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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

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Yodarc
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 11 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 3 Juin - 11:58

Bonjour à tous !
Pour ce week-end, voyage dans l'Italie du début des années 1560. Quelques éléments de stabilité, plusieurs changements (certains se succédant de façon rapide, contribuant à remettre en cause le statu quo) et quelques tendances pouvant encore faire écho à la période historique, mais une péninsule italienne qui n'a pas grand-chose à voir avec celle historique, notamment sur le plan politique et des équilibres géopolitiques.
J'espère que cette partie saura vous plaire alors que l'on se rapproche tranquillement de la fin d'une période.
Bonne lecture à tous !

1560-1564 : Stabilité et changements dans la péninsule italienne
Le début des années 1560 est une phase de changements pour différentes régions de la péninsule italienne alors que de nombreuses tensions émergent, notamment les derniers soubresauts des tensions religieuses héritées des mouvements réformés.

La papauté connaît au début des années 1560 plusieurs changements de pape. Clément VIII poursuit sa politique architecturale dans Rome et affermit les réformes théologiques destinées à affermir la suprématie de l’Église catholique face aux mouvements réformés qui persistent, notamment dans le Saint-Empire romain. Il soutient aussi Philippe II dans la lutte contre le royaume du Maroc et s’inquiète des visées ottomanes sur Rhodes, cherchant à créer une alliance contre la Sublime Porte au cours de l’année 1562 alors que les rumeurs d’une nouvelle attaque contre Rhodes se précisent. Il ne parvient qu’à obtenir de Philippe II et de Giannettino Doria l’envoi de renforts aux chevaliers de Rhode et d’une flotte destinée à protéger l’île d’une attaque ottomane. Les nouvelles autour du siège et de la capture de l’île par les Ottomans contribuent à l’affaiblissement physique du souverain pontife.
En février 1564, Clément VIII décède, ce qui amène à la tenue d’un conclave à la fin du mois. Le conclave voit plusieurs factions : la faction autour d’Alexandre Farnèse, des cardinaux proches du défunt pape, des cardinaux proches de la faction française et les cardinaux proches de la faction espagnole. Le conclave dure près de trois semaines avant que le choix se porte finalement sur le doyen du conclave, le cardinal vénitien Francesco Pisani, notamment pour empêcher l’élection de Giovanni Gerolamo Morone dont on soupçonne des sympathies luthériennes ou de Cristoforo Madruzzo jugé trop proche des Habsbourg alors qu’Alexandre Farnèse n’a pas assez de votes en sa faveur pour être élu. Le nouveau pape choisit le nom Grégoire, devenant Grégoire XIV début mars 1564.

Le duché de Milan connaît une importante prospérité durant le début des années 1560. Francesco II mène une politique de mécénat au sein de son duché et entretient d’importantes relations avec la république de Gênes, renforçant d’autant plus ses relations avec cette dernière avec l’avènement de Giannettino Doria. Son duché est devenu un centre important dans l’Italie de l’époque, même si la prospérité n’est plus tout à fait la même comparé à l’époque de son père. La cité est un haut lieu culturel en Italie, même si Francesco II doit faire face à la concurrence de la papauté et au renouveau de Florence. Sa cour est cependant une des plus cultivées et brillantes d’Italie, bénéficiant notamment des talents de Sofonisba Anguissola, cette dernière devenant peu à peu la peintre officiel du couple ducal. Francesco II peut s’appuyer sur les talents de son épouse Catherine pour travailler ses relations diplomatiques et affermir le prestige de sa lignée au sein du duché.
Sur le plan diplomatique, le duc de Milan renforce ses relations avec la république de Gênes, même si les rapports demeurent ambigus et tendus, notamment après la mort de Giannettino Doria. Francesco II se tourne aussi vers Philippe II d’Espagne pour pouvoir développer des relations avec dernier, notamment au travers des liens commerciaux avec le commerce avec le royaume de Naples. Il entretient de bonnes relations avec la papauté, notamment du fait de sa lutte contre les idées calvinistes. Il tisse des liens avec Alessandro II de Médicis, faisant marier sa fille Madeleine à ce dernier à l’été 1563. Ses relations se détériorent en revanche avec l’Alliance des Trois Ligues, le duc étant déterminé de récupérer la Valteline. Il se rapproche des cantons catholiques pour s’assurer leur neutralité voire leur soutien. Ses relations avec la république de Gênes sont neutres et cordiales, mais la disparition de Giannettino Doria et l’émergence de troubles à Gênes suscite son attention.

La république de Gênes connaît un changement dans sa situation et son fonctionnement avec le décès d’Andrea Doria à l’automne 1560. Si le système des doges biennaux est maintenu, le véritable maître de la cité est Giannettino Doria, le neveu de l’amiral, ce dernier l’ayant formé pour être son héritier. Le nouveau maître de la république maritime poursuit la politique de son oncle, notamment en consolidant ses relations avec Philippe II d’Espagne. Il développe aussi des liens avec Francesco II de Milan et Alessandro II de Florence. Il joue aussi un rôle important dans le système des doges biennaux mis en place par son oncle, mais la disparition de l’amiral génois contribue aussi à l’émergence de rivalités et d’intrigues politiques des membres des Albergo, ces derniers désireux de retrouver leur position d’antan dans la république de Gênes et de mettre à bas le pouvoir des Doria, notamment les Adorno et les Fregoso qui n’ont pas pardonné à Andrea Doria leur exil. Ces rivalités sont aggravées par le fait que Giannettino Doria est arrogant et insolent, n’hésitant pas à montrer la puissance de sa nouvelle position. Il entretient des relations compliquées avec les Fieschi, des rumeurs ayant suggéré que l’épouse de Giovanni Luigi Fieschi était sa maîtresse. Face aux intrigues, l’amiral génois s’appuie sur les communes, même si une partie se montre neutre ou hostile à son encontre, lui reprochant le caractère dictatorial (1) de son pouvoir. Certains de ses adversaires le surnomment « Il nuovo Cesare » (2) pour se moquer de son autorité. Giannettino forme enfin son fils Giovanni pour être son successeur en tant qu’amiral et grand responsable politique à Gênes. L’opposition des Albergo se renforce avec la défaite et le décès de Giannettino Doria à Rhodes en 1563.
Sur le plan diplomatique, la république de Gênes maintient d’importantes relations avec Philippe II d’Espagne tout en développant des relations avec le duché de Milan et le duché de Florence. Les relations avec Charles IX de France sont neutres, même si les échanges commerciaux sont menés entre leurs territoires respectifs. En 1562, il accepte la requête papale de soutenir les chevaliers hospitaliers sur Rhodes pour contrer les Ottomans, envoyant une flotte et des renforts aux chevaliers hospitaliers au travers des possessions génoises à proximité du Dodécanèse, notamment l’île de Chio. Il rejoint l’expédition et participe à la bataille navale au large de Rhodes au début de juin 1563, jouant un rôle notable dans la retraite de la flotte chrétienne, mais étant tué dans l’affrontement. Sa mort contribue à fragiliser les liens entre la république maritime et le royaume d’Espagne, même si Giovanni Andrea Doria cherche à les maintenir pour préserver sa position et le régime établi par son grand-oncle face aux différentes oppositions au sein de la cité.

Le duché de Florence voit Alessandro II continuer d’affermir son autorité au début des années 1560. Le jeune duc de Médicis entreprend de renforcer son pouvoir au travers de réformes administratives, notamment pour développer la flotte florentine et assurer la pérennité de son pouvoir et de sa famille. Le jeune duc poursuit aussi sa politique de mécénat, déterminé à rendre à Florence sa splendeur passée et à rivaliser avec Rome dont le lustre suscite l’émerveillement. S’il continue de s’appuyer sur son beau-père Cosme, Alessandro II commence à s’en détacher, ne voulant pas être dans l’ombre de ce dernier et cherchant à se démarquer.
Sur le plan diplomatique, le jeune duc développe ses relations avec le Saint-Siège, tout particulièrement avec Grégoire XIV. Il tisse d’importantes relations avec la république de Gênes et surtout Giannettino Doria puis Giovanni. Par l’intermédiaire de Giannettino Doria, il tisse quelques relations avec Philippe II d’Espagne. Il développe des relations avec Francesco II de Milan, épousant notamment la fille du duc, Madeleine, en juillet 1563. Leur union voit la naissance d’une fille, Caterina en mars 1564. Ses relations avec Charles IX de France sont compliquées, notamment à cause des liens qui existent entre le royaume de France et la république de Sienne. Ses relations avec la cité siennoise sont très difficiles et conflictuelles, le conflit ayant opposé les deux cités étant encore frais dans les mémoires et Alessandro II étant poussé par son beau-père d’agir pour neutraliser la cité rivale alors que sa mère Vittoria lui conseille de défendre les revendications qu’il détient sur Sienne en tant que petit-fils de Pieri Luigi Farnèse. Le jeune duc rejoint l’alliance du pape Clément VIII contre les Ottomans, adjoignant quelques galères à la flotte chrétienne de 1563.

La république de Sienne s’organise au début des années 1560. Les réformes menées par Pierre Strozzi permettent à la cité de renforcer l’autorité du conseil oligarchique dont Pierre Strozzi est un de ses principaux membres. S’inspirant de l’expérience florentine, de la situation génoise et du passé de Sienne, Pierre Strozzi se trouve à la tête du conseil oligarchique dans lequel les membres sont renouvelés régulièrement et dans lequel sont inclus certains représentants des artisans et commerçants de la cité. Pierre Strozzi se charge avec son fils Philippe de la défense de la cité et entreprend aussi de réorganiser les autres défenses du territoire, notamment la forteresse de Montalcino. La cité rétablit et renforce ses institutions politiques et administratives alors que sur le plan des échanges, la cité parvient à renforcer ses liens commerciaux avec ses différents voisins et ses alliés, même si les tensions avec le duché de Florence et les difficultés économiques liées au renforcement de l’inflation contribuent à freiner l’épanouissement économique de la cité et de sa région. Pour consolider sa position, Pierre Strozzi fait marier en mai 1563 son fils avec Ortensia, la fille de Marcantonio, le chef de famille des Borghese, une puissante famille patricienne de Sienne.
Sur le plan diplomatique, Pierre Strozzi permet à Sienne de maintenir d’importantes relations avec le royaume de France. La république tisse des liens commerciaux avec la république de Gênes et les états pontificaux, même si les relations diplomatiques avec le Saint-Siège sont compliquées. Les relations avec le duché de Florence sont plus difficiles du fait de la rivalité préexistante entre les deux cités, mais aussi à cause des revendications que commence à porter Alessandro II de Médicis sur le territoire de la république en tant que petit-fils de Pieri Luigi Farnèse. Les revendications d’Ottavio et de Ranuccio Farnèse constituent d’autres menaces pour la cité siennoise, même si ces derniers ne peuvent compter que sur l’appui du cardinal Alexandre Farnèse pour pouvoir asseoir leurs prétentions quand Alessandro II bénéficie de sa position de duc de Florence pour défendre les siennes. Les relations avec les autres cités italiennes sont plus distantes, même si quelques relations sont tissées avec Venise dans le cadre d’échanges économiques. Des liens sont tissés avec le duché de Milan, principalement sur le plan commercial.

Au début des années 1560, le nouveau duc de Ferrare et de Modène, Alphonse II d’Este, cherche à développer de nouvelles relations, notamment pour pouvoir prendre quelques distances vis-à-vis de la papauté. Il se rapproche de Charles IX de France, tirant profit du désir du roi de France à reconstruire son influence en Italie et de la reconstruction des relations entre son duché et le royaume de France durant les dernières années de son père, Hercule II. Ces relations aboutissent à son mariage avec Jeanne de Bourbon, la fille de Louis III de Bourbon en septembre 1562.
Le duc de Ferrare et Modène tisse aussi des relations avec le comte de Mantoue, Guillaume de Mantoue, faisant marier sa sœur Lucrèce à ce dernier au printemps 1563. Il développe des relations diplomatiques et commerciales avec le duché de Milan et la république de Venise. S’il maintient d’importantes relations avec le Saint-Siège, il cherche à s’émanciper de l’influence pontificale.

Au début des années 1560, le comte de Mantoue, Guillaume Gonzague, s’émancipe de la régence de son oncle, l’évêque Henri Gonzague. Majeur en 1561 (3), le jeune duc entreprend de gérer la gouvernance de ses domaines avec un zèle parfois important, entreprenant notamment de taxer ses sujets dans le marquisat de Montferrat pour pouvoir mener à bien les défenses du territoire. Il en fait de même sur le duché de Mantoue, se méfiant de la possibilité d’une menace milanaise ou vénitienne. De goût austère, le duc entreprend cependant de développer une politique de mécénat pour faire épanouir son duché, devant notamment gérer l’épanouissement culturel de Milan.
Sur le plan diplomatique, le jeune duc entreprend de tisser des liens avec ses voisins, notamment le duc de Milan, Francesco II, et Alphonse II d’Este. Il se marie ainsi avec la sœur d’Alphonse II d’Este, Lucrèce, en avril 1563. Leur mariage voit la naissance de Vincent en février 1564. Guillaume de Mantoue se rapproche aussi du Saint-Siège pour obtenir de la part de Clément VIII la création d’un cardinalice pour son oncle, ce qui sera réalisé à l’été 1562. Guillaume I entreprend aussi de tisser d’importantes relations avec Ferdinand I du Saint-Empire du fait de la proximité du duché de Vérone. Ses relations avec le duc Louis II de Savoie sont neutres et distantes, même s’il cherche à développer de bonnes relations avec ce dernier pour pouvoir préserver le marquisat de Montferrat.

Au cours des années 1560-1564, la république de Venise cherche à se focaliser sur la restauration de sa prospérité et de ses échanges commerciaux en Méditerranée, notamment avec l’empire ottoman. La république maritime cherche à maintenir une relation apaisée avec la Sublime Porte pour pouvoir bénéficier d’avantages commerciaux, ce qui suscite des tensions avec la papauté alors que l’île de Rhodes subit une nouvelle attaque de Soliman au cours de la période. La neutralité de Venise durant le contexte de la seconde attaque de Soliman contre Rhodes lui sera vivement reprochée par Clément VIII qui regrette amèrement l’absence de la Sérénissime, mais aussi par Philippe II d’Espagne. A ces difficultés s’ajoutent le développement des voies commerciales alternatives vers les Indes et l’Asie, ainsi que le commerce vers le Nouveau Monde dont la Sérénissime n’a pas accès. Les difficultés commerciales amènent au renforcement des investissements de capitaux dans le Domini di Terraferma, même si la cité demeure bien active dans les échanges commerciaux, sa politique de tolérance permettant aux marchands de toute confession de continuer d’y venir pour acheter et vendre leurs biens.
Sur le plan diplomatique, Venise cherche à maintenir de bonnes relations avec ses différents voisins et avec l’empire Ottoman, cherchant à se concentrer sur le maintien des échanges commerciaux. Cela l’amène à améliorer ses relations avec Ferdinand I de Habsbourg et la papauté, même si la politique religieuse de la Sérénissime contribue à des désaccords entre le pape et le doge. La neutralité de Venise durant le nouveau siège de Rhodes par les Ottomans lui sera reprochée par ses voisins.

Au début des années 1560, les cantons suisses sont confrontés à des tensions et des divisions renouvelées depuis des décennies. Le développement de la contre-réforme mantouane dans les cantons catholiques et leur proximité avec les Habsbourg d’Autriche suscitent de profondes tensions avec les cantons protestants, ces derniers cherchant à préserver leur situation et dénonçant les liens ambigus entretenus par leurs compatriotes avec la maison qui jadis cherchait à les dominer. Au sein de la diète, les différents partis cherchent à maintenir la paix et à maintenir le statu quo issu des guerres de Kappel, notamment en réaffirmant le droit de chaque canton à défendre la pratique du culte comme il l’entend, s’inspirant notamment du traité d’Augsbourg de 1557. La position des évêques et prince-évêques, notamment de Lausanne, sur l’affirmation de l’Église catholique et le retour dans le giron de l’Église romaine des différents baillages de la Confédération contribuent à bloquer toute forme de compromis alors que les représentants des cantons protestants cherchent à défendre leurs prérogatives et les réformes qui y ont été menées.
Ces divisions tendent à influencer les relations diplomatiques. Les cantons catholiques renforcent leurs relations avec le Saint-Siège et plusieurs des états italiens, notamment le duché de Milan. Les cantons protestants tendent à se rapprocher des princes protestants et tissent des liens avec la république de Genève alors que la perspective de conflits avec les cantons catholiques et leurs alliés devient une possibilité pour tous.
Enfin, en 1563, une épidémie de peste éclate à Bâle avant qu’une nouvelle vague touche le Pays d’Apenzell et le canton de Berne. Les épidémies sont marqués par une vive virulence comme peu d’épidémies de la période l’ont été dans la région, participant aux tensions et aux incertitudes qui divisent la confédération.

La république de Genève affermit et renforce les différentes lois et institutions mises en place par le conseil de la ville et Jean Calvin avant le conflit avec le duché de Savoie dans les années 1550, les renforçant davantage pour neutraliser toute opposition et toute tentative de rétablissement de la foi catholique, notamment avec le renforcement du clergé catholique soutenue par une papauté déterminée à rétablir de différentes manières l’unité chrétienne. L’opposition à Jean Calvin et au conseil de la ville est cependant très affaiblie après le conflit de 1552-1554. La petite république perd cependant son pilier central, Jean Calvin décédant de maladie en mai 1564. Elle doit aussi faire face à l'émergence de l'épidémie de peste qui débute dans les cantons suisses.
Sur le plan diplomatique, la république de Genève entretient des relations ambiguës avec le duché de Savoie alors que Louis II cherche à améliorer ses relations avec le petit territoire. La menace des revendications savoyardes sur la petite république et la combattivité de l’évêque de Genève déterminé à revenir en son diocèse amènent cette derrière à préserver ses relations avec le canton de Berne et à chercher à tisser d’autres alliances avec les autres cantons, même si celui catholique de Fribourg demeure en retrait et neutre.

Au début des années 1560, Louis II poursuit le renforcement de son autorité et la réorganisation de son duché pour en restaurer la prospérité malgré son amoindrissement territorial suite au conflit mené par son père. Le duc poursuit la consolidation de ses relations avec le royaume de France tout en cherchant de maintenir de bonnes relations avec Ferdinand I pour équilibrer ces relations. Sur le plan dynastique, son mariage avec Marie de France aboutit à la naissance de Louis-Amédée en mars 1560, de Béatrice en septembre 1561 et de Charles en juin 1563. Le duc doit cependant faire face à une épidémie de peste qui éclate dans le pays de Gex en 1564.
En plus de ses relations avec le royaume de France le duc tisse des relations neutres et parfois compliquées avec la république de Genève et les cantons suisses. Il développe aussi des liens avec la république de Gênes et le duché de Milan, ainsi qu’avec Guillaume de Mantoue. Il renforce ses relations avec la papauté, cherchant à tirer profit du soutien de Clément VIII pour pouvoir préparer un nouveau projet visant Genève. Louis II entretient enfin des relations distantes avec Ferdinand I en tant que prince du Saint-Empire.

(1) Giannettino Doria, plus que son oncle, concentre les pouvoirs dans la république génoise et n'hésite pas à interférer dans les affaires de sa cité et à promouvoir ses intérêts de manière prononcée.
(2) "Le Nouveau César".
(3) Dans le marquisat/duché de Mantoue, la majorité pour les dirigeants de la cité était à 23 ans.
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Message par vigilae Sam 3 Juin - 18:22

. Intéressant... Pas de velléité d'unité italienne ?
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Message par Yodarc Sam 3 Juin - 20:59

vigilae a écrit:. Intéressant... Pas de velléité d'unité italienne ?

Pour cette période précise, pas vraiment, même si plusieurs acteurs ont un potentiel :
_ la papauté est celle qui a le plus de potentiel, du fait de son influence sur la Toscane (Sienne et Florence) et de son influence politique encore assez importante et intacte (étant donné qu'elle n'a jamais connu la catastrophe de la mise à sac de Rome de 1527 et qu'elle a mis en place l'équivalent de la Contre-Réforme plus tôt avec le concile de Mantoue). Mais pour l'instant, ce sont surtout des papes "réformateurs" ou modérés qui ont été élus, davantage concentrés sur le besoin de restaurer l'unité de la Chrétienté et de contrer les menaces incarnées par l'empire ottoman et le royaume du Maroc ;
_ les Habsbourg : en tant que dynastie impériale (contrôlant aussi les domaines héréditaires et le duché de Vérone) et des couronnes espagnoles (contrôlant le royaume de Naples, une partie du Nouveau Monde, les Seize Provinces, la Bourgogne (Franche-Comté) et des établissements sur l'Afrique du Nord), les Habsbourg ont le potentiel de renforcer leur influence en Italie. Néanmoins, entre les affaires liées à la couronne d'Espagne (qui seront développées dans une prochaine partie) et le fait que Ferdinand I se concentre à maintenir le statu quo et la paix dans le Saint Empire romain font que leur attention n'est pas trop focalisée sur la péninsule (sans compter le fait qu'ils n'ont pas récupéré la couronne d'Italie comme cela a été le cas historiquement avec le couronnement de Charles Quint à Bologne en 1530, ce qui signifie que la papauté a encore la couronne, donnant un autre raison de potentiel intérêt pour le Saint-Siège) ;
_ Le duché de Milan se renforce certes, mais se concentre surtout sur le mécénat culturel pour raffermir le prestige des Sforza et Francesco II travaille ses relations avec certains de ses voisins pour restaurer l'influence de sa famille dans la région ;
_ Florence est surtout focalisé sur sa rivalité avec Sienne et les Médicis dépendent de leurs relations avec la papauté (et un peu les Espagnols). Grosso modo, leur situation historique mais avec une composante pontificale plus forte dans la dépendance ;
_ Venise est surtout intéressée pour préserver leur thalassocratie en Méditerranée ;
_ Gênes a ses troubles et rivalités politiques à gérer ;
_ le duché de Savoie restaure ses forces et se focalise sur Genève (sans compter le rapprochement de la couronne française, les liens dynastiques étant moins conséquents qu'historiquement, sans compter le fait que l'influence espagnole est quasi inexistante, le duché n'ayant pas connu l'invasion de 1536 et son occupation jusqu'au traité de Cateau-Cambrésis) ;
_ les autres duchés et territoires italiens sont trop petits et influencés par l'un des autres acteurs de la région ;
_ bien qu'en retrait, la couronne française recherche à restaurer son influence dans la région et travaillerait à empêcher toute velléité d'unité de la région.

Ayant commencé à travailler sur un épilogue (qui est pour le moment concentré sur le 17ème siècle même si j'ignore s'il me sera possible de l'étendre au-delà dans le temps), je me pencherais sur la question.
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Message par Yodarc Sam 10 Juin - 10:39

Bonjour à tous !
En ce week-end, la nouvelle partie nous amène dans la péninsule ibérique (et les Pays-Bas espagnoles) du début des années 1560. D'un côté, un royaume d'Espagne confronté à une situation présentant quelques similarités avec la réalité historique, mais fort différente à cause du contexte et de l'autre un royaume du Portugal qui présente un parcours assez proche de celui historique à l'époque. Et des défis inédits et anciens qui se présentent aux deux royaumes ibériques, notamment en Afrique du Nord.
J'espère que découvrir la situation de ces royaumes saura vous plaire.

Bonne lecture à vous tous !
¡Disfrute de la lectura!
Boa leitura!


1560-1564 : Transition dans les royaumes ibériques
Le début des années 1560 est une période de transition pour les royaumes ibériques alors qu’ils sont confrontés à différents défis.

Philippe II affirme son autorité et son règne durant les années 1560-1564. Il doit gérer la diversité des administrations juridiques de son royaume et la potentielle opposition des différentes assemblées locales et des seigneurs locaux. Le jeune souverain peut cependant tirer profit de son éducation et de son expérience pour se faire plus facilement accepter de ses sujets espagnols au travers du respect des us et coutumes des différentes régions du royaume. Pour affermir son règne, le jeune roi peut aussi s’appuyer sur une certaine prospérité économique grâce aux Pays-Bas espagnols ou aux richesses venant du Nouveau Monde, même si l’inflation et certains des conflits récents ont pu entamer leur impact sur le trésor royal. La faible population du royaume constitue aussi une contrainte pour le jeune souverain pour pouvoir lever suffisamment d’impôts pour consolider les finances royales alors que l’opposition des seigneurs locaux peuvent compliquer la levée des taxes. A ces difficultés s’ajoutent des crises de subsistance qui frappent notamment les Pays-Bas espagnoles dans la période. Le jeune souverain se concentre sur la gestion des domaines ibériques, appliquant les conseils et avis de feu sa mère Isabelle de Portugal.
Philippe II mène aussi une importante politique religieuse au sein de ses domaines, déterminé à faire disparaître les traces de mouvements réformés de tout type et à faire appliquer les décisions inspirés du concile de Mantoue, faisant de ces dernières et des décisions pontificales ultérieures des lois fondamentales dans sa politique religieuse. Il se montre particulièrement ferme et sévère dans les Pays-Bas espagnols par l’intermédiaire des différents gouverneurs, sa tante Éléonore puis du successeur de cette dernière, Ferdinand Alvare de Tolède, cherchant notamment à y implanter l’inquisition espagnole.
Outre les éléments protestants qui persistent dans la Chrétienté s’ajoute l’importante communauté morisque alors que le renforcement du royaume du Maroc au sud suscite l’inquiétude de voir une nouvelle puissance mauresque tenter d’envahir la péninsule ibérique. La répression des coutumes morisques et le renforcement du royaume chérifien au sud de la Méditerranée nourrissent les tensions au sein de l’Andalousie où vit une bonne partie de la communauté morisque. Le roi d’Espagne doit faire face au risque que représente le Maroc Saadien, renforçant les enclaves espagnoles au nord du Maroc et sur les côtes de l’Oranais. La mort de Mohammed ech-Cheikh donne cependant aux espagnols une opportunité du fait de la présence des fils d’Abû al-Hassan Abû Hassûn `Alî ben Muhammad, les derniers représentants de la lignée des Wattassides. Déterminé à affaiblir la dynastie saadienne et d’affermir l’influence ibérique dans le nord de l’Afrique, Philippe II accepte en 1563 de soutenir les revendications dynastiques de ces derniers contre le nouveau sultan saadien, Abdallah el-Ghalib, notamment du fait des nouvelles des attaques marocaines contre le sultanat koukou. Le souverain espagnol hésite et tergiverse avant de décider l’organisation de l’expédition, s’étant aussi engagé dans l’expédition destinée à aider Rhodes au cours de la même année. Au printemps 1564, alors qu’il commence à mettre en place l’expédition, il met à sa tête Luís de Zúñiga y Requesens et entreprend de contacter le sultanat koukou pour avoir son soutien dans l’expédition. L’expédition est prête à l’été 1564 avec une flotte de deux cent cinquante navires dont une trentaine envoyés par les portugais et une armée d’environ vingt mille hommes parmi lesquels environ trois mille portugais. Partant de Barcelone en juillet 1564, elle rejoint Melilla en août. Luís de Zúñiga y Requesens descend alors sur Fès, accompagné par Abû Abd Allah Yahya ben Hassûn (1). En août 1564, alors que son armée s’approche de Meziat (2), Luís de Zúñiga y Requesens rencontre à proximité de l’oued Sra l’armée d’Adballah el-Ghalib forte de trente-cinq mille hommes. La bataille entre les deux armées se tient le 24 août 1564. Les marocains cherchent à encercler les espagnols, mais ces derniers se défendent avec énergie, utilisant l’oued comme petite barrière pour freiner les attaques ennemies et tirant profit de leur artillerie et de leurs tercios sous le commandement énergique de Luís de Zúñiga y Requesens. Au début de l’après-midi du 24 août, les espagnols cherchent à briser l’armée du sultan en son centre, cherchant à capturer ou à tuer Abdallah el-Ghalib, mais leur assaut est à leur tour repoussé. La résistance des espagnols leur permet de détruire une des ailes du dispositif marocain, empêchant Abdallah el-Ghalib de les encercler. La chaleur et la violence des affrontements contribuent cependant à leur épuisement. L’affrontement s’interrompt dans la soirée, les deux camps présentant des pertes importantes et les marocains étant affectés par l’échec de leur plan. Dans la nuit suivante, Abû Abd Allah Yahya ben Hassûn et Luís de Zúñiga y Requesens sont attaqués par deux hommes d’Abdallah el-Ghalib qui cherchent à les tuer. Luís de Zúñiga y Requesens parvient à défaire son adversaire alors qu’Abû Abd Allah Yahya ben Hassûn est grièvement blessé. L’attaque contre leur commandant provoque panique et colère chez les espagnols. Luís de Zúñiga y Requesens préfère se replier, incertain de pouvoir continuer de mener le combat alors qu’il vient d’échapper de peu à la mort. Le 5 août, les espagnols quittent le champ de bataille et remontent vers le nord. La bataille de l’oued Sra s’achève sur un bilan mitigé pour les deux camps : si les espagnols ont échoué à neutraliser Abdallah el-Ghalib et à descendre sur Fès, le sultan marocain a perdu six mille hommes contre un millier pour les espagnols. Les espagnols voient cependant leurs forces affaiblis sur leur repli à Melilla, quatorze mille hommes parvenant à l’enclave début septembre 1564. Durant la retraite, Abû Abd Allah Yahya ben Hassûn décède de ses blessures le 28 août 1564.
Du fait de son attention portée sur le Maroc, Philippe II ne peut qu’accorder une attention relative à l’appel de Clément VIII pour contrer la nouvelle attaque ottomane contre Rhodes, même s’il envoie une petite flotte accompagner celle de Giannettino Doria au début de l’année 1563. Les navires espagnols contribuent à l’envoi de renforts pour renforcer la garnison de Rhodes, mais se font détruire lors de la bataille navale de Rhodes au début de juin 1563.
Sur le plan dynastique, son second mariage permet à Philippe II d’avoir d’autres enfants pour pérenniser sa lignée. Sa seconde épouse met au monde Ferdinand en mars 1560, Isabella en septembre 1562 et Diego en juin 1564. Ferdinand décède cependant à l’automne 1563. Bien qu’il ait un héritier en la personne du prince Charles, Philippe II commence à avoir des doutes sur la capacité de ce dernier à lui succéder alors que le jeune prince commence à présenter des signes d’instabilité et un caractère colérique et vindicatif. Le développement de ce caractère le rend hésitant à défendre un projet matrimonial pour son fils aîné.
Sur le plan diplomatique, Philippe II entretient des relations compliquées avec Charles IX de France et encore plus avec Jean IV de Navarre. Avec le premier, les relations sont compliquées et tendues à cause de la question de l’Artois, les colonies françaises du Nouveau Monde et les revendications françaises en Italie. Philippe II se méfie du souverain français plus âgé dont la politique entre en conflit avec les territoires des Pays-Bas espagnols ou le développement de la Nouvelle-Espagne. Avec Jean IV, c’est la question du respect du territoire du royaume de Navarre qu’il considère acquis qui est au cœur des désaccords entre les deux souverains. Pour contrer l’influence française et la potentielle menace que représente son voisin, Philippe II s’attache à développer des relations avec sa tante Catherine, régente du royaume de Portugal, et sa parente Marie I d’Angleterre.

