Uchronies romaines
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Uchronies romaines
Vous l'avez peut-être remarqué, je pense beaucoup à l'histoire romaine en ce moment. J'ai commencé par la conjuration de catalina, mais rapidement d'autres ont posé des questions intelligentes et apporté leurs réponses.
J'avais déjà répondu, mais je pense que Rome mérite un traitement à part. L'empire romain a une place unique dans l'histoire à cause de sa durée, de l'étendue géographique qu'il a conquis, des institutions qu'il a laissé, de l'importance culturelle, cultuelle (si le pape est à Rome, il y a bien une raison) , symbolique et aussi parce que tout l'Occident est une continuation de l'Empire Romain.
Bref, le nombre d'uchronie que l'on peut écrire sur l'Empire Romain est proprement illimité. Mon but dans ce post n'est pas de toutes les écrire, mais simplement de vous donner des clefs pour comprendre Rome.
Maraud a écrit:Emile Ollivier a écrit:D'accord
Maintenant, on va revenir à du lourd. Pourquoi l'Empire romain est tombé ? Comment l'éviter ? :p
PS : Très intéressant ton post sur la conjuration de Catalina
Parce que ce sont des impérialiste de merde!
Bon e vrai l'empire tombe pour de multiple raison. Déjà tout l'Empire tient sur la Gueule de l'Empereur. Et quand l'empire perd ben c'est pas normal.
Ça va mener a de multiple crise dynastique qui déstabiliseront continuellement Rome jusqu’à le couper en deux parce que "Gnagnagna mon frère c'est un con"
Dans la même logique de l'Empereur qui en peut pas perdre, un empereur reçoit donc sa légitimité de l'armée. Et donc une armée qui s'enrichit va s'énerver et te virer. Donc on va aller conquérir des trucs comme ça, ça peut piller.
Mais quand au bout d'un moment les voisins que tas en face de toi c'est des pauvres barbares sans le sou, y a rien a piller. Et donc malgré tes pillages ca rapporte que dalle et les soldats se font moins nombreux.
On se retrouve donc déjà avec un Empire Romain qui veut absolument piller la Perse et qui se retrouve dans les autres coins avec que dalle à chourraver.
Donc autant barbares que romains ont tendance a se piller mutuellement et même quand les barbares sont sympa ont les emmerde pour faire genre qu'on est des vrais romains warriors.
Ce qui va leur retomber sur la gueule avec les Goths.
Les Goths sont des barbares nomades qui sont mieux armées que les Romains et ont de bons stratèges mais qui heureusement pour Rome n'ont pas d’intérêt a s'installer vu qu'ils sont nomade mais juste a piller de temps a autres l'empire tout comme Rome leur rend la politesse. Tout va bien, on s'entre tue de temps a autre dans la joie et la bonne humeur et on s'allie de temps en temps pour bruler des voisins.
Puis un jour les Huns arrivent et d'un coup que partie des Goths (les chrétiens) veulent devenir de gentils membres de l'Empire.
Entre bon chrétiens on accepte bien entendu. Mais les Goths ont oublié que les romains c'est un peu les raclures du coin. Ils sont même pas encore installé dans un coins que le trafic d'enfants et de femme se fait sur leur peuple tout en réclamant des troupes.
Et quand les romains disent "on va se réconcilier autours d'un banquet" , ca veut dire "Lol, je vais buter les chef et tenter de transformer en esclaves les Goths". Ce qui a le don étrange d'énerver les Goths qui deviendront donc à Partir de la fin du IVe siècle la principale source d'emmerde des romains, vu que a chaque fois que les Goths tentaient de faire la Paix, Rome tente un coup de pute contre eux dans les années qui suivent (genre les affamés) parce que décidément les romains sont vraiment des connards.
SI bien qu' l'on est obligé de dégarnir les autres fronts pour péter la gueule à leur révoltes continuelles. Salaud de pauvres.
Le truc c'est que en dégarnissant les zones frontalières ben les autres peuples barbares ont en profité pour venir faire du tourisme et en 406 La gaule est ravagé par les voisins belliqueux qui auront tendances à squatter définitivement la Gaule et l'Espagne. Oups des terres en moins pour Rome.
Sachant que Rome a une politique en vers les barbares a base de "Lol, ils finiront par dégager face a nos légions même si on a plus une tune ou a coup de prêche magique de Dieu", on peut dire que leurs dirigeants sont vraiment des cons.
Donc là il faut que Rome réfléchisse a intégrer réellement les barbares et pas à les exploiter comme de vulgaires sauvages locales.
Et puis faut savoir que la peste antonienne à tué 40% de la population de l'Empire au IIe siècle, ce qui a troué les dépenses de l'économie.
Donc pour que l'empire survivent. Change leur chef ou remet une république. Faut des dirigeants moins porté sur la nécessité de remporté des victoires.
phil03 a écrit:Imaginer la République Romaine revenir post-Calligula c'est aller dans l'ASB. Même si elle pouvait revenir, la République Romaine (quoi que certains ont put en dire) n'étaient pas une démocratie mais une oligarchie plus ou étroite (selon que l'ont parlent des Tribuns de la Plèbe ou du Sénat).
Les Goths ne sont également qu'une partie du problème. Certes, avant les Huns ce sont la peuplade barbare la plus dangereuse mais ça reste au niveau du premier d'entre les paires plus que d'autres choses.
Quand à la question qui nous préoccupent:
La chute de l'empire romain fut principalement du à quatre cause (certaine causes secondaires comme la peste antonine, qui tua plutôt de 10 à 15% de la population) ont également joué mais elles ont plus empiré la situation qu'elles l'ont crée. Ces quatre causes ce sont, en quelque sorte, combinés les unes aux autres et ont crée la tempête parfaite pour l'empire.
1) L'empire romain n'a jamais réellement réussi à ce trouver un système politique capable de le gérer sur le long terme. Tant la République que divers types de monarchies s’avérèrent incapable de stabiliser le fonctionnement politique de l'empire. Le résultat ce fut une succession trop souvent décidé à la pointe de l'épée et une série de guerres civiles qui perdurèrent jusqu'à la presque fin de l'empire.
2) Le christianisme lui-même ne nuisit pas trop à l'empire mais il amena avec lui un sous-produit beaucoup plus dangereux: les guerres de religions. La cour romaine s'étant divisé rapidement entre chrétiens et paiens, puis entre Nicéens et Ariens une fois le christianisme assuré les guerres civiles mentionné plus haut devinrent beaucoup plus dommageable pour l'empire. Avant ont évitaient d’endommager ce dont ont voulaient s'emparer tandis qu'après ont voulaient écraser les ennemis de sa foi.
3) Au moment même ou les problèmes du point 1) étaient particulièrement nuisible à l'empire et ou ceux du point 2) allaient se poindre le dynastie Parthe allaient être remplacés par les Sassanides. Beaucoup plus agressif que leurs prédécesseurs (certains vont même jusqu'à affirmer qu'ils voulaient restaurer l'empire Achéménide) ils inaugurèrent une politique hostile envers Rome (et plus tard avec l'empire Byzantin) qui ne se termina vraiment qu'avec leur conquête aux mains des arabes. Rome consacra d'immenses ressources à lutter contre eux, sans résultats décisifs de part et d'autres, aux moments mêmes ou elles allaient avoir d'importants besoins ailleurs...
4) L'un des faits marquants de la fin de l'antiquité demeurent une migration massive de peuples turco-mongoles. Tant l'Inde et la Perse avec les Hephtalites, Rome avec les Huns et la Chine avec un retour des Xiongnu et les Sien-Pei ressentirent le choc. Ces migrations poussèrent également de nombreux autres peuples barbares à fuir devant leur avancés, ce qui créa une sorte d'immense effet boule de neige qui amena de nombreux peuples originant des quatre coins des Steppes d'Europe de l'Est et d'Asie Centrale à s’agglutiner sur la frontière Rhin-Danube. La pression se révéla tout simplement trop forte pour une Rome ravagé par ses conflits civils et engager dans une lutte à finir avec les Sassanides. En 406 de nombreux peuples germaniques passèrent le Rhin en masse, ce qui signa l'arrêt de mort de l'empire d'Occident.
Perso niveau POD je tenterait d'éviter l'arrivée de Commode sur le trône et de sauvegarder les Antonin et leur succession par adoption. Ça règle le problème 1), ça atténue grandement l'importance du problème 2) et les papillons pourrait bien éviter le problème numéro 3). Ça devrait laisser à Rome les forces nécessaires pour faire face au problème numéro 4).
J'avais déjà répondu, mais je pense que Rome mérite un traitement à part. L'empire romain a une place unique dans l'histoire à cause de sa durée, de l'étendue géographique qu'il a conquis, des institutions qu'il a laissé, de l'importance culturelle, cultuelle (si le pape est à Rome, il y a bien une raison) , symbolique et aussi parce que tout l'Occident est une continuation de l'Empire Romain.
Bref, le nombre d'uchronie que l'on peut écrire sur l'Empire Romain est proprement illimité. Mon but dans ce post n'est pas de toutes les écrire, mais simplement de vous donner des clefs pour comprendre Rome.
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Anaxagore- Messages : 2236
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Re: Uchronies romaines
La Fondation de Rome
J'ai déjà traité du caractère uchronique de la légende romaine... ou plutôt des légendes tournant autour de la fondation de Rome. https://forumuchronies.frenchboard.com/t436-la-fondation-de-rome-est-une-uchronie
La première uchronie possible sur l'histoire de Rome est "Et si Rome n'avait pas existé". Et là on se heurte à un problème de taille. Toutes nos sources - à une ou deux exception près- sur cette période de l'histoire italienne sont... romaines. En plus, il s'agit de légendes fixées par l'écris des siècles après les faits, centrées sur le point de vue romain, comportant de grossiers anachronismes et surtout faisant des romains les héros de l'histoire. Avec ça en guise de matériau "historique" pour écrire une uchronie cela revient à scier le tronc de l'arbre sur lequel on se tient ! C'est un exercice impossible.
Les premiers temps de Rome
Notre vision des premiers temps de Rome nous vient de... Caton l'Ancien. Elle a si durablement impressionné ses contemporains et successeurs, qu'elle est littéralement à l'origine de l'Enéide de Virgile.
On y voit le "vrai" romain comme un homme frugal, honnête, travailleur. C'est l'origine de l'expression " Un travail de Romain" lorsque l'on parle d'une construction titanesque comme le pont du Gard où le Colisée (qui ont été construits par des armées d'esclaves... les seuls Romains à avoir travaillé dessus étaient les architectes). Et bien entendu, ces qualités d'honnêtes laboureurs se transmettent aux paysans-soldats romains et expliquent qu'ils aient étendu leur empire... naturellement. Sauf que toute cette "prédestination" n'est qu'un argument à posteriori fournis par Caton le censeur, des siècles après les faits, pour conspuer le goût de la littérature grecque, la construction de théâtres grecs. Tout cela n'est basé sur rien. Il suffit de lire Caton pour comprendre tout ce côté exagéré du paysan romain qui travaillait aux champs toute la journée et si frugal qu'il ne mangeait qu'un oignon. Mon cher Caton, contrairement à vous... j'ai travaillé aux champs, des étés entiers même. C'est un travail très dur, très physique. Avec un oignon dans le ventre, je ne serais pas allé bien loin ! Je vous passe la description du théâtre romain "antique" où les "vrais" romains assistaient aux représentation debout. Bien sûr, s'asseoir au théâtre comme les Grecs c'est être un mollasson... faut endurer la représentation debout, comme un homme ! Les archéologues et les historiens doutent que les Romains aient eu un théâtre à l'époque d'ailleurs...
