[Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
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[Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
Un petit texte, assez expérimental, sur la fin de la guerre dans l'univers du "Discours de Goering". Encore une fois, cet univers n'a pas vocation a donner lieu à une TL complète, il est plutôt à voir comme une variation personnelle sur un standard incontournable.
La conférence de Dresde
La conférence de Dresde, ouverte fin mai 1944, réunissait les principaux dirigeants des pays alliés dans l’une des villes allemandes les plus épargnées par le conflit, occupée depuis peu par l’armée soviétique. De Gaulle, récemment nommé président du conseil en remplacement de Georges Mandel, notera dans ses conversations avec André Malraux, de nombreuses années plus tard, l’impression étrange que lui faisait cette ville allemande qui semblait figée dans le temps, comme le symbole d’un monde qui s’apprêtait à disparaître derrière le rideau de fer.
Deux principaux sujets étaient à l’ordre du jour : les modalités de l’occupation de l’Allemagne et la poursuite de la guerre contre le Japon. L’histoire retiendrait un grand vainqueur : Joseph Staline.
La Frauenkirche de Dresde
L’URSS avait en effet plus d’une carte dans sa manche : la confusion entre le renversement de Goering lors du putsch de Hanovre et les capitulations de Dönitz puis de Kesselring avait laissé l’opportunité à l’armée rouge d’avancer jusqu’à Hambourg au nord, et en franconie bavaroise au sud ; dans le même temps, Roosevelt comptait sur l’armée rouge pour soulager ses forces dans la lutte contre les Japonais.
Au cours des négociations, Staline put donc, sous l’apparence de concessions importantes, consolider ses positions. L’entrée en guerre de l’URSS contre le Japon et son offensive en Mandchourie fut fixée à juillet 1944, tandis que Staline s’engageait, en cas de participation soviétique à une invasion du territoire japonais, à se limiter à l’occupation d’Hokkaido, dans le cadre d’un commandement interallié bien plus contraignant qu’en Allemagne, et sous claire direction américaine. Staline n’avait en réalité aucune intention d’user les forces vives soviétiques dans une invasion de l’archipel japonais, et obtint, par ses concessions de façade, l’assurance de Roosevelt quant à ses principaux objectifs : l’annexion totale des îles Sakhaline, le champ libre en Corée reconquise et, surtout, le contrôle total de Berlin.
Arguant de « complications inutiles » à éviter, Staline avait en effet fait enterrer le projet d’une séparation de Berlin en plusieurs zones, , en échange de la promesse, immédiatement suivie d’effet, de l’évacuation d’une partie des territoires occupés par l’armée rouge, dont la ville de Hambourg (méthodiquement délestée de toutes ses richesses dans l’intervalle). De Gaulle, qui n’était dupe de rien, confiera à Alain Peyrefitte : « il n’était pas forcément pour nous déplaire que l’amarre entre les deux futures Allemagne soit larguée ».
La conférence fixa également le principe des annexions françaises et néerlandaises vis-à-vis du territoire allemand, et remis à plus tard les discussions quant à une zone internationale en Rhénanie, défendue par De Gaulle. Les regards étaient de toute façon tournées vers l’Extrême-Orient.
La fin de l’ordre impérial
Dès la reddition Allemande, tous les alliés avaient amplifiés leurs efforts sur les différents terrains orientaux. Chiang comme Mao avaient vu affluer matériel et conseillers militaires de la part de leur protecteurs respectifs, avec notamment l’envoi d’une escadrille française (comprenant de nombreux anciens de « Normandie-Niemen » notamment) et l’engagement de plus d’une centaine de pilotes soviétiques, encore qualifiés de volontaires, respectivement dans les armées nationalistes et communistes.
Alors que les Etats-Unis poursuivaient leur coûteuse progression île par île, la France et l’Angleterre focalisaient leurs efforts sur la reconquête de leurs zones d’influence respectives. Pour la France, il était impensable de laisser plus longtemps ses troupes coloniales, sous les ordre du général Salan, qui tenaient les hauts plateaux indochinois, se débattre seules face aux troupes japonaises de la péninsule, d’autant plus que les forces nationalistes à tendance marxiste de l’Armée Nationale Populaire, d’Ho-Chi Minh, faisaient concurrence aux forces franco-monarchistes et constituaient une menace pour l’influence française sur le long terme.
Malgré la réticence de nombreux gradés pointant l’aspect improvisé de l’opération, on fixa un débarquement franco-britannique à Saïgon à octobre 1944, coordonnée avec l’insurrection générale en Thaïlande occupée.
Pour Tokyo, la chute simultanée de Bangkok et Saïgon fut un choc supplémentaire après la destruction de l’armée du Kwantung par les Soviétiques, et allait peser dans la décision de l’ « ordre de repli ». Les troupes japonaises présentes dans le reste de la péninsule n’en continuèrent pas moins leur résistance. Le 8 novembre, l’armée nationale populaire, forte de ses puissants réseaux en milieu urbain, tenta de prendre le contrôle d’Hanoï avant les franco-monarchistes, mais essuya un échec après une semaine de combats. Le répit japonais fut court : la ville tomba deux semaines plus tard sous l'assaut conjoint des différentes forces de résistance.
Au sommet de la hiérarchie militaire japonaise, il avait fallu des semaines de débats pour parvenir à une décision qui aurait paru, quelques mois plus tôt, impensable, tant elle semblait en contradiction avec la culture militaire nippone. Mais l’engagement des soviétiques aux côtés des communistes chinois, la montée en puissance de l’armée nationaliste, les défaites aux îles Mariannes et à Iwo Jima qui exposaient l’archipel à des bombardements quotidiens et, surtout, l’imminence d’une invasion soviétique de la Corée mettait le pays en face de l’évidence : l’alternative était soit de négocier au plus tôt, soit de se préparer à un combat décisif sur le sol national.
Avec l’appui de l’empereur est donc envoyé le 2 février aux commandants des différents terrains l’ « ordre de priorité absolue à la défense de la terre sacrée du Japon ». Officiellement, il ne s’agit de se retirer d’aucun terrain d’opération mais d’effectuer un redéploiement défensif visant à protéger le territoire national, dans lequel est comprise l’île de Formose. Mais l’ordre n’est pas moins insupportable à de nombreux officiers, qui préfèrent se donner la mort ou engager leurs troupes dans des assauts suicidaires plutôt que d’accepter un repli vers le Japon. D’autres s’arrangeront pour faire partir d’autres troupes que les leurs. A l’incompatibilité de l’idée de recul avec la mentalité de l’armée impériale s’ajoutent les évidents problèmes matériels : les défaites de l’aéronavale japonaise rendent difficile et parfois impossible le repli.