Les Pays-Bas espagnoles, ou Seize Provinces, connaissent une période particulière au début des années 1560. Éléonore de Habsbourg poursuit la gouvernance et la politique qu’elle mène depuis sa prise de position, mais doit prendre en compte les demandes et décisions politiques de son neveu. Cela suscite des tensions avec les représentants des provinces, notamment du fait des privilèges détenus par les différentes cités alors que Philippe II a des exigences fiscales jugées sévères. Éléonore cherche à apaiser les représentants des provinces tout en correspondant avec son neveu pour l’informer de la situation dans les Pays-Bas espagnoles et l’aider à mieux adapter ses décisions à la situation locale. Cela suscite des tensions entre Philippe II et elle, même s’ils s’accordent sur la nécessité de contrer la diffusion des idées calvinistes dans la région.
La situation change à l’automne 1561 avec le décès d’Éléonore. Avec le décès de sa tante, Philippe II doit désigner un nouveau gouvernant. Ignorant les demandes de certains représentants des Pays-Bas sur la venue de Marguerite Sforza (3) pour succéder à leur tante, le roi d’Espagne se tourne vers un de ses confidents pour assurer la bonne gouvernance et gestion des seize provinces en la personne de Ferdinand d’Alvare de Tolède dont il escompte tirer profite de l’expérience de vice-roi de Naples. Le nouveau gouverneur des Pays-Bas rejoint les Pays-Bas à l’été 1562 et se présente aux États généraux de Bruxelles en août 1562 avec lesquelles la première rencontre est tendue et compliquée, les représentants néerlandais voyant d’un mauvais la venue de ce noble espagnol pour gérer leurs territoires et craignant une plus grande ingérence des couronnes d’Espagne. Peu après son arrivée, Ferdinand Alvare de Tolède cherche à gérer les Seize Provinces avec la même capacité dont il avait fait preuve à Naples tout en cherchant à s’assurer le soutien et la collaboration des conseillers néerlandais et des États généraux. Il poursuit aussi la politique de lutte contre les idées calvinistes, déterminé à les faire disparaître des Seize Provinces et de restaurer l’unité religieuse au nom de l’Église catholique, ce qui l’amène à introduire l’inquisition espagnole dans les provinces et à être attentif à la proposition de réforme de l’organisation des diocèses par l’archevêque des Malines, Antoine Perrenot de Granvelle.
Si le nouveau gouverneur peut notamment s’appuyer sur Viglius van Aytta, Charles de Berlaymont, Antoine Perrenot de Granvelle et René de Chalon, comte d’Orange, il doit aussi faire face à l’opposition d’une partie du Conseil d’État et des élites locales, notamment Lamoral d’Egmont. Leur opposition concerne certains éléments de la politique du gouverneur et le renforcement de l’influence espagnole au sein de la gestion des Seize Provinces alors que la collaboration avec les élites locales et le maintien des libertés et des droits locaux sont défendus. La question religieuse suscite aussi des tensions alors que le développement de l’Inquisition espagnole dans les Pays-Bas espagnoles et un projet de réforme des diocèses locaux défendus par Antoine Perrenot de Granvelle en 1564 suscitent la controverse. Des divisions existent cependant au sein des élites locales entre ceux qui sont disposés à se rapprocher de la couronne française pour chercher à défendre leurs droits et ceux qui veulent défendre toutes les libertés et droits sans être sous l’autorité d’une quelconque couronne.

Le royaume du Portugal connaît une période particulière au début des années 1560 alors qu’elle continue de vivre sous régence royale, d’abord menée par Catherine de Castille avant que cette dernière soit remplacée par le cardinal Henri d’Evora, le grand-oncle du roi Alexandre I. Le jeune souverain est formé par Aleixo de Meneses et quelques religieux, principalement des prêtres, mais aussi un inquisiteur. Sur le plan diplomatique, la régence portugaise maintient d’importantes relations avec Philippe II d’Espagne, notamment dans le cadre de la menace que représente le Maroc Saadien au sud. Elle soutient ainsi le projet de son neveu Philippe II pour placer sur le trône du Maroc un prétendant tout en gardant le royaume du Portugal en dehors du projet militaire. Elle tisse des relations commerciales avec le royaume d’Angleterre et entretient des relations compliquées et tendues avec Charles IX de France à cause notamment d'explorations des marins français le long des côtes brésiliennes et surtout en direction de l'Asie. Les relations avec le Saint-Siège sont très bonnes, Henri d’Evora tirant profit de sa position de cardinal pour renforcer les liens avec les différents papes et pour s’assurer l’accord du pape pour la poursuite des missions religieuses.
Durant cette régence, le royaume maritime poursuit le renforcement de son influence et de ses territoires au Brésil, sur la côte africaine, en Mer rouge, sur la côte indienne et à Malacca. Sa position est cependant compliquée et tendue en Mer rouge alors que les Ottomans renforcent leur présence maritime dans la région et mènent de nombreux contre leurs possessions dans la région d’Aden. Ils tissent des relations avec la Chine impériale des Ming grâce à leur présence sur Macao et avec les seigneurs japonais, tirant profit de l’état de guerre civile qui touche l’empire insulaire. Avec la bénédiction pontificale, ils poursuivent aussi une politique religieuse en envoyant des religieux diffuser la parole christique dans les terres éloignées. Ils maintiennent d’importantes relations avec le royaume d’Éthiopie dont les échanges permettent au négus Gelawdéwos de renforcer son royaume et de contrer la menace du sultanat d’Harar et des Oromos, même si le renforcement de l’influence ottomane dans la région tend à atténuer les bénéfices de ces échanges et de l’alliance entre les portugais et les éthiopiens. Ils renforcent aussi leur influence dans les Indes même s’ils doivent gérer le renforcement du royaume Moghol. Les portugais doivent aussi gérer le renforcement du Maroc Saadien qui menace leurs colonies restantes sur la côte nord-africaine, notamment Ceuta ou Tanger. Anfa se fait ainsi attaquer au cours de l’année 1563 même si elle résiste à l’attaque. Le cardinal d’Evora soutient en conséquence l’expédition espagnole, y envoyant quelques navires pour soutenir l’expédition et une petite force pour appuyer les tercios espagnols. Leur colonie au Brésil se développe notamment avec les cultures de sucre et de café mais demeure assez modeste dans son étendue même si les excursions françaises dans la région amènent son vice-roi à renforcer la colonie pour contrer toute velléité expansionniste française, explorant notamment le Rio de Janeiro (4) durant l’année 1562. Les expéditions françaises inquiètent d’autant plus les portugais qu’ils ont vent en 1564 d’une flotte française dans l’océan indien après que le vice-roi de Goa ait eu vent d’un passage de français sur les côtes de Ceylan.

(1) Nom du fils aîné d’Abû al-Hassan Abû Hassûn `Alî ben Muhammad (mais imaginé, n'ayant pas trouvé d'informations sur son frère et lui, n'étant "qu'une note de bas de page" dans ce que j'ai pu trouver sur le sujet, leur destinée historique étant de mourir tués par des pirates alors qu'ils cherchaient à rejoindre l'Espagne en 1554 après la reprise de Fès par les Saadiens avec l'aide de la Régence d'Alger).
(2) Nom ancien de la ville de Taounate.
(3) La fille de Francesco Sforza, le frère du duc Maximilien, et de Marguerite, la fille illégitime de Charles Quint.
(4) Nom portugais initial de la baie de Guanabara après sa découverte le 1er janvier 1502 par l'expédition de Gaspard de Lemos, les Portugais confondant la baie pour une embouchure de fleuve.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 11 Empty L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Ven 16 Juin - 11:00

Bonjour à tous !
Aujourd'hui, publication légèrement précoce du fait d'un week-end chargé pour aménager mon prochain appartement avec l'aide de mes parents.

Dans cette partie, détour par le Saint-Empire romain du début des années 1560 pour découvrir la situation des empereurs Habsbourg et de plusieurs princes d'empire dans l'ère post-Charles Quint. Un cadre qui présente une certaine familiarité avec le cadre historique et qui pourtant s'en démarque aussi, notamment du fait de certains acteurs distincts de la réalité historique et de leurs décisions dans un empire où le statu quo religieux est de mise.
J'espère que cette partie saura vous plaire.
Bonne lecture à vous !


1560-1564 : Le Saint-Empire romain germanique
Le début des années 1560 est une période de tranquillité et de stabilité au sein du Saint-Empire romain germanique alors que les Habsbourg cherchent à affermir leur autorité sur un territoire divisé sur le plan religieux.

Durant les années 1560-1564, Ferdinand I travaille à assurer la stabilité et la paix au sein des terres d’empire tout en renforçant les outils lui permettant d’assurer son autorité. Appliquant le traité d’Augsbourg pour assurer la paix religieuse au sein de l’empire, il cherche à concilier catholiques et protestants, faisant preuve de prudence et de pragmatisme. Au sein de ses domaines et au travers de ses alliés, l’empereur s’efforce aussi à promouvoir de différentes manières la suprématie de l’Église catholique. Il peut ainsi compter sur le soutien de ses beaux-fils, Louis III de Hongrie et Albert V de Bavière. Sa politique religieuse lui permet de gérer l’opposition de certains des principaux princes protestants, notamment Maurice de Saxe et Georges-Frédéric de Brandebourg-Ansach et de Brandebourg-Culmbach. Il doit aussi faire face à l’émergence des idées calvinistes au sein du Saint Empire alors que Frédéric III de Palatinat devient calviniste.
Durant la même période, Ferdinand I poursuit le renforcement de l’administration impériale et le rôle administratif et gouvernemental de Vienne durant cette période. L’empereur s’appuie à la fois sur les institutions préexistantes de ses domaines et sur celles qu’il a créées depuis le début de son règne impérial. L’empereur met en place et poursuit une politique de mécénat, embellissant Vienne, d’autant plus alors qu’elle devient le cœur politique du Saint-empire romain. Ce mécénat permet aussi à la cité d’être un important centre humaniste, porté par l’université de Vienne.
Sur le plan diplomatique, Ferdinand I entretient des relations neutres et cordiales avec son neveu Philippe II d’Espagne, alors que ses relations avec Charles IX de France sont neutres. Ses relations avec Louis III de Hongrie sont conséquentes, notamment du fait du risque persistant que représente l’empire ottoman au sud. Il entretient de bonnes relations avec la république de Venise et les autres états italiens, principalement le duché de Milan, le duché de Mantoue et le duché de Florence. Ses relations avec le pape Clément VIII sont neutres, la question du traité d’Augsbourg étant un sujet de discorde entre l’empereur et le souverain pontife. Sa position neutre sur les royaumes scandinaves devenus luthériens est un autre point de discorde avec le souverain pontife, Clément VIII souhaitant voir rétablir la foi catholique dans ces royaumes. Ferdinand I entretient de bonnes relations avec Sigismond II de Pologne alors que ses relations avec les royaumes scandinaves sont complexes : ses relations avec Jean II de Norvège sont cordiales, notamment du fait de leurs liens dynastiques alors que ses relations avec Frédéric II de Danemark sont neutres et distantes comme pour Eric XIV de Suède, d’autant plus alors qu’un conflit éclate entre les deux royaumes en 1563.

A l’automne 1563, Ferdinand I organise l’élection impériale pour désigner son fils aîné Maximilien comme son successeur. L’empereur peut s’appuyer sur le soutien de Jean VI de Leyen (1), de Frédéric IV de Wied (2), de Daniel Brendel von Homburg (3) et de Louis III de Hongrie, ces derniers étant à la fois catholiques et pour certains d’importants soutiens dans sa politique impériale. Les électeurs protestants sont plutôt divisés : Maurice de Saxe se montre incertain et neutre du fait de son opposition à certaines politiques de Ferdinand I alors que Joachim III de Brandebourg est disposé à soutenir Maximilien grâce aux liens tissés par l’héritier de Ferdinand avec les princes protestants durant la décennie précédente. Seul Frédéric III de Palatinat paraît isolé et neutre, ses positions calvinistes étant mal perçues par les électeurs catholiques et luthériens. Grâce au soutien global de la majeure partie des grands électeurs, Maximilien est élu roi des romains en novembre 1563 et est couronné à Aix-la-Chapelle.
Ferdinand I décède en juillet 1564. Son fils lui succède, devenant l’empereur Maximilien II. Le nouvel empereur bénéfice du soutien de la majeure partie des grands princes d’empire grâce à son charisme et aux liens qu’il a tissé avec les princes protestants durant la décennie précédente. Sa fierté d’être germanique lui est aussi un atout qui a garanti sa place dans la succession durant la querelle des années 1550 entre son père et son oncle Charles Quint. Durant sa période d’héritier, Maximilien organise en 1560 les Tournois de Vienne en l’honneur de son père, fête de cour où prédomine le plaisir du sport et celui du déguisement sur une mise en scène rigoureuse au contenu politique. Le nouvel empereur soutient les décisions prises depuis le concile de Mantoue, mais cherche à approfondir les réformes de l’Église, l’amenant à chercher le soutien de la papauté et du nouveau pape, Grégoire IX.
Sur le plan dynastique, Maximilien II et son épouse Marie ont plusieurs enfants lors de l’accession de Maximilien sur le trône impérial : Anne née en 1549, Rodolphe né en 1552, Ernest né en 1553, Élisabeth née en 1554, Matthias né en 1557, Maximilien né en 1558, Albert né en 1559 et Wenceslas né en 1561.

Durant les années 1560, certains princes d’empire connaissent des fortunes diverses dans le contexte de paix institué par le traité d’Augsbourg alors que l’administration impériale se consolide sous la bonne gouvernance de Ferdinand I.
Albert de Prusse doit faire face aux retombées de la crise provoquée par la controverse religieuse autour de la pensée d’Osniander et la crainte de son entourage de le voir mourir alors que son héritier Albert-Frédéric est encore un enfant. Le duc de Prusse doit faire des concessions et se trouve quelque marginalisé parmi les princes d’empire à cause des controverses qui ont affecté son duché.
Durant la même période, Maurice de Saxe cherche à maintenir sa position de grande figure de proue au sein des princes protestants. Il cherche aussi à choisir le meilleur parti pour son héritière, Anne de Saxe, d’autant plus alors qu’elle est l’héritière la plus riche de l’empire et alors qu’il avait refusé le mariage de cette dernière avec Jean-Frédéric II de la branche Ernestine, contribuant à renforcer l’antagonisme entre leurs deux branches. Il finit par se tourner vers Frédéric II de Danemark, désireux de renouer et de consolider les relations avec la couronne danoise. Ce projet de mariage connaît de nombreuses oppositions, principalement de Jean-Frédéric II, mais aussi de l’empereur Ferdinand I qui veut contrer la toute-puissance de l’électeur de Saxe dont il se méfie de la capacité à faire usage de la force pour essayer de faire imposer ses positions. Malgré ces oppositions et contestations, Maurice parvient à faire concrétiser le projet, amenant au mariage d’Anne avec Frédéric II à l’été 1563. Les relations de Maurice de Saxe avec Jean-Frédéric II se dégradent sur la période, notamment du fait du refus de ce dernier à condamner les attaques du théologien Matthias Flacius à son encontre.
Durant la période, la rivalité entre Maurice de Saxe et son parent Jean-Frédéric II se consolide et se cristallise, notamment du fait des projets matrimoniaux pour Anne de Saxe et de l’influence de Matthias Flacius auprès du landgrave de Thuringe, notamment en présentant une interprétation différente des Articles de Marbourg et dans des attaques à l’encontre de Maurice dans ses discours. Ce dernier cherche à se rapprocher de l’empereur Ferdinand I pour tenter d’obtenir la récupération de la position d’électeur de Saxe en tirant profit de la relation conflictuelle de l’empereur avec Maurice de Saxe.
Au début des années 1560, Philippe de Hesse poursuit la politique qu’il a établi depuis sa libération en 1546 et le traité de Passau : maintenir de bonnes relations avec les Habsbourg, mais aussi chercher à trouver un terrain d’entente entre luthériens et catholiques. S’il s’est retiré de la tête de la faction protestante, il soutient cependant les droits des princes luthériens et défend le traité d’Augsbourg, ce qui le place parfois en conflit avec Maurice de Saxe. Le margrave de Hesse cherche aussi à développer les liens entre luthériens et calvinistes, l’amenant notamment à échanger avec Frédéric III du Palatinat, ne le rejetant pas à l’inverse d’une partie de ses coreligionnaires. Le margrave est cependant vieillissant et affaibli, s’étant notamment beaucoup impliqué dans les controverses religieuses de la décennie précédente pour chercher à apaiser les différents partis. Il entretient d’importantes relations avec Eric XIV de Suède du fait du mariage de ce dernier avec sa fille Élisabeth, mais demeure neutre dans le conflit qui éclate entre la Suède et le Danemark, s’inquiétant même des rumeurs autour de la méfiance et paranoïa du souverain. Il rédige un testament en 1561 où il demande à ses fils de maintenir la Paix d’Augsbourg et la Concorde de Wittemberg tout en cherchant à travailler à la réconciliation entre protestants et catholiques si l’opportunité devait se présenter.
Dans les années 1560, Georges-Frédéric, margrave de Brandebourg-Ansach et de Brandebourg-Culmbach maintient la paix dans ses terres franconiennes. Il entreprend aussi d’embellir le château de Planssenburg, commençant sa période de grand prince bâtisseur. Marié depuis 1558 à Élisabeth de Brandebourg-Küstrin, le margrave n’a cependant pas d’enfants.
Au début des années 1560, Frédéric III du Palatinat entreprend d’introduire le calvinisme dans ses terres, notamment du fait de son dégoût pour les fanatiques luthériens et des controverses religieuses qui ont secoué les luthériens durant la décennie précédente. Il fait ainsi appel en 1561 à Heidelberg Emmanuel Tremellius puis à Zacharias Ursinus, amenant à la transformation de l’Église, à la confiscation des revenus des monastères et à l’élaboration du catéchisme de Heidelberg (4). Ces transformations sont concrétisées par l’ordonnance de l’Église de novembre 1563 et le consistoire de 1564. Ces changements sont opposés par les ministres de Frédéric III, favorables au luthéranisme, mais ce dernier réprime leur opposition en exigeant leur démission. Les mesures du prince électeur provoquent une vive agitation parmi les luthériens, ces derniers étant à peine remis des vives controverses théologiques de la décennie précédente. En 1563, Frédéric III accorde Frankenthal aux calvinistes chassés des Pays-Bas.
Durant le début des années 1560, Albert V de Bavière poursuit l’importante politique de défense du catholicisme dans ses domaines entreprise depuis son arrivée à la tête du duché à la mort de son père en 1550. S’appuyant grandement sur les idées et décisions issues du concile de Mantoue, il contribue à l’établissement de nombreux séminaires destinés à former efficacement le clergé local, notamment à Augsbourg et Munich. A partir de 1560, il devient aussi l’administrateur de Glatz suite à la mort de son oncle Ernest et entreprend de réformer le territoire. Le duc de Bavière poursuit aussi une importante politique de mécénat dans ses domaines, achetant notamment des collections d’Italie.
Durant les années 1560-1564, Nicolas II de Lorraine affermit son autorité sur ses terres et mène une politique de lutte contre la présence des calvinistes et des luthériens, en soutenant son parent Charles de Lorraine dans l’établissement d’un séminaire dans la principauté épiscopale de Metz en 1562. S’il entretient d’importantes relations avec Ferdinand I, notamment en tant que beau-fils de ce dernier, le duc renoue avec la diplomatie avec la cour de France par le biais de Charles de Lorraine, ce dernier étant le frère de François de Guise, ami de François IV de Bretagne et membre éminent de la cour de France.

(1) Archevêque de Trèves.
(2) Archevêque de Cologne.
(3) Archevêque de Mayence.
(4) Le prince-électeur a chargé Zacharias Ursinus et Caspar Olevian de rédiger une norme de doctrine pour apporter la paix et unir les églises régionales en réponse aux controverses entre luthériens, zwingliens et calvinistes stricts et modérés dans le Palatinat du Rhin. Le catéchisme comporte trois parties parlant du péché et de la misère, de la rédemption accomplie par Jésus et de la vie chrétienne en réponse à la grâce de Dieu.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 11 Empty L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 24 Juin - 9:16

Bonjour à tous !
Pour ce week-end, passage en Europe centrale et orientale pour découvrir la situation des différents royaumes et principautés. Un passage local fort différent de la période historique, même si des récurrences et similitudes sont encore à noter, notamment du côté de la Valachie. Les rapports de force et les relations au sein de ces territoires et avec leurs voisins jouent un rôle important dans la période.
J'espère que cette nouvelle partie saura vous plaire.

Bonne lecture à vous tous !

1560-1564 : En terre d’Europe centrale et orientale
Le début des années 1560 sont une période contrastée pour les régions d’Europe centrale et orientale, les différents royaumes et principautés connaissant des fortunes diverses au cours de la période.

Le royaume de Hongrie connaît une période de trêve et de stabilité assez conséquente au début des années 1560. Tirant profit de la trêve avec l’empire ottoman, Louis III travaille à affermir son autorité et à renforcer son royaume pour lui permettre de mieux résister aux assauts turcs. S’inspirant du travail de son beau-père, l’empereur Ferdinand I, il travaille à mettre en place des institutions qui lui permettrait de renforcer la gouvernance de son royaume et de raffermir l’autorité royale face aux magnats et nobles magyars. Il met ainsi en place en 1562 une chambre de finance destinée à renforcer et à mieux organiser les finances du royaume. Il s’appuie sur ses conseillers et son épouse pour entreprendre ces réformes. Ses décisions contribuent à provoquer l’opposition et l’hostilité des magnats magyars, ces derniers s’étant réorganisés depuis la disparition de Louis II. L’opposition des magnats et nobles ne vient pas seulement des décisions du souverain qui interfèrent avec leur pouvoir, mais aussi du fait du rôle parfois notable que joue l’épouse du souverain et son entourage, dénonçant l’influence étrangère des Habsbourg dans le royaume. Le roi de Hongrie doit aussi gérer le voïvode de Transylvanie, Georges VI Báthory, ce dernier étant devenu une figure importante et puissante au sein du royaume. Si le voïvode est plutôt un soutien du jeune souverain, il n’hésite pas en fonction de ses intérêts à pencher auprès des nobles et magnats, notamment concernant la question du renforcement de l’autorité royale. Louis III s’appuie cependant sur Georges VI pour continuer d’interférer dans les affaires de la principauté de Valachie durant la période.
Aux défis politiques et économiques, Louis III doit aussi faire face aux défis religieux avec la diffusion des idées calvinistes au sein de son royaume. Le jeune souverain renforce la politique religieuse mise en place sous le règne de son père et travaille à défendre la suprématie de l’Église catholique sur ses domaines, amenant notamment à la construction d’un séminaire à Buda en 1563. Dans le contexte des rivalités renouvelées entre la couronne et certaines franges de la noblesse et de l’aristocratie magyare, la question religieuse tend à jouer un rôle notable, certains représentants de la petite noblesse ayant un intérêt notable pour les idées de Jean Calvin jugées moins problématiques que les idées de Luther.
Dans son intention de renforcer l’autorité et le prestige de la couronne hongroise, Louis III entreprend aussi de soutenir les arts dans son royaume, s’inspirant de son beau-père et des autres grands souverains de son temps. Cela l’amène à développer des liens avec les autres territoires d’Italie, tout particulièrement les grands centres culturels que sont Milan, Florence et Rome. Ses dépenses viennent parfois entraver ses efforts de renforcer les finances du royaume et ses adversaires reprochent l’apport d’éléments étrangers dans le royaume hongrois.
Dans le royaume de Bohême, Louis III travaille aussi à affermir son autorité tout en cherchant à s’appuyer sur les seigneurs locaux pour pouvoir gouverner avec efficacité le territoire. Il tire profit des recettes de Bohême pour pouvoir travailler à l’affermissement de son autorité sur ses différents domaines. S’appuyant sur le traité d’Augsbourg, Louis III entreprend aussi d’affermir la foi catholique, amenant notamment à l’installation d’un séminaire à Prague en 1561. S’il maintient sa politique d’amnistie envers les hussites, le développement d’une politique favorable à l’Église catholique dans la région provoque cependant la vive désapprobation de la communauté hussite qui tend à se rapprocher davantage des luthériens, même si les autres princes d’empire préfèrent respecter le statu quo établi par le traité d’Augsbourg.
Sur le plan diplomatique, Louis III entretient d’importants liens et relations avec Ferdinand I du Saint-Empire romain. Les deux souverains sont alliés au sein de l’empire, mais aussi en dehors, Louis III bénéficiant du soutien de Ferdinand pour entreprendre de renforcer son royaume face aux ottomans. En 1563, Louis III soutient l’élection de Maximilien, le fils de Ferdinand I. Ses relations avec les autres princes d’empire sont complexes : il entretient ainsi de bonnes relations avec Albert V de Bavière alors que ses relations avec Maurice de Saxe sont difficiles du fait de leurs différences théologiques. Ses relations avec Sigismond II de Pologne sont cordiales. Louis III renforce ses relations avec la papauté et soutient l’expédition contre les Ottomans en 1563 même s’il ne s’implique pas dans la Sainte-Ligue. Il entretient de bonnes relations avec Venise et développe des liens avec les duchés de Milan et de Florence. Ses relations avec l’empire ottoman sont enfin complexes et compliquées : si une trêve existe entre Louis III et Soliman, cela n’empêche pas les heurts au niveau de la Slavonie et Croatie venant des raids turcs alors que Louis III soutient les actions de Georges VI Báthory pour influencer la principauté de Valachie et chercher de la détacher de la Sublime Porte. Le voïvode de Transylvanie tire profit de l’implication ottomane dans l’expédition contre Rhodes pour soutenir le demi-frère du défunt Vlad IX, Radu Illias, pour chasser Alexandru II du pouvoir en 1563. La mort de Soliman et l’avènement de Selim II suscite des inquiétudes alors que les troubles en Valachie contribuent à nourrir des tensions entre les deux puissances.

