquées par le retour à la paix et au lancement d’une série de grands travaux, notamment pour retenir la main d’œuvre rurale hors des villes, où l’arrivée massive de nouveaux habitants provoque des troubles sociaux d’envergure. Le développement économique des villes côtières et du bassin du Yangzi se poursuit et s’accélère, faisant de la Chine une puissance économique d’envergure mondiale.

En 1946, la nouvelle constitution limite définitivement les pouvoirs de l’empereur et instaure un régime pluripartite théorique, bien que toute alternance soit dans les faits impossible.

Avec l’augmentation rapide de la population, les dernières famines touchent le pays dans la décennie 1950, mais l’hécatombe annoncée par certains n’a pas lieu, en raison des investissements massifs de l’Etat dans la modernisation de l’agriculture.

Excellent !

L’âge des nouvelles puissances


Le Mexique, puissance mondiale

Si le Mexique était resté neutre, il avait activement soutenu le Pacte, tant du point de vue financier que par les livraisons d’armement et l’aide industrielle. 120 000 Mexicains s’étaient battus, à divers titres, dans les armées du Pacte, notamment en Irlande et sur le front français, encouragés en cela par l’Etat, qui avait accordé des congés spéciaux à ses officiers.

Le pays était à l’après-guerre une puissance considérablement renforcée, et était définitivement sorti de la crise. Son industrie dépassait désormais celle des pays européens, tandis que ses productions économiques s’exportaient désormais dans le monde entier. Abordant le plus souvent des thèmes légers, les films produits dans les studios de la côté occidentale connurent un immense succès dans une Europe qui cherchait à se divertir et penser à autre choses qu’aux désastres de la guerre.

Mexico connaissait quant à elle un développement accéléré, plutôt bien maitrisé par les autorités royales, malgré les classiques problèmes urbains. Aux vieux quartiers coloniaux et aux palais d’inspirations française des Orléans allaient s’ajouter de nouvelles expériences architecturales qui allaient contribuer à la renommée de la ville. Marqué par l’inspiration précolombienne, le Palais de l’histoire mexicaine affichait sa démesure, devenant le plus grand bâtiment du monde.

La Compagnie Pétrolière Mexicaine, fondée au début du siècle, était devenue l’entreprise pétrolière la plus puissante du monde, devant les compagnies françaises, russes ou ottomanes.

Politiquement, le Parlement se séparait entre le Parti libéral, hégémonique, et le Parti conservateur, implanté dans de nombreuses provinces, mais le Parti Populaire, qui regroupait les tendances socialistes et agrarianistes, faisait officie de troisième force puissante.

Le Japon, puissance contrariée

Le shogunat avait eu l’occasion de montrer, pendant la guerre, de montrer l’efficacité de son armée et de sa flotte, en dominant le théâtre sud-est-asiatique. Les armées de l’archipel occupaient à la fin de la guerre l’Alaska, Hawaï, la péninsule malaise et le Bengale, avant de se déployer également, après l’armistice, dans le sud de l’Inde.

Dès les lendemains de la paix, des frictions apparurent avec les alliés du Pacte : le Japon comptait bien administrer directement ses conquêtes, et décider de leur avenir, alors que les Européens souhaitaient en faire des Etats indépendants et alliés.

Se sentant lésés, les Japonais élurent massivement des députés nationalistes et pan-asiatistes, provoquant de nouvelles frictions avec les Occidentaux aussi bien qu’avec les Mexicains, de plus en plus présents dans l’espace pacifique.

Le Japon ne se retira, lentement, qu’après avoir laissé derrière lui des gouvernements acquis à sa cause. En Malaisie, le pouvoir fut laissé aux nationalistes représentants la majorité malaise musulmane, conduisant à l’exode de centaines de milliers de Chinois, vers Bornéo, la Chine ou, dans une moindre mesure, l’Europe occidentale.

Au Bengale et à Hawaï, les gouvernements fidèles à Tokyo étaient solidement en place. La tentative de créer en Inde du sud une vaste confédération princière alignée sur le Japon échoua néanmoins, après le coup d’Etat mené par d’anciens Cipayes à Madras, où un Etat théoriquement fidèle à la monarchie britannique fut restauré.