Bon, j'arrête de me moquer de Caton, cela revient à tirer sur une ambulance. D'ailleurs les contemporains de Caton se moquaient déjà de lui... pour les mêmes raisons.
Il n'y a aucune prédestination de Rome à devenir une grande puissance. Toutes les micro nations qui existaient dans la péninsule romaines avant le VIème siècle av. J.C. se battaient pour des lopins de terre, quelques troupeaux de chèvres. Les "grandes" victoires de Rome avant cette période, les archéologues ont retrouvé les champs de bataille... ils sont tous dans un rayon de 60 km autour de Rome.
On sait que la Rome primitive était une royauté. Une inscription retrouvé en 1899 sous le forum impérial est un fragment d'un autel où l’inscription "roi" est clairement visible. C'est qu'affirmait déjà les anciennes légendes.
Cependant, la Rome des Tarquin - celle de la légende- et la Rome historique sont très différentes. On sait très peu de choses, pas assez pour reconstituer ne serait-ce qu'un pan de la vie des gens de cette époque, de leurs institutions. Même l'autel du forum est trop endommagé pour comprendre de quoi il traite. seulement, d'autres inscriptions (toutes très courtes) font référence à des armées privées. Et les historiens en ont déduit que, dans les premiers temps de Rome, la ville était dominée par des structures claniques. Ce que l'on appelle en latin les gentes. Ces familles élargies ont existé tout au long de l'histoire romaine, mais au début elles devaient être les véritables pouvoir à Rome ( on sait que plus tard elles eurent un rôle central dans la fondation de la république). Le roi (était-il héréditaire ?) était une sorte de magistrat (élu ?) qui arbitrait leurs conflits à Rome. Chaque gentillice (singulier de gentes) réunissait autour d'elle des clients auxquelles elle distribuait la sporula (ration de nourriture ou d'argent... plus tard des places pour les jeux du cirque). Dans les premiers temps de Rome ces clients devaient être... et bien un gang. La plupart des "guerres" de Rome furent des raids de ces gangs sur les terres voisines, expédition de pillage plus qu'autre chose. Oh... les "nations" voisines n'étaient pas mieux à l'époque.
Mais pourquoi la Rome primitive est rapidement devenue maîtresse du Latium, tenant en échec les Étrusques et les peuples des montagnes ? L'archéologie ne nous ne le dit pas avec certitude, il faut revenir à la légende. Rome faisait bon accueil aux esclaves... un trait qui a toujours été typique de Rome. Pourfendons un mythe. Rome nation esclavagiste ? Rome a toujours montré plus de considération pour les esclaves qu'aucun autre peuple de l'antiquité. Elle importait massivement des esclaves, qui peuplaient la ville et finissait par être affranchi. Cette politique fut poursuivit depuis les origines de Rome et c'est l'origine de sa force. Rome accueillait les bannis, les criminels, les esclaves en fuite dont elle faisait ses citoyens.
Cela nous conduit à la réponse à la question que j'ai posé au début du paragraphe précédent. La démographie. Rome est devenue la première puissance de l'Italie, non à cause d'une qualité intrinsèque des Romains à exercer la guerre ou à construire des routes... C'était tout simplement une terre d'accueil qui est rapidement devenue la cité la plus populeuse d'Italie.. 4 ou 5 fois plus peuplée qu'Athènes à la même époque.
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Anaxagore- Messages : 2236
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Age : 50
Re: Uchronies romaines
Toujours aussi intéressant à lire
Pour la démographie tu me confirmes une opinion que j'avais depuis longtemps. Rome ne gagne pas parce quelle est plus forte mais parce qu'elle peut se permettre de perdre: durant ses guerres elle perd plusieurs fois des légions entières; cela ne l'empêche pas d'en lever des nouvelles en peu de temps et de repartir à l'asseau, souvent ayant apprit de ses erreurs et assimilé une partie de l'équipement ou des tactiques adverses.
les nations capables de rebondir après un désastre comme celui de Cannes, il y en a pas beaucoup.
Pour la démographie tu me confirmes une opinion que j'avais depuis longtemps. Rome ne gagne pas parce quelle est plus forte mais parce qu'elle peut se permettre de perdre: durant ses guerres elle perd plusieurs fois des légions entières; cela ne l'empêche pas d'en lever des nouvelles en peu de temps et de repartir à l'asseau, souvent ayant apprit de ses erreurs et assimilé une partie de l'équipement ou des tactiques adverses.
les nations capables de rebondir après un désastre comme celui de Cannes, il y en a pas beaucoup.
le roi louis- Messages : 98
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Re: Uchronies romaines
Pour donner un exemple, les historiens estiment que les légions romaines et leurs auxiliaires représentaient 300 000 hommes au cours de la 2ème guerre punique. A titre de comparaison, Alexandre le Grand n'avait que 50 000 hommes au début de sa célèbre expédition.
Toutefois, ce serait commettre une grave erreur que de considérer que c'est la seule raison de la supériorité romaine. Les Romains ont forgé, au cours des premiers siècles de la république, un instrument de conquête formidable... militairement, mais surtout humainement. Vous comprendrez ce que je veux dire par là.
Toutefois, ce serait commettre une grave erreur que de considérer que c'est la seule raison de la supériorité romaine. Les Romains ont forgé, au cours des premiers siècles de la république, un instrument de conquête formidable... militairement, mais surtout humainement. Vous comprendrez ce que je veux dire par là.
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Anaxagore- Messages : 2236
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Uchronies romaines
En parlant d'uchronie impliquant Rome, je suis en train de finir de lire "Alexandre le Grand et les Aigles de Rome".
Je vous en fera la chronique bientôt.
Je vous en fera la chronique bientôt.
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
Anaxagore aime ce message
Re: Uchronies romaines
La deuxième phase de l'expansion romaine
Rome a triomphé de ses premiers ennemis. Pour contenir les Samnites, la ville a noué une alliance avec les autres villes du Latium qu'elle "dévorera" rapidement socialement et économiquement, faisant de ces derniers des sortes de citoyen de secondes classes (naissance du droit dit "latin"). Au début du Vème siècle avant notre ère, Rome est parvenue à une domination de l'Italie Centrale. Seulement, au nord, les cités états étrusques, les Celtes,sont de dangereux rivaux. Tandis que, les villes de la Grande Grèce (au sud), mais aussi des grandes villes comme Capoue ne le sont pas moins.
D'ailleurs, vers -400 (où peut-être bien avant selon certaines découvertes archéologiques) Rome est saccagée et prise par les Gaulois. Et oui, la légende de la résistance héroïque de la ville n'est que cela, une légende.
Pour certains historiens, cette défaite (le fameux vae victis - malheur aux vaincus- prononcé par le non moins légendaire Brennos) expliquerait l’expansion romaine des siècles suivants. Rome aurait développé une peur de l'autre, l'étranger, forcément ennemi. D'ailleurs en latin hostis veut aussi bien dire l'étranger que l'ennemi. C'est l’étymon du français hostile. En tout cas, il est très probable que la prise de Rome ait conduis la ville a se doter d'une muraille https://fr.wikipedia.org/wiki/Muraille_Servienne; la légende selon laquelle elle ait été commencé sous Tarquin le superbe est... là encore une légende.
C'est aussi à cette époque que Rome se construit réelement du point de vue légal et social. Le système consulaire est établi (et oui, même après le passage à la république, Rome eut d'abord un autre système de gouvernement avec un seul dirigeant, système dont on ne sait pas grand chose). Rome a quitté l'enfance et est à présent prêtre à montrer ses crocs de Louve.
La raison des victoires romaines à cette période, nous la connaissons déjà. Le système politique romain lie directement la richesse qu'un individu consacre à s'équiper militairement à sa participation à la vie de la cité. Un chevalier ( equites ) est un homme qui a assez d'argent pour acheter un cheval de guerre. Au moment de l'élection consulaire, il passe en premier. Et tout en bas, la dernière tribu électorale réunit... les plus pauvres qui ne peuvent pas acheter d'équipement militaire et sont donc exempté de toute participation aux conflits. Ces derniers ne peuvent pas non plus voter.
L'équation est donc simple. Plus vous consacrez d'argent à votre équipement militaire, plus votre place est élevée dans l'ordre social. Inutile de préciser que cela a fortement modelé les mentalités.
Rappelons ce que j'ai déjà expliqué dans un post précédent, Rome est dès le VIème siècle avant J.C. une des villes les plus peuplées de la Méditerranée. Sa démographie et son système social lui permettent de disposer d'une vaste armée, aguerrie et bien équipée.
Avant les guerres samnites on suppose (on a pas beaucoup d'éléments pour le prouver) que les Romains combattaient "à la grecque" ou plutôt "à l'étrusque" avec une infanterie d'Hoplite. Mais les Romains eurent beaucoup à souffrir du harcèlement des javeliniers lourds samnites.
Les Romains copieront le javelot dont ils feront le pilum et les tactiques des Samnites. Celles-ci consistent à engager l'ennemi à distance grâce aux pilum ceux-ci se tordent en frappant les boucliers ennemis et sont impossibles à retirer. Les adversaires doivent dont les jeter au moment où les Romains chargent et les engagent avec leurs courts gladius.
Si les tactiques sont inspirées des Samnites, l'équipement est un pot-pourri de ce qui se fait de mieux en Italie. Le casque de bronze est étrusque, la cotte de maille a été inventée par les Celtes.
Étrange schizophrénie des Romains. D'un côté, il n'existe aucune différence entre l'étranger et l'ennemi.. de l'autre aucun peuple en Italie n'accepte aussi facilement que les étrangers devienne des citoyens, et ne copie aussi vite leurs méthodes pour les faire sienne. C'est dans cette contradiction que s'explique le mieux ce qu'est Rome. Pourquoi elle s'est étendue si vite, et devenue aussi puissante... et pourquoi elle s'est effondrée !
Bon, on a donc une armée très nombreuse, très professionnelle, tactiquement et matériellement supérieure à ses adversaires. Il n'y a pas de raison de chercher plus loin les raisons du triomphe romain. Mais ce n'est que la moitié du problème. Les cités italienne tombent les unes après les autres, mais pourquoi l'hégémonie romaine perdure-t-elle ? Qu'est-ce qui rend les conquêtes de Rome pérennes ?
Il ne manque pas dans l'histoire de nation à avoir un temps dominé militairement sans avoir réussi à conserver ses conquêtes.
