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[1941] La IIIe République après 1942

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ezaski
DemetriosPoliorcète
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Message par DemetriosPoliorcète Jeu 13 Avr - 17:57

Bonsoir à tous. Je relance ici 1941, mais devant la complexité de l'univers, je choisis pour le moment de m'en tenir au point de vue d'un seul acteur, en l'occurence le monde politique français, législature après législature. Cela reste un travail en cours, n'hésitez pas à critiquer


La « Chambre de la Victoire »


Dans ce climat de victoire militaire et diplomatique, les Français sont appelés aux urnes en mai 1942, après la fin de la prolongation de la chambre du Front Populaire.


La SFIO reste la première force politique à la Chambre, avec un nombre de députés largement plus important qu’en 1936 : ce sont 197 députés socialistes et apparentés qui entrent dans l’hémicycle. Mais cette victoire s’est faite grâce au recul du Parti communiste et, dans une moindre mesure, du Parti radical. Laminé par le pacte germano-soviétique son attitude défaitiste, le PCF ne conserve que douze députés, une vingtaine d’autres ayant réussi à sauver leurs places en se dissociant de l’appareil partisan sous l’étiquette « communistes indépendants » ; beaucoup se tourneront par la suite vers le maoïsme. Les radicaux ne conservent qu’a peine plus de quatre-vingt députés, confirmant leur désormais irréversible déclin dans une France qui se transforme désormais à grande vitesse. L’Union Socialiste Républicaine et plusieurs candidats de centre gauche ou dissidents de la SFIO, dont le héros médaillé Pierre Brossolette, possèdent une quarantaine d’élus.


La force politique qui frappe les esprits est sans conteste le Parti Social Français du colonel De la Rocque, en pleine ascension avant guerre, qui bénéficie à plein de l’euphorie patriotique et s’affirme comme la première force de droite, avec 138 députés.


A sa droite, le général Weygand est le seul député de la toute nouvelle formation qu’il vient de créer avec le soutien du Maréchal Pétain, le Partie du Renouveau Français, nationaliste et traditionnaliste. Si le prestige des deux généralissimes amènera quelques succès, le parti semble dès sa création bien anachronique dans une France en pleine mutation. A l’extrême-droite de l’assemblée entrent sept députés menés par le « premier soldat de France », Joseph Darnand, qui a récupéré les appareils militants de Doriot et Déat, décrédibilisés par leur appui à Munich, et a fondé sa propre formation, le Parti de l’Ordre et de la Nation, qui ne cache pas ses influences fascisantes.

[1941] La IIIe République après 1942 Joseph_Darnand_c1940

Joseph Darnand, figure de proue de l'extrême-droite après la guerre


Le reste de la Chambre est formé par les différents partis de droite et démocrates-chrétiens, Fédération Républicaine, Alliance Démocratique, Parti Démocrate Populaire et indépendants, qui s’allient non sans une certaine réticence avec les nouveaux venus du PSF.


En l’absence de majorité claire, il est difficile d’élire un Président du conseil pour succéder à Chautemps. Si la gauche se rassemble derrière Blum, la droite peine à se trouver un champion. Poussé par le PSF à se présenter, bien à contre-coeur, le général De Gaulle, vainqueur de la bataille d’Abbeville, finit par se désister pour permettre l’élection de l’indépendant de droite Georges Mandel, l’héritier de Clémenceau. A cette occasion, Darnand laisse éclater son antisémitisme à la tribune, en déclarant que « le PSF a montré sa vraie nature en soutenant l’élection de Louis Rothschild, nous ne lui pardonnerons jamais ».


L’élection du président de la République se fait dans une ambiance moins tendue, et mène à l’Elysée Henri de Kérilis, figure de l’opposition de droite à Munich et à l’Allemagne hitlérienne. L’indéboulonnable Edouard Herriot parvient à conserver la présidence de la Chambre.


Si la nouvelle législature n’amène pas les grandes transformations que beaucoup attendaient des deux côtés du spectre politique, son œuvre, et celle de son Président du conseil, sont non-négligeables. Les Françaises obtiennent enfin en 1942 le droit de vote, même si elles devront attendre 1946 pour participer à un scrutin national. Dès 1944 est créée l’Ecole Nationale d’Administration, afin de limiter les effets négatifs du népotisme et d’assurer à l’Etat un personnel compétent. L’armée est également réorganisée, tirant profit des enseignements de la guerre et de la « grande panique » de mai 1940.


A l’international, Mandel tente péniblement de reconstituer l’influence français en Europe de orientale et balkanique, mais il doit faire avec le ressentiment de la Pologne, qui n’a pas accepté l’abandon de territoires face aux soviétiques, et celui de la Tchécoslovaquie, toujours amère après Munich. Seule la Yougoslavie s’affirme comme un allié indéfectible.


Le plus grand échec de la législature demeure la politique coloniale, où le gouvernement ne réussira pas à imposer de changements fondamentaux à la structure de l’Empire, en dépit du volontarisme des ministres des colonies (Maurice Violette, Felix Eboué puis Gaston Monnerville). L’idée que le pacte colonial appartient au passé et que la France doit établir de nouveaux liens avec ses outremers fait son chemin dans les élites politiques, mais le lobbyisme des colons et la frilosité de nombreux députés empêche toute traduction politique. Tout juste obtient-on l’abolition du travail forcé, la fin des communes mixtes en Algérie et la facilitation de la naturalisation « hors-statut », choix de toute façon refusé par une immense majorité des Musulmans. Pour les leaders du monde colonial, indépendantistes comme réformistes, il devient clair que seule la mobilisation de la société civile peut entraîner un changement véritable. Ferhat Abbas, qui évolue de l’assimilationnisme à l’autonomisme, créé l’Union Démocratique Algérienne, qui défend l’égalité politique, l’autonomie de l’Algérie et la réforme agraire.


Un changement politique majeur est aussi l’évolution de la gauche, bien que celle-ci reste dans l’opposition. La SFIO poursuit sa normalisation et se pose définitivement en parti de gouvernement crédible. Au centre-gauche, les rescapés du néo-socialisme et d’anciens membres de la SFIO en rupture avec la théorie marxiste se réunissent dans un nouveau parti, le Front de la République Sociale, qui défend à la fois réformes socialistes et réformes des institutions dans le sens d’une plus grande stabilité ; il compte dans ses rangs des personnalités comme Pierre Brossolette, Max Hymans, Louis Vallon ou encore Paul Ramadier.


Le Nouveau Front Populaire


Dès 1945, la SFIO prépare la future élection avec l’idée d’exercer fermement le pouvoir et de mettre enfin en application un programme socialiste. Tablant sur la déception qu’a entrainée la dernière Chambre dominée par la droite, le parti de Blum s’allie aux radicaux, résignés à devenir une force d’appoint, ainsi qu’à d’autres forces mineures. Le désaccord institutionnel empêche le Front de la République Sociale de rejoindre officiellement le Nouveau Front Populaire, mais les socialistes savent pouvoir compter sur leur soutien après l’élection.


Après une campagne centrée sur le slogan « 1936 : le Front Populaire forge les armes de la Victoire / 1946 : le Front Populaire réclame les fruits de la paix ». Aux élections de mai, la SFIO confirme son statut de premier parti de France avec 226 députés, auxquels s’ajoutent soixante-dix radicaux et radicaux-socialistes. Avec les autres forces de gauche membres du Front Populaire, il ne manque que cinq sièges pour atteindre la majorité absolue, largement dépassée avec le ralliement du FRS et de ses soixante-deux députés. Pierre Brossolette peut ainsi remplacer Herriot au perchoir du Palais Bourbon.

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Le second Front Populaire, plus heureux que le premier, est à l’origine de la plus grande transformation de la République depuis 1875. Dès 1947, la sécurité sociale, première revendication des forces de gauche, est créée par extension du système en place en Alsace-Moselle à l’ensemble du territoire.