Durant les années 1560-1564, la principauté de Valachie continue de subir les aléas inhérents à l’instabilité de l’autorité des princes qui la gouvernent, victimes des luttes d’influence entre ottomans et hongrois et du grand pouvoir des boyards au sein du territoire.
Alexandru II cherche à affermir son autorité et règne sur la principauté d’une main de fer, sa position demeurant encore incertaine alors que les boyards lui reprochent d’être un pantin des ottomans. Il entreprend aussi de lever de nouvelles taxes sur la principauté pour renforcer les finances de son territoire. Pour conforter son autorité et affermir sa position, il épouse au printemps 1561 Marina, la fille de Mircea V. Un fils leur naît au printemps 1562, Minhnea. Malgré l’affermissement de son autorité et la naissance de cet héritier, Alexandru II prince se méfie des boyards, certains étant notamment en exil en Transylvanie où ils soutiennent Radu Illias, le demi-frère de Vlad IX. Il s’appuie beaucoup sur les ottomans pour renforcer son autorité et se préserver des risques de conjuration de ses ennemis, même si la trêve entre l’empire ottoman et le royaume de Hongrie lui assure un certain répit. Il surveille avec attention les événements de Moldavie, le jeune prince Constantin s’émancipant de l’influence de sa mère et d’Ioan Ioaldea et se rapprochant du royaume de Hongrie tout en affirmant sa soumission à la Sublime Porte.
Les événements commencent à évoluer à partir de 1563 : Alexandru II doit faire face à une conjuration de boyards assez conséquente pour le chasser du pouvoir alors que les ottomans sont concentrés pour s’emparer de Rhodes. En août 1563, le prince de Valachie voit la principauté se faire envahir par Radu Illias et les boyards exilés qui le soutiennent, ces derniers ayant l’aide de Georges VI Báthory. Face à l’hostilité des boyards et étant en position de faiblesse face à ses adversaires, Alexandru II préfère fuir vers Constantinople pour tenter d’avoir le soutien des ottomans. La fuite d’Alexandru II et de ses proches permettent à Radu Illias de s’imposer au pouvoir, devenant Radu VIII de Valachie à la mi-août 1563. Il entreprend avec ses alliés de neutraliser les alliés d’Alexandru et récompense ses alliés, restaurant plusieurs des boyards exilés à des positions importantes dans la principauté. Radu VIII établit sa capitale à Târgoviște, plus éloignée du Danube. S’il entretient d’importants liens avec le voïvode de Transylvanie et le roi Louis III de Hongrie, Radu VIII cherche aussi à apaiser les ottomans, bénéficiant cependant de leur implication dans leur seconde attaque de Rhodes. Le prince valaque passe ainsi la fin de l’année 1563 à affermir sa position dans la principauté et à resserrer ses liens avec Georges VI Báthory. Ce répit est cependant mis à mal avec l’avènement de Selim II à la suite de son père Soliman en février 1564, Alexandru parvenant à obtenir le soutien de la Sublime Porte pour pouvoir revenir au pouvoir en Valachie. En avril 1564, Alexandru revient avec une escorte ottomane et force Radu VIII à s’enfuir, s’imposant de nouveau en tant que prince de Valachie. Alors que Radu Illias rejoint la Transylvanie, Alexandru mène une nouvelle campagne de répression à l’encontre des boyards qui lui sont opposés entre mai et octobre 1564, forçant de nouveaux plusieurs d’entre eux à fuir en Transylvanie.

La principauté de Moldavie connaît de nouveaux troubles au début des années 1560, les boyards ne supportant plus le pouvoir du Grand Écuyer, Ioan Joaldea. Ils trouvent un allié de taille en la personne du prince Constantin en personne, ce dernier désireux de pouvoir régner mais étant entravé par sa mère et son principal conseiller. En se rapprochant des boyards, Constantin cherche aussi à affermir son autorité et à gagner la confiance de ses vassaux dont la méfiance envers sa famille est devenue vive à cause des actions d’Illie II et d’Étienne VI. Il parvient avec difficulté à obtenir le soutien du principal chef des conjurés, Etienne Tomșa. L’alliance entre le jeune prince et les boyards conjurés amènent à l’arrestation d’Ioan et de la mère de Constantin, Elena Branković, en septembre 1560. Si Elena Branković est envoyé au monastère, Ioan Joaldea est amputé du nez avant de prendre l’habit monacal.
Après ce coup de force, Constantin cherche à affermir son autorité personnelle. Reprenant la politique menée par sa mère et le Grand Écuyer, il se rapproche du royaume de Hongrie. Il s’appuie sur Étienne Tomșa, cherchant à conserver son soutien, faisant de ce dernier l’hetman de la principauté. Le jeune prince se marie au printemps 1561 pour essayer de pérenniser sa lignée et d’affermir son autorité. S’il se rapproche de Georges VI Báthory et de Louis III de Hongrie, le jeune prince doit ménager l’empire ottoman et faire attention à Alexandru II de Valachie, ce dernier étant proche de la Sublime Porte. Au cours de l’année 1563, le prince se rapproche davantage de la Hongrie, tirant profit de la campagne de Soliman sur Rhodes et de la volonté du prince valaque Radu Illias de chasser Alexandru II du pouvoir. Il soutient les actions de ce dernier, permettant à Radu Illias de s’imposer en août 1563. Cela permet à Constantin de chercher à rompre son lien de vassalité avec l’empire ottoman pour devenir celui de Louis III de Hongrie. L’avènement de Selim II à la tête de l’empire ottoman et le retour d’Alexandru II à la tête de la principauté de Valachie place cependant Constantin dans une position intenable.

Durant le début des années 1560, Sigismond II de Pologne continue de mener avec bonne intelligence et gouvernance l’administration de son royaume. Grâce à sa bonne gouvernance, son royaume prospère et bénéficie de bonnes relations avec le Saint-Empire romain et le royaume de Hongrie. Sur le plan religieux, Sigismond II continue de poursuivre la lutte contre la présence des idées luthériennes et calvinistes au sein de son royaume, même s’il permet aux seigneurs du grand-duché de Lituanie de pratiquer leur foi selon leur appréciation et tolère la foi luthérienne d’Albert I de Prusse. Il fait ainsi bâtir un séminaire à Cracovie en 1561. Sa politique est soutenue par les principaux représentants du clergé polonais, notamment Jakub Uchański, évêque de Włocławek. Ses relations avec son frère s’améliorent alors que la guerre contre la Russie se déclenche durant la même période, lui assurant d’autant plus le soutien de la noblesse polonaise en dépit des réticences des seigneurs polonais à intervenir dans le grand-duché sans compensation. Casimir décide de soutenir les lituaniens afin de renforcer son influence et pouvoir. Poursuivant sa politique de mécénat, le roi polonais acquiert le château de Tykocin et entreprend de le rénover dans le style Renaissance polonaise.
Sigismond II poursuit aussi les négociations visant à mettre en place l’union entre son royaume et le grand-duché de Lituanie alors que la guerre de Livonie implique le grand-duché face à Ivan IV. Les négociations sont cependant difficiles du fait de la réticence des seigneurs lituaniens qui craignent de perdre de l’influence et du pouvoir alors que les seigneurs polonais veulent une compensation en échange de l’aide aux lituaniens face aux russes. Le succès lituanien à Ula contribue aussi à ralentir les négociations pour la mise en place de l’union.
Sur le plan diplomatique, le roi polonais intervient dans la guerre de Livonie contre Ivan IV de Russie. Devenant le protecteur de la Livonie par le traité de Vilnius en novembre 1561. La même année, une trêve est établie entre le grand-duché de Lituanie et la Russie. Sigismond II cherche à renouveler la trêve en 1562, mais Ivan IV refuse. En 1563, le grand-duché de Lituanie est attaqué par les armées russes, ces dernières s’emparant de Vitebsk et de Polotsk. Le grand hetman de Lituanie, Nicolas Radziwiłł Le Rouge défait une armée russe à Ula en janvier 1564, même si les russes continuent leurs raids contre le grand-duché durant le reste de l’année. Les lituaniens bénéficient cependant de la défection du prince André Kourbski la même année, ce dernier menant en août 1564 un raid contre la région de Velikie Luki. La même année, les lituaniens ont le soutien du prince Casimir, même si Nicolas Radziwiłł Le Rouge voit d’un œil méfiant et prudent l’arrivée du frère du roi pour les soutenir.
Le roi de Pologne renforce ses liens avec Louis III de Hongrie, apaisant leurs différends sur la principauté moldave. Sigismond II entretient de bonnes relations avec Ferdinand I du Saint-Empire romain. Sigismond II continue aussi d’entretenir de bonnes relations avec Charles IX de France, facilitées par les bonnes relations existantes entre le royaume de France et certains princes d’empire comme Nicolas II de Lorraine. Ses relations avec le royaume de Suède se dégradent après 1562 alors qu’Eric XIV cherche à étendre son influence sur Riga, ce qui l’amène à se rapprocher de l’alliance avec Frédéric II et Lübeck avant de la rejoindre en 1564.

Le début des années 1560 voit Ivan IV de plus en plus impliqué dans le conflit en Livonie. En 1560, ses forces s’emparent de Dorpat et menacent de nouveau Reval. Suite à une attaque des tatars de Crimée, Ivan IV signe une trêve au cours de l’année 1560 avec l’ordre de Livonie. Les russes poursuivent cependant leurs raids sans pour autant réussir à s’emparer de Reval, de Riga ou de Pernau (1). Durant la même période, des seigneurs lituaniens opposés au projet d’union avec la Pologne proposent au tsar le titre ducal bien qu’aucune réponse n’y soit apportée. Une trêve est signée entre le grand-duché et la Russie en 1561. Avec l’expiration de la trêve en 1562, Ivan IV refuse de la renouveler malgré les demandes de Sigismond II de Pologne, ayant profité des trêves pour renforcer ses forces. Lançant une offensive contre le grand duché, son armée s’empare en 1563 de Vitebsk et de Potolsk. L’armée du prince Shouyski est cependant défaite à Ula début 1564, obligeant les russes à reporter une partie de leurs raids, ce qui ne les empêchent pas de s’emparer de Krasny Godorok en août 1564 et d’Ozernische en octobre. La même année, l’ancien ami et allié d’Ivan IV, le prince André Kourbski, fait défection en avril vers le grand-duché (2). La défection de l’ami et conseiller du tsar contribue à renforcer la méfiance de ce dernier envers l’aristocratie boyarde qui se développe alors dans son royaume. En décembre 1564, Ivan IV déplace sa capitale à Alexandrovna Sloboda avec sa famille et la cour.
Sur le plan dynastique, Ivan perd sa première épouse Anastasia Romanovna en 1560. Il se remarie l’année suivante avec Maria Temryukovna. En 1563, ils ont un premier enfant, Vasili, mais ce dernier meurt en mai de la même année. Ivan IV regrette le mariage, sa nouvelle épouse étant analphabète et vindicative.

(1)Nom ancien de Pärnu.
(2) Les raisons de la défection du prince ne sont pas claires, mais la disgrâce de certains de ses amis à cette date, les premières exécutions de boyards et la crainte, peut-être, d'être tenu pour responsable des revers militaires essuyés par les troupes moscovites ont sans doute joué un rôle dans sa décision.
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Message par Yodarc Sam 1 Juil - 9:49

Bonjour à tous !

Aujourd'hui, détour par la Scandinavie du début des années 1560. Des changements et des bouleversements assez vifs à la fois proches des événements historiques et distincts de ces derniers avec quelques nuances pour certains des acteurs et une destinée différente pour une des régions. Un cadre assez complexe et dense à découvrir pour les terres nordiques.

J'espère que cela saura vous plaire.


Bonne lecture à tous !


1560-1564 : Grabuge en Scandinavie

Le début des années 1560 voit le retour de tensions et de troubles au sein des royaumes scandinaves du fait de l’émergence de nouveaux souverains plus ambitieux et en rivalité.


Au début des années 1560, Frédéric II de Danemark cherche à renforcer son royaume et rêve de pouvoir rétablir l’Union de Kalmar. Ses relations avec le royaume de Norvège sont difficiles, ses ambitions étant vues comme un danger par Jean II de Norvège. Le nouveau souverain de Danemark soutient les nobles dano-norvégiens restés en Norvège, cherchant à affaiblir son voisin. Il dénonce la répression brutale de Jean II après l’échec de la conjuration de 1562, jouant sur la corde religieuse et présentant son parent comme un suppôt des papistes. En plus de ses relations compliquées avec le royaume de Norvège, Frédéric II voit son début de règne marqué par l’impact du conflit en Livonie et de sa rivalité brûlante et croissante avec le royaume de Suède. Tirant profit du traité signé l’année précédente avec l’évêque Johann von Münchhausen pour désigner son successeur, le roi danois nomme son frère Magnus de Holstein à la tête de l’évêché d’Ösel-Wiek au printemps 1560. Ce dernier entreprend peu après d’acheter l'évêché de Courlande et tente de s'étendre vers le comté de Harju sur le golfe de Finlande. Ces actions, réalisées sans le consentement de Frédéric II, contribuent à mettre Magnus en conflit avec Eric XIV de Suède, ce dernier considérant que le royaume du Danemark cherche à s’étendre dans la mer Baltique. Frédéric II se voit demander par Eric XIV de retirer de ses armoiries le symbole des trois couronnes suédoises, mais le roi danois refuse d’accéder à la requête du souverain suédois. La rivalité entre les deux royaumes amène Frédéric II à se focaliser sur le royaume de Suède qu’il estime dangereux pour ses projets, notamment suite aux tentatives d’alliance d’Eric XIV avec Jean II de Norvège. Les rumeurs autour d’une potentielle alliance entre Eric XIV et Jean II contribuent à renforcer les tensions, Frédéric II voyant d’un mauvais œil ce potentiel rapprochement. Le roi du Danemark se rapproche de Lübeck, tirant profit de leur ressentiment envers la politique commerciale d’Eric XIV pour entraver le commerce russe et imposer des restrictions.

Si le début de l’année 1563 demeure apaisé avec ses différents voisins, l’entourage de Frédéric II demeurant peu enclin à mener un conflit malgré les tensions grandissantes entre le royaume de Suède et le royaume de Danemark. Les tensions se renforcent cependant à partir de l’été 1563 alors que Frédéric II charge Jacob Brockenhuus de commander une flotte destinée à surveiller la Baltique et à empêcher les mouvements suédois sur le plan maritime. La flotte de l’amiral danois rencontre des navires suédois au large de l’île d’Hiiumaa en octobre 1563. Cherchant à bloquer l’accès des navires suédois, Jacob Brockenhus provoque les suédois à l’attaquer, aboutissant à un violent affrontement naval. Les suédois finissent par forcer les danois à se replier sur Ösel.

L’affrontement d’Hiiumaa cristallise les tensions, Frédéric II accusant les suédois d’avoir ouvert en premier le feu et de s’en être pris à un convoi danois destiné à commercer avec son frère Magnus de Holstein et exige des excuses d’Eric XIV. Le refus du roi de Suède d’accéder à ses demandes ou d’envoyer des représentants pour négocier le maintien de la paix accentuent l’hostilité des deux royaumes durant l’hiver 1563-1564. Durant cette période, Frédéric II reçoit le soutien de son conseil pour la possibilité de déclarer la guerre à la Suède. En février 1564, Frédéric II envoie son émissaire pour proclamer la déclaration de guerre à Eric XIV. Son émissaire est accompagné de celui de Lübeck, la ville portuaire ayant décidé de soutenir le roi du Danemark contre celui de Suède.

Début mars 1564, une armée danoise composée de plus de vingt mille mercenaires attaque Älvsborg et s’empare de la forteresse après trois jours de bombardements. L’armée danoise remonte sur la forteresse de Bohus et l’assiège durant le mois de mars, la garnison suédoise résistant du mieux qu’elle peut tout en tirant profit des caractéristiques de la forteresse avant de devoir se rendre au début d’avril 1564. Les danois brûlent Lödöse qui se trouve à proximité, lui faisant subir le même sort qu’à la cité d’Älvsborg. Ces succès permettent aux danois de couper l’accès suédois à la mer du Nord et de les priver du soutien potentiel du royaume de Norvège par Oslo. La nouvelle de l’attaque suédoise contre le Blekinge oblige cependant Frédéric II à stopper sa campagne dans le Bohuslän et le Västergötland pour défendre ses terres. Le roi du Danemark prend la tête d’une armée de renforts et intercepte l’armée d’Eric XIV à l’est de Hørgh (1) le 3 mai 1564. Bien qu’en infériorité numérique, Frédéric II tire profit de son artillerie et de la meilleure tactique militaire de sa cavalerie pour forcer Eric XIV à battre en retraite. Le roi de Danemark exploite son succès pour reprendre le contrôle du Blekinge, mais doit renoncer à toute campagne contre le Småland. Alors qu’il réorganise ses forces, une flotte dano-lübeckoise menée par Herluf Trolle défait celle suédoise de Jacob Brockenhus près du Öland en juin 1564, ce qui lui permet de mettre en place un blocus sur la côte baltique du royaume suédois. A l’automne 1564, les danois mènent de nouvelles attaques dans le Småland, s’emparant et ravageant notamment Ljunby en octobre 1564.

Durant la même période, le roi danois continue d’accueillir Elisabeth et son entourage. Désireux d’avoir un allié important alors que les tensions grandissent avec les royaumes de Norvège et de Suède, il accepte de soutenir une tentative d’Édouard de replacer son épouse et lui sur le trône en 1562. L’échec de la tentative le dissuade de les soutenir davantage, d’autant plus alors que les tensions l’opposant à Eric XIV, le nouveau roi de Suède, se renforcent sur les années 1561-1563 et aboutissent à un conflit.
Sur le plan dynastique, Frédéric II négocie un projet de mariage entre lui et Anne de Saxe, la fille de Maurice de Saxe, à la fois pour renforcer les liens de sa lignée avec celle de la maison albertine de Saxe. Les négociations portent leurs fruits en 1563 et le roi danois épouse la riche héritière à l’été 1563.


Le début des années 1560 est une période particulière pour le royaume de Suède. L’année 1560 est marquée par deux événements notables : les conséquences du Vadstenabullret et la mort du roi Gustave I.

Durant le début de l’année, Gustave I doit gérer les conséquences du scandale ayant impliqué sa fille Cécile et Jean II de Frise Orientale. S’il permet à sa fille Catherine et à son époux Edzard II de partir grâce à l’intercession de sa dernière épouse Catherine Stenbock, il refuse en revanche la moindre clémence pour le frère du comte de Frise orientale. Il refuse la proposition de son fils Eric de faire marier Cécile à ce dernier et décide de faire exécuter ce dernier malgré les suppliques de la mère de ce dernier, Anne d’Oldenbourg et de différents représentants étrangers. Jean II est exécuté en juin 1560. Sa mort contribue à amoindrir les relations entre la Frise orientale et le royaume de Suède, Anne d’Oldenbourg ne pardonnant pas au roi suédois d’avoir exécuté un de ses fils (2), même si Edzard II n’est pas autant affecté par la mort brutale de son frère du fait de leur rivalité latente. La décision du roi contribue aussi à nourrir les tensions au sein de la famille, Cécile ne pardonnant pas à son père sa brutalité et étant en froid avec sa belle-sœur Élisabeth. L’exécution de Jean II est accueillie avec désapprobation par les représentants étrangers, amenant à une dégradation de relations entre le royaume de Suède et plusieurs de ses voisins.

A l’automne 1560, Gustave I décède, amenant Eric à lui succéder, prenant le nom d’Eric XIV (3). Parmi ses premières décisions, le nouveau souverain permet à sa sœur Catherine et son époux Edzard II de repartir vers la Frise orientale l’année suivante et le rapatriement du corps de Jean II. Ce geste permet d’atténuer les mauvaises relations entre la Frise orientale et son royaume même si le ressentiment d’Anne d’Oldenbourg demeure fort. Au printemps 1561, il rassemble le Riksdag à Abroga et met en place les articles d’Abroga qui réduisent le pouvoir des grands ducs royaux, ses frères, ces derniers étant ducs de Finlande, de Södermanland et d'Östergötland (4). Le roi de Suède cherche à renforcer ses relations avec ses différents voisins tout en renforçant la position de son royaume en tant que puissance régionale. Il cherche à améliorer les relations avec le comté de Frise orientale pour assurer le traité commercial et fragiliser le monopole de la Ligue hanséatique et de Lübeck.

Le début du règne d’Eric XIV est marqué par deux tendances majeures : la lutte contre le pouvoir de la noblesse et l’expansion de la Suède en tant que puissance régionale. Il mène la première politique avec le soutien de Göran Persson, ce dernier étant notamment un adversaire de Jean. L’opposition entre Eric XIV et son frère se renforce durant la période du fait des divergences sur la politique extérieure en mer Baltique : Eric XIV escompte étendre l’influence du royaume en Livonie, tirant notamment profit des troubles provoqués par la guerre menée par Ivan IV dans la région, mais ne souhaite pas voir son frère se renforcer. La naissance de son fils à l’automne 1560 et le soutien de son épouse contribuent à atténuer en partie sa méfiance paranoïaque à l’encontre des barons suédois, même s’il s’appuie beaucoup sur son conseiller, ce qui contribue à nourrir des tensions indicibles au sein de son couple.

En parallèle de sa politique antinobiliaire, le roi de Suède cherche aussi à neutraliser le commerce russe et à développer son influence en Livonie. cette politique entre en conflit avec celle de Frédéric II de Danemark à cause des actions du frère de ce dernier, Magnus de Holstein. Eric XIV craint une expansion danoise dans la mer Baltique qui remettrait en cause sa politique destinée à faire de la Suède une grande puissance. Il empêche ainsi Magnus de Holstein et les danois de s’étendre sur l’Estonie. En parallèle, il s’empare de Reval en 1561 et de Pernaü en 1562 et cherche à obtenir la protection suédoise pour Riga, l’amenant à entrer en conflit avec Sigismond II. Le territoire contrôlé devient le duché d’Estonie. En 1563, il prend le contrôle de l’île d’Hiiumaa au nord de celle d’Ösel. A la rivalité territoriale s’ajoute les griefs hérités de la fin de l’Union de Kalmar : Eric XIV demande sans succès à Frédéric II de retirer le symbole des trois couronnes suédoises des armoiries danoises. La montée des tensions entre les deux royaumes amène Eric XIV à chercher à traiter avec Jean II de Norvège en 1562. Ce dernier décline tout projet d’alliance, mais s’engage à demeurer neutre en cas de conflit opposant la Suède au Danemark et à développer des échanges commerciaux avec son voisin.

Sur le courant de l’année 1563, les tensions avec le royaume du Danemark se renforcent et éclatent avec l’affrontement de Hiiumaa d’octobre 1563 où une flotte suédoise croise celle danoise de Jacob Brockenhus. Les suédois attaquent les danois qui cherchent à leur bloquer le passage, amenant les premiers à faire fuir les seconds. L’affrontement amène les suédois à accuser les danois de chercher à les provoquer et à les empêcher de traverser la Baltique. Eric XIV refuse de présenter des excuses à Frédéric II. En février 1564, il se voit présenter les déclarations de guerre du royaume de Danemark et de Lübeck. Il apprend peu après l’attaque danoise contre Älvsborg, ce qui l’amène à rassembler une armée. Ayant appris la chute de la forteresse d’Älvsborg et le siège de celle de Bohus, Eric XIV décide de porter son effort contre les provinces danoises du Blekinge et de Scanie. Attaquant le Blekinge au début d’avril 1564, il saccage la région mais échoue à s’emparer du port de Sölvesborg, faute d’artillerie alors que la cité est ravitaillée. Pénétrant la Scanie dans la seconde moitié d’avril 1564, les suédois décident de s’en prendre de la ville de Hørgh. Mais dans ses environs, ils tombent sur l’armée de Frédéric II le 3 mai 1564. Ce dernier tire profit de la qualité combattive de ses mercenaires et de la meilleure tactique militaire de sa cavalerie pour forcer Eric XIV à se replier sur Kalmar. Frédéric II profite de son succès pour reprendre le contrôle du Blekinge avant de devoir revenir sur Malmö du fait des demandes de ses mercenaires à être payés. Les deux souverains réorganisent leurs forces durant le printemps 1564. En juin 1564, un nouvel affrontement naval oppose la flotte suédoise à celle dano-lübeckoise au nord de Gotland et se conclut sur le triomphe de la flotte alliée, leur permettant de mettre en place un blocus sur les côtes baltiques du royaume de Suède. Eric XIV doit envoyer une partie de ses forces pour arrêter son frère à l’été 1564, l’empêchant de pouvoir mener une campagne pour tenter de reprendre Älvsborg et Bohus. Il doit en revanche subir des raids danois durant l’automne 1564, ces derniers s’en prenant notamment à Ljunby en octobre 1564.

Sur le plan dynastique, Eric XIV et son épouse Élisabeth de Hesse ont trois autres enfants en plus de Marie-Cécile : le prince héritier Gustave qui naît en septembre 1560, Margaret en mai 1562 et Sigrid en juillet 1563. Les relations du souverain avec son épouse sont neutres : s’ils entendent bien, Élisabeth est méfiante de l’influence forte de son conseiller Göran Persson, nourrissant des désaccords entre le roi et son épouse. A mesure que son époux devient de plus en plus méfiant de la noblesse suédoise, Élisabeth s’efforce de préserver les droits de son fils et de conseiller son époux à se restreindre autant que possible dans ses actions, ce qui créé peu à peu des désaccords entre eux. La reine consort cherche à garder de bons contacts avec la noblesse et notamment ses beaux-frères pour préserver la position de son époux et surtout celle de leur fils. Les relations d’Élisabeth de Hesse avec ses belles-sœurs sont aussi compliquées, l’épouse d’Eric XIV soutenant ce dernier à l’encontre de la princesse Cécile dont elle juge l’attitude déplorable suite au scandale du Vadstenabullret. Lorsque Cécile est impliquée avec ses sœurs dans un nouveau scandale (5), elle soutient son époux à l’encontre de Cécile, l’amenant à être en rivalité avec ses belles-sœurs. Eric XIV parvient cependant à faire marier sa sœur Anne Marie avec Georges-Jean de Palatinat-Veldenz en 1562, ce dernier étant initialement en négociation pour épouser Cécile avant que le scandale du Vadstenabullret ne l’amène à se tourner vers Anne Marie.

Les relations du roi de Suède avec ses frères et sœurs sont aussi compliquées. D’une part, les actions douteuses de sa sœur Cécile l’amènent à établir un protocole strict visant à surveiller ses sœurs dans leurs faits et gestes pour éviter qu’elles ne nuisent à leur propre réputation. Eric XIV entretient des relations de plus en plus conflictuelles avec ses frères, tout particulièrement Jean, à cause des articles d’Arbroga et de différences politiques, notamment concernant la Livonie. Il est tout particulièrement en rivalité avec Jean, sa méfiance et rivalité envers son frère étant nourrie par celle de Göran Persson. Jean entretient des relations conflictuelles avec son frère et son conseiller, mais demeure d’abord prudent dans ses actions et bénéficie de l’influence positive d’Élisabeth de Hesse et de la naissance de son neveu Gustave pour tempérer son frère. La situation tendue avec le royaume de Danemark et les articles d’Abroga contribuent cependant à la dégradation des relations entre les deux frères : Jean souhaite affermir son duché et entre en conflit avec Eric XIV sur cette question. Faisant fi des restrictions des articles d’Abroga et cherchant à tirer profit du conflit qui oppose son frère à Frédéric II de Danemark, Jean cherche à étendre le duché de Finlande en Livonie durant le printemps et l’été 1564. Eric XIV a vent des projets de son frère et malgré les difficultés et déboires connus au début de l’année face aux danois, permet à Göran Persson de prendre avec lui une force armée pour arrêter son frère. Le château de Turku est assiégé en août 1564 avant que Jean ne soit obligé de capituler. Göran Persson fait exécuter les alliés de Jean et fait emprisonner ce dernier au château de Gripsholm où il n’hésite pas à infliger les pires sévices et humiliations au prince. La nouvelle de l’arrestation et de l’emprisonnement du prince se répandent durant l’automne 1564 et suscite la sidération de la noblesse suédoise et d’Élisabeth de Hesse. Cette dernière demande à son époux de faire preuve de clémence et de renvoyer son conseiller qui a outrepassé les ordres royaux et dont elle estime l’influence néfaste pour son époux. Eric XIV concède d’améliorer les conditions de captivité de son frère mais refuse de le libérer ou de renvoyer son conseiller, l’estimant plus indispensable que jamais alors que son royaume subit de nouvelles attaques des danois à l’automne. Son inflexibilité et le maintien de la captivité de Jean renforce le fossé entre lui et les nobles ainsi que ses autres frères. A cela s’ajoute la désapprobation de la noblesse envers son souverain, l’accusant à bas mots de se soucier davantage des trahisons supposées de ses frères et des nobles plutôt que de défendre le royaume contre les danois.