La raison est que Rome - du moins dans les premiers temps de son expansion - ne... conquérait pas. Lorsqu'elle défaisait un adversaire, elle se contentait d'exiger de lui le versement d'un impôt et l'obligation d'envoyer des troupes si Rome était attaquée. C'est ce que les Romains appelaient le statut d'allié (socii) Et se système fonctionna admirablement !
Cette méthode, transformer les anciens ennemis en allié fonctionna admirablement. Et c'est compréhensible. Pourquoi se révolter contre les Romains ? Ils n'imposaient pas de lois, pas de gouverneur, ils n'imposaient même pas leurs dieux. Les cités gardaient leurs système de gouvernement. Quand aux impôts, la plupart des cités italiennes devaient déjà payer des obligations à des cités voisines.
Je vais vous faire une révélation. L'empire romain est né... accidentellement. Les Romains du Vième- IV ème avant J.C ne cherchaient pas à créer un empire. D'ailleurs l'étymologie l'explique bien. Imperium est un mot qui a un double sens. Il signifie à la fois "commandement" et "obligation", sens qui subsiste dans le terme français "impératif" puisque le ton impératif est celui du commandement, et ce qui est impératif de faire, et ce que l'on est obligé de faire. L'imperium romanum primitif est la zone sur laquelle Rome peut donner des ordres, mais aussi celle sur laquelle elle a des obligations. Car si les socii doivent venir en aide à Rome si elle est attaquée, la réciproque est vraie.
Mais alors me direz-vous que cherchaient à faire les anciens romains ? Ils se défendaient, tout simplement. Le système dit "social" avait pour but de créer un glacis de nations alliés autour de Rome et éviter une nouvelle invasion gauloise. Comme nous le verront pas la suite, la démographie romaine et ses conséquences (militaires, culturelles) feront que les socii seront littéralement digérés par Rome en quelques siècles.
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Anaxagore- Messages : 2236
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Re: Uchronies romaines
La domination de l'Italie... le début des problèmes
L’expansion de Rome en Italie se poursuit sans accro jusqu'à la Première Guerre Punique. Cette guerre ne commence pas de manière différente de celles qui ont précédé. Le but des Romains n'est pas les Cathaginois, mais une simple continuation de l’expansion romaine en Italie, avec leur entrée en Sicile.Seulement, ils se heurtent à Carthage. S'en suit l'un des plus long conflit de l'antiquité ( - 264 à -241).
Il est longtemps indécis.
Victoires et défaites alternent sans décider du cours de la guerre.
Les Cathaginois dominent l'Afrique et la seule tentative des Romains de les en déloger a tourné au désastre (expédition de Régulus - 256 à -254),en Sicile les Romains prennent l'avantage mais ils n'arrivent pas à conquérir l'ouest de l'île où les Carthaginois se retranchent. Finalement, Carthage jette l'éponge... pour des histoires d'argent. Son armée est faite de mercenaires qu'elle n'arrive plus à payer. la cité-état doit même en massacrer une partie... ce qui provoque le soulèvement des autres qui assiègent Carthage et volent même le voile de la déesse Tanit ( Histoire qui est à l'origine du Salambô de Flaubert)
Carthage signe la paix et cède ses possession siciliennes à Rome. Les choses auraient pu en rester là. Seulement, avec les Puniques en pleine guerre avec ses propres mercenaires, Rome rafle la Corse et la Sardaigne en profitant de la faiblesse de sa rivale... et ça les Cathaginois ne pardonneront jamais.
Même si certains bouts de l'Italie manquent encore à Rome, son expansion a fait d'elle une acteur majeur de la Méditerranée, surclassant même la puissante Carthage.
Paradoxalement, le déclin de Rome commence à ce moment... du moins socialement.
Rome est toujours une cité-état. C'est une république consulaire/sénatoriale arbitrée par le peuple. Le peuple vote... mais uniquement le peuple dans la ville. Rome entretient avec les autres cité-états du Latium une relation disons de... grand-frère. Les cités latines, soumises aux droits du même nom, ne peuvent voter, mais ont la plupart des autres droits des Romains. Et, bien sûr, il y a les Alliés, qui ont encore moins de droits. Pour illustrer cela, le mieux est de se demander comme se passent les mariages. Si un citoyen romain épouse une femme d'Albe (ville de droit latin)... leur enfant sera citoyen romain. Mais si un Romain a un enfant d'une... amie de Capoue (ville alliée)... le fruit de leur union aura le même statut que le fils d'une esclave (1)! Et le Romain ne peut pas épouser la femme, juste la prendre comme maîtresse. Car un Romain ne peut épouser (2) - selon le droit romain - qu'une romaine ou un habitante du Latium. On est Romain par le droit du sang... ou par l'adoption (Comme Ben Hur dans le roman de Lewis Wallace, ou Alix, le héros de la série de BD de Jaques Martin, adopté par un membre de la gens Gracchus.)
Entre la Première et la deuxième guerre punique, Rome crée ses premières coloniae. Le mot à donner le mot colonie en français... mais c'est un faux amis. Une colonia est une ville nouvelle. Les Grecs le faisaient depuis des siècles. Cependant, là aussi, les Romains innovent. Ces "petites Rome" copient les institution de l'originale. Toutefois, être citoyen d'une de ces villes nouvelles, ne vous prive pas de la citoyenneté romaine. Rome invente la double nationalité !
Dans la Rome de l'entre-deux guerre (punique) on a donc plusieurs statut qui se côtoient.
- Citoyen romain de Rome
- Citoyen romain d'une colonia avec théoriquement les mêmes droits que le précédent, mais qui ne vote pas... vu qu'il ne peut se déplacer jusqu'à Rome pour accomplir son devoir électoral.
- Les habitants du Latium (de droit latin)
- Les Alliés
- Les hommes libres de toute origine qui vivent à Rome
- Les esclaves
A cette époque, le Latium a été complètement "digéré" par Rome, ses habitants se sentent Romains mais ne sont que des citoyens de seconde classe.
Les Alliés sont culturellement envahis par Rome. cela se voit particulièrement dans leur équipement militaire (copie de l'équipement romain) l'architecture des villes, et même l'iconographie des pièces de monnaie (même si elles sont en langue locale et réfèrent à des dieux locaux, elles sont identiques à celles frappées à Rome).
La Seconde Guerre Punique est un véritable accélérateur pour l'Armée Romaine. Pour la première fois, elle combat loin de l'Italie (si on excepte l'expédition de Régulus en Afrique) et surtout pendant des années, s'établissant dans les villes qu’elle conquière. Hannibal, d'abord triomphant, se révèle incapable de porter le coup de grâce à Rome. Après la victoire de Cannae, il refuse de marcher sur la cité. Pourquoi ?
La démographie... Il n'a que 30 000 hommes avec lesquels il a remporté deux grandes victoires (Trasimène et Cannae). Or, Rome est très populeuse. Conquérir une ville de cette taille, retranchée derrière de solides murailles, avec des effectifs aussi ridicules relèverait du miracle. Hannibal choisit d'affaiblir Rome, en retournant contre elles ses Alliés. Il y consacrera dix ans et... échouera ! Preuve s'il en est que les cités alliées se sentaient déjà romaines à cette époque. Quand à ce qui arrivera ensuite... Hannibal fut vaincu à Zama puis exilé par Carthage après la paix qui lui coûta l'Espagne, avant de suicider, traqué jusqu'en Grèce par les agents de Rome.
Fin qui démontre, s'il en était besoin, que Rome était devenue la puissance dominante de la Méditerranée.
Cependant, la domination de l'Espagne apporte un nouveau problème. Les légionnaires ont vécu plus de dix ans loin de l'Italie et... semé là-bas assez de bâtards pour que Rome leur donne une ville entière ! Et.... relevant du droit latin ! Considérant les enfants des légionnaires et des beautés locales comme des demi-romains, Rome leur attribue une position légale qui exporte l’appartenance "latine" jusque là géographique (habitant du Latium) à une appartenance ethnique... tout ceux qui partagent la langue des Romains. De nos jours, toute l'Amérique au sud du Rio Grande est appelée latine à cause de cette décision du sénat romain... 2200 ans plus tôt ! Une décision qui a façonné le monde... Félicitation, nous sommes tous des bâtards de Romains !
Au sortir de la Deuxième Guerre Punique (et de la guerre contre l’Épire) Rome contrôle toute l'Italie (elle a enfin terminé la conquête de la Gaule cisalpine), l’actuelle Albanie et la moitié de l'Espagne.
Ses habitants se subdivisent en plusieurs catégories :
- Citoyen romain de Rome
- Citoyen romain d'une colonia en Italie et Espagne.
- les demi-romains relevant du droit latin
- Les Alliés qui ont pratiquement tous des statuts différents.
- Les hommes libres de toute origine issus de peuples conquis ou protégés par Rome, certains sont écrasés, d'autres sont restés très libres. une myriade de statut aussi !
- Les esclaves
Autant dire que c'est un méli-mélo juridique incroyable.
Et qui dirige tout ça ? Une cité-état dont les institutions ne sont absolument pas de taille à gérer quelque chose de cette ampleur.
Autant dire que les siècles suivants vont être très durs pour Rome. Celle-ci va découvrir que ses pires ennemis sont toujours en Italie même, voire assis au sénat !
(1) Sauf si le père romain reconnait son fils comme étant le sien, mais ce n'est pas une obligation. Mais cette reconnaissance n'est guère différente de l'adoption, et n'introduit pas un droit automatique à la romanité.
(2) Mais le mariage peut être reconnu localement... d'où bigamie comme Marc Antoine mariée à Rome à Octavia (sœur d'Auguste) et Alexandrie avec Cléopâtre.
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Anaxagore- Messages : 2236
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Re: Uchronies romaines
La guerre sociale... une guerre mal nommée et aux motivations nébuleuses
Lorsque l'on parle de guerre sociale on pense immédiatement lutte des classes, marxisme-léninisme et on se demande bien quel est le rapport avec la Rome ancienne... aucun. Non, aucun rapport !
La guerre sociale, c'est la guerre des Socii (les Alliés de Rome);
Rappel des épisodes précédents : Rome n'a pas conquis l'Italie, elle a créé un imperium c'est à dire une zone où Rome a une obligation/ un pouvoir de commandement sur les autres cités-état... qui restent indépendante... du moins théoriquement. Mais entre la démographie romaine, son expansionnisme culturelle, la fondation des coloniae ( villes nouvelles dont les habitants sont citoyens romains) les Socii se font littéralement dévorer par Rome.
Les Alliés travaillent et combattent pour Rome, ils sont morts pour elle durant les guerres puniques. Cependant, ils ne peuvent voter, relèvent d'un droit différent et sont donc pénalisés dans toute procédure judiciaire/ légale qu'ils poursuivent contre un Romain. Après la deuxième guerre punique, les Romains durcissent leur position et mettent fin à la possibilité des Alliés de devenir citoyen romain simplement en s’établissant à Rome. Droit qu'ils avaient eu jusque là et qu'ils ont perdu suite à des manœuvres populistes. Les discours qui ont survécu tireraient des larmes à Marine Le Pen... on les croirait issu d'une de ses campagnes : racisme rampant, et qu'on fasse peur ( ils vont vous voler vos maisons, votre travail, vous serez des étrangers dans votre propre cité etc... ). Bref, encore une vois la démagogie populiste raciste n'est pas née hier.