A la mi-février, celui-ci connaît néanmoins une accélération rapide : les Soviétiques, qui s’étaient contentés jusque-là de tester mollement les défenses japonaises au nord de la péninsule coréenne et avaient privilégié le soutien aux communistes sur le terrain chinois, effectuent une percée rapide vers le sud. Les milliers de civils morts en creusant des tranchées auront été sacrifiés pour rien… Dans la désorganisation générale, les ordres de repli sont soit ignorés soir exécutés sans cohérence. Comble de l’absurdité, des milliers de travailleurs forcés coréens jugés utiles sont entassés dans des cales et déplacés vers le Japon quand des civils japonais sont abandonnés, bientôt livrés à la fureur vengeresse de la population et à la brutalité de l’armée rouge.
Opération Downfall
Les premiers mois de 1945 voient le Japon préparer sa défense en rassemblant toutes les forces disponibles, rapatriés des différents terrains d’opération aussi bien que nouvelles recrues. Chose jusqu’ici impensable, on en vient à donner des rudiments de maniement des armes à des femmes, au cas où d’aventure elle pourraient se saisir d’un fusil et abattre un soldat américain… Sachant que l’île de Kyushu sera très certainement la première cible des Américains, l’état-major fait le choix d’y concentrer autant de forces que possible, dans l’idée d’y livrer les combats décisifs et d’épargner au reste du territoire les destructions causées par les combats.
Côté allié, les doutes subsistent pourtant. Certains voudraient se doter de bases en Corée et en Chine pour parfaire le blocus du pays et le soumettre par des bombardements massifs, d’autres attendre les résultats de projet Manhattan. Mais à la mort de Roosevelt en avril, le nouveau président, Harry Truman, tranche : le Japon sera envahi dans les mois suivants, sans aucun concours des soviétiques. Fondamentalement anticommuniste, Truman est moins convaincu que son prédécesseur par les garanties de Staline, et craint que l’URSS ne s’empare de tout l’archipel…
Le 8 juin 1945, le 6e corps d’armée des Etats-Unis, renforcé de 40 000 Britanniques et, 32 000 Français et, après des demandes insistantes de Chiang, la participation de commandos chinois. Le débarquement étonne dans un premier temps les Alliés par sa relative facilité, mais l’état-major déchante vite : les Japonais ont fait le choix résolu de la défense en profondeur, et l’avancée vers l’intérieur des terres s’avère particulièrement meurtrière. Après dix-sept jours de combats, alors qu’il devient clair que les objectifs sont loin d’être atteints, le commandement allié accepte de modifier ses plans initiaux : Coronet, l’invasion de l’pile de Honshu et de la plaine du Kanto, est ajournée au profit de l’envoi de renforts sur Kyushu. Les objectifs d’Olympic sont redéfinis : il ne s’agit plus de s’emparer uniquement du sud de l’île mais, puisque le gros des forces japonaises y est rassemblé, de l’isole dans le cœur de l’île et de l’y détruire. Par ailleurs, les attaques de diversion sur l’île de Shikkoku ayant montré que l’île était mal défendue, un débarquement y est organisé début juillet.
Mais, si la grande majorité des pertes est due aux combats conventionnels, l’opinion américaine se focalise rapidement sur l’action des francs-tireurs et des civils armés dans les zones conquises. L’exemple qui frappe le plus les esprits est celui d’une femme de soixante-sept ans qui, à Kagoshima, attaque le 19 juin des soldats américains à l’aide de grenades, en tuant quatre et en blessant une dizaine. Abattue alors qu’elle se tenait prête à dégoupiller son dernier projectile, sa photographie fait le tour des magazines militaires puis celui des journaux du monde entier, accréditant l’idée d’une population japonaise toute entière fanatiquement dévouée à ses chefs. Ces anecdotes contribuent à alimenter la psychose au sein de troupes travaillées depuis le début du conflit par une propagande ouvertement raciste, et explique le déchainement de violence dont font preuve certains GIs dans les semaines qui suivent. Après une décennie d’omerta en Amérique (mais pas dans la presse soviétique qui en fera une usage immodéré), ces crimes apparaissent au grand jour avec la publication en 1957 du recueil de témoignages Becoming Huns, compilé par un collectif de soldats traumatisés.
Un sergent chef du corps des Marines, resté anonyme, témoigne ainsi : « A Kagoshima, on était tombé sur une quinzaine de lycéennes, violées, passées à tabac, certaines avaient reçu des coups de couteau. Les auteurs avaient voulu mettre leur crime en évidence, en les alignant le long de la pièce, certaines encore vivantes. On a pu en sauver que trois, c’était déjà foutu pour les autres. Sur le moment je me suis dit que des Américains ordinaires ne pouvaient pas faire ça. Les troupes étaient déségréguées à ce moment là, mais je e suis dit que ça ne pouvait être que des noirs, ou des Navajos, ou peut-être à la limite des ploucs consanguins sortis du trou du cul du pays. Je me suis rendu compte de mon erreur trois semaines plus tard, à la campagne, dans le cœur de l’île. Là, c’était tous les habitants d’un village qui avaient été massacrés, le gamin le plus jeune devait avoir douze ans, on les avait alignés consciencieusement le long de la route, avec les corps de leurs bœufs trainés à côté d’eux. Puis on a croisé les responsables, c’était une compagnie d’infanterie. La plupart avaient des têtes de mecs de la côte est, des fils à papa new-yorkais. Ils avaient l’air complètement impassibles…
-Et qu’avez-vous fait ?
-On a suivi notre route en essayant d’oublier ou de nous persuader que ça n’avait pas eu lieu. Je venais de passer les pires semaines de mon existence, je n’envisageais pas de me lancer dans une croisade contre d’autres soldats américains, c’était au-dessus de mes forces. »
Les multiples massacres restent aujourd’hui difficiles à quantifier, leurs victimes difficiles à distinguer de l’ensemble des victimes civiles japonaises du conflit. La découverte progressive de l’ampleur des crimes japonais partout dans le Pacifique, et la libération des dernières « femmes de réconfort » séquestrées par l’armée japonaise et déportées sur l’archipel dans le sillage de « l’ordre de priorité » n’avait pas non plus aidé à atténuer le sentiment d’impunité qui habitait la majeure partie des soldats américains.
