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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

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Yodarc
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 11 Mar - 9:53

Bonjour à tous !
Aujourd'hui, détour par la Scandinavie du début des années 1550 de cette réalité. Des récurrences pour les royaumes danois et suédois, mais aussi des tendances inédites résultant du contexte global alors que le royaume de Norvège poursuit son développement en tant que royaume redevenu indépendant. Un équilibre précaire qui existe entre ces royaumes marqués par des rivalités dynastiques, politiques et religieuses qui s'est installée.
J'espère que cette partie saura vous plaire.
Bonne lecture à vous tous !

1550-1554 : Prospérité dans les royaumes scandinaves
Le début des années 1550 est une période de stabilité et de prospérité pour les royaumes scandinaves.

Jean II de Norvège mène au début des années 1550 différentes politiques qui contribuent à renforcer son royaume et à le faire sortir des difficultés dans lesquelles il se trouvait depuis la reconnaissance de son indépendance en 1537. Il soutient une importante politique commerciale afin de renforcer les relations de son royaume avec ses voisins, notamment dans la mer du Nord. La flotte norvégienne se renforce au cours de la période et si elle n’est pas en mesure de rivaliser avec celle danoise, elle est suffisamment puissante pour mener des échanges commerciaux avec les principaux acteurs de la mer du Nord, principalement les Pays-Bas avec lesquelles Jean II entretient des relations fortes et privilégiées. Le roi de Norvège renforce aussi les activités de pêche dans la mer du Nord pour renforcer le commerce, notamment au niveau des îles Féroé et de l’Islande. Ce renforcement de la pêche voit les pêcheurs islandais mener davantage d’expéditions maritimes au large du Groenland, n’hésitant à avoir des installations temporaires pour mener leurs activités. Jean II développe des politiques fiscales et administratives destinées à renforcer son autorité tout en tenant compte du Riksråd. Il renforce le Landelove et améliore la condition des paysans norvégiens tout en cherchant à renforcer la capacité de la couronne à percevoir l’impôt.
Sur le plan religieux, Jean II continue de mener une lutte implacable contre la diffusion des idées protestantes, même s’il doit faire face à l’émergence des idées calvinistes au sein de son royaume. Cette lutte pour raffermir la primauté de l’Église catholique est cependant facilitée par le soutien du clergé norvégien et le développement de la nouvelle noblesse norvégienne par le jeune roi. Le développement de la nouvelle noblesse permet à Jean II de pouvoir s’émanciper de la domination du clergé et de s’appuyer sur des gens loyaux envers lui. La lutte contre les mouvements protestants de Jean II amène à la clandestinité des prédicateurs ou à leur exil vers les royaumes de Suède et de Danemark.
Sur le plan diplomatique, Jean II maintient des relations importantes avec les Habsbourg et entreprend de développer des relations avec Jacques VI d’Écosse, négociant durant l’année 1554 un projet de mariage entre Anne Stuart et son fils Charles. Il entretient des relations neutres et compliquées avec Gustave I de Suède et Christian III de Danemark à cause des différends dynastique et confessionnel. Il développe enfin d’importantes relations avec la papauté, tout particulièrement avec Clément VIII. Il développe quelques relations avec le royaume d’Angleterre.