Dans le monde colonial, Monnerville, devenu ministre « des Outremers » et non plus des colonies, la situation évolue enfin, avec le remplacement de l’Empire par la Fédération Française : chaque colonie possède désormais un parlement bicaméral, l’une des chambres étant élue par l’ensemble des habitants, l’autre par les seuls citoyens français. Le gouverneur de chaque colonie est désormais nommé parmi ses habitants, bien qu’il soit désormais flanqué d’un « administrateur général » souvent métropolitain ». Un « Haut Conseil de la Fédération », composé de délégués des différentes assemblées est réuni pour la première fois à Paris, mais rapidement déplacé à Marseille dans un bâtiment construit pour l’occasion, le Palais de la Fédération. Dans le même temps, Monnerville obtient l’intégration sous forme de départements des quatre « vieilles colonies » que sont la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion, auxquels on ajoute finalement la Nouvelle-Calédonie.


Mais c’est en Algérie que les changements sont les plus profonds : si le bicaméralisme est maintenu et que l’Assemblée élue par les seuls citoyens conserve la prééminence, le gouvernement accorde la citoyenneté « dans le statut » à 450 000 Algériens et Algériennes, combattants ou enfants de combattants des deux guerres. Les Européens d’Algérie savent désormais qu’ils risquent, sur le temps long, de perdre leur prééminence politique : dès le vote de la réforme, de violentes émeutes éclatent à Alger et Oran. Quelques mois plus tard, une centaine de personnalités signent le Manifeste d’Oran, un texte qui se termine sur ce passage : « il est indéniable qu’il existe aujourd’hui en Algérie une population qui est à la fois française, méditerranéenne et africaine. Si la France en vient à négliger ses devoirs envers ce peuple nouveau, il sera de la responsabilité de celui-ci de prendre lui-même en main ses destinées ». Sans le dire, on évoque la possibilité d’une indépendance de l’Algérie française, sous la direction de sa population européenne. Reste à savoir quelle forme cette indépendance prendrait. La société n’en continue pas moins d’évoluer : en 1949, la réforme agraire est mise en place, permettant aux agriculteurs Arabes et Kabyles de récupérer une partie des terres accaparées depuis des générations par des planteurs qui ne représentent d’ailleurs qu’une petite minorité de la population européenne elle-même.


En 1946, les mandats SDN de Syrie et du Liban se voient accorder une totale indépendance. L’ancien Togo allemand, mandat SDN lui-aussi, choisit de transformer son statut pour celui de membre de la Fédération, choix également fait par le Cameroun. Les protectorats (Etats indochinois, Maroc et Tunisie) obtiennent le statut d’ « Etats associés », mais n’obtiennent pas l’autonomie interne espérée.


Sur le plan économique, le nouveau gouvernement met fin à la politique d’austérité de la législature précédente et dévalue le Franc. Mais c’est surtout l’action du ministre de l’industrie, Max Hymans, de formation néosocialiste, qui marque les esprits : celui-ci rassemble les différents groupement industriels créés en 1937 par les nationalisations du Front Populaire en une unique Société Nationale d’Aéronautique ; le groupe Bloch, toujours société d’économie mixte, reçoit également un important soutien de l’Etat et peut commencer à produire des avions militaires à réaction dès le début de la décennie 1950.


Un autre sujet important arrive au cœur du débat au cours de cette période : Jean-François Gravier publie en 1947 Paris et le désert français, qui marque les esprits en dénonçant la macrocéphalie parisienne. Il inspirera des générations d’aménageurs qui chercheront à corriger les déséquilibres territoriaux. Petit-fils d’un poète breton, Charles De Gaulle propose en 1949 un projet en avance sur son temps de régionalisation de certains services publics.


Loin du Palais Bourbon et de Matignon, les Français profitent d’une croissance modérée mais continue, et voient leur niveau de vie s’améliorer. Le cinéma français est en plein essor, bien que la concurrence américaine se fasse sentir et oblige la Chambre à prendre des mesures imposant de strictes quotas de films étrangers. En musique, la culture américaine intéresse encore une minorité d’intellectuels autour de Saint Germain des Près. Par ailleurs, le vote d’une troisième semaine de congés payés en 1949 conduit au développement de la jeune industrie du tourisme, qui élargit chaque année un peu plus sa clientèle. Le climat d’optimisme combiné à la poursuite des politiques natalistes participe à la hausse des naissances.


Dans le même temps, Georges Mandel devient président de la République en 1949.
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Message par DemetriosPoliorcète Jeu 13 Avr - 21:46

La XIXe législature ou le retour de l’instabilité



Les élections de mai 1950 sont marquées par un recul de la gauche au profit des centres. Si la SFIO garde le score honorable de 177 députés, le PCF n’a plus que quatre élus et se réduit de plus en plus à un groupuscule. Les « communistes indépendants », organisés dans le nouveau Rassemblement Marxiste Unifié, conservent une dizaine de sièges, mais sont incapable de se mettre d’accord sur une ligne politique.

Au centre-gauche, le FRS de Brossolette a 102 députés, le Parti radical une soixantaine. A droite, l’Alliance Démocratique et les démocrates-chrétiens font jeu égal avec autour de soixante-dix députés chacun, le reste étant partagé entre le PSF et la Fédération républicaine. On note l’entrée d’une dizaine de députés étiquetés Rassemblement du Peuple Français, mouvement fondé par Charles De Gaulle, dégoûté par les compromissions de nombreux membres du PSF et le manque de combattivité du parti ; le général, recevant d’ailleurs le bâton de Maréchal à cette période, n’a pas souhaité se représenter, préférant chercher à peser sur le jeu politique depuis l’extérieur. Les positions du nouveau parti s’accorderont étonnamment assez souvent avec celles du FRS, malgré les divergences idéologiques profondes qui les séparent.

L’absence de majorité claire entraîne le retour de l’instabilité ministérielle. Un premier ministère dirigé par le démocrate-chrétien Robert Schumann tombe après neuf mois, remplacé par un ministère Max Hymans, tombé en juin 1952, avant que Paul Reynaud ne revienne au pouvoir pour un peu moins d’un an, suivi par le radical Pierre Mendès-France, et de Joseph Laniel dans les derniers mois. L’instabilité empêche qu’une politique claire ne se mette en place dans la durée, ce qui renforce la technocratie naissante.

[1941] La IIIe République après 1942 Max-Hymans-dans-son-bureau

Max Hymans

Cette instabilité concorde avec les premières fissures dans l’ordre colonial. Alors que la nouvelle des premières déconvenues de l’Empire britannique face la guérilla indienne se répandent, les protectorats réclament de plus en plus ouvertement l’autonomie interne. En mai 1951, de gigantesques manifestations sont organisées par les leaders indépendantistes derrière le slogan « autonomie immédiate, indépendance programmée ». L’administration coloniale réagit brutalement, certains élus vietnamiens sont molestés et interpelés. C’est un choc pour tous ceux qui espéraient une indépendance graduelle et pacifique.

Face aux mesures d’urgences, beaucoup se tournent vers la clandestinité. Le prince indépendantiste Phetsarath fonde au Laos le Lao Issara, organisation clandestine dont les membres, souvent plus radicaux que leur chef, ne renient pas la filiation idéologique avec l’Azad Hind. Mais les nationalistes de droite sont vite dépassés par les organisations marxisantes : le Viet Minh au Vietnam, le Pathet Lao au Laos, le Parti Démocratique Khmer au Cambodge. Les guérillas montent rapidement en puissance et agissent sur l’ensemble du territoire, le général Raoul Salan, officier de la vieille école, se montrant incapable de les combattre efficacement. Les échos d’Indochine inquiètent rapidement la Chambre, qui contemple dans le même temps la catastrophe que subit le voisin anglais. S’ajoute l’ascendant pris par les guérillas communistes : un rapport de décembre 1951 note ainsi que « le danger réside moins dans les destructions que les rebelles peuvent nous infliger que dans le fait que toute la population rurale d’Indochine peut se retrouver exposée régulièrement à la propagande marxiste-léniniste ». Max Hymans, en accord avec les principaux dirigeants du FRS, favorables au désengagement colonial, nomme en avril 1952 un nouveau commandant en chef, le général de Hautecloque, qui proclame dès son arrivée « être ici pour consolide l’autonomie des peuples indochinois et leur marche vers l’indépendance, non pour l’empêcher ».
L’autonomie interne est proclamée dans les trois pays, revenant ainsi à un protectorat au sens strict. Alors que les troupes des trois monarchies sont renforcées, l’armée français vise désormais à infliger les pertes les plus lourdes possibles aux guérillas pour arriver en force à la table des négociations.