A la mi-juillet, l’ensemble des côtes de l’île de Kyushu est sous contrôle, et l’armée japonaise enfin isolée dans le centre de l’île. Mais la résistance ne faiblit pas, malgré l’absence de ravitaillement.
Plusieurs poches de résistance sont encore actives le 8 août, quand les installations militaires du sud de Honshu sont visées par Little Boy, première bombe A utilisée dans un cadre militaire. La première frappe atomique de l’histoire est donc tactique, avec pour objectif de rendre impossible toute tentative de contre attaque ou de ravitaillement des derniers défenseurs de Kyushu. Le 12, la première frappe stratégique détruit la ville de Sendai, choisie pour son éloignement de la zone des combats.
Cette fois, plus aucun Japonais ne peut croire à la possibilité d’une victoire. Malgré l’isolement dans lequel il est maintenu depuis son bunker, l’empereur Hirohito parvient à imposer à l’état-major la capitulation. Le 29 août, l’armée américaine occupe Osaka et y désarme les dernières troupes japonaises. Le 4 septembre, les troupes alliées défilent dans Tokyo. Plusieurs incidents entre occupants et population achèvent de creuser le fossé déjà infranchissable qui a été creusé par l’enfer de Kyushu.
Le troupes franco-britanniques s’installent à Hokkaido, qui leur a été attribuée comme zone d’occupation. Staline a tenu parole et n’a pas poussé ses pions au Japon, préférant consolider ses positions en Chine et en Corée. Alors que Kim Il-Sung proclame la République Populaire Démocratique à Séoul, l’armée Rouge ne cesse d’apporter son soutien aux troupes de Mao, qui triompheront dès 1947 de leurs rivaux nationalistes.
Drapeau adopté par la République Populaire de Chine en 1947. Il sera remplacé en 1956 par l'ancien drapeau de la République Soviétique chinoise
275 000 soldats américains seront morts dans les combats, et des centaines de milliers d’autres reviendront à jamais changés par l’ « été de l’enfer » japonais. Leur mentalité à la fin de la guerre mêlait pour la plupart une haine sans bornes pour des Japonais considérés comme à jamais barbares et imperméables aux valeurs démocratiques et un ressentiment profond envers les décideurs américains qui leur avaient infligés les pires combats de la guerre alors qu’il aurait sans doute suffi d’attendre l’achèvement du projet Manhattan. L’aile isolationniste du Parti républicain, jusque-là moribonde, allait retrouver une vigueur inespérée dans les dernières années du mandat de Truman, puis plus encore avec la présidence Dewey. La campagne « The Job is done », appelant au désengagement le plus large possible des forces américaines partout dans le monde, allait en révéler l’ampleur et pousser les Etats-Unis vers une réduction de leur engagement, en Extrême-Orient comme en Allemagne.
La conférence de Dresde
La conférence de Dresde, ouverte fin mai 1944, réunissait les principaux dirigeants des pays alliés dans l’une des villes allemandes les plus épargnées par le conflit, occupée depuis peu par l’armée soviétique. De Gaulle, récemment nommé président du conseil en remplacement de Georges Mandel, notera dans ses conversations avec André Malraux, de nombreuses années plus tard, l’impression étrange que lui faisait cette ville allemande qui semblait figée dans le temps, comme le symbole d’un monde qui s’apprêtait à disparaître derrière le rideau de fer.
Deux principaux sujets étaient à l’ordre du jour : les modalités de l’occupation de l’Allemagne et la poursuite de la guerre contre le Japon. L’histoire retiendrait un grand vainqueur : Joseph Staline.
La Frauenkirche de Dresde
L’URSS avait en effet plus d’une carte dans sa manche : la confusion entre le renversement de Goering lors du putsch de Hanovre et les capitulations de Dönitz puis de Kesselring avait laissé l’opportunité à l’armée rouge d’avancer jusqu’à Hambourg au nord, et en franconie bavaroise au sud ; dans le même temps, Roosevelt comptait sur l’armée rouge pour soulager ses forces dans la lutte contre les Japonais.
Au cours des négociations, Staline put donc, sous l’apparence de concessions importantes, consolider ses positions. L’entrée en guerre de l’URSS contre le Japon et son offensive en Mandchourie fut fixée à juillet 1944, tandis que Staline s’engageait, en cas de participation soviétique à une invasion du territoire japonais, à se limiter à l’occupation d’Hokkaido, dans le cadre d’un commandement interallié bien plus contraignant qu’en Allemagne, et sous claire direction américaine. Staline n’avait en réalité aucune intention d’user les forces vives soviétiques dans une invasion de l’archipel japonais, et obtint, par ses concessions de façade, l’assurance de Roosevelt quant à ses principaux objectifs : l’annexion totale des îles Sakhaline, le champ libre en Corée reconquise et, surtout, le contrôle total de Berlin.
Arguant de « complications inutiles » à éviter, Staline avait en effet fait enterrer le projet d’une séparation de Berlin en plusieurs zones, , en échange de la promesse, immédiatement suivie d’effet, de l’évacuation d’une partie des territoires occupés par l’armée rouge, dont la ville de Hambourg (méthodiquement délestée de toutes ses richesses dans l’intervalle). De Gaulle, qui n’était dupe de rien, confiera à Alain Peyrefitte : « il n’était pas forcément pour nous déplaire que l’amarre entre les deux futures Allemagne soit larguée ».
La conférence fixa également le principe des annexions françaises et néerlandaises vis-à-vis du territoire allemand, et remis à plus tard les discussions quant à une zone internationale en Rhénanie, défendue par De Gaulle. Les regards étaient de toute façon tournées vers l’Extrême-Orient.
La fin de l’ordre impérial
Dès la reddition Allemande, tous les alliés avaient amplifiés leurs efforts sur les différents terrains orientaux. Chiang comme Mao avaient vu affluer matériel et conseillers militaires de la part de leur protecteurs respectifs, avec notamment l’envoi d’une escadrille française (comprenant de nombreux anciens de « Normandie-Niemen » notamment) et l’engagement de plus d’une centaine de pilotes soviétiques, encore qualifiés de volontaires, respectivement dans les armées nationalistes et communistes.