Christian III de Danemark tire profit du début des années 1550 pour renforcer la prospérité de son royaume, même s’il doit gérer certains défis, notamment sur le plan religieux. Il renforce la flotte danoise, ce qui permet à son royaume de renforcer sa capacité à commercer dans la mer Baltique, contestant la situation de monopole commerciale de la ligue hanséatique. Le contrôle du détroit de l’Øresund assure au royaume du Danemark d’importants revenus qui permettent à Christian III de renforcer son royaume et son autorité. Durant la période, il entreprend de bâtir la citadelle de Landskrona et de rebâtir le château de Sønderborg pour en faire un château dans le style renaissance.
Sur le plan religieux, Christian III cherche à affermir la primauté de l’Église luthérienne dans son royaume. Pour contrer le développement de la contre-pensée catholique influencée par le Concile de Mantoue, il fait interdire aux prêtres catholiques la possibilité de vivre légalement au Danemark au cours de l’année 1550. Il met en place une condamnation des textes défendant les thèses du concile de Mantoue et travaille à renforcer les politiques éducatives pour contrer l’influence des éléments persistants du clergé catholique et des penseurs catholiques. L’université de Copenhague joue un rôle important dans l’émergence d’une culture danoise luthérienne alors que la cour de Christian III est composée de nombreux penseurs luthériens qui participent à l’épanouissement d’une culture à part entière au cours de la période. Aux défis provoqués par l’Église catholique s'ajoutent aussi les controverses religieuses qui divisent les luthériens du Saint-Empire romain alors que des désaccords persistent entre ceux qui défendent la Confession de Copenhague comme base de l’Église luthérienne du Danemark et ceux qui considèrent que les Articles de Marbourg sont le cœur théologique de la confession luthérienne.
Sur le plan diplomatique, Christian III mène une politique de neutralité visant à maintenir des relations cordiales et apaisées avec ses différents voisins. S’il maintient de bonnes relations avec Gustave I de Suède, le roi danois développe des relations apaisées avec Jean II de Norvège et Charles Quint, permettant aux échanges commerciaux de se renforcer. Il maintient des relations cordiales avec les princes protestants d’empire, même s’il se tient désormais en retrait de leur conflit avec Charles Quint. Ses relations avec Charles IX sont plus neutres et distantes alors qu’il tisse quelques relations diplomatiques avec le royaume d’Angleterre. Ses relations sont en revanche plus tendues avec la papauté, cette dernière voyant d’un mauvais œil le maintien des idées luthériennes au sein de son royaume.

Les années 1550-1554 sont pour le royaume de Suède une période d’épanouissement. Gustave I poursuit ses différentes politiques, consolidant son autorité et renforçant la capacité de la couronne à gouverner le royaume et à l’organiser plus efficacement. Le souverain suédois développe l’exploitation des mines d’argent et de cuivre, lui permettant de consolider ses finances en plus des richesses obtenues par la récupération des terres du clergé catholique. Il entreprend aussi de développer la colonisation et l’exploitation des territoires de son royaume jusqu’en Finlande, fondant notamment Helsingfors (1) sur la côte finlandaise du golfe de Finlande dans l’intention de concurrencer Reval (2) dans le commerce de la mer Baltique. Il développe le commerce dans la mer Baltique, ce qui lui permet d’affaiblir la ligue Hanséatique. Afin de consolider l’influence de son royaume dans la mer Baltique, Gustave I cherche à étendre son influence et son autorité en direction de la Livonie. Cette ambition fait émerger sa rivalité avec Ivan IV de Russie alors des incidents frontaliers se font entre leurs deux royaumes sur la période.
Sur le plan religieux, Gustave I mène une importante politique visant à défendre la primauté de l’église luthérienne au sein de son royaume tout en ménageant les représentants catholiques. Le renforcement des courants catholiques influencés par le concile de Mantoue l’amène cependant à faire preuve de plus de sévérité, mais aussi à renforcer la politique éducative. Dans ce même but, il entreprend de rouvrir l’université d’Uppsala en 1552 en tant qu’université royale luthérienne, s’inspirant de ce qu’avait fait Christian III avec l’université de Copenhague. La réouverture de l’université permet aussi au roi de Suède de faire face au problème grandissant de renouvellement des positions de responsabilité dans l’administration.
Sur le plan diplomatique, Gustave I mène une politique de relations neutres et cordiales avec ses différents voisins. Il entretient d’importantes relations avec les princes protestants. Ses relations avec Christian III sont cordiales et neutres tandis que celles avec Jean II de Norvège sont compliquées bien que neutres. Ses relations avec la ligue hanséatique sont compliquées du fait de leur rivalité économique et du renforcement du commerce suédois. Les relations avec les Habsbourg sont compliquées mais distantes. Ses relations avec Ivan IV se dégradent du fait des ambitions de Gustave à renforcer son influence dans la Livonie et la mer Baltique.