Le début des années 1560 est une période charnière pour Jean II de Norvège. Alors qu’il poursuit la politique d’affirmation de l’autorité royale, il doit faire face à l’opposition des derniers représentants de la noblesse dano-norvégienne qui cherchent à l’évincer au profit de son cousin Frédéric II alors que leur pouvoir s’est beaucoup amoindri du fait des réformes royales et du développement d’une nouvelle noblesse norvégienne plus attachée à la figure royale du fait de l’héritage de la guerre des deux Rois. Le roi de Norvège parvient à éventer un complot de cette noblesse au cours de l’année 1562, l’amenant à bannir emprisonner certains des conjurés et à les condamner. La découverte du complot contribue aussi au renforcement de la politique religieuse de Jean II contre les calvinistes et les luthériens, s’inspirant en partie de la politique déployée par son cousin Philippe II d’Espagne dans les Pays-Bas espagnoles. Le souverain s’appuie sur l’ordre de Saint-Olav pour renforcer son autorité et sa position, comblant d’honneurs les nobles qui le soutiennent. Jean II entreprend à partir des années 1560 à rénover ou construire différents palais et forteresses, rénovant notamment la forteresse d’Abershus.
Durant le début des années 1560, les pêcheurs islandais se déplacent de plus en plus vers le Groenland et Heilagurjón, permettant le développement du lieu malgré les contraintes locales et environnementales. Jean II réaffirme en 1563 la suzeraineté de la couronne norvégienne sur le Groenland et travaille à l’organisation d’une petite expédition destinée à trouver un passage par le nord-ouest. Le souverain poursuit l’importante politique commerciale mise en place depuis son père, échangeant beaucoup avec les Pays-Bas espagnols et les îles britanniques. Sa politique commerciale est renforcée par la création de guildes marchandes durant la période. Le royaume est alors prospère grâce à la politique royale sur le commerce. La menace que représente Frédéric II de Danemark tempère le désir de Jean II à réaliser le projet d’une expédition pour découvrir un passage vers le nord-ouest, même s’il entreprend de s’y pencher à partir de 1564.

Sur le plan dynastique, Jean II voit la naissance de ses premiers petits-enfants au cours de la période : le prince héritier Christian au printemps 1561, la princesse Marie à l’automne 1562 et la princesse Anne à l’hiver 1564. Durant la période, il entreprend de donner à son héritier Charles de nombreuses responsabilités pour le préparer à sa future position de roi.
Sur le plan diplomatique, le règne de Jean II est marqué par une importante politique de neutralité alors que ses deux voisins se déchirent après 1563. Le roi norvégien s’inquiète de l’ambition d’Eric XIV de Suède et de Frédéric II de Danemark, le second ayant des revendications dynastiques sur la couronne de Norvège. Au printemps 1562, il reçoit une proposition d’alliance d’Eric XIV contre Frédéric II. Jean II hésite à conclure une telle alliance du fait de son hostilité pour la foi luthérienne, mais la possibilité de se protéger de Frédéric II est une perspective nécessaire et cruciale. Le roi de Norvège est poussé par une partie de ses conseillers à le faire, même si son épouse, son chancelier et les représentants du clergé membres du Riskråd s’y opposent pour des raisons politiques et confessionnelles. Les incidents maritimes impliquant certains navires norvégiens avec des navires danois l’amènent cependant à développer des relations avec le roi de Suède, cherchant à amoindrir l’isolement potentiel dans les terres scandinaves et à jouer davantage la division entre les deux royaumes luthériens, envoyant notamment des représentants pour rencontrer Eric XIV à l’été 1562. La rencontre n’aboutit cependant à rien, hormis une promesse informelle d’Eric XIV à respecter la neutralité du royaume de Jean II et à développer quelques liens commerciaux. Lorsque le conflit éclate début 1564 entre le Danemark et la Suède, Jean II demeure en retrait, même s’il doit faire face à des escarmouches perpétrées par des navires danois, l’amenant à renforcer ses flottes quittant Oslo pour protéger son commerce. Les défaites suédoises inquiètent cependant Jean II du risque d’effondrement de son voisin et de la perspective de voir Frédéric II tourner ensuite son regard vers son royaume. Il entreprend aussi de renforcer les défenses de son royaume, se préparant à la possibilité d’une attaque danoise contre son royaume. Il hésite cependant à traiter avec Eric XIV alors qu’il apprend l’arrestation et la captivité du frère de ce dernier à l’automne 1564.

En parallèle des relations complexes avec ses voisins scandinaves, Jean II poursuit sa politique visant à renforcer ses liens en dehors de la Scandinavie, cherchant à maintenir d’importantes relations avec les Habsbourg. Éléonore était destinée à épouser un des princes Habsbourg et épouse Charles Louis, le plus jeune fils de l’empereur, à l’été 1562, Philippe II d’Espagne ayant exprimé peu d’intérêts à voir marier son fils Charles d’Autriche. Désireux d’affermir sa lignée et d'étendre ses liens, Jean II se tourne aussi vers la couronne française pour trouver épouse à son plus jeune fils Christian. Le roi de Norvège poursuit enfin le développement des relations avec les royaumes britanniques grâce aux échanges commerciaux et au retour d’une relative stabilité en Angleterre, lui permettant de se rapprocher de Marie I d’Angleterre.


(1) Nom ancien (15ème/16ème siècle au moins) de Höör.

(2) Jean II de Frise Orientale était le fils préféré d'Anne d'Oldenbourg qui avait en outre partagé la Frise Orientale entre ses trois fils en 1558.

(3) Eric se considère comme le quatorzième roi de Suède portant ce nom du fait de l'histoire légendaire (parfois fantaisiste) de la Suède établie par Johannes Magnus dans son Historia de omnibus Gothorum Sueonumque regibus (1554), un recueil inspiré en partie des sagas et tiré en partie de l'imagination même de Magnus, ce qui a amené à un nombre plus important de rois de Suède qu'il n'y en avait en réalité (ainsi, il n'y avait que huit rois nommés Eric avant Eric XIV).

(4) Gustave I a accordé ces titres à ses fils durant la fin des années 1550.

(5) Cécile et ses sœurs organisaient une fête dans leurs chambres durant la nuit et sont découverts par leur frère.


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Message par Collectionneur Sam 1 Juil - 9:58

Je sais que c'est un peu tard, mais serai t'il possible d'aérer le texte ? Plus d'espace entre les paragraphes ? Depuis mon téléphone, cela fait un ''mur'' de texte.
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Message par Yodarc Sam 1 Juil - 10:00

Collectionneur a écrit:Je sais que c'est un peu tard, mais serai t'il possible d'aérer le texte ? Plus d'espace entre les paragraphes ? Depuis mon téléphone, cela fait un ''mur'' de texte.

Bien sûr.

Je m'en occupe.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 11 Empty hamlet et ikea

Message par vigilae Sam 1 Juil - 18:58

. Par un désolant souci de perfection, j'attire l'attention sur deux, minuscules, coquilles :
. "En parallèle de sa politique antinobiliaire, le roi de Suède cherche aussi à neutraliser le commerce russe et développe Cette politique entre e"
.  "avec les Pays-Bas espagnoles".

. Plus concrètement, cette affaire de rois de Norvège et de Danemark fait songer, par une dimension presque shakespearienne, à '"Hamlet".
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Message par Yodarc Sam 1 Juil - 19:17

vigilae a écrit:. Par un désolant souci de perfection, j'attire l'attention sur deux, minuscules, coquilles :
. "En parallèle de sa politique antinobiliaire, le roi de Suède cherche aussi à neutraliser le commerce russe et développe Cette politique entre e"
.  "avec les Pays-Bas espagnoles".

. Plus concrètement, cette affaire de rois de Norvège et de Danemark fait songer, par une dimension presque shakespearienne, à '"Hamlet".

Merci pour avoir repéré ces coquilles. Je vais m'occuper de rectifier ces petites gaffes.

Amusant que tu songes à ce parallèle, vu que Hamlet se passe au Danemark.
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Message par Yodarc Sam 8 Juil - 9:41

Bonjour à tous !

Aujourd'hui se clôt la période de la première moitié des années 1560 avec un détour chez les puissances musulmanes d'Afrique du Nord et d'Orient. Des rapports de force désormais bien fixés et des évolutions qui se poursuivent. C'est aujourd'hui une période qui se clôt pour une des puissances majeures avec un dernier succès à l'appui lavant un échec antérieur.

Bientôt, la dernière période traitée dans ce récit va être abordée avant que les appendices et l'épilogue ne soient abordés.

J'espère que cette partie saura vous plaire.

Bonne lecture à vous tous !

1560-1564 : Changements en terres musulmanes
Le début des années 1560 sont marqués par de nombreux bouleversements au sein du monde musulman qui modifie les rapports de force entre les différents royaumes et ceux avec les royaumes chrétiens.

Le royaume du Maroc connaît un changement de tête au début des années 1560 : le sultan saadien Mohammed ech-cheikh décède à l’automne 1561 à soixante-et-onze ans. Le sultan laisse derrière lui un royaume réorganisé et renforcé de la conquête d’une partie de l’Oranais. Son fils Abdallah, surnommé el-Ghalib, lui succède sur le trône. Le nouveau sultan consolide son autorité et la position des Saadiens avec l’aide de ses deux frères, Abu Marwan Abd al-Malik et Ahmed al-Mansur. Déterminés à renforcer et à étendre le royaume chérifien, le nouveau sultan et ses deux frères mènent une campagne dans l’Oranais et contre le sultanat koukou au cours de l’année 1562. Sa campagne lui permet de mener de nombreux raids, mais aussi d’obtenir le ralliement de certaines des tribus locales avant de défaire une force koukou près de Saïda en août 1562. Après cette campagne, le sultan revient sur Fès où il affermit son autorité et commence à développer des projets architecturaux destinés à faire resplendir sa capitale. Il tente aussi une attaque contre une des enclaves portugaises, Anfa, au cours de l’année 1563 bien que sa tentative à s’en emparer échoue. Son royaume subit la même année des attaques des koukous dans l’Oranais, ces derniers cherchant notamment à s’emparer de Tlemcen à l’été 1563. Avec l’aide de son frère Ahmed Al-Mansur, le sultan repousse leurs assauts
Abdallah el-Ghalib doit cependant faire face à l’Espagne de Philippe II, ce dernier se décidant à soutenir les revendications des fils d’Abû al-Hassan Abû Hassûn `Alî ben Muhammad sur le trône du Maroc. A l’été 1564, il apprend le débarquement d’une armée ibérique qui descend sur sa capitale. Rassemblant en hâte une importante armée, le sultan marocain et ses frères rencontrent leurs adversaires non loin de Meziat sur l’oued Sra. Le 24 août 1564, l’armée marocaine part à l’attaque, cherchant à encercler l’armée adverse pour la détruire, mais les canons et la discipline des tercios stoppe ses attaques alors que le cours d’eau de l’oued entrave les manœuvres. Au début de l’après-midi, les espagnols mènent une attaque au centre du dispositif de l’armée marocaine. Leur assaut manque de couper en deux l’armée du sultan et d’atteindre ce dernier. Les marocains parviennent à repousser l’attaque avec grandes difficultés, Abdallah el-Ghalib étant blessé dans l’affrontement alors que son frère Ahmed Al-Mansur est grièvement touché. Le combat s’achève dans la soirée alors que les marocains ont une de leurs ailes détruites. Son armée fragilisé, Abdallah el-Ghalib charge deux de ses hommes pour tuer le commandant adverse et son rival dans la nuit suivante. S’il n’a aucune nouvelle de ses hommes, il découvre le lendemain le départ de l’armée adverse. La bataille de Meziat lui a coûté six mille hommes et ses forces sont trop épuisées pour pourchasser leurs adversaires. S’il revient en triomphe à Fès début septembre 1564, le sultan marocain est conscient qu’il va faire face à une puissance chrétienne redoutable dont son peuple craint de voir envahir leurs terres, l’amenant à chercher à se préparer à contrer ces derniers, voire de tenter de porter le combat sur leurs terres. Pour célébrer sa victoire, il entreprend de rénover la Zaouïa de Moulay Idriss.

Le sultanat koukou connaît une période compliquée au début des années 1560. S’il développe d’importantes relations avec le royaume de Beni Abbès, il doit subir de nouvelles attaques des marocains en 1562 peu après avoir accueilli le frère du nouveau sultan. Ils se tournent vers les espagnols d’Oran pour leur demander de l’aide pour contrer le royaume chérifien et soutenir les droits d’Ahmed al-Mansur. Au cours de l’année 1563, ils mènent des raids dans l’Oranais contrôlé par les marocains et cherchent à en reprendre le contrôle. Ils tentent de s’emparer de Tlemcen en juillet 1563, mais échouent à s’emparer de la cité avant d’être repoussés par Abdallah el-Ghalib et Ahmed Al-Mansur. L’année suivante, les koukous tentent de nouveau de s’en prendre à l’Oranais, tirant profit de l’attaque des espagnols sur Fès. Ils parviennent à reprendre certains territoires, mais doivent faire face à l’opposition des tribus ralliées aux marocains et aux forces du vice-roi de Debdou.

Les années 1560-1564 voient le royaume de Beni Abbés se renforcer et prospérer. Le royaume consolide ses liens avec le sultanat koukou au travers des alliances et des échanges. Il entretient des relations complexes avec les espagnols avec lesquels ils sont autant alliés que rivaux, notamment face aux marocains ou en opposition à cause du califat hafside. El Abbès renforce son royaume en direction du Sahara et dans les régions frontalières du califat de Tunis, les populations locales préférant accepter sa suzeraineté dans l’espoir d’échapper au risque de renforcement de l’influence espagnole. Ce développement du royaume vers l’est contribue à renforcer les tensions avec Abû al-`Abbâs Ahmed III al-Hafsi qui cherche à préserver le peu d’autorité qui lui reste sur son territoire. Des heurts se produisent entre les deux royaumes sur les années 1562-1564 jusqu’à ce que le calife hafside cherche à reprendre le contrôle de la région de Constantine au cours de l’année 1564. Un affrontement oppose les deux royaumes près de l’ancienne forteresse romaine de Tiffech en juin 1564. Les hommes d’El Abbès défont l’armée hafside grâce à la présence des arquebuses développés par le royaume durant la période.

Au début des années 1560, le califat hafside fait face à des défis importants pour sa survie. Abû al-`Abbâs Ahmed III al-Hafsi cherche à préserver et à renforcer son autorité sur un royaume en pleine déliquescence. Les territoires à l’ouest sont menacés par les ingérences du royaume de Beni Abbès alors que les populations locales au sud se détachent de leur loyauté à son autorité, fragilisant davantage la position du califat. Le calife entretient des relations compliquées et complexes avec les espagnols, devant composer avec ses sujets qui craignent de voir les chrétiens chercher à s’imposer alors que leur présence est rappelé par leur contrôle de la forteresse de La Goulette et de Bizerte et la proximité de Malte et de la Sicile. Cherchant à s’émanciper de l’influence ibérique, Ahmed III entreprend de nouveau de se détacher de ses obligations envers le traité aux espagnols, cessant peu à peu de payer l’indemnité dû au gouverneur de La Goulette et entreprenant d’échanger de nouveau avec l’empire ottoman. Le passage de la flotte chrétienne en 1563 l’oblige à faire preuve de prudence mais l’échec de cette dernière et la disparition de Soliman donnent l’opportunité au calife hafside de chercher à défendre sa position auprès de la Sublime Porte pour s’en faire un allié. Dans sa volonté de défendre ses territoires, le calife envoie une partie de ses forces protéger les provinces occidentales, ce qui amènent à des heurts avec les hommes d’El Abbès à partir de 1562 alors qu'elles doivent aussi gérer des révoltes dans les autres provinces. Ces incidents se multiplient jusqu’à ce qu’Ahmed III décide de reprendre Constantine à son voisin en 1564. Il affronte une armée du royaume voisin près des ruines de la forteresse de Tiffech en juin 1564. Si son armée a l’avantage numérique, elle se fait défaire par ses adversaires qui savent tirer profit des arquebuses que le royaume s'est doté au fil des années. Forcé de se replier, le calife hafside se voit encore plus fragilisé face à ses différents adversaires.

L’empire ottoman connaît plusieurs événements majeurs au début des années 1560. La lutte de pouvoir entre Selim et Bayezid tourne à l’avantage du premier en 1560, forçant le second à s’exiler auprès de Tahmasp I, cherchant son aide. Ce dernier l’accueille au cours des années 1560-1562 mais l’exécute suite aux menaces de Soliman. La disparition de Bayezid et de sa famille fait de Selim le seul et unique héritier du sultan ottoman alors vieillissant et sexagénaire.
Le sultan ottoman passe les années 1562-1563 à préparer une nouvelle expédition contre Rhodes, déterminé à laver l’échec de 1523 et d’assurer le contrôle quasi-complet de la Méditerranée orientale. Il rassemble une flotte conséquente avec l’aide de Kurtoğlu Hızır Reis et mobilise une armée de près de cent mille hommes. Il quitte Constantinople en mai 1563 et débarque sur Rhodes en juin 1563. La flotte turque doit affronter celle menée par Giannettino Doria le 11 juin 1563. L’affrontement est brutal, mais Kurtoğlu Hızır Reis parvient à disloquer la flotte adverse et à la disperser. Durant la bataille, la flotte chrétienne perd une cinquantaine de navires sur la centaine qu’elle disposait alors que les turcs en perdent une quinzaine et cinq mille hommes dans les affrontements, parmi lesquels Giannettino Doria. Après ce combat, les ottomans mettent en place le blocus de l’île et mettent en place le siège. Soliman rejoint l’île début juillet 1563, permettant le déclenchement du siège. Face à l’immense armée ottomane, les chevaliers hospitaliers et leurs alliés sont environ douze mille et bien ravitaillés en ressources. Le siège fait rage durant tout l’été et l’automne 1563, les ottomans appliquant leurs tactiques traditionnelles alors que les défenseurs leur offrent une résistance acharnée. Les turcs souffrent de nouveau des affres de la dysenterie, mais s’avèrent redoutables dans leurs assauts contre les bastions de Provence et d’Angleterre. Ayant tiré les leçons de l’échec du précédent siège, Soliman travaille à maintenir un blocus efficace, mais aussi à ravitailler au mieux ses forces. Le vieux sultan est affaibli et malade, mais persiste dans sa détermination de voir la forteresse et l’île tomber entre ses mains. A partir de novembre 1563, les assauts se font plus nombreux et féroces alors que plusieurs bastions sont au bord de l’effondrement du fait des sapes ottomanes. La fragilisation des défenses et l’apprêté des combats divisent les défenseurs sur la nécessité de poursuivre le combat alors que les habitants sont de plus en plus nombreux à demander une reddition. La situation change de façon dramatique à la Saint-Nicolas 1563 lorsque les bastions d’Italie et d’Angleterre s’effondrent, compromettant la défense de la cité. Les ottomans mènent l’assaut le plus important et brutal, manquant de submerger les défenseurs dans ce qui sera connu des chroniqueurs comme la « Saint-Nicolas rouge ». S’ils parviennent à empêcher les ottomans de pénétrer dans la cité, les chevaliers hospitaliers et leurs alliés sont meurtris, épuisés et affaiblis. Le Grand maître de l’ordre se résigne à négocier peu après et à présenter la reddition de Rhodes le 15 décembre 1563. Soliman accepte la reddition et autorise les chevaliers à quitter l’île, mais se montre impitoyable avec les survivants espagnols et génois ayant aidé ces derniers : une partie est exécutée alors que l’autre est transformé en esclaves. Le second siège de Rhodes a vu les hospitaliers et leurs alliés perdre plus de six mille hommes alors que les ottomans ont perdu près de quarante mille hommes, la majeure partie à cause de la dysenterie.
Soliman n’a pas le temps d’exploiter son succès à Rhodes. La maladie l’achève au cours de janvier 1564 et le vieux sultan ottoman rend l’âme sur l’île le 22 janvier 1564. Son grand vizir, Mehmed Sokollu, garde secret sa mort pour permettre l’ascension de son fils Selim. Ce dernier devient Selim II et ramène la dépouille de son père à Constantinople au printemps 1564. Selim II doit gérer le contrecoup du décès de son père avec d’importants mouvements séditieux au sein des janissaires. Le nouveau sultan s’appuie beaucoup sur le dernier vizir de son père, Mehmed Sokollu. Le nouveau sultan apprécie beaucoup les plaisirs et les divertissements et s’entoure de savants et d’artistes autour de lui-même s’il n’aime pas beaucoup se présenter en public. Il cherche à affermir le succès de son père sur Rhodes et dans le Dodécanèse pour affermir son autorité. Le sultan soutient aussi Alexandru II Mircea pour reprendre la position de prince de Valachie durant la même période afin de reprendre le contrôle dans la région et contrecarrer les ingérences hongroises dans un des vassaux de son empire.
Sur le plan diplomatique, Selim II entretient des relations compliquées avec Louis III de Hongrie, même s’il charge son grand vizir de négocier une paix durable avec le roi magyar en obtenant de ce dernier la reconnaissance de la suzeraineté ottomane. Ces relations sont d’autant plus compliquées du fait des ingérences hongroises et transylvaines sur les principautés de Moldavie et de Valachie. Le sultan tisse des relations avec Tahmasp I et entretient des liens complexes sur le plan diplomatique et commercial avec la république de Venise. Les ingérences russes contre le khanat de Crimée sont observées avec attention et vigilance par les ottomans.
En parallèle de la campagne de Rhodes et de la succession de Soliman I, l’empire ottoman continue de renforcer sa flotte dans la mer Rouge afin de contrer les Portugais et de briser leur influence et position dans la région. Des raids sont menés par les deux camps, les ottomans contre Khamaran en 1562 et Aden en 1564 alors que les portugais cherchent à chasser les ottomans des îles Farasan . Les raids ottomans saccagent les côtes yéménites contrôlées par les portugais et fragilisent leur position dans la région alors que la flotte ottomane de la mer rouge se renforce. En Méditerranée, les ottomans mènent des raids contre les possessions espagnols au niveau de la Tripolitaine et du califat hafside et contre les territoires génois en Méditerranée orientale en 1564.

L’empire perse séfévide se rétablit de son long conflit avec l’empire ottoman au début des années 1560. Durant la période, Tahmasp I demeure actif sur le plan des arts, contribuant à l’épanouissement de historiographie autour de sa dynastie pour affermir le prestige de sa lignée. Le shah perse poursuit aussi sa politique d’intégration des provinces géorgiennes dans son empire avec l’imposition de nombreuses institutions politiques et sociales iraniennes, comme les farmâns bilingues géorgien-persan, dans le but d'établir le persan comme langue administrative officielle de la Géorgie séfévide. Sur le plan diplomatique, le souverain perse maintient la paix avec son voisin ottoman.  Un des faits les plus notables de la période est l’accueil du prince Bayezid et de ses enfants par Tahmasp I. Le prince demande l’aide du shah contre son père, mais Tahmasp I ne veut pas rompre la paix d’Amasya. Les pressions de Soliman I et la peur d’un complot par son invité amène Tahmasp I à exécuter ce dernier et ses enfants en 1562. Après la mort de Soliman I, le souverain perse commence à tisser des liens avec Selim II pour consolider la paix. Il entretient des relations complexes avec les portugais présents à Mascate, ces derniers ayant affermi leur monopole sur les routes maritimes dans l’océan indien.


Dernière édition par Yodarc le Sam 8 Juil - 19:51, édité 1 fois
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Message par vigilae Sam 8 Juil - 15:30

. Oui ! intéressant, et c'était à anticiper.

. "turque doit affronter celle menée par Giannettino Doria le 11 juin 1563".
. Dixit wikipedia "Giannettino Doria (1510 – 1547) è stato un ammiraglio e nobile italiano della Repubblica di Genova, erede e luogotenente di Andrea Doria". Dans cette TL, l'intéressé a survecu ?

. "Après ce combat, les ottomans mettent en place le blocus de l’île et mettent en place le siège. Soliman rejoint l’île début juillet 1563, permettant le déclenchement du siège" => heu... Si le siège, et même le blocus, sont mis en place, pourquoi attendre pour "déclencher" le siège ?

. chasser les ottomans des îles Fasarran. => iles farasan
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Message par Yodarc Sam 8 Juil - 19:50

vigilae a écrit:. Oui ! intéressant, et c'était à anticiper.

. "turque doit affronter celle menée par Giannettino Doria le 11 juin 1563".
. Dixit wikipedia "Giannettino Doria (1510 – 1547) è stato un ammiraglio e nobile italiano della Repubblica di Genova, erede e luogotenente di Andrea Doria". Dans cette TL, l'intéressé a survecu ?

. "Après ce combat, les ottomans mettent en place le blocus de l’île et mettent en place le siège. Soliman rejoint l’île début juillet 1563, permettant le déclenchement du siège" => heu... Si le siège, et même le blocus, sont mis en place, pourquoi attendre pour "déclencher" le siège ?

. chasser les ottomans des îles Fasarran. => iles farasan

Pour répondre à ta première question, Giannettino a en effet survécu jusqu'à 1563 parce que le contexte ayant abouti à sa mort historique n'existe pas. Le complot qui s'est fait contre sa famille par les Fieschi pour mettre un terme au pouvoir absolu d'Andrea Doria sur Gênes ne pouvait avoir lieu, étant donné qu'en 1547, Gênes est d'abord contrôlé par les Français avant d'être capturé par Andrea Doria et les Espagnols. Et le système mis en place par Andrea Doria est ici créé en 1549 et non pas en 1528, décalant de plusieurs décennies l'évolution des rapports de force au sein de Gênes et ce dans un contexte plus complexe, étant donné que les Habsbourg sont à la fois très dominants sans avoir pour autant la même mainmise en Italie, notamment du fait d'une papauté plus puissante (le sac de Rome n'ayant jamais eu lieu dans cette réalité alternative).

Concernant la deuxième question, je me suis inspiré de la chronologie du siège historique de 1522 (dont le début est assez similaire dans ce récit) où Soliman ne rejoint Rhodes qu'environ un mois après le débarquement de ses premières forces sur l'île, sans doute pour pouvoir commander ses forces sans avoir de mauvaises surprises sur l'île ou en mer. Et avec l'échec du siège de 1522-1523, Soliman a encore plus de raison de préparer la mise en place du siège et du blocus dans cette nouvelle tentative.

Merci pour avoir repéré cette coquille. Je vais la corriger de ce pas.
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Message par Yodarc Sam 15 Juil - 11:50

Bonjour à tous !

Aujourd'hui s'ouvre la dernière phase de ce récit alternatif sur la Renaissance (sans compter les appendices et l'épilogue). Et une fois n'est pas coutume, le démarrage de cette dernière période analysée n'est pas dans le royaume de France (pour d'évidentes raisons), mais dans les îles britanniques. Une période plus apaisée où les deux royaumes sont en stabilité et prospérité alors que leurs souverains respectifs affermissent leur autorité au départ questionnée. Deux royaumes dont la physionomie et le parcours ont désormais peu à voir avec la réalité historique.

J'espère que cette partie saura vous plaire et vous donner envie de découvrir le dénouement de ce récit, ses à-côtés et son épilogue.

Bonne lecture à tous !

1565-1569 : Pax Britannica
La fin des années 1560 est une période pérenne et apaisée pour les royaumes britanniques alors que leurs souverains affermissent leur autorité et poursuivent la réforme de leurs territoires.

Durant les années 1565-1569, Marie I d’Angleterre et son époux François IV de Bretagne poursuivent d’affermir leur autorité sur le royaume. La période voit cependant émerger des désaccords entre les deux membres du couple, notamment concernant le rapport au parlement. Marie I cherche à prendre en compte ses représentants pour pouvoir développer son autorité et assurer leur soutien alors que François IV est moins porté par cette approche et souhaiterait au contraire amoindrir leur influence et rôle, notamment concernant la question des impôts. Cette différence de perspective se répercute dans les factions et rivalités au sein de la cour royale, mais aussi dans les politiques royales, Marie I cherchant à affermir son autorité en tant que souveraine tout en ménageant son époux. La souveraine peut cependant bénéficier d’un relatif soutien de ses alliés et de certains représentants de la cour alors que François IV doit composer avec les barons du royaume du fait de son statut d’époux de souveraine et de prince étranger. Le couple royal bénéficie cependant de l’absence de nouvelle tentative de la part d’Élisabeth et de son époux Édouard durant la période pour affermir leur légitimité auprès de leurs sujets. Leur fils François, désormais un jeune adulte, est désormais prince de Galles et se voit accorder différentes responsabilités destinées à l’aider à le préparer à sa position d’héritier et de futur souverain. Marie I veille aussi à la formation de son petit-fils Arthur afin qu’il soit au fait des us et coutumes du royaume d’Angleterre.

En plus des enjeux dynastiques et politiques, Marie I et son époux doivent gérer les défis économiques résultant de l’inflation, des problèmes suscités par le développement des enclosures et de la crise de subsistance qui a frappé le royaume au cours de la période. La souveraine cherche à l’instar de ses prédécesseurs à restreindre le développement de la pratique pour permettre aux paysans de continuer de bénéficier des pâturages communaux, mais doit composer avec certains grands du royaume qui tire profit des enclosures pour prospérer. La souveraine doit faire face à des troubles et émeutes durant la période, notamment dans le Lincolnshire et le Kent, la population locale ne supportant guère les contraintes économiques qu’elles subissent ou l’impact des enclosures sur leur capacité à pouvoir payer leur dû aux seigneurs locaux et à la couronne. Marie I et son époux cherchent à faire face à ces défis au travers de nouveaux expédients, même s’ils doivent composer avec le parlement. L’accord pontifical pour tirer des taxes des couvents leur permet d’assurer un certain revenu pendant quelques années même si le pouvoir des couvents et l’incertitude de l’aval pontifical du fait de la succession papale durant la période sont aléatoires et restreignent la capacité de la couronne anglaise à tirer profit de cette source de revenu. Marie I tire cependant profit du renouvellement des échanges commerciaux au niveau de la Manche et de la Mer du Nord. Calais est plus que jamais considérée comme la Perle du royaume, les échanges commerciaux avec le royaume de France et les Pays-Bas espagnols permettant à la cité portuaire de maintenir une prospérité très conséquente, la cité comptant en 1567 environ cinquante mille habitants et rivalise avec les villes marchandes du nord, notamment Douai ou Bruges. Le commerce se développe aussi avec le royaume de Norvège et les représentants de la Ligue hanséatique. Du fait de son expérience à la tête du duché de Bretagne, Marie I songe aussi peu à peu à relancer des expéditions vers l’ouest, principalement pour trouver une voie vers l’Asie mais aussi pour établir des comptoirs et colonies pour développer le commerce avec les autochtones du Nouveau Monde.