C’est au cours de cette guerre d’Indochine que l’armée française expérimente pour la première fois sur le terrain la contre guérilla et les opérations commando, non sans un certain succès. En janvier 1953, dans une localité vietnamienne nommée Dien Bien Phu, le chef politique du Viet Minh, Ho-Chi Minh, est éliminé par les parachutistes. Au Laos voisin, le combat prend une tournure littéralement fratricide, le Lao Issara, le Pathet Lao et le gouvernement royal étant dirigés par trois frères, Souvanna Phouma, Phetsarath et Souphanouvong. Le référendum d’autodétermination des trois pays est fixé à avril 1954, l’indépendance complète l’emportant largement sur l’intégration à la Fédération, mais le refus de négocier des guérillas communistes, largement alimentées part la Chine de Mao Zedong, entraîne le maintien de troupes françaises pour encore deux ans.

Au Maghreb, l’annonce de l’autonomie interne des Etats indochinois entraîne une nouvelle vague de contestations. Tandis que des émeutes enflamment Tunis, deux légionnaires trouvent la mort dans le sud du pays face à des combattants indépendantistes. Le bey Mohammed el-Amine tient tête à l’administration coloniale, ce qui fait encore monter les tensions et conduit Paris à céder. Les deux monarchies obtiennent l’autonomie interne, prélude à l’indépendance trois ans plus tard. Le bey de Tunis troque à cette occasion son titre pour celui de roi (malik).

Les hésitations et les déconvenues coloniales ne doivent pas faire oublier d’indéniables succès. C’est ainsi en 1953 qu’explose, dans le désert algérien, la première bombe atomique française, deux mois seulement après la bombe atomique américaine, et un an et demi avant la bombe anglaise. Dans le même temps, l’élection d’Adlai Stevenson aux Etats-Unis permet la relance de la construction d’un système international, et la refondation de la SDN en 1954.
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Message par DemetriosPoliorcète Ven 14 Avr - 20:11

La « Chambre bleu pâle »

La XXe législature de la IIIe République est marquée par une victoire de la droite, due en partie à un retour de la peur du communisme, suite aux événements en Indochine et à l’affirmation de la RPC sur la scène internationale. Peur paradoxale quand on sait que Beria commence à démanteler le système soviétique

Forts d’une alliance électorale, l’Alliance démocratique et les démocrates-chrétiens, dont les organisations fusionneront bientôt pour donner naissance au Mouvement Démocrate Français, arrivent en tête avec 181 députés, suivis par la SFIO avec 153, mais l’alliance entre la Fédération Républicaine et le PSF, qui disposent d’une centaine de députés chacun, permet à la droite de dominer la chambre, dans le cadre d’une alliance avec le centre-droit. Cette chambre sera baptisée par dérision « chambre bleu pâle », en référence à la « chambre bleu horizon » de 1919, par la presse de gauche. Il voit se succéder un ultime gouvernement Reynaud puis un gouvernement Georges Albertini (celui-ci ayant réussi à faire oublier son soutien à Munich) et, dans les derniers mois, un retour de Robert Schumann.

[1941] La IIIe République après 1942 Albertini-Georges

Georges Albertini

La législature sera marquée par une série de lois moralisantes (régulant la bande-dessinée par exemple) et par des débats enflammés sur les subventions aux écoles religieuses. Mais elle mettre également en place des projets qui dureront, comme la définition du premier plan autoroutier : dans la lignée des débats sur le poids de Paris, on décide que deux des trois voies autoroutières seront des « axes transversaux » : Nantes-Orléans-Strasbourg et Bordeaux-Toulouse-Grenoble, une autre voie reliant le nord à Marseille, en passant par Paris.

Cette législature marque également la recomposition à la gauche de la SFIO : l’influence de la Chine, qui s’affirme comme l’héritière légitime de l’orthodoxie stalinienne après les réformes de Beria, donne un nouveau dynamisme au communisme en France. Le Rassemblement Marxiste Unifié, désormais dominé par les maoistes, fusionne avec plusieurs groupuscules pour devenir le Parti Marxiste-Léniniste de France ; le PCF est quant à lui déchiré par les luttes de factions internes. La fin du mandat de Georges Mandel entraîne également l’élection de Paul Baudoin, homme de droite et ancien fidèle de Reynaud.

Mais c’est aussi la question algérienne qui est ranimée : alors que pour les politiciens métropolitains les réformes récentes devaient constituer le statu quo pour longtemps, la majorité des Algériens considère qu’elles n’ont été que le début d’une nécessaire réforme en profondeur de la société algérienne. Un nouveau cycle de violence s’ouvre en 1956 lorsque des commandos d’extrémistes européens s’emparent des principaux bâtiments administratifs de la ville d’Oran et proclament l’ « Etat libre de l’Oranais » invitant les autres métropoles à faire de même. Délogés par la force armée, ils reçoivent néanmoins des marques de soutien d’une partie de la population ; les partisans de Ferhat Abbas comme ceux de Messali Hadj dénoncent quant à eux la trop grande mansuétude de l’administration à l’égard des complices du putsch. Abbas est tué par une bombe quelques mois lus tard, privant les algériens modérés de leur principal porte-parole. Dans le même temps, plusieurs factions indépendantistes choisissent également la lutte armée : le Parti Marxiste-Léniniste Algérien, maoïste, lance plusieurs attaques contre l’administration et les intérêts économiques des colons ; si ses dirigeants sont des doctrinaires, ses militants de terrain, comme le jeune Houari Boumediene, ne se rangent derrière le drapeau marxiste que pour mieux affirmer une identité arabe et musulmane. Début 1957, un autre mouvement, l’Organisation Spéciale, devenu par la suite Armée de Libération Nationale, s’implante en Kabylie sous la direction d’un certain Hocine Aït Ahmed ; les deux mouvements ne tarderont par à s’affronter l’un l’autre en plus d’affronter l’administration coloniale.

La mise en place de mesures d’exception réduisant le pouvoir des assemblées algériennes et la brutalité de la répression sur place, qui semblent montrer que le pouvoir central n’a rien appris de l’expérience indochinoise, choquent une majeure partie de la population. Frappé d’interdiction, le Mouvement National Algérien de Messali Hadj entre dans la clandestinité ; plus urbain que les autres mouvements, il organise grèves et protestations, n’entrant que tardivement dans la lutte armée.

Alors que le gouvernement est contraint d’envoyer des renforts militaires, alors même que l’on vient de se désengager d’Indochine, la situation paraît totalement bloquée.
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 15 Avr - 17:44

Le premier ministère Brossolette


Les élections de 1958 sont marquées par les craintes que suscite la situation algérienne, notamment celle de l’envoi du contingent. Le bloc PSF-FR-MDF étant décrédibilisé, la gauche de gouvernement revient en force, avec des scores à peu près équivalents pour le FRS et la SFIO. La gravité de la situation a également renforcé les oppositions les plus radicales : le PMLF et le PCF gagnent ainsi une trentaine de députés à eux deux, le RPF de De Gaulle, qui a choisi de se différencier du PSF en adoptant une ligne favorable à une réforme de la Fédération et une autonomie plus poussée de l’Algérie, obtient une quarantaine de sièges. Le PON, partisan quant à lui de la manière forte, retrouve la Chambre avec 25 députés.