Pire, la domination romaine devient brutale. une pièce de théâtre anti-romaine provoque un scandale, les citoyens présents dans l'odéon se ruent sur la scène et massacrent les acteurs. Non seulement, ils ne seront pas puni mais le mouvement indignation des habitants est écrasé dans le sang par les cohortes présentes qui en profitent pour piller la ville !
En 95 avant J.C. un mouvement réunis autour de Quintus Pompaedus Silo un Marse et le samnite Caius Papillus Mutilus (notez que leurs noms sont Romains... à cette époque la culture romaine a complètement écrasé celle des locaux) prennent langue auprès du consul Livius Drusus et tenter une conciliation. cependant, les Romains réagissent avec arrogance, demandant la soumission immédiate.
En 91 avant J.C. la guerre éclate ! Elle fera s'affronter 100 000 hommes dans chaque camp ( Rome et cités alliés restées fidèles contre cités révoltées) et fera quelques 50 000 morts chez les Romains (la moitié des effectifs !) avant de s'achever en 88 avant J.C. Les pertes, le nombre de défaites infligées aux Romains font que cette guerre est comparée par sa violence et sa duretés à la Deuxième Guerre Punique.
Les Romains gagnent, non pas militairement, mais socialement. En accordant la citoyenneté romaine aux soldats alliés qui se battent pour elle, puis en l'étendant... aux rebelles qui viendraient se faire inscrire à Rome ils provoquent des défections en masse (1) ! Les irréductibles sont écrasées au cours de batailles remportées par les généraux Marius et Scylla... ces deux là feront reparler d'eux !
C'est fini, l'Italie est digérée par Rome, les cités-états ont vécu, il ne reste plus que la république romaine. mais celle-ci est bien malade. La guerre sociale n'est qu'un des symptômes de son mal et ce dernier ne va pas s'arranger.
(1) Cette opération a permis entre autre de dénombrer les citoyens romains à cette époque puisque tous les aspirants et même ceux qui l'étaient déjà à ce moment devaient se faire inscrire. On sait donc qu'à cette époque, il y avait 900 000 citoyens.
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Anaxagore- Messages : 2236
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Re: Uchronies romaines
Sympa les romains ^^
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Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
Re: Uchronies romaines
Mes sentiments, vis-à-vis des Romains, sont extrêmement ambiguë. J'admire le résultat. Je déteste la méthode.
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Anaxagore- Messages : 2236
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Re: Uchronies romaines
Félicitations Anaxagore ! J'ai tout lu d'un coup ! Super boulot !
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Re: Uchronies romaines
Merci.
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Anaxagore- Messages : 2236
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Re: Uchronies romaines
Evolution de l'armée romaine entre la première guerre punique et la réforme de Marius
Depuis l'époque (légendaire) de Servius Tulius , la légion romaine est formée en trois rangs : Hastatii inexpérimentés, ils forment la première ligne, Principes plus expérimentés et enfin la troisième ligne, les Triarii armés de lances.
Depuis la Première Guerre punique la légion romaine a atteint l'organisation qu'on lui connait : Une légion est formée de 30 manipules, chacune est formée de deux centuries. A cela s’adjoignent les auxiliaires. D'abord, les velites des javeliniers sans armure qui forment une ligne d'escarmouche en avant de l'armée. Puis, la cavalerie, constituée en dix turnes de trois décuries.
Si les effectifs de la centurie étaient originellement fixée à 100 hommes, le nombre a baissé au cours du temps pour atteindre 80 hommes pour les Hastatii et Principes, et même 60 hommes pour les Triarri. La raison est double. D'une part, cela permet de constituer plus de centuries avec un même nombre d'hommes. de l'autre, cela ren l'ensemble plus flexible, vu que 80 hommes se déplacent plus vite que 100. Quant aux Triarii s'ils se trouvent réduits à 60 hommes, c'est tout simplement qu'il est difficile de trouver assez de vétérans pour constituer un nombre suffisant de centuries à 80 hommes.
L'armée romaine de l'époque est encore formée de non-professionnels. Mais elle est déjà très bien organisée. En plus, elle s'adapte très vite et la première guerre punique le montre. Les premiers engagements navals, une nouveauté pour les légionnaires, conduisent à des désastres. Les Romains contrent en inventant le "Corbeaux" un pont mobile placé à la proue qui s'abat sur les navires carthaginois et transforme les batailles navales en simple combat d’infanterie... sur le pont des bateaux. Plus tard, le corbeau sera supprimé... car les Romains seront devenus aussi bons marins que les carthaginois.
Lors de la Deuxième Guerre Punique, les pertes subies au lac Trasimène conduisent à la fusion des Hastatii et des Principes qui deviennent indifférenciées. On note l'apparition d'unités spécialisées dans la recherche de l'ennemi et avançant en avant-garde (conséquence du gigantesque guet-apens de Trasimène).Les tactiques romaines évoluent, incluant guérilla, gestion des ressources, imitation d'Hannibal, en particulier avec une meilleure utilisation de la cavalerie.
Le meilleur témoignage que nous ayons sur la Légion Romaine au cours de la Troisième Guerre punique nous vient de l’historien grec Polybe, qui y a participé. Attardons-nous un peu sur ce personnage. Polybe était le jeune chef de la cavalerie de la ligue achéenne. Déjà intéressé par les Romains, il met en garde les grecs contre l'idée d'entrer en guerre contre eux. Pour lui, ce serait tout simplement la fin de l'indépendance des cités grecques. Livré comme otage à Rome il y passe 17 ans, en tant que précepteur des deux fils de Paul-Emile (1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Lucius_Aemilius_Paullus_Macedonicus Il s'attache particulièrement à l'un d'eux, le futur Scipion Emillien. Ce dernier fera d'ailleurs appel à son ancien précepteur pour l'aider lors du siège de Carthage ( -149 à -146)
Pendant son absence, la guerre éclate entre les Romains et la Ligue Achéenne... cette dernière est écrasée. Corinthe est prise et rasée... pour des raisons assez obscures. En fait, personne ne sait pourquoi les Romains lui réservent un sort aussi terrible que celui de Carthage...
Polybe est chargé des négociations de paix par les romains et réussit l'exploit de baisser leurs exigences (et donc d'être regardé en sauveur par les grecs) tout en contentant ces mêmes Romains !
Homme de guerre brillant, professeur de littérature, diplomate, Polybe est surtout connu comme étant l'un des plus brillants historiens de l'antiquité, et surtout le plus impartial de tous. Ses Histoires ( Ἱστορίαι / Historíai) en 40 tomes, qui narrent essentiellement l’expansion romaine.
Pour Polybe, l’expansion romaine est un phénomène unique. Il suffit de 73 ans (entre le début de la Première Guerre Punique et la chute de Corinthe) pour faire d'une cité-état, la maîtresse de la Méditerranée. Il faut comprendre, que depuis le début des Uchonies romaines, je m'appuis sur les travaux de Polybe. C'est lui qui pointe la démographie, le système politique romain, et le système de l'imperium (qui lie Rome aux Socii comme moteur de ces conquêtes. Mais ce ne sont pas les seules raisons des victoires romaines. L'équipement et l'entrainement des Romains est supérieur à celui des autres peuples de la Méditerranée. Polybe explique aussi que les Romains sont élevés depuis l'enfance dans une culture guerrière. On raconte aux jeunes les exploits de leurs ancêtres à des fins d'émulation. Il y a aussi l'organisation militaire romaine, avec un système de grades complexes et basé sur le mérite, ce qui permet d'avoir les meilleurs hommes aux meilleurs postes. Polybe décrit aussi l'organisation du ravitaillement des Romains, impressionnant pour l'époque.
Pour terminer, Polybe se met à l'uchronie : si Alexandre le Grand avait attaqué Rome, qui aurait gagné ? Alexandre était un grand chef militaire, mais il était unique, soupçonneux envers ses lieutenants et c'était aussi un ivrogne. Au contraire, les Romains ont plus d'un officier capable. Une armée romaine est faite de personnes compétentes. Ils dirigent des hommes parfaitement entraînés, et bien équipés. Il y aussi le facteur démographique. Alexandre aurait aligné 50 000 hommes, les Romains et leurs alliés 200 000 !
D'ailleurs, dans un sens, Alexandre a bien envahit Rome... Pyrrhus le roi d’Épire, brillant chef militaire, envahit l'Italie avec des phalanges basées sur le système macédonien. le résultat est même passé dans le langage courant ... une victoire à la Pyrrhus.
(1) Ces deux hommes se connaissaient depuis la bataille de Pydna où les Macédoniens furent écrasés par les Romains alliés à la Ligue Achéenne.[/i]
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Anaxagore- Messages : 2236
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Re: Uchronies romaines
Revenont un peu en arrière, je m'aperçois que j'ai oublié un point important.
C'est ainsi que l'on appelle en français les frères Tiberius Gracchus et Gaius Gracchus. Bien que plébéiens, ce sont des descendants par leur mère de Scipion l'Africain.
Tribun de la plèbe en -133, Tiberius propose de faire distribuer les terres "communes" gagnées au cours des guerres au petit peuple pauvre. Comprenons bien... théoriquement, ces terres appartiennent à la république romaine. Elles ont été gagnées au cours des conflits contre les autres nations de la péninsule italienne. Dans les faits, elles sont tombées dans la poche des patriciens chargés de les administrer. ces derniers les considèrent depuis longtemps comme des biens personnels.
Les sénateurs (tous complices sur un coup de ce genre) corrompent un autre tribun de la plèbe qui empêche le passage de a loi. Mais Tiberius en appelle au peuple qui démet le tribun acheté. C'est une première dans l'histoire de Rome et à plus d'un niveau. Tiberius semble gagner mais c'est faux, il vient de perdre. Les tribuns de la plèbe ont longtemps eut qu'un seul pouvoir, celui de l'intercessio. On parlerait de nos jours de droit de veto. A l'époque de Tiberius, les tribuns de la plèbe sont cependant devenus des sortes de sénateurs. Ils ont conquis le droit de participer au débat puis même celui de proposer des lois. Il ont cependant un privilège unique : ils sont intouchables. Personne n'a le droit de s'attaquer à eux... il s'agit bien sûr d'un privilège accordé par le sénat. Un consensus jusque là respecté par tous. Il faut dire que le rôle des tribuns de la plèbe est d'empêcher que soit passé des lois si impopulaires qu’elles provoqueraient des révoltes. S'attaquer à eux pourrait justement provoquer une révolte. En déposant son collègue, Tiberius vient de mettre fin à un consensus garant du système romain.
Le prochain tribun de la plèbe à être "déposé" sera Publius lui même, il est massacré en essayant de faire réélire (le sénat avait refusé sa candidature) avec 300 de ses partisans par le Grand pontife Scipion Nasica. Un détail de cette émeute en fige le caractère spectaculaire. Nasica tue lui-même, un pan de sa toge relevé pour couvrir sa tête... comme s'il procédait à un sacrifice aux dieux !
