Le discours de Doriot
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Le discours de Doriot
Petite variation autour du "Discours de Goering", avec quelques points qui changent. Je développerai sans doute dans quelques autres textes cet univers, qui est plus à lire comme une "fanfic" inspirée par plusieurs travaux sur le PoD d'une France qui continue la guerre que comme autre chose.
Le discours de Doriot
Un vent de panique soufflait sur l’ensemble des administrations collaborationnistes. Jacques Doriot lui-même était dévoré par l’anxiété. Alors que deux semaines auparavant, il s’était fièrement affiché auprès du Reichsführer Hermann Goering, de Mussolini, de Mgr Tiso et des dirigeants des nouveaux Etats indépendants ukrainien, baltes et biélorusses, pour affirmer la pleine participation de l’Etat Populaire Français au nouveau projet d’Union de l’Europe Nouvelle. Aujourd’hui, il semblait clair que ses alliés l’abandonnaient : alors que l’ennemi avait percé dans la vallée du Rhône, des forces de moindre envergure avaient pris pied dans le Pas de Calais et en Normandie, et les troupes allemandes ne semblaient rien faire pour les repousser. Au contraire, il devenait de plus en plus clair qu’elles étaient en train d’évacuer Paris.
Depuis la mort de Hitler et Himmler en mars 1943, il savait sa position de plus en plus précaire. Son allié Heydrich, qui avait été commandant des forces allemandes en France, avait été évincé et n’avait sauvé (temporairement) sa vie qu’en fuyant aux commandes de son avion personnel vers les territoires sous contrôle allié. On racontait même que Goering aurait proposé au juif Mandel de le livrer ainsi que les membres de son gouvernement, dans l’optique d’une paix séparée…
L’entretien demandé à l’ambassadeur allemand acheva de dissiper les derniers doutes. Les troupes allemandes « ne considéraient pas Paris comme un point essentiel du dispositif de défense », et Doriot devait se préparer à « déplacer son gouvernement pour poursuivre la lutte ».
Rentrant à l’Elysée, le Guide laissa éclater sa colère et réclama de pouvoir prendre la parole dans les plus brefs délais sur les ondes de Radio Paris. Dans son allocution, il déclare son intention ferme de « défendre jusqu’au bout la capitale face à l’ennemi anglo-saxon et à la subversion intérieure ». Mais, après avoir appelé à l’union contre l’invasion extérieure et la menace communiste, il s’attarde longuement sur ses rivaux collaborationnistes, « les résidus du régime républicain pourri jusqu’à la moelle » responsables d’avoir « saboté de l’intérieur la Révolution Nationale », ainsi que les « aristocrates décadents, semblables aux Juifs dans leur être ». Les mots seront suivi d’effet : premier chef du gouvernement provisoire pro-Allemand, Pierre Laval est tiré de sa résidence surveillée et fusillé. Il en va de même pour Fernand de Brinon et pour une centaines d’anciens parlementaires, hauts fonctionnaires, cadres de partis politiques un temps engagés dans la collaboration. Dans les heures qui suivent, les Forces de Défense Nationales organisent la défense des bâtiments officiels et abattent ou humilient arbitrairement tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à un communiste, un partisan de Londres ou un aristocrate.
Mais, alors que Doriot éructe dans l’indifférence de la population, les différents groupes combattants intérieurs, qui n’ont aucune envie d’attendre l’arrivée des alliés, s’organisent et commencent à s’en prendre aux troupes allemandes restées sur place et aux partisans de l’Etat Populaire. Le Parti Communiste Combattant et le Parti Communiste, pour une fois parfaitement coordonnés, les réseaux fidèles à Londres, et même les partisans de Marcel Déat, vieil ennemi de Doriot, préparent la prise de contrôle de la capitale. Le 20 juin, quelques heures après l’appel radiophonique, la propre ville de Doriot, Saint Denis, tombe aux mains de la résistance intérieure. Le drapeau rouge est hissé sur la mairie aux côtés du tricolore et du drapeau de l’Union franco-britannique. Dans la nuit, la Préfecture de police est reprise aux Allemands, qui accélèrent leur évacuation. Matignon et le Palais Bourbon tombent dans la matinée du 21. Replié à l’Elysée, Doriot doit finalement faire appel aux Allemands pour, humiliation suprême, pouvoir évacuer sa capitale en sécurité, accompagne des quelques centaines de FDN qui ne sont ni morts, ni prisonniers, ni déserteurs.