(1) Nom initial d’Helsinki.
(2) Ancien nom de Tallinn.
Yodarc
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 18 Mar - 10:26

Bonjour à tous !
Aujourd'hui, dernière partie sur le début des années 1550 avec les territoires musulmans d'Afrique du Nord et d'Orient. Des rapports de force bien différents dans la région comparé à ceux historiques, notamment sur la côte nord-africaine où une puissance locale s'affermit et se présente en potentielle menace. Quelques récurrences, mais aux impacts différents du fait du contexte.
J'espère que cette partie saura vous plaire.
Bonne lecture à tous !

1550-1554 : Bouleversements en Afrique du Nord et en Orient

Les années 1550-1554 sont marqués par des événements qui bouleversent les équilibres en Afrique du Nord alors que les empire ottoman et perse sont dans une situation de statu quo tendu.

En 1550, après s’être imposé à Fès et chassé les Wattasides du pouvoir, Mohammed ech-Cheikh entreprend une campagne en direction de Tlemcen et de l’Oranais. Pour mener à bien sa campagne, le nouveau sultan marocain s’appuie sur la présence d’Abu Zayyan III pour rallier les populations locales du sultanat de Tlemcen et déstabiliser l’autorité d’Al Hassan ben Abu Muh. Le sultan saadien s’empare de Tlemcen en mai 1550, forçant Al Hassan ben Abu Muh à la fuite. Mohammed ech-Cheikh s’impose comme le nouveau dirigeant de Tlemcen, tout particulièrement après le décès d’Abu Zayyan III début juillet 1550. Le sultan saadien affronte une armée koukou en août 1550 dans l’oued Lakhdar. L’affrontement est violent mais tourne en faveur des marocains. Après ce succès, Mohammed ech-Cheikh consolide son contrôle de la région de Tlemcen, s’emparant notamment d’Aïn Témouchent à l’automne 1550. Le sultan revient à Fès pour renforcer son autorité et s’affermir comme sultan du Maroc. Les Saadiens tirent aussi profit de l’abandon de Ksar Sghir et d’Assilah par les portugais pour renforcer leur autorité et prestige auprès des populations locales qui craignent une expansion chrétienne.
Le triomphe des saadiens au Maroc et leur conquête de l’Oranais provoquent une nouvelle campagne des koukous, aidés par les espagnols, en 1551. Les espagnols rejoignent assiègent Tlemcen  et l’assiège au printemps 1551. Le siège de Tlemcen amène Mohammed ech-Cheikh à envoyer une armée pour défendre la cité et neutraliser la menace hispano-kabyle. En juin 1551, son armée affronte les espagnols et leurs alliés près de Tlemcen. Tirant profit de la supériorité numérique de son armée, le sultan saadien inflige une lourde défaite à ses adversaires malgré une résistance acharnée de ces derniers. Après ce succès, Mohammed ech-Cheikh mène une campagne de raids dans l’ouest du sultanat koukou et s’empare d’Honaine qui était contrôlé par les espagnols à l’automne 1551. Revenant à Fès durant l’hiver 1551-1552, le sultan marocain continue de développer son autorité et de renforcer sa lignée, cherchant notamment à prémunir des prétentions des communautés religieuses qui l'ont amené sur le trône tout en cherchant à s’affermir face à ses voisins berbères et aux puissances chrétiennes. S’il mène des campagnes de raids contre le sultanat koukou au cours de l’année 1552, il se consacre à consolider son pouvoir à Fès, se consacrant à consolider ses liens avec les anciens vassaux de la dynastie wattaside.
Fin 1552, Tlemcen est assiégée puis prise par une armée menée par Charles Quint qui permet le rétablissement d’Al Hassan ben Abu Muh sur le trône zianide. Ayant appris le débarquement de l’armée espagnole puis le siège de Tlemcen, Mohammed ech-Cheikh rassemble une armée pour défendre son royaume et contrer les espagnols et leurs alliés. Début 1553, il envoie son armée vers Oujda pour la protéger des armées de Charles Quint. Ayant rejoint la localité avant les espagnols, les marocains entreprennent de mettre en place des défenses pour stopper leurs adversaires. En janvier 1553, les marocains affrontent l’armée de Charles Quint et leurs alliés. Les affrontements sont terribles, les marocains harcèlent leurs adversaires et manquent de les envelopper, mais l’artillerie espagnole et la discipline des tercios les forcent à se replier. Malgré leur défaite, les marocains parviennent à défendre Oujda et à forcer Charles Quint à revenir sur Oran. Leurs pertes et la perte de l’Oranais force Mohammed ech-Cheikh de réorganiser ses forces avant de revenir à Fès au printemps 1553, consacrant son temps à affermir son autorité et à consolider les conquêtes qu’il a pu préserver tout en menant des raids contre Tlemcen et les koukous pour les empêcher de menacer son territoire alors qu’il affermit son autorité. Il poursuit la réorganisation du royaume chérifien durant l’année 1554, se revendiquant en tant que sultan de l’occident, et cherchant à affermir son royaume pour le renforcer face aux espagnols.