Pour beaucoup d’historien de l'antiquité(ou assimilé) dont Cicéron, ce massacre est sans précédent. Jusque-là, la politique entre Romain se passait sans heurts violents. Les choses s'étaient toujours réglées pacifiquement.
Le frère Gaius devient à son tour Tribun, en -124. Il doit lutter longtemps avec le sénat pour réussir morceau par morceau à réactiver la loi crée par son frère. Dans ce véritable bras de fer, Gaius se cherche des alliés. Si les plébéiens de Rome ne sont pas suffisant pour faire céder les patriciens, faisons appel aux Latins. Il propose d'accorder la pleine citoyenneté romaine à tout ceux relevant du droit latin. C'est un tollé ! Comme son frère, il n'est pas réélu... et il fait sécession, proclamant vouloir fonder une nouvelle ville (référence à une précédente vague de grogne des plébéiens, à l'époque elle avait conduit à la création du poste de tribun de la plèbe). Le sénat rend un Senatus Consulte Ultimum ordonnant de tuer Gaius "par tous les moyens possibles". Le pauvre n'en réchappera pas !
Ce second meurtre provoquera la guerre sociale.
Les Gracques
C'est ainsi que l'on appelle en français les frères Tiberius Gracchus et Gaius Gracchus. Bien que plébéiens, ce sont des descendants par leur mère de Scipion l'Africain.
Tribun de la plèbe en -133, Tiberius propose de faire distribuer les terres "communes" gagnées au cours des guerres au petit peuple pauvre. Comprenons bien... théoriquement, ces terres appartiennent à la république romaine. Elles ont été gagnées au cours des conflits contre les autres nations de la péninsule italienne. Dans les faits, elles sont tombées dans la poche des patriciens chargés de les administrer. ces derniers les considèrent depuis longtemps comme des biens personnels.
Les sénateurs (tous complices sur un coup de ce genre) corrompent un autre tribun de la plèbe qui empêche le passage de a loi. Mais Tiberius en appelle au peuple qui démet le tribun acheté. C'est une première dans l'histoire de Rome et à plus d'un niveau. Tiberius semble gagner mais c'est faux, il vient de perdre. Les tribuns de la plèbe ont longtemps eut qu'un seul pouvoir, celui de l'intercessio. On parlerait de nos jours de droit de veto. A l'époque de Tiberius, les tribuns de la plèbe sont cependant devenus des sortes de sénateurs. Ils ont conquis le droit de participer au débat puis même celui de proposer des lois. Il ont cependant un privilège unique : ils sont intouchables. Personne n'a le droit de s'attaquer à eux... il s'agit bien sûr d'un privilège accordé par le sénat. Un consensus jusque là respecté par tous. Il faut dire que le rôle des tribuns de la plèbe est d'empêcher que soit passé des lois si impopulaires qu’elles provoqueraient des révoltes. S'attaquer à eux pourrait justement provoquer une révolte. En déposant son collègue, Tiberius vient de mettre fin à un consensus garant du système romain.
Le prochain tribun de la plèbe à être "déposé" sera Publius lui même, il est massacré en essayant de faire réélire (le sénat avait refusé sa candidature) avec 300 de ses partisans par le Grand pontife Scipion Nasica. Un détail de cette émeute en fige le caractère spectaculaire. Nasica tue lui-même, un pan de sa toge relevé pour couvrir sa tête... comme s'il procédait à un sacrifice aux dieux !
Pour beaucoup d’historien de l'antiquité(ou assimilé) dont Cicéron, ce massacre est sans précédent. Jusque-là, la politique entre Romain se passait sans heurts violents. Les choses s'étaient toujours réglées pacifiquement.
Le frère Gaius devient à son tour Tribun, en -124. Il doit lutter longtemps avec le sénat pour réussir morceau par morceau à réactiver la loi crée par son frère. Dans ce véritable bras de fer, Gaius se cherche des alliés. Si les plébéiens de Rome ne sont pas suffisant pour faire céder les patriciens, faisons appel aux Latins. Il propose d'accorder la pleine citoyenneté romaine à tout ceux relevant du droit latin. C'est un tollé ! Comme son frère, il n'est pas réélu... et il fait sécession, proclamant vouloir fonder une nouvelle ville (référence à une précédente vague de grogne des plébéiens, à l'époque elle avait conduit à la création du poste de tribun de la plèbe). Le sénat rend un Senatus Consulte Ultimum ordonnant de tuer Gaius "par tous les moyens possibles". Le pauvre n'en réchappera pas !
Ce second meurtre provoquera la guerre sociale.
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Anaxagore- Messages : 2236
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Re: Uchronies romaines
L'évolution de la relation plébeien/ patricien au cours de la république
Au départ, c'est simple.
Rome est une république aristocratique. Seuls les patriciens peuvent prétendre à des postes dans la république. Les plébéiens ont le droit de vote, mais comme le vote des centuries électorales les plus aisées se fait avant les autres... les plus pauvres n’interviennent pratiquement pas dans la vie de la cité.
Cependant, les légendes romaines racontent que lors de la rédaction de la loi des douze tables, premier système romain de lois écrites, survient plusieurs incidents graves. les premières lois donnèrent un pouvoir démesuré aux patriciens. L'un d'eux convoitant une belle plébéienne veut la violer, le père commence par la défendre mais... la loi est contre lui. Il opte donc pour tuer sa propre fille plutôt qu’elle soit déshonorée. Il le fait avec des mots terribles accusant la loi romaine de laisse aux petit peuple que le choix entre la mort et le déshonneur.
C'est une légende, rappelons-le...
Un autre récit mythique raconte que les plébéiens quittèrent Rome en masse pour fonder une nouvelle citée et qu'il fallut que le sénat s’humilie devant eux pour qu'ils acceptent de rentrer. L'un dans l'autre... légende ou pas... les plébéiens obtinrent le droit de citer en ville.
ils accédèrent au sénat par la petite porte. On leur céda une magistrature spéciale, celle de "tribun de la plèbe". Au départ, son pouvoir se limite à un droit de veto. Cependant, au cours des années, le nombre de tribuns fut multiplié par trois. Ils obtinrent d'abord le droit de participer au départ, puis même de proposer des lois.
A cette époque, cela faisait déjà longtemps que les plébéiens avaient obtenus le droit d'être élus comme sénateur... puis de pouvoir obtenir la plupart des charges... y compris celle de consul.
En fait, à la fin de la république, les patriciens ne conservaient plus que deux privilèges : porter des chaussures particulières, et l'exercice du culte dans le collège des flamines (un groupe de prêtres).
Comme bon nombre de familles de patriciens étaient moins riches (voire carrément pauvre) que certains chevaliers (les plébéiens riches) possesseurs de vastes terres et d'une large clientèle, vers la fin de la république, la lutte s'oriente en un clivage entre le parti populaire et le parti des supérieurs (1)
(1) Jules César, qui était un patricien issu d’une famille moyennement argentée, était membre du parti populares (populaire).
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Anaxagore- Messages : 2236
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Uranium Colonel aime ce message
Re: Uchronies romaines
Les Fossoyeurs de la république
Première partie : Marius
Nouveau retour en arrière (mais cette fois-ci ce n'est pas un oubli, cela faisait parti de mon plan d'origine)
Parlons à présent du consul Marius. Il est surtout connu pour avoir réformé l'armée romaine, nous en reparlerons.
Caius Marius est un plébéien, et ce n'est même pas un "vrai" romain. Il est né à Arpinium, une petite ville volsque dont les citoyens avaient acquis depuis longtemps la citoyenneté romaine. Donc plébeien, d'origine Volsque "inculte" et "ne venant pas d'une famille connue" (dixit Cicéron). On se demande comment il a pu devenir consul !
La raison est simple et typiquement romaine, c'était un excellent chef de guerre, aimé de ses soldats ! La presse n'existant pas à l'époque, les campagnes électorales de l'antiquité romaine se faisaient par le bouche à oreille. Avec comme électeur potentiel tous ses hommes, leurs proches, et tout ceux qui avaient entendu parler de lui grâce à eux, Marius avait donc un gros avantage sur ses adversaires.
En plus il a surfé sur la vague du "vrai romain" de ce cher Caton. Inculte ? Il préférait dire qu'il ne s'était pas laissé corrompre par ces Grecs décadents. D'une famille inconnue ? Il préférait dire qu'il était un vrai romain issu d'une famille de laboureur.
Populiste ? Rhoooo... tout de suite les vilains mots. Disons que c'était un roi de la com à la mode romaine !
L’ascension de Marius commence avec l'assassinat Caius Gracchus, il se rapproche des populares (le parti populaire) et se fait élire tribun de la plèbe où il effraye le Sénat et les optimates (le parti aristocratique) parce qu'il fait distribuer des mesures de blé aux plus pauvres et défend la valeur de leur vote (à l'époque... mais plus pour très longtemps encore, les plus pauvres ne peuvent pas voter).
Élu prêteur, il est accusé de corruption électoral mais innocenté. On spécule de nos jours sur sa culpabilité et le fait que les juges des tribunaux (des equites) l'aient relâchés parce qu'ils étaient comme lui membre du parti populares.
C'est la guerre contre Jugurtha, roi de Numidie, qui permet à Marius d'accéder aux plus hautes dignités. Revenu vainqueur, il a droit à un triomphe. Devenu une première fois consul en 107 av J.C... il sera élu 7 fois, exerçant même de - 104 à - 100 d'affilé. Il est surtout le premier (or période de crise) à avoir exercé deux années de suite en dépit d'une loi l'interdisant)... et même plus !
- La réforme de Marius:
- En 105 avant J.C. les armées romaines se prennent une dérouillée au sud de la Gaule face aux Cimbres et aux Tetons (des Germains). Pour répondre à cette défaite, Marius réforme l'armée.
- Il met fin au système censitaire, qui empêchait les plus pauvres de devenir soldat. Ce qui permet de lever des troupes supplémentaire (et accessoirement permet à d'avantage de pauvres de voter pour lui)
- Il augmente les soldes des soldats... ce qui leur permet d'acheter un matériel de guerre qui est de plus en plus coûteux. (Et augmenter les soldes ça permet d'avoir plus d’électeur qui votent pour ce gentil Marius qui aime tant les pauvres !)
- Chaque légion voit son armement uniformisé, dépendant du général qui la commande. Les soldats n'aquièrent plus par eux-mêmes leurs armes, elles sont fournies par sa légion (il doit toujours les acheter).
- Disparition des triarii, tous les légionnaires d'infanterie combattent à présent au pilum. Les soldats expérimentés sont maintenant mélangés aux plus jeunes pour favoriser l'émulation.
- Disparition du train de ravitaillement : En plus de leur armement, les légionnaires porteront leurs vivres... ce qui leur vaut le surnom affectueux de "mules de Marius".
- Il crée un échelon intermédiaire dans l'organisation de la légion, la cohorte, dirigée par un Tribun.
