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Uchronies romaines

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Message par Anaxagore Mer 18 Avr - 10:33

Dion Cassius a écrit:
Labiénus s'empare de l'île située dans la Seine
38. Après un nouvel échec sous les murs de Gergovie, pendant l'absence de César, les Romains abandonnèrent complétement cette ville. Les auteurs de la défection, qui s'étaient toujours montrés avides de nouveautés, craignirent d'être punis, et, bien loin de se tenir tranquilles, ils excitèrent encore des troubles. A cette nouvelle, les Éduens, qui servaient sous les drapeaux de César, demandèrent à rentrer dans leur pays et promirent d'y rétablir l'ordre. César ayant consenti, ils se rendirent à Noviodunum, où les Romains avaient déposé les deniers publics, leurs provisions et un grand nombre d'otages, surprirent la garnison, la massacrèrent avec le concours des indigènes, et s'emparèrent de tout ce qu'ils y trouvèrent ; et comme la ville était un poste très avantageux, ils la livrèrent aux flammes, pour que les Romains n'en fissent pas un point d'attaque et de refuge pendant cette guerre. En même temps ils poussèrent à la révolte le reste de la nation. César voulut marcher sur-le-champ contre les Éduens ; mais, arrêté par la Loire, il se dirigea du côté des Lingons, et ne fut pas plus heureux. Quant à Labiénus, il s'empara de l'île située dans la Seine, après avoir défait les barbares qui combattaient sur la terre ferme pour arrêter sa marche, et traversé le fleuve en aval et en amont, dans plusieurs endroits à la fois, afin qu'ils ne pussent pas s'opposer à son passage, comme cela serait arrivé s'il l'avait franchi sur un seul point. 
Le Vercingétorix, battu par César, se réfugie dans Alésia
39. Avant cet événement, Vercingétorix, à qui César ne paraissait plus redoutable à cause de ses revers, se mit en campagne contre les Allobroges. Il surprit dans le pays des Séquanais le général romain qui allait leur porter du secours, et l'enveloppa ; mais il ne lui fit aucun mal : bien au contraire, il força les Romains à déployer toute leur bravoure, en les faisant douter de leur salut et reçut un échec par l'aveugle confiance que le nombre de ses soldats lui avait inspirée. Les Germains, qui combattaient avec eux, contribuèrent aussi à sa défaite : dans l'impétuosité de l'attaque, leur audace était soutenue par leurs vastes corps, et ils rompirent les rangs de l'ennemi qui les cernait. Ce succès imprévu ne ralentit point l'ardeur de César : il contraignit les barbares fugitifs à se renfermer dans Alésia, qu'il assiégea. 
Siège et prise de cette ville
40. Avant l'achèvement des travaux de siège, Vercingétorix ordonna d'abord à la cavalerie de s'éloigner, parce qu'il n'avait pas de quoi nourrir les chevaux, et afin que chacun, rentrant dans son pays, en emmenât des provisions et des secours pour Alésia. Des retards étant survenus et les vivres commençant à manquer, Vercingétorix fit sortir de la ville les enfants, les femmes et tous ceux qui étaient inutiles pour la défendre. Il espérait que cette multitude serait épargnée par les Romains, qui voudraient la faire prisonnière, ou bien que les subsistances qu'elle aurait consommées serviraient à nourrir les autres plus longtemps ; mais il fut trompé dans son attente. César n'avait pas assez de vivres pour en donner à des étrangers : il pensait d'ailleurs que toute cette foule, repoussée dans ses foyers (il ne doutait pas qu'elle n'y fût reçue), rendrait la disette plus terrible, et il lui ferma son camp. Placée entre la ville et les Romains, et ne trouvant de refuge d'aucun côté, elle périt misérablement. La cavalerie et les auxiliaires qu'elle avait recrutés arrivèrent bientôt après ; mais ils furent battus dans un combat de cavalerie avec l'aide des Germains. Ils tentèrent ensuite de pénétrer, pendant la nuit, dans la ville à travers les retranchements des assiégeants ; mais ils eurent beaucoup à souffrir ; car les Romains avaient creusé, partout où la cavalerie pouvait avoir accès, des fossés souterrains qu'ils remplirent jusqu'à la surface du sol de pieux aigus, et au-dessus desquels la terre était aussi unie que dans tout le voisinage. Hommes et chevaux tombèrent dans ces fossés, sans sans voir le danger, et y périrent. Cependant les Gaulois ne cédèrent qu'après avoir eu encore le dessous dans une bataille rangée, sous les fortifications mêmes d'Alésia, eux et ceux qui étaient sortis de la ville.
41. Après cette défaite, Vercingétorix, qui n'avait été ni pris ni blessé, pouvait fuir ; mais, espérant que l'amitié qui l'avait uni autrefois à César lui ferait obtenir grâce, il se rendit auprès de  lui, sans avoir fait demander la paix par un héraut, et parut soudainement en sa présence, au moment où il siégeait dans son tribunal. Son apparition inspira quelque effroi ; car il était d'une haute stature, et il avait un aspect fort imposant sous les armes. Il se fit un profond silence : le chef gaulois tomba aux genoux de César, et le supplia en lui pressant les mains, sans proférer une parole. Cette scène excita la pitié des assistants, par le souvenir de l'ancienne fortune de Vercingétorix, comparée à son malheur présent. César, au contraire, lui fit un crime des souvenirs sur lesquels il avait compté pour son salut. Il mit sa lutte récente en opposition avec l'amitié qu'il rappelait, et par là fit ressortir plus vivement l'odieux de sa conduite. Ainsi, loin d'être touché de son infortune en ce moment, il le jeta sur-le-champ dans les fers et le fit mettre plus tard à mort, après en avoir orné son triomphe. 
Histoire romaine livre XL
Florus a écrit:Quand l'Asie eut été soumise par Pompée, la fortune confia à César le soin d'en finir avec l'Europe. Or, il restait les peuples les plus cruels, les Gaulois et les Germains, et, bien que séparée de tout l'univers, la Bretagne trouva cependant un vainqueur.
Les Helvètes furent les premiers qui commencèrent à troubler la Gaule. Situés entre le Rhône et le Rhin, ils ne possédaient qu'un territoire insuffisant et ils vinrent solliciter un nouvel emplacement. Ils avaient brûlé leurs villes, s'engageant ainsi à ne pas revenir. César demanda un délai pour réfléchir, et détruisit, dans l'intervalle le pont du Rhône. Il arrêta ainsi dans sa fuite cette nation très belliqueuse, et la fit rentrer aussitôt dans son pays, tout comme un berger ramène ses troupeaux à l'étable.
La guerre contre les Belges, qui suivit, fut beaucoup plus sanglante, car ce peuple combattait pour sa liberté. Si les soldats romains s'y firent souvent remarquer par leur valeur, leur général s'y distingua tout particulièrement. Comme son armée pliait, prête à prendre la fuite, il arracha des mains d'un fuyard son bouclier, vola au premier rang, et son intervention personnelle rétablit le combat.
Puis ce fut la guerre navale avec les Vénètes. Mais César dut lutter contre l'océan plus que contre leurs navires, qui, grossiers et informes, faisaient naufrage au moindre choc de nos éperons. Mais la bataille continua sur la grève, lorsque, suivant son mouvement habituel, l'océan se retira au milieu même du combat, semblant ainsi s'opposer à la guerre.
César dut aussi employer une tactique différente selon la nature des peuples et des lieux. Les Aquitains, nation rusée, se retiraient dans des cavernes ; il les y fit enfermer. Les Morins se dispersaient dans les forêts, il y fit mettre le feu. Qu'on ne dise pas que les Gaulois sont seulement farouches ; ils pratiquent aussi la ruse. Indutiomare souleva les Trévires, et Ambiorix, les Eburons. Tous deux, pendant l'absence de César, s'entendirent pour attaquer ses lieutenants. Mais Dolabella repoussa courageusement le premier et rapporta la tête du roi barbare. Le second nous ayant tendu une embuscade dans une vallée nous surprit et nous écrasa. Notre camp fut pillé, et nous perdîmes les lieutenants Aurunculéius Cotta et Titurius Sabinus. Nous ne pûmes par la suite tirer vengeance de ce roi, car il s'enfuit de l'autre côté du Rhin et y resta toujours caché. Aussi le Rhin ne fut-il pas à l'abri de nos attaques ; on ne pouvait le laisser impunément recéler et protéger nos ennemis.
La première guerre contre les Germains fut entreprise pour les motifs les plus légitimes ; les Eduens, en effet, se plaignaient de leurs incursions. Quelle n'était pas la présomption d'Arioviste ? Comme nos députés lui disaient de venir trouver César : "Quel est César ?" répondit-il. "S'il veut me voir, qu'il vienne. Que lui importent les affaires de la Germanie, notre pays ? Est-ce que je me mêle de celles des Romains ? " Aussi ce peuple inconnu répandit-il un tel effroi dans notre camp que partout, même dans les tentes des officiers, on faisait son testament. Mais ces corps gigantesques offraient à nos épées et à nos projectiles d'autant plus de prise qu'ils étaient plus grands. Rien ne peut, mieux que le fait suivant, donner une idée exacte de l'ardeur de nos soldats pendant le combat. Les barbares élevaient leur bouclier au-dessus de leur tête et formaient ainsi la tortue. Les Romains sautèrent alors sur ces boucliers et de là leur plongeaient l'épée dans la gorge.
Les Tenctères se plaignaient aussi des Germains. César se décide alors à passer la Moselle, et le Rhin lui-même sur un pont de bateaux, et cherche l'ennemi dans la forêt hercynienne. Mais toute la nation s'était dispersée dans les bois et les marais, si grand était l'effroi provoqué de l'autre côté de la rive par l'apparition soudaine des Romains.
César franchit une deuxième fois le Rhin sur un pont qu'il fit construire. L'épouvante des ennemis fut plus grande encore. En voyant ce pont qui semblait un joug imposé à leur fleuve prisonnier, les Germains s'enfuirent de nouveau dans les forêts et les marécages, et le plus grand ennui de César fut de ne trouver personne à vaincre.
Après avoir tout réglé sur terre et sur mer, il tourna les yeux vers l'océan, et, comme si le monde conquis ne suffisait pas aux Romains, il songea à en conquérir un autre. Il rassembla donc une flotte et il passa en Bretagne avec une rapidité étonnante : ayant quitté le port des Morins à la troisième veille, il aborda dans l'île avant midi. Son arrivée remplit de tumulte le rivage ennemi, et les Bretons, affolés à la vue de ce spectacle nouveau, faisaient voler leurs chars de tous côtés. Cet affolement nous tint lieu de victoire. Ils livrèrent en tremblant des armes et des otages à César qui serait allé plus loin, si l'océan n'eût châtié par un naufrage l'audace de sa flotte.
Il revint donc en Gaule, accrut sa flotte, augmenta ses troupes, affronta de nouveau le même Océan et les mêmes Bretons qu'il poursuivit jusque dans les forêts de Calédonie, et jeta en prison l'un de leurs rois, Cassivellaunus. Se contentant de ces succès - car il se préoccupait moins de l'acquisition d'une province que de sa gloire, - il revint avec un plus riche butin que la première fois. L'Océan lui-même, plus tranquille, favorisa son retour, comme s'il s'avouait vaincu.
Mais la plus grande et en même temps la dernière de toutes les ligues gauloises fut celle où les Arvernes, les Bituriges, les Carnutes et les Séquanes se coalisèrent sous la direction d'un chef que sa taille, ses armes et son courage rendaient terrible et dont le nom même semblait fait pour engendrer l'épouvante, Vercingétorix. Aux jours de fêtes et dans les assemblées, quand il les voyait réunis en très grand nombre dans les bois, il les excitait par des paroles véhémentes à recouvrer leur ancienne liberté.
César n'était pas là ; il levait alors des troupes à Ravenne. L'hiver avait accru la hauteur des Alpes, et les Gaulois pensaient que le passage était fermé. Mais immédiatement, à la première nouvelle du soulèvement, César, avec une heureuse témérité, franchit des montagnes jusqu'alors jugées inaccessibles, et par des routes et des neiges que nul homme n'avait foulées, il pénétra en Gaule avec quelques troupes légères. Il rassembla ses légions dispersées dans des quartiers d'hiver éloignés, et il se trouva au milieu de la Gaule avant qu'on ne craignît son retour à la frontière.
Il attaque alors les principaux centres de la guerre ; il détruit Avaricum, défendue par quarante mille hommes, et malgré les efforts de deux cent cinquante mille Gaulois il incendie et anéantit Alésia. C'est autour de Gergovie, en Auvergne, que porta tout le poids de la guerre. Quatre-vingt mille hommes protégés par des murs, une citadelle et des rochers escarpés, défendaient cette très grande ville. Mais César l'entoura d'un retranchement garni de pieux et d'un fossé dans lequel il détourna le fleuve qui l'arrose ; il construisit en outre un immense parapet de dix-huit tours, et il commença par affamer la ville. Quand les assiégés osèrent tenter des sorties, ils succombèrent sur le retranchement sous les épées et les pieux de nos soldats ; enfin, ils durent se rendre. Leur roi lui-même, le plus bel ornement de la victoire, vint en suppliant au camp romain, sur son cheval dont il jeta les ornements, en même temps que ses propres armes, aux pieds de César. "Ils sont à toi, dit-il, je suis brave, mais tu es plus brave, et tu m'as vaincu."
Abrégé de l'histoire romaine, livre troisième

Lisez aussi, "Les vies des hommes illustres,  tome troisième vie de Caius Julius Caesar
http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/cesarpierron.htm

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Message par Collectionneur Jeu 19 Avr - 2:34

Pour ceux qui sont sur Paris. Il y a une conférence a l'école militaire le 3 mai sur l'armée romaine :

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2018/04/12/conference-la-premiere-armee-moderne-l-armee-romaine-19255.html
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Message par Anaxagore Jeu 19 Avr - 11:48

Les Unités des armées gauloises ( y compris les Bretons et les Germains)


Infanterie légère

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Lanceurs de javelots


Le terme français javelot viens du gaulois gabalaccos on reconnait la racine du vieil irlandais gaiso. Une tribu gauloise, les Gaesati, étaient " ceux qui combattent avec des javelots", puisque c'est le sens de leur nom. Il existe une multitude de modèles de javelots gaulois, avec d'importantes variations individuelles vu qu'il n'y avait pas de production centralisée. Vercingétorix sera le premier chef gaulois a faire produire en masse des armements... mais au dépend de la qualité, assez médiocre à la fin de la guerre des Gaules. Seuls les fers sont parvenus jusqu'à notre époque et la longueur des hampes est pure spéculation. Pour des questions d'aérodynamisme on les estime entre 1,5 m et 2 m. 

Utilisée pour la guerre et la chasse, le javelot est une des armes les plus courantes en Gaule. En fait, si je place les lanceurs de javelots en haut de la liste des unités celtes, c'est tout simplement qu'ils étaient numériquement les plus nombreux. Tous les hommes libres qui n'avaient aucune formation aux armes se retrouvaient parmi les lanceurs de javelots et les archers. Ainsi, ils formaient le gros des armées celtes. Ces derniers - contrairement aux Romains - n'avaient aucun système de recrutement permanent. Les combattants n'étaient levés qu'en temps de guerre sur la base du volontariat. Chacun prenait ce qu'il possédait comme armes. 
On ne sait pas exactement comment cela se passait en Gaule à l’époque de César. Toutefois, les anciens récits gallois (bien que se passant aux temps arthuriens) peuvent nous servir de guide.
Lorsque le roi (ou le vergobret) déclarait la guerre, il devait rassembler autour de lui les professionnels ( ses ambactes et les soldures de la tribu), engager des mercenaires (s'il en avait les moyens financiers) puis appeler les chefs de clans. des familles élargies aux clients et aux serviteurs. Les chefs de clans ont eux aussi leurs propres ambactes, mais ils rassemblent surtout des hommes libres.

Quel est l'armement des lanceurs de javelot ?
Il est particulièrement léger, son arme d'abord et pour toute protection un bouclier. On sait que les Gaulois combattaient souvent nus, parfois recouverts de dessins à la peinture bleue appelée pastel et tirée d'une fougère la guède. Considérée comme une plante magique, la guède fournissait donc une "armure magique"... si on y croit bien sûr. Combattre nu présentait quand même des avantages : il était plus facile de voir les blessures et donc de les soigner, de plus on ne pouvait attraper le guerrier par ses vêtements. On sait que les combattants les plus pauvres avaient un "sabre" en guise d'armes défensives. Contrairement aux épées - réservées à l'aristocratie et aux guerriers professionnels - les sabres gaulois ne représentent pas un quelconque travail artistique, ce sont de courtes épées qui ne peuvent servir que de taille.

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Ce bouclier en osier - on en rencontre aussi des circulaires- est typique des protections utilisées par les plus pauvres des combattants gaulois.

les javelots gaulois:

Frondeur gaulois

Uchronies romaines - Page 5 IMGP2246
L'image ci-dessus provient d'une reconstitution

Les frondeurs gaulois n'avaient pas d'armure, mais devaient probablement utiliser un bouclier léger en osier ou en bois, de forme circulaire. On n'a évidemment aucun exemplaire de fronde gauloise, seul un miracle aurait permis une survie d'une bande de tissu. On suppose qu’elles avaient la forme typique d'une poche reliée à deux lanières. Par contre, on connait bien les balles de frondes gauloises. En fait, les lanceurs utilisaient surtout des pierres dures, parfois taillées. Cependant, ils faisaient aussi usage de balles ovoïdes en céramique de 4 à 10 cm. La fronde porte à 200m et est meurtrière à 70m. Je ne rappellerais jamais assez qu'un projectile de fronde à une puissance cinétique comparable à une balle de 9 mm !  