Le sultanat de Tlemcen s’écroule durant le début des années 1550 alors qu’il subit l’attaque de Mohammed ech-Cheikh. Au printemps 1550, le sultanat est attaqué par le sultan marocain, forçant Al Hassan ben Abu à fuir Tlemcen et à demander l’aide du sultan koukou pour défendre son royaume. Après l’échec de l’armée kabyle pour reprendre Tlemcen à l’été 1551, Al Hassan ben Abu rejoint Mostaganem puis Oran pour demander l’aide des espagnols. Le gouverneur d’Oran répond favorablement à sa demande et envoie une force armée pour s’emparer de Tlemcen au printemps 1551, mais cette dernière est anéantie par Mohammed ech-Cheikh en juin 1551. Al Hassan ben Abu reste à Oran, bien que les incursions marocaines dans les environs de l’enclave suscitent une profonde inquiétude pour le sultan déchu. Il cherche à obtenir l’aide de Charles Quint pour contrer la menace saadienne et reprendre le contrôle de son royaume. A la fin de l’année 1552, Al Hassan ben Abu rencontre Charles Quint à Oran, l’empereur Habsbourg lui promettant la restauration de son pouvoir à Tlemcen. En janvier 1553, Al Hassan ben Abu revient à Tlemcen et réorganise les territoires que les espagnols ont repris aux marocains. Son autorité demeure cependant fragile, devant dépendre des espagnols et des koukous. Si ses alliés lui permettent de retrouver une partie de l’Oranais, Al Hassan ben Abu doit faire face durant le reste de l’année 1553 et durant l’année 1554 à de nombreux des marocains sur ses territoires, mais aussi à l’hostilité d’une partie de la population locale et des berbères qui n’apprécient guère son alliance avec les espagnols.

Durant les années 1550-1554, le sultanat koukou se retrouve confronté à la menace de la dynastie saadienne qui s’est imposée au Maroc. Lorsque le sultanat de Tlemcen est attaqué au printemps 1550, le sultan koukou reçoit d’Al Hassan ben Abu Muh qui s’est enfui de Tlemcen pour demander son aide. Le sultan rassemble une armée pour tenter de reprendre le sultanat zianide et stopper les marocains. A l’été 1550, son armée s’avance sur Tlemcen et affronte l’armée marocaine dans l’oued Lakhdar. L’affrontement est brutal, notamment au travers des combats opposant les cavaleries marocaine et kabyle, mais finit par l’avantage des marocains. Après cette défaite, les koukous cherchent à protéger leur territoire et se tournent vers le gouverneur d’Oran pour demander son aide pour tenter de reprendre le territoire de Tlemcen. Cela aboutit au début de l’année 1551 à la levée d’une nouvelle armée destinée à soutenir les espagnols pour reprendre Tlemcen. Les koukous prennent cependant leur temps, peu désireux de laisser les espagnols se renforcer davantage dans la région et plus soucieux de préserver leurs forces face au risque d’incursion marocaine dans leurs territoires. Ils envoient une force rejoindre les espagnols en mai 1551 alors que ces derniers assiègent Tlemcen. Début juin 1551, ils doivent affronter une armée envoyée par Mohammed ech-Cheikh. Après de terribles affrontements, les koukous et leurs alliés se font décimer. Durant l’été 1551, les koukous subissent des attaques et des raids marocains au sein de leurs terres, même s’ils parviennent à détruire une des forces près des ruines d’Altava en septembre 1551. Durant l’année 1552, les koukous consolident leurs relations avec les espagnols d’Oran pour faire face au renforcement des saadiens au Maroc et de la menace qu’ils font peser sur leur royaume. A la fin de l’année 1552, le siège de Tlemcen par l’armée de Charles Quint amène le sultan koukou à envoyer quelques centaines de cavaliers pour soutenir l’empereur Habsbourg. Les succès contre les Marocains leur permettent de rétablir une position plus solide dans l’Oranais et dans leur alliance avec le sultanat Zianide dont ils ont permis le rétablissement. Ils doivent cependant faire face à de nombreux raids marocains au cours des années 1553-1554.
Sur le plan diplomatique, le sultanat koukou cherche à défendre le sultanat de Tlemcen tout en consolidant ses relations avec les espagnols. Il développe des relations plus apaisées avec le royaume de Beni Abbès, notamment pour faire face au renforcement des Saadiens au Maroc. Les koukous développent enfin des relations avec le califat Hafside de Tunis, même si l’instabilité de ce dernier et l’éloignement géographique rendent ces relations assez ténues.