Alors que les Etats-Unis poursuivaient leur coûteuse progression île par île, la France et l’Angleterre focalisaient leurs efforts sur la reconquête de leurs zones d’influence respectives. Pour la France, il était impensable de laisser plus longtemps ses troupes coloniales, sous les ordre du général Salan, qui tenaient les hauts plateaux indochinois, se débattre seules face aux troupes japonaises de la péninsule, d’autant plus que les forces nationalistes à tendance marxiste de l’Armée Nationale Populaire, d’Ho-Chi Minh, faisaient concurrence aux forces franco-monarchistes et constituaient une menace pour l’influence française sur le long terme.
Malgré la réticence de nombreux gradés pointant l’aspect improvisé de l’opération, on fixa un débarquement franco-britannique à Saïgon à octobre 1944, coordonnée avec l’insurrection générale en Thaïlande occupée.
Pour Tokyo, la chute simultanée de Bangkok et Saïgon fut un choc supplémentaire après la destruction de l’armée du Kwantung par les Soviétiques, et allait peser dans la décision de l’ « ordre de repli ». Les troupes japonaises présentes dans le reste de la péninsule n’en continuèrent pas moins leur résistance. Le 8 novembre, l’armée nationale populaire, forte de ses puissants réseaux en milieu urbain, tenta de prendre le contrôle d’Hanoï avant les franco-monarchistes, mais essuya un échec après une semaine de combats. Le répit japonais fut court : la ville tomba deux semaines plus tard sous l'assaut conjoint des différentes forces de résistance.
Au sommet de la hiérarchie militaire japonaise, il avait fallu des semaines de débats pour parvenir à une décision qui aurait paru, quelques mois plus tôt, impensable, tant elle semblait en contradiction avec la culture militaire nippone. Mais l’engagement des soviétiques aux côtés des communistes chinois, la montée en puissance de l’armée nationaliste, les défaites aux îles Mariannes et à Iwo Jima qui exposaient l’archipel à des bombardements quotidiens et, surtout, l’imminence d’une invasion soviétique de la Corée mettait le pays en face de l’évidence : l’alternative était soit de négocier au plus tôt, soit de se préparer à un combat décisif sur le sol national.
Avec l’appui de l’empereur est donc envoyé le 2 février aux commandants des différents terrains l’ « ordre de priorité absolue à la défense de la terre sacrée du Japon ». Officiellement, il ne s’agit de se retirer d’aucun terrain d’opération mais d’effectuer un redéploiement défensif visant à protéger le territoire national, dans lequel est comprise l’île de Formose. Mais l’ordre n’est pas moins insupportable à de nombreux officiers, qui préfèrent se donner la mort ou engager leurs troupes dans des assauts suicidaires plutôt que d’accepter un repli vers le Japon. D’autres s’arrangeront pour faire partir d’autres troupes que les leurs. A l’incompatibilité de l’idée de recul avec la mentalité de l’armée impériale s’ajoutent les évidents problèmes matériels : les défaites de l’aéronavale japonaise rendent difficile et parfois impossible le repli.
A la mi-février, celui-ci connaît néanmoins une accélération rapide : les Soviétiques, qui s’étaient contentés jusque-là de tester mollement les défenses japonaises au nord de la péninsule coréenne et avaient privilégié le soutien aux communistes sur le terrain chinois, effectuent une percée rapide vers le sud. Les milliers de civils morts en creusant des tranchées auront été sacrifiés pour rien… Dans la désorganisation générale, les ordres de repli sont soit ignorés soir exécutés sans cohérence. Comble de l’absurdité, des milliers de travailleurs forcés coréens jugés utiles sont entassés dans des cales et déplacés vers le Japon quand des civils japonais sont abandonnés, bientôt livrés à la fureur vengeresse de la population et à la brutalité de l’armée rouge.
Opération Downfall
Les premiers mois de 1945 voient le Japon préparer sa défense en rassemblant toutes les forces disponibles, rapatriés des différents terrains d’opération aussi bien que nouvelles recrues. Chose jusqu’ici impensable, on en vient à donner des rudiments de maniement des armes à des femmes, au cas où d’aventure elle pourraient se saisir d’un fusil et abattre un soldat américain… Sachant que l’île de Kyushu sera très certainement la première cible des Américains, l’état-major fait le choix d’y concentrer autant de forces que possible, dans l’idée d’y livrer les combats décisifs et d’épargner au reste du territoire les destructions causées par les combats.
Côté allié, les doutes subsistent pourtant. Certains voudraient se doter de bases en Corée et en Chine pour parfaire le blocus du pays et le soumettre par des bombardements massifs, d’autres attendre les résultats de projet Manhattan. Mais à la mort de Roosevelt en avril, le nouveau président, Harry Truman, tranche : le Japon sera envahi dans les mois suivants, sans aucun concours des soviétiques. Fondamentalement anticommuniste, Truman est moins convaincu que son prédécesseur par les garanties de Staline, et craint que l’URSS ne s’empare de tout l’archipel…
Le 8 juin 1945, le 6e corps d’armée des Etats-Unis, renforcé de 40 000 Britanniques et, 32 000 Français et, après des demandes insistantes de Chiang, la participation de commandos chinois. Le débarquement étonne dans un premier temps les Alliés par sa relative facilité, mais l’état-major déchante vite : les Japonais ont fait le choix résolu de la défense en profondeur, et l’avancée vers l’intérieur des terres s’avère particulièrement meurtrière. Après dix-sept jours de combats, alors qu’il devient clair que les objectifs sont loin d’être atteints, le commandement allié accepte de modifier ses plans initiaux : Coronet, l’invasion de l’pile de Honshu et de la plaine du Kanto, est ajournée au profit de l’envoi de renforts sur Kyushu. Les objectifs d’Olympic sont redéfinis : il ne s’agit plus de s’emparer uniquement du sud de l’île mais, puisque le gros des forces japonaises y est rassemblé, de l’isole dans le cœur de l’île et de l’y détruire. Par ailleurs, les attaques de diversion sur l’île de Shikkoku ayant montré que l’île était mal défendue, un débarquement y est organisé début juillet.