Archers gaulois


César a écrit:(4) En même temps, pour compléter ses troupes affaiblies, il ( Vercingétorix) commande aux cités l'envoi d'un certain nombre d'hommes, fixe le jour où ils doivent être arrivés, et donne ordre de rechercher et de lui envoyer tous les archers, qui sont très nombreux dans la Gaule. Il a bientôt ainsi remplacé ce qui avait péri dans Avaricum.

Guerre des gaules VII, 31

Les Gaulois chassent à l'arc, il y a donc de nombreux archers que l'on peut recruter en temps de guerre. Ni les arcs, ni les flèches proprement dites n'ont survécu, seules sont arrivées jusqu'à nous les pointes, souvent barbelées. On se doute cependant qu'il s'agissait d'un arc assez petit et à simple courbure d'après une représentation sur une pièce de monnaie. Les flèches devaient être pratiquement incapables de traverser les cottes de maille romaine. Toutefois, les archers gaulois ont une arme secrètes... ils empoisonnaient leurs flèches à l'aconit, un poison végétal ! Une légère éraflure pouvait être mortelle. L'aconit paralyse en moins de trois heures et tue sous 12 heures. 

 

Infanterie lourde


Lanciers gaulois


Uchronies romaines - Page 5 1
Notez que le personnage du milieu au second rang porte une armure de cuir. Les auteurs de l'antiquité n'en mentionnent pas, mais des armures et des calottes de cuirs furent probablement utilisés par les Gaulois. On en voit représentés sur les statues accroupies de Roquepertuse et Entremont
Uchronies romaines - Page 5 Guerrier-0Uchronies romaines - Page 5 Heros-0

Faute d'autre protection Polybe rapporte la coutume celte d'enrouler leurs saies (manteau de tartan) autour de la poitrine comme une protection grossière.

Les lanciers représentent déjà des troupes bien équipées selon les standards gaulois. Leur armement offensif comprends la lancia (mot qui a donné le français lance). La lance gauloise est à mi-chemin entre le javelot et la pique, elle doit mesurer entre 1,8 m et 2 m. On a découvert une grande variété de pointes (certaines larges et d'autres effilées, comme des baïonnettes). Les hampes ont disparu, mais outre les fer on a retrouvé des embouts ferrés, volontairement émoussés. Paradoxalement, ces talons de lances ont plus excité l'imagination des archéologues et des équipes de reconstitution que les pointes. Parce qu'ils ont permis de comprendre comment les Gaulois se servaient de leurs hastes.
Parce qu'ils avaient un talon, les Gaulois devaient les ficher en terre pour recevoir des charges de cavalerie. On sait aussi, par les descriptions des auteurs de l'antiquité, que les Gaulois combattaient en phalange. Toutefois, la lance gauloise ne se prête pas aux formations de la phalange hoplitique, elle n'est pas assez longue pour ça. De plus, le talon émoussé suggère que les Gaulois combattaient la lance levée au-dessus de l'épaule... et que cela évitait de blesser le camarade de derrière.  
D'autre part, le bouclier gaulois fournit d'autres indices.
Uchronies romaines - Page 5 Bouclier-celtique
Vous remarquerez qu'il n'est pas complètement cerclé de fer. Seul le haut et le bas sont renforcés. Sa forme, avec des flancs lisses suggèrent qu'il devait s’imbriquer avec les voisins de droite et de gauche pour former un mur. 
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Comment combattait la phalange gauloise ?:


Les Piquiers

Uchronies romaines - Page 5 Guerrier+celte+3
Il est difficile de distinguer la pique gauloise de la lance vu que la hampe a disparue. La différence entre les deux est que la pique est plus longue 2,5 m à 3m et n'est pas équilibrée pour le jet. Les piquiers combattent comme les lanciers, si ce n'est qu'ils n'ont pas la possibilité d'attaquer à distance. 
On sait que les troupes les plus lourdes (lanciers et piquiers) étaient les mieux équipés de l'infanterie. Ils avaient probablement un bouclier en bois, une lance ou une pique et une épée courte. Certains pouvaient avoir des armures et des calottes de cuir. Les plus riches (nobles, ambactes, soldures) avaient des cottes de mailles, des casques métalliques, et des épées longues. Cependant, ils ne devaient représenter que quelques centaine d'hommes dans des contingents de... dizaines de milliers de combattants. Une minorité. 

Uchronies romaines - Page 5 Armements-celtes
Armes gauloises

La cavalerie


La terrifiante trimascia


Uchronies romaines - Page 5 111561581_o

Si l'infanterie gauloise est largement surclassée par la légion romaine. César redoute les cavaliers gaulois dont les prouesses équestres sont très justement renommées. De manière surprenante, la cavalerie gauloise comprends trois fois plus de cavaliers que de montures ! Chaque cavalier appartient à la noblesse, il combat aidé de deux serviteurs. S'il est épuisé ou blessé, le cavalier rejoint l'arrière des lignes et donne son cheval à un serviteur qui repart se battre. Une fois qu'il est à son tour blessé ou épuisé, il retourne à à l'arrière et donne le cheval au troisième homme, c'est ce que l'on appelle la trimascia. 
Comme les chevaux sont plus endurants que les hommes, c'est le cavalier qui s'épuise en premier. La tactique de "relai" des cavaliers gaulois leur permettait de rester efficace plus longtemps.

Le cheval gaulois est très petit (1,30 à 1,35 m au garrot, un lilliputien !) ce qui fait que les jambes du cavalier entourent complètement le torse de la monture et lui permettent de rester en selle malgré l'absence d'étriers (ils n'ont pas encore été inventés), cela dit la selle " à corne" des gaulois et conçue pour maintenir fermement le cavalier et aide bien.
Uchronies romaines - Page 5 Cheval-bishop
La raison de la supériorité des Germains n'est pas à chercher plus loin que dans la monture, en effet les cousins d'outre Rhin ont des chevaux plus grands (1,40 m au garrot) qui leur permettent de frapper les cavaliers Gaulois par en dessus. 

Equipement : les cavaliers gaulois sont formés par ceux qui ont le moyens de s'offrir des chevaux...  ce qui représente une fortune plus grande que ceux qui s'offrent des armures et des armes de qualité. Ce qui veut dire qu'ils ont aussi cottes de maille, casques et épées longues.

Pendant les batailles de la Guerre des gaules, les cavaliers gaulois ont surclassé la cavalerie romaine, mais aussi la légion. Leurs charges enfonçaient les flancs des légions. 

Chars de guerre bretons

Uchronies romaines - Page 5 La-cavalerie-gauloise-lassaut-de-la-forteresse
Les chars de guerre ont été abandonnés en Gaule même quelques 50 à 70 ans avant la Guerre des Gaules. La raison est simple. Un char de guerre c'est deux hommes et deux chevaux, pour une seule unité. Pour le même prix, on peux armer deux cavaliers. Cependant, les Bretons ont aligné des armes dépassant les 10 000 chars de guerre. Exagération de César... même pas ! Les archéologues l'ont confirmé.
l'une des raisons qui ont poussé les Bretons a garder les chars c'est que leurs chevaux sont encore plus petits que sur le continent (1,20 m au garrot)... difficile de monter au combat ce genre de falbala. 
Lors de son expédition en Bretagne, César loue las capacités manœuvrières des chars. Leur utilisation est complexe. D'abord, les chars tourbillonnent autour de l'infanterie. Le combattant lance des javelots. Lorsqu'il n'en a plus, il descend à terre et combat à pied. les chars restent à proximité et récupèrent les combattants s'ils ont le dessous. Bien évidemment, ils harcèlent, feintent... un vrai cauchemar. 
Le char de guerre celte est très léger (90 kilos) ce qui le rend très manœuvrable et rapide. Comme il est souple, il est à l'aise sur la plupart des terrain à peu près plats et dégagé.
Uchronies romaines - Page 5 Cuchulainn-sur-son-char-de-guerre-543po
Les descriptions antiques disent que l'aurige est debout sur les chevaux, tenant les rênes, tandis que le combattant est sur la plate-forme. Au combat, conducteurs et combattants font d'impressionnante démonstrations d'agilité. On raconte par exemple que le combattant court sur le timon du char pour changer de position et équilibrer l'attelage..; tout en lançant des javelots avec dextérité meurtrière depuis cette plateforme chaotique.
 
César a écrit:(1) Voici leur manière de combattre avec ces chariots. D'abord ils les font courir sur tous les points en lançant des traits ; et, par la seule crainte qu'inspirent les chevaux et le bruit des roues, ils parviennent souvent à rompre les rangs. Quand ils ont pénétré dans les escadrons, ils sautent à bas de leurs chariots et combattent à pied. (2) Les conducteurs se retirent peu à peu de la mêlée, et placent les chars de telle façon que si les combattants sont pressés par le nombre, ils puissent aisément se replier sur eux. (3) C'est ainsi qu'ils réunissent dans les combats l'agilité du cavalier à la fermeté du fantassin ; et tel est l'effet de l'habitude et de leurs exercices journaliers, que, dans les pentes les plus rapides, ils savent arrêter leurs chevaux au galop, les modérer et les détourner aussitôt, courir sur le timon, se tenir ferme sur le joug, et delà s'élancer précipitamment dans leurs chars.

Guerre des Gaules IV, 33


Dernière édition par Anaxagore le Lun 23 Avr - 12:03, édité 1 fois

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Message par Anaxagore Ven 20 Avr - 11:09

 Les Gaulois dans le texte


A propos du roi arverne Lucernios
Posidonios a écrit:Pour essayer de gagner la ferveur populaire, il parcourait la campagne à bord d'un char, distribuant or et argent à ceux qui le suivait

Pour les Celtes, le nombre d'ambactes et de soldures attachés à un chef est en corrélation directe avec son statut social

Polybe a écrit:Ils considèrent la camaraderie comme une notion extrêmement importante. Ceux qui parmi eux sont les plus craints et les plus puissant sont ceux dont on pense qu'ils possèdent le plus grand nombre de préposés et d'associés.

Les Celtes sont propres, leurs vêtements sont soignés et - de manière générale - ils attachent une grande importance à leur aspect.

Diodore de Sicile a écrit:
Ces hommes sont d'un aspect effrayant ; leur voix a un son grave et des intonations tout à fait rudes ; dans la conversation, leur parole est brève, énigmatique, procédant par allusions et sous-entendus, souvent hyperbolique, quand il s'agit de se grandir eux-mêmes et d'amoindrir les autres. Ils ont le ton menaçant, hautain, tragique, et, pourtant, l'esprit pénétrant et non sans aptitude pour les sciences. Il y a chez eux même des poètes lyriques, qu'ils nomment bardes : ces poètes accompagnent avec des instruments semblables à des lyres leurs chants qui sont tantôt des hymnes, tantôt des satires.
I1 y a aussi des philosophes et des théologiens à qui on rend les plus grands honneurs et qui se nomment druides. Enfin ils se servent de devins à qui ils accordent une grande autorité. Ces devins, c'est par l'observation des oiseaux et par l'immolation des victimes qu'ils prédisent l'avenir, et ils tiennent toute la population sous leur dépendance. Mais c'est quand ils consultent [les présages] pour quelques grands intérêts, c'est alors surtout qu'ils suivent un rite bizarre, incroyable. Après avoir consacré un homme, ils le frappent avec une épée de combat dans la région au-dessus du diaphragme, et quand la victime est tombée sous le coup, ils devinent l'avenir d'après la manière dont elle est tombée, l'agitation des membres et l'écoulement du sang. C'est un genre d'observation ancien, longtemps pratiqué et en qui ils ont foi.
La coutume est chez eux que personne ne sacrifie sans assistance d'un philosophe ; car ils croient devoir user de l'intermédiaire de ces hommes qui connaissent la nature des dieux, et parlent on pourrait dire leur langue, pour leur offrir des sacrifices d'actions de grâces et implorer leurs bienfaits. Non seulement dans les nécessités de la paix, mais encore et surtout dans les guerres, on se confie à ces philosophes et à ces poètes chantants, et cela, amis comme ennemis. Souvent, sur les champs de bataille, au moment où les armées s'approchent, les épées nues, les lances en avant, ces bardes s'avancent au milieu des adversaires et les apaisent, comme on fait les bêtes farouches avec des enchantements. Ainsi chez les barbares les plus sauvages la passion cède à la sagesse et Arès respecte les Muses.
Bibliothèque historique V, 31