Les victoires de Marius sur les Germains succèdent à un climat d’hystérie... les Romains craignant un nouveau sac de Rome par les barbares. cela a beaucoup fait pour la popularité. Seulement, pendant la guerre qu'il mène contre les Germains, les tribuns de la plèbe font régner une véritable ère de terreur sur la ville. A son retour, pour mettre fin à leurs exactions, Marius doit s'allier au sénat et aux optimates contre... son propre camp, les populares. A partir de ce moment, pour dire les choses un peu vulgairement... Marius va se retrouver le cul entre deux chaises.
Au cours de la guerre sociale, alors même qu'il était favorable à l'extension de la citoyenneté romaine aux alliés, Marius combat contre eux et remporte plusieurs victoires. Cependant, Marius souffre d'un besoin de briller et de se mettre en avant pour remporter le soutien nécessaire à sa réélection... il combat donc encore une fois ses alliés naturels ! En 88 avant- J.C. Marius spolie le consul Lucius Cornelius Sylla de son titre de commandant en chef de la force envoyé combattre Mythridate, roi du Pont.
Cela va être le début d'une lutte à mort entre Marius, le vieux militaire populiste éternellement sur le retour en politique, et Sylla, le patricien ruiné, jeune loup aux dents si longues qu'elles rayent le parquet.
Dernière édition par Anaxagore le Sam 20 Jan - 13:35, édité 1 fois
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Anaxagore- Messages : 2236
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Re: Uchronies romaines
Personnage intéressant en tout cas.
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Re: Uchronies romaines
Oui, si on aime les populistes arrivistes et mégalo !
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Anaxagore- Messages : 2236
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Re: Uchronies romaines
Deuxième partie : Sylla
Si vous avez eu la chance de visiter Pompéi, vous avez sans doute vu ses remparts. Ses derniers portent la trace d'impacts. Ce n'est pas une conséquence de l’Éruption volcanique qui a enseveli la ville, mais les traces du siège que Pompéi subit durant la Guerre Sociale. Le général commandant l'armée romaine était Sylla... et parmi les officiers, il y avait un jeune homme s'appelant Cicéron.
A l'époque où Marius est consul, Sylla est un jeune patricien appartenant une gens les plus honorables, Les Cordelia. Seulement, sa famille est ruinée. Tout ce qui lui reste, c'est son rang d'aristocrate à une époque où il ne lui permet plus que de porter un certain type de chaussure et de postuler pour devenir prêtre au clergé des flamines. Pas lieu de s'étonner que de voir un "parvenu" comme Marius monopoliser la fonction sénatoriale ait fustigé Sylla.
Sylla et Marius ont pourtant un certain nombre de points communs. Tous les deux commencent leur carrière politique dans l'armée. Remportant des batailles, et se servant de leur renommé pour briguer des postes dans la république, montant progressivement vers des fonctions de plus en plus élevées. Ce que les Anciens appelaient le cursus honorum, une carrière honorable... ou une course aux honneurs !
Le premier heurt entre les deux hommes (je me souviens d'avoir traduit ce passage pendant un cours de latin au Lycée) fut lorsque Sylla demanda le droit à un triomphe. Probablement jaloux des succès militaires du jeune homme et conscient qu'il était un rival, Marius refusa. Froidement, ce dernier répliqua que s'il n'avait pas un triomphe, il ferait entrer son armée en ville... Et Marius de céder : " Qu'il triomphe ! Qu'il triomphe ! ". J'ignore si l'anecdote est véridique, je ne sais même plus qui l'a raconté (Cicéron ?). Mais elle résume très bien ce qui va arriver par la suite.
Ce qui est par contre parfaitement historique, c'est que le roi Mithridate du Pont attaque les petits royaumes grecs se trouvant sur l'actuelle côte turque, comme la Bythinie. Et que ceux ci sont des alliés de Rome. Le sénat décide d'envoyer une armée sur place sous le commandement du consul Sylla... son co-consul étant Marius. Sylla ayant été élu par les suffrages des Optimates (les Aritocrates) et Marius ayant été réélu (6ème fois à ce poste) grâce aux voix desPopulares le parti du "peuple". Devoir partager la fonction suprême n'a probablement rien fait pour que ces deux là s'entendent mieux. La jalousie et la haine entre eux atteignait même des sommets. Marius - qui n'est pas un abruti - comprends très bien qu'avec le rayonnement de la victoire sur le Pont, le triomphe qui va s'en suivre, Sylla risque de prendre l'ascendant ! Il va dont utiliser toutes les ficelles imaginables ( dont le droit de veto des tribuns de la plèbe) pour que le commandement lui soit remis. Sylla voit rouge, il rejoint l’armée levée pour combattre Mythridate, en prends la tête et... marche sur Rome !
C'est la Première Guerre Civile ! ( de bello Civili)
Celle-ci est extrêmement brève. Les partisans de Marius, pris par surprise, sont incapables d'organiser une défense efficace. La république tombe aux mains de Sylla sans coup férir. Comme Marius a réussis à s'enfuir, Sylla prend contre lui une mesure qu'il pense suffisante, il l'exile lui interdisant de revenir à Rome. Sylla fait nommer un consul pour remplacer Marius et part avec son armée pour affronter Mithridate... qu'il bat ! Cependant, pendant qu'il est loin de Rome, Marius revient ! Le consul qui le remplaçait, lui ouvre les portes et se range dans son camp ! Marius se fait... "réélire" pas par le peuple... il décide tout simplement qu'il est le nouveau consul et que cela ne se discute pas. Ce sera son septième mandat de consul... et le dernier.
Mais Sylla est toujours là. Lui aussi revient et il n'est vraiment vraiment pas content. Et il a une armée, et il marche une deuxième fois sur Rome.
C'est la Deuxième Guerre Civile... elle sera bien plus terrible que la première. Entre temps, Marius est mort. De quoi ? alors là... selon certains "historiens" il se serait suicidé sous le poids des remords. Selon d'autres "historiens" tout aussi partiaux... il aurait tellement fait la fête que sa panse aurait explosé... Encore une fois, la légende se prend pour de l'histoire. Il est remplacé par son fils Caius Marius le jeune au poste de "consul" ! Le début d'une nouvelle royauté... une brève royauté... car Sylla l'écrase et le fait mettre à mort.
Cependant, la reprise de Rome est un carnage. des centaines de cadavres flottent sur le Tibre. Pire... le temple de Jupiter brûle ! Ce n'est pas un simple bâtiment ! C'est premier édifice construit par la république de Rome. La tradition était de planter un clou à la porte à chaque élection d'un consul. Et c'est en comptant ces clous que l'on connaissait l'année ad republica condita (depuis la fondation de la république). Je ne devrais pas avoir à souligner la portée de ce symbole.
Toutefois, le sénat est plus que réticent à reconnaître la victoire de Sylla. En tout cas, il refuse de valider son retour en tant que consul. Sylla arguant qu'on lui a pris son titre par la force, son élection tient donc toujours. Il s'ne va furieux... il fait réunir le lendemain les comices (une autre assemblée romaine) et se fait nommer dictateur à vie ! Dans l'illégalité la plus complète (les comices n'ont pas ce genre de pouvoir)... mais on est arrivée à un point où tout le monde s'en fiche. Dans le mouvement, il fait publier une liste de noms... tous ses adversaires. Leurs biens sont saisis et eux-mêmes peuvent être mis à morts par n'importe qui. Un citoyen romain recevant une somme d'argent en remerciement, un esclave étant libéré ! De nombreux romains fuient la ville... dont le jeune Jules César. Ce sont les célèbres proscriptions de Sylla[/i.] (1) Pour achever le côté à la fois sanglant et burlesque de ce massacre digne d'Al Capone, parmi les proscrits se trouvent... les ennemis personnels non de Sylla mais de Verres, gouverneur de Sicile. Et ce dernier est le plus célèbre escroc de l'histoire romaine. Entre amis, on peut bien se partager un massacre... non ? La liste des crimes de Verrés lui vaudra un réquisitoire de plusieurs centaines de page - rédigé par Cicéron - quelques années plus tard.
Et comme Sylla demande qu'on lui ramène les têtes... il faut bien qu'il en fasse quelque chose, il les expose ! Et les insulte en public ! Je vous ferais grâce de la liste de crimes imputés à Sylla, leur caractère obscène, scandaleux.. vous avez probablement compris ce que fut la dictature de Sylla.
- La huitième et dernière chute de Troie:
Troie fut détruite à l'âge du bronze... Troie, la ville d'origine des Romains (d'après la légende). Cependant, le site fut réutilisé, détruit, rebâtis... à l'époque romaine, la ville était à nouveau peuplée. Alliée de Rome, elle fut une des cibles de Mithridate. Ce dernier, profitant des troubles de l'époque, envoya contre la cité une troupe... de proscrits romains qui s'étaient mis à son service. Il y a quelque chose de hautement symbolique que ce fut à l'époque de la dictature de Sylla que des Romains rasèrent Troie... commettant sur le plan symbolique l'équivalent d'un parricide. Ce fut aussi la première fois que des Romains combattirent contre Rome au service d'un roi ennemi ( du moins dans l'histoire, il y a bien la légende de Coriolan)... mais pas la dernière !
Toutefois, Sylla n'a pas pour but de "régner" sur Rome. il se sert du pouvoir absolu pour réformer la république, brider le pouvoir des tribuns de la plèbe, assainir le système. Une fois cela fait, il se démet lui-même de son titre de dictateur, se fait élire consul, puis se retire de la vie publique. Il meurt quelques années plus tard et comme Marius sa mort prend un caractère légendaire. Certains "historiens" les mêmes que ceux qui racontent la mort de Marius, racontent qu'il serait mort dévoré par des poux, ou qu'il serait mort en crachant du sang après s'être mis en colère contre quelqu'un qui lui devait de l'argent. Ou encore qu'après sa mort il dû être rapidement incinéré car des asticots grouillaient sur son cadavre ! Encore une fois, l'historicité de toutes ces anecdotes peut sérieusement être mise en doute. Cependant, elles donnent une bonne idée de ce que les romains pensaient de Sylla. Plus historique, le sénat s'opposa sur le sujet de son enterrement. Finalement, il eut le droit à des funérailles splendides aux frais de l'état, et ce fut le premier Romain à en recevoir. Mais on le doit surtout à l'intervention de Cneius Pompée... dont on reparlera.
- La dictature à Rome:
La dictature est une magistrature exceptionnelle de la république romaine. Généralement en temps de crise, et pour deux ans, un magistrat unique remplace les deux consuls. Avant Sylla, la dernière utilisation du titre de dictateur a eu lieu lors de la Deuxième Guerre Punique... et pas pour une situation de crise. Les deux consuls étant absent, un dictateur fut désigné pour organiser les élections consulaires.
C'est à Sylla, avec son invention de la "dictature à vie" que l'on doit le passage du titre de dictateur (une magistrature exceptionnel) au sens moderne de ce mot. Félicitation à Sylla d'avoir été le premier dictateur de l'histoire.
(1) Les proscriptions de Sylla sont une première à bien des égards. Mais le plus important, c'est que le texte de la proscription qualifie les adversaires du dictateur en utilisant le terme hostis. C'est la première fois que des Romains sont qualifiés 'ennemis/étranger à Rome. La prohibition prive les personnes désignées de leur bien, de leur vie, mais les dépouille aussi de leur romanité. d'ailleurs, les fils et petit-fils des condamnés se retrouvent privé de leur statut de citoyen romain.