Si Pierre Brossolette est nommé, après de longues négociations, Président du conseil, sa position est précaire, et ses positions en faveur d’une réforme constitutionnelle font dire à beaucoup qu’il ne tiendra pas un mois. Mais un événement va souder la France derrière lui : le président Paul Baudouin est assassiné le 17 juin 1958 par un étudiant français déclarant agir au nom du Parti Marxiste-Léniniste Algérien (l’enquête montrera en effet qu’il avait conçu le projet avec une cellule locale de l’organisation). Dans le même temps, le « putsch d’Oran » semble se répéter à Alger, les colons les plus extrémistes saisissant l’occasion de la mort du président pour demander l’envoi du contingent, des mesures extraordinaires et la constitution d’un gouvernement autonome confié aux seuls Européens, « seuls à même de négocier avec la rébellion arabe ». La tentative finit écrasée, mais non sans avoir reçu entre temps des marques de sympathie voire un soutien actif de certaines unités de l’armée régulière. Devant ce qui semble une menace pour la République, Brossolette réunit derrière lui l’ensemble des forces politiques et se fait voter des pouvoirs exceptionnels (néanmoins sans droit de modifier la constitution).

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Pierre Brossolette

En signe de concorde nationale, il nomme le radical Jean Moulin gouverneur général d’Algérie, tandis qu’un autre radical, Gaston Monnerville, est élu président de la République (devenant ainsi le premier chef d’Etat noir dans un pays européen) face à Yves Bouthillier. Le chef du gouvernement proclame que « des élections se tiendront dans moins d’un an en Algérie et réuniront toutes les forces politiques favorables à la négociation et au dialogue pacifique », faisant ainsi un appel du pied aux groupes indépendantistes pour déposer les armes. Dès son arrivée à Alger, Jean Moulin fait alléger les mesures répressives et reçoit officiellement les leaders autonomistes et indépendantistes qui sont restés dans la légalité.

Sa participation aux élections étant garantie, le MNA est le premier à déposer les armes et à réintégrer le jeu politique. Contre l’avis d’une partie de ses subordonnés, Aït Ahmed décide à son tour d’accepter des négociations. En mars 1959, les « accords de Tizi Ozou » fixent le nouveau cadre algérien : deux millions d’Algériens obtiennent la citoyenneté « dans le statut » et peuvent désormais voter aux élections nationales, tandis que l’Algérie se voit dotée d’un gouvernement réellement autonome et d’une assemblée unique élue par l’ensemble des habitants sur le principe d’ « un homme une voix ». Un vaste plan d’investissements est également mis en place pour accélérer le développement industriel et l’autonomie économique de l’Algérie.

Secrètement convaincu de la nécessité d’une indépendance sur le long terme, Brossolette sait néanmoins qu’il faut saisir l’occasion de procéder par étapes tant que cela est possible. Les accords de Tizi Ozou prévoient ainsi que le statut  de l’Algérie et les liens qui l’unissent à la France devront être révisés dans les années à venir, laissant ainsi la question en suspend sans fermer la porte à un processus d’indépendance. Les premières élections dans le nouveau cadre voient le MNA arriver en tête, mais suivi de près par les héritiers d’Abbas, plus modérés. Aït Ahmed entre à l’Assemblée à la tête d’un nouveau parti, le Front de Libération Nationale, tandis que les Européens et une partie de la bourgeoisie arabe plébiscitent le Parti de l’Algérie Française. Dans un souci de concorde, le premier Président de l’Algérie est l’écrivain Mouloud Feraoun, qui s’est tenu à l’écart des luttes politiques jusqu’ici. La transformation de l’Algérie entamée en 1946 se poursuit, avec l’apparition d’une classe moyenne importante.

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Hocine Aït Ahmed

Une fois sa stature assurée par le règlement de la crise algérienne, Brossolette peut s’atteler à d’autres chantiers. La Fédération est ainsi rénovée en 1960, accordant aux entités constituantes le statut d’Etats ; à cette occasion, Sénégal, Soudan occidental, Haute-Volta et Togo fusionnent pour créer la Fédération du Mali, dirigée par Lamine Gueye.

A l’international, Brossolette développe les relations de la France avec les grandes puissances non-européennes, rencontrant notamment Mao en 1961, dans le but de faire redescendre les tensions dans la péninsule Indochinoise. Il poursuit également la politique, initiée auparavant par Robert Schumann, de réconciliation avec l’Allemagne, signant la même année le Traité de Wiesbaden avec le chancelier Adenauer ; une partie des troupes françaises se retire d’Allemagne. Brossolette bloque par contre le processus d’intégration européenne entamé par ses prédécesseurs.

Mais son principal projet est bel et bien la réforme constitutionnelle, qu’il veut imposer pour rationnaliser le régime parlementaire français. Malgré l’opposition du président  de la République (qui verrait pourtant ses pouvoirs renforcés par le projet constitutionnel), il parvient à faire adopter la réforme à la fin de son mandat. Le renversement du gouvernement est rendu plus difficile, le président se voit réaffirmer le droit de dissolution (présent depuis 1875 mais tombé en désuétude) et peut désormais proposer un référendum, bien que la principale figure reste le Président du conseil.

Dans le même temps, les recompositions politiques se poursuivent. En marge de l’échiquier politique, le PCF vote la fusion avec le PMLF au sein du Parti Communiste Unifié, qui devient bientôt le Parti Communiste Marxiste-Léniniste ; son aile la plus modérée rejoint la SFIO, qui devient pour sa part le Parti Socialiste. A droite, l’ambitieux François Mitterrand prend le contrôle de la Fédération Républicaine et organise sa fusion avec le PSF, donnant naissance à l’Union pour la France et les Libertés.
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 15 Avr - 20:40

La « Chambre Mitterrand »


Alors que Brossolette s’attend à être reconduit sans difficultés, suite aux succès de son mandat, il a la surprise de trouver face à lui une droite unifiée derrière le jeune Mitterrand, qui a conclu une solide alliance avec le centre-droit. Le FRS se retrouve, de son côté, isolé à gauche pour avoir porté la réforme constitutionnelle. Politicien extrêmement habile, le nouveau Président du conseil parvient à se maintenir à son poste pendant tout la législature.

Son ère est celle de l’entrée progressive de la France dans la société de la consommation et des loisirs. La première chaîne de télévision privée est créée (le Président du conseil y placera ses proches pour préparer l’avenir), le secteur de la radio, où public et privé cohabitaient depuis l’entre-deux-guerres, est libéralisé, permettant l’éclosion de nombreuses radio libres. Le nouveau Président du conseil reprend aussi à son compte le projet de régionalisation porté par le RPF, créant les régions par la loi de réforme territorial de 1965.

Le gouvernement poursuit également la politique de rapprochement avec les voisins, signant plusieurs accords commerciaux avec l’Allemagne et l’Italie, et engageant le processus d’adhésion de l’Allemagne au Pacte de Varsovie, l’alliance militaire européenne. Des projets de marché commun voire de monnaie unique sont évoqués. La mise en place d’une instance de régulation commune du charbon et de l’acier est vivement critiquée, d’autant plus que l’Allemagne est alors en plein redressement économique. Le président du conseil fait également sensation en accueillant à Paris en juillet 1963 le président américain Joseph Patrick Kennedy : ayant presque le même âge, les jeunes dirigeants semblent incarner l’avenir.

[1941] La IIIe République après 1942 1280px-Fran%C3%A7ois_Mitterrand_1968

Face à un pouvoir plus clairement marqué à droite, le Parti Socialiste se renforce et radicalise son discours, dans la perspective de s’emparer du pouvoir. Plus à droite, le PON apparaît vieilli et peu en phase avec l’époque, l’extrême-droite française n’investissant pas les contre-cultures comme son homologue allemande. Arc-bouté sur son refus de toute participation réelle à la vie parlementaire, Darnand est à la fois une figure de proue incontournable et un obstacle pour les jeunes militants désireux de développer leur parti. Le PON ratera ainsi le coche de la défense du petit commerce face au développement de la grande distribution. Désobéissant à son chef de parti, le jeune Jean-Marie Le Pen se rend au rassemblement de l’extrême-droite européenne à Berne et s’affiche aux côtés des responsables allemands, comme Helga Goebbels.
En 1965, Monnerville achève son mandat et laisse la place au radical Michel Debré, qui hésitera moins à utiliser les nouveaux pouvoir qui lui sont donnés par la réforme constitutionnelle.