Diodore de Sicile a écrit:
Ils ont aussi pour coutume, quand ils sont en formation de bataille, de se mettre à un pas en avant de la ligne, et de défier le plus vaillant de leurs ennemis en un combat singulier, tout en brandissant leurs armes au-devant d'eux pour terrifier leurs adversaires. Et quand un homme accepte le défi, ils entonnent alors une chanson en l'honneur des exploits de leurs ancêtres, et par vantardise de leurs propres hauts faits, insultant sans arrêt et dépréciant leur adversaire, et essayant, en un mot, par de telles paroles, de lui faire perdre toute audace avant le combat. Quand leur ennemi tombe, ils coupent sa tête et l'attachent au cou de leurs chevaux ; et tournant autour de leurs suivants les armes de leurs ennemis, complètement couvertes de sang, ils les emportent comme butin, chantant une louange sur elles et entamant un air de victoire, et ces premiers fruits de la bataille ils les clouent sur leurs maisons, comme le font certaines personnes, dans une certaine forme de chasse, avec la tête des bêtes sauvages qu'ils ont maîtrisées.
Les têtes de leurs ennemis les plus distingués sont embaumées avec de l'huile de cèdre, et précieusement conservées dans un coffre, et ils les montrent aux étrangers, affirmant sérieusement qu'en échange de cette tête, un de leurs ancêtres, ou leur père, ou l'homme lui-même, refusa l'offre d'une grande somme d'argent. Et le même homme [...] se vanta qu'ils n'avaient pas accepté un poids égal en or pour la tête qu'ils montraient, faisant preuve d'une sorte de grandeur d'âme barbare, car n'avoir pas vendu ce qui constitue un témoignage et une preuve de leur propre valeur est une noble chose, mais continuer de combattre contre un de notre propre race, après sa mort, est comme se mettre au niveau des bêtes.
Bibliothèque historique V, 29
Uchronies romaines - Page 5 5e749fae7e688206666077ffa1d444f3
Diodore de Sicile a écrit:
XXV. Après avoir indiqué l'origine du nom des Gaulois, il nous faut parler des habitants mêmes du pays. La Gaule est habitée par beaucoup de tribus plus ou moins populeuses. Les plus fortes sont d'environ deux cent mille hommes, et les plus faibles de cinquante mille. Parmi ces tribus, il y en a une qui a conservé jusqu'à nos jours une ancienne amitié pour les Romains (72). Comme la Gaule est en grande partie située sous la constellation de l'Ourse, l'hiver y est long et extrêmement froid. Car dans la saison de l'hiver, pendant les jours nébuleux, il tombe beaucoup de neige au lieu de pluie ; et quand le ciel est serein, il se forme des masses de glace compacte, par lesquelles les fleuves congelés deviennent des ponts naturels. Non-seulement des voyageurs allant par petites troupes, mais des armées nombreuses, avec chars et bagages, y passent sur la glace eu toute sécurité. La Gaule est traversée par des fleuves grands et nombreux, qui serpentent dans les plaines. Les uns ont leurs sources dans des lacs profonds, les autres jaillissent des montagnes. Ceux-ci se jettent dans l'Océan, ceux-là dans la Méditerranée. Le plus grand des fleuves qui se jettent dans notre mer est le Rhône. Il a ses sources dans les Alpes et il se jette dans la mer par cinq embouchures. Parmi les fleuves qui se jettent dans l'Océan, ceux qui passent pour les plus grands sont le Danube et le Rhin (73). C'est sur ce dernier fleuve que, de nos jours, Jules César, divinisé pour ses exploits, construisit un pont merveilleux, y fit passer son armée et soumit les Gaulois  26 qui habitent sur la rive opposée. Beaucoup d'autres rivières navigables traversent la Celtique, mais il serait trop long d'en faire ici la description. Presque toutes ces rivières se gèlent et forment ainsi des ponts naturels. Afin d'empêcher les passagers de glisser sur la glace et de rendre la démarche plus assurée, on y répand de la paille  (74).
XXVI. On remarque dans la plus grande partie de la Gaule un phénomène trop particulier pour omettre d'en parler ici. Les vents du couchant d'été et ceux du nord y soufflent habituellement avec tant de violence et de force, qu'ils soulèvent de terre et emportent des pierres grosses comme le poing et une épaisse poussière de gravier. Enfin, de violents tourbillons arrachent aux hommes leurs armes et leurs vêtements, et enlèvent les cavaliers de leurs chevaux. L'excès de froid altère tellement le climat, que la vigne et l'olivier n'y croissent pas (75). C'est pourquoi les Gaulois, privés de ces fruits, font avec de l'orge une boisson appelée zythos (76). Ils font aussi tremper du miel dans de l'eau, et s'en servent en guise de boisson. Aimant jusqu'à l'excès le vin que les marchands leur apportent sans mélange, ils en boivent si avidement que, devenus ivres, ils tombent dans un profond sommeil ou dans des transports furieux. Aussi beaucoup 27 de marchands italiens, poussés par leur cupidité habituelle, ne manquent-ils pas de tirer profit de l'amour des Gaulois pour le yin. Ils leur en apportent soit dans des bateaux sur les rivières navigables, soit sur des chars qu'ils conduisent à travers le pays plat; en échange d'un tonneau de vin, ils reçoivent un jeune esclave, troquant ainsi leur boisson contre un échanson (77).
XXVII. Il n'y a absolument aucune mine d'argent dans la Gaule, mais il y a beaucoup d'or natif (78) que les indigènes recueillent sans peine. Comme les fleuves, dans leurs cours tortueux, se brisent contre la racine des montagnes, les eaux en détachent et charrient avec elles des fragments de roche remplis de sables d'or. Ceux qui se livrent à ces travaux brisent les roches, enlèvent ensuite la partie terreuse par des lavages, et font fondre le résidu dans des fourneaux. Ils recueillent de cette sorte une masse d'or qui sert à la parure des femmes aussi bien qu'à celle des hommes; car ils en font des anneaux qu'ils portent aux poignets et aux bras ; ils en fabriquent aussi des colliers massifs, des bagues et même des cuirasses. Les habitants de la Celtique supérieure offrent une autre singularité au sujet des temples. Dans les temples et les enceintes sacrées de ce pays se trouve entassé beaucoup d'or offert aux dieux; et, quoique tous les Celtes aiment l'argent, pas un d'eux n'ose y toucher, tant la crainte des dieux les retient.
XXVIII. Les Gaulois sont grands de taille; ils ont la chair molle et la peau blanche: leurs cheveux sont naturellement blonds, et ils cherchent par des moyens artificiels à rehausser cette couleur : ils les lavent fréquemment avec une lessive de 28 chaux (79), ils les retirent du front vers le sommet de la tété et la nuque, de sorte qu'ils ont l'aspect de Satyres et de Pans. Grâce à ces moyens, leurs cheveux s'épaississent tellement qu'ils ressemblent aux crins des chevaux. Quelques-uns se rasent la barbe et d'autres la laissent croître modérément, mais les nobles se rasent les joues, et laissent pousser les moustaches, de manière qu'elles leur couvrent la bouche. Aussi leur arrive-t-il que, lorsqu'ils mangent, les aliments s'y embarrassent, et, lorsqu'ils boivent, la boisson y passe comme à travers un filtre. Ils prennent leurs repas non pas assis sur des sièges, mais accroupis sur des peaux de loups ou de chiens, et ils sont servis par de très jeunes enfants de l'un et de l'autre sexe. A côté d'eux sont des foyers flamboyants, avec des chaudières et des broches garnies de quartiers entiers de viande. On honore les braves en leur offrant les meilleurs morceaux de viande. C'est ainsi que le poète nous montre Ajax honoré par ses compagnons, après qu'il eut seul combattu et vaincu Hector : « Le roi fait honneur à Ajax du dos entier de la victime (80). » Les Gaulois invitent aussi les étrangers à leurs festins; et, après le repas, ils leur demandent ce qu'ils sont et ce qu'ils viennent faire. Souvent, pendant le repas, leurs discours font naître des querelles, et, méprisant la vie, ils se provoquent à des combats singuliers. Car ils ont fait prévaloir chez eux l'opinion de Pythagore, d'après laquelle les âmes des hommes sont immortelles, et chacune d'elles, s'introduisant dans un autre corps, revit pendant un nombre déterminé d'années. C'est pourquoi, pendant les funérailles, ils jettent dans le bûcher des lettres adressées à leurs parents décédés, comme si les morts les liraient (81).
XXIX. Dans les voyages et les combats, ils se servent de chars à deux chevaux, portant un conducteur et un guerrier. Ils dirigent, dans les guerres, leurs attaques contre les cavaliers, lancent le saunium et descendent ensuite pour combattre l'ennemi à l'épée. Quelques-uns d'entre eux méprisent la mort au point de s'exposer nus et n'ayant qu'une ceinture autour du corps. Ils emmènent avec eux des serviteurs de condition libre, choisis dans la classe des pauvres, ils les emploient, dans les combats, comme conducteurs et comme gardes (82). Avant de livrer bataille, ils ont coutume de sortir des rangs et de provoquer les plus braves des ennemis à un combat singulier, en branlant leurs armes pour effrayer leurs adversaires. Si quelqu'un accepte le défi, ils chantent les prouesses de leurs ancêtres et vantent leurs propres vertus, tandis qu'ils insultent leurs adversaires et les appellent des lâches. Aux ennemis tombés, ils coupent la tête et l'attachent au cou de leurs chevaux. Ils donnent à porter à leurs serviteurs les dépouilles tachées de sang, et chantent le péan et l'hymne de la victoire. Ils clouent ces trophées aux maisons, ainsi que d'autres le font à l'égard des animaux pris à la chasse. Quant aux têtes des ennemis les plus renommés, ils les embaument avec de l'huile de cèdre et les conservent soigneusement dans une caisse (83). Ils les montrent aux étrangers en se glorifiant que leurs pères eux-mêmes n'ont pas voulu donner ces trophées pour beaucoup d'argent. On dit que quelques-uns d'entre eux, montrant une fierté sauvage, se sont vantés de n'avoir pas voulu vendre une tête contre son poids d'or. Mais si, d'un côté, il n'est pas noble de mettre à prix les insignes de sa bravoure, de l'autre, il est sauvage de faire la guerre aux morts de même race.
XXX. Les Gaulois portent des vêtements singuliers ; ils ont 30 des tuniques bigarrées de différentes couleurs, et des chausses qu'ils appellent bragues. Avec des agrafes, ils attachent à leurs épaules des saies rayées, d'une étoffe à petits carreaux multicolores, épaisse en hiver, et légère en été. Ils ont pour armes défensives des boucliers aussi hauts qu'un homme, et que chacun orne à sa manière. Comme ces boucliers servent non-seulement de défense, mais encore d'ornement, quelques-uns y font graver des figures d'airain en bosse, et travaillées avec beaucoup d'art. Leurs casques d'airain sont garnis de grandes saillies et donnent à ceux qui les portent un aspect tout fantastique. A quelques-uns de ces casques sont fixées des cornes, et à d'autres des figures en relief d'oiseaux ou de quadrupèdes. Ils ont des trompettes barbares, d'une construction particulière, qui rendent un son rauque et approprié au tumulte guerrier (84). Les uns portent des cuirasses de mailles de fer ; les autres, contents de leurs avantages naturels, combattent nus. Au lieu d'épées, ils ont des espadons suspendus au flanc droit par des chaînes de fer ou d'airain. Quelques-uns entourent leurs tuniques de ceintures d'or ou d'argent. Ils se servent aussi de piques qu'ils appellent lances  (85), dont le fer a une coudée de longueur, et près de deux palmes de largeur; le fût a plus d'une coudée de longueur. Leurs épées ne sont guère moins grandes que le javelot des autres nations, et leurs saunies ont les pointes plus longues que leurs épées. De ces saunies, les unes sont droites et les autres recourbées; de sorte que, non-seulement elles coupent, mais encore déchirent les chairs, et en retirant le javelot, on agrandit la plaie.

Bibliothèque historique Livre V
Polybe a écrit:
Dans l'armée des Gaulois, les Gérates, et après eux les Insubriens, faisaient front du côté de la queue, qu'Emilius devait attaquer ; ils avaient à dos les Taurisque et les Boïens, qui faisaient face du côté, par où Atilius devait venir. Les chariots bordaient les ailes, et le butin fut mis sur une des montagnes voisines, avec un détachement pour le garder. Cette armée à deux fronts n'était pas seulement terrible a voir, elle était encore trés propre pont l'action. Les Insubriens y paraissaient avec leurs braies, et n'ayant autour d'eux que des saies légères. Les Gésates, aux premiers rangs, soit par vanité, soit par bravoure, avaient même jeté bas tout vêtement, et, entièrement nus, ne gardèrent que leurs armes, de peur que les buissons qui se rencontraient là en certains endroits ne les arrêtassent et ne les empêchassent d'agir. Le premier choc se fit sur la hauteur et fut vu des cavaliers gaulois et romains. Au cours de la lutte, le consul Attilius, qui payait de sa personne avec une vaillance extraordinaire, trouva la mort et on apporta sa tête au roi des Gaulois.
Malgré cela, la cavalerie romaine fit si bien son devoir, qu'elle emporta le poste, et gagna une pleine victoire sur celle des ennemis.
L'infanterie s'avança ensuite l'une contre l'autre. Ce fut un spectacle fort singulier et aussi surprenant pour ceux qui, sur le récit d'un fait, peuvent par imagination se le mettre comme sous les yeux, que pour ceux qui en étaient témoins ; car une bataille entre trois armées à la fois est assurément une action d'une espèce et d'une manoeuvre bien particulières. D'ailleurs aujourd'hui, comme alors, il n'est pas aisé de démêler si les Gaulois, attaqués de deux côtés, s'étaient formés, de la manière la moins avantageuse ou la plus convenable. Il est vrai qu'ils avaient à combattre de deux côtés ; mais ainsi rangés dos à dos, ils se mettaient mutuellement à couvert de tout ce qui pouvait les prendre en queue, et, ce qui devait le plus contribuer à la victoire, tout moyen de fuir leur était interdit, et une fois défaits, il n'y avait plus pour eux de salut à espérer ; car tel est l'avantage de l'ordonnance à deux fronts. Quant aux Romains, voyant les Gaulois serrés entre deux armées et enveloppés de toutes parts, ils ne pouvaient que bien espérer du combat ; mais, d'un autre côté, la disposition de ces troupes et le bruit qui s'y faisait, les jetaient dans l'épouvante. La multitude des cors et des trompettes y était innombrable, et, toute l'armée ajoutant à ces instruments ses cris de guerre, le vacarme était tel que les lieux voisins, qui le renvoyaient,semblaient d'eux‑mêmes joindre des cris à ce concert. Non moins effrayants par leur seule apparence et par leurs cris étaient les guerriers nus alignés en avant, hommes d'une stature exceptionnelle et dans la pleine forme de leur âge ; outre qu'il n'y en avait point dans les premières compagnies, qui n'eût le corps et les bras ornés de colliers et de bracelets d'or. A l'aspect de cette armée les Romains ne purent à la vérité se défendre de quelque frayeur, mais l'espérance d'un riche butin enflamma leur courage.Les archers s'avancèrent sur le front de la première ligne, selon la coutume des Romains, et commencent l'action par une grêle épouvantable de traits. Les Gaulois des derniers rangs n'en souffrirent pas extrêmement, leurs braies et leurs saies les en défendirent ; mais ceux des premiers, qui ne s'attendaient pas à ce prélude, et qui n'avaient rien sui leur corps qui les mit à couvert, en furent très incommodés. Ils ne savaient que faire pour parer les coups : leur bouclier n'était pas assez large pour les couvrir ; ils étaient nus, et plus leurs corps étaient grands, plus il tombait de traits sur eux. Se venger sur les archers mêmes des blessures qu'ils recevaient, cela était impossible, ils en étaient trop éloignés ; et d'ailleurs, comment avancer au travers d'un si grand nombre de traits ? Dans cet embarras, les uns, transportés de colère et de désespoir, se jettent inconsidérément parmi les ennemis, et se livrent involontairement à la mort ; les autres, pâles, défaits, tremblants, reculent et rompent les rangs qui étaient dernière eux. C'est ainsi que, dès la première attaque, furent rabaissés l'orgueil et la fierté des Gésates.Quand les archers se furent retirés, les Insubriens, les Boïens et les Taurisques en vinrent aux mains. Ils se battirent avec tant d'acharnement, que, malgré les plaies dont ils étaient couverts, on ne pouvait les arracher de leur poste. Si leurs armes eussent été les mêmes que celles des Romains, ils remportaient la victoire. Ils avaient à la vérité comme eux des boucliers pour parer, mais leurs épées ne leur rendaient pas les mêmes services : celles des Romains taillaient et perçaient, au lieu que les leurs ne frappaient que de taille. Ces troupes ne soutinrent le choc que jusqu'à ce que la cavalerie romaine fût descendue de la hauteur, et les eût prises en flanc. Alors l'infanterie fut taillée en pièces, et la cavalerie s'enfuit en déroute. Quarante mille Gaulois restèrent sur la place , et on fit au moins dix mille, prisonniers, entre lesquels était Concolitan, un de leurs rois. Anéroeste se sauva avec quelques‑uns des siens, en je ne sais quel endroit, où il se tua lui et ses amis de sa propre main. Emilius, ayant ramassé les dépouilles, les envoya à Rome, et rendit le butin à ceux à qui il appartenait ; puis, marchant à la tête des légions par la Ligurie, il se jeta sur le pays des Boïens, y laissa ses soldats se gorger de butin, et revint à Rome peu de jours après avec l'armée. Tout ce qu'il avait pris de drapeaux, de colliers et de bracelets, il l'employa à la décoration du Capitole ; le reste des dépouilles et les prisonniers servirent à orner son triomphe. C'est ainsi qu'échoua cette formidable irruption des Gaulois, qui menaçait d'une ruine entière non seulement toute l'Italie, mais Rome même.

Live II, chapitre V

Cela ne veut pas dire que les Gaulois étaient incapable de pensée tactique


César a écrit:(1) César, ayant rangé l'armée tout entière sur l'une et l'autre de ses lignes, afin qu'au besoin chacun connût le poste qu'il devait occuper, fit sortir de son camp la cavalerie, à laquelle il ordonna d'engager l'affaire. (2) Du sommet des hauteurs que les camps occupaient, on avait vue sur le champ de bataille, et tous les soldats, attentifs au combat, en attendaient l'issue. (3) Les Gaulois avaient mêlé à leur cavalerie un petit nombre d'archers et de fantassins armés à la légère, tant pour la soutenir si elle pliait, que pour arrêter le choc de la nôtre. Plusieurs de nos cavaliers, surpris par ces fantassins, furent blessés et forcés de quitter la mêlée. (4) Les Gaulois, croyant que les leurs avaient le dessus, et que les nôtres étaient accablés par le nombre, se mirent, assiégés et auxiliaires, à pousser de toutes parts des cris et des hurlements pour encourager ceux de leur nation. (5) Comme l'action se passait sous les yeux des deux partis, nul trait de courage ou de lâcheté ne pouvait échapper aux regards, et l'on était de part et d'autre excité à se bien conduire, par le désir de la gloire et la crainte de la honte. (6) On avait combattu depuis midi jusqu'au coucher du soleil, et la victoire était encore incertaine, lorsque les Germains, réunis sur un seul point, en escadrons serrés, se précipitèrent sur l'ennemi et le repoussèrent. (7) Les archers, abandonnés dans cette déroute, furent enveloppés et taillés en pièces, et les fuyards poursuivis de tous côtés jusqu'à leur camp, sans qu'on leur donnât le temps de se rallier. (Cool Alors ceux qui étaient sortis d'Alésia, consternés et désespérant presque de la victoire, rentrèrent dans la place.

Guerre des Gaules, VII, 80
On voit ici des troupes se soutenant mutuellement avec une organisation organique.
Épopée irlandaise a écrit: Ensuite par la route de Mid-Luahair il (Cuchulain) fit le tour de la montagne Foûad ; et son ennemi Erc, fils de Coipré l'aperçut dans son char, l'épée aux rouges éclairs dans la main, et le nimbe héroïque planant au-dessus de lui, et ses cheveux de trois couleurs pareils à des fils d'or sur le bout de l'enclume sous le marteau d'un fèvre adroit.
- L'homme arrive sur nous, ô hommes d'Irlande, dit Erc. Je vois arriver un char bien orné. Il est surmonté d'un grand tendelet vert. Et sur ce char, le champion fait d"héroïques tours de force.
- Comment combattons-nous ? Dirent les guerriers.
- Voici mon conseil, dit Erc. Ne faites qu'un corps de bataille et serrez écu contre écu, en guise d'une planche unique, au-dessus et autour de vous. A chaque coin, mettons deux hommes d'armes des plus braves, qui feignent de s'assaillir l'un l'autre et avec eux un poète sorcier qui le honnisse et le maudisse (...). Et les hommes d'Irlande jetèrent une grande huée, et Cuchulain se rua contre eux dans son char en faisant ses trois coups de foudre : la foudre qui tue cent, la foudre qui tue trois cents et la foudre qui tue trois neuvaines. Il balayait ses ennemis devant lui dans la plaine de Mouirhevné, et il travaillait de l’épée et de la pique, en telle sorte que leurs têtes fendues et leurs crânes, mains et pieds et leurs os sanglants gisaient épars au loin par toute la plaine de Mouirhevné.
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Message par PauL62 Dim 22 Avr - 14:25

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Message par Anaxagore Dim 22 Avr - 15:26

Merci.
Si vous avez des questions, des remarques ou que vous voulez obtenir des éclaircissements, n'hésitez pas.

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Message par le roi louis Lun 23 Avr - 1:23

Posidonios, Polybe et César, trois auteurs que j'ai lu à la fac mais cela fait bien dix ans. Diodore de Sicile par contre je le connais mais je ne l'ai jamais lu directement.
Je trouve que c'est bien que tu nous mettent les sources qui nous soit parvenu, cela permet de mieux se rendre compte des décalages et du biais des récits et des traductions qui les accompagnent.

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Message par Anaxagore Lun 23 Avr - 11:41

C'est en particulier pourquoi j'ai mis Florus pour qui César n'a pas perdu la bataille de Gergovie, qui est même selon lui la défaite finale de Vercingétorix. 
A l'exception de Polybe - qui est le seul historien- les autres sont des propagandistes (comme César) ou des auteurs moralistes. Le but en écrivant est de démontrer qu'ils sont civilisés et que les autres sont des barbares. De plus, ils parlent souvent par oui-dire... combien d'entre eux ont fait le voyage jusqu'à la Gaule pour voir avec leurs propres yeux ce qu'ils dépeignent avec aplomb ? 

Un exemple, Diodore explique que les épées des Celtes se tordent au moindre choc... or tout à l'inverse, les armes celtes sont bien meilleures. D'où vient cette erreur ? Probablement du fait que l'une des rares choses que l'auteur ait vu de ses yeux est un enterrement... où le guerrier était enterré avec des armes tordues. On s'interroge encore pourquoi les Celtes tordaient les armes des morts. Certains y voient une raison métaphysique... pour moi c'était certainement pour éviter que des voleurs ouvrent la tombe pour dérober les épées du défunt.