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Re: Uchronies romaines
Troisième partie : Spartacus
On ne présente plus Spartacus, le film éponyme avec Kirk Douglas en a fait une icône : le héros, l'esclave qui fit trembler Rome.
Je ne suis pas là pour faire une étude du mythe ou de ce que la propagande romaine a essayé (et échoué... pour une fois) à faire de Spartacus, et encore moins de ce que les diverses idéologies modernes ont voulu faire de lui. Je vais essayer de vous expliquer ce que la révolte de Spartacus a réelement réussit à faire.
Les faits : en -73, à Capoue, une bande de gladiateurs réussit à se faire la belle. Non seulement les miliciens de Capoue envoyés les rattraper ne les capturent pas, mais en plus ils sont taillés en pièces ! En l'espace de quelques jours la troupe passe de 70 membres à... des milliers. Des esclaves certes... mais surtout une majorité de petits paysans avec leurs familles, des pauvres venus des grandes villes. En fait, tous ceux qui souffraient de la domination des Romains riches. Ce n'est donc pas une révolte d'esclaves. Pendant deux ans, Spartacus multiplie les victoires.Il écrase d'abord une cohorte puis tient tête à deux légions... certes de deuxième ordre et agissant sans concertation. Il gagne plus parce que ses adversaires le sous-estiment que par talent stratégique, mais il se montre capable de ruse. Le chef Spartacus ne peut cependant éviter que ses troupes pillent, violent et tuent... notamment au cours de la prise de l'antique cité de Métaponte en Grande Grèce.
Puis, il fait face à Crassus, riche et ambitieux, un des futurs triumvir (avec César et Pompée). Après une première défaite, Crassus reprend ses troupes en main de manière violente, faisant mettre à mort un soldat sur dix dans les centuries qui ont pris la fuite face aux esclaves. La prochaine fois, les Romains combattront sans esprit de recul. Crassus est vainqueur... mais sera privé de triomphe par Pompée qui massacre facilement les survivants en fuite et clame avoir mis fin à la rébellion.
L'interprétation : Non, Spartacus n'a pas essayé de libérer tous les esclaves, ou de fonder une république idéale. La révolte de Spartacus n'est d'ailleurs pas un fait isolé. Il s'agit de la troisième guerre servile... la deuxième vient d'ailleurs juste de se terminer. En fait, la guerre sociale, les deux premières guerres civiles, et les trois guerres serviles font partie d'un même contexte et découlent des mêmes causes. Depuis la Deuxième Guerre Punique, la république romaine est secouée de crises régulières. Ces dernières naissent de l'incapacité d'un système politique imaginé pour commander une petite cité à diriger un empire. Les tentatives pour réformer ce système soit pour l'amender - les Gracques - soit pour lui rendre sa "pureté" première - Sylla- échouent l'une après l'autre et le marasme s'étend, entrecoupées de reprise en main spectaculaires... et inefficaces. J'entends par là ces différentes crises, révoltes, guerres civiles dont nous venons de parler.
En conclusion : Si Spartacus est devenu un mythe, c'est que son histoire résume à merveille le chaos de la fin de la république romaine. Il désirait juste rentrer chez lui, en Tharce. Pour ça il a décidé de passer en force. En chemin, il s'opposa à tout ce qui représentait l'autorité traditionnelle dans la république romaine : prêteurs, puis consul... et les défit ! Mais il fut vaincu par trois hommes : Verrés, Crassus, Pompée. Le premier est le gouverneur de Sicile, un escroc, un voleur, un tyran, un violeur ! Il a déjà fait parler de lui dans le chapitre consacré à Sylla pour avoir obtenu du dictateur le proscription de ses ennemis personnels. Verrés paya les pirates qui devaient évacuer les esclaves en fuite vers la Sicile pour qu'ils fassent faux bond à Spartacus. Crassus, est tout aussi avide d'or que le précédent, encore plus riche. Lui aussi symbolise bien la corruption profonde qui s'étend à Rome. C'est lui qui a défait Spartacus, mais ce n'est pas lui qui en profitera. Non, c'est Pompée... Pompée le Grand ! Grand ? Dans le sens de mégalo, avec un ego de la taille du Capitole ! Pompée arrive après la bataille et rafle les lauriers. Pompée, c'est le successeur de Sylla à la tête des Optimates, comme son idole c'est un arriviste de première.
Et voilà, C'est pas tant Spartacus qui est "un fossoyeur de la république romaine" que la situation que son histoire met en lumière. 70 ans avant J.C., le petit peuple (les esclaves, les hommes libres, et même les citoyens romains pauvres) en ont assez, assez d'être utilisés, de travailler, et de se battre pour une république lointaine qui ne les écoute pas. Ils se cherchent une nouvelle cause. La république - bien malade - envoie ses troupes... peu motivées (elles sont constituées par les mêmes masses laborieuses écrasées d'impôts) mal commandées (les chefs se mangent le nez pour des histoires de préséances)... elles se font battre. Mais qui gagne finalement ? Les opportunistes comme Pompée, les escrocs comme Verrés et Crassus... la gangrène de la république.
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Re: Uchronies romaines
Quatrième partie : Verrès et Catilina
Ni Verrès , Ni Catilina ne sont de GRANDS fossoyeurs de la république. Du moins si on les compare aux autres. Mais comme Spartacus, leurs noms sont restés dans l'histoire. On le doit principalement à Cicéron.
Verrès : on a déjà parlé de lui à deux reprise. Caius Licinius Verres - pour lui donner son nom complet - le bien nommé puisque "verres" en latin c'est le "verrat", le porc. Nous le connaissons que par le réquisitoire que Cicéron à dressé contre lui lorsque les Siciliens - dont il était le gouverneur- voulurent le faire comparaître pour avoir écrasé le pays d'impôts qu'il raflait en grande partie. Goscinny et Uderzo se sont inspirés de lui pour le personnage de Gracchus Garovirus le gouverneur d'Asterix en Helvétie. la liste de ce qu'il lui faut reproché est si longue que les témoignages s'étalent sur... 400 pages ! C'est le plus long réquisitoire de l'antiquité à être parvenu intact jusqu'à nous.
En soi, je le redis, Verrès n'est pas un homme important. Juste un escroc ! Cependant, ses crimes à cette époque charnière de l'histoire romaine, et son destin traduisent à merveille le malaise contemporain. Tout ces equites arrivistes, malfaiteurs de bas étage qui s’installent dans les dépendances de Rome et maltraitent les habitants. Verrés n'est pas seul, il est juste le plus connu. Lorsque Cicéron est nommé proconsul en Cilésie, il découvre que son prédécesseur était en accointance avec un usurier local et qu'il se servait des cohortes citadines pour opérer les recouvrements... contre une "honnête" rétribution. La république romaine était complètement corrompue avec des gouverneurs tyrannique qui se servait des armées sous leurs ordres comme si c'était leur "bande" et les envoyaient racketter les habitants. L'autorité de Rome était bafouée par ceux-là même qui étaient sensés l'exercer. Et ce n'était pas seulement le cas des charges à l'extérieur de Rome !
Catilina : comparé à Sylla ou à César qui arriveront tout d'eux à s'emparer du pouvoir par la force, Catilina fait piètre figure. De lui on ne connait que ce que Cicéron - son ennemi - veut bien en dire. Il n'y a toutefois aucun doute que Catilina ait préparé un coup de force contre la république en rassemblant autour de lui les pauvres et ceux qui souffraient de la situation. Il est des historiens modernes qui tentent de redorer l'image de ce personnage copieusement noirci par Cicéron. Pour résumer la situation, après que Sylla se soit retiré de la vie politique, la paix ne revient pas à Rome. Le consul Lépide (en 78) essaie de rappeler les exilés de la guerre civile, et rendre les terres confisquées par les vétérans de l'armée de Sylla. La situation dégénère rapidement en une nouvelle et sanglante empoignade dont Pompée sort vainqueur. Mais ça ne s'arrête pas là, les exilés créent un gouvernement en exil en Espagne et tentent de revenir à Rome. On ne parle pas de guerre civile et pourtant pendant 5 ans, les Romains se battent une fois encore entre eux. Pendant ce temps, les sénateurs font massivement face à des accusations de corruption. Comme, après le procès de Verrès, les sénateurs ont obtenu le droit d'être jugés par d'autres sénateurs, ils sont tous innocentés ! Oh... quel hasard... Mais n'en sont pas moins discrédités. Rome fait également face à d'importantes difficultés financièrse. Avec tous ces hommes jeunes partis pour les guerres contre Mithridate ou ailleurs, les petits exploitants ne peuvent plus payer les impôts faute de bras et leurs terres sont rachetées par de grands propriétaires... ce qui rend les pauvres encore plus pauvres, ce qui fait que moins d'argent rentre dans les caisses de l'état... et provoque une crise du numéraire (moins de pièces frappées). Et là on met le doigt sur un problème majeur et récurent dans la suite de l'histoire romaine, et une cause majeure de sa chute finale. Catilina lui-même est un personnage controversé. Il a combattu au côté du père de Pompée pendant les guerres sociales, mais a aussi été un exécuteur des basses œuvres de Sylla. Nombre de ses amis sont des voyous, mais d'autres sont des personnages parfaitement honorable. Ils lui éviteront le destin peu enviable des autres sicaires de Sylla, après la disparition de leur patron. Qui était Catilina ? Les historiens de l'antiquité (Plutarque et Salluste) prêtent à l'homme les plus noirs comportement : inceste, viol d'une Vestale, meurtre de son propre frère (il l'aurait inscris lui-même dans les listes de proscription de Sylla pour pouvoir le tuer) et même vampirisme ( il aurait bu du sang humain dans une coupe). Etant donné l'habitude de Plutarque de mettre par écris des "on dit", je ne me fierais pas trop à cette liste qui ne peut qu'être exagérée. Mais on n'a pas d'autres sources de renseignement, l'histoire est écrite par les vainqueurs et Catilina a perdu ! Cicéron vainc Catilina par la force des mots. Ayant appris la conjuration, il la dénonce au sénat dans un discours (première catilinaire) Mais l'affaire fait craindre le pire, Catilina n'est pas arrêté (mollesse qui sera amèrement reproché à Cicéron, et ce dès le lendemain). D'autre part, on craint la sympathie de la Plèbe pour sa cause... mais aussi celle des nations sous le joug de Rome. Puisque les conjurés vont même jusqu'à se lier avec l’ambassade des Allobroges, une peuple gaulois sous tutelle romaine.
L'affrontement ne peut plus être évité. Jules césar - jeune sénateur - tente d'adoucir le sort des condamnés et se verra accusé de complicité ( le procès qui en suivra conclura à son innocence). Par contre, Crassus sera éclaboussé et s'exilera en Macédoine... malheureusement, il reviendra ! Pour les conjurés, tout se terminera en une bataille. Catilina mourra les armes à la main.