Sur le plan religieux, Marie I et son époux poursuivent la défense de la suprématie de l’Église catholique contre les idées tyndaliennes, luthériennes et calvinistes. Le couple royal est cependant divisé sur l’approche à avoir sur l’Église d’Angleterre : Marie tend à reprendre la politique de son demi-frère et de leur père alors que François IV souhaite s’inspirer du Concordat de Carpentras pour renforcer l’autorité de la couronne anglaise sur le clergé local. Ces divergences s’estompent cependant à partir de 1567, Marie I voyant quelques avantages à s’inspirer la politique française sur le plan religieux de par son expérience et des avantages que cela pourrait assurer à la couronne anglaise. L’idée d’un concordat est défendue par une partie des représentants de la noblesse et du parlement qui y voient une opportunité pour renforcer leur influence au détriment du clergé, même si la perspective de voir la couronne renforcer son pouvoir suscite l’appréhension et l’hésitation chez ces derniers. Marie I décide de négocier avec le pape la mise en place d’un concordat similaire à celui du royaume de France à partir de 1568, mais doit faire face aux hésitations du pape Benoît XIII.

Marie I doit aussi composer avec la gestion des questions irlandaises. Thomas Butler gère du mieux de ses capacités les différentes rivalités et tensions au sein de l’île d’Émeraude tout en cherchant à renforcer son autorité et son influence. Cela suscite des inimitiés de la part de différents seigneurs irlandais, notamment son rival Gerald FitzGerald, comte de Desmond, mais aussi Shane O’Neill qui voit d’un mauvais œil le comte d’Ormonde renforcer son influence à partir du Pale anglais. La position d’arbitre de Thomas Butler ne permet pas seulement à ce dernier de développer une position importante au niveau de l’Irlande. Elle permet aussi à la couronne anglaise d’assurer les acquis du renforcement de son influence et autorité sur l’île d’Émeraude sous les règnes d’Henri IX et d’Élisabeth I sans tomber dans les écueils provoqués par ces derniers avec l’illusion d’un retour à une situation antérieure. Le comte d’Ormonde doit cependant faire face à l’opposition et à l’hostilité d’une partie des seigneurs irlandais, certains par rivalité, les autres seigneurs voyant d’un mauvais œil sa position forte et sa proximité avec la couronne anglaise.

Sur le plan diplomatique, Marie I poursuit de tisser d’importantes relations avec les royaumes d’Écosse et de France. Ses relations avec Jacques VI d’Écosse sont cordiales alors que celles avec Charles IX de France sont plus compliquées à cause de l’ambigüité de la position de son époux et de leurs enfants malgré l’engagement pris lors de la rencontre d’Amboise. La souveraine entreprend aussi de tisser des relations avec Philippe II d’Espagne, cherchant à développer des liens commerciaux avec ce dernier au travers des Pays-Bas Espagnols et des royaumes d’Espagne eux-mêmes mais aussi pour avoir un allié puissant. Elle développe les relations avec Jean II de Norvège, notamment pour soutenir ce dernier face à la menace que représente Frédéric II de Norvège, Marie I et son époux ne voulant pas prendre le risque de voir le roi de Danemark se renforcer et avoir plus de moyens pour soutenir Élisabeth et son époux Édouard dans leur volonté de reprendre la couronne d’Angleterre. Ils n'hésitent pas à soutenir le royaume de Suède pour détourner l'attention du roi de Danemark d'un nouveau soutien à leurs rivaux.


Les années 1565-1569 sont pour le royaume d’Écosse une période de sérénité et de tranquillité et voit Jacques VI entreprendre d’affermir son autorité.

Le roi écossais entreprend de renforcer son autorité durant la fin des années 1560, mais doit composer avec les différents clans écossais, notamment les MacDonnell dont les liens avec l’Irlande ont une incidence sur ses relations avec le royaume d’Angleterre. Jacques VI s’appuie beaucoup sur le Parlement d’Édimbourg pour développer son autorité et amoindrir le poids des clans écossais. Pour renforcer son royaume, le souverain écossais poursuit le développement des échanges commerciaux avec ses différents voisins, notamment au niveau de la mer du Nord. Sur le plan religieux, le souverain écossais poursuit la politique de défense de la foi catholique. Il entreprend aussi de rénover ou de bâtir des demeures royales pour affermir le prestige de son règne dans son but d’affermir l’autorité royale. Pour mener à bien ses réformes, il s’appuie sur Matthew Stewart qui demeure son principal conseiller et homme de confiance. A la cour d’Écosse, les factions évoluent, étant moins marquées par les alignements diplomatiques que par les rivalités entre clans. Matthew Stewart s’oppose ainsi à David Douglas et James Hamilton, ces derniers s’opposant désormais au roi d’Écosse sur le renforcement de son autorité royale, ne voulant pas voir leur influence être combattue et affaiblie.

Sur le plan diplomatique, Jacques VI consolide ses relations avec Marie I d’Angleterre afin de maintenir la paix entre leurs royaumes respectifs et de développer les relations commerciales. Ces relations sont renforcées par le fait qu’il soit marié avec la fille de la souveraine anglaise. Ces relations sont parfois compliquées par les liens existant entre les MacDonnell et leurs parents d’Antrim en Irlande. Le roi d’Écosse entretient aussi d’importantes relations avec le royaume de France, notamment le duché de Bretagne du fait qu’il est le beau-fils de François IV de Bretagne. Ses relations avec le royaume de France sont aussi commerciales. Les bonnes relations avec le royaume d’Angleterre font que le besoin de maintenir la Auld Alliance est moindre chez le souverain Stuart. Par les échanges commerciaux, Jacques VI entretient d’importantes relations avec Jean II de Norvège.


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Message par Collectionneur Sam 15 Juil - 13:46

Il faudrait aussi des espaces pour éviter le mur de lettres Laughing

Un mot oublié en toute fin de chapitre :

Le roi d’Écosse entretient aussi d’importantes ... avec le royaume de France, notamment le duché de Bretagne du fait qu’il est le beau-fils de François IV de Bretagne.

Au fait, tu a mit le lien sur le texte d'origine en anglais quelques part ?
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Message par Yodarc Sam 15 Juil - 14:00

Collectionneur a écrit:Il faudrait aussi des espaces pour éviter le mur de lettres Laughing

Un mot oublié en toute fin de chapitre :

Le roi d’Écosse entretient aussi d’importantes ... avec le royaume de France, notamment le duché de Bretagne du fait qu’il est le beau-fils de François IV de Bretagne.

Au fait, tu a mit le lien sur le texte d'origine en anglais quelques part ?

J'ai mis à jour le texte pour le rendre lisible et j'ai corrigé cet oubli.

Je n'avais pas mis le lien sur la traduction du texte en anglais.

Mais merci à ta question car cet oubli est rectifié :
https://www.alternatehistory.com/forum/threads/the-unexpected-in-the-time-of-louis-xiis-heir.530431/
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Message par Yodarc Sam 22 Juil - 9:40

Bonjour à tous !

Aujourd'hui, passage en Italie pour conclure sur la situation de la péninsule à l'issue de ce demi-siècle de changements. Une péninsule toujours fracturée avec une papauté à la fois plus puissante sur le plan politique et locale mais dont l'influence est contestée. Une région en proie aux rivalités et aux troubles et qui peut toujours susciter les convoitises de ses puissants voisins.

J'espère que cette dernière partie sur la région italienne et helvétique saura vous plaire en attendant l'épilogue.

Bonne lecture à vous tous !

1565-1569 : Bouleversements en terre italienne
La fin des années 1560 est une période particulière pour les territoires italiens et suisses, notamment marquée par le retour de conflits locaux liés aux rivalités entre certaines cités ou de revendications territoriales ou dynastiques.


Les années 1565-1568 voient Grégoire XIV chercher à imprimer de son empreinte l’Église catholique. Le pape renforce l’inquisition romaine pour lutter contre les églises prétendues réformées en Italie et au-delà. Il soutient le royaume de Hongrie de Louis III en lui apportant une aide financière destinée à combattre l’empire ottoman. Le souverain pontife soutient Philippe II contre le Maroc saadien et apporte son soutien à Francesco II Sforza dans ses revendications sur la Valteline, y voyant une opportunité de fragiliser la position protestante dans les cantons suisses. Influencé par les cardinaux Alexandre Farnèse et Ippolito de Médicis, le pape se montre neutre dans le conflit opposant le duché de Florence à la République de Sienne. Grégoire XIV poursuit les projets architecturaux de son prédécesseur, autant par intérêt artistique que par volonté de renforcer l’influence et le prestige de l’Église catholique et y incarner son triomphe face aux mouvements protestants. Parmi les cardinaux qu’il créé, il créé notamment la position pour son neveu Luigi Pisani en juin 1565 et son compatriote Federico Cornaro en octobre 1567.

Le souverain pontife décède cependant en avril 1568. Dans le mois suivant sa mort, le conclave qui se tient pour désigner son successeur voient l’opposition de différentes factions, notamment celle menée par Alexandre Farnèse, celle de Luigi Cornaro qui représente les soutiens du défunt pape et celle menée par Ippolito de Médicis, ce dernier étant déterminé à acquérir la position de souverain pontife. A ces rivalités internes s’ajoutent des rivalités extérieures avec les cardinaux ayant des préférences françaises et ceux ayant des préférences espagnoles. Parmi les favoris figurent Ippolito de Médicis, Ugo Boncompagni et Giovanni Gerolamo Morone. Grâce au soutien d’Alexandre Farnèse et de ses alliés et de la faction espagnole, c’est Ippolito de Médicis est élu en mai 1568 et se fait introniser sous le nom de Léon, devenant Léon XI. Le nouveau pape décède cependant début juin 1568, quelques semaines après son élection. Cela précipite un nouveau conclave où le choix se porte sur le doyen du collège des cardinaux, Giovanni Gerolamo Morone, après environ un mois de débats où les différentes factions ont du mal à trouver un accord et à mettre en avant leur champion. Le nouveau souverain pontife choisit le nom de Benoît en référence à son rôle de protecteur de l’ordre bénédictin, devenant initialement Benoît XIV avant de se rétracter à Benoît XIII, le précédent Benoît XIII étant considéré comme antipape (1).

Le nouveau pape s’attache à renforcer ses relations avec les différents états de la Chrétienté, cherchant notamment à mobiliser les puissances chrétiennes contre l’empire ottoman dont le succès sur Rhodes renforce de nouveau leur menace dans la Méditerranée. Il poursuit la politique de son prédécesseur à soutenir Louis III de Hongrie alors que ce dernier fait désormais face au sultan Selim II. Benoît XIII développe tout particulièrement ses liens avec l’empereur Maximilien II dans le but de pouvoir développer une politique de réconciliation et de réintégration des luthériens dans le giron de l’Église. Il maintient l’inquisition romaine, mais restreint l’extension de leur influence et actions au-delà des états pontificaux et des territoires italiens où ils se sont implantés. Le pape entreprend de poursuivre les réformes au sein de l’Église dans l’intention de pouvoir parvenir à la réconciliation des différentes composantes de la chrétienté. Il met en valeur l’architecture baroque pour rendre Rome éclatante et raffermir l’attrait de l’Église catholique. Ses politiques religieuses, tout particulièrement celle autour de la réconciliation et de la réintégration des luthériens au sein de la foi catholique, sont accueillies de façon mitigée au sein de la curie romaine et relancent les rumeurs de ses sympathies luthériennes qui avaient été niées sous le pontificat de Grégoire XIV. La politique pontificale permet cependant à Rome de préserver son lustre et son prestige, suscitant l’admiration des représentants et visiteurs étrangers.

Sur le plan diplomatique, Benoît XIII développe d’importantes relations avec l’empereur Maximilien II, ayant en commun la volonté de réintégrer les luthériens au sein de l’Église catholique. Il entretient d’importantes relations avec Philippe II d’Espagne, soutenant ce dernier contre le royaume du Maroc. Il entretient des relations importantes avec le royaume de France. Il intervient aussi dans le conflit opposant Sienne et Florence, jouant les arbitres en faveur de Sienne afin de contrer l’influence des Médicis et des Farnèse. Il développe des relations avec Marie I d’Angleterre dont il soutient une partie des politiques religieuses, même s’il est réticent à lui accorder la possibilité de désigner les évêques anglais à l’instar du concordat de Carpentras pour le royaume de France. Il soutient enfin Jean II de Norvège qu’il voit comme un allié précieux pour la restauration de la foi catholique dans les royaumes nordiques.


Le duché de Milan connaît une période particulière durant les années 1565-1569. Si son duc, Francesco II, poursuit la politique de mécénat destinée à faire de sa capitale une des plus prestigieuses de la péninsule italienne, s’entourant des artistes et hommes cultivés les plus brillants. Le duché retrouve une partie de sa prospérité d’antan grâce aux échanges commerciaux, même s’il doit subir les contrecoups de l’inflation qui sévit dans la Chrétienté. Sur le plan religieux, Francesco II combat avec détermination les idées protestantes, soutenant le renforcement de l’inquisition romaine menée par le pape Clément VIII avec lequel il renforce ses relations, notamment dans son projet de récupérer la Valteline face à l’Alliance des Trois Ligues.

Le duc cherche aussi à isoler les ligues grisonnes. Il se garantit de la neutralité de ses autres voisins, notamment Charles IX de France et l’empereur Maximilien II, pour pouvoir mener à bien son projet. Il obtient aussi le soutien de Ferdinand de Tyrol, le frère de l’empereur, ce dernier y voyant une possibilité pour permettre d’étendre le territoire de la basse-Engadine contrôlée par les grisons. Les divisions internes à la confédération suisse lui servent d’opportunité pour mettre en place son projet.

Ces tractations diplomatiques permettent à Francesco II d’envoyer au printemps 1566 un ultimatum à l’Alliance des Trois Ligues, leur exigeant de lui céder la région. Devant le refus des ligues grisonnes, le duc leur déclare la guerre à l’été 1566 et prépare ses forces, justifiant sa campagne au nom de la foi catholique. Recrutant des condottieres et des mercenaires suisses de cantons catholiques, le duc de Milan attaque la région de Côme et la Valteline en juillet 1566. Ses forces s’emparent de Côme fin août 1566 et rejoint Sondrio au début de septembre 1566. Les milanais remontent vers Chiavenna et rencontrent une armée grisonne au nord du lac Mezzola le 13 août 1566. L’affrontement est brutal, les grisons utilisant le terrain pour contrer les attaques milanaises. Grâce aux condottieres qu’ils ont recrutés, les milanais finissent par disperser les grisons et s’emparent de Chiavenna le 16 septembre 1566. Les milanais se tournent ensuite vers Bormio qu’ils occupent courant octobre 1566. La nouvelle de l’approche d’une armée grisonne vers Chiavenna amène les milanais à revenir vers cette dernière pour tenter de stopper leurs adversaires. Début septembre 1566, les deux armées s’affrontent au val Bregaglia. A la différence de l’affrontement du lac Mezzola, les milanais n’ont pas l’avantage numérique et sont épuisés par leur campagne. Leur situation est compliquée du fait de la problématique croissante du paiement des mercenaires composant leurs forces. Ces différents éléments contribuent au succès des grisons durant la bataille qui se tient le 8 septembre 1566, provoquant la débandade d’une partie des forces milanaises. Après ce succès, les grisons reprennent le contrôle de la majeure partie de la Valteline durant l’automne 1566.
Malgré la défaite du val Bregaglia, Francesco II ne s’avoue pas vaincu et cherche à impliquer Ferdinand de Tyrol dans le conflit pour diviser les forces grisonnes, convaincu que les divisions confessionnelles entre les cantons suisses empêcheront ces derniers de soutenir l’Alliance des Trois Ligues. En parallèle des nouvelles tractations avec les Habsbourg, le duc de Milan mène diverses escarmouches contre les grisons pour fragiliser leur position dans la région, mais aussi pour les empêcher de descendre au sud pour le menacer. Les échanges avec Ferdinand de Tyrol sont cependant longs et incertains, le comte de Tyrol se montrant plus réticent à intervenir ouvertement dans le conflit. Il apprend aussi la formation de la Ligue de Glarus en novembre 1567 par les cantons protestants de la partie orientale de la confédération suisse. Malgré ces déconvenues, Francesco II cherche à sauver la situation et lève avec difficulté une nouvelle armée au début de l’année 1567 qu’il envoie pour reprendre contrôle de la Valteline en février 1567. Les milanais se heurtent à l’armée grisonne et à leurs alliés au sud de Morbigno à la mi-février 1567. La bataille qui s’ensuit est meurtrière, les milanais manquant de fragmenter les lignes grisonnes dans leurs assauts et par le soutien de leurs canons avant qu’une attaque de flanc manque de contourner l’armée adverse, provoquant la panique chez les milanais.

Suite à la nouvelle défaite de ses forces et au risque d’invasion de son duché par les grisons et leurs alliés, Francesco II est poussé par son entourage à négocier une trêve avec l’Alliance des Trois Ligues. La trêve est signée entre le duché et les ligues grisonnes en mars 1567 où le statu quo est maintenu. Après la fin de la guerre de la Valteline, Francesco II se concentre à réorganiser les finances de son duché et à reprendre sa politique de mécénat. Malgré son échec à reprendre la Valteline, il continue d’observer avec attention la situation des cantons suisses et de l’Alliance des Trois Ligues, notamment les divisions et tensions qui secouent les cantons suisses à la suite de la création de la Ligue de Glarus.


Les incursions milanaises dans la Valteline ont cependant amené dans le duché la peste alors qu’une importante épidémie secoue les cantons suisses et touchent à partir de 1566-1567 l’Alliance des Trois Ligues. Francesco II s’efforce de limiter l’impact de l’épidémie qui frappe notamment avec virulence Côme et Brescia sur les années 1568-1569.

Sur le plan diplomatique, Francesco II développe d’importantes relations avec les Habsbourg, tout particulièrement Ferdinand de Tyrol, même si ces liens n’aboutissent pas sur une alliance. Ses relations avec les cantons suisses sont contrastées, entre bonnes relations avec plusieurs des cantons catholiques et un rapport tendu avec ceux protestants, notamment du fait de leur soutien à l’Alliance des Trois Ligues. Il entretient des relations particulières avec la papauté, même si la politique religieuse de Benoît XIII suscite quelques frictions entre le duché et les états pontificaux. Les relations avec la république de Gênes sont complexes, d’autant plus que les événements qui affectent la république maritime à partir de 1566 relance la tentation milanaise de réaffirmer son influence sur cette dernière. Francesco II entretient des liens compliqués avec le royaume de France, notamment du fait du renforcement de l’influence du royaume sur la république génoise à partir de 1567. Le duc apprend à la fin de l’année 1569 le décès de Charles IX, suscitant chez lui une réaction contrastée du fait des incertitudes autour des intentions du nouveau roi français, Charles X.


La fin des années 1560 est compliquée pour la république de Gênes. Ayant remplacé son père à la charge d’amiral et de maître officieux de Gênes, Giovannia Andrea cherche à maintenir sa position et à se concilier les factions issus des Albergo. Il entreprend de restaurer la flotte génoise et de raffermir les liens diplomatiques avec Philippe II d’Espagne et les échanges commerciaux dans la Méditerranée et ses différents voisins. Si ses relations avec le duché de Milan sont neutres, elles demeurent excellentes comparées à celles incertaines et tendues avec le royaume de France et même le duché de Savoie, Louis II étant proche de la couronne française. Ses relations avec Alessandro II de Médicis est revanche plus complexe, le duc de Florence étant très ambitieux et désireux de renforcer son duché.

La mort de Giannettino en 1563 a contribué au renforcement des intrigues des Albergi et de l’hostilité d’une partie d’entre eux envers les Doria, le désir de reprendre le pouvoir perdu depuis la fin de la guerre de la Ligue de Pérouse étant forte. Les Fieschi et les Fregoso s’allient pour comploter le renversement des Doria et la restauration du régime de doge à vie, cherchant notamment à influencer l’élection des doges biennaux. Face aux intrigues des Albergi, Giovanni Andrea cherche à les contrer de diverse manière, jouant des rivalités avec les familles rivales et en développant son influence dans le Conseil de la Cité. S’il n’a pas l’arrogance et l’approche césarienne de son père, Giovanni Andrea cherche à préserver l’influence de sa famille sur la république génoise. Ces intrigues aboutissent en septembre 1565 à l’élection d’Ottavio Gentile Oderico par les nuovi et les vecchi du Conseil de la cité en partie travaillés par Giovanni. Ce dernier a en effet soutenu ce candidat sans expérience politique pour son caractère faible et malléable et contrer ainsi ses rivaux.

Suite à cette élection et à l’ingérence de Giovanni Doria dans les affaires de la cité, une partie des Albergo s’allient pour pouvoir préparer un complot contre les Doria et rétablir le système antérieur. Parmi les conjurés figurent Ottobuono Fieschi et Giovanni Luigi Fieschi, ce dernier se démarquant de son père dans les rapports avec les Doria. Les conjurés ont cependant des difficultés à trouver des alliés extérieures qui les soutiendraient pour renverser les Doria et mettrait un terme à l’influence espagnole grandissante dans la cité. Les Fieschi impliqués dans le complot entreprennent d’entrer en contact avec la couronne française pour obtenir son soutien (2) et de pouvoir mettre en place le complot. Les échanges se développent à partir de l’automne 1565 avant que les conjurés ne reçoivent le soutien de Charles IX, mais aussi de Louis II de Savoie et d’Alberico Cybo. Fort de ces différents soutiens, les conjurés s’accordent sur un plan visant à s’emparer de la flotte génoise et des portes de la cité, mais se divisent sur la période idéale pour mener à bien leur plan, certains voulant agir rapidement pour éviter de voir leur complot éventé, d’autres cherchant à préparer le terrain et de frapper au moment le plus adéquat. Un compromis est trouvé avec le choix de Pâques comme date d’exécution du complot.

Le matin du 14 avril 1566, les conjurés menés par Giacomo Fieschi et Alberico Cybo entreprennent de s’emparer de la flotte génoise et des portes de Gênes. Devant le tumulte provoqué par l’action des conjurés, Giovanni s’enfuit d’extrême justesse en mer. Les conjurés entreprennent de s’emparer du gouvernement avec leurs alliés. Ils parviennent à s’emparer de la majeure partie des membres du Conseil et d’Ottavio Gentile Oderico. Ils capturent aussi l’épouse de Giovanni Andrea Doria, Zenobia del Carretto et l’ambassadeur espagnol présent à Gênes, n’hésitant pas à tuer ce dernier (3). Ayant réussi à s’emparer des différents points névralgiques de Gênes, les conjurés mettent en place un conseil pour gouverner la cité et réformer l’organisation politique de la cité. Ottavio Gentile Oderico est maintenu un temps dans sa position de doge avant de devoir se retirer le 17 avril 1566. Le conseil provisoire qui s’établit cherche à rétablir l’ancien régime d’élection des doges. Ce conseil profite aussi pour confisquer les propriétés des Doria. Le nouveau régime entreprend de réformer l’administration de la cité tout en conservant plusieurs des avancées réalisées sous les doges biennaux et les Doria. Les membres du conseil cherchent aussi à avoir le soutien de leurs alliés pour protéger Gênes de la potentielle riposte de Giovanni Doria. Les Fieschi entreprennent ainsi d’envoyer un représentant auprès de Charles IX pour obtenir son soutien et sa protection. Ayant eu vent de la présence de Giovanni Doria à Rapallo au début de mai 1566, le conseil cherche à envoyer des forces pour reprendre la cité et capturer le dernier représentant de la famille Doria. Malgré des difficultés à rassembler une force du fait de l’hostilité des communes et de la nécessité à affermir le contrôle sur Gênes, le conseil envoie une petite troupe à Rapallo au cours de mai 1566. Cette dernière capture Rapallo après un violent affrontement, mais échoue à capturer Giovanni Doria qui s’est échappé peu de temps auparavant.

Leur politique connaît cependant l’opposition des communes qui rejettent le coup de force et craignent de voir les Albergo réduire leur position au sein de la vie politique de la cité. La colère des communes est peu à peu nourrie par des partisans des Doria qui ont échappé à la capture et qui escomptent préparer le retour de Giovanni Doria. A ces oppositions s’ajoutent le développement de rivalités parmi les Albergo, les grandes familles génoises cherchant à récupérer le pouvoir et à se l’accaparer. Ces rivalités sont aggravées par les divisions sur les alliances à nouer pour préserver le nouveau régime, même si l’assassinat de l’ambassadeur espagnol contribue à faire imposer l’idée d’un rapprochement avec el royaume de France. Malgré la conscience du risque de retour de Giovanni Doria avec ses alliés, le conseil est divisé en factions principalement représentées par les différentes Albergo, mais aussi un petit groupe soutenant Alberico Cybo. Ce dernier cherche à développer une position principale au sein du conseil et souhaite avoir le soutien des génois pour reprendre à son frère Giulio le marquisat de Massa et la seigneurie de Carrara en récompense de son soutien. Le refus ou le manque d’intérêt des principaux membres du conseil amène Alberico à comploter pour obtenir une position de choix à Gênes pour pouvoir mener à bien ses projets. Ces différentes rivalités sont particulièrement fortes envers la famille Fieschi qui a su tirer profit de son rôle de tête de la conjuration pour tenir le premier rôle dans le conseil et travaillant pour récupérer la position de doge. La famille génoise est cependant elle aussi divisée du fait des rivalités entre Giovanni Fieschi et son frère Ottobuono, les deux hommes revendiquant la principale position dans le conseil du fait de leur rôle dans la conjuration. Si Giovanni Fieschi est élu doge début mai 1566, il se fait renverser par ses adversaires à l’automne 1566 pour le remplacer par Alberico Cybo-Malaspina.

Le nouveau doge cherche à consolider sa position dans la cité et à l’extérieur, en tentant de renouer avec Philippe II d’Espagne. Il accède ainsi à la demande du souverain de châtier les assassins de son ambassadeur, faisant condamner une partie des responsables en novembre 1566. Son action contribue cependant à provoquer l’hostilité des Fieschi et d’une partie des autres Albergi alors que les communes continuent de voir d’un mauvais œil le retour du système de doge à vie alors que leur poids politique est fragilisé. Le nouveau doge cherche à préparer son projet de reprendre le contrôle de la seigneurie de Carrara et du marquisat de Massa. Son projet est cependant dénoncé par les autres Albergi qui voient d’un mauvais œil le détournement des fonds publics pour un projet qui ne les concerne pas. Ils forcent Alberico à démissionner en janvier 1567. Il est remplacé par Cesare Fregoso (4). Le nouveau doge entreprend de développer des relations avec le royaume de France et le duché de Savoie pour protéger la république des risques venant du duché de Milan ou d’une tentative de Giovanni Doria de reprendre le contrôle de la cité. Le nouveau doge cherche à renforcer les défenses de la Corse, peu désireux de voir l’amiral déchu de tenter d’utiliser l’île pour reprendre le contrôle de la cité. Il parvient à consolider sa position durant l’année 1567, même si les relations avec le royaume d’Espagne sont plus compliquées, notamment du fait de la réhabilitation des personnes exécutées sous son prédécesseur et de la survie de Giovanni Doria.

Malgré les troubles internes et les aléas diplomatiques, la république de Gênes parvient à maintenir les échanges commerciaux avec ses différents voisins, même si elle consolide ceux avec le royaume de France. Le renforcement des liens avec le royaume de France l’amène à tomber peu à peu sous l’influence de la couronne française.


Durant la fin des années 1560, le duché de Florence est impliqué de nouveau dans divers événements et troubles qui affectent la région. Alessandro II entreprend durant cette période de développer Florence pour rivaliser avec Rome et Milan, entreprenant de soutenir une importante politique de mécénat en soutenant peintres, sculpteurs et architectes, parmi lesquels Agnolo Bronzino ou Bartolomeo Ammannati. Il favorise notamment le développement de l’art baroque en provenance de Rome. Dans la gouvernance de ses territoires, Alessandro continue de s’appuyer sur son beau-père Cosme, mais se détache de plus en plus de ce dernier, désireux de faire ses preuves et n’appréciant de moins en moins les talents administratifs de ce dernier, ayant le sentiment d’être dans l’ombre de ce dernier. Sur le plan dynastique, son mariage avec Madeleine Sforza voit la naissance d’une seconde fille, Cecilia, à l’automne 1566. Un fils, Laurent, naît à l’été 1567 mais décède peu après.