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Message par Anaxagore Mer 25 Avr - 11:57

La stratégie de Jules César en Gaule

Attention: génie au travail


Uchronies romaines - Page 5 91271136
Lorsque que l'on demande " Vous savez qui est Jules César ?" On réponds la plupart du temps: " oui, le général romain qui a conquis la Gaule". Et c'est vrai ! César est l'auteur de la Guerre des Gaules mais... la Guerre des Gaules a créé César. 
Parce que, aussi surprenant que cela paraisse, en fait... César n'est pas un militaire. Je l'ai déjà raconté mais son seul passage à l'armée a été euh... "agent de liaison très particulier de la légion romaine auprès du roi de Bithynie"... jusque dans la chambre à coucher du dis roi  Rolling Eyes... ah le dévouement pour Rome de ce cher Jules  ( Oui, César était bisexuel). 
César a fait une carrière politique puis après son premier consulat, fut nommé en Espagne où pour la première fois il dirigea une armée. C'est ses troupes qui l'on acclamé Imperator (général en chef).

Tactiquement, César n'a rien de particulièrement imaginatif ou génial.
Par contre, il démontre une incroyable maîtrise de l'espace stratégique. César a fait de la Guerre des Gaules un chef d'oeuvre stratégique.

La tactique du salami


"Tranche par tranche jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien" Mátyás Rákosi https://fr.wikipedia.org/wiki/Tactique_du_salami

La stratégie de César n'est pas d'attaquer la Gaule dans son ensemble, mais de la diviser. Il commence par s'introduire en Gaule sous le couvert d'un protecteur, combattant les Helvète et les Germains à la demande des Eduéens. Ensuite, il s'attaquera aux tribus hostiles, aux rebelles puis aux neutre pour finir par écraser les alliés rétifs.
De plus, sa stratégie est de faire appel aux Gaulois pour combattre les Gaulois. Pas seulement en s'associant aux ennemis jurés d'une tribu, mais aussi à l'intérieur de celle-ci. Il trouvera partout des factions pro-romaines, qu'il soutiendra, et utilisera tous les moyens à sa portée pour réduire l'influence des anti-romains. Si les premiers bénéficieront de ses largesses (financières) et seront reconnus comme "amis du peuple romain", les seconds seront marginalisés, voire criminalisés. L'exemple le plus frappant est Vercingétorix lui-même qualifié de rebelle... envers qui ou quoi ? Il n'est pas Romain.  

Premier mouvement : Être au courant de tout


Lorsque l'on lit la Guerre des Gaules, on est frappé par la narration des discours de ses ennemis. Preuve s'il en est qu'il a trouvé des gens pour les lui raconter, ou tout au moins pour l'informer de leurs intentions. Sa connaissance de ses adversaires doit en grande partie venir d'une reconstitution après coup par l'interrogatoire des prisonniers. Toutefois, l'existence d'un vaste réseau d'espionnages est chose certaine.
En -54, Vercingétorix attends que César soit revenu en Italie pour lancer son insurrection. Cependant, César est si rapidement mis au courant qu'il arrive en Gaule plus vite qu'un messager faisant l'aller-retour ! Il prend Vercingétorix complètement à contre-temps alors qu'il n'est pas encore prêt au combat. Pour avoir réussit un tel tour de force, il a fallu que César traverse les Alpes encore prises par les neiges (rééditant l'exploit d’Hannibal) mais surtout qu'il parte avant le début de l’insurrection, ce qui implique qu'il avait des agents bien introduits chez l'ennemi.
Qui étaient ces agents ?
Au début, César a compté essentiellement sur des marchands grecs, romains et celtes qui faisaient l'aller-retour entre les régions. Par la suite il est intervenu constamment dans les querelles internes des Gaulois selon le principe du bourricot ( tu me grattes le dos, je te grattes le dos). De nombreux Gaulois ambitieux, témoin des largesses de César devaient se rallier secrètement à lui pour être récompensés.
Dès lors, que César soit au courant de l'insurrection de Vercingétorix avant même qu'elle commence, cela n'a plus rien de surprenant. Dans une société comme celle des Gaulois, avec ses "républiques" aristocratiques et ses "sénats" formés de chef de clans, il faut réunir des assemblées pour entrer en guerre, débattre. Si césar a intégré les discours de ses ennemis dans la Guerre des Gaules c'est tout simplement que dans ces assemblées se trouvaient ses agents.    

Deuxième mouvement : mettre un pied dans l’entrebâillement de la porte


Lorsque César entre en Gaule, il le fait à l'appel des Eduens, peuple ami de Rome. Ces derniers sont menacés par la migration des Helvètes (  368 000 Helvètes dont 92 000 combattants ont quitté leurs montagnes pour envahir le Saintonge). Ayant remporté la victoire, César se tourne contre Arioviste un chef Germain qui intervenait en Gaule à la demande des Gaulois eux-mêmes.

Troisième mouvement : s'en prendre aux ennemis de Rome


L'occupation de vaste zone de la Gaule par les légions romaines - prétendument pour les protéger - est nécessaire à César pour contrôler la Gaule. Toutefois, le but était aussi probablement de créer une réaction qui lui désignerait sa prochaine cible... Si c'est le cas, alors cela a superbement marché puisque les peuples belges nouent une vaste alliance contre César. Celle-ci offre au général romain un motif d'intervention en Belgique parfaitement légitime... une attaque préventive contre des ennemis déclarés de Rome.

Quatrième mouvement  : soumettre la Gaule


Après un mouvement par l'est de la Gaule qui l'a mené jusqu'à l'océan, César soumet ce qui reste de la Gaule en revenant par l'ouest. Il s'attaque au passage à tous les peuples qu'il rencontre, les soumettant par la force ou l'intimidation.Ceux qui refusent cette main-mise sont considérés comme "rebelles". Se présentant d'abord comme l’arbitre (extérieur) des querelles entre Gaulois, César change progressivement de ton jusqu'à faire comprendre qu'il est naturel pour les Romains civilisés d'imposer la pax romana aux turbulents barbares ... dans leur propre intérêt naturellement, il s'agit bien sûr de les protéger d'eux-mêmes. Cependant, si on lit la Guerre des Gaules, pour soumettre les "rebelles" César n'y va pas par quatre chemins. Il rase des villes, massacre des populations, ou les vend comme esclave, brûle les récoltes pour répandre la famine, brûle des forêts où les Gaulois se sont réfugiés... ce qui n'empêche pas César quelques pages plus loin de vanter sa propre mansuétude.

Cinquième mouvement : en finir avec les révoltes


Les derniers mouvements de révolte, la plus importante étant celle de Vercingétorix, conduisent aux actes les plus cruels de César comme à ses plus grands actes de mansuétudes. A Alésia, tous les assiégés peuvent repartir avec leurs armes... certes il l'a promis à Vercingétorix mais César n'aurait pas hésité à se dédire... euh... expliquer qu'en fait les Gaulois se montrèrent fourbes et non reconnaissant et que César fut obligé - à son infinie consternation - de revenir sur sa parole. L’important, c'est que faire étalage de sa mansuétude donne une porte de sortie aux Gaulois. Il leur montre qu'il ne veut pas les exterminer mais travailler avec eux. Il s'agit d'une continuation de la politique généreuse envers les Gaulois qui se rallient à lui.
Inversement, lors du siège d'Uxellodunum, César fit preuve d'une grande dureté.


César a écrit:1) César savait sa réputation de clémence trop bien établie, pour craindre qu'un acte de rigueur fût imputé à la cruauté de son caractère ; et comme il sentait que ses efforts n'auraient point de terme si des révoltes de ce genre venaient ainsi à éclater sur plusieurs points, il résolut d'effrayer les autres peuples par un exemple terrible. Il fit donc couper les mains à tous ceux qui avaient porté les armes, et leur laissa la vie, pour mieux témoigner du châtiment réservé aux pervers. (2) Drappès, qui, ainsi que je l'ai dit, avait été fait prisonnier par Caninius, soit honte et douleur de sa captivité, soit crainte d'un supplice plus grand, s'abstint de nourriture pendant plusieurs jours, et mourut de faim. (3) Vers le même temps, Luctérios, qui, comme on l'a vu, s'était échappé du combat, était tombé au pouvoir de l'Arverne Epasnactos ; obligé de changer fréquemment de retraite, et sentant qu'il ne pouvait longtemps demeurer dans le même lieu sans danger, il avait dû se confier à beaucoup de gens ; sa conscience lui disait combien il avait mérité l'inimitié de César. L'Arverne Epasnactos, fidèle au peuple Romain, n'hésita pas à le livrer enchaîné à César.

Guerre des Gaules VIII XLIV

 La suite du passage montre le résultat. Certains Gaulois se laissent mourir de faim, d'autres sont livrés par les amis qui les cachaient (qui par un retournement littéraire - pas vraiment subtil - deviennent de gentils amis du peuple romain qui seront récompensés de leurs loyautés naturelle envers la lointaine Rome). Plus personnes n'ose résister. Les gaulois n'ont pas peur de la mort... mais les supplices des Romains les horrifient. 

Conclusion


César est un chef de guerre redoutable, courageux, opiniâtre et le premier véritable propagandiste de l'histoire. Sa capacité en amont à cerner les motivations de ses ennemis, à s'attaquer à leurs plans, puis à leur moral, à leurs armées, puis à leurs cités en prenant en compte la dimension militaire (bien sûr) mais aussi politique, diplomatique et économique présage de la guerre totale. La première raison de la défaite des Gaulois est qu'il n'ont jamais été capables de présenter un front unis face à un adversaire dont la stratégie était toujours d'utiliser contre eux leurs désunions. Les Gaulois débattaient longuement. César prenait les décisions seul, dans l'instant.  Les Gaulois avaient la supéririté numérique mais se réunissaient lentement. César déplaçait si vite ses légions qu'elles semblent être innombrables et partout à la fois. Les Gaulois comptaient sur la camaraderie et entretenaient de longues rancœurs. Par de riches cadeaux et par la terreur, César divisaient les amis et réunissaient les ennemis. 
La force de César est d'avoir imposé aux Gaulois, dans leur propre pays,  à lutter littéralement en terre étrangère, sans jamais leur laisser l'initiative ou le choix de manière de combattre. Par ses tactiques de ravage, il a surtout empêché les Gaulois de l'attirer sur le seul terrain où ils auraient pu le battre... la guérilla.


Dernière édition par Anaxagore le Jeu 26 Avr - 9:20, édité 1 fois

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Message par Anaxagore Mer 25 Avr - 12:25

La Guerre des Gaules est un livre de propagande subtil... beaucoup plus que l'on pourrait le croire. Je le relis depuis l'enfance et je n'ai compris que récemment que César opère incroyable tour de passe-passe dans ces pages. Il réussit à masquer les transitions entre la situation de départ (César protège les Eduéens attaqués par des envahisseurs) et la situation finale où la Gaule appartient "naturellement" à Rome et les Gaulois qui défendent la Gaule sont donc des rebelles... C'est gros, c'est énooooorme ! J'ai lu ce livre des dizaines de fois et je ne remarque toujours pas les différentes transitions. On ne s'aperçois même pas que César "brode" sur la situation de départ pour distordre complètement les ordres que le sénat lui a donné.

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Message par Anaxagore Jeu 26 Avr - 13:05

Magetobriga 

La première bataille de la Guerre des Gaules

La bataille de Magetobriga (ou Admagetobriga ?) se serait déroulée vers -62 ou - 60, elle oppose en pays séquane les Germains (une alliance de tribus menées par les Suèves mais comprenant aussi la tribu gauloise des Séquanes) à une coalition gauloise menée par les Eduens. Je laisse de côté les débats sur la localisation de la bataille ou sa date exacte.

Le déroulement de la bataille est inconnu, seul le résultat  nous est parvenu. La Guerre des Gaules de Jules César, mais aussi une lettre de Cicéron à Attius mentionnent l'affrontement. Les Eduéns (peuple ami des Romains) essayent d'Empêcher Arioviste de venir en Gaule. Ils livrent bataille et sont  lourdement défaits, perdant une grande partie des 20 000 hommes qu'il auraient déployé contre un effectif germain comparable.

Les conséquences de cette bataille vont littéralement changer le cours de l'histoire.
D'abord, les Germains vont menacer les Helvètes. Ces derniers vont brûler leurs foyers et partir vers l'ouest... menacés alors qu'il se remettent juste de leur défaite face à Arioviste, les Eduéns ne peuvent qu'en appeler à leurs alliés romains. César est plus qu'heureux qu'on lui fournisse un prétexte d'entre en Gaule. Vous connaissez tous la suite...

Arioviste vaincu à Magetobriga ! 


Voilà un POD simple. Les Gaulois repoussent les Germains. Qu'est-ce que cela aurait changé ? Et bien César a besoin d'une guerre pour lui servir de marche-pied. Sans Arioviste en train de ravager la Gaule, il n'y a pas de raison que Rome nomme César en Narbonaise. Et si César n'était pas envoyé sur place, pas de Guerre des Gaules.

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Message par le roi louis Jeu 26 Avr - 19:22

A propos de ton POD, au vu de la complexité de la diplomatie gauloise de l'époque n'y a t il pas le risque que si les Eduens n'appellent pas Rome pour faire face aux Suèves ce soit d'autres à une autre occasion? Même cause pour même effet mais légèrement décalé dans le temps et/ou l'espace.

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Message par Anaxagore Ven 27 Avr - 0:25

Tu as mal compris.
Les Eduens n'ont pas besoin de demander l'aide des Romains, parce qu'ils ont gagné la bataille contre les Germains. cela ne veut pas dire que ces derniers ne reviennent pas ultérieurement et que les Eduens ne soient pas obligé d'appeler Rome à leur aide... mais il est probable que ce ne soit pas César qui soit envoyé. Ce qui pourrait être un bien ou un mal...

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Message par Anaxagore Ven 27 Avr - 14:36

Comment vivaient les Gaulois :


Pour info, j'ai visité le village reconstitué.
Et j'ai aussi la BD...

Si vous voulez en apprendre plus.

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Message par Anaxagore Sam 28 Avr - 16:03

-58 La campagne de César contre les Helvètes


Disons-le tout de suite, la campagne de César contre les Helvètes est une imposture historique. Il n'y a pas invasion, mais migration.Les helvètes envoient des ambassadeurs à Jules César pour demander l'autorisation de passer pacifiquement par la province romaine de Narbonaise. César temporise (il n'a qu’une légion avec lui, la X) trois autres sont prêtes à le rejoindre ( les VII, VIII et IX) et il en a encore deux en cours de constitution (XI et XII).
Le "temps de réflexion" de César est mis à profit pour permettre au général de constituer une armée capable d'affronter les 400 000 ennemis ( probablement moins de la moitié selon les historiens modernes) et surtout fortifier le point de passage. 
dans la Guerre des Gaules, César prétends que les Helvètes tentent d'attaquer, les historiens modernes n'y croient guère.
Toujours est-il que les Helvètes décident de changer de route, mais non d'objectifs. Ils demandent et obtiennent la permission des Séquanes - qui sont des ennemis des Eduens, alliés de Rome- pour traverser les territoires.

L'histoire pourrait se terminer là, après tout les Helvètes ne vont pas traverser le territoire romain. Cependant, César veut sa guerre et il l'aura. Peut importe les justifications données par le général. La première est de venger une défaite vieille de 50 ans... En quoi les Helvètes actuelles en sont responsables ? Ensuite, vient le "grand danger qu'ils représenteraient s'ils s'installaient sur le territoire des Santons... Ridicule, en Helvétie, les Helvètes occupaient une position plus dangereuse et le simple fait qu'ils aient reculé devant Rome indique dans quel sens s’opérait le rapport de force. Seul le dernier argument de César est valable. Le général est venu à la demande des Eduens et pour les protéger.

Bien entendu on pourrait rajouter une quatrième justification... mais César ne l'admettrait pas. Une victoire militaire, c'est un gain politique à Rome. Il suffit de se rappeler que la victoire de Marius sur les Germains lui avait ouvert la magistrature suprême. Or Jules César a déjà obtenu un poste de proconsul dans la province de Narbonaise pour 5 ans (et non une année, comme normalement) juste sur la menace des Germains. Il a, à présent, tout intérêt à transformer la menace en invasion, à la gonfler, jusqu'à ce qu'elle prenne des proportions mythologiques puis, à en triompher.
La Guerre des Gaules n'est rien de plus qu'une opération de com'... mais la plus réussie de l'histoire. La preuve, elle fonctionne depuis 2000 ans. 

Donc, César va affronter les Helvètes. 

Une première escarmouche, à lieu au moment du passage de Saône où César attaque et massacre une colonne de non-combattant... brillant fait d'armes.
Cela conduit à de nouvelles négociations où César s'attribue le beau rôle, en feignant de chercher la paix et où il demande.. réparation pour les dégâts causés par les dommages occasionnés par les Helvètes. La somme devait probablement être top élevée et les helvètes refusent, ce qui rompt les négociations... Sans doute le but recherché, c'est une astuce bien connu pour faire échouer des négociations que de faire des demandes exagérées et ensuite de proclamer que l'on a essayé de faire la paix et que tous les morts sont la faute du camp d'en face qui a rompu les discussions. La première bataille de la Guerre des Gaules commence.

Bataille de Bibactre


Pour résumer simplement la bataille, César adopte une position défensive en L sur les hauteurs ( probablement le Montmort, en Saône-et-Loire) et repousse plusieurs assauts Helvètes avant de passer à la contre-attaque et massacrer les ennemis épuisés. 

César a écrit:[1,23]
(1) Le lendemain, comme il ne restait plus que deux jours jusqu'à la distribution du blé à l'armée, et que Bibracte, la plus grande sans contredit et la plus riche des villes des Héduens, n'était plus qu'à dix-huit mille pas, César crut devoir s'occuper des vivres, s'éloigna des Helvètes et se dirigea vers Bibracte. (2) Quelques transfuges de L. Émilius, décurion de la cavalerie gauloise, en donnèrent avis aux ennemis. (3) Les Helvètes, ou attribuant à la peur la retraite des Romains, d'autant plus que la veille, quoique maîtres des hauteurs, ils n'avaient pas engagé le combat ; ou bien se flattant de pouvoir leur couper les vivres, changèrent de projets, rebroussèrent chemin, et se mirent à suivre et à harceler notre arrière-garde.