La XXIIIe législature : la chambre de la crise


Les élections de mai 1966 sont marqués par un recul de l’UFL face d’un côté au Parti Socialiste, de l’autre au RPF, qui refuse la coalition parlementaire. Mitterrand ne parvient à se maintenir à la tête du gouvernement qu’en gouvernant beaucoup plus au centre, allié avec le MDF et les radicaux. Après treize mois de gouvernement, il est renversé suite à une volonté de passer en force un traité de libre-échange avec les Etats-Unis. Après un éphémère gouvernement Lecanuet, c’est le radical Pierre Mendès-France qui dirige le pays, avec le soutien du groupe parlementaire socialiste.

Alors que la Fédération apparaît de plus en plus à la population comme un gouffre financier, celle-ci évolue lentement vers plus d’autonomie pour les différents Etats. La présidence tournante (le président de la Fédération était jusqu’ici le président de la République française) et la création de la fonction de Secrétaire Général, dont le premier titulaire est le Gabonais Charles N’Tchoréré. Les derniers groupes armés actifs en Algérie déposent les armes en 1968 après l’élimination de Houari Boumediene.

C’est désormais la radicalisation politique en métropole qui inquiète : alors qu’à l’extrême-gauche, le PCML semble se rapprocher de la puissance du PCF d’avant-guerre et rassemble derrière lui de nombreux intellectuels, à droite, l’affaiblissement du PON mène à l’apparition de nombreux groupuscules d’extrême-droite désireux de renverser la République. En mai 1968, un groupe d’étudiants tente d’assassiner Pierre Mendès-France.

C’est également cette législature qui voit en 1969 la création d’un ministère de la culture, doté d’un budget conséquent.

De nombreux projets portés par le gouvernement doivent néanmoins être abandonnés suite à la grande crise économique qui frappe le monde la même année : le prix des carburants explose, faisant bondir à sa suite les chiffres du chômage et chuter le PIB. Mendès-France réagit par une politique de relance qui s’avère insuffisante. Dans les derniers mois, François Mitterrand est rappelé à Matignon et mène une politique de rigueur.

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Message par ezaski Sam 15 Avr - 22:50

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Message par DemetriosPoliorcète Dim 16 Avr - 14:32

Le second ministère Brossolette

La Chambre de 1970 est symptomatique d’une France en crise économique et politique. Si les socialistes sont le premier parti de France avec plus de 200 députés, le PCML marque le retour en force de l’extrême-gauche, avec 38 députés membres ou compagnons de route. Le retrait de Darnand, pour raison de santé, deux ans auparavant, a permis un renouveau de l’extrême droite qui entre avec 28 députés étiquetés PON. Le RPF obtient quant à lui plus d’une cinquantaine de sièges, ultime succès pour Charles de Gaulle, qui décèdera quelques mois plus tard. Parmi les centres, le FRS se distingue avec 133 députés, ce qui en fait le premier des centres et amène Brossolette à Matignon.

Marqué par l’activisme de la diplomatie français à l’étranger (la France joue les premiers rôles dans le processus de paix au Moyen-Orient, renoue avec l’Inde, renforce la coopération avec les anciens protectorats indochinois…) et des investissements dans la recherche et le développement, sa politique économique est jugée trop peu radicale par la gauche, tandis que la droite dénonce la dévaluation du Franc et les dépenses jugées excessives. Lâché par les socialistes, le ministère doit démissionner en septembre 1972, inaugurant une ère d’instabilité.

Conscient du blocage, le président Debré dissout la Chambre, entraînant de nouvelles élections.

XXVe législature et « retour à la normale »

Les élections d’octobre 1971 voient un recul des socialistes : considérés comme à l’origine de l’instabilité et minés par un scandale de corruption qui touche la mairie socialiste de Marseille. Son recul profite aux centres, FRS mais aussi Parti radical et MDF. La droite de Mitterrand améliore son score, mais pas suffisamment pour revenir aux affaires.

Mendès-France est rappelé pour la dernière fois aux affaires, et constitue un gouvernement de conjonction des centres qui apparaît comme un retour à la stabilité, alors que la situation économique s’améliore, sans pour autant supprimer les effets de la crise.

[1941] La IIIe République après 1942 1024px-Pierre_Mend%C3%A8s_France_1968

Pierre Mendès-France

Cette législature voit le retour de la question algérienne, ravivée par la crise économique et par l’arrivée au pouvoir à Alger d’un gouvernement indépendantiste dirigé par Aït Ahmed. Comme prévu par les accords de Tizi Ozou, de nouvelles négociations réunissant tous les acteurs se tiennent à Constantine. Alors que l’opinion des deux côtés de la Méditerranée est préparée à l’idée d’une autonomie accrue voire de l’indépendance, on s’accorde sur la tenue d’un référendum en avril 1972 pour déterminer si l’Algérie doit devenir une entité souveraine fédérée à la France. Opposé personnellement à cette idée, Michel Debré propose un référendum préalable à l’échelle de la France entière, sur la question « souhaitez vous que les habitants de l’Algérie puissent décider par référendum de la proclamation de la souveraineté de la région ? ». Le « oui » l’emporte avec une majorité relativement confortable, ce qui amène à la démission du président quelques mois avant la fin de son mandat. Il est remplacé par le démocrate-chrétien Pierre Pfilmlin.

L’Algérie devient le 1er janvier 1973 la République Fédérée Algérienne, dont le statut est intermédiaire entre l’ancienne région autonome et le les pays membres de la Fédération. Ladite Fédération voit également son organisation contestée : alors que Madagascar et la Guinée menacent de faire sécession, une assemblée exceptionnelle, élue et non déléguée, est réunie à Marseille et transforme l’organisation en Organisation de Coopération de la Méditerranée et de l’Afrique, le plus souvent appelée Organisation de Marseille. Les Etats membres deviennent de facto tous des Etats indépendants. La Polynésie, Wallis et Futuna et les Comores demeurent des territoires français d’Outre-Mer sans rejoindre la nouvelle organisation (les Comores optent pour ce statut cinq ans plus tard). C’est la fin de la décolonisation française.

En août 1974, Mendès-France créé la surprise en démissionnant, et est remplacé par le centriste Alain Poher. Alors que la vie politique française semble retournée à la monotonie des coalitions parlementaires, l’Europe découvre avec stupeur la crise politique allemande et le début de la guerre civile. Le gouvernement français choisit dans un premier temps l’attentisme et la condamnation du coup de force de la gauche allemande, appelant à de nouvelles élections (en dépit de la Schadenfreude silencieuse d’une partie de la classe politique). Mais, très vite, il s’oriente vers le soutien au gouvernement autonome de centre-gauche de Rhénanie.

La peur de la contagion conduit le gouvernement à prendre un ensemble de mesures répressives contre les maoïstes et les groupes d’extrême-droite. Néanmoins, malgré des tentatives d’insurrection ou de grève générale de part et d’autre, le pays demeure relativement calme.
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Message par Amon luxinferis Dim 16 Avr - 17:36

engageant le processus d’adhésion de l’Allemagne au Pacte de Varsovie d'accord je ne m'y attendez pas

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Message par DemetriosPoliorcète Dim 16 Avr - 20:31

Amon luxinferis a écrit:engageant le processus d’adhésion de l’Allemagne au Pacte de Varsovie d'accord je ne m'y attendez pas

Haha oui, dans cette TL, le Pacte de Varsovie est l'alliance dirigée contre l'URSS.
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 17 Avr - 10:39

La « Chambre rouge pâle »

Les élections d’octobre 1975 se tiennent dans un contexte international particulièrement tendu, entre début de la guerre civile allemande, agressivité de la Chine communiste devenue puissance nucléaire et tensions entre celle-ci et l’Eurasie, affrontements entre l’Inde et l’Iran, incertitudes quant à l’avenir du Japon, présidence de Barry Goldwater aux Etats-Unis. La campagne électorale se transforme en affrontement entre deux figures qui cherchent à apparaître comme rassembleurs de leurs camps et garant de la stabilité politique : Jacques Chirac, qui a imposé au Parti Socialiste une ligne modérée pour s’affirmer comme gauche de gouvernement, et François Mitterrand, toujours à la tête de l’UFL.

