1923 : Hitler réussit son putsch [récit achevé]

ezaski a écrit:C'est une trêve "trêve" dans le texte ? Ou un second armistice à défaut d'être une reddition en bonne et due forme ?

Oui, plutôt un armistice, on sait que les troupes nationalistes ne peuvent pas se relever.

Excellent!

Peut on avoir une carte des Allemagnes ?

Collectionneur a écrit:Peut on avoir une carte des Allemagnes ?

Euh...un jour peut-être

Chapitre 16 : les longs couteaux

Les jours qui suivent la déposition d’Adolf Hitler et la trêve avec les alliés sont marqués par la désorganisation totale des forces armées et de l’Etat nationalistes. Alors que la Pologne occupe les zones litigieuses sans que littéralement personne ne s’y oppose, la Wehrmacht se dissout progressivement, les soldats quittant au grand jour leurs unités, emportant parfois avec eux armes et matériel. A Berlin, Ludendorff, qui méprise ouvertement son chancelier, peaufine un nouveau gouvernement qui ne comprend aucun nazi. Himmler affiche pourtant une confiance en lui à toute épreuve, persuadé qu’il peut négocier sur un pied d’égalité avec les dirigeants alliés.

Cela ne dure pas longtemps : le premier décembre, d’anciens SA envahissent les bâtiments officiels, dont la chancellerie, abattant le gouvernement Himmler qui n’a rien vu venir. Le chancelier ne sauve sa vie que grâce à l’un de ses « Chevaliers du Svastika » qui lui permet de s’enfuir à moto ; Ludendorff n’a pas cette chance mais finit poignardé, comme d’autres dignitaires, ce qui vaudra à cet événement le nom de « nuit des longs couteaux ».
Röhm, instigateur de cet ultime putsch, espère un instant le retour de Hitler. Puis, s’apercevant que ce dernier ne tentera pas de le rejoindre, proclame le « Reich Social Allemand », dont il est le Reichsführer. Le nouveau régime se veut proprement révolutionnaire, déclarant la fin de la propriété privée et s’attaquant à la bourgeoisie et l’aristocratie.

Sur le front, très peu d’unités prennent au sérieux le nouveau régime, les appels de Röhm à se ternir prêt à une résistance jusqu’à la mort sont traitées avec ironie sinon avec mépris, tandis que la dislocation de la Wehrmacht s’accélère. La « révolution » nazie ne se fait réellement sentir qu’à Berlin, ou les derniers fidèles de Röhm l’ont rejoint : outre la violence et les crimes contre les anciennes classes dirigeantes et les membres du clergé, le Berliner Dom est pillé puis livré aux flammes, de même que l’université Humboldt ; les témoins décrivent la période comme une plongée dans la folie.

En Bavière, le Bayernbund passe à l’action contre les représentants du pouvoir nazi. Si l’organisation s’avère une petite minorité agissante, elle prend de l’ampleur avec l’arrivée de nombreux soldats bavarois de retour du front, honteux d’avoir servi le gouvernement révolutionnaire de Hitler et Himmler. Rudolf Hess est abattu en tentant de s’enfuir, et Munich entièrement sous contrôle des monarchistes Bavarois qui proclament un « conseil de régence », sans déterminer les liens qui devront unir le nouvel Etat au reste de l’Allemagne.

La folie berlinoise reste, cependant, limitée dans le temps : alors que les survivants de la nuit des longs couteaux forment leur propre gouvernement à Dresde, et entre en contact avec les conservateurs en exil puis avec le gouvernement républicain, ce dernier se prépare à marcher sur Berlin. Le 9 décembre, un accord est signé entre toutes les forces politiques hostiles au nazisme, et les troupes républicaines pénètrent dans la zone nationaliste, puis encerclent complètement Berlin. Avec l’aide des cellules communistes dormantes à l’intérieur de la ville, celle-ci est reprise le 12 ; Röhm est tué, les armes à la main, dans l’enceinte du Reichstag. Cette fois, la guerre est réellement terminée.

L'épilogue devrait arriver aujourd'hui.