[1,24]
(1) Voyant ce mouvement, César conduit ses troupes sur une hauteur voisine, et détache sa cavalerie pour soutenir l'attaque de l'ennemi. (2) En même temps il range en bataille sur trois lignes, au milieu de la colline, quatre légions de vieilles troupes, et place au sommet les deux légions qu'il avait nouvellement levées dans la Gaule citérieure, ainsi que tous les auxiliaires ; il fait aussi garnir de soldats toute la montagne, (3) rassembler les bagages en un seul endroit, que fortifient les troupes qui ont pris position sur la hauteur. (4) Les Helvètes, qui suivaient avec tous leurs chariots, réunirent leur bagage dans un même lieu ; leur front serré repousse notre cavalerie ; ils se forment en phalange, et attaquent notre première ligne.






[1,25]
(1) César renvoie tous les chevaux, à commencer par le sien, afin de rendre le péril égal pour tous et la fuite impossible, exhorte ses troupes et marche au combat. (2) Nos soldats, lançant leurs traits d'en haut, rompent aisément la phalange des ennemis. L'ayant mise en désordre, ils fondent sur elle, le glaive à la main. (3) Les Gaulois éprouvaient une grande gêne pour combattre, en ce que plusieurs de leurs boucliers se trouvaient, du même coup des javelots, percés et comme cloués ensemble, et que le fer s'étant recourbé, ils ne pouvaient ni l'arracher, ni se servir dans la mêlée de leur bras gauche ainsi embarrassé. Un grand nombre d'entre eux, après de longs efforts de bras, préfèrent jeter leurs boucliers et combattre découverts. (5) Enfin, accablés de blessures, ils commencent à lâcher pied et à faire leur retraite vers une montagne, à mille pas à peu près. (6) Ils l'occupent bientôt, et les nôtres les suivent, lorsque les Boïens et les Tulinges qui, au nombre de quinze mille environ, fermaient la marche de l'ennemi, et en soutenaient l'arrière-garde, nous attaquent sur notre flanc, que la marche avait laissé à découvert, et nous enveloppent. À la vue de cette manoeuvre, les Helvètes, qui s'étaient retirés sur la montagne, se hâtent de revenir et de recommencer le combat. (7) Les Romains tournent leurs enseignes et s'avancent des deux côtés ; ils opposent leur première et leur seconde ligne à ceux qu'ils ont déjà vaincus et repoussés, et leur troisième aux nouveaux assaillants.






[1,26]
(1) Aussi ce double combat fut-il long et opiniâtre. Les ennemis, ne pouvant soutenir plus longtemps l'effort de nos armes, se retirèrent, comme ils avaient fait d'abord, les uns sur la montagne, les autres vers leurs bagages et leurs chariots. (2) Durant tout ce combat, qui se prolongea depuis la septième heure jusqu'au soir, personne ne put voir un ennemi tourner le dos. (3) Près des bagages on combattit encore bien avant dans la nuit ; car ils s'étaient fait un rempart de leurs chariots, et lançaient d'en haut une grêle de traits sur les assaillants, tandis que d'autres, entre ces chariots et les roues, nous blessaient de leurs javelots et de leurs flèches. (4) Ce ne fut qu'après de longs efforts que nous nous rendîmes maîtres des bagages et du camp. La fille d'Orgétorix et un de ses fils y tombèrent en notre pouvoir. (5) Après cette bataille, il leur restait environ cent trente mille hommes ; ils marchèrent toute la nuit sans s'arrêter. Continuant leur route sans faire halte nulle part, même pendant les nuits, ils arrivèrent le quatrième jour sur les terres des Lingons. Les blessures des soldats et la sépulture des morts nous ayant retenus trois jours, nous n'avions pu les poursuivre. (6) César envoya aux Lingons des lettres et des courriers pour leur défendre d'accorder aux ennemis ni vivres ni autres secours, sous peine, s'ils le faisaient, d'être traités comme les Helvètes. Lui-même, après ces trois jours, se mit avec toutes ses troupes à leur poursuite.

Quelle est la difficulté réelle de la bataille ?
César occupe des positions préparées, il a fait creuser un fossé (attesté archéologiquement) et occupe des positions élevées. On estime les troupes romaines à 50 000 hommes ( 6 légions, donc 36 000 hommes, + les Eduéens). Les Helvètes auraient été 92 000 combattants au départ... la moitié selon les historiens modernes (il y aurait eu - d'après César- trois engagements entre Romains et Helvètes avant la bataille de Bibactre... seulement deux selon les historiens modernes... qui auraient déjà coûté du monde aux Helvètes).

Autant le dire tout de suite, propagande mise à part, la bataille n'avait rien de très disputé. D'ailleurs, le fait que le chef helvète Diviciacos veuille traiter montre bien que les "envahisseurs" ne se sentent pas avantagé. Si on s'en tiens à Appiens, la migration Helvète serait forte de 200 000 individus (hommes, femmes, vieillards et enfants) Ce chiffre est la moitié de celui revendiqué par César pour le peuple complet. Si la proportion de combattants est conservée alors... ils devraient avoir autour de 40 à 50 000 combattants (moins bien armés et entraînés que les Romains) 

Uchronie ?


Non, je passe... 
Vous voyez, le problème avec l'invasion des Helvètes, c'est que c'est déjà une uchronie; César a largement réécris le déroulement des événements pour se donner le beau rôle. De plus, une uchronie crédible demanderait un véritable changement de l'histoire en amont. La seule uchronie possible serait que les Helvètes renoncent à leur migration... certes c'est "possible" mais ce n'est pas plausible. Les Helvètes avaient brûlé leurs villages et leurs champs, ils n'avaient nulle part où revenir. Et s'ils avaient pris des mesures aussi extrêmes c'est qu'ils craignaient Arioviste, le chef Suève. Dans tous les autres cas de figure, César veut sa guerre. Peut importe les changements de situation que l'on imagine, cela ne doit pas changer la mentalité et les objectifs de César. Donc cela doit nous conduire à une confrontation avec les Helvètes. Première marche d'un escalier qui devrait conduire le général romain en triomphateur à Rome.

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Message par Anaxagore Lun 30 Avr - 15:25

Les reconstitutions historiques

Un outil de l'archéologie

Uchronies romaines - Page 5 Groupepax
La France a plusieurs troupes de reconstitutions qui, au-delà du "folklore", s'attachent à reconstituer des armements et des équipements aussi exactes que possible. Ils ont la chance d'avoir trouvé des archéologues et des historiens ouverts qui ont accepté de les conseiller, voyant dans ses amateurs enthousiastes l'occasion de tester leurs théories à "grande échelle"... bon d'accord les troupes n'excédant pas la cinquantaine de membres, cela reste tout relatif.

Des associations comme Pax Augusta (des "Romains") et Leuki (des "Gaulois") se sont par exemple affrontés pour valider les théories élaborées à partir des textes historiques et les trouvailles archéologiques.

Uchronies romaines - Page 5 118c094b5ae8ffba0828012c53b0525d

Par exemple, la photo au-dessus est une tentative pour reconstituer l'attaque d'un char de guerre contre une tortue romaine. 

Uchronies romaines - Page 5 R3

Au-delà de l'aspect spectaculaire, ces reconstitutions sont menées de manière aussi sérieuse que possible  Il faut savoir que Pax Augusta a "affronté" à plusieurs dizaine de reprise des troupes "barbares" simplement pour réussir à reconstituer la formation exacte d'une centurie en particulier la distance entre deux légionnaires. Grâce aux reconstitutions des équipements (taille des scutum et longueur des pilae) on avait déjà des théories, les troupes de reconstitution ont permis de les tester.

Bien sûr, il y a des limites au réalisme de ces associations :
-  Les armes sont factices. En l'absence de véritable risque, les comportements des acteurs sont exagérés, voire irréaliste. On sait, par exemple,  d'après les textes de César (G des G I, 25), qu'une volée de pilae infligeaient des dégâts terribles à une vague d'assaut gauloise, et multipliaient les obstacles (corps, traits fichés en terre) qui gênaient les charges, ou la capacité à se protéger (bouclier "cloué par un pilum) Evidemment, rien de tout ça ne peut être reconstitué.
- Le nombre limité des participants réduit considérablement la résistance des formations romaines qui comptaient beaucoup sur leur profondeur pour encaisser les charges gauloises. La faible longueur des lignes favorise les actions de débordement.

Uchronies romaines - Page 5 Ga13

- Pas de cavalerie, de frondeurs, d'archers 

Végèce a écrit:14. Quel doit être l'ordre de bataille le plus propre à rendre une armée invincible

Trois choses méritent principalement votre attention dans une bataille : la poussière, le soleil, le vent. Si vous avez la poussière dans les yeux, elle vous oblige de les fermer ; si vous y avez le soleil, il vous éblouit ; si vous y avez le vent, il détourne et affaiblit vos traits, tandis qu'il aide ceux des ennemis, et en augmente la force. Quelque médiocre que soit un général, il sait éviter ces inconvénients dans son ordonnance pour les premiers instants du combat ; mais le propre du grand général est d'étendre ses précautions à tous les temps de l'action, et de prendre garde que, dans le cours de la journée, le soleil, en changeant de place, ne lui nuise, ou qu'un vent contraire ne vienne à se lever à une certaine heure, pendant l'action. Il faut donc ranger l'armée de sorte qu'elle ait derrière elle les trois choses dont nous venons de parler, et que l'ennemi les ait, s'il se peut, en face.

Nous appelons acies une armée en bataille, et frons la partie de cette armée qui fait face à l'ennemi. Un bon ordre de bataille donne de grands avantages dans une affaire ; s'il est mauvais, toute la valeur des meilleurs soldats n'en répare pas le vice. Notre usage est de composer notre premier rang de soldats anciens et exercés, qu'on appelait autrefois principes : nous mettons au second rang nos archers cuirassés, et des soldats choisis, armés de javelots ou de lances, nommés autrefois hastati. L'espace qu'occupe chaque soldat dans le rang, à droite ou à gauche de son camarade, est de trois pieds : par conséquent il faut une longueur de mille pas, ou quatre mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit pieds, pour un rang de mille six cent soixante-dix soldats, si on veut que chacun ait un libre usage de ses armes, sans qu'il y ait cependant trop de vide entre eux. L'intervalle d'un rang à un autre est de six pieds, afin que le soldat puisse, en avançant ou en reculant, donner aux traits une impulsion plus forte par la liberté des mouvements. Ces deux premiers rangs sont donc composés de soldats pesamment armés, auxquels l'âge et l'expérience inspirent de la confiance : ils ne doivent ni fuir devant l'ennemi, ni le poursuivre, de crainte de troubler les rangs, mais, comme un mur inébranlable, soutenir son choc, le repousser ou le mettre en fuite, et tout cela de pied ferme. Vient ensuite un troisième rang, formé des soldats les plus légèrement armés, de jeunes archers, de bons frondeurs, qu'on appelait anciennement férentaires. Suit un quatrième corps, composé des gens de bouclier les plus lestes, des plus jeunes archers, d'autres soldats dressés à se servir de l'épieu, ou de martiobarbules dites plombées. On les nommait autrefois les légèrement armés. Tandis que les deux premières lignes demeurent à leur poste, le troisième et le quatrième corps se portent au-delà du front de l'armée, et provoquent l'ennemi avec leurs flèches et leurs armes de jet. S'ils le mettent en fuite, ils le poursuivent, soutenus par la cavalerie ; s'ils sont repoussés, ils se replient sur la première et la seconde ligne, et regagnent leur poste par les intervalles de ces deux lignes, lesquelles soutiennent tout le choc, dès qu'on en est venu à l'épée et aux javelots. On a formé quelquefois un cinquième rang de machines propres à lancer des pierres ou des javelots , et de soldats destinés à servir ces machines, ou à lancer eux-mêmes différentes armes de trait. Ceux qu'on appelle fustibulatores se servaient d'un bâton (fustibalus) de quatre pieds de long, au milieu duquel on attachait une fronde de cuir, qui, recevant des deux mains une impulsion violente, lançait des pierres presque aussi loin que la catapulte. Les frondeurs proprement dits sont ceux qui portent des frondes de lin ou de crin, matières très propres à cet usage : en faisant un certain tour de bras autour de la tête, ils lancent les pierres fort loin. Les jeunes soldats, qui, n'étant pas encore incorporés à la légion, ne portent pas autrefois de boucliers, combattaient ce cinquième rang, soit en jetant des pierres avec la main, soit en lançant le javelot : on les appela d'abord accensi, et dans la suite additi. Enfin, le sixième rang était composé de soldats bien éprouvés, couverts de boucliers, et pourvus toutes sortes d'armes, tant offensives que défensives ; on les appelait triarii : ils avaient coutume de se tenir sur les derrières de l'armée, afin de tomber sur l'ennemi avec des forces fraîches entières ; car s'il arrivait quelque échec aux premières lignes, c'est sur les triaires que reposait tout l'espoir de les réparer.

Livre III

On a longtemps pensés que les Romains combattaient sur trois lignes, ce qui aurait exagérément étendu le front des soldats tout en constituant un front très mince et facile à percer. Dans la Guerre des Gaules, César parle à un moment de prélever une cohorte à la troisième ligne. Il s'agit donc pas de lignes de soldats, mais de lignes de formations, elles mêmes constituées d'unités sur plusieurs rangs. Il faut bien comprendre que ces lignes de batailles sont plus des formations théoriques que réelles. Végèce encourage à réduire ou augmenter le nombre de ligne (de 2 à flanc de montagne, jusqu'à 9 dans un défilé).

Les armées romaines doivent une grande partie de leur succès à leur capacité à manœuvrer. Il existe un grand nombre de formations différentes - au niveau de chaque type d'unités - et les légionnaires romains sont habitués au cours de leur formation à opérer en groupes pour passer rapidement de l'une  à l'autre.
Pour donner des ordres, les généraux ont des courriers à cheval qui permettent de communiquer aux tribuns de chaque cohorte. Ceux-ci recourent plutôt aux signaux visuels, dans la Guerre des Gaules on lit souvent "césar fit tourner ses enseignes" lorsqu'il ordonne à un mouvement spécifique. Il existe aussi des signaux sonores (Buccins, trompette et tambours).

Dans une centurie, il y a deux personnages primordiaux pour faire respecter la formation. Le premier est le centurion. Il s'agit de l'officier coiffant la centurie. 
Uchronies romaines - Page 5 1_79rR6
(bon, l'illustration  montre des légionnaires portant la lorica segmantata de l'époque de Trajan, mais le centurion reconnaissable à sa cuirasse ornées de phalères pourrait avoir accompagné César)

Le centurion se tient au premier rang des légionnaires (ce qui explique la perte d'une soixantaine d'entre eux à la bataille de Gergovie), à l’extrême droite. 

Le second est l'optio qui se tient en dernière ligne, à l'extrême gauche. 

La formation de la centurie


Contrairement à l'idée reçue, diffusée dans les films ou les BD, les soldats romains ne combattent pas épaule contre épaule.
Végèce a écrit:26. Comment on habitue les soldats à observer l'ordre et les intervalles dans les armées

Rien n'est de si grande conséquence pour le succès d'une bataille, que d'avoir des soldats qui sachent garder exactement leurs rangs, sans se serrer ni s'ouvrir plus qu'il ne faut. Des gens trop pressés n'ont pas l'espace nécessaire pour combattre, et ne font que s'embarrasser les uns les autres ; mais s'ils sont trop ouverts, ils donnent à l'ennemi la facilité de les pénétrer ; et dès qu'une armée est une fois rompue et prise en queue, la peur achève bientôt de mettre la confusion partout. C'est pourquoi il faut mener très souvent les nouveaux soldats au champ de Mars, les faire défiler l'un après l'autre suivant l'ordre du rôle, et ne les mettre d'abord que sur un rang, observant qu'ils soient parfaitement alignés, et qu'il y ait entre chaque homme une distance égale et raisonnable. Ensuite on leur commandera de doubler le rang promptement, et de façon que dans le même instant le second rang qu'ils forment réponde juste au premier ; par un autre commandement, ils doubleront encore, et se mettront brusquement sur quatre de hauteur. De ce carré long, ils formeront ensuite le triangle, qu'on appelle coin ; disposition dont on se sert très utilement dans les batailles. On leur commandera aussi de former des pelotons ronds ; autre évolution, par le moyen de laquelle les soldats bien exercés peuvent se défendre, et empêcher la déroute totale d'une armée. Ces évolutions, bien répétées dans les camps, s'exécutent aisément sur le champ de bataille.

Livre I




Les expérimentations des troupes de reconstitution démontrent d'ailleurs que des troupes trop serrées sont vulnérables. En cas de chute d'un légionnaire blessé, celui-ci peut entraîner son ou ses camarades les plus proches

César a écrit:(3) Mais les ennemis, dans leur dernier espoir de salut, déployèrent un tel courage, que, dès qu'il tombait des soldats aux premiers rangs, les plus proches prenaient leur place et combattaient de dessus leurs corps ; (4) que, de ces cadavres amoncelés, ceux qui survivaient lançaient, comme d'une éminence, leurs traits sur les nôtres, et nous renvoyaient nos propres javelots.

Guerre des Gaules II, 27

N'oubliez jamais que les batailles de l'époque sont un chaos de corps emmêles, les morts empilés au sol, au milieu des blessés et des agonisants. La formation en "intervalle" (intervalum) permet de remplacer plus facilement un légionnaire tombé par un camarade. Il faut savoir que cette formation "aérée" permet cependant à chaque Romain de couvrir ses voisins les plus proches, tout en lui laissant assez d'espace pour manier son glaive. L’intervalle est aussi un piège qui permet des mouvements semblables au jeu de go. Chaque ennemi s’infiltrant dans les lignes romaines devant faire face à cinq Romains qui se tournent vers lui. 