Le royaume de Beni Abbés se développe et se renforce durant les années 1550-1554, tissant d’importants liens avec le royaume koukou, notamment devant le risque d’expansion du Maroc saadien. Il développe des relations compliquées avec le califat hafside du fait de l’influence espagnole et étend de nouveau peu à peu son territoire vers le sud. Le royaume kabyle renforce ses échanges commerciaux avec ses différents voisins et la stabilité de la région lui permet de connaître une certaine prospérité.

Le califat hafside connaît une période assez trouble durant les années 1550-1554. Abû al-`Abbâs Ahmed III al-Hafsi tire profit de la trêve signée avec les espagnols pour tenter de réorganiser son royaume et d’imposer son autorité après que cette dernière ait été mise en cause à la fin des années 1540. S’il a le contrôle de la région de Tunis, son autorité est plus aléatoire dans l’arrière-pays où les tribus maures sont défiantes et incertaines de sa capacité à gouverner et à contrer l’influence espagnole dans la région. Le calife hafside doit aussi faire face à des raids ponctuels de corsaires, même si la disparition de Khayr Ad-Dîn a contribué à celle de la principale force barbaresque dans la région. Ses relations avec les espagnols sont tendues alors qu’il doit faire face au mécontentement de ses sujets et à la menace que le gouverneur de la Goulette fait peser sur lui. Il développe des relations avec le royaume de Beni Abbès, même si les troubles dans la région de Constantine et de Bizerte tendent à susciter des tensions avec le sultan El Abbès.