Epilogue :

La paix était revenue en Allemagne, mais pas encore la stabilité politique : alors que la Rhénanie et le Palatinat conservaient une autonomie importante, la Bavière votait avec une confortable majorité pour le rétablissement de la monarchie Wittelsbach. L’unité allemande exigeait désormais une forme d’Etat confédéral, concrétisé par la constitution de 1927. La coalition de Weimar dominait toujours la politique au niveau de l’Union, jusqu’à la crise de 1929, qui vint encore rebattre les cartes.

Thälmann et la plupart des chefs militaires du KPD n’avaient pas accepté le jeu pervers de Staline, et allaient diriger le parti vers une opposition de plus en plus franche au stalinisme, concrétisé avec l’accueil triomphal accordé à Trotsky, quelques années plus tard. Walter Ulbricht allait prendre la direction d’un parti stalinien réduit, ironiquement appelé Parti Communiste Indépendant (UKPD).

Au cours de la décennie 1940, le pouvoir central allemand allait réussir à se renforcer, sous la chancellerie de Joseph Goebbels, évoluant de plus en plus vers le centre, qui allait mettre en place un interventionnisme économique inspiré du New Deal rooseveltien.

La guerre civile allemande avait accéléré l’abandon de la stratégie « classe contre classe » pour celle des fronts populaires. En 1928, le Front Populaire français allait parvenir au pouvoir et mener à bien un ensemble d’importantes réformes, dont les congés payés et un embryon de sécurité sociale universelle. La corruption et les dysfonctionnement du pouvoir politique de la IIIe République provoquaient néanmoins un rejet de plus en plus important. En 1934, les manifestations qui suivirent l’affaire Stavisky conduisirent à l’envahissement de la Chambre par les ligues d’anciens combattants, faisant craindre une guerre civile. L’appel du Maréchal Pétain au calme et à la concorde fit de lui une figure de sauveur pour la droite comme pour le centre, qui voyait en lui un général républicain. Le vote de pouvoirs exceptionnels au Maréchal allait faire basculer le pays dans une période d’autoritarisme à peine voilé, où Philippe Pétain possédait de fait tous les leviers du pouvoir, sans pour autant jamais officiellement abolir les institutions parlementaires ni parvenir à museler totalement l’opposition. Ses partisans parlèrent des « treize années du Maréchal, l’opposition républicaine de « décennie perdue ». Il faudrait attendre la mort de Philippe Pétain en 1947 pour voir la gauche reprendre la main, et édifier une IVe République dont la grande figure serait Pierre Brossolette.

Le nouveau pouvoir en France laissa les mains libres à Mussolini pour mener à bien la radicalisation de son régime et de sa politique étrangère : invasion de l’Ethiopie, puis de l’Albanie et, enfin, guerre contre la Yougoslavie entre 1942 et 1944. L’arrivée d’Humbert II, plus énergique face au Duce, sur le trône, allait cependant marquer le début du déclin pour le pouvoir mussolinien, dans une position de plus en plus gênante entre les durs du Parti et la monarchie. A sa mort, en 1952, le leader fasciste fut pourtant pleuré par une majeure partie de la population.

En Espagne, le héros de la guerre civile allemande, député républicain et ministre des armées, s’opposa victorieusement au coup d’Etat du général Sanjurjo de 1936, avec le soutien de son frère Francisco, commandant des troupes coloniales du Maroc. Il allait ensuite se hisser au sommet du pouvoir et s’imposer comme l’homme fort de l’Espagne républicaine, s’opposant à la fois aux conservateurs et à l’extrême-gauche.

La Bürgerbraukeller de Munich a été entièrement rasée pour ne pas servir de lieu de pèlerinage. A son emplacement se trouve une colonne sculptée, en hommage à toutes les victimes civiles de la guerre.

histoire géniale dommage qu'elle soit terminée

Amon luxinferis a écrit:histoire géniale dommage qu'elle soit terminée

Merci!

Je ferai peut-être quelques textes dans le même univers.

Une belle conclusion
Merci pour ton travail

Carte des Landers de l'époque pour se donner une idée :

Très bon récit en tout cas !

Chouette histoire.

S'il te vient l'idée de l'étoffer un peu et de l'annoter, pour en faire un pdf ou epub pour le distribuer, je peux te donner un coup de main.

Super récit !

Merci pour vos messages!

Je n'ai pas résisté à l'envie d'explorer un peu plus l'épilogue, et vous posterai un texte d'un seul tenant ce soir.