Mais, si la grande majorité des pertes est due aux combats conventionnels, l’opinion américaine se focalise rapidement sur l’action des francs-tireurs et des civils armés dans les zones conquises. L’exemple qui frappe le plus les esprits est celui d’une femme de soixante-sept ans qui, à Kagoshima, attaque le 19 juin des soldats américains à l’aide de grenades, en tuant quatre et en blessant une dizaine. Abattue alors qu’elle se tenait prête à dégoupiller son dernier projectile, sa photographie fait le tour des magazines militaires puis celui des journaux du monde entier, accréditant l’idée d’une population japonaise toute entière fanatiquement dévouée à ses chefs. Ces anecdotes contribuent à alimenter la psychose au sein de troupes travaillées depuis le début du conflit par une propagande ouvertement raciste, et explique le déchainement de violence dont font preuve certains GIs dans les semaines qui suivent. Après une décennie d’omerta en Amérique (mais pas dans la presse soviétique qui en fera une usage immodéré), ces crimes apparaissent au grand jour avec la publication en 1957 du recueil de témoignages Becoming Huns, compilé par un collectif de soldats traumatisés.
Un sergent chef du corps des Marines, resté anonyme, témoigne ainsi : « A Kagoshima, on était tombé sur une quinzaine de lycéennes, violées, passées à tabac, certaines avaient reçu des coups de couteau. Les auteurs avaient voulu mettre leur crime en évidence, en les alignant le long de la pièce, certaines encore vivantes. On a pu en sauver que trois, c’était déjà foutu pour les autres. Sur le moment je me suis dit que des Américains ordinaires ne pouvaient pas faire ça. Les troupes étaient déségréguées à ce moment là, mais je e suis dit que ça ne pouvait être que des noirs, ou des Navajos, ou peut-être à la limite des ploucs consanguins sortis du trou du cul du pays. Je me suis rendu compte de mon erreur trois semaines plus tard, à la campagne, dans le cœur de l’île. Là, c’était tous les habitants d’un village qui avaient été massacrés, le gamin le plus jeune devait avoir douze ans, on les avait alignés consciencieusement le long de la route, avec les corps de leurs bœufs trainés à côté d’eux. Puis on a croisé les responsables, c’était une compagnie d’infanterie. La plupart avaient des têtes de mecs de la côte est, des fils à papa new-yorkais. Ils avaient l’air complètement impassibles…
-Et qu’avez-vous fait ?
-On a suivi notre route en essayant d’oublier ou de nous persuader que ça n’avait pas eu lieu. Je venais de passer les pires semaines de mon existence, je n’envisageais pas de me lancer dans une croisade contre d’autres soldats américains, c’était au-dessus de mes forces. »
Les multiples massacres restent aujourd’hui difficiles à quantifier, leurs victimes difficiles à distinguer de l’ensemble des victimes civiles japonaises du conflit. La découverte progressive de l’ampleur des crimes japonais partout dans le Pacifique, et la libération des dernières « femmes de réconfort » séquestrées par l’armée japonaise et déportées sur l’archipel dans le sillage de « l’ordre de priorité » n’avait pas non plus aidé à atténuer le sentiment d’impunité qui habitait la majeure partie des soldats américains.
A la mi-juillet, l’ensemble des côtes de l’île de Kyushu est sous contrôle, et l’armée japonaise enfin isolée dans le centre de l’île. Mais la résistance ne faiblit pas, malgré l’absence de ravitaillement.
Plusieurs poches de résistance sont encore actives le 8 août, quand les installations militaires du sud de Honshu sont visées par Little Boy, première bombe A utilisée dans un cadre militaire. La première frappe atomique de l’histoire est donc tactique, avec pour objectif de rendre impossible toute tentative de contre attaque ou de ravitaillement des derniers défenseurs de Kyushu. Le 12, la première frappe stratégique détruit la ville de Sendai, choisie pour son éloignement de la zone des combats.
Cette fois, plus aucun Japonais ne peut croire à la possibilité d’une victoire. Malgré l’isolement dans lequel il est maintenu depuis son bunker, l’empereur Hirohito parvient à imposer à l’état-major la capitulation. Le 29 août, l’armée américaine occupe Osaka et y désarme les dernières troupes japonaises. Le 4 septembre, les troupes alliées défilent dans Tokyo. Plusieurs incidents entre occupants et population achèvent de creuser le fossé déjà infranchissable qui a été creusé par l’enfer de Kyushu.
Le troupes franco-britanniques s’installent à Hokkaido, qui leur a été attribuée comme zone d’occupation. Staline a tenu parole et n’a pas poussé ses pions au Japon, préférant consolider ses positions en Chine et en Corée. Alors que Kim Il-Sung proclame la République Populaire Démocratique à Séoul, l’armée Rouge ne cesse d’apporter son soutien aux troupes de Mao, qui triompheront dès 1947 de leurs rivaux nationalistes.
Drapeau adopté par la République Populaire de Chine en 1947. Il sera remplacé en 1956 par l'ancien drapeau de la République Soviétique chinoise
275 000 soldats américains seront morts dans les combats, et des centaines de milliers d’autres reviendront à jamais changés par l’ « été de l’enfer » japonais. Leur mentalité à la fin de la guerre mêlait pour la plupart une haine sans bornes pour des Japonais considérés comme à jamais barbares et imperméables aux valeurs démocratiques et un ressentiment profond envers les décideurs américains qui leur avaient infligés les pires combats de la guerre alors qu’il aurait sans doute suffi d’attendre l’achèvement du projet Manhattan. L’aile isolationniste du Parti républicain, jusque-là moribonde, allait retrouver une vigueur inespérée dans les dernières années du mandat de Truman, puis plus encore avec la présidence Dewey. La campagne « The Job is done », appelant au désengagement le plus large possible des forces américaines partout dans le monde, allait en révéler l’ampleur et pousser les Etats-Unis vers une réduction de leur engagement, en Extrême-Orient comme en Allemagne.
Dernière édition par DemetriosPoliorcète le Ven 16 Déc - 10:01, édité 2 fois
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
Thomas, LFC/Emile Ollivier et Amon luxinferis aiment ce message
Re: [Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
Passionnant, mais il me semble qu'il manque les derniers mots de ton texte.