Alessandro II souhaite aussi durant la période renforcer son territoire et sa légitimité en neutralisant le rival de Florence, Sienne. Le duc est déterminé à vaincre la cité rivale et à s’emparer d’une partie de ses territoires. Il est d’autant plus déterminé à agir qu’il souhaite réussir là où son beau-père et sa mère ont échoué une décennie auparavant et qu’il voit d’un mauvais œil la présence des Strozzi à Sienne, rappelant l’existence de figures notables défendant le régime républicain contre lequel les Médicis ont eu des démêlés. Il décide de s’appuyer sur ses oncles Ottavio et Rannucio, le premier ayant d’importantes revendications sur Sienne. Il rencontre ces derniers à Cortone au printemps 1566 et s’engage à défendre leurs revendications en échange de quelques territoires de Sienne. La rencontre est quelque tendue à cause des intérêts propres des Farnèse, mais un accord est trouvé entre le duc de Florence et ses oncles. Alessandro II reçoit à l’été 1566 un représentant de Sienne demandant au renouvellement de la trêve entre leurs deux cités. Le duc Médicis refuse de prolonger la paix. Préparant sa campagne contre les siennois, le duc entreprend de tisser des liens diplomatiques avec plusieurs de ses voisins et le roi d’Espagne afin d’avoir des soutiens ou de se garantir leur neutralité, notamment dans le cas de la papauté par l’intermédiaire de ses oncle, les cardinaux Farnèse et Ippolito de Médicis. Il reçoit Giovanni Doria en septembre 1566, ce dernier lui demandant son aide pour reprendre Gênes. Le duc ne peut accéder à la demande de son hôte, concentré à préparer sa campagne contre Sienne. Il permet cependant à Giovanni Doria de rejoindre le royaume de Naples.

Ayant rassemblé une armée à l’hiver 1566-1567, il attaque Sienne en février 1567, chargeant son beau-père de la responsabilité de la cité. Déterminé à isoler la république siennoise de tout soutien extérieur, il attaque Monterrigioni alors que ses deux oncles passent par Casole d’Elsa. Le duc de Florence assiège la cité fortifié pendant deux semaines avant d’obtenir sa reddition. Il rejoint ses oncles qui ont débuté le siège de Sienne au début de mars 1567. Alors que ses forces et celles de son oncle Ottavio Farnèse poursuivent le siège, celles de Rannuccio Farnèse entreprennent de mener campagne dans le sud-ouest afin de s’emparer des territoires proches de la côté et d’isoler Sienne de tout soutien maritime. Rannuccio Farnèse s’empare de Montieri début avril 1567 avant d’aller assiéger la forteresse de Massa (5) début avril 1567 mais doivent affronter une armée siennoise menée par Philippe Strozzi et Astore Baglioni à la fin d’avril 1567. Rannuccio est tué dans l’affrontement alors que son armée est mise en déroute par les siennois.

Alessandro II et son oncle Ottavio Farnèse assiègent Sienne durant le printemps et l’été 1567. Ils apprennent la défaite et la mort de Rannuccio Farnèse début mai et subissent peu après des raids des forces de Philippe Strozzi et d’Astore Baglioni. Au début de l’été, les forces florentines sont épuisées et affaiblies alors que la question du paiement des mercenaires émerge. Ne pouvant s’emparer de la cité, Alessandro II est forcé de lever le siège courant juin 1567 et se replie sur Monterrigioni. Rejoignant début juillet Florence, il entreprend de réorganiser ses forces et d’en rassembler de nouvelles, mais doit demander à son beau-père de l’aider contre les siennois. A la fin de l’été 1567, alors qu’il apprend la nouvelle du siège de Monterrigioni par les siennois, Alessandro II charge son beau-père de secourir la garnison. Ce dernier rejoint Monterrigioni au cours de septembre 1567, forçant les siennois à lever le siège. Après ce succès, Cosme renforce la garnison de la cité et mène des raids dans le territoire siennois durant l’automne 1567 avant de revenir sur Florence pour passer l’hiver 1567-1568. Au début de l’année 1568, Alessandro II apprend l’attaque des siennois sur Volterra et prend la tête d’une nouvelle armée en mars 1568 pour tenter de mettre au pas ses adversaires. Accompagné de son oncle Ottavio Farnèse, le duc affronte les siennois près de San Gimignano fin mars 1568. La bataille est violente et voient Alessandro II forcé de se replier sur Florence. Alors que la région de Volterra est frappée par les raids siennois, le duc de Florence est forcé de s’appuyer sur son beau-père pour résoudre la situation. Cosme de Médicis défait les siennois au sud de Certaldo à la mi-avril 1568.

A la fin du printemps 1568, les florentins sont obligés de subir l’arbitrage du nouveau pape, Benoît XIII. Ce dernier impose un retour au statu quo pour les deux cités en juillet 1568. Alessandro II accepte mal l’imposition de la paix et ressent fortement l’ingérence papale. A cela s’ajoute le renforcement de sa jalousie envers son beau-père Cosme dont les talents d’administrateur et de militaire l’amènent à être populaire auprès de la population florentine et à amoindrir la position d’Alessandro II. Une rivalité grandissante se développe entre les deux hommes, Alessandro II cherchant désormais à s’émanciper de son beau-père et songeant même à s’en débarrasser, craignant de voir les florentins soutenir Cosme à son détriment. Alessandro II cherche à faire empoisonner Cosme au printemps 1569, mais échoue dans l’entreprise. Inquiet à l’idée de se faire renverser, il charge des hommes de confiance d’assassiner Cosme en mai 1569. L’attaque réussit, mais la rumeur de l’implication d’Alessandro se répand alors que la mort brutale de Cosme est durement ressentie par la population florentine. Alessandro II voit ses relations se dégrader avec sa mère alors que le pape intervient dans l’affaire à l’automne 1569, dénonçant l’assassinat de Cosme et exigeant à Alessandro II de faire preuve de repentir.


Le territoire de Sienne connaît une période assez compliquée à la fin des années 1560. Si Pierre Strozzi et le conseil dirigeant continue de mener une gouvernance assez stable de la cité, permettant à cette dernière de prospérer sur le plan économique et artistique, les siennois se retrouvent confrontés à l’ambition du duc de Florence, Alessandro II de Médicis. Ayant eu vent des tractations entre les Médicis et les Farnèse, Pierre Strozzi et le conseil de la ville envoie un représentant négocier le prolongement de la trêve à l’été 1566, mais connaissent une fin de non-recevoir de la part d’Alessandro II. Cela amène Pierre Strozzi et le conseil de la ville à se préparer à l’éventualité d’un conflit, entreprenant de chercher des alliés pour contrer Alessandro II, notamment du côté de la couronne française et en cherchant à obtenir l’arbitrage papal. Ils n’obtiennent pas de réponse particulière de Grégoire XIV, mais reçoivent la promesse d’un soutien potentiel des français alors que ces derniers soutiennent le nouveau doge de Gênes. Face au risque imminent de conflit, Pierre Strozzi cherche à recruter une armée et à renforcer les défenses du territoire de Sienne. Il obtient les services d’Astore Baglioni pour mener une partie des forces chargés de défendre la république siennoise.

En février 1567, Sienne est attaqué par Alessandro II de Médicis et ses oncles Ottavio et Rannucio Farnèse. Apprenant la chute de Casole d’Elsa et le siège de Monterrigioni, Pierre Strozzi et le conseil lève une milice de près de dix mille hommes pour défendre la cité. Sienne est assiégée par les forces des Farnèse à partir de la mi-mars 1567 avant qu’Alessandro II ne rejoigne ces derniers. Pierre Strozzi organise la défense de la cité face aux florentins et charge son fils Philippe et Astore Baglioni d’empêcher les florentins de s’enfoncer à l’intérieur du territoire et d’isoler Sienne. Alors que Pierre Strozzi défend avec efficacité Sienne face à Alessandro II, son fils et Astore Baglioni défont Rannuccio Farnèse à la bataille de Massa avant de mener des raids contre les florentins pour désorganiser leurs lignes de ravitaillement et les forcer à lever le siège de Sienne courant juin 1567. Suite à ce succès, les siennois cherchent à reprendre les territoires que les florentins leur ont pris. Philippe Strozzi et Astore Baglioni attaquent Casole d’Elsa début juillet 1567. Ils reprennent la localité avant de tenter de reprendre Monterrigioni en août 1567. Le siège est difficile et les siennois manquent de s’en emparer, mais en septembre 1567, ils font face à une nouvelle armée siennoise menée par Cosme de Médicis, ce qui les oblige à lever le siège et à se replier sur Sienne. La république de Sienne subit les raids de Cosme de Médicis durant l’automne 1567, notamment dans la région de Castelnuovo Berardenga. Les siennois profitent cependant de l’hiver 1567-1568 pour s’organiser et préparer leurs défenses. Pierre Strozzi et le conseil décident d’attaquer Volterra pour forcer les florentins à la défensive. Ils envoient une armée menée par Astore Baglioni et Pierre Strozzi en février 1568. Les siennois rejoignent Volterra peu après et s’en emparent après quelques jours. Les siennois mènent des raids dans la région, s’emparant notamment de San Gimignano. Ils affrontent cependant à proximité l’armée d’Alessandro II et d’Ottavio de Médicis fin mars 1568. La bataille est brutale, mais Astore Baglioni finit par forcer les florentins à se replier sur Florence. Les siennois poursuivent leurs raids dans la région, mais se font défaire par Cosme de Médicis à la mi-avril 1568 près de Certaldo, les forçant à se replier sur Volterra. Dans l’affrontement, Astore Baglioni est grièvement blessé et décède de ses blessures quelques jours plus tard.

A l’été 1568, Sienne obtient le retour à la paix grâce à l’intervention du pape Benoît XIII. Cela permet au conseil et à Pierre Strozzi de pouvoir se concentrer sur la gouvernance de la cité et de renforcer ses liens avec l’extérieur, notamment avec le nouveau souverain pontife et la république de Gênes.


Durant la fin des années 1560, la république de Venise poursuit sa politique de renouer les échanges commerciaux avec l’empire ottoman, tirant profit du nouveau sultan pour tenter d’obtenir des concessions de sa part. La Sérénissime poursuit aussi le développement des investissements dans la Domini di Terraferma (6), même si les deux doges de la période ne s’impliquent pas beaucoup dans cette politique.

Sur le plan diplomatique, la Sérénissime cherche à améliorer ses relations avec l’empire ottoman en tirant profit de l’avènement du nouveau sultan, Selim II. Elle cherche aussi à maintenir de bonnes relations diplomatiques et commerciales avec ses voisins, principalement la papauté et les Habsbourg. Elle observe avec attention les troubles qui secouent la république de Gênes et les coups de butoir menés par Selim II contre cette dernière dans la mer Égée sur les années 1568-1569.


Les cantons suisses se trouvent confrontés à une situation compliquée et tendue durant les années 1565-1569. Les cantons catholiques et protestants cherchent à trouver un compromis visant à assurer la stabilité de la confédération, bien que l’Église catholique cherche à raffermir sa présence parmi les cantons suisses alors que les cantons protestants cherchent à préserver leurs acquis. Les cantons cherchent à s’inspirer du traité d’Augsbourg et du principe de respect de la pratique religieuse propre à chaque canton lors des diètes fédérales. A ces tensions s’ajoute l’épidémie de peste frappant depuis 1563 la région et qui touchent différents cantons entre 1565 et 1568, ravageant plusieurs d’entre eux.

Les divisions et la peste compliquent la mise en place d’une politique de compromis, d’autant plus alors que les tensions entre l’Alliance des Trois Ligues et le duché de Milan contribuent à compliquer la situation, les cantons protestants étant prêts à soutenir leur voisins et alliés grisons alors que certains cantons catholiques comme Lucerne et Fribourg sont disposés à rester neutres, voire à soutenir le duc Francesco II. Ces tensions empêchent les cantons suisses de trouver un compromis et les confrontent à la guerre de la Valteline entre l’Alliance des Trois Ligues et Milan au cours de l’année 1566. Les cantons protestants de l’est sont déterminés à soutenir l’Alliance des Trois Ligues et s’unissent dans la Ligue de Glarus à l’automne 1566. Malgré les contraintes résultant de l’épidémie de peste, l’alliance envoient des hommes soutenir les grisons contre les milanais, jouant un rôle crucial dans la victoire du Bitto en février 1567, forçant Francesco II à signer une trêve avec l’Alliance des Trois Ligues et le maintien du statu quo en mars 1567.

Ce succès contribue cependant à renforcer les tensions entre les cantons catholiques et protestants, les cantons catholiques appréhendant de voir les cantons protestants de tenter de mener la politique menée du temps d’Ulrich Zwingli dans les années 1530. Ces tensions ne sont pas aidées par les discours de certains représentants religieux du clergé catholique qui mettent en garde les cantons catholiques du risque de voir la situation germanique se reproduire chez eux, voire d’une attaque des cantons protestants pour forcer les cantons catholiques à céder à leurs exigences. Le risque de conflit et les tensions religieuses amènent la Diète fédérale dans une impasse, l’unanimité sur les décisions concernant le statut de la pratique confessionnelle étant très difficile à obtenir malgré la volonté de cantons des deux confessions à obtenir une situation proche de l’Alliance des Trois Ligues ou similaire aux régions germaniques avec le traité d’Augsbourg. Berne et Fribourg jouent un rôle notable dans la négociation à la diète fédérale, les deux cantons ayant d’importantes relations malgré leurs différences confessionnelles. A l’inverse, les membres de la Ligue de Glarus sont réticents à dissoudre leur alliance alors que plusieurs des membres de l’ancienne Union Chrétienne l’exigent. A ces controverses s’ajoutent celles du clergé local, certains représentants de l’Église catholique défendant les spécificités locales au contraire des principaux représentants, comme le prince-évêque de Sion. Les membres de la Diète se résignent à un statu quo tendu alors que plusieurs cantons catholiques préfèrent se regrouper pour se préserver d’un risque de réaction protestante.

Les années 1568-1569 voient la situation se décanter quelque peu alors que les cantons suisses apprennent la nouvelle politique pontificale. L’approche conciliatrice de la papauté envers les protestants permet à une partie des cantons de pouvoir s’entendre et de travailler au maintien de la paix. Si la Ligue de Glarus et l’Union Chrétienne ne se désarment pas, elles s’accordent pour la mise en place d’un système similaire à celui au sein des terres d’empire. Au printemps 1569, un traité est signé à Sion, engageant les différents cantons à respecter la pratique confessionnelle de chacun tout en maintenant la sienne. Le traité laisse cependant ouverte la question du rapport de l’Église catholique avec les zwingliens, les luthériens et les calvinistes alors que les relations entre ces différentes églises réformées ne sont pas clarifiées et que le radicalisme du calvinisme et la position défensive du luthéranisme complique toute approche de conciliation.

Sur le plan diplomatique, les cantons suisses sont divisés du fait de leurs différences confessionnelles. Les relations avec les princes d’empire sont correctes et la politique impériale amène à une relation correcte avec l’empereur Maximilien II, même si les manigances des Habsbourg dans le conflit opposant Milan à l’Alliance des Trois Ligues rendent les cantons vigilants. Les relations avec la couronne française sont complexes, notamment du fait du rapprochement de Charles IX avec Louis II de Savoie. Les rapports avec le duché de Savoie sont complexes et tendus, les revendications savoyardes sur la république de Genève étant toujours existantes. Les cantons catholiques maintiennent d’importantes relations avec la papauté même si la défense des spécificités locales constitue une distance avec le Saint-Siège. L’élection de Benoît XIII et le début d’une politique conciliatrice pour tenter le retour des protestants dans le giron de l’Église catholique atténue certaines des tensions au sein des cantons suisses. Les relations avec l’Alliance des Trois Ligues sont complexes, les cantons protestants renforçant leurs relations avec les cantons grisons. Les relations avec la république de Genève sont complexes : le canton de Berne demeure un allié important de la cité, mais les controverses au sein de la confédération l’amène à se focaliser sur la résolution des tensions entre les cantons catholiques et protestants.


Les années 1565-1569 sont assez complexes pour l’Alliance des Trois Ligues. Elles doivent faire face aux revendications de Francesco II Sforza au printemps 1566. Bien qu’ayant des relations compliquées avec les cantons suisses, les ligues grisonnes refusent de céder aux exigences du duc de Milan. Ils subissent une attaque du duc dans la Valteline durant l’été 1566, une de leurs forces se faisant battre au nord du lac Mezzola en août 1566. Mobilisant leurs forces, les grisons affrontent et défont les milanais au val Bregaglia en septembre 1566 avant de reprendre le contrôle de la majeure partie de la Valteline et menant des attaques dans la région de Côme durant l’automne 1566. Des escarmouches font rage entre eux et les milanais durant la période, mais ils bénéficient du soutien des cantons suisses protestants qui s’unissent dans la Ligue de Glarus. Cette alliance leur permet de contrer la nouvelle attaque du duché en février 1567 à la bataille du Bitto et d’attaquer dans la région de Côme au début de mars 1567, forçant Francesco II à une trêve rétablissant le statu quo.

Durant les années 1567-1569, l’Alliance des Trois Ligues gère de manière prudente et vigilante la question confessionnelle, cherchant à maintenir le système permettant à chacun de ses cantons de pratiquer librement la confession de son choix alors que l’influence de l’Église catholique se raffermit du fait des différentes politiques pontificales et que les tensions sont importantes au sein des cantons suisses. Cela n’empêche pas les ligues grisonnes d’entretenir de bonnes relations avec les cantons protestants. Elle demeure vigilante à l’encontre du duché de Milan et des Habsbourg dont elle se méfie des intentions d’expansion dans la Basse-Engandine.


Durant la fin des années 1560, le duché de Savoie s’affermit sous la gouvernance de Louis II de Savoie. Ce dernier s’inspire de ce qui se fait à la cour de France et à la cour de Milan pour donner un certain prestige à son duché. Il poursuit le maintien des bonnes relations avec la couronne de France, même s’il efforce de maintenir une certaine indépendance. Le duc entretient quelques liens avec les autres princes d’empire. Ses relations sont cependant plus importantes avec les cantons suisses et les territoires italiens. Il entretient des relations compliquées avec les cantons suisses du fait des revendications savoyardes sur la république de Genève. Il observe avec attention les tensions au sein de la confédération suisse, conscient que cela pourrait lui donner une opportunité pour renforcer l’influence de son duché sur Genève et contrer les idées calvinistes. Ses relations avec le duché de Milan sont neutres mais cordiales alors que celles avec la république de Gênes sont assez compliquées du fait des troubles qui secouent la cité à partir de l’été 1566. Le rapprochement de la république maritime du royaume de France permet cependant de renforcer les relations entre le duché de Savoie et ce dernier. Sur le plan dynastique, le duc et son épouse voient naître Charles à l’automne 1565, Élisabeth au printemps 1567 et Catherine à l’été 1568.


(1) Benoît XIII (1394-1423) fut pape d'Avignon durant le Grand Schisme d'Occident. Si l’Église catholique n'a pas tranché la question sur le fait qu'il soit ou non antipape, le contexte notamment associé à la question de la Réforme amène Giovanni Gerolamo Morone à le considérer comme telle.
(2) Les Fieschi font partie des grandes familles génoises ayant le plus de liens avec la couronne française.
(3) L'influence et l'ingérence espagnole sont mal perçu par une partie des génois, notamment du fait des liens importants existant entre les Doria et les couronnes d'Espagne.
(4) Fils de Cesare Fregoso (1500-1561), érudit et diplomate génois qui a notamment combattu en 1513 aux côtés d'Ottaviano Fregoso, doge de Gênes, pour la reconquête de la ville qui était dirigée par la famille Adorno.
(5) Il s'agit de Massa Marittima.
(6) Le domaine terrestre de la République de Venise.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 11 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 29 Juil - 15:32

Bonjour à tous !

Aujourd'hui, détour par la péninsule ibérique pour aborder les "malheurs de Philippe" et la situation portugaise à la fin des années 1560. La situation qui s'y présente est à la fois assez similaire à la réalité historique mais avec des divergences, des nuances et des twists notables.

Soyez prêts pour un voyage "torride" pour la conclusion de l'époque de ce récit pour les ibériques.

J'espère qu'il saura vous plaire.

Bonne lecture à vous tous !

1565-1569 : Troubles en péninsule ibérique
La fin des années 1560 est une période assez particulière pour les royaumes ibériques, tout particulièrement l’Espagne qui se retrouve impliquée dans différents conflits destinés à préserver son royaume ou la foi catholique.

Durant la fin des années 1560, Philippe II est confronté à une série de défis qui viennent compliquer son règne, notamment sur le plan intérieur et religieux. Le roi espagnol poursuit sa politique de vigilance et de compromis pour affermir son autorité auprès des assemblées et seigneurs locaux et tire profit de la richesse du Nouveau Monde, des Pays-Bas espagnols et du commerce pour renforcer son royaume. Les contraintes liées à la faible population et à l’inflation restreignent cependant ses marges de manœuvre. A ces difficultés s’ajoutent deux importantes crises dans lesquelles la question religieuse tient une place particulière : les troubles dans les Pays-Bas espagnols et les troubles dans les Alpujarras.

Le résultat mitigé de l’expédition de 1564 au Maroc a cristallisé en Espagne la peur d’une menace marocaine au sud du royaume et renforcé la détermination de la couronne espagnole à mettre un terme à la pratique religieuse des morisques, appréhendant de voir ces derniers soutenir les marocains en cas d’invasion de ces derniers. Cela amène notamment l’archevêque de Grenade à demander en janvier 1565 un synode pour faire appliquer les décisions de 1526 et de mettre en place une politique répressive envers les morisques qui refuseraient de se soumettre à ces décisions. Philippe II donne son accord au synode qui aboutit au début de l’année 1566 à la mise en place de la Pragmatica qui interdit toutes les pratiques des morisques. Ces derniers cherchent à négocier et à trouver un compromis, mais Philippe II se montre ferme et intransigeant, déterminé à affermir la foi catholique en son royaume et à empêcher les marocains d’avoir un potentiel allié en son royaume. Le refus de la couronne d’amender la Sanction Pragmatique de février 1566 amène les morisques à préparer une révolte, même s’ils poursuivent des négociations pour obtenir des concessions sur la décision du synode. Durant les années 1566-1567, les autorités espagnoles arrêtent plusieurs morisques qu’elles soupçonnent de sédition ou de chercher à soutenir les marocains dans un potentiel projet d’invasion. Malgré les arrestations nombreuses, cela ne dissuade pas les autres membres de la communauté d’amasser armes et vivres dans des grottes, déterminés à défendre leur culture et foi et craignant de subir l’exil ou l’inquisition espagnole. Les principaux chefs se réunissent dans l’Albaicín (1) pour préparer leur projet. Des désaccords existent sur le fait de demander l’aide du royaume du Maroc : certains des chefs y sont favorables alors que d’autres y sont réticents, considérant qu’il s’agit d’abord de défendre leur culture et leurs droits. Tous s’accordent cependant en octobre 1567 à désigner un dirigeant pour mener la révolte.

La révolte éclate la veille de Noël 1567 dans le village de Béznar avec l’intronisation d’Hernando de Córdoba y Valór en tant que roi. Les rebelles cherchent à obtenir le soutien des morisques de Grenade, mais n’obtiennent qu’un résultat mitigé. Au début de l’année 1568, la révolte prend une tournure fanatique avec la torture et le massacre de prêtres et de moines, l’incendie et la profanation d’églises. En réaction à la révolte qui éclate dans les Alpujarras, les espagnols mènent une campagne dans la région avec deux forces armées, l’une menée par le marquis de Mondéjar à l’ouest des Alpujarras et le marquis de Los Veléz à l’est. La campagne est exécutée sur le début de l’année 1568 et voit des atrocités commises par les deux camps. Si les deux commandants mènent une campagne efficace qui pousse la révolte dans ses derniers retranchements, leur rivalité et la violence des exactions espagnoles contre les morisques contribuent à renforcer la révolte avec le soutien des villes de plaine. A ce soutien local s’ajoute à partir de l’été 1568 celui du royaume du Maroc, Abdallah el-Ghalib cherchant à tirer profit de la révolte pour tenter d’affaiblir son rival chrétien. Le soutien des marocains passent par l’envoi de quelques renforts et surtout par des raids contre les côtes espagnoles et contre les enclaves espagnoles, notamment Oran. Les rebelles mènent une guerre d’escarmouches, tirant profit du terrain complexe des sierras et évitant les affrontements en terrain découvert.
Face au renforcement des rebelles et au soutien des marocains, les espagnols déploient leur flotte pour défendre leurs côtes et dissuader tout navire venant du Maroc de s’approcher des rivages andalouses. Philippe II remplace aussi le marquis de Mondéjar par Luís de Zúñiga y Requesens à la fin du printemps 1568. Durant l’année 1568, la région est marqué par les atrocités des deux camps, les espagnols cherchant à contenir les attaques des rebelles, Grenade se retrouvant un temps quelque isolé du fait des raids des rebelles et de leurs alliés marocains. Avec le soutien du marquis de Los Veléz et de Gonzalo Fernández de Córdoba, duc de Sessa, Luís de Zúñiga y Requesens lance une nouvelle campagne militaire au début de l’année 1569 dans la région de Pitres-Poqueira, assiégeant notamment Galera au cours d’un violent siège. Durant sa campagne, ses forces s’amenuisent du fait des désertions et sa progression est entravée par les actions de résistance des morisques, mais il parvient à s’imposer à l’issue du printemps 1569 dans la région de Serón et de se rapprocher des Alpujarras. En avril 1569, les espagnols attaquent en force les Alpujarras, Luís de Zúñiga y Requesens par l’ouest, Gonzalo Fernández de Córdoba au nord et le marquis de Veléz à l’est. Les espagnols détruisent tous les moindres qu’ils rencontrent, tuant tous ceux qui résistent et faisant prisonniers les survivants. Leur progression est cependant ralentie par la violente résistance des morisques et de leurs alliés marocains qui utilisent tous les caractéristiques des sierras pour retarder leurs adversaires. Malgré les difficultés, les pertes et les désertions, les espagnols parviennent à s’enfoncer au cœur des Alpujarras, forçant durant l’automne 1569 une partie des rebelles à se rendre. Une partie continue cependant de résister à la fin de l’année, menée par Aben Abou.

Sur le plan dynastique, Philippe II voit la naissance de sa fille Marie-Jeanne à l’automne 1567. Ses relations avec son héritier, le prince Charles, se dégradent davantage durant la période, notamment à cause de l’attention croissante que porte Philippe II à son demi-frère Diego. La dégradation des relations entre le roi et son héritier amène ce dernier à chercher à se trouver des alliés, notamment auprès des noblesses locales. Il se rapproche aussi des représentants des représentants des Pays-Bas espagnols alors que ces derniers sont de plus en plus excédés par la politique menée dans leur territoire. Le prince échange enfin avec Jean IV de Navarre, promettant notamment à ce dernier de lui retourner la Haute-Navarre en échange de son soutien à la défense de sa position d’héritier en cas de perte de sa position au profit de ses demi-frères. Le prince se rapproche ce faisant de Charles IX de France. Ces différentes tractations sont dénoncées à son père en 1567 qui cherche à le faire arrêter. Le prince échappe de peu à son arrestation et se réfugie chez Jean IV de Navarre à l’été 1567. Philippe II dénonce son fils comme traître et désigne à l’automne 1567 son fils Diego comme son nouvel héritier. Charles d’Autriche est logé au château de Foix et rencontre à l’automne 1567 des représentants de Charles IX, désireux d’avoir le soutien du roi de France dans ses revendications et de relancer ses échanges avec le parti des Malcontents. Si les premiers échanges sont infructueux, Charles se voit autorisé de rejoindre le château d’Amboise à l’hiver 1567-1568 alors que Jean IV de Navarre subit des pressions de Philippe II. Ce changement de lieu permet au prince déchu de rencontrer Charles IX. La rencontre est compliquée du fait du caractère du prince et des scrupules de Charles IX, mais un accord est trouvé avec la perspective de rencontrer les représentants des Malcontents des Seize Provinces. Au début de l’année 1568, Charles rencontre des représentants de la maison d’Orange et du comte d’Egmont près de Saint-Dizier où des négociations sont menées entre les Malcontents et la couronne française. Le traité de Saint-Dizier est conclu en février 1568, permettant à Charles d’Autriche de devenir le chef des Malcontents et d’avoir le soutien de la couronne française. Il participe à la campagne de 1568, obligeant son père Philippe II à renforcer la présence de forces militaires dans les Pays-Bas espagnoles pour neutraliser son fils rebelle.