Le Guide est contraint d’installer son gouvernement à Nancy, où il cherche à constituer une chimérique « Armée française libre » au service de l’occupant. Dans le même temps, Léon Degrelle, à la tête du protectorat de Wallonie, contacte Goering pour demander à ce que soit créé, sur les ruines de la France collaborationniste, un « Etat de Bourgogne » dont il serait le chef. Il n’a visiblement pas peur du ridicule…
Après une semaine d’existence, le gouvernement de Nancy est contrait de fuir pour Strasbourg, toujours considéré territoire du Reich ; aucun gouvernement collaborationniste ne justifie de changer le plan allemand, qui est de se replier à l’ouest sur le territoire national, et de tenir jusqu’à une paix séparée.
Le premier juillet, Charles de Gaulle, ministre de la guerre de l’Union, défile triomphalement sur les champs Elysées avec les troupes évacuées en 1940. L’épuration bat son plein pour le collaborateurs qui n’ont pas fui sur le territoire allemand.
Soupçonné de tremper dans la tentative d’assassinat de Goering par d’anciens SS, Doriot est arrêté en février 1944, son « Armée libre » dissoute. Une centaine de soldats fascistes français, commandés par Henri Chamberlin, continuera à combattre sous l’uniforme allemand sous le nom de « Corps franc Charlemagne » jusqu’aux dernières semaines de la guerre.
Alors que le gouvernement allemand quitte Berlin, Doriot obtient de ses geôliers un pistolet pour mettre fin à ses jours et s’épargner un procès-spectacle en France.
Le discours de Doriot
Un vent de panique soufflait sur l’ensemble des administrations collaborationnistes. Jacques Doriot lui-même était dévoré par l’anxiété. Alors que deux semaines auparavant, il s’était fièrement affiché auprès du Reichsführer Hermann Goering, de Mussolini, de Mgr Tiso et des dirigeants des nouveaux Etats indépendants ukrainien, baltes et biélorusses, pour affirmer la pleine participation de l’Etat Populaire Français au nouveau projet d’Union de l’Europe Nouvelle. Aujourd’hui, il semblait clair que ses alliés l’abandonnaient : alors que l’ennemi avait percé dans la vallée du Rhône, des forces de moindre envergure avaient pris pied dans le Pas de Calais et en Normandie, et les troupes allemandes ne semblaient rien faire pour les repousser. Au contraire, il devenait de plus en plus clair qu’elles étaient en train d’évacuer Paris.
Depuis la mort de Hitler et Himmler en mars 1943, il savait sa position de plus en plus précaire. Son allié Heydrich, qui avait été commandant des forces allemandes en France, avait été évincé et n’avait sauvé (temporairement) sa vie qu’en fuyant aux commandes de son avion personnel vers les territoires sous contrôle allié. On racontait même que Goering aurait proposé au juif Mandel de le livrer ainsi que les membres de son gouvernement, dans l’optique d’une paix séparée…
L’entretien demandé à l’ambassadeur allemand acheva de dissiper les derniers doutes. Les troupes allemandes « ne considéraient pas Paris comme un point essentiel du dispositif de défense », et Doriot devait se préparer à « déplacer son gouvernement pour poursuivre la lutte ».
Rentrant à l’Elysée, le Guide laissa éclater sa colère et réclama de pouvoir prendre la parole dans les plus brefs délais sur les ondes de Radio Paris. Dans son allocution, il déclare son intention ferme de « défendre jusqu’au bout la capitale face à l’ennemi anglo-saxon et à la subversion intérieure ». Mais, après avoir appelé à l’union contre l’invasion extérieure et la menace communiste, il s’attarde longuement sur ses rivaux collaborationnistes, « les résidus du régime républicain pourri jusqu’à la moelle » responsables d’avoir « saboté de l’intérieur la Révolution Nationale », ainsi que les « aristocrates décadents, semblables aux Juifs dans leur être ». Les mots seront suivi d’effet : premier chef du gouvernement provisoire pro-Allemand, Pierre Laval est tiré de sa résidence surveillée et fusillé. Il en va de même pour Fernand de Brinon et pour une centaines d’anciens parlementaires, hauts fonctionnaires, cadres de partis politiques un temps engagés dans la collaboration. Dans les heures qui suivent, les Forces de Défense Nationales organisent la défense des bâtiments officiels et abattent ou humilient arbitrairement tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à un communiste, un partisan de Londres ou un aristocrate.