Le scrutin confirme le net recul des extrêmes, devenus des repoussoirs après les événements allemands, mais aussi des centres, au profit des grandes formations de gauche et de droite. Alors que le PS et l’UFL obtiennent des scores à peu près équivalents, l’alliance entre le premier, le FRS et les Radicaux permet la mise en place d’un ministère Chirac, ancré au centre-gauche ; on appellera en conséquence cette législature la « Chambre rouge pâle ». Si aucune réforme sociale d’envergure n’est mise en place, on pourra créditer cette législature de la réforme scolaire de 1976 : le double système scolaire est supprimé, remplacé par une école élémentaire unique jusqu’à 14 ans, après quoi les écoliers peuvent s’orienter vers des « Collèges Scientifiques et littéraires » ou des « Collèges Scientifiques et Techniques ».



La politique trop modérée du Président du conseil déçoit l’aile gauche du PS, qui scissionne en 1978 pour former la Gauche Socialiste et Populaire. La FRS, désormais dirigée par le jeune Jean-Pierre Chevènement, adopte paradoxalement des positions plus radicales que le PS, prônant la nationalisation de certains secteurs stratégiques.

Au cours de cette législature se pose également la question de l’arrivée massive des réfugiés allemands, qui commence fin 1975, alors que la situation dans le pays semble totalement bloquée. Pays immédiatement voisin de l’Allemagne, la France est le pays qui accueille le plus de réfugiés, malgré la germanophobie encore profondément ancrée dans la population. La volonté de répartir les réfugiés entre les différentes régions, y compris la République Fédérée d’Algérie, ce qui passe très mal auprès des radicaux du FLN, qui parlent de « colonisation sous drapeau humanitaire ». L’installation des réfugiés allemands sera un accélérateur de l’indépendance.

Sous Chirac, la France occupe Kehl, Sarrebruck et plusieurs autres localités frontalières pour assurer la sécurité du territoire national, provoquant un tollé à l’international, mais ne cherche à s’impliquer davantage directement, se contentant de soutenir les factions « républicaines » et les conservateurs bavarois, vus comme les garants de la stabilité. L’effondrement du gouvernement autonome rhénan en 1979 ruine cette stratégie.

En mai 1979, un groupe de combattants français revenus d’Allemagne tente d’importer le conflit sur le territoire français en fondant l’Armée Populaire de Libération Française, qui fait exploser une bombe dans une librairie du Quartier Latin réputée à droite le mois suivant, tuant plusieurs militants du RPF. Les observateurs font immédiatement le lien avec les déclarations des maoistes allemands qui ont déclaré quelques mois plus tôt que « l’idée d’une Allemagne socialiste existant seule au milieu de l’Europe était irréaliste et dangereusement dogmatique ; la Révolution allemande ne peut survivre qu’en devenant une révolution européenne ». L’extrême-droite engendre à son tour un groupe armé nommé l’Armée de Défense de l’Occident, qui reste bien moins organisée que les maoïstes.

La même année, le Président Pfilmlin laisse la place au socialiste Pierre Mauroy.

La XXVIIe législature et les conséquences de la crise allemande

Avec la vague d’attentats maoïstes et la crise des réfugiés, la droite s’érige en rempart contre l’instabilité et parvient à remporter les élections de 1979 ; avec 235 députés pour l’UFS et ses affiliés et une centaine pour le MDF, les deux partis peuvent gouverner seuls et amènent au pouvoir une nouvelle fois François Mitterrand, qui forme le ministère le plus à droite depuis la Chambre bleu horizon de 1919. Le PCML disparaît de l’hémicycle, bien que certains de ses élus aient conservé leurs sièges en abandonnant l’étiquette maoïste et en recréant l’ancien PCF, se revendiquant de la tradition marxiste française du XIXe siècle.

Le nouveau Ministère entre en fonction sous de bons auspices, avec le succès du programme spatial franco-britannique Brocéliande, lancé une décennie plus tôt pour rattraper les Eurasiens et les Américains dans la course à l’espace. Il est néanmoins très vite rattrapé par la réalité bien terrestre de la guerre civile qui se déroule à ses portes. Mitterrand applique une politique plus agressive que Chirac, en occupant dès décembre 1979 l’ensemble du Palatinat, avec l’aval de son gouvernement. Mais c’est en janvier 1981, devant la dégradation de la situation et suite à des tirs de roquettes sur la frontière française, qu’il lance l’opération « Nibelung » qui consiste en l’occupation de l’ensemble du Bade et du Würtenberg et du sud de la Rhénanie, en y établissant des pouvoirs locaux modérés assurant à la France un large cordon de sécurité.

Malgré d’indéniables succès militaires, l’opération tourne rapidement au fiasco : lâchés par tous ses soutiens locaux qui ne veulent pas apparaître comme des marionnettes, le gouvernement français doit faire face à une résistance armée beaucoup plus intense que prévu. Même les maoïstes allemands appellent à la résistance nationale face à « l’impérialisme français qui souhaite exporter sa logique coloniale en Allemagne ». Après huit mois d’occupation et des pertes beaucoup plus lourdes que prévu, le ministère Mitterrand tombe. A l’instigation de la motion de censure, le RPF, qui a rallié une large partie de la droite, arrive pour la première fois de son histoire au pouvoir, en la personne de Marie-France Garaud, première femme à diriger un gouvernement en France, dans le cadre d’une grande coalition comprenant le FRS.

Les troupes françaises sont évacuées d’Allemagne, à l’exception du Palatinat, de la Sarre et d’une fine bande sur la rive droite du Rhin, dans le Land de Bade. Le retrait n’empêche pas l’APLF d’assassiner le président Mauroy en mars 1982. Le président du Sénat, Jean-Jacques Servan-Schreiber, est confirmé à la présidence de la République par le collège électoral.

A gauche, suite à la défaite et à la disparition des maoïstes de l’équation, de nombreuses jeunes voix se font entendre pour un programme plus radical et une union des forces de gauche nécessaire à son application. En juin 1983, des « orientations communes » sont signées par le PCF, le PS et le FRS. Les radicaux s’y rallient l’année suivante, au prix du départ de leur aile droite qui fonde l’Union des Républicains du Centre.

C’est en 1983 que le long processus d’évolution de l’Algérie vers l’indépendance prend fin, avec la signature des accords de Paris qui transforment la République Fédérée en République Fédérale. Le nouvel Etat, membre de l’Organisation de Marseille, comprend le Sahara et récupère la moitié des parts détenues par l’Etat français dans la Société Franco-Algérienne du Pétrole et du Gaz. La forme fédérale de l’Etat garantit une certaine autonomie aux Pieds-Noirs, nombreux dans l’Oranais et l’Algérois, en même temps qu’elle reconnaît enfin la spécificité culturelle des Imazighen, qui obtiennent une région autonome de Grande Kabylie ; la constitution proclame officiellement le trilinguisme. La première présidente de l’Algérie est Djanina Messali-Benkelfat, fille de Messali Hadj.
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Message par DemetriosPoliorcète Mer 19 Avr - 14:37

Le ministère Chevènement

Forte de son alliance électorale et de la perte de crédibilité de la droite, l’union des gauches remporte les élections pour la XXVIIIeme législature en octobre 1983. En son sein, le FRS marque son retour, avec plus de 150 députés, le PS et les Radicaux en totalisant à eux deux plus de 200. Le PCF soutient sans participation avec une vingtaine d’élus.

C’est le jeune Jean-Pierre Chevènement, né en 1939, qui prend les rennes du gouvernement. Alliant radicalité à revendication d’une expertise technique, ce ministère sera le plus à gauche depuis 1936, et cherchera à mettre fin aux effets de la crise de 1969 par une politique de relance. Si cette politique n’aura pas toujours les résultats escomptés et apparaîtra au reste du monde comme particulièrement anachronique (la révolution conservatrice a commencé dès 1972 aux Etats-Unis avec l’élection de Barry Goldwater), elle marquera durablement la France. Plusieurs grandes banques sont nationalisées, de même que plusieurs entreprises jugées stratégiques ; le Franc est dévalué. Dans le même temps, les salariés obtiennent en 1985 la cinquième semaine de congés payés ; le Code du travail est créé.