Au fait, lorsque que vous voyez un schéma d'une légion au combat et que vous lac comparez à ses effectifs, vous ne vous êtes jamais posé la question " Où se trouvent les archers ?" ... La réponse est que les archers sont mélangés au centuries des lignes arrières. Ils se glissent dans les intervalles pour bénéficier de la protection des boucliers des légionnaires.


Uchronies romaines - Page 5 Grand-37

Les frondeurs et les vélites (escarmoucheurs déployés en première ligne au début de la bataille) se réfugiaient aussi dans les intervalles des centuries lorsque l'ennemi se ruaient vers leurs lignes.

Les reconstitutions ont démontré deux choses. Les combats sont extrêmement éprouvant. Un combattant ne peut rester en première ligne plus de quelques minutes sans se retrouver à bout de souffle. Deuxièmement, au sein d'une centurie, on peut permuter les soldats des premières lignes et des dernières en quelques secondes. Ce qui est confirmé par un texte d'Appien qui indique clairement que les Légionnaires apprenaient au cours des entraînements à se retirer du combat pour reprendre leur souffle. 

S'il existait un espacement latéral, de même il existait un espace entre deux lignes. Un passage de Dion Cassius où des légionnaires repoussés par une charge " se heurtaient contre les épées de leur camarades, et plusieurs se tuaient les uns les autres, tellement l'espace était réduit" démontre bien l'absurdité de combattre en bloc, comme dans une mêlée de rugby. 
La forme même du casque romain (avec un couvre nuque volumineux) empêche d'ailleurs que l'on se tienne directement derrière un légionnaire.

Encore une fois, tout figurait déjà dans les textes de Végèce: L'intervalle d'un rang à un autre est de six pieds (1,80m) afin que le soldat puisse, en avançant ou en reculant, donner aux traits une impulsion plus forte par la liberté des mouvements. 


D'ailleurs, essayez de lancer des javelots  dans une formation en bloc compact ! Vous n'arriverez même pas à lever le bras. 
Détail amusant savez-vous que les Légionnaires des premiers rangs n'ont que deux pilae contrairement à ceux des derniers qui ont ont plus. Cela est expliqué par Plutarque qui raconte qu'une fois son pilum jeté (le second n'est qu'un exemplaire de rechange) le soldat de la première ligne n'a que le temps de dégainer son gladius avant que l'ennemi ne soit sur lui. Alors que les légionnaires des derniers rangs continuent à tirer pour affaiblir l'ennemi. 

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Message par Anaxagore Mar 1 Mai - 11:46

Uchronies romaines - Page 5 28121810
Uchronies romaines - Page 5 28435810

Voilà deux photos sorties de mon album photo personnel, l'entrée d'un village gaulois, et une hutte gauloise. Pour la petite info, l'homme aux cheveux longs (chemise blanche et sacoche noire) c'est moi, et l'homme à côté c'est mon père. Les clichés sont pris par ma sœur.

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Message par Anaxagore Jeu 3 Mai - 14:46

La guerre contre les Germains


Après la victoire de César contre les Helvètes, les Eduens réunirent une assemblée des peuples de Gaule et reviennent à César pour lui demander ( c'est césar qui l'affirme) de chasser les Germains de Gaule. Dans cette partie de la Guerre des Gaules ( Livre I, 30 à 32) nous donne une description des alliances qui divisent la gaule en deux grande faction dominée l'une par les Arvernes (alliés aux Germains) et l'autre par les Eduéens ( qui sont des Clients de Rome). 

César parle ensuite d'Arioviste.

César a écrit:[1,33]
(1) Instruit de tous ces faits, César relève par quelques mots le courage des Gaulois et leur promet de veiller sur eux dans ces conjonctures. Il a tout lieu d'espérer que, par reconnaissance et par respect pour lui, Arioviste mettra un terme à ses violences. (2) Après ces paroles, il congédia l'assemblée. Ces plaintes et beaucoup d'autres motifs l'engageaient à s'occuper sérieusement de cette affaire. D'abord il voyait les Héduens, que le sénat avait souvent appelés du titre de frères et d'alliés, asservis comme des esclaves à la domination des Germains ; il les voyait livrant des otages entre les mains d'Arioviste et des Séquanes, ce qui était honteux pour lui-même et pour la toute-puissance du peuple romain ; (3) il voyait en outre le péril qu'il y avait pour la république à laisser les Germains s'habituer à passer le Rhin et à venir en grand nombre dans la Gaule. (4) Ces peuples grossiers et barbares, une fois en possession de la Gaule entière, ne manqueraient pas sans doute, à l'exemple des Cimbres et des Teutons, de se jeter sur la province romaine et de là sur l'Italie, d'autant plus que la Séquanie n'était séparée de notre province que par le Rhône. César pensa donc qu'il fallait se hâter de prévenir ces dangers. (5) Arioviste, d'ailleurs, en était venu à un degré d'orgueil et d'arrogance qu'il n'était plus possible de souffrir.






[1,34]
(1) Il résolut donc d'envoyer à Arioviste des députés chargés de l'inviter à désigner, pour un entretien, quelque lieu intermédiaire. Il voulait conférer avec lui des intérêts de la république et d'affaires importantes pour tous deux. (2) Arioviste répondit à cette députation que s'il avait besoin de César, il irait vers lui ; que si César voulait de lui quelque chose, il eût à venir le trouver ; (3) que, d'ailleurs, il n'osait se rendre sans armée dans la partie de la Gaule que possédait César, et qu'une armée ne pouvait être rassemblée sans beaucoup de frais et de peine ; (4) enfin, qu'il lui semblait étonnant que, dans la Gaule, sa propriété par le droit de la guerre et de la victoire, il eût quelque chose à démêler avec César ou avec le peuple romain.

Je vous fais remarquer l'habileté de ce passage. N'oubliez pas qu'il est destiné aux Romains de son époque. Et le principal reproche que le sénat peut faire à César est bien de dépasser le cadre de son intervention ( protéger la Narbonnaise et les Eduens d'une nouvelle invasion, et non conquérir la Gaule). César commence d'abord par présenter son intervention comme une demande de tous les Gaulois. De manière intéressante, César parle d'une réunion secrète (!). Vous n'en avez jamais entendu parler ? On viens de vous dire qu'elle était secrète... allez donc prouver qu’elle a eu lieu ! Sincèrement, je n'y crois pas, s'il y a bien une chose remarquable dans la suite de la Guerre des Gaules, c'est bien l'incapacité des Gaulois à se mettre d'accord et à se ranger sous une seule bannière. Puis César négocie (ou le prétend) et là - suprême astuce - il met dans la bouche d'Arioviste les propres reproche que le sénat pourrait lui adressait mais les élargit au peuple romain tout entier. Le but est évident... César se met dans la position de l'offensé pour éviter la posture de l’agresseur. 

Remarquons d'ailleurs le hiatus avec la suite  :
César a écrit:[1,44]
(1) Arioviste répondit peu de choses aux demandes de César, et parla beaucoup de son mérite personnel. (2) "Il n'avait point passé le Rhin de son propre mouvement, mais à la prière et à la sollicitation des Gaulois ; il n'aurait pas quitté son pays et ses proches sans la certitude d'une riche récompense. Les établissements qu'il possédait dans la Gaule lui avaient été concédés par les Gaulois eux-mêmes ; ils avaient donné volontairement des otages ; il levait par le droit de la guerre les contributions que les vainqueurs ont coutume d'imposer aux vaincus ; (3) les Gaulois avaient commencé les hostilités bien loin que ce fût lui ; les peuples de la Gaule étaient venus l'attaquer en masse et poser leur camp en face du sien ; il avait, dans un seul combat, vaincu et dispersé toutes ces forces ; s'ils veulent de nouveau tenter le sort des armes, il est de nouveau prêt à combattre ; s'ils préfèrent la paix, il est injuste de lui refuser le tribut qu'ils avaient jusque-là payé de leur plein gré ; (5) l'amitié du peuple romain devait lui apporter honneur et profit et non pas tourner à son détriment ; il l'avait recherchée dans cet espoir. Si Rome intervient pour lui enlever ses subsides et ses tributaires, il renoncera à son amitié avec autant d'empressement qu'il l'avait désirée. (6) S'il faisait passer dans la Gaule un grand nombre de Germains, c'était pour sa propre sûreté et non pour attaquer les Gaulois ; la preuve c'est qu'il n'était venu que parce qu'on l'avait appelé ; que loin d'être l'agresseur, il n'avait fait que se défendre. (7) Il était entré en Gaule avant les Romains ; jamais, avant ce temps, une armée romaine n'avait dépassé les limites de la province. (Cool Que lui voulait-on ? Pourquoi venait-on sur ses terres ? Cette partie de la Gaule était sa province, comme celle-là était la nôtre. De même qu'on ne lui permettait pas d'envahir nos frontières, de même aussi c'était de notre part une iniquité que de l'interpeller dans l'exercice de son droit. Quant au titre de frères que le sénat avait donné aux Héduens, il n'était pas assez barbare, ni assez mal informé de ce qui s'était passé, pour ignorer que dans la dernière guerre des Allobroges, les Héduens n'avaient pas envoyé de secours aux Romains, et qu'ils n'en avaient pas reçu d'eux dans leurs démêlés avec lui et les Séquanes. (10) Il avait lieu de soupçonner que, sous des semblants d'amitié, César destinait à sa ruine l'armée qu'il avait dans la Gaule. (11) S'il ne s'éloignait pas et ne faisait pas retirer ses troupes, il le tiendrait non pour ami mais pour ennemi. (12) En le faisant périr, il remplirait les vœux de beaucoup de nobles et des principaux de Rome ; il le savait par leurs propres messagers ; et sa mort lui vaudrait leur reconnaissance et leur amitié. (13) S'il se retirait et lui laissait la libre possession de la Gaule, il l'en récompenserait amplement, et ferait toutes les guerres que César voudrait entreprendre, sans fatigue ni danger de sa part."

Si on se souviens que les "Germains" et les "Gaulois" naissent sous la plume de César et qu'il s'agit de tribus celtes, le discours d'Arioviste se tient parfaitement. 

Les négociations échouent et la bataille est inévitable. l'affrontement aura lieu en Alsace, dans la plaine de l'Ochsenfeld (c'est en tout cas là qu'on la situe généralement). Au cours de fouille, en 1970, l'un des camps de César a été retrouvé. On sait que les Romains se déployèrent parallèlement à la ligne formés par leur camp, entre ceux-ci et les positions d'Arioviste. 

Bataille de L'Ochsenfeld


César a écrit:

Défaite des Germains





[1,51]
(1) Le jour suivant, César laissa dans les deux camps une garde qui lui parut suffisante, et plaça en présence des ennemis toutes les troupes auxiliaires, en avant du petit. Comme le nombre des légionnaires était inférieur à celui des Germains, les alliés lui servirent à étendre son front. Il rangea l'armée sur trois lignes et s'avança contre le camp ennemi. (2) Alors, les Germains, forcés enfin de combattre, sortirent de leur camp et se placèrent, par ordre de nations à des intervalles égaux, Harudes, Marcomans, Triboques, Vangions, Némètes, Sédusiens, Suèves ; ils formèrent autour de leur armée une enceinte d'équipages et de chariots, afin de s'interdire tout espoir de fuite. (3) Placées sur ces bagages, les femmes tendaient les bras aux soldats qui marchaient au combat, et les conjuraient en pleurant de ne les point livrer en esclavage aux Romains.








[1,52]
(1) César mit à la tête de chaque légion un de ses lieutenants et un questeur, pour que chacun eût en eux des témoins de sa valeur. (2) Il engagea le combat par son aile droite, du côté où il avait remarqué que l'ennemi était le plus faible. (3) Au signal donné, les soldats se précipitèrent avec une telle impétuosité et l'ennemi accourut si vite qu'on n'eut pas le temps de lancer les javelots ; (4) on ne s'en servit point, et l'on combattit de près avec le glaive. Mais les Germains, ayant promptement formé leur phalange accoutumée, soutinrent le choc de nos armes. (5) On vit alors plusieurs de nos soldats s'élancer sur cette phalange, arracher avec la main les boucliers de l'ennemi, et le blesser en le frappant d'en haut. (6) Tandis que l'aile gauche des Germains était rompue et mise en déroute, à l'aile droite les masses ennemies nous pressaient vivement. (7) Le jeune P. Crassus, qui commandait la cavalerie, s'en aperçut, et plus libre que ceux qui étaient engagés dans la mêlée, il envoya la troisième ligne au secours de nos légions ébranlées.

Uchronies romaines - Page 5 1280px-Bataille_Ochsenfeld_-58

Selon Appien, la bataille fit 80 000 morts chez les Germains. Ce nombre est généralement considéré comme exagéré.

On remarquera l'absence de troupes gauloises dans les rangs de César. Cela rend encore plus difficile l'assertion qu'il ait agis à la demande des "peuples de Gaule" comme il l'affirme. Cela donne même l'impression que jusqu'aux alliés gaulois les plus proches (les Eduéens) n'ont pas voulut combattre à ses côtés. 


Uchronies romaines - Page 5 Ob_5667b8_germains

Une uchronie ?


Uchronies romaines - Page 5 Ob_48a951_varus
Le point clef de la bataille est le moment où Publius Crassus engage la troisième ligne romaine sur l'aile gauche qui perd pied contre les Germains. Imaginons que personne ne donne cet ordre. Il est probable que cette aile se serait effondrée... les légionnaires se seraient enfuit où seraient tombé sur place et le chaos se serait répandu sur le reste de l'armée romaine. Vu le déséquilibre des forces ( 2 à 3 Germains pour chaque Romains) cela aurait suffit à provoquer la défaite de César.

Conséquences


Tout comme la défaite OTL de Teutoburg contre les Germains a mis fin à la conquête de la Germanie, l'hypothétique défaite de César à Ochsenfeld  aurait mis fin à la conquête de la Gaule.

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Message par Thomas Jeu 3 Mai - 20:13

Tu devrais pondre un guide "Rome pour les nuls" Wink

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Message par Anaxagore Jeu 3 Mai - 21:35

Very Happy

"Comment devenir empereur de Rome quand on ne s'appelle pas Auguste"

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Message par PauL62 Ven 4 Mai - 21:04

Ces récits m'ont même incité à commencé à lire un vieux livre chez moi: Jules César: Vaincre à Gergovie !! Je m'y retrouve peu à peu !!
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Message par Anaxagore Sam 5 Mai - 0:30

Non seulement, j'ai la passion du détail, mais en plus je suis contagieux.

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Message par Anaxagore Mar 8 Mai - 10:46

De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves


Avec la campagne contre les Belges, nous commençons le Livre II de la Guerre des Gaules... il en reste donc 34 !  Twisted Evil

Bon, je résume les premiers chapitres. Les peuples gaulois sont inquiets par l'hivernage des troupes romaines sur leur terre, signe qu'ils sont décidés à s'établir. Ils recherchent l'alliance des Belges, notoirement les plus vaillants des gaulois, les seuls à avoir repoussé l'invasion des Cimbres et des Teutons qui fit même trembler Rome (A l'époque du consul Marius, vers - 100). Les Belges s'échangent des otages se choisissent un chef unique en la personne de Galba, roi des Suessions, qui fédère tous les peuples de Belgique à l’exception des Rêmes (1), des Germains rejoignent même son armée.
César qui se trouvait en Cisalpine, pour lever deux légions supplémentaires, fut averti par Labienus  et reviens à bride abattu avec des renforts. Comme toujours César prend l'initiative et fonce en territoire ennemi alors que les Belges ne sont pas encore prêts, en plus les Eduéens attaquent les Bellovaques ce qui contraint les Belges à combattre contre deux fronts. César bénéficie aussi de l'avantage d'avoir des éclaireurs et des espions rêmes pour lui rapporter les mouvements ennemis. Tant et si bien qu'il  réussit encore une fois à attirer l'ennemi sur un terrain qui lui est favorable :
César a écrit:Dès qu'il apprit par ses éclaireurs et par les Rèmes, que les Belges marchaient sur lui avec toutes leurs forces réunies et n'étaient déjà plus qu'à peu de distance, il se hâta de faire passer à son armée la rivière d'Aisne, qui est à l'extrême frontière des Rèmes, et assit son camp sur la rive. (5) De cette manière, la rivière défendait un des côtés du camp ; ce qui était à la suite de l'armée se trouvait à l'abri des atteintes de l'ennemi ; et le transport des vivres qu'envoyaient les Rèmes et les autres peuples pouvait s'effectuer sans péril. (6) Sur cette rivière était un pont. Il y plaça une garde, et laissa sur l'autre rive Q. Titurius Sabinus, son lieutenant, avec six cohortes : il fit fortifier le camp d'un retranchement de douze pieds de haut et d'un fossé de dix-huit pieds de profondeur. Guerre des Gaules II, V

La bataille de l'Aisne


Uchronies romaines - Page 5 800px-10

César a écrit:

Il fait lever le siège de Bibrax





[2,6]
(1) À huit mille pas de ce camp était une ville des Rèmes, appelée Bibrax. Les Belges dans leur marche l'attaquèrent vivement. Elle se défendit tout le jour avec peine. (2) Leur manière de faire les sièges est semblable à celle des Gaulois. Lorsqu'ils ont entièrement entouré la place avec leurs troupes, ils lancent de tous côtés des pierres sur le rempart ; quand ils en ont écarté ceux qui le défendent, ils forment la tortue, s'approchent des portes et sapent la muraille. (3) Cela était alors aisé ; car cette grêle de pierres et de traits rendait toute résistance impossible du haut des remparts. (4) Lorsque la nuit eut mis fin à l'attaque, le Rème Iccios, homme d'une haute naissance et d'un grand crédit, qui commandait alors dans la place, et un de ceux qui avaient été députés vers César pour traiter de la paix, lui dépêcha des courriers pour l'informer que s'il n'était promptement secouru, il ne pouvait tenir plus longtemps.