Soumis à de nombreuses tensions, tant extérieures qu’intérieures, avec la présence importante de l’agitation socialiste et égalitarienne, le Japon n’en connaissait pas moins un développement économique solide, sécurisé par le contrôle du pétrole malais.

Pour le Mexique on peut imaginer la constitution d'une industrie automobile, sous l'égide d'un ancien pilote d'origine suisse nommé Luis Chevrolet.

L’Amérique du Sud depuis 1868

Le renversement de la monarchie espagnole en 1868 avait perturbé le fragile équilibre né des indépendances latino-américaines.
A Bogota, l’élite de la Nouvelle-Grenade décida dans un premier temps de garantir sa stabilité en modifiant simplement sa constitution, remplaçant la monarchie par une présidence confiée symboliquement au président de la République espagnole. Mais la volonté de profiter de la crise politique pour régler de vieux différends frontaliers avec le Pérou prirent finalement le dessus.

Alors que Lima était toujours en négociations pour déterminer qui devait monter sur le trône, la République de Nouvelle-Grenade lança une offensive contre la province d’Equateur et s’empara en quelques semaines du port de Guayaquil. L’euphorie fut de courte durée : au printemps 1870, une offensive péruvienne reprend tout le terrain perdu et pénètre en territoire grenadin. Le Vénézuela, ennemi héréditaire, lance lui-aussi une offensive pour régler de vielles querelles de frontières.

Seule une défense énergique, menée par le jeune général Gustavo Morelos, permet de sauver l’intégrité territoriale du pays. L’épuisement des belligérants conduit à la paix de 1872.

Héros national, Morelos peut se faire nommer président l’année suivante, puis rétablir la monarchie à son profit en 1875.
Au Pérou, la victoire militaire consolide le pouvoir de la branche cadette des Bourbons installée à Lima. Le pays se rêve, sur le modèle du Mexique, comme une puissance moderne capable de parler d’égal à égal avec les pays européens, mais fait face à de nombreuses tensions internes, entre indiens et créoles, entre propriétaires et travailleurs agricoles, ainsi qu’entre les territoires côtiers et l’intérieur. La stabilité institutionnelle garantit néanmoins un certain développement.

Dans le Royaume du Rio de la Plata, bien intégré au commerce mondial, Buenos Aires doit réprimer à plusieurs reprises des soulèvements provinciaux, notamment au Paraguay. En 1912, les élections portent, pour la première fois sur le continent, un gouvernement dominé par les socialistes au pouvoir.

La République Révolutionnaire du Brésil, marquée par l’effondrement de l’Etat et le pouvoir des chefs locaux, ne se stabilise qu’au cours de la décennie 1940, et commence à retrouver sa place au sein de la région. C’est en 1952 qu’un traité d’amitié est pour la première fois signé entre les deux Brésil, normalisant leurs relations. En 1964, le Pérou, la Nouvelle-Grenade, le Chili et le Rio de la Plata signent le « Traité des Andes » qui pose les bases d’une coopération accrue entre les pays hispanophones et aboutit sur la créations d’une Union Andine quelques années plus tard.

Chouette, une suite

Y'aura t'il une conclusion à cette fresque ?

Rayan du Griffoul a écrit:Y'aura t'il une conclusion à cette fresque ?

Pour l'instant rien de prévu, mais oui, pourquoi ne pas conclure en présentant le monde contemporain, vu que l'on s'en rapproche.

Rayan du Griffoul,

Ne soit pas si impatient ! Demetrios est occupé. Il a quand même détruit l'URSS avec l'armée française entre temps

LFC/Emile Ollivier a écrit:Rayan du Griffoul,

Ne soit pas si impatient ! Demetrios est occupé. Il a quand même détruit l'URSS avec l'armée française entre temps

En effet. Et ce serait dommage de voir Ciano et sa solution éthiopienne décrite dans un monde où il existe une république de la Rio de la Plata et où la monarchie anglaise à trépassé (si je ne me trompe pas).

C'est quand même un monde ou le Mexique est la 1er puissance en Amérique et où la Belgique est française

Ca fait envie quand même

Rayan,

Le rêve de Napoléon III en somme