Mais c’est surtout l’aménagement du territoire qui marque les esprits : une loi de 1984 entraîne l’absorption par Paris de toute la petite couronne en une municipalité unique ; de « nouvelles centralités » sont développées dans les anciennes communes annexées. Le Musée des cultures de l’Afrique et de la Méditerranée est créé à Sèvres, le nouveau Ministère des finances s’implante à Saint-Denis.

[1941] La IIIe République après 1942 Jean-Pierre_chevenement_et_g%C3%A9n%C3%A9ral_jb_pinatel_%C3%A0_Valmy_septembre_1989_%28cropped%29

Jean-Pierre Chevènement


Sur le plan international, la gauche au pouvoir reprend les grandes lignes de la politique étrangère des gouvernements précédents, en cherchant à maintenir des liens forts avec l’ancien Empire colonial, tout en ajoutant à ceux-ci une dimension de coopération culturelle plus forte. Les projets de création d’un Institut du Monde Arabe et d’un Institut des Mondes Indochinois, qui se concrétiseront sous les ministères suivant, s’inscrivent dans cette logique. Cette action est néanmoins ternie par la nécessité d’engager l’armée française à Madagascar, pour lutter contre la guérilla maoïste qui s’y est mise en place, ainsi qu’au Congo-Brazzaville. Une interventione st également décidée dans l’ancien Congo belge, ravagé par la guerre civile. En Europe, la France s’implique dans les accords de Copenhague qui mettent fin à la guerre civile allemande en 1986.
A l’intérieur, la lutte contre les mouvements terroristes, en particulier l’APLF, est poursuivie avec énergie et largement mise en scène pour rassurer les électeurs de droite.

Particulièrement énergique, le Ministère s’essouffle pourtant après trois ans de réforme, pris en étau entre les plus radicaux des députés socialistes qui veulent aller plus loin que le programme du gouvernement et sortir de l’économie de marché, accusant Chevènement de défendre les intérêts des grands groupes industriels français, et l’opposition qui critique le creusement de la dette et les dépenses jugées irréalistes.

En 1986, le Président du Conseil déclare que « l’essentiel des promesses a été réalisé » et qu’il faut désormais « consolider et normaliser ce qui est acquis », mettant un terme aux réformes. La dernière année de gouvernement PS-FRS passe donc pour plus calme, bien que le gouvernement compte toujours des ennemis irréductibles à droite et des critiques amers à gauche.


La XXIXème législature : l’éternel retour de la conjonction des centres


Bien que Jean-Pierre Chevènement conserve une popularité enviable à la fin de son mandat, l’idée de réformes « achevées » par son gouvernement fait retomber les passions politiques dans le pays et conduit à un certain retour des centres (Radicaux, URC et MDF) et à la première tentative, en France, de création d’une « grande coalition » rassemblant gauche et droite. Le FRS, d’abord sceptique, se rallie à l’idée dans le but de consolider les acquis de la législature précédente. Les élections voient aussi la première percée électorale de l’écologie politique, à travers le Parti Ecologiste, qui obtient une dizaine de sièges et donne son soutien sans participation au gouvernement. Le PCF améliore son score avec une trentaine d’élus, et se positionne comme la force majeure à gauche du PS.

C’est le radical Maurice Faure qui prend la présidence du conseil des ministres, avant que la rupture de l’alliance avec la gauche ne pousse à une recomposition parlementaire et à la formation d’un gouvernement plus marqué à droite autour de Valéry Giscard d’Estaing.

Le contexte mondial se caractérise par une baisse de tensions généralisées, avec la politique d’apaisement voulue par Mao Anying en Chine, le début de la reconstruction en Allemagne, les accords définitifs entre la Corée indépendante du président Kim Jong-Il et le gouvernement japonais.

La reconstruction allemande a comme conséquence directe le départ de la majeure partie des deux millions et demie de réfugiés présent sur le sol français ; des milliers d’entre eux choisiront néanmoins de rester, ayant fondé une famille ou commencé une carrière sur place.

Le nouveau ministère choisit un retour à la rigueur budgétaire, mécontentant un temps la gauche. Mais l’embellie économique mondiale au cours de la décennie 1990 permet de garder un climat social particulièrement calme.

La dernière réforme d’ampleur de ce ministère est la modification de la loi électorale, qui intègre désormais une dose de proportionnelle, dans le but d’empêcher la domination d’une force unique et de maintenir la « conjonction des centres » au cœur de la vie politique. Le projet est néanmoins torpillé par la président de la République, Jacques Chirac, qui pose la question à la population par référendum, au milieu d’autres mesures. La nouvelle loi, rejetée, est finalement transformée avec la mise en place d’une prime au vainqueur dans le cadre du système proportionnel, qui permet d’éviter le morcellement parlementaire tout en autorisant un vaste spectre de partis représentés.
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Message par Thomas Mer 19 Avr - 21:25

Question importante : qu'en est-il du minitel dans cette TL?

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Message par ezaski Mer 19 Avr - 22:11

Y'aura pas de Giscardpunk Sad


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Message par DemetriosPoliorcète Jeu 20 Avr - 8:20

Thomas a écrit:Question importante : qu'en est-il du minitel dans cette TL?

Question importante en effet, à laquelle je n'ai pas de réponse précise.
Mes connaissances sur l'histoire de l'informatique en France ne me permettent pas réellement d'imaginer des divergences, à part l'idée générale que la technologie évolue ici moins vite qu'OTL vu qu'il n'y a pas eu les investissements de la guerre mondiale et de la guerre froide.

Les idées sont les bienvenues.
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Message par Rayan du Griffoul Jeu 20 Avr - 19:40

Et sinon quelle gouvernement aurait voter l'abolition de la peine de mort et l'autorisation de l'IVG ?

Et à propos de l'Afrique j'aurai imaginé une République Fédérale d'Afrique Centrale englobant l'AEF et le Cameroun. Et une fédération du Mali englobant l'AOF et le Togo
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Message par DemetriosPoliorcète Jeu 20 Avr - 21:05

Rayan du Griffoul a écrit:Et sinon quelle gouvernement aurait voter l'abolition de la peine de mort et l'autorisation de l'IVG ?

Et à propos de l'Afrique j'aurai imaginé une République Fédérale d'Afrique Centrale englobant l'AEF et le Cameroun. Et une fédération du Mali englobant l'AOF et le Togo  

Pour l'IVG, sans doute sous Chirac après 75.

Mais pour la peine de mort, pas sûr que dans un contexte de maintien de la guerre au coeur de l'Europe l'idée ne s'impose.
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 23 Avr - 10:59

Pour ce qui est du Mali (je me rends compte que je n'avais pas répondu là-dessus), Houphouët-Boigny est vivant dans cette TL et s'oppose donc à ce que la Côte d'Ivoire rejoigne la fédération, qui se limite donc au Sénégal, au Togo, au Soudan Occidental et au Dahomey.
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 23 Avr - 11:04

La XXXe législature : croissance économique et stabilité politique

La transformation de la loi électorale, si elle permet une représentation plus importante des extrêmes (toujours représentés par le PCF, à la tête de la coalition de la « Gauche du changement », et par le PON), n’empêche pas Valéry Giscard d’Estaing et le MDF de rester au pouvoir, en coalition avec les Radicaux.

L’impensable se produit néanmoins à peine trois mois après l’investiture : le Président du conseil, alors qu’il passe des vacances avec John Kennedy, frère des anciens présidents Joe et Edward Kennedy, sur la Côte d’Azur, disparaît dans un accident en compagnie de JFK et de leurs trois passagères. Il est remplacé par le jeune leader du Parti Radical, Yamine El-Hajj [1], premier Président du conseil d’origine algérienne.

La législature se distingue, en excluant la mort brutale de son premier chef de gouvernement, par une vie politique assez paisible. La peine de mort est abolie en 1993 par un vote des deux chambres. La loi de régionalisation voulue par la Chambre des députés est contrecarrée par un référendum proposé par le président et rejeté par les Français. Les communes obtiennent néanmoins une extension de leurs compétences en matière d’aménagement du territoire.