Quand on voit l'horreur que fut la bataille d'Okinawa, je pense que tout le monde peux s'estimer heureux que l'invasion du Japon n'ait jamais eu lieu.
Quand on voit l'horreur que fut la bataille d'Okinawa, je pense que tout le monde peux s'estimer heureux que l'invasion du Japon n'ait jamais eu lieu.
_________________
« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
DemetriosPoliorcète et LFC/Emile Ollivier aiment ce message
Re: [Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
Thomas a écrit:Passionnant, mais il me semble qu'il manque les derniers mots de ton texte.
Quand on voit l'horreur que fut la bataille d'Okinawa, je pense que tout le monde peux s'estimer heureux que l'invasion du Japon n'ait jamais eu lieu.
Merci!
J'ai corrigé la dernière phrase.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
Collectionneur aime ce message
Re: [Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
En bonus : un développement sur l'Allemagne.
Le 10 octobre 1945, un Harry Truman dont la position à l’international a été affaiblie par la boucherie de la campagne japonaise arrive à Londres pour discuter du sort de l’Allemagne et des questions qui avaient été remises à plus tard par la conférence de Dresde : répartition définitive des zones d’occupation, application du plan Morgenthau, nature du futur ou des futurs Etats allemands. Il retrouve ainsi Winston Churchill, Joseph Staline (qui a insisté pour que la réunion se tienne sur le continent, afin d’éviter de prendre l’avion) et Charles De Gaulle, dont ce sera le dernier voyage diplomatique en temps que Président du Conseil.
L’ambiance est à l’optimisme et à la coopération entre les alliés. Staline n’a-t-il pas montré sa bonne foi en évacuant une partie de l’Allemagne, en renonçant formellement à sa zone d’occupation en Autriche, en encourageant les partis communistes d’Europe de l’ouest et des Balkans à s’intégrer au jeu parlementaire et en ne participant pas à l’invasion du Japon ?
Très vite, le découpage de l’Allemagne est fixé : la France, qui a déjà annexé Sarrelouis en Landau, renonce à un protectorat sur l’ensemble de la Sarre, mais obtient la création d’une zone internationale en Rhénanie-Palatinat et Rhénanie du Nord, tandis que le reste est partagé en zones d’occupation : URSS pour les Länder orientaux, Etats-Unis en Bavière, France en Bade et Würtenberg, Royaume-Uni pour les Länder septentrionaux et les villes hanséatiques.
Le sujet du devenir de l’économie allemande s’avère par contre bien plus litigieux. Si la France milite pour une destruction la plus complète possible des capacités industrielles allemandes, il apparaît bien vite que le plan Morgenthau est inapplicable, sauf à provoquer la mort de millions d’Allemands par la faim… Les alliés actent ainsi le principe du maintien de la production d’engrais et d’outillage agricole. De la même façon, pour éviter une déstabilisation totale de l’économie européenne, les plans de Morgenthau concernant le secteur minier sont revus à la baisse : seules 10% des mines de charbon et d’acier verront leurs installations immédiatement détruites. Pour le reste, après une expropriation contre indemnités, elles seront confiées à une autorité interalliée chargée d’en gérer la production en fonction du marché mondial, dans l’idée de la diminuer progressivement.
Restait la question des industries lourdes, sur laquelle la France et l’URSS se voulaient intransigeantes : l’Allemagne devait être privée de toute possibilité d’une renaissance industrielle et militaire. Les différentes branches allaient être « internationalisées » et confiées à des régies interalliées, après expropriation des industriels allemands, également contre indemnités, dans l’objectif de diminuer progressivement la production. Des groupes comme Krupp, Thyssen, ou les grands noms de l’industrie automobile, allaient ainsi perdre leur vocation industrielle ; le coup porté à l’orgueil national allemand était presque aussi important que la division en zones d’occupation, et la désindustrialisation allait alimenter les sentiments revanchistes autant que, plus tard, la méfiance envers le mouvement écologiste. La grande bourgeoisie allemande ne disparut pas pour autant : malgré la faiblesse des indemnités (la valeur boursière des entreprises était au plus bas dans un pays ruiné par la guerre et qui avait perdu de contrôle de son charbon et de son acier…) ; elle sut se reconvertir en diversifiant et en internationalisant ses investissements. Ferry Porsche, fils de Ferdinand Porsche, ira quant à lui recréer l’entreprise familiale aux Etats-Unis.
Enfin, on discuta la question cruciale de la future organisation étatique de l’Allemagne. Si les décisions devaient être remises à une conférence ultérieure fixée à 1947, on se mit d’accord sur le principe de plusieurs Etats allemands sous l’influence des différentes puissances alliées, qui devaient être réunies sous une forme confédérale très lâche, avec un marché commun et un conseil pan-allemand fixant de grandes orientations communes.
Ce plan ne fut jamais appliqué : au cours des années suivantes, les relations entre est et ouest se tendirent, avec l’imposition brutale de démocraties populaires dans les pays d’Europe occupée et, surtout, l’aide évidente qu’apporta l’URSS aux communistes en Chine, laissant éclater au grand jour la volonté soviétique d’exportation de son modèle.
Un autre événement avait en outre contribué à améliorer l’image de la population allemande : plus de 2000 civils avaient trouvé la mort dans l’empoisonnement du réseau hydraulique de la ville d’Hambourg, des milliers d’autres avaient été malades. Parmi les victimes, on avait aussi compté des soldats des troupes d’occupation britanniques. L’empoisonnement était l’œuvre d’un groupuscule paramilitaire dirigé par l’ancien résistant juif lithuanien Abba Kovner, Nakam (« vengeance »), qui s’était donné pour but de venger les morts de la Shoah en tuant des millions d’Allemands [1]. Catastrophique pour l’image des populations juives (la Haganah fera tout son possible pour condamner haut et fort Kovner et son action), l’attentat convainc beaucoup d’Européens de la nécessité de tourner la page, et de réconcilier le peuple allemand et ses anciens ennemis.
Abba Kovner (au centre) entourés de combattants juifs du ghetto de Vilnius.
A Londres, la conférence de 1947 sur l’avenir de l’Allemagne est un échec et n’aboutit sur rien. En 1949, la création d’un Etat allemand socialiste dans les territoires occupés par l’URSS sous le nom de République Démocratique Allemande (avec donc une prétention à représenter la nation allemande dans son ensemble) met définitivement fin à l’idée d’une partition en plusieurs Etats régionaux.