[2,7]
(1) Vers le milieu de la nuit, César fit partir, sous la conduite des mêmes hommes que lui avait envoyés Iccios, des Numides, des archers crétois et des frondeurs baléares. (2) Leur arrivée ranima l'espoir des assiégés, leur inspira l'ardeur de se défendre, et enleva en même temps aux ennemis l'espérance de prendre la place. (3) Ils restèrent quelque temps à l'entour, dévastèrent la campagne, brûlèrent les bourgs et les maisons qui se trouvaient sur leur route, se dirigèrent avec toutes leurs troupes vers le camp de César, et placèrent le leur à moins de deux mille pas. (4) On pouvait conjecturer, d'après les feux et la fumée, qu'il avait une étendue de plus de huit mille pas.





Bataille de l'Aisne




[2,8]
(1) César résolut d'abord, à cause du grand nombre des ennemis et de la haute idée qu'il avait de leur courage, de différer la bataille. (2) Chaque jour cependant, par des combats de cavalerie, il éprouvait la valeur de l'ennemi et l'audace des siens. (3) Quand il se fut assuré que les nôtres ne lui étaient point inférieurs, il marqua le champ de bataille, en avant du camp, dans une position naturellement avantageuse ; la colline sur laquelle était placé le camp s'élevait insensiblement au-dessus de la plaine, et offrait autant d'étendue qu'il en fallait pour y déployer les troupes ; elle s'abaissait à gauche et à droite, et se relevait vers le centre par une légère éminence qui redescendait en pente douce vers la plaine. À l'un et l'autre côté de cette colline, César fit creuser un fossé transversal d'environ quatre cents pas ; (4) aux deux extrémités, il éleva des forts et y plaça des machines de guerre, afin d'empêcher que des ennemis si supérieurs en nombre ne vinssent le prendre en flanc et l'envelopper pendant le combat. (5) Cela fait, il laissa dans le camp les deux légions qu'il avait levées récemment, pour servir au besoin de réserve, et rangea les six autres en bataille devant le camp. L'ennemi avait aussi fait sortir ses troupes et formé ses lignes.





[2,9]
(1) Il y avait un marais peu étendu entre notre armée et celle des ennemis. Ils attendaient que les nôtres le traversassent ; nos troupes de leur côté, sous les armes, se tenaient prêtes à attaquer les Belges, s'ils s'engageaient les premiers dans le passage. (2) Cependant la cavalerie engageait le combat de part et d'autre. Aucun des deux partis ne voulant passer le premier, César, après le succès d'une charge de cavalerie, fit rentrer ses légions dans le camp. (3) Aussitôt les ennemis se dirigèrent vers la rivière d'Aisne, qui était, comme nous l'avons dit, derrière nous. (4) Ayant trouvé des endroits guéables ils essayèrent d'y faire passer une partie de leurs troupes, dans le dessein, soit de prendre, s'ils le pouvaient, le fort commandé par le lieutenant Q. Titurius et de rompre le pont, (5) soit, s'ils n'y réussissaient pas, de ravager le territoire des Rèmes, qui nous étaient d'une grande ressource dans cette guerre, et d'intercepter nos convois.




[2,10]
(1) César, averti par Titurius, passa le pont avec toute sa cavalerie, ses Numides armés à la légère, ses frondeurs, ses archers, et marcha à l'ennemi. (2) Alors s'engagea un combat opiniâtre. Les nôtres ayant attaqué les Belges dans les embarras du passage, en tuèrent un grand nombre. (3) Les autres, pleins d'audace, s'efforçaient de passer sur le corps de leurs compagnons ; une grêle de traits les repoussa. Ceux qui avaient les premiers traversé l'Aisne furent enveloppés et taillés en pièces par la cavalerie. (4) Les ennemis, se voyant déchus de l'espoir d'emporter le fort et de traverser la rivière, ne pouvant nous attirer pour combattre sur un terrain désavantageux, et les vivres commençant à leur manquer, tinrent conseil et arrêtèrent que ce qu'il y avait de mieux était de retourner chacun dans son pays, et de se tenir prêts à marcher tous à la défense du premier que l'armée romaine envahirait, ils combattraient avec plus d'avantage sur leur propre territoire que sur des terres étrangères, et les vivres chez eux leur seraient assurés. (5) Celui de leurs motifs qui eut le plus de poids pour cette détermination, ce fut la nouvelle que Diviciacos et les Héduens approchaient des frontières des Bellovaques. On ne put persuader à ces derniers de rester plus longtemps, ni les empêcher d'aller défendre leurs biens.




[2,11]
(1) Le départ étant résolu, dès la seconde veille, ils sortirent de leur camp à grand bruit, en tumulte, sans ordre fixe, sans être commandés par personne, prenant chacun le premier chemin qui s'offrait, et se hâtant de gagner leur pays, ce qui faisait ressembler ce départ à une fuite. (2) César aussitôt averti par ses vedettes, mais craignant une embuscade, dans l'ignorance où il était encore de la cause de cette retraite, retint son armée dans le camp même de sa cavalerie. (3) Au point du jour, ce départ lui ayant été confirmé par ses éclaireurs, il détacha toute sa cavalerie, pour arrêter l'arrière-garde. Il en confia le commandement à Q. Pédius et à Aurunculéius Cotta, ses lieutenants. T. Labiénus, un autre de ses lieutenants, eut ordre de les suivre avec trois légions. (4) Ils atteignirent l'arrière-garde ennemie, la poursuivirent pendant plusieurs milles, et on avait tué un grand nombre de ces fuyards, lorsque les derniers rangs, auxquels nous étions arrivés, firent halte et soutinrent notre choc avec beaucoup de vigueur ; (5) mais ceux qui étaient en avant, se voyant éloignés du péril, et n'étant retenus ni par la nécessité de se défendre, ni par les ordres d'aucun chef, eurent à peine entendu les cris des combattants, qu'ils rompirent leurs rangs, et cherchèrent tous leur salut dans la fuite. (6) Ainsi, sans courir aucun danger, les nôtres tuèrent à l'ennemi autant d'hommes que le permit la durée du jour : au coucher du soleil, ils cessèrent la poursuite et rentrèrent au camp, comme il leur avait été ordonné.

Uchronie ?


En fait, l'avantage des Romains dans cette bataille est écrasant (position, tactique, formation, entraînement individuel des soldats etc...) Le rapport de force seul est favorable aux Germains... si on s'en tient à César les forces cumulées des différents peuples belges s'élèvent à 306 000 hommes. certains donnent dont un rapport de force pour cette bataille de 306 000 Belges contre 40 000 Romains. Sauf que... César grossissait toujours les troupes de ses ennemis. De plus, immédiatement après la bataille, César attaque l'oppidum de Noviodunum, la capitale des Suessions, alors que les Belges n'ont pas encore regagné cette ville. Et César mentionne bien une garnison. Si chaque ville conserve quelques troupes pour sa défense et qu'en plus une partie des Belges combat les Eduéens, on peut très largement diviser par deux leurs effectifs à la bataille de l'Aisne ( moins de 140 00 hommes). De plus, comme César à - une fois encore - obligé l'ennemi à précipiter l'affrontement en faisant ravager son territoire, toutes les troupes ne peuvent pas avoir été rassemblé pour le combat. 

Le siège de Noviodunum


César a écrit:(1) Le lendemain, César, avant que l'ennemi se fût rallié et remis de sa terreur, dirigea son armée vers le pays des Suessions, contigu à celui des Rèmes, et, après une longue marche, arriva devant la ville de Noviodunum. (2) Il essaya de l'emporter d'assaut, sur ce qu'il avait appris qu'elle manquait de garnison ; mais la largeur des fossés, la hauteur de ses murs défendus par un petit nombre d'hommes, l'empêchèrent de s'en rendre maître. (3) Il retrancha son camp, et se mit à faire des mantelets et à disposer tout ce qui était nécessaire pour le siège. (4) Pendant ces préparatifs, tous ceux des Suessions qui avaient échappé à la défaite entrèrent la nuit suivante dans la place. (5) On pousse aussitôt les mantelets contre les murs, on élève la terrasse, on établit les tours. Les Gaulois, effrayés de la grandeur de ces travaux qu'ils n'avaient jamais vus, dont ils n'avaient jamais entendu parler, et de la promptitude des Romains à les exécuter, envoient des députés à César pour traiter de leur reddition ; et, sur la prière des Rèmes, ils obtiennent la vie sauve. Guerre des Gaules II,12

Uchronie ?


A part une prise plus rapide de la ville, lors de l'assaut initial, il n'y a pas d'uchronie possible. La supériorité de César est totale. 

La bataille du Sabis (2)



[2,16]
(1) Après trois jours de marche sur leur territoire, César apprit de ses prisonniers que le sabis n'était pas à plus de dix milles de son camp, (2) que les Nerviens étaient postés de l'autre côté de cette rivière, et y attendaient l'arrivée des Romains ; ils étaient réunis aux Atrébates et aux Viromandues, leurs voisins, (3) auxquels ils avaient persuadé de partager les chances de cette guerre ; (4) ils attendaient encore des Atuatuques, déjà en route, un renfort de troupes ; (5) les femmes et tous ceux que leur âge rendait inutiles pour le combat avaient été rassemblés dans un lieu dont les marais défendaient l'accès à une armée.




[2,17]
(1) Sur cet avis, César envoya des éclaireurs et des centurions pour choisir un emplacement propre à un camp. (2) Un certain nombre de Belges et d'autres Gaulois récemment soumis le suivaient et faisaient route avec lui : quelques-uns d'entre eux, comme on le sut depuis par les prisonniers, ayant observé attentivement, dans ces derniers jours, la marche habituelle de notre armée, se rendirent de nuit auprès des Nerviens, et les informèrent qu'entre chacune des légions il y avait une grande quantité de bagages, qu'il serait aisé d'attaquer la première, au moment où elle entrerait dans le camp, séparée des autres par un grand espace et embarrassée dans ses équipages ; (3) que cette légion une fois repoussée et ses bagages pillés, les autres n'oseraient faire résistance. (4) Un tel avis donné aux Nerviens pouvait leur servir beaucoup, en ce que de tout temps, très faibles en cavalerie (car aujourd'hui même, ils négligent cette partie, et toute leur force ne consiste que dans l'infanterie), ils ont eu l'habitude, pour arrêter plus facilement la cavalerie des peuples voisins, dans le cas où le désir du pillage l'attirerait sur leur territoire, de tailler et de courber de jeunes arbres, dont les branches, horizontalement dirigées et entrelacées de ronces et d'épines, forment des haies semblables à un mur, et qui leur servent de retranchement, à travers lesquels on ne peut ni pénétrer ni même voir. (5) Comme ces dispositions entravaient la marche de notre armée, les Nerviens crurent devoir profiter de l'avis qu'on leur donnait.




[2,18]
(1) Voici la nature de l'emplacement que les nôtres avait choisi pour le camp : c'était une colline qui depuis son sommet s'abaissait insensiblement vers le Sabis, rivière que nous avons nommée plus haut ; (2) il s'en élevait une autre d'une pente également douce, vis-à-vis de celle-là et sur le bord opposé, à deux cents pas environ. La partie inférieure en était découverte et la cime assez boisée pour que la vue ne pût y pénétrer. (3) L'ennemi se tenait caché dans ce bois : dans la partie découverte, le long de la rivière, se voyaient quelques postes de cavalerie. Cette rivière avait une profondeur d'à peu près trois pieds.




[2,19]
(1) César avait envoyé sa cavalerie en avant et suivait avec toutes ses troupes ; mais l'ordre de marche différait de ce que les Belges avaient rapporté aux Nerviens ; (2) car, en approchant de l'ennemi, César, selon son usage, s'avançait avec six légions sans équipages ; (3) venaient ensuite les bagages de toute l'armée, sous la garde de deux légions nouvellement levées, qui fermaient la marche. (4) Nos cavaliers passèrent le sabis avec les frondeurs et les archers, et engagèrent le combat avec la cavalerie des ennemis. (5) Ceux-ci tour à tour se repliaient dans le bois vers les leurs et en sortaient de nouveau pour fondre sur nous ; mais les nôtres n'osaient les poursuivre au-delà de l'espace découvert. Cependant les six légions qui étaient arrivées les premières, s'étant partagé le travail, se mirent à fortifier le camp. (6) Dès que les ennemis cachés sur la hauteur aperçurent la tête de nos équipages (c'était le moment qu'ils avaient fixé pour l'attaque), ils sortirent dans le même ordre de bataille qu'ils avaient formé dans le bois, s'élancèrent tout à coup avec toutes leurs forces et tombèrent sur notre cavalerie. (7) Ils la culbutèrent sans peine, la mirent en désordre, et coururent vers la rivière avec une si incroyable vitesse qu'ils semblaient être presque au même instant dans le bois, et au milieu de la rivière, et sur nos bras. (Cool Ce fut avec la même promptitude qu'ils attaquèrent notre colline, notre camp et les travailleurs occupés à le retrancher.




[2,20]
(1) César avait tout à faire à la fois : il fallait planter l'étendard qui donnait le signal de courir aux armes, faire sonner les trompettes, rappeler les travailleurs, rassembler ceux qui s'étaient écartés pour chercher les matériaux des retranchements, ranger l'armée en bataille, haranguer les soldats et donner le mot d'ordre. (2) De tant de choses à faire, la brièveté du temps et le choc victorieux de l'ennemi en rendaient une grande partie impossible. (3) À côté de ces difficultés, s'offraient pourtant deux ressources, l'expérience et l'habileté des soldats qui, instruits par les combats antérieurs, pouvaient se tracer à eux-mêmes leur conduite aussi bien que l'eussent fait des chefs, et ensuite, près de chaque légion, la présence des lieutenants à qui César avait défendu de s'éloigner avant que le camp fût fortifié. (4) Ces lieutenants, pressés par de si agiles assaillants, n'attendaient plus les ordres de César, et faisaient de leur propre autorité ce qu'ils jugeaient le plus convenable.




[2,21]
(1) César, après avoir pourvu au plus nécessaire, courut exhorter les soldats, selon que le hasard les lui offrait, et arriva à la dixième légion. (2) Pour toute harangue, il lui dit de se souvenir de son ancienne valeur, de ne point se troubler, et de soutenir vigoureusement le choc des ennemis ; (3) et, comme ceux-ci n'étaient plus qu'à la portée du trait, il donna le signal du combat. (4) Il partit pour faire ailleurs la même exhortation ; on était déjà aux prises. (5) L'engagement avait été si rapide, et l'ennemi si impatient de combattre, que l'on n'avait eu le temps ni de revêtir les insignes du commandement, ni même de mettre les casques et d'ôter l'enveloppe des boucliers. (6) Chaque soldat en revenant des travaux se plaça au hasard près du premier drapeau qu'il aperçut, afin de ne pas perdre, à chercher le sien, le temps de la bataille.




[2,22]
(1) L'armée s'était rangée plutôt comme l'avaient permis la nature du terrain, la pente de la colline et le peu de temps, que comme le demandaient les règles de l'art militaire. Comme les légions soutenaient l'attaque de l'ennemi, chacune de son côté, séparées les unes des autres par ces haies épaisses qui, comme nous l'avons dit précédemment, interceptaient la vue, on ne pouvait ni placer des réserves où il en fallait, ni pourvoir à ce qui était nécessaire sur chaque point, ni faire émaner tous les ordres d'un centre unique. (2) De cette confusion générale, s'ensuivaient des accidents et des fortunes diverses.




[2,23]
(1) Les soldats de la neuvième et de la dixième légion, placés à l'aile gauche de l'armée, après avoir lancé leurs traits, tombèrent sur les Atrébates, fatigués de leur course, hors d'haleine, percés de coups, et qui leur faisaient face. Ils les repoussèrent promptement de la hauteur jusqu'à la rivière, qu'ils essayèrent de passer ; mais on les poursuivit l'épée à la main, et on en tua un grand nombre au milieu des difficultés de ce passage. (2) Les nôtres n'hésitèrent pas de leur côté à traverser la rivière ; mais, s'étant engagés dans une position désavantageuse, l'ennemi revint sur ses pas, se défendit, et recommença le combat ; il fut mis en fuite. (3) Sur un autre point, deux de nos légions, la onzième et la huitième, avaient battu les Viromandues, avec lesquels elles en étaient venues aux mains, et les menaient battant depuis la hauteur jusque sur les rives mêmes de la Sambre. (4) Mais ces mouvements du centre et de l'aile gauche avaient laissé le camp presque entièrement à découvert ; l'aile droite se composait de la douzième légion et de la septième, placées à peu de distance l'une de l'autre : ce fut sur ce point que se portèrent, en masses très serrées, tous les Nerviens conduits par Boduognatos, leur général en chef. (5) Les uns enveloppèrent nos légions par le flanc découvert, les autres gagnèrent le haut du camp.




[2,24]
(1) En ce moment, nos cavaliers et nos fantassins armés à la légère, qui avaient été, comme je l'ai dit, repoussés ensemble par le premier choc des ennemis, et qui revenaient au camp, les rencontrèrent de front et s'enfuirent de nouveau dans une autre direction. (2) Les valets de l'armée qui, de la porte décumane et du sommet de la colline, avaient vu les nôtres traverser la rivière en vainqueurs, et étaient sortis pour piller, s'étant aperçus, en se retournant, que l'ennemi occupait notre camp, prirent précipitamment la fuite. (3) On entendait en même temps les cris d'épouvante des conducteurs de bagages, que la frayeur entraînait de côté et d'autre. (4) À l'aspect d'un tel désordre, les cavaliers trévires, très estimés chez les Gaulois pour leur valeur, et que leur cité avait envoyés à César comme auxiliaires, voyant notre camp rempli d'une multitude d'ennemis, les légions pressées et presque enveloppées, les valets, les cavaliers, les frondeurs, les Numides, dispersés et fuyant sur tous les points, désespérèrent de nos affaires, et, prenant la route de leur pays, (5) allèrent annoncer chez eux que les Romains avaient été repoussés et vaincus, et que leur camp, ainsi que leurs bagages, étaient au pouvoir des Nerviens.