A l’international, le traité de Minsk de 1994 créé l’Organisation du Traité de Sécurité Européen, réunissant les Etats de l’Atlantique à l’Oural, et confirmant la réduction générale des tensions sur le continent, et réduisant de fait le rôle du Pacte de Varsovie.
Du point de vue culturel, les années 1990 sont marquées par le succès des cultures japonaise et coréenne en France, consécutive à la démocratisation et à l’ouverture du Pays du Soleil levant, et à l’indépendance de la Corée.

[1] Personnage fictif. Les personnages nés avant le PdD commencent à se retirer des affaires à ce stade.

Le retour de la gauche

Les élections de 1995 marquent le retour au pouvoir de la gauche, représentée principalement par l’alliance PS/FRS, pour la première fois associée aux écologistes, qui obtient la majorité absolue, après avoir fait campagne sur un programme beaucoup plus centriste. Que lors des élections précédentes. Le PON de Jean-Marie Le Pen stagne, plombé par la stratégie de la provocation de son chef.

Le nouveau ministère, dirigé par le modéré Michel Rocard, prend les rennes du pays dans un contexte international plus tendu qu’au début de la décennie. Alors que le régime d’Abimael Guzman s’installe au Pérou et provoque la pire crise des réfugiés depuis la guerre civile allemande, tandis que le reste de l’Amérique latine est secoué de violentes tensions. Dans le même temps, la crise asiatique de 1998 perturbe l’économie mondiale.

La gauche au pouvoir revoit ses ambitions à la baisse en termes de réduction du temps de travail, la semaine passant néanmoins de 39 à 37 heures. La réforme la plus importante sera sans doute la loi de « démocratisation de l’entreprise », paradoxalement portée par les députés RPF, qui impose la cogestion paritaire dans les grandes entreprises. Par ailleurs, Michel Rocard signe avec les Etats-Unis un traité de libre-échange, idée qui était restée longtemps un repoussoir à gauche comme à droite, et qui lui vaut l’hostilité du FRS. Le gouvernement est renversé quelques mois avant les élections suivantes, donnant lieu à un éphémère second ministère Chevènement.
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Message par Rayan du Griffoul Lun 24 Avr - 20:48

Voila l'idée que je me fais du paysage radiophonique dans cette TL

Radio Publiques
Radio Paris devenu une radio nationale
Un équivalent à France Culture et France Musique
Un équivalent à FIP à l'échelle nationale
France Info
Quant aux radios publiques en Province comme Bordeaux-Lafayette Toulouse-Pyrénées etc vu le tournant décentralisateur de cette France il est possible qu'elle conserve leur autonomie.

Radios Privés
Dans cette univers effectivement Radio Luxembourg voit quand même le jour mais pas sur qu'elle devienne la RTL que l'on connait
Je vois en revanche l'un des postes privés de la capitale comme Radio Cité ou le Poste Parisien devenir l'équivalent d'Europe 1
Ensuite pas d'occupation signifie pas de Radio Monte Carlo ni de Radio Andorre.
En revanche le role de Radio du Soleil peut être jouer par Radio Nice Côte d'Azur.
Tandis que Radio Toulouse (la plus grosse radio privée de Province) pourra évoluer en Sud Radio en rachetant ses concurrentes d'Agen ou de Montpellier.

http://100ansderadio.free.fr/HistoiredelaRadio/RadiosPrivees.html
http://100ansderadio.free.fr/HistoiredelaRadio/RadiosdEtat.html
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Message par LFC/Emile Ollivier Lun 24 Avr - 21:18

"Du point de vue culturel, les années 1990 sont marquées par le succès des cultures japonaise et coréenne en France, consécutive à la démocratisation et à l’ouverture du Pays du Soleil levant, et à l’indépendance de la Corée."

Kim Jong-Il aurait-il modéré le "Juche" ici ?
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Message par DemetriosPoliorcète Ven 28 Avr - 14:05

Merci pour ces idées Rayan!

Pour ce qui est de la Corée, Kim Jong-Il a ici grandi en exil et s'est affirmé comme chef de l'opposition en renonçant au communisme. Il devient un dirigeant démocratiquement élu.
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Message par LFC/Emile Ollivier Ven 28 Avr - 14:45

Ok. Et toujours avec le même sourire 😏
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 29 Avr - 21:38

La «Chambre du millénaire »

Les élections de 1999 voient le retour d’une conjonction des centres penchant vers la droite, la gauche étant cette fois partie divisée entre partisans de Chevènement, de Rocard et de la « Gauche du changement », devenu « Front du changement » et intégrant les écologistes. Le président du MDF, Louis de Keroët [1] devient Président du conseil. Pour l’anecdote, son gouvernement comprend comme secrétaire d’Etat l’héritier de la maison impériale, Charles Bonaparte.
La création des lycées professionnels, projet du gouvernement précédent, est menée à bien. De Keroët lance également le programme de modernisation du parc nucléaire français, quelques mois avant que la pire catastrophe nucléaire de l’histoire [2] ne mette ce sujet au cœur du débat public. Mesure particulièrement impopulaire, la concession des autoroutes à des sociétés privées passe de justesse à la Chambre.

A l’international, le nouveau ministère se rapproche du Reich allemand devenu confédéral, signant un traité d’amitié à Francfort en juin 2000. Les projets pour tenter d’intégrer France et Allemagne à un marché commun, voire de construire une monnaie commune, se heurtent pourtant à l’hostilité de la population et de la présidente de la République, Marie-France Garaud. Le bilan de l’action française dans le monde est gravement terni par une bavure de l’aviation française et de son alliée malienne en Côte d’Ivoire : intervenant dans le cadre de l’OCAM dans la guerre civile qui ravage le pays, celles-ci bombardent au napalm une zone civile dans le but de tuer un seul chef de la rébellion. Plusieurs centaines de civils trovent la mort, conduisant au retrait du corps expéditionnaire, à la chute du gouvernement ivoirien et à la sortie de la Côte d’Ivoire de l’organisation. En 2002, la France cède par ailleurs officiellement sa souveraineté sur Pondichéry à l’Inde.

[1] Personnage fictif

[2] A Portland, Oregon. Après plusieurs années d’enquête, il apparaît clairement que le principal responsable est le propriétaire de la centrale, un certain C. M. Burns, qui avait sévèrement rogné sur les coûts en matière de sécurité et d’équipement et aurait confié des postes importants à du personnel incompétent.

XXXIIIe législature et crise de régime

Alors que la catastrophe de Portland et l’essor mondial du mouvement altermondialiste profitent aux écologistes et au Front du Changement, le recul du PS et du FRS conduit la gauche dans son ensemble à rester dans l’opposition. Avec de bons scores, dus en partie à une certaine montée de l’insécurité, l’UFL devient le premier parti à la Chambre et amène son président, Bachir Gemayel [1], à Matignon.

Alors que la vie parlementaire semble suivre un cours apaisé, un scandale ébranle l’ensemble du régime en mars 2005 : une enquête révèle l’ampleur de la corruption qui s’est installée dans l’hémicycle au cours des huit dernières années, et qui a joué un grand rôle notamment dans la privatisation des autoroutes. Des personnalités sont touchées par ce scandale du PS jusqu’au RPF.

Face à la mobilisation, le Président de la République, Bernard Kouchner, est contraint de dissoudre la Chambre. Des élections sont organisées dans la foulée, contre l’avis de plusieurs leaders de la contestation qui souhaitaient une phase de campagne plus longue pour laisser de nouvelles forces émerger. Le paysage politique n’en est pas moins chamboulé profondément.

[1] Ici, les membres du clan Gemayel ont fui le Liben au début des années 1950, lorsque le pays a été rattaché à la Syrie par Antoun Saadé.
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Message par Thomas Sam 29 Avr - 23:27

Alors que la vie parlementaire semble suivre un cours apaisé, un scandale ébranle l’ensemble du régime en mars 2005 : une enquête révèle l’ampleur de la corruption qui s’est installée dans l’hémicycle au cours des huit dernières années, et qui a joué un grand rôle notamment dans la privatisation des autoroutes. Des personnalités sont touchées par ce scandale du PS jusqu’au RPF.
Curieux de voir les conséquences : Réforme politique ? Renationalisation des autoroutes ? Que va donner l'enquête ?

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