La nationalisation d’une grande partie des industries restantes dans le nouvel Etat rend également caduc la gestion interalliée de l’économie allemande, et l’URSS est contrainte de céder ses parts dans les différentes régies. En 1953, charbonnages et mines de fer allemandes sont privatisés, permettant un début de renouveau industriel, lent mais réel.
Dans le même temps, les différents Länder mis en place par les alliés votent pour leur adhésion à une nouvelle entité, la République Fédérale d’Allemagne. En 1953, la Rhénanie rejoint à son tour la nouvelle république.
[1] Nakam et son projet génocidaire ont réellement existé. Preuve s'il en fallait que la folie humaine est également répartie.
Le groupe de musique Klezmer Daniel Kahn and the Painted Bird en a tiré ne chanson : https://www.youtube.com/watch?v=nTOhItq5Xow
Le 10 octobre 1945, un Harry Truman dont la position à l’international a été affaiblie par la boucherie de la campagne japonaise arrive à Londres pour discuter du sort de l’Allemagne et des questions qui avaient été remises à plus tard par la conférence de Dresde : répartition définitive des zones d’occupation, application du plan Morgenthau, nature du futur ou des futurs Etats allemands. Il retrouve ainsi Winston Churchill, Joseph Staline (qui a insisté pour que la réunion se tienne sur le continent, afin d’éviter de prendre l’avion) et Charles De Gaulle, dont ce sera le dernier voyage diplomatique en temps que Président du Conseil.
L’ambiance est à l’optimisme et à la coopération entre les alliés. Staline n’a-t-il pas montré sa bonne foi en évacuant une partie de l’Allemagne, en renonçant formellement à sa zone d’occupation en Autriche, en encourageant les partis communistes d’Europe de l’ouest et des Balkans à s’intégrer au jeu parlementaire et en ne participant pas à l’invasion du Japon ?
Très vite, le découpage de l’Allemagne est fixé : la France, qui a déjà annexé Sarrelouis en Landau, renonce à un protectorat sur l’ensemble de la Sarre, mais obtient la création d’une zone internationale en Rhénanie-Palatinat et Rhénanie du Nord, tandis que le reste est partagé en zones d’occupation : URSS pour les Länder orientaux, Etats-Unis en Bavière, France en Bade et Würtenberg, Royaume-Uni pour les Länder septentrionaux et les villes hanséatiques.
Le sujet du devenir de l’économie allemande s’avère par contre bien plus litigieux. Si la France milite pour une destruction la plus complète possible des capacités industrielles allemandes, il apparaît bien vite que le plan Morgenthau est inapplicable, sauf à provoquer la mort de millions d’Allemands par la faim… Les alliés actent ainsi le principe du maintien de la production d’engrais et d’outillage agricole. De la même façon, pour éviter une déstabilisation totale de l’économie européenne, les plans de Morgenthau concernant le secteur minier sont revus à la baisse : seules 10% des mines de charbon et d’acier verront leurs installations immédiatement détruites. Pour le reste, après une expropriation contre indemnités, elles seront confiées à une autorité interalliée chargée d’en gérer la production en fonction du marché mondial, dans l’idée de la diminuer progressivement.
Restait la question des industries lourdes, sur laquelle la France et l’URSS se voulaient intransigeantes : l’Allemagne devait être privée de toute possibilité d’une renaissance industrielle et militaire. Les différentes branches allaient être « internationalisées » et confiées à des régies interalliées, après expropriation des industriels allemands, également contre indemnités, dans l’objectif de diminuer progressivement la production. Des groupes comme Krupp, Thyssen, ou les grands noms de l’industrie automobile, allaient ainsi perdre leur vocation industrielle ; le coup porté à l’orgueil national allemand était presque aussi important que la division en zones d’occupation, et la désindustrialisation allait alimenter les sentiments revanchistes autant que, plus tard, la méfiance envers le mouvement écologiste. La grande bourgeoisie allemande ne disparut pas pour autant : malgré la faiblesse des indemnités (la valeur boursière des entreprises était au plus bas dans un pays ruiné par la guerre et qui avait perdu de contrôle de son charbon et de son acier…) ; elle sut se reconvertir en diversifiant et en internationalisant ses investissements. Ferry Porsche, fils de Ferdinand Porsche, ira quant à lui recréer l’entreprise familiale aux Etats-Unis.
Enfin, on discuta la question cruciale de la future organisation étatique de l’Allemagne. Si les décisions devaient être remises à une conférence ultérieure fixée à 1947, on se mit d’accord sur le principe de plusieurs Etats allemands sous l’influence des différentes puissances alliées, qui devaient être réunies sous une forme confédérale très lâche, avec un marché commun et un conseil pan-allemand fixant de grandes orientations communes.
Ce plan ne fut jamais appliqué : au cours des années suivantes, les relations entre est et ouest se tendirent, avec l’imposition brutale de démocraties populaires dans les pays d’Europe occupée et, surtout, l’aide évidente qu’apporta l’URSS aux communistes en Chine, laissant éclater au grand jour la volonté soviétique d’exportation de son modèle.
Un autre événement avait en outre contribué à améliorer l’image de la population allemande : plus de 2000 civils avaient trouvé la mort dans l’empoisonnement du réseau hydraulique de la ville d’Hambourg, des milliers d’autres avaient été malades. Parmi les victimes, on avait aussi compté des soldats des troupes d’occupation britanniques. L’empoisonnement était l’œuvre d’un groupuscule paramilitaire dirigé par l’ancien résistant juif lithuanien Abba Kovner, Nakam (« vengeance »), qui s’était donné pour but de venger les morts de la Shoah en tuant des millions d’Allemands [1]. Catastrophique pour l’image des populations juives (la Haganah fera tout son possible pour condamner haut et fort Kovner et son action), l’attentat convainc beaucoup d’Européens de la nécessité de tourner la page, et de réconcilier le peuple allemand et ses anciens ennemis.
Abba Kovner (au centre) entourés de combattants juifs du ghetto de Vilnius.