Sur le plan diplomatique, Philippe II entretient des relations très compliquées avec Jean IV de Navarre et Charles IX de France à cause des différends territoriaux qui l’opposent à ces derniers. Philippe II ne sait pas comment résoudre le problème de la Haute-Navarre avec Jean IV alors que ce dernier s’est rapproché de Charles IX de France. Les relations se dégradent davantage lorsque le prince Charles se réfugie chez le roi de Navarre. Les relations avec le roi de France sont tendues, notamment à cause de son soutien à la république de Gênes après les événements de l’été 1566 et du soutien de la couronne française à son fils aîné à partir de 1568. Les relations du roi d’Espagne avec la république de Gênes sont complexes et changeantes du fait des circonstances et de l’instabilité qui revient dans la cité : les liens avec la cité maritime sont très forts avec la gouvernance des Doria, mais le renversement de ces derniers et l’assassinat de son ambassadeur contribue à rendre hostiles les échanges entre Philippe II et les nouveaux dirigeants de la république, le souverain étant prêt à soutenir les revendications de Giovanni Andrea Doria lorsque ce dernier propose ses services et le souhait de reprendre le contrôle de Gênes. L’exécution des assassins de son ambassadeur au début de l’année 1567 apaise les tensions entre la couronne espagnole et la république maritime, mais l’arrivée de Cesare Fregoso en tant que doge à la fin du printemps 1567 contribue à relancer les tensions, notamment du fait de la réhabilitation des assassins de l’ambassadeur espagnol et du rapprochement de la république génoise avec la couronne française. Les troubles dans les Pays-Bas espagnols et dans le territoire de Grenade détourne cependant l’attention de Philippe II de la république maritime. Il charge cependant Giovanni Doria de la responsabilité de la flotte espagnole chargée de surveiller les côtes pour empêcher les marocains de tenter des initiatives qui menaceraient son royaume. Philippe II entretient des relations importantes mais complexes avec la papauté, notamment du fait des politiques de conciliation menées par Benoît XIII à partir de 1569. Il développe des relations avec le duché de Florence et le royaume d’Angleterre durant la période. Il a enfin des relations importantes avec son cousin Maximilien II, bien que les approches sur la question confessionnelle soient un point de désaccord entre eux. Il consolide ses relations avec le royaume du Portugal, notamment dans le contexte du conflit larvé qui s’installe avec le royaume du Maroc. Le souverain espagnol est en conflit larvé avec Abdallah el-Ghalib, déterminé à empêcher l’expansion du royaume chérifien et son implication dans la rébellion morisque.


Durant la fin des années 1560, les Pays-Bas espagnoles voient les tensions s’accentuer du fait de différents facteurs. De mauvaises récoltes durant l’année 1565 placent les Seize Provinces en position compliquée pour subvenir à ses besoins, même si les échanges commerciaux avec ses voisins compensent en partie les pertes. Ces tensions sont aggravées par les querelles religieuses qui divisent le territoire : aux discours des prédicateurs calvinistes répondent les actions des autorités espagnoles et de l’Inquisition espagnole qui commence à s’implanter dans les Seize Provinces. Le renforcement des politiques menées par Ferdinand d’Alvare de Tolède cristallisent les tensions au sein de la noblesse hollandaise et flamande : René de Chalon et Charles de Berlaymont font partie des soutiens de la couronne, Lamoral d’Egmont et d’autres dénoncent la politique menée au nom de Philippe II et défendent la défense des droits et libertés des Seize Provinces. Ils se rapprochent ce faisant du prince Charles, ce dernier affirmant défendre leurs intérêts et désireux d’avoir leur soutien pour pouvoir défendre sa position d’héritier à la couronne.

Ferdinand d’Alvare de Tolède s’efforce de résoudre les difficultés qui frappent les Seize Provinces tout en poursuivant sa politique, notamment dans la lutte contre la diffusion des idées calvinistes. Le gouverneur cherche cependant à préserver de bonnes relations avec la noblesse locale et cherche à faire des compromis quand c’est possible pour apaiser ceux qui se montrent opposés ou hostiles à ses politiques et que certains de ses aides commencent à surnommer les Malcontents.

Si sur les années 1565-1566, les divisions entre les adversaires du gouverneur des Pays-Bas et la stricte discipline religieuse entrave tout développement de mouvement, le renforcement des tensions et les nouvelles d’Espagne contribuent à faire estomper les différences et les obstacles. Au printemps 1566, un groupe de nobles organisé autour de Philippe de Marnix, Henri de Brederode et de Guillaume et Louis de Nassau, présentent une pétition à Ferdinand d’Alvare de Tolède pour lui demander de modérer la politique religieuse et les activités de l’Inquisition. Le gouverneur est réticent à accéder à leurs demandes, mais accepte d’y réfléchir. Le gouverneur et ses conseillers réfléchissent mais décident de s’en référer à Philippe II avant de prendre une décision. La réponse du gouverneur suscite le mécontentement des Malcontents, même si les plus modérés et ceux proches du gouverneur cherchent à apaiser leur colère. Le refus apparent du gouverneur à accepter ce qui est appelé le « Compromis des Nobles » contribue à renforcer la colère de certaines franges de la population, attisées par les prédicateurs calvinistes. Cela aboutit en juin 1566 à des incidents iconoclastes, notamment dans le Brabant et dans la Zélande. Le duc d’Albe entreprend de mettre en place des garnisons dans les cités touchées pour restaurer l’ordre, demandant même à Philippe II l’envoi de renforts pour lui permettre de rétablir l’ordre. Il décide aussi de ne point accepter le compromis proposé par la noblesse malgré l’insistance des pétitionnaires. Si la majeure partie de la noblesse dénonce les actes d’iconoclasme, les pétitionnaires et le mouvement des Malcontents sont déçus et furieux du refus final du gouverneur et du renforcement des politiques religieuses dans les Seize Provinces. Les nobles proches du gouverneur cherchent à apaiser la situation, mais leurs efforts sont vains alors que la répression s’intensifie contre les calvinistes, notamment lors du soulèvement de Valenciennes à l’automne 1566. Ferdinand d’Alvare de Tolède envoie une force pour reprendre le contrôle de la ville malgré les demandes de  Philippe de Noircarmes, le stadhouder du Hainaut, qui voulait d’abord obtenir la réouverture de la cité par la négociation. Un siège se met en place à partir d’octobre 1566 dans lequel le stadhouder du Hainaut est forcé d’y participer pour ne pas se retrouver mis en défaut face au duc d’Albe. Durant l’automne et l’hiver 1566-1567, les espagnols mènent un siège intense et défont une force de secours qui cherchait à dégager le siège. Les vaincus prisonniers sont exécutés en tant que rebelles. Début décembre 1566, les espagnols bombardent la cité et l’obligent à se rendre avant de lui infliger une lourde sanction, notamment en faisant exécuter  Guy de Brès et Pérégrin de la Grange, deux calvinistes notables vivant dans la cité.

La campagne contre Valenciennes et la répression de cette dernière suscite une vive inquiétude au sein de la noblesse locale, contribuant à renforcer et à radicaliser le mouvement des Malcontents. Parmi ces derniers, Lamoral d’Egmont et les Nassau d’Orange préfèrent quitter les Seize Provinces par peur de se faire arrêter du fait de leurs sympathies envers les calvinistes. Philippe de Montmorency-Nivelle se fait en revanche arrêter en février 1567 alors que les titres et biens des nobles qui ont fui leur sont retirés. Les nobles exilés cherchent à lever des forces et à s’entendre sur leurs objectifs communs. Lamoral d’Egmont est désigné comme le chef du mouvement du fait de son expérience militaire et politique. La perte de leurs titres et leurs liens inexistants ou faibles en dehors des Pays-Bas espagnoles offrent d’importantes contraintes pour trouver des alliés et des forces à recruter. Les malcontents sont cependant accueillis par Guillaume V de Clèves, ce dernier étant voisin aux Pays-Bas espagnoles, même si le duc préfère demeurer neutre dans son potentiel soutien aux seigneurs exilés. Par l’entremise du duc et de son épouse Marguerite, le comte d’Egmont et ses alliés entreprennent à partir du printemps 1567 à entrer en contact avec la couronne française malgré leurs réserves et réticences. Ils cherchent à entrer en contact avec d’autres princes d’empires et même le roi de Danemark, Frédéric II. Malgré des réserves, ils entrent enfin en contact avec le cousin de René de Chalon, Guillaume de Nassau-Dillenbourg, ce dernier et ses frères étant des luthériens convaincus et princes d’empire. Guillaume ne s’engage pas immédiatement dans un soutien aux Malcontents, mais ses frères Louis et Adolphe rejoignent Lamoral d’Egmont pour offrir leurs services.

Au cours de l’année 1567, l’ordre et la paix semble régner dans les Seize Provinces. Mais la colère à l’encontre des politiques brutales du duc d’Albe renforce le camp des malcontents, d’autant plus que les arrestations de nobles jugés trop proches des calvinistes se multiplient durant la période. La faiblesse des Malcontents semble assurer au gouverneur l’absence d’une réelle menace. Mais sa politique et l’arrestation du comte d’Hornes a aussi contribué à renforcer les divisions et antagonismes au sein des nobles demeurés fidèles à la couronne. Le contentieux est particulièrement vif entre le gouverneur et le prince d’Orange, René de Chalon, Ferdinand Alvare de Tolède commençant à se méfier de ce dernier alors que René désapprouve la manière dont le gouverneur gère les Seize Provinces, à savoir de moins en moins comme un territoire à part entière et davantage comme une province espagnole. Ces désaccords éclatent avec la Querelle de Gand de mai 1567 lorsque le gouverneur accuse René de Chalon d’être en contact avec le prince Charles et de chercher la sédition. Ce conflit amène à la rupture entre les deux hommes et aboutit au départ de René de Chalon sur ses terres d’Orange. Dans un premier temps, René refuse dans un premier temps, ses désaccords avec le duc d’Albe n’ayant point entaché sa loyauté envers les Habsbourg malgré ses critiques sur la politique développée pour les Seize provinces. La situation change à l’automne 1567 lorsqu’il a vent de l’intention de Ferdinand Alvare de Tolède d’envoyer son fils en Espagne. Pour le prince d’Orange, l’intention est claire : son fils va servir d’otage pour le dissuader de rejoindre les Malcontents. En novembre 1567, René entre en contact avec Lamoral d’Egmont et finit par rallier le parti Malcontent à l’hiver 1567-1568. Son ralliement renforce le parti des Malcontents et permet aux nobles exilés d’entrer en contact avec Nicolas II de Lorraine et de renforcer les échanges avec la couronne française, d’autant plus alors que Charles d’Autriche rejoint le royaume de France durant la période. Ces échanges aboutissent à la rencontre et au traité de Saint-Dizier de mars 1568 où la couronne française assure son soutien aux Malcontents et permet à Charles d’Autriche de rejoindre le mouvement.
Ces événements renforce le parti des Malcontents et leur permet de recruter différentes forces armées, mais des divergences divisent les principaux chefs, notamment sur la question religieuse et la stratégie militaire ou les objectifs, les nobles Malcontents cherchant d’abord à défendre les intérêts des Seize Provinces quand Charles d’Autriche souhaite désormais reprendre sa position d’héritier et dénoncer son père. Les désaccords sont d’autant plus forts que le caractère difficile du prince exilé rend compliqué les compromis. Au printemps 1568, plusieurs des différends sont cependant aplanis et une stratégie mise en place avec deux armées, une menée par Charles d’Autriche et René de Chalon au sud alors que le comte d’Egmont mène une autre au nord. Les Malcontents et le prince déchu ont aussi établi des liens avec le duc Guillaume V de Clèves et le duc Nicolas II de Lorraine, même si ces derniers demeurent neutres dans les querelles opposant les malcontents au duc d’Albe.

En mai 1568, Charles d’Autriche et René de Chalon traversent la Meuse en obtenant le ralliement de Maastricht. Accompagné d’une armée de douze mille hommes, ils s’avancent sur Bruxelles dans l’intention de s’en emparer et de forcer le duc d’Albe à céder à leurs exigences. A la mi-mai 1568, Lamoral d’Egmont et Joost de Soete pénètrent en Hollande avec une armée de sept mille hommes. Le comte parvient à rallier certains territoires et défait une armée loyaliste près de Geten (2). Il cherche à obtenir le ralliement de Groningue, mais le refus de ses représentants l’oblige à assiéger la cité.
Face à l’attaque des Malcontents, Ferdinand Alvare de Tolède lève une armée et va à la rencontre des forces de René de Chalon et de Charles d’Autriche. L’approche de l’armée du duc d’Albe amène le prince d’Orange à vouloir éviter ce dernier, mais Charles d’Autriche est déterminé à confronter le duc dans l’espoir de le rallier et dans le cas contraire de consolider sa position par une victoire de prestige. Les deux armées se rencontrent à l’est de Tirlemont à la fin mai 1568. La rencontre entre le prince déchu et le gouverneur échoue et amène à l’affrontement entre les deux armées. Malgré les compétences et conseils militaires du prince d’Orange, Charles d’Autriche et ses forces se font étriller par l’armée de Ferdinand d’Alvare de Tolède et forcés de fuir, la moitié de son armée détruite dans l’affrontement. Après ce succès, Ferdinand Alvare de Tolède pourchasse les restes des forces du prince déchu jusqu’à Maastricht, mais doit renoncer à s’emparer de la cité alors que la menace des forces du comte d’Egmont se renforce avec la capture de Groningue au début de juin 1568 et menace Zwolle et Utrecht. Remontant au nord, le duc cherche à intercepter la seconde armée adverse. Lamoral d’Egmont se replie vers Emmen qu’il occupe au cours de juin 1568. Son armée échappe de peu à Ferdinand Alvare de Tolède alors qu’elle traverse l’Ems au nord d’Haren vers la fin juin 1568. Malgré son échec à neutraliser l’armée du comte d’Egmont, le duc d’Albe entreprend de reprendre le contrôle de la région au cours de juillet 1568. Revenu à Bruxelles au début d’août 1568, il fait exécuter le comte de Hornes et renforce davantage la répression et la gouvernance militaire des Seize Provinces. Il entreprend peu après d’assiéger Maastricht en septembre 1568, la cité ayant été renforcé par des forces envoyées par Lamoral d’Egmont pour défendre la cité et fixer l’armée loyaliste.

Durant l’automne 1568, le reste des forces du comte d’Egmont mène une nouvelle campagne avec l’aide de René de Chalon et de Charles d’Autriche. Traversant la Meuse près de Ruremonde au début d’octobre 1568, les Malcontents avancent sur Anvers dans l’intention de s’en faire une place stratégique pour leurs forces et d’avoir accès à la Mer du Nord. Alors qu’ils atteignent Meerhout peu avant la mi-octobre, le prince déchu et ses alliés apprennent la chute de Maastricht et la progression du duc d’Albe pour intercepter leurs forces. Cherchant à éviter l’affrontement avec le gouverneur, les forces des Malcontents remontent vers les territoires de Gueldre. Ils traversent l’Ems à Venlo, mais se font attaquer par le duc d’Albe à cet endroit à la fin octobre 1568. Les affrontements font rage pendant plusieurs heures durant lesquelles les forces des Malcontents contiennent les assauts espagnols pour permettre à une partie de l’armée de se replier. Le duc d’Albe finit par percer les défenses adverses et force ses adversaires à la déroute qu’il exploite avec sa cavalerie. L’arrière-garde des forces de Charles d’Autriche et de ses alliés se fait massacrer par les espagnols alors que le reste échappe avec difficulté à la poursuite des cavaliers de Ferdinand Alvare de Tolède.

Le succès de Venlo permet au duc d’Albe d’affermir son autorité sur les Pays-Bas espagnols et de neutraliser la menace des Malcontents, même s’il renforce la surveillance des frontières des Seize Provinces et renforce la répression envers les calvinistes et les proches des Malcontents, forçant à une fuite de certaines franges de la population vers les terres d’empire. De leur côté, Charles d’Autriche et ses alliés se réorganisent dans la principauté d’Orange, mais d’importantes divisions émergent entre les principaux chefs, notamment concernant les objectifs, certains songeant à se détacher de la couronne d’Espagne. Si le soutien de la couronne française peut permettre aux Malcontents de réorganiser leurs forces, ils sont cependant assez isolés, les princes d’empire étant incertains ou méfiants à l’idée de les soutenir alors qu’ils ont dans leur rang l’ancien héritier de la couronne d’Espagne. L’annonce du décès de Charles IX de France à l’automne 1569 inquiète les Malcontents qui craignent de voir le nouveau souverain renoncer à les soutenir, amenant Charles d’Autriche à vouloir rencontrer Charles X pour négocier avec ce dernier.

Durant la fin des années 1560, le royaume de Portugal continue de bénéficier de la régence du cardinal Henri d’Evora au nom de son petit-neveu, Alexandre I. Ce dernier poursuit sa formation politique et militaire tout en étant imprégnant d’un profond sentiment religieux. La régence s’achève en 1568 avec la majorité du jeune souverain. Ce dernier est marqué d’un caractère religieux, austère et chaste tout en étant violent, emporté voire despotique. Alexandre I est passionné par tous les exercices du corps et laisse au début de son règne personnel des bribes de pouvoir à sa grand-mère Catherine de Castille. Le jeune souverain s’entoure de courtisans qui encouragent son caractère belliqueux, l’amenant à songer à un projet de campagne contre le Maroc pour propager la foi chrétienne et mettre un terme à la menace que représente la dynastie Saadienne. Pour ses projets, il exige des fonds de la part de l’Église et commence à lever des impôts supplémentaires auprès de sa population. Au sein de la cour, des rivalités et luttes d’influence se développent entre sa grand-mère et ses adversaires, déterminés à jouer un rôle central auprès du jeune roi.

Le royaume du Portugal poursuit le développement de son influence et de ses relations dans l’océan indien et en Asie, renforçant notamment son influence sur les côtes indiennes et dans l’Asie du Sud-est. Ils développent leurs relations avec les royaumes locaux de l’Éthiopie jusqu’au Japon. Ils poursuivent le développement de leur colonie au Brésil, notamment pour éviter toute ingérence française. Ses relations avec le royaume du Maroc et l’empire ottoman demeurent en revanche plus tendues et conflictuelles. Les portugais cherchent à protéger leurs enclaves contre les marocains, d’autant plus à partir de 1568 avec le début du règne personnel d’Alexandre I, même si les attaques contre les enclaves restantes sont moindres du fait du conflit larvé opposant le Maroc à l’Espagne. En revanche, les heurts et conflits avec les Ottomans se renforcent durant la période dans la Mer Rouge, la flotte ottomane menant un nouveau raid conséquent contre les possessions portugais du Yémen en 1567 où ils parviennent à s’emparer d’Aden, bien que le fort de Kamaran demeure aux mains des Portugais, ces derniers en tirant profit pour mener des actions de piraterie contre les ottomans dans la région et entraver leur expansion.

Sur le plan diplomatique, si les relations initiales du royaume de Portugal avec le royaume d’Espagne demeurent cordiales, une certaine mésentente commence à émerger entre Alexandre I et Philippe II à cause de leurs intérêts divergents sur le Maroc. Si Philippe II est prêt à s’allier avec le roi du Portugal pour contrer la dynastie saadienne, Alexandre I voit d’un mauvais œil ce qu’il perçoit comme des ingérences du souverain d’Espagne dans ce qu’il perçoit de plus en plus comme son pré carré, même si l’idée de s’allier avec son voisin et parent dans le cadre de ce qu’il considère comme une nouvelle croisade est forte. Le jeune souverain entreprend de tisser d’autres liens, notamment avec le royaume d’Angleterre et renforce ses relations avec la papauté, même si la politique conciliatrice de Benoît XIII est perçue avec une certaine incompréhension à la cour portugaise. Les relations avec la couronne française sont plutôt neutres, mais la multiplication des expéditions sur les côtes africaines et vers l’océan indien contribue à l'émergence de tensions fortes entre les deux royaumes.

(1) District morisque de Grenade.
(2) Nom ancien de Gieten.


Dernière édition par Yodarc le Sam 29 Juil - 17:16, édité 1 fois
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Message par vigilae Sam 29 Juil - 16:57

. Intéressant et très analytique; je me permettrai, en toute humilité, une observation de forme, et une de fond :
. "Sur le plan diplomatique, si les relations initiales du royaume de Portugal avec le royaume d’Espagne demeurent cordiales, une certaine mésentente commence à émerger entre Alexandre I et Philippe II à cause de leurs intérêts convergents sur le Maroc. " => Si la mésentente émerge, c'est que les intérêts sont divergents.
. "Les relations avec la couronne française sont neutres, mais la multiplication des expéditions sur les côtes africaines et vers l’océan indien nourrit des tensions fortes entre les deux royaumes." => si les tensions sont fortes, pourquoi les relations resteraient elles "neutres" ?
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Message par Yodarc Sam 29 Juil - 17:14

vigilae a écrit:. Intéressant et très analytique; je me permettrai, en toute humilité, une observation de forme, et une de fond :
. "Sur le plan diplomatique, si les relations initiales du royaume de Portugal avec le royaume d’Espagne demeurent cordiales, une certaine mésentente commence à émerger entre Alexandre I et Philippe II à cause de leurs intérêts convergents sur le Maroc. " => Si la mésentente émerge, c'est que les intérêts sont divergents.
. "Les relations avec la couronne française sont neutres, mais la multiplication des expéditions sur les côtes africaines et vers l’océan indien nourrit des tensions fortes entre les deux royaumes." => si les tensions sont fortes, pourquoi les relations resteraient elles "neutres" ?

Merci pour ces deux points. Je vais les rectifier de façon à ce que le premier fasse sens et pour le second, indiquer une transition.
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Message par Yodarc Sam 5 Aoû - 11:00

Bonjour à tous !

Aujourd'hui, la dernière partie concernant le Saint-Empire romain germanique dans ce récit. Un contexte assez proche du cadre historique mais avec des nuances évidentes dans la situation et les évènements. Plusieurs portraits y sont présentés dans un territoire impérial assez apaisé et dont son empereur cherche à la stabilité, la paix et la réconciliation.

J'espère que cette partie saura vous plaire.

Bonne lecture à tous !

1565-1569 : Recherche de réconciliation dans le Saint Empire
La fin des années 1560 voit le Saint-Empire romain connaître une certaine évolution dans les relations entre l’empereur et les différents princes d’empire.

Durant les années 1565-1569, l’empereur Maximilien II entreprend de mettre en place une réconciliation des luthériens et des catholiques dans les terres d’empire. Il cherche ainsi à obtenir de Grégoire XIV la possibilité pour les prêtres de se marier et la concession de la communion des deux genres aux laïcs. Cela l’amène aussi à tenir la diète impériale à Augsbourg au printemps 1566 afin de chercher à mettre en place une politique de réconciliation des deux confessions. Les positions fermes voire antagonistes de certains princes d’empire comme Maurice de Saxe et la diffusion du Confessio et expositio simplex orthodoxae fidei et dogmatum Catholicorum syncerae religionis Christianae de Théodore Bèze et d’Heinrich Bullinger contribuent cependant à provoquer une impasse sur la question malgré un désir du maintien de la paix d’Augsbourg. La diète n’aboutit sur rien bien que quelques mesures soient proposées et que la question du royaume de Bohême est résolu avec le Compromis d’Augsbourg d’août 1566 qui abolit les Compacta de Bâle de 1433 et doit permettre aux Hussites de continuer de pratiquer leur foi avec la condition de n’avoir aucun lien avec les luthériens et d’accepter la présence de représentants du clergé catholique dans la région. Maximilien II entretient cependant des relations cordiales avec les princes d’empire, qu’ils soient catholiques comme Albert V de Bavière ou luthériens comme Philippe I de Hesse avant sa mort en 1567. Il doit cependant faire face à la querelle saxonne opposant Maurice de Saxe à son cousin, Jean-Frédéric II qui se retrouve mis au ban par la diète impériale de 1566. Maximilien II fait condamner le prince rebelle à la captivité et à la perte de ses titres en 1567.

Sur le plan diplomatique, Maximilien II entretient d’importants liens avec son parent, Philippe II d’Espagne, permettant notamment à ses deux fils Rodolphe et Ernest d’être élevés dans la cour de ce dernier. Ces relations fortes l’amènent à vouloir inférer dans les troubles qui secouent les Seize Provinces alors que le fils de Philippe II, Charles d’Autriche, rejoint le parti des Malcontents contre son père. Il correspond ainsi avec les princes d’empire plus ou moins affectés par le conflit dans les Pays-Bas espagnols pour chercher à les dissuader de soutenir son parent rebelle et cherche en vain à permettre une réconciliation entre le prince déchu et son père. Ses relations avec Charles IX de France sont neutres, même si le soutien tacite de ce dernier aux Malcontents et à Charles d’Autriche contribue à tendre ces liens. Par sa politique de réconciliation, Maximilien II cherche à développer ses relations avec la papauté pour obtenir son soutien. Cela l’amène à soutenir l’élection de Giovanni Girolamo Morone lors du conclave du printemps 1568 dans l’espoir de voir les potentielles sympathies luthériennes du pape être utiles dans le développement de la politique de réconciliation destinée à ramener les luthériens dans le giron de l’Église catholique. Maximilien II intervient aussi dans le conflit scandinave, cherchant à y mettre un terme et développant des liens avec Jean II de Norvège.


Durant la fin des années 1560, les princes d’empire connaissent des fortunes diverses, parfois confrontés à des troubles assez vifs.

Les années 1565-1568 sont difficiles pour Albert de Prusse. Le duc est toujours confronté aux répercussions des controverses religieuses successives provoquées par son soutien à Osniander puis à Johann Funck avec l’aide de Paul Skalić. Affaibli physiquement par ces conflits, Albert dut se résigner à une régence et à condamner les écrits d’Osniander, son fils Albert-Frédéric étant encore mineur. En 1566, le clergé et la noblesse prussienne décide de se tourner vers Sigismond II pour résoudre le problème, même si des réticences et des hésitations persistent du fait des positions confessionnelles de Sigismond II. Le roi de Pologne accepte cependant d’envoyer une commission à Könisberg pour résoudre les controverses, notamment pour juger les situations de Johann Funck et Paul Skalić. Si le second parvient à échapper à tout châtiment, le prédicateur est en revanche exécuté. La commission polonaise permet aussi de régler le problème de la régence et de définir une forme de luthéranisme, même les représentants de Sigismond interfèrent dans les affaires prussiennes pour permettre le retour de l’influence catholique.

Quasiment privé de tout pouvoir par les événements, Albert décède en 1568 de la peste en même temps que son épouse. Leur fils, Albert-Frédéric, devient le nouveau duc de Prusse, une position confirmée l’année suivante alors qu’il rend hommage à son cousin, Sigismond II de Pologne.


Sur les années 1565-1568, Maurice de Saxe est confronté à son cousin Jean-Frédéric II, ce dernier toujours déterminé à reprendre le titre d’électeur de Saxe perdu par son père et les territoires perdus au profit de la lignée albertine. Le landgrave de Thuringe cherche à obtenir le soutien de Maximilien II pour parvenir à ses fins sur les années 1565-1566, mais échoue dans ses efforts. Cela l’amène à se tourner vers le chevalier franconien Wilhelm von Grumbach, ce dernier possédant cependant une mauvaise réputation du fait d’une querelle violente avec le prince-évêque Melchior Zobel von Giebelstadt de Wurtzbourg (1). Le chevalier franconien complote avec son seigneur l’assassinat de Maurice de Saxe et à s’appuyer sur des puissances étrangères pour parvenir à leurs fins. En réaction à cette entreprise, le chevalier est mis au ban de l’empire par la diète impériale au printemps 1567 avant que Jean-Frédéric II ne le rejoigne pour avoir refusé de le livrer aux autorités impériales. Au début de l’année 1568, Maurice de Saxe assiège son cousin et ses partisans dans le château de Gotha. Au début de mars 1568, Maurice est grièvement blessé d’un coup d’arquebuse et décède peu après de ses blessures. Sa mort provoque la désorganisation de ses forces, permettant à Jean-Frédéric II de se réorganiser et de dégager son château. Suite à ce désastre, le frère de Maurice, Auguste, devient le nouvel électeur de Saxe et le nouveau dirigeant des domaines albertins. Auguste reprend l’exécution de la sentence impériale de mise à ban de Jean-Frédéric II et de son chevalier alors que ces derniers mènent un raid sur ses domaines au début de l’été 1568. En réaction, Auguste assiège à son tour le landgrave de Thuringe et ses partisans dans le château de Gotha à partir d’août 1568. Il parvient à forcer ces derniers à se rendre en décembre 1568, faisant exécuter peu après le chancelier de Jean-Frédéric II et Wilhelm von Grumbach. Jean-Frédéric II est condamné en février 1569 par Maximilien II à une captivité à vie alors que ses enfants (2) sont placés sous la tutelle d’Auguste.

En parallèle de ces troubles, Maurice de Saxe entretient des relations complexes avec Maximilien II. S’il peut bénéficier du soutien de ce dernier dans la querelle avec Jean-Frédéric II, il demeure un défenseur ferme de l’autonomie et de la spécificité de la foi luthérienne, notamment pour préserver le pouvoir acquis au profit de l’Église. Il défend notamment le maintien des Articles de Marbourg qui définissent désormais la théologie luthérienne. En dehors de ces désaccords politiques et théologiques, le prince électeur respecte cependant la Paix d’Augsbourg et cherche à développer ses territoires.