L’empire ottoman se renforce au cours des années 1550-1554, notamment au niveau administratif grâce aux réformes de Soliman. Son autorité sur l’Égypte se concrétise, mettant un terme à la période de trouble et d’indépendance qui avaient marqué la région au cours des deux décennies précédentes. La stabilité dans l’Égypte permet aux ottomans de renforcer le contrôle sur les routes des épices et de construire une certaine prospérité économique. Ils doivent cependant lutter contre l’influence prépondérante des portugais dans la mer Rouge et l’océan Indien. Cela les amène à mener en 1553 à mener une expédition maritime contre Aden et les territoires portugais sur la côte yéménite. La flotte ottomane installe un fort sur les îles Farasan à l’été 1553 afin de protéger la région de Jeddah et de La Mecque contre les incursions portugaises avant d’attaquer en septembre 1553 le fort portugais de Kamaran, l’assiégeant durant l’automne 1553. La garnison portugaise résiste avec violence à l’attaque ottomane, recevant de l’aide des autres comptoirs et de navires portugais chargés de contrer les ottomans. Le siège est brutal et les ottomans manquent de s’emparer de la forteresse de Kamaran en octobre 1553. En novembre 1553, les turcs épuisés et affaiblis sont obligés de lever le siège et de revenir vers Suez. Cet échec entrave la capacité des Ottomans à développer leur influence dans la mer Rouge, mais l’installation du fort de Farassan leur permet de descendre vers le sud et de créer une potentielle menace sur les territoires contrôlés par les Portugais.
La situation la plus particulière à gérer pour l’empire ottoman demeure cependant ses relations conflictuelles avec le royaume de Hongrie et les principautés de Moldavie et de Valachie. A l’été 1550, le prince Ilie II est assassiné et remplacé par Alexandru III qui se rapproche de Louis II de Hongrie. A l’automne 1550, Mircea V est vaincu et tué par Vlad IX qui entreprend aussi de se détacher de la tutelle ottomane. Face à la menace de voir son influence fragilisée dans le nord des Balkans, Soliman charge le pacha de Roumélie de soumettre la Valachie et de mettre en place un prince favorable à la suzeraineté ottomane. A l’été 1551, le pacha de Roumélie attaque la Valachie et force Vlad IX à l’exil. Les ottomans placent Pătraşcu, le fils illégitime de Radu VII (1) et entreprennent de restaurer et de renforcer leur influence dans la principauté, n’hésitant pas à placer des conseillers ottomans au sein de la cour du prince. En parallèle de ce succès, Soliman entreprend de lever une armée et de préparer une nouvelle campagne en direction de la Hongrie, déterminé à mettre à terre Louis II ou le forcer à se soumettre. Au printemps 1552, Soliman quitte Constantinople avec une imposante armée et remonte le Danube jusqu’à la région de Peterwardein en juin 1552. Traversant la Drave à Osijek début juillet, il rejoint Pécs et l’assiège pendant plus de six semaines avant de s’en emparer à la mi-août 1552. Le sultan ottoman se tourne vers la forteresse de Szigetvár qu’il assiège début septembre. La résistance de la garnison hongroise est brutale et vive, rendant difficile le siège même si la stratégie de sape permet aux ottomans de fragiliser les défenses de la forteresse et de s’en emparer courant octobre. L’arrivée de la saison froide et l’approche de l’armée de Louis II amènent Soliman à redescendre sur Constantinople à la fin du mois, renforçant les défenses de ses récentes conquêtes. Durant la même année, les ottomans chassent Alexandru III de Moldavie du pouvoir et doivent faire face à la reprise de Požega par les croates de Nikola Šubić Zrinski, soutenus par des renforts envoyés par Ferdinand de Habsbourg.
Durant les années 1553-1554, les ottomans rétablissent leur influence sur leurs vassaux et continuent de mener des raids sur le royaume de Hongrie, même si la mort de Louis II et l’arrivée de Louis III sur le trône laisse entrevoir l’opportunité d’achever le conflit en faveur de la Sublime Porte, d’autant plus que le jeune roi magyar semble disposé à négocier avec Soliman pour mettre un terme au conflit sans fin et intermittent qui oppose son royaume à l’empire ottoman depuis plus de trente ans. Soliman doit cependant gérer une attaque perse en Anatolie orientale qui voit le fils de Tahmasp I, Ismaïl, défaire le gouverneur local à l’hiver 1552. D'autres attaques des perses contre l'Anatolie et la région de Bagdad se produisent au début de l'année 1553 alors que Tabriz est perdu à l'été 1553. Le sultan passe l’année 1553 à réorganiser et à rassembler une nouvelle armée pour combattre les perses et neutraliser la menace qu’ils représentent. Au début de l’année 1554, Soliman part en campagne et reprend Erzurum en mai 1554 avant de se tourner vers le Karabakh. Une partie de ses troupes sont épuisées par les campagnes successives menées en Hongrie et dans les terres contrôlées par les perses et il doit faire face à une opposition perse plus forte que durant ses précédentes campagnes. Ces difficultés sont renforcées par le fait que les territoires parcourus sont saccagés par les perses, empêchant les ottomans de se ravitailler sur le territoire.
La cour ottomane connaît moult intrigues durant le début des années 1550 alors que Roxelane et Rüstem Pacha complotent contre Mustapha, le fils aîné de Soliman et gouverneur de Konya depuis 1549. Mustafa gère le sandjak de Konya avec efficacité et cherche à se prémunir des menaces soulevées par les rumeurs. En parallèle, janissaires et soldats anatoliens apprécient beaucoup le prince et commencent à songer à le placer sur le trône alors que les succès du sultan paraissent limités et mitigés après trente ans de règne. L’attaque perse sur l’empire ottoman à l’hiver 1552-1553 précipite les événements : Rüstem Pacha est en charge de l’armée ottomane et entreprend de comploter contre Mustafa. A l’automne 1553, Soliman rejoint Ereğli avec son armée. Durant son séjour, Rüstem Pacha propose à Mustafa de rejoindre l’armée de son père tout en avertissant son souverain d’un complot de son fils contre lui. Lorsque Mustafa rejoint son père avec son armée, Soliman y voit une menace et ordonne l’exécution de son fils. Mustafa est tué dans la tente de son père alors qu’il souhaitait le rencontrer. La mort de Mustafa est accueillie avec virulence par les différentes strates de la société ottomane : le peuple blâme l’épouse de Soliman, Rüstem Pacha et le sultan lui-même de la mort du prince, tandis que les janissaires et les soldats anatoliens se mutinent et dénoncent le meurtre du prince du fait des traditions ottomanes sur la succession, les succès de Mustafa et la situation mitigée de Soliman. Des troubles éclatent en Anatolie peu après en réaction à cette mort. En réponse aux protestations de l’armée, Soliman démet Rüstem de son poste de grand vizir et le renvoie à Istanbul. Il est cependant forcé de passer l’hiver 1553-1554 à rétablir l’ordre en Anatolie pour pouvoir mener à bien sa campagne contre Tahmasp I de Perse.

