[CTC02] Heritage
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[CTC02] Heritage
L’homme est assis dans une haute chaise de bois placée près du grand feu réchauffant la pièce. Des fenêtres garnies de peaux tannées et huilées laissent passer une lumière diffuse qui, ajoutée à celle des flammes, rend l’ensemble assez lumineux.
Devant l’homme se trouvent huit chaises pour ses six fils et les mères des trois derniers âgés de seulement 8, 7 et 2 ans. L’aîné, Pépin, est vêtu de sa robe de bure et sa tonsure marquait bien son rang de moine. Cela fait 17 ans qu’il a été contraint de revêtir la robe de bure symbole de son état, suite à un complot mal avisé qui l’a vu tenter de renverser son père.
Charles, Carloman et Louis, enfants d’une seconde union, viennent ensuite. Tous trois portent les insignes de leur rang royal, et Carloman a également changé de nom : il est devenu Pépin, comme son aîné, porteur du nom de son grand père. Ensemble ils forment les bras armés de leur père dans son immense empire : Charles dans le nord, Pépin à l’est et au sud, Louis dans le sud-ouest. Leur frère Lothaire, le jumeau de Louis, est décédé quelques mois seulement après leur double naissance.
L’homme lève la tête, contemple chacun de ses fils avant de pousser un long soupir. L’homme le plus puissant d’Occident est fatigué, il règne depuis 40 ans déjà, et cela fait près de 10 ans qu’il a réussi le tour de force qui l’a vu couronné Empereur, un titre disparu depuis plus de 300 ans avant qu’il ne le ressuscite.
“Mes fils. Je vous ai réunis aujourd’hui pour vous annoncer une décision qu’il m’a été difficile de prendre, mais que j’estime nécessaire pour la survie de l’Empire tel que quatre décennies de lutte l’ont bâti. La tradition veut que les fils reconnus légitimes et en droit d’hériter reçoivent en part égale l’héritage de leur père.”
Disant cela l’homme regarde son aîné, celui qu’il a déshérité et condamné à une vie monacale. Il ne le sait pas encore, mais il vient de le désigner abbé d’une nouvelle abbaye dont il vient d’ordonner la fondation en Italie…
“Mais cette tradition a un inconvénient majeur, elle affaiblit trop la dynastie. Si elle peut convenir à de petits chefs germaniques, elle ne saurait servir pour la dynastie la plus puissance de l’Occident. Aussi ai-je décidé de changer la loi et d’introduire un nouveau mode d’héritage dynastique qui s’appliquera à notre famille et à toutes celles qui feront le choix de nous suivre, et ce choix sera irrévocable à partir du moment il sera prit.”
Se saisissant d’un parchemin, il le montre à ses fils : “En ce qui concerne notre famille ce changement a déjà eu lieu et été communiqué aux quatre coins de notre empire, donc il ne sert à rien de chercher à vous y opposer…” Souriant, il poursuit : “Je sais que je vous brusque, et que les puinés vont m’en vouloir… Mais désormais le fils aîné ou, à défaut de lignée mâle, la fille aînée de la famille héritera de la moitié des titres, terres et richesses de la succession. L’autre moitié sera divisée en deux, le second né héritant donc du quart de l’héritage et les cadets se partageant le reste de manière similaire jusqu’à épuisement de la famille.”
A ces mots Carloman et Louis laissent apparaître le choc de la nouvelle. Louis comprend bien la logique, et n’est pas homme à aller contre la volonté de son père. Carloman en revanche est beaucoup moins heureux même s’il obtient une proportion finalement importante de l’héritage. Son père lève la main, prévenant par là même la réaction de son fils : “Oui, je sais. Mais réfléchit : le souverain ne doit, ne peut être contesté. Il ne peut y avoir de branche de la famille tellement puissante qu’elle rivaliserait avec l’aîné. Ce système le garantira, et garantira la place prépondérante de notre famille pour les siècles à venir. J’aurais pu donner l'entièreté de l’héritage à l’aîné, mais je ne l’ai pas fait pour ne pas créer plus de guerres civiles, complots et séditions qu’il n’y en a déjà…” Son regard se porte à nouveau sur Pépin alors qu’il dit cela. Il reprends : “Ma volonté sera faite, il n’y aura pas de doute là dessus, j’ai pris mes dispositions. Par ailleurs je suis encore bien en vie, je ne compte pas disparaître aujourd’hui…”
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La volonté du vieil empereur fut suivie lors de son décès mais pas comme il l’avait prévu. En effet Carloman et Charles périrent avant leur frère Louis, sans laisser de descendance. Ce fut donc Louis et Theodoric qui héritèrent de l’essentiel des biens de leur père, leurs demi-soeurs et les deux bâtards Drogon et Hugues ne recevant que des miettes. Mais Theodoric, encore enfant et âgé de seulement 9 ans, en déféra à son demi-frère pendant les premières années de son règne avant de mourir accidentellement d’une chute de cheval, ne laissant aucune descendance. Cependant le principe avait été posé, et la succession de Louis vit la division de l’Empire en trois selon les règles du grand Charles. La face de l’Europe était définitivement marquée par celui que l’histoire retiendrait sous le nom de Carolus Magnus, Charlemagne.
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