Après la mort de son frère, Auguste se retrouve dans une situation particulière. Le nouvel électeur de Saxe profite de la faide de Grumbach pour récupérer une partie des domaines de Jean-Frédéric II. Suivant l’exemple de son frère, il soutient la défense de la foi luthérienne et entreprend de chercher l’unification des différentes fois protestantes, soutenant notamment le mouvement visant à se débarrasser de la clause de la paix d'Augsbourg concernant la réserve ecclésiastique, qui était jugée offensante pour de nombreux protestants et s’opposant au Compromis d’Augsbourg sur la Bohême, considérant le texte comme un obstacle à toute ouverture en direction des Hussites vivant encore dans le territoire. Dans cette optique, il consent au printemps 1569 au mariage de sa fille Élisabeth avec Jean-Ernest, le fils de Frédéric III du Palatinat. Cela l’amène dans un premier temps à soutenir les revendications des Malcontents hollandais, même si sa modération et la présence du prince Charles d’Autriche à la tête des Malcontents restreigne l’étendue de ce soutien. Ce soutien initial et ses positions politiques et théologiques contribuent à susciter une relation compliquée avec l’empereur Maximilien II.


Durant la fin des années 1560, le duc Guillaume V « le Riche » de Clèves et de Juliers mène une vie somptueuse dans ses domaines, attirant artistes et humanistes alors que sa cour s’est développée au travers des influences françaises grâce à son épouse, Marguerite de Valois. Le duc a aussi fait bâtir différentes fortifications pour protéger ses terres.

Cette prospérité et stabilité est menacée avec les troubles qui secouent les Seize Provinces. Si le duc accueille le comte d’Egmont et ses alliés au début de l’année 1567, il préfère ne pas s’impliquer dans les troubles des Pays-Bas espagnols malgré les promesses et demandes de ses hôtes et de son épouse pour tenter de récupérer le duché de Gueldre. Le duc consent cependant à permettre aux Malcontents d’échanger avec la couronne française. Ses relations avec le gouverneur des Pays-Bas sont tendues du fait de la présence des Malcontents et de l’accueil qu’il fait sur les années 1567-1569 aux calvinistes fuyant les Pays-Bas espagnols. Ses relations avec Charles IX demeurent cordiales bien que distantes.


Philippe I de Hesse connaît ses dernières années de vie sur les années 1565-1567, ce qui ne l’empêche pas de soutenir la politique de Maximilien II visant à la réconciliation des catholiques et des luthériens tout en continuant de défendre les Articles de Marbourg qui font le cœur de la théologie luthérienne. Il donne ainsi forme à l’Église de Hesse tout en respectant le cadre des Articles de Marbourg dans le cadre du Grand Agenda de 1566-1567. Le margrave de Hesse cherche aussi à tisser des relations avec les cantons suisses et cherche à maintenir des relations avec Eric XIV de Suède alors que la situation dans le royaume scandinave se dégrade du fait du conflit contre Frédéric II de Danemark et la dégradation du caractère du roi de Suède.

En 1567, Philippe I décède. A son décès, ses domaines sont partagés entre ses deux fils : Guillaume et Louis. Le premier devient Guillaume IV de Hesse-Cassel, le second Louis IV de Hesse-Marbourg. Des deux héritiers de Philippe I de Hesse, Guillaume IV s’avère le plus entreprenant. Administrateur hors-pair, il entreprend de gérer son duché avec efficience et travaille à la préservation de la réforme luthérienne et à l’unification des différentes branches protestantes pour préserver leurs idées face à une Église catholique dynamique et réformée.


Durant la fin des années 1560, Frédéric III de Palatinat poursuit ses politiques de réorganisation du Palatinat, notamment sur le plan religieux. Cela l’amène à être confronté à l’hostilité des princes luthériens, mais aussi de l’empereur. En 1565, Maximilien II ordonne l'annulation des changements alors que l’année suivante, la diète d’Augsbourg valide un décret unanime demandant l’abolition des changements amenés par l’électeur du Palatinat, notamment sur le Catéchisme de Heidelberg. En réaction à ces demandes, Frédéric III déclare lors d’une session qu'il s'agit d'une affaire sur laquelle Dieu seul a le pouvoir, et que si l'on veut procéder contre lui, il trouvera du réconfort dans les promesses de son Sauveur. Le décret n’est pas appliqué, mais les tensions demeurent. A ces tensions s’ajoutent les résistances des luthériens zélés du Haut-Palatinat dans lequel Frédéric III commence à appliquer les mêmes réformes et changements que dans le Palatinat rhénan.

Durant la période, l’électeur du Palatinat observe avec attention les troubles qui touchent les Pays-Bas espagnoles, envoyant notamment son fils Jean-Ernestpour rencontrer les principaux membres des Malcontents en 1567. L’arrivée de Charles d’Autriche à la tête des Malcontents contribue à distendre les relations entre le prince et les nobles exilés, même s’il soutient son cousin Wolfgang dans son projet de mener des mercenaires germaniques pour soutenir les Malcontents. Sur le plan dynastique, il négocie avec Auguste de Saxe le mariage entre sa fille Élisabeth et son fils aîné, Louis après l’échec de projet de mariage avec Anne de Saxe. Le projet aboutit en 1568 alors qu’Auguste succède à son frère Maurice à la tête de l’électorat de Saxe. Cela permet un rapprochement entre les deux princes malgré leurs désaccords sur la question théologique.


Durant la fin des années 1560, Nicolas II de Lorraine poursuit de réorganiser ses domaines et de mener une importante politique de mécénat. Il affermit sa politique religieuse visant à préserver la primauté de l’Église catholique en ses domaines. Il développe des relations importantes avec différents princes d’empire, cordiales avec plusieurs des princes catholiques et plus complexes avec les princes protestants, notamment Frédéric III du Palatinat. Le duc lorrain entretient aussi d’importantes relations avec l’empereur Maximilien II et la couronne française. Le duc est neutre sur la politique de réconciliation des catholiques et des luthériens menée par l’empereur, soutenant le principe mais étant en désaccord sur certains aspects, notamment la question du mariage des prêtres. Sur les toutes dernières années de la décennie, le duc se soucie du mariage de ses différents enfants, cherchant à maintenir la position de neutralité entre les Habsbourg et la couronne française, notamment avec les tensions grandissantes et virulentes dans les Seize Provinces.

Dans le contexte des troubles qui touchent les Pays-Bas espagnoles durant la période, le duc se retrouve impliqué dans les tractations entre les Malcontents et différents partis, dont la couronne française. Nicolas II sert bon gré mal gré d’intermédiaire, mais cherche à demeurer neutre, notamment du fait de l’implication du fils aîné de Philippe II d’Espagne à la tête des Malcontents.

(1) Durant les années 1540, Grumbach avait reçu du précédent prince-évêque 10 000 florins à la mort de ce dernier sans que le chapitre cathédral n'ait été consulté. A son arrivée, Melchior Zobel von Giebelstadt avait réclamé cet argent et le chevalier avait payé, mais l'action avait ruiné les liens harmonieux entre le chevalier et son seigneur, ce qui l'amena à vouloir se venger du prince-évêque à la fin des années 1540 après la paix de Passau.
(2) Jean-Ernest, Jean-Christophe.


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Message par Yodarc Sam 12 Aoû - 13:32

Bonjour à tous !

Aujourd'hui, passage en Europe orientale pour explorer la situation à l'issue de la période explorée dans ce récit. Une situation assez particulière, entre des récurrences proches de la réalité historique et des bouleversements qui modifient les rapports de force et les évolutions dynastiques dans cette région du monde, notamment pour les deux principautés, celles de Moldavie et de Valachie, sans compter le royaume de Hongrie.

J'espère que ce dernier détour en Europe orientale et centrale saura vous plaire.

Bonne lecture à tous !

1565-1569 : Conflits en Europe orientale
La fin des années 1560 voit différents conflits et luttes d’influence affecter les territoires d’Europe orientale.

Durant la fin des années 1560, le royaume de Hongrie se trouve dans une situation complexe et particulière. Face au nouveau sultan ottoman, Louis III est déterminé à demeurer ferme, mais hésite à entrer en confrontation avec ce dernier alors que ses alliés sont rares ou devant gérer des situations internes complexes. Devant gérer une partie de ses conseillers et des magnats du royaume, le souverain cherche à négocier le renouvellement de la trêve avec Sélim II dans l’espoir d’achever la réorganisation de ses forces et des défenses du royaume afin de contrer la puissance de la Sublime Porte. Les négociations menées avec les représentants du sultan sont compliquées et difficiles au cours des années 1565-1567, notamment du fait du refus de Louis III de reconnaître Selim II comme seul empereur véritable alors qu’il est un prince du Saint-empire par sa position de roi de Bohême. Les troubles en Valachie contribuent aussi à compliquer la mise en place d’une trêve du fait des luttes d’influence entre les deux puissances dans la principauté. Si une véritable paix ne peut être trouvée, la trêve finit par être renouvelée à l’automne 1567 à Belgrade avec une reconnaissance de Louis III de la suzeraineté ottomane sur les reconnaît les principautés de Valachie et de Moldavie.
Le renouvellement de la trêve avec son puissant et redoutable voisin permet à Louis III de poursuivre la réorganisation de son royaume pour affermir l’autorité royale et affaiblir les magnats afin de pouvoir construire une force capable de contrer les ottomans comme au temps de Matthias Corvus. La trêve permet au souverain magyar de réorganiser les finances du royaume, s’inspirant de l’approche mise en place par les Habsbourg pour l’administration impériale. Il développe l’embryon d’institutions au sein de son royaume, même si la diète joue un rôle plus important que durant les dernières années de son père. Louis III en profite aussi pour renforcer les politiques religieuses pour stopper la diffusion des idées clandestines au sein de son royaume, notamment au sein des magnats et des nobles hongrois qui se servent de la foi pour affirmer leur indépendance vis-à-vis du pouvoir royal.

Dans les luttes d’influence entre le roi et une partie de la noblesse et aristocratie du royaume, le voïvode de Transylvanie, Georges VI Báthory, joue un rôle important en jouant le soutien à l’un ou l’autre parti pour affermir sa position face à ses rivaux et au roi. S’il participe au renouvellement de la trêve de 1567, le voïvode de Transylvanie continue cependant de soutenir des actions dans la principauté de Valachie pour contrecarrer l’influence ottomane dans la région, soutenant Radu Illias pour faire pression sur les princes valaques au pouvoir. Il soutient ainsi la tentative de ce dernier en 1566.

Au niveau du royaume de Bohême, il bénéfice de façon indirecte du soutien de l’empereur Maximilien II et de la diète impériale grâce au compromis d’Augsbourg qui abolit les Compacta de Bâle tout en confirmant la spécificité des hussites au sein du royaume. Louis III renforce la décision impériale au travers de la diète de Prague du printemps 1567. Il travaille ses relations avec les hussites, préférant privilégier désormais une approche plus diplomatique pour obtenir leur soutien et chercher à les détacher des luthériens.

Sur le plan diplomatique, ses relations avec Maximilien II sont neutres mais cordiales malgré le désaccord du roi magyar sur la question de la politique de réconciliation entre catholiques et luthériens à cause de sa rivalité avec Maurice de Saxe. Il maintient de bonnes relations avec Albert V de Bavière et travaille ses relations avec la république de Venise et la papauté afin d’avoir des alliés face à l’empire ottoman.


La principauté de Valachie connaît une période incertaine durant la fin des années 1560. Alexandru II poursuit une politique répressive à l’encontre des boyards dont il se doute de leur loyauté et s’inquiète beaucoup de la survie de Radu Illias qui demeure son principal rival au pouvoir. Le prince valaque soutient la Sublime Porte alors qu’il est prêt à envoyer une armée contre la principauté de Moldavie et son prince Constantin, ce dernier étant un allié de Radu Illias.

Exilé en Transylvanie, ce dernier cherche à organiser son retour au pouvoir, rassemblant de nouveau autour de lui les boyards exilés par Alexandru II ou fuyant sa répression. Soutenu par le voïvode de Transylvanie, le prince exilé recrute en 1566 une nouvelle armée pour tenter de reprendre la couronne princière. Il pénètre la Valachie à l’été 1566. Face à cette nouvelle attaque, Alexandru II cherche à demander l’aide des Ottomans, mais se fait assassiner par un des boyards de son entourage, permettant à Radu VIII de s’imposer de nouveau à la tête de la principauté.

En parallèle de ses relations conflictuelles et tendues avec ses boyards, Alexandru II créé de nouvelles taxes pour pouvoir assurer le fonctionnement de la principauté et payer le tribut à l’empire ottoman. Si ses relations avec la Transylvanie demeurent complexes et difficiles, il développe des relations avec le prince Constantin de Moldavie après que ce dernier ait renouvelé son serment de vassalité envers la Sublime Porte. Il entreprend de faire construire des monastères durant la période et permet l’implantation de l’imprimerie dans ses domaines. Ces efforts sont interrompus par l’attaque de Radu VIII et l’assassinat d’Alexandru II.
Radu VIII s’efforce d’affermir de nouveau son autorité, de maintenir ses relations avec le voïvode de Transyvalnie tout en évitant toute réaction ottomane à son retour au pouvoir. Il renforce aussi ses relations avec le prince Constantin de Moldavie, s’en faisant un allié pour préserver son autonomie face à la Sublime Porte. Le renouvellement de la trêve entre le royaume de Hongrie et l’empire ottoman à l’automne 1567 est accueilli avec sidération et appréhension, Radu VIII devant faire serment de vassalité à Selim II. Radu VIII envoie une délégation pour rendre hommage au sultan au printemps 1568, ce qui est mal perçue des ottomans mais aussi d’une partie des boyards. Le maintien de relations avec le voïvode de Transylvanie contribue à compliquer sa position et au printemps 1569, une force ottomane envoyée par le pacha de Roumélie le chasse du pouvoir pour y placer Vintila, le fils de Pătrașcu.


La principauté de Moldavie connaît une période incertaine durant les années 1565-1569. Le prince Constantin cherche à développer son autorité et à s’assurer la loyauté de ses boyards alors qu’il doit faire face à son voisin Alexandru II de Valachie qui est allié à la Sublime Porte et prêt à ramener la principauté moldave dans sa position de vassal confirmé de l’empire ottoman.

Dans ce contexte incertain, le jeune prince se tourne vers Georges VI Báthory de Transylvanie et soutient Radu Illias dans sa tentative de reprendre le pouvoir à l’été 1566. Après le succès de ce dernier, Constantin consolide ses relations avec Radu VIII et Georges VI Báthory. Le renouvellement de la trêve entre le royaume de Hongrie et l’empire ottoman à l’automne 1567 créé l’incertitude pour le prince moldave alors qu’il doit rendre hommage à Selim II. Constantin retarde l’échéance, tirant profit de la distance et voulant éviter de se voir opposer une partie des boyards qui ont une vision négative de sa famille du fait des actions de ses frères et de sa mère. A l’automne 1568, il finit par rendre hommage à Selim II, mais cherche à préserver ses liens avec Radu VIII de Valachie et Georges VI Báthory de Transylvanie. Le renversement de Radu VIII au printemps 1569 oblige le prince moldave à renforcer ses relations avec l’empire ottoman pour pouvoir préserver sa position.


Durant la fin des années 1560, Sigismond II de Pologne est de santé déclinante durant la période, souffrant notamment de la goutte depuis plusieurs années et de calculs rénaux dans les dernières années de la décennie.

Malgré son affaiblissement physique, cela ne l’empêche pas de mener la décision la plus importante de son règne : l’union de Lublin en 1569 permettant l’union du grand-duché de Lituanie avec son royaume. Les négociations avec les seigneurs lituaniens, notamment le grand hetman, Mikołaj « le Rouge » Radziwiłł, ont été difficiles du fait de la question du statut des nobles lituaniens et de la possession de terres dans le grand-duché par des seigneurs polonais, mais aussi la question religieuse alors qu’une partie de la noblesse lituanienne s’est ralliée à la réforme luthérienne. Le conflit de Livonie contre Ivan IV de Russie et la décision de soutenir Frédéric II de Danemark en Livonie avec la promesse d’intégrer les territoires conquis au territoire du grand-duché permet cependant à Sigismond II de gagner une position favorable pour concrétiser le projet. L’union se concrétise au début de l’année 1569 après le Sejm de Lublin, notamment avec l’annexion par Sigismond II des voïvodies de Podlachie, de Volhynie, de Bracław et de Kiev, avec une large approbation de la noblesse locale pour forcer la noblesse lituanienne à accepter les conditions de l’union. Sigismond II concède cependant à la noblesse lituanienne la liberté de culte pour assurer le bon fonctionnement de l’union avec pour perspective la réintégration des éléments luthériens dans le giron catholique.

Sur le plan religieux, le roi polonais poursuit la réaffirmation de l’Église catholique dans ses domaines, mais fait preuve de tolérance à l’égard de son vassal prussien et du grand-duché de Lituanie. En 1568, Il saisit cependant la demande de la noblesse et du clergé prussien d’une commission pour résoudre leur controverse religieuse avec Albert pour renforcer l’influence polonaise dans le territoire de son cousin. La mort de ce dernier l’hommage de son fils Albert-Frédéric en 1569 pour se faire reconnaître en tant que nouveau duc de Prusse permet au souverain polonais de renforcer son influence dans le territoire de son vassal.

Sur le plan diplomatique, Sigismond II est impliqué dans les deux conflits majeurs qui affectent la région. D’une part, son royaume soutient Frédéric II de Danemark contre Eric XIV afin de contrer la présence suédoise dans la mer Baltique. Cela amène Sigismond II à créer à partir de 1568 une flotte pour surveiller la mer Baltique, mais aussi mener des blocus contre les territoires contrôlés par les suédois et les russes. La même année, il reçoit des représentants de Frédéric II qui lui demande de soutenir une campagne militaire contre la Livonie suédoise alors que leurs adversaires sont en proie à des troubles internes. Sigismond II hésite, notamment du fait qu’il cherche à concrétiser l’union entre son royaume et le grand-duché de Lituanie. Le roi de Pologne finit cependant par accepter de soutenir le roi de Danemark, la perspective de renforcer l’influence polonaise en Livonie et de contrer celle des suédois et des russes étant très forte. Il obtient après de nombreuses discussions le soutien du Sjem, notamment au travers de la promesse de placer les territoires sous le contrôle du grand-duché dans le cadre de l’union. Alors que l’union polono-lituanienne se met en place, Sigismond II fait attaquer les territoires suédois de Livonie à partir de février 1569. Les polonais s’emparent d’une partie des possessions suédoises et cherchent à s’emparer de Reval, mettant en place un blocus avec l’aide de la flotte danoise. Reval se rend au début de l’été 1569. Sigismond II doit cependant gérer durant la même année des raids navals suédois, notamment par Jacob Kragge, qui voit notamment une partie de la nouvelle flotte polonaise détruite de la bataille de Dantzig de mai 1569. A l’automne 1569, les polonais doivent faire face aux suédois à Kiiu et au prix d’un terrible affrontement, parviennent à repousser ces derniers. Ces différents affrontements et la situation compliquée de ses alliés amènent Sigismond II à entrer en négociation avec la régence suédoise, ayant obtenu ce qu’il recherchait et peu désireux de poursuivre le conflit alors que la menace d’Ivan IV demeure à l’est.

De l’autre, il est d’abord indirectement impliqué dans la guerre de Livonie alors que le grand-duché de Lituanie affronte Ivan IV de Russie pour le contrôle de la région, notamment avec l’envoi de son frère Casimir pour aider les Lituaniens contre les russes. En 1566, le grand-duché envoie une importante délégation à Moscou pour négocier un partage de la Livonie avec Ivan IV et préparer une offensive pour chasser la Suède de la région. Mais Ivan IV et ses représentants font des exigences plus conséquentes favorisant l’expansion territoriale de la Russie dans la région et l’inquiétude des boyards russes de voir un Etat commun polono-lituanien contribue à l’interruption des négociations et à la reprise des hostilités. Les russes progressent durant la période au cœur de la Livonie, mais sont contenus par les lituaniens sur la côte. Soutenus par le prince polonais Casimir, les Lituaniens parviennent à rééquilibrer les rapports de force malgré les ravages provoqués par les russes, défaisant notamment une de leurs armées en 1567 à Tchachniki. Le conflit est ponctué par les escarmouches, les raids et les ravages provoqués par les deux camps. En 1569, la concrétisation de l’union entre le royaume de Pologne et le grand-duché amène à l’intégration des territoires livoniens contrôlés par la Lituanie dans l’union.

Sigismond II entretient de bonnes relations avec l’empereur Maximilien II et son parent Louis II de Hongrie durant la période. Il maintient quelques relations avec Charles IX de France. Son implication dans la guerre nordique l’amène cependant à recevoir la médiation de ces derniers pour l’amener à négocier la paix avec le royaume de Suède. Durant les dernières années de la décennie, le souverain polonais réfléchit au projet matrimonial de son héritier Sigismond, penchant notamment un temps pour le renouvellement de l’alliance avec les Habsbourg. Son choix se porte finalement sur Élisabeth de Prusse afin de consolider ses liens avec son vassal. En 1569, alors que le nouveau duc de Prusse, Albert-Frédéric, lui rend hommage, Sigismond II en profite pour négocier avec lui le mariage de sa sœur avec son héritier, aboutissant à l’automne 1569 à l’union entre ces derniers.


La fin des années 1560 est une période assez particulière pour le tsarat de Russie. Alors qu’il a déplacé sa cour à Aleksandrova Sloboda, Ivan IV accuse les élites de Moscou de corruption et trahison au début de l’année 1565 et menace d’abdication. Il obtient le retour à Moscou avec la condition de pouvoir juger les personnes pour trahison en dehors du cadre juridique. Cela lui permet de mettre en place de l’Oprichnina (1) des opritchniki, une troupe d’élite loyale au tsar et chargée de traquer ses ennemis. Dans le cadre de l’Oprichinina Ivan IV divise ainsi la Moscovie en deux avec les opritchniki chargés de la gestion du territoire proche de Moscou.

A partir de 1565, une vague de persécutions et d’exécutions se réalise à l’encontre des boyards, menée par les opritchniki et s’étendant à l’ensemble de l’élite moscovite afin de permettre à Ivan IV de renforcer son autorité. Une des vagues les plus violentes intervient en 1567 alors que le tsar a vent d’un supposé complot destiné à le renverser avec l’aide des Lituaniens. En 1569, il fait assassiner le métropolite Philippe II de Moscou pour sa dénonciation de la politique brutale du tsar. La même année, le décès suspect de sa deuxième épouse renforce sa paranoïa, suspectant des boyards d’être responsable de sa mort.
Le tsarat de Russie subit l’impact de la guerre de Livonie, mais aussi du blocus mis en place durant la période par les Polonais et la Ligue Hanséatique (2). A ces restrictions économiques s’ajoutent dans les années 1567-1569 une série de mauvaises récoltes qui provoquent disettes et famines dans le territoire alors qu’une épidémie de peste éclate à la toute fin de la décennie, aggravant la situation.
Alors qu’il met en place un régime brutal à l’encontre des boyards dont il cherche à briser le pouvoir et l’influence, Ivan IV continue de mener la guerre en Livonie pour pouvoir la dominer. Le conflit le confronte surtout au grand-duché de Lituanie durant la période. Une médiation est tentée en 1566 avec un projet de partage de la Livonie entre les deux territoires. Les représentants d’Ivan IV font des exigences territoriales plus conséquentes et le tsar fait appel à une zemskii sobor (3) pour décider de la marche à suivre. Le soutien des boyards à la poursuite de la guerre amène Ivan IV à rompre les négociations. Les russes poursuivent leurs raids en Livonie et Lituanie, mais subissent une défaite à Tchachniki en 1567. La concrétisation de l’union entre le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie contribue à renforcer les craintes russes concernant la menace que représente son voisin, d’autant plus alors que Sigismond II fait attaquer les territoires suédois de Livonie, faisant craindre à Ivan IV un accroissement de l’influence polonaise dans la région.
Sur le plan diplomatique, Ivan IV a des relations conflictuelles avec le grand-duché de Lituanie et le royaume de Pologne. Il maintient la trêve avec le royaume de Suède, mais observe avec méfiance les troubles qui touchent son voisin et qui renforce sa propre paranoïa. Il entretient de bonnes relations avec Frédéric II de Danemark et Magnus de Holstein, même si leur alliance avec Sigismond II dans le contexte du conflit dano-suédois contribue à les faire dégrader.

Durant la même période, ses relations avec une autre puissance, l’empire ottoman, se dégradent. Si les relations sont cordiales au départ, la question des pèlerinages religieux vers les lieux saints de l’Islam et les attaques sur le commerce ottoman contribuent à une dégradation brutale. En 1568, la Sublime Porte attaque Astrakhan. Les forces terrestres ottomanes assiègent Astrakhan alors que des ouvriers entreprennent de creuser un canal pour relier la Volga au Don et permettre d’améliorer le trajet des pèlerins. Ivan IV envoie le prince Vassili Serebriany-Obolensky avec des renforts pour dégager Astrakhan. Les deux armées s’affrontent en septembre 1568. L’affrontement est brutal, les ottomans subissant à la fois l’attaque de l’armée du prince et une sortie du gouverneur d’Astrakhan, mais les cavaliers tatars chargés de la protection des ouvriers harcèlent l’armée de renforts et l’empêche de déborder leurs alliés. Les ottomans repoussent l’attaque, mais subissent de lourdes pertes qui affaiblissent leur capacité à pouvoir s’emparer de la forteresse d’Astrakhan. Durant l’automne 1568, les ottomans subissent les attaques des circassiens alliés aux russes et la dégradation des températures affectent les soldats et les ouvriers. En octobre 1568, les ottomans tentent un assaut contre les défenseurs, mais se font repousser. Le prince Piotr Semionovitch Serebriany-Obolensky, le gouverneur d’Astrakhan, défend avec énergie contre les assauts ottomans même s’il subit l’attrition et les dégradations provoquées par l’isolement et la chute des températures. L’arrivée de l’hiver oblige cependant les ottomans à lever le siège en novembre 1568 et à se replier, interrompant le travail débuté pour l’ouverture du canal entre le Don et la Volga. Mais face à une nouvelle incursion des ottomans à l’été suivant, Ivan IV charge le prince Ivan Petrovich Shuysky de contrer cette menace et de laver le semi-échec du prince Serebriany-Obolensky. Durant l’été 1569, le prince Piotr Semionovitch Serebriany-Obolensky défend la forteresse avec énergie malgré les fragilités provoquées par le premier siège. Début août 1569, il est forcé de capituler, ses forces étant affaiblies par l’attrition et le siège ayant davantage amoindri les défenses de la forteresse. Fin août 1569, le prince Ivan Petrovich Shuysky arrive de nouveau auprès de la forteresse et découvre qu’elle a été perdue. Il cherche cependant à la reprendre et attaque notamment les ouvriers chargés de poursuivre la construction du canal. L’affrontement avec les ottomans et leurs alliés est brutal, mais les russes parviennent à disperser les tatars et tire profit de l’épuisement et de l’affaiblissement de l’armée ottomane pour la forcer à se replier. Ivan Petrovich Shuysky cherche à restaurer la forteresse et à raffermir la position de son souverain dans la région malgré l’arrivée de l’automne et les conditions météorologiques. Ses forces sont en partie décimées par les conditions automnales et hivernales alors qu’il s’efforce de restaurer la forteresse d’Astrakhan.

(1) Désignation de la partie de la Russie sur laquelle Ivan IV exerce un pouvoir absolu à partir de 1566, le reste du territoire, appelé zemchtchina, étant dévolu aux boyards.
(2) Pour empêcher le tsarat de Russie d'accéder au commerce maritime en Mer Baltique et au-delà, le royaume de Pologne et la Ligue Hanséatique ont mis en place un blocus dans la région. Historiquement, Ivan IV a bénéficié d'une relation avec le royaume d'Angleterre sous Élisabeth I pour s'ouvrir au commerce extérieur, permettant aux anglais de créer une compagnie marchande dans son empire.
(3) Le Zemski Sobor est une sorte d'assemblée appelée par le tsar, le patriarche orthodoxe ou la Douma des boyards pour discuter ou ratifier certaines décisions et composé de membres de la noblesse et de la bureaucratie, dont la Douma des boyards, du clergé orthodoxe élevé et des représentants des négociants et des citadins.


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Message par vigilae Sam 12 Aoû - 14:55

. Assurément très documenté.
. Une minuscule observation de détail : "Début août 1569, il est forcé de capituler, ses forces ayant affaiblies par l’attrition "=> ses forces étant affaiblies
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Message par Yodarc Sam 12 Aoû - 15:36

vigilae a écrit:. Assurément très documenté.
. Une minuscule observation de détail : "Début août 1569, il est forcé de capituler, ses forces ayant affaiblies par l’attrition "=> ses forces étant affaiblies

Merci pour ton commentaire et pour avoir repéré cette petite gaffe. Je vais de ce pas la rectifier.
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