[2,25)
(1) César, après avoir exhorté la dixième légion, s'était porté à l'aile droite, et y avait trouvé les troupes vivement pressées, les enseignes réunies en une seule place, les soldats de la douzième légion entassés et s'embarrassant l'un l'autre pour combattre, tous les centurions de la quatrième cohorte tués, le porte-enseigne mort, le drapeau perdu, presque tous les centurions des autres cohortes blessés ou tués, et, de ce nombre, le primipile P. Sextius Baculus, d'un courage remarquable, couvert de si nombreuses et si profondes blessures, qu'il ne pouvait plus se soutenir. Le reste était découragé ; des soldats des derniers rangs, se voyant sans chefs, quittaient le champ de bataille et se mettaient à l'abri des traits ; l'ennemi ne cessait d'arriver du bas de la colline, de presser le centre et de tourner les deux flancs ; nos affaires enfin étaient dans le plus mauvais état, et tout secours manquait pour les rétablir. (2) César arrache alors à un soldat de l'arrière-garde son bouclier (car il n'avait pas le sien), et s'avance à la première ligne ; il appelle les centurions par leurs noms, exhorte les autres soldats, fait porter en avant les enseignes et desserrer les rangs, pour qu'on puisse plus facilement se servir de l'épée. (3) Son arrivée rend l'espoir aux soldats et relève leur courage. Chacun veut, sous les yeux du général, faire preuve de zèle dans cette extrémité, et l'on parvient à ralentir un peu l'impétuosité de l'ennemi.




[2,26]
(1) César, remarquant que la septième légion placée près de là était aussi vivement pressée par l'ennemi, avertit les tribuns militaires de rapprocher peu à peu les deux légions, afin que, réunies, elles pussent marcher contre lui. (2) Comme par cette manoeuvre on se prêtait un mutuel secours, et qu'on ne craignait plus d'être pris à dos et enveloppé, on commença à résister avec plus d'audace et à combattre avec plus de courage. (3) Pendant ce temps, les deux légions qui, comme arrière-garde, portaient les bagages, arrivent au pas de course à la nouvelle du combat, et se montrent aux ennemis sur le haut de la colline. (4) De son côté, T. Labiénus, qui avait forcé leur camp, et qui, de cette position élevée, découvrait ce qui se passait dans le nôtre, envoie la dixième légion à notre secours. (5) Celle-ci, comprenant, par la fuite des cavaliers et des valets, dans quel état se trouvaient nos affaires, et de quel danger étaient menacés à la fois le camp, les légions et le général, fit la plus grande diligence.




[2,27]
(1) Leur arrivée changea tellement la face des choses, que ceux même des nôtres dont les blessures avaient épuisé les forces, s'appuyant sur leurs boucliers, recommençaient le combat ; que les valets, voyant l'ennemi frappé de terreur, se jetaient sans armes sur des hommes armés, (2) et que les cavaliers, pour effacer la honte de leur fuite par des actes de courage, devançaient partout les légionnaires dans la mêlée. (3) Mais les ennemis, dans leur dernier espoir de salut, déployèrent un tel courage, que, dès qu'il tombait des soldats aux premiers rangs, les plus proches prenaient leur place et combattaient de dessus leurs corps ; (4) que, de ces cadavres amoncelés, ceux qui survivaient lançaient, comme d'une éminence, leurs traits sur les nôtres, et nous renvoyaient nos propres javelots. (5) II n'y avait plus à s'étonner que des hommes si intrépides eussent osé traverser une large rivière, gravir des bords escarpés et combattre dans une position désavantageuse, difficultés qu'avait aplanies la grandeur de leur courage.

Uchronie


César se dépeint comme un grand tacticien et la bataille du Sabis manque de peu de lui être fatale. Et je voudrais en premier lieu signaler une faute tactique de César. Il a remporté toutes les batailles précédentes en appliquant la même méthode : se retrancher sur une colline, derrière des positions préparées et en maintenant (si possible) un cours d'eau entre lui et son adversaire, puis le laisser venir à lui... Sauf qu'à répéter systématiquement ce schéma, il a laissé à ses ennemis l’opportunité d'en comprendre les faiblesses. Plutôt que d'attendre leurs alliés atuatuques encore en route, les forces présentes (60 000 combattants, guère plus que les 40 000 dont dispose César) lancent un assaut qui manque d'être fatal à l'armée romaine.
Relisez le texte, vous verrez qu'à de nombreuses occasions, la bataille aurait pu tourner au désastre complet. P. Sextius Bacculus aurait pu mourir et comme ses exploits au cours de la guerre des Gaules furent importants, cela aurait été une grosse perte. Il aurait suffit que Labienus soit retardé et que sa contre-attaque soit différée pour que l'armée de César s'effondre. J'ai calculé que deux légions auraient complètement été détruites, trois autres auraient subis de larges pertes. ne laissant à César que trois légions capables de combattre, un pays hostile, en plein soulèvement, ses auxiliaires Gaulois et Belges qui désertent, la perte du ravitaillement, de deux aigles de légion, de nombreux vétérans et officiers. 
Il n'est même pas sûr qu'après un désastre pareil, César aurais réussis à regagner la Narbonaise (sans vivres dans un pays hostiles, ralentis par de nombreux blessés).
En mettant les choses au mieux pour lui, César aurait tout de même eu une lourde défaite à rapporter au sénat et la perte de toutes ses conquêtes. Sa carrière politique n' y aurait pas survécu. Et là, on a une déviation complète de l'histoire qui a partir de ce moment là devient impossible à imaginer. 

Le siège de l'oppidum du Bois du Grand Bon Dieu


Le nom antique du lieu n'étant pas mentionné par César et vu qu'il l'a rasé, il restera donc toujours ignoré. Le site est près de Thuin en Belgique.
Après la difficile victoire du Sabis, César poursuit le dernier peuple belge encore non soumis, les Atuatuques. 
Bon, je ne vais pas vous raconter le siège ou vous donner le texte de césar. Voyant les machines de guerre fabriqués par les romains, les Atuatuques font leur soumission. Toutefois, dans la Guerre des Gaules, César raconte qu'au cours de la nuit, des irréductibles ayant caché des armes attaquent le camp roumain. Ils sont massacrés et César décide de faire un exemple en rasant l'oppidum et en vendant la population comme esclave.

Cependant, je ne crois pas à cette histoire d'irréductibles. Je pense qu'elle fut forgée de toute pièce, après coup pour justifier que César prenne et détruise l'oppidum pour faire un exemple. Il vient de passer à un cheveu de la défaite et il a tout intérêt à faire peur ! 

Uchronie ?


Euh... les Martiens viennent en aide aux Atuatuques ? 

Conclusion


La guerre des Gaules commencé un peu plus d'un an plus tôt semble déjà terminé. Les peuples ont fait leur soumission et César a placé Labienus à la tête des légions qui hiverneront chez les Carnutes et les Turones.
César rentre à Rome pour présenter les deux premiers tomes de sa Guerre des Gaules au Sénat. 

(1) 
César a écrit:César encouragea les Rèmes par des paroles bienveillantes, et exigea que leur sénat se rendît auprès de lui, et que les enfants des familles les plus distinguées lui fussent amenés en otages ; ce qui fut ponctuellement fait au jour indiqué.  Guerre des Gaules II,5


(2) On a longtemps pensé que le Sabis dont parle César était la Sambre, de nos jours on s'oriente plutôt pour la Selle, les arguments en faveur de cette localisation sont d'ordre étymologique et géographiques.

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Message par Anaxagore Mer 9 Mai - 11:17

César était-il cruel ou faisait-il preuve de mansuétude ?


Le rédacteur de la Guerre des gaules disait que César était reconnu pour sa bonté... on peut le croire, vu que c'est César lui-même  Suspect....

Les otages


Vous avez déjà rencontré à plusieurs reprises la mention d'otages. Le monde n'a pas fondamentalement changé et le sens de ce mot est le même à l'époque de Rome qu'à celle du terrorisme. Le but d'une prise d'otage est de mette un couteau sous la gorge d'une personne désarmée et de s'adresser à ceux que son sort inquiète en disant : " Vous faites ce que je vous dis où je vous la rend morceau par morceau".
Pas très élégant, mais efficace. 

La seule différence entre l'antiquité et maintenant, c'est que le christianisme est passé par là. S'en prendre aux innocents est à présent assez mal vu. 
Il faut bien comprendre que prendre des otages est dans la coutume. Vous vous alliez avec un autre peuple ? Vous échangez des otages ! Vous battez une cité ennemie et vous ne voulez pas qu'elle se révolte ? Vous prenez des otages. C'est normal. Ce n'est sans doute pas "bien", mais c'est normal. Cela s'est toujours fait.

Comment étaient traités les otages ?
Généralement on prend en otage des enfants. Ils ont moins de chance de s'enfuir ou de se révolter, et puis ils ont des parents qui s'inquiètent pour eux. Mais surtout ils sont plus faciles à "modeler" (on y reviendra). Généralement, les otages sont envoyés à Rome où ils sont hébergés comme des hôtes voire des membres de la famille. Si une menace de mort ne pesait pas sur eux, ils ne seraient pas à plaindre. Cela dit, on n'exécutait pas systématiquement les otages lorsque l'autre partie ne respectait pas sa promesse. L'historien Polybe qui était le chef de la cavalerie d'une des ligues de cités grecques avait été livré comme otage comme des centaines d'autres citoyens importants, juste pour priver les Grecs de leur talents. Un bon calcul puisque Polybe, gardé par la gens Scipii (famille du célèbre Scipion l'Africain) eut pour élève Scipion Emillien qui prit Carthage et Numance. 
Lorsque les otages étaient des enfants, ils étaient élevés par leur famille d'accueil en "bons Romains" et c'était très important. Arrivé à l'âge adulte, ils étaient renvoyés dans leur peuple d'origine pour servir de "collabo". Les Romains prenaient souvent les fils aînés des rois en otage, comme Démétrios dont le père Philippe V était monarque de Macédoine. Le but étant de former un souverain pro-romain. 
J'ai lu quelques part - mais je ne sais plus où et je ne garantis pas l'exactitude - que les enfants gaulois pris en otage par César furent confiés à la charge des centurions de ses légions. Ils furent utilisés comme "valet". Certains s'enfuirent, d'autres furent plus tard adoptés par des familles romaines. Les Gaulois adultes pris en otage - comme Vercingétorix lui-même- furent utilisés comme auxiliaires militaires. Ils formeront plus tard l'ossature de la légion "Alouette" ( legio v Alaudae), formée de Gaulois.     

Massacres et actes de clémence


César souligne que lorsque les Eduéns lui demandèrent de faire preuve de clémence envers les Bellovaques, il accéda à leur requête. de même, il accorda aux Rêmes de traiter un autre peuple sans violence parce qu'ils le demandaient. Inversement, les Nerviens sont massacrés ( au cours d'une bataille, ce n'est pas un acte de cruauté) durant l’engagement du Sabis. Et tous les Atuatuques qui ne sont pas tués lors de la prise de leur oppidum sont vendus comme esclave.

Ce qu'il ressort du comportement de César, c'est son caractère conséquent. Il n'est ni "bon", ni "cruel", il est prévisible.... volontairement prévisible. Ses actes ont toujours pour but de servir d'exemple ou d’avertissement. Chacun sait ce qui lui arrivera. Les Bellovaques ont été facilement vaincus, offrant une victoire en or à César. Il les épargne sur simple demande des Eduéens pour se présenter comme magnanime, parce que cela lui est bénéfique en terme d'image. s'il insiste sur le fait que c'est une grâce qu'il fait aux Eduéens, c'est pour les placer en position d'obligés.  
Inversement, César fait des Atuatuques des "traîtres" indignes de toute mansuétude. Je l'ai déjà expliqué plus haut, je ne crois pas que des gens sensés puissent attaquer à 4000 une force de 40 000 hommes retranchés. Non, pour moi, César est l’agresseur, le passage de la Guerre des Gaules est écris pour faire un exemple. Pourquoi ? N'est-ce pas évident ? César est passé à un cheveu de la défaite à la bataille du Sabis. Il doit décourager ceux qui s'opposent à lui. Les Atuatuques se trouvent juste là au mauvais moment.  
C'est la politique de la carotte et du bâton. 


Rappelez-vous que les Romains étaient des humains et que les sacrifices d'enfants par les Carthaginois les révoltaient. Ils n'ont pas reçu un brevet en inhumanité, et le sénat eut des débats houleux au retour de César quant à ses agissements.


Dernière édition par Anaxagore le Lun 14 Mai - 11:08, édité 1 fois

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Message par Anaxagore Lun 14 Mai - 10:54

La bataille d'Octodure



Bon, je vais vous passer cette fois l'intégrale du passage de la Guerre des Gaules - vu l'importance de la bataille pour la suite, je trouve que César a gâché de l'encre - si vous y tenez, vous pouvez tout de même lire le passage ici - > : https://fr.wikisource.org/wiki/La_Guerre_des_Gaules/Livre_III#1 ( Livre III 1 à 6) 

Cause de l'affrontement


Pour résumer rapidement, César envoie la legio XII sous le commandement de Servius Sulpius Galba s'emparer des territoires du nord des Alpes (région de Grenoble, Evian). Celui-ci prend des otages et commence à se retrancher pour passer l'hiver dans la région. César ne cache pas ses motivations : économiser les droits de péages et sécuriser le trajet pour les commerçants romains. Cependant, les Gaulois attaquent. D'après César, ils sont inquiets pour leurs enfants pris en otage et désirent défendre leur indépendance. 

Analyse de la bataille 


Avant toute chose, j'aimerais rappeler que César est connu pour sa brievitas... la brièveté de son propos et ses formules lapidaires dont la plus connue ( Veni, Vidi, Vici) résume toute une campagne contre le Pont, en trois mots. 
César est avare de parole, il résume en six lignes une bataille qui demanderait six pages. 
Cependant, contre les Nerviens, César décrit plus longuement la situation... parce qu'il s'est retrouvé au bord de la catastrophe. Il sait qu'il va faire face aux critiques du sénat et entreprends de se justifier. On notera en particulier les nombreux passages héroïques, lors de la bataille du Sabis. Il en fait des tonnes... 
On retrouve la même narration, insistant sur l'héroïsme des légionnaires, des centurions, l'ardeur au combat de chacun, la détermination des officiers supérieurs à Octodure.... 
Les Gaulois (Véragres et Sédunes) étaient 30 00 armés de "pierres et de pieux" (probablement des troupes de frondeurs et de lanceurs de javelots à la pointe de bois durcis au feu... de bien piètres troupes)... enfin d'après César... qui n'était pas là. En face, les Romains consistent en une légion avec des auxiliaires de  cavalerie. Cependant, deux cohortes sont absentes. Il doit rester à Galba autour de 4000 à 4500 hommes. Certainement moins, la légion n'est probablement pas à plein effectifs après les dernières batailles. 
Cependant, toujours d'après César, les Gaulois perdent 10 000 hommes.
Les chiffres sont bien sûr à prendre avec des pincettes... d'autant plus que Galba se retire immédiatement après  la bataille non sans avoir brûlé tout ce qu'il ne pouvait pas emporter. Il n'a donc pas pu compter les morts ennemis. Cela n'empêche pas César de décrire Octodure comme une sorte de victoire.
César a écrit:(1) L'ordre s'exécute, et nos soldats, s'élançant tout à coup hors du camp par toutes les portes, ne laissent pas aux ennemis le temps de juger de ce qui se passe ni de se rallier. (2) Le combat change ainsi de face ; ceux qui se croyaient déjà maîtres du camp sont de tous côtés enveloppés et massacrés ; et, de plus de trente mille hommes dont il était constant que se composait l'armée des barbares, plus du tiers fut tué ; le reste, épouvanté, prit la fuite, et ne put même rester sur les hauteurs. (3) Toutes les forces des ennemis ainsi dispersées et les armes enlevées, on rentra dans le camp et dans les retranchements. (4) Après cette victoire, Galba ne voulut plus tenter le sort des combats ; mais, se rappelant qu'il avait pris ses quartiers d'hiver dans un tout autre dessein, qu'avaient traversé des circonstances imprévues, pressé d'ailleurs par le manque de grains et de vivres, il fit brûler le lendemain toutes les habitations du bourg et prit la route de la province. (5) Aucun ennemi n'arrêtant ni ne retardant sa marche, il ramena la légion sans perte chez les Nantuates, et de là chez les Allobroges, où il hiverna.


Soyons clair ! Victoire ? Les Romains prennent la fuite...  euh... effectuent une retraite en ordre et  sans pertes (1). D'ailleurs, les Romains ne reviendront dans la région que sous Auguste et elle ne sera pacifiée que sous Tibère.... 90 ans plus tard ! Voilà la "victoire " de Galba. 

Uchronie ?


Deux !

Et si les Gaulois s'étaient soumis sans combattre ?


A première vue, la situation de César serait plus favorable dans cette TL mais... pas sûr en fait. Je doute qu'il fasse une erreur pareil, mais imaginez que César passe par la région au moment du soulèvement de Vercingétorix en revenant de Gaule Cisalpine ? Qu'il soit pris en embuscade ? vaincu ? Tué ?

Et si la bataille se terminait en désastre pour Galba ?


La douzième légion pourrait être exterminée par les Gaulois, une défaite pareille serait rudement payée plus tard, en particulier par la perte de centurions très expérimentée tel P. Sextulus Bavulus dont on a déjà parlé à la bataille du Sabis ou le tribun C. Volusénus.

(1) Le fait est probablement exact... Cependant, c'est assez inexplicable. Me mettant dans la peau de Galba, voilà ce que j'aurais fait à sa place. En échange de la restitution des otages (et en menaçant de les exécuter en cas de refus) j'aurais négocié la sortie du territoire sans combat.


Dernière édition par Anaxagore le Jeu 17 Mai - 10:05, édité 1 fois

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Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
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