Quant à Cicéron, le consul au pouvoir, il brillera pour avoir vaincu les révoltés mais fera face à des critiques très dures. On lui reprochera d'avoir abusé de son pouvoir en faisant condamner à mort des citoyens romains (ce qui est illégal)... et en plus sans jugement. On lui reprochera également d'avoir louvoyé et flatté les différents partis en place tout en montrant une grande indécision dans une période de crise. En voulant ménager la chèvre et le chou, il a perdu sur les deux tableaux. Il a été trop dur aux yeux des Pupulares, trop peu aux yeux des [ OptimatesUne fois encore, le droit, le modèle romain et la république n'en sortent pas grandis.
Surtout, Cicéron représentait, à l'époque, une voie médiane entre les Populares de Jules César et Crassus et les Optimates de Pompée (absent à l'époque de la conjuration). Avec le retour de Pompée, vainqueur de Mithridate, la troisième voie se délite, elle a montré son incapacité à gérer les crises. Cicéron et ses partisans sont à partir de cette époque contraint à louvoyer encore plus et à "vendre" leur soutien aux deux grandes factions politiques de Rome, ne pouvant plus exister par eux-même. Le temps est à présent venu pour César, Crassus et Pompée pour prendre le contrôle d'une république complètement décomposée.
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Anaxagore- Messages : 2236
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Re: Uchronies romaines
Cinquième partie : Le premier triumvirat
Lorsque j'ai entendu parlé du triumvirat Crassus, Pompée, César, pour la première fois, c'était dansu n texte si élogieux sur cette organisation que je ne me suis même pas posé la question... c'était forcément une institution légale.
PAS DU TOUT !!!!
Le triumvirat c'est un peu... l’inter-gang de Métroplolis sauf qu'à Rome il n'y a pas de Superman (Non.. imaginer Cicéron en collant juste après le repas... il pourrait arriver un accident).
Mettons les choses au clair, le triumvirat est une alliance privée occulte conclue entre Crassus, consul élu après sa victoire sur Spartacus, et chef des Populares, Pompée qui vient de revenir vainqueur de Mithridate, chef des Optimates et César jeune avocat ambitieux lui aussi membre desPopulares qui vient d'être élu grand pontife. Leur accord est simple... Rome est vaste, riche, on peut faire part à trois. L'idée à germé dans la tête de Crassus quand il a compris qu'il allait devoir partager le consulat avec Pompée... Crassus n'avait pas vraiment envie de jouer à la revanche de Marius contre Sylla avec eux deux dans les rôles titres. Il y a associé son allié César parce qu'il ne pensait pas faire le poids seul et que César était pauvre et avait besoin de son argent ce qui le rendait facilement contrôlable... (note : je n'ai jamais dit que Crassus était un bon juge des personnalités).
Le premier Triumvirat dure de -60 à -53.
C'est la mort de Crassus qui y met fin. Voyant César se couvrir de gloire en Gaule tandis que Pompée était toujours " le vainqueur de Mythridate"... tandis que lui à part Spartacus (et encore vu que Pompée lui a volé son triomphe), il n'avait pas beaucoup de titre de gloire, il prend la tête des légions de Syrie et affronte les Parthes... Ce sera un massacre ! Le général parthe Suréna fit boire de l'or en fusion àCrassus: " Tu aime tant que ça l'or ? Alors voilà de quoi te rassasier".
César (pourtant neveu de Marius) avait donné sa sœur en épouse à Pompée (dauphin de Sylla), c'était leur dernier lien. Mais Jula meurt... Lorsque César rentre à Rome, il espère bien se faire nommer consul et il refuse de libérer ses légions.. il franchit même le Rubicon (fleuve marquant la frontière nord de la cité-état de Rome... et donc le territoire administré directement par la république... ce qui est interdit à tout général). Il aurait eu ces mots célèbres : Alea jacta est, le sort en est jeté.
C'est le début de la Troisième Guerre Civile... hourra...
Je vous passe les détails et les grandes batailles, c'est long et sanglant, raconté des centaines de fois avant. Pompée est vaincu et est assassiné. César rentre à Rome où il se fait nommer dictateur à vie. Seulement, il commet deux erreurs majeures.
La première, c'est qu'il triomphe (je parle du défilé de victoire typiquement romain) non seulement des ennemis de Rome... mais aussi de ses ennemis personnels. Et devant les évocations des défaites de Pompée, les Romains pleurent. Pire encore (première scène du "Jules César" de Shakespeare), il profite de la fête des lupercale pour une parodie de couronnement... une manière de tester les Romains quant au rétablissement de la monarchie.
C'en est trop ! Marcus Brutus, son propre fils adoptif, complote contre lui. Lors des ides de Mars -44, il est assassiné au sénat. Selon la légende, il s'effondre au pied de la statue de Pompée avec ses mots célèbres : Tu quoque fili (toi aussi mon fils). sauf que.. il est bien tué par "Marcus Brutus" mais c'est un homonyme, car son fils adoptif (s'il est bien l'instigateur du complot) ne fait pas partie du sénat. La confusion (volontaire) entre ces deux Marcus Brutus (qui ne sont ni l'un ni l'autre l'amiral vainqueur des Vénètes qui a le même nom... oui "Brutus" est un nom de famille courant et "Marcus" est un prénom très courant) est le résultat de la propagande du second triumvirat ( on en reparlera);
Bref César est mort et... la guerre civile reprend de plus bel avec d'un côté Brutus qui a fuis en Grèce et de l'autre Marc-Antoine.
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Anaxagore- Messages : 2236
Date d'inscription : 18/10/2015
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Re: Uchronies romaines
Sixième et dernière partie : Le Second Triumvirat :
A la mort de César, voilà la situation.
Brutus a fuit Rome où le général Lépide a pris le pouvoir. Un jeu de pouvoir complexe s'instaure alors, les "héritiers de César" se disputent le pouvoir tout en tentant de de s'allier aux autres factions ou de les combattre. On a à cette époque trois factions " héritière de César" : Lépide, Octavien et Marc-Antoine, une faction sénatoriale fluctuante qui comprend Cicéron, Brutus et sa faction républicaine (réfugiée en Grèce), les survivants des Pompéiens, dirigés par Sextus Pompée (fils de Pompée le Grand), réfugiée en Espagne.
Lépide prend d'abord l'avantage, il contrôle Rome, il est devenu Pontifex Maximus, et contrôle aussi la Gaule. Il se rend en Espagne avec une immense armée et réussit à obtenir un cessez-le-feu avec les Pompéiens. D'abord neutre dans le conflit qui oppose Marc-Antoine et Octavien, il intervient pour calmer le jeu et propose une alliance entre les trois héritiers de César. Ce sera le second Triumvirat.
La réconciliation se fait sur le dos des Républicains de Brutus qui sont finalement vaincu par Marc-Antoine à la bataille de Philippes. D'après la légende Brutus se suicide en se jetant sur son épée et proclamant : " vertu tu n'es qu'un nom". Mais aussi sur le dos des sénateurs. Cicéron ayant produit un discours accusant Marc-Antoine d'être un "nouveau Philippe de Macédoine", ce dernier demande sa tête (littéralement d'ailleurs) à Octavien qui l'accorde sans peine. Cette réconciliation coûte aussi la vie à Verrés, assassiné par Marc-Antoine... parce qu'i avait refusé de donner à ce dernier sa célèbre collection de bronze grec...
La grande amitié des trois héritiers de César permet aussi d'éliminer Sextus Pompée qui avait un temps contrôlé la Sicile (et meurt l'année suivante, assassiné par Marc-Antoine). Lépide tente de garder la province pour lui, mais été facilement contré par Octavien qui se contente de le mettre en résidence surveillée... Il sera le seul des fossoyeurs de la république à échouer dans sa tentative d'accaparer le pouvoir et à mourir tranquillement dans son lit. Notons, qu'il garda son titre de Pontifex Maximus jusqu'à sa mort naturelle et que sa "prison" était une magnifique villa du mont Circé.
Reste donc plus que deux adversaires en lice pour le titre suprême. Ils se partagent la Méditerranée en deux. A Octavien, l'est dont la gaule et Rome. A Marc-Antoine, l'est et... l'Egypte de Cléopâtre. Bon vous connaissez la suite de l'histoire... le torchon finit par brûlé, les deux ennemis se rencontrent à la bataille navale d'Actium. Marc-Antoine et Cléo sont vaincus et se suicident. Quant à Octavien, il prend le titre d'Auguste (jusque là réservé aux dieux). Il crée aussi le titre de Principes (premier littéralement, qui en français donnera "prince") qui sera le titre officiel des empereurs de Rome.
La république est morte !
Dernière édition par Anaxagore le Sam 27 Jan - 12:05, édité 1 fois
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Anaxagore- Messages : 2236
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Uchronies romaines
Comme vous l'avez sans doute remarqué, on n'a pas beaucoup parlé d'uchronie jusque là. Le titre de ce topic est pourtant "uchronie romaine".
Je m'en explique.
Ceux qui connaissent ma méthode, savent que je considère que le réel est fait de matériaux. ces matériaux servent à édifier l'histoire que nous connaissons. Pour une écrire une uchronie, il faut les connaître. La construction "république romaine" est donc faite des matériaux que nous avons mis en évidence jusque là. Si nous prenons ces matériaux, nous pouvons créer des uchronies, mais on ne peut faire une uchronie réaliste qu'avec des matériaux existants.
J'avais d'abord pensé traiter l'histoire entière de Rome avant de commencer à spéculer mais... je crois que je vais m'arrêter là pour l'instant. je traiterais plus tard l'Empire Romain.
Avant de continuer, avez-vous des questions ? Voulez-vous des précisions ? Exprimez-vous !
Je m'en explique.
Ceux qui connaissent ma méthode, savent que je considère que le réel est fait de matériaux. ces matériaux servent à édifier l'histoire que nous connaissons. Pour une écrire une uchronie, il faut les connaître. La construction "république romaine" est donc faite des matériaux que nous avons mis en évidence jusque là. Si nous prenons ces matériaux, nous pouvons créer des uchronies, mais on ne peut faire une uchronie réaliste qu'avec des matériaux existants.
J'avais d'abord pensé traiter l'histoire entière de Rome avant de commencer à spéculer mais... je crois que je vais m'arrêter là pour l'instant. je traiterais plus tard l'Empire Romain.
Avant de continuer, avez-vous des questions ? Voulez-vous des précisions ? Exprimez-vous !
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Anaxagore- Messages : 2236
Date d'inscription : 18/10/2015
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Re: Uchronies romaines
Je te tire mon chapeau et je te félicite.
La plus part des infos que tu as condensé ici je le savais déjà mais cela remonte à mes cours de licence et c'est loin! De plus tu remets très bien en perspective la succession des événement de l'époque. Je trouve que tu as fais un très bon travail de vulgarisation.
Bref félicitation, continu!
La plus part des infos que tu as condensé ici je le savais déjà mais cela remonte à mes cours de licence et c'est loin! De plus tu remets très bien en perspective la succession des événement de l'époque. Je trouve que tu as fais un très bon travail de vulgarisation.
Bref félicitation, continu!
le roi louis- Messages : 98
Date d'inscription : 19/07/2016
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