A Londres, la conférence de 1947 sur l’avenir de l’Allemagne est un échec et n’aboutit sur rien. En 1949, la création d’un Etat allemand socialiste dans les territoires occupés par l’URSS sous le nom de République Démocratique Allemande (avec donc une prétention à représenter la nation allemande dans son ensemble) met définitivement fin à l’idée d’une partition en plusieurs Etats régionaux.
La nationalisation d’une grande partie des industries restantes dans le nouvel Etat rend également caduc la gestion interalliée de l’économie allemande, et l’URSS est contrainte de céder ses parts dans les différentes régies. En 1953, charbonnages et mines de fer allemandes sont privatisés, permettant un début de renouveau industriel, lent mais réel.
Dans le même temps, les différents Länder mis en place par les alliés votent pour leur adhésion à une nouvelle entité, la République Fédérale d’Allemagne. En 1953, la Rhénanie rejoint à son tour la nouvelle république.
[1] Nakam et son projet génocidaire ont réellement existé. Preuve s'il en fallait que la folie humaine est également répartie.
Le groupe de musique Klezmer Daniel Kahn and the Painted Bird en a tiré ne chanson : https://www.youtube.com/watch?v=nTOhItq5Xow
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
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Re: [Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
Excellentes suites ! J'ai failli mettre Nakam dans LFC pour info.
_________________
1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
https://forumuchronies.frenchboard.com/t751-la-france-exilee-tome-1-1940-la-roue-du-destin
https://forumuchronies.frenchboard.com/t826-la-france-exilee-tome-2-1942-la-roue-tourne
https://forumuchronies.frenchboard.com/t968-la-france-exilee-tome-3-1944-la-fin-d-un-cycle
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Re: [Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
J'ai commencé à écrire un texte sur l'histoire du Japon après-guerre, mais j'hésite.
Dans tous les cas, la démocratisation ne pourra se dérouler dans les mêmes conditions que dans notre continuum, le fossé entre occupants et population va rester immense et une résistance armée nationaliste va apparaître.
Mais pour la suite, deux possibilités :
- les Américains chez qui l'isolationnisme progresse préfèrent se retirer en laissant les rênes du pays à une nouvelle dictature militaire anticommuniste
- la scission entre pays légal et pays réel s'accentue dans une République japonaise à la vie politique particulièrement instable.
Dans tous les cas, la démocratisation ne pourra se dérouler dans les mêmes conditions que dans notre continuum, le fossé entre occupants et population va rester immense et une résistance armée nationaliste va apparaître.
Mais pour la suite, deux possibilités :
- les Américains chez qui l'isolationnisme progresse préfèrent se retirer en laissant les rênes du pays à une nouvelle dictature militaire anticommuniste
- la scission entre pays légal et pays réel s'accentue dans une République japonaise à la vie politique particulièrement instable.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
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Re: [Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
Je pencherai pour la première possibilité.
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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Re: [Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
Je pense qu'on peut envisager quelques choses proches de la Corée du Sud sur certains points.DemetriosPoliorcète a écrit:J'ai commencé à écrire un texte sur l'histoire du Japon après-guerre, mais j'hésite.
Dans tous les cas, la démocratisation ne pourra se dérouler dans les mêmes conditions que dans notre continuum, le fossé entre occupants et population va rester immense et une résistance armée nationaliste va apparaître.
Mais pour la suite, deux possibilités :
- les Américains chez qui l'isolationnisme progresse préfèrent se retirer en laissant les rênes du pays à une nouvelle dictature militaire anticommuniste
- la scission entre pays légal et pays réel s'accentue dans une République japonaise à la vie politique particulièrement instable.
Un "démocrature" anticommuniste "bien à droite" la remilitarisation et modernisation du pays porte un boost économique tout en bâtissant un allié puissant dans la lutte contre les rouges. Durant cette période, les zaibatsus porte l'économie du pays et deviennent très (trop?) puissante. Certain conglomérat d'OTL ne sont pas démantelés. À terme, comme en Corée du Sud, la dictature tombe de l'intérieur.
_________________
« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
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Re: [Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
C'est un peu ce que j'entrevois pour LFC avec Akihito entamant une Movida dans son pays tel un Juan Carlos nippon (et inspiré par lui vu les dates).
_________________
1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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LFC/Emile Ollivier- Messages : 2721
Date d'inscription : 26/03/2016
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Re: [Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
Merci pour vos réponses!
Quelle personnalité pour jouer le rôle du Syngman Rhee ou du Papadopoulos japonais.
Quelle personnalité pour jouer le rôle du Syngman Rhee ou du Papadopoulos japonais.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
Re: [Discours de Goering] Du printemps saxon à l'été japonais
Je pense qu'Ichirō Hatoyama serait un "bon candidat".
Il avait coopéré avec le gouvernement autoritaire dans les années 1930 et 1940.
Des dossiers déclassifiés de la CIA détaillent un complot d'ultranationalistes visant à assassiner le premier ministre Shigeru Yoshida et à installer un gouvernement plus belliciste dirigé par Ichirō Hatoyama en 1952.
Conservateur convaincu, Hatoyama était favorable à la grâce de certains des criminels de guerre de classe A qui avaient été condamnés à la prison à vie par le procès de Tokyo.Il espérait réviser la Constitution pour supprimer l'article 9 et éventuellement remilitariser le Japon. À cette fin, il a créé en 1956 une "Commission de recherche constitutionnelle" pour préparer le processus de révision constitutionnelle.
Bref, dans le Japon de ta TL, je pense qu'il serait le parfait personnage pour "Démocrature" acceptable aux yeux de l'occident.
Il avait coopéré avec le gouvernement autoritaire dans les années 1930 et 1940.
Des dossiers déclassifiés de la CIA détaillent un complot d'ultranationalistes visant à assassiner le premier ministre Shigeru Yoshida et à installer un gouvernement plus belliciste dirigé par Ichirō Hatoyama en 1952.
Conservateur convaincu, Hatoyama était favorable à la grâce de certains des criminels de guerre de classe A qui avaient été condamnés à la prison à vie par le procès de Tokyo.Il espérait réviser la Constitution pour supprimer l'article 9 et éventuellement remilitariser le Japon. À cette fin, il a créé en 1956 une "Commission de recherche constitutionnelle" pour préparer le processus de révision constitutionnelle.
Bref, dans le Japon de ta TL, je pense qu'il serait le parfait personnage pour "Démocrature" acceptable aux yeux de l'occident.
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
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