Mais, alors que Doriot éructe dans l’indifférence de la population, les différents groupes combattants intérieurs, qui n’ont aucune envie d’attendre l’arrivée des alliés, s’organisent et commencent à s’en prendre aux troupes allemandes restées sur place et aux partisans de l’Etat Populaire. Le Parti Communiste Combattant et le Parti Communiste, pour une fois parfaitement coordonnés, les réseaux fidèles à Londres, et même les partisans de Marcel Déat, vieil ennemi de Doriot, préparent la prise de contrôle de la capitale. Le 20 juin, quelques heures après l’appel radiophonique, la propre ville de Doriot, Saint Denis, tombe aux mains de la résistance intérieure. Le drapeau rouge est hissé sur la mairie aux côtés du tricolore et du drapeau de l’Union franco-britannique. Dans la nuit, la Préfecture de police est reprise aux Allemands, qui accélèrent leur évacuation. Matignon et le Palais Bourbon tombent dans la matinée du 21. Replié à l’Elysée, Doriot doit finalement faire appel aux Allemands pour, humiliation suprême, pouvoir évacuer sa capitale en sécurité, accompagne des quelques centaines de FDN qui ne sont ni morts, ni prisonniers, ni déserteurs.
Le Guide est contraint d’installer son gouvernement à Nancy, où il cherche à constituer une chimérique « Armée française libre » au service de l’occupant. Dans le même temps, Léon Degrelle, à la tête du protectorat de Wallonie, contacte Goering pour demander à ce que soit créé, sur les ruines de la France collaborationniste, un « Etat de Bourgogne » dont il serait le chef. Il n’a visiblement pas peur du ridicule…
Après une semaine d’existence, le gouvernement de Nancy est contrait de fuir pour Strasbourg, toujours considéré territoire du Reich ; aucun gouvernement collaborationniste ne justifie de changer le plan allemand, qui est de se replier à l’ouest sur le territoire national, et de tenir jusqu’à une paix séparée.
Le premier juillet, Charles de Gaulle, ministre de la guerre de l’Union, défile triomphalement sur les champs Elysées avec les troupes évacuées en 1940. L’épuration bat son plein pour le collaborateurs qui n’ont pas fui sur le territoire allemand.
Soupçonné de tremper dans la tentative d’assassinat de Goering par d’anciens SS, Doriot est arrêté en février 1944, son « Armée libre » dissoute. Une centaine de soldats fascistes français, commandés par Henri Chamberlin, continuera à combattre sous l’uniforme allemand sous le nom de « Corps franc Charlemagne » jusqu’aux dernières semaines de la guerre.
Alors que le gouvernement allemand quitte Berlin, Doriot obtient de ses geôliers un pistolet pour mettre fin à ses jours et s’épargner un procès-spectacle en France.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
Thomas, LFC/Emile Ollivier, Rayan du Griffoul, Uranium Colonel et Amon luxinferis aiment ce message
Re: Le discours de Doriot
J'imagine bien le commentaire de DeGaulle: "la fin adéquate pour ce triste sire"
Uranium Colonel- Messages : 1907
Date d'inscription : 31/07/2019
Age : 25
Localisation : République Démocratique de l'Icaunais
Thomas et DemetriosPoliorcète aiment ce message
Re: Le discours de Doriot
"Le Parti Communiste Combattant et le Parti Communiste"
Une scission du PCF ?
Très intéressant comme texte
Une scission du PCF ?
Très intéressant comme texte
_________________
1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
https://forumuchronies.frenchboard.com/t751-la-france-exilee-tome-1-1940-la-roue-du-destin
https://forumuchronies.frenchboard.com/t826-la-france-exilee-tome-2-1942-la-roue-tourne
https://forumuchronies.frenchboard.com/t968-la-france-exilee-tome-3-1944-la-fin-d-un-cycle
https://forumuchronies.frenchboard.com/t1036-lfc-guerre-froide
LFC/Emile Ollivier- Messages : 2721
Date d'inscription : 26/03/2016
Age : 35
DemetriosPoliorcète et Rayan du Griffoul aiment ce message
Re: Le discours de Doriot
LFC/Emile Ollivier a écrit:"Le Parti Communiste Combattant et le Parti Communiste"
Une scission du PCF ?
Très intéressant comme texte
Merci !
Oui, je me suis dit qu'en l'absence d'armistice, la position du PCF serait encore moins tenable et que certains militants auraient rompu avec l'attentisme pour se joindre au combat, rejoints par le PCF après Barbarossa.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier et Rayan du Griffoul aiment ce message
Re: Le discours de Doriot
Je pense que je vais écrire d'autres textes dans cet univers. Je ne compte pas aboutir à un récit complet (puisque je n'aurais pas de crédibilité dans l'aspect militaire) mais c'est intéressant d'explorer toutes les possibilités de ce PoD.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier aime ce message
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