L’empire perse profite du début des années 1550 pour prospérer, mais aussi pour renforcer son emprise sur les territoires des royaumes géorgiens qu’il contrôle. Tahmasp mène ainsi une nouvelle campagne contre le roi de Kartli et occupe Tbilissi en 1551. Le souverain perse profite de la paix avec les perses pour renforcer son royaume et sa prospérité. Il développe cependant des liens complexes avec les portugais, notamment du fait de leur rivalité commune avec l'empire ottoman. Tirant profit de l'attention de Soliman concentrée sur le royaume de Hongrie, le fils de Tahmasp I, Ismaïl (2), mène un raid triomphant en Anatolie orientale où il s’empare d’Erzurum à l'hiver 1552-1553. Le shah prépare son royaume à la réaction ottomane, tirant avantage de la difficulté de Soliman à rassembler une nouvelle armée aussi rapidement après sa campagne de 1552 en Hongrie. Il renforce notamment les territoires contrôlés dans les terres arméniennes et géorgiennes et mène même une campagne à l’été 1553 qui lui permet de reprendre le contrôle de Tabriz. Lorsque Soliman part en campagne, le shah perse mène de nouveau une intense politique de terre brûlée à partir du printemps 1554. Si les perses perdent Erzurum et voient le Karabakh envahi, ils freinent la progression des ottomans du fait du renforcement de leurs défenses et de la difficulté des ottomans à avancer à cause de la pratique de la terre brûlée.

(1) Radu VII meurt peu après son exil dans l'empire ottoman en 1538.
(2) Ismaïl est devenu gouverneur de Shirvan à la suite de la trahison d’Alqas Mirza


Dernière édition par Yodarc le Mer 3 Mai - 0:09, édité 1 fois
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Flosgon78 Dim 19 Mar - 10:25

Yodarc a écrit:
Bonjour à tous !
Aujourd'hui, dernière partie sur le début des années 1550 avec les territoires musulmans d'Afrique du Nord et d'Orient. Des rapports de force bien différents dans la région comparé à ceux historiques, notamment sur la côte nord-africaine où une puissance locale s'affermit et se présente en potentielle menace. Quelques récurrences, mais aux impacts différents du fait du contexte.
J'espère que cette partie saura vous plaire.
Bonne lecture à tous !

1550-1554 : Bouleversements en Afrique du Nord et en Orient

Les années 1550-1554 sont marqués par des événements qui bouleversent les équilibres en Afrique du Nord alors que les empire ottoman et perse sont dans une situation de statu quo tendu.

En 1550, après s’être imposé à Fès et chassé les Wattasides du pouvoir, Mohammed ech-Cheikh entreprend une campagne en direction de Tlemcen et de l’Oranais. Pour mener à bien sa campagne, le nouveau sultan marocain s’appuie sur la présence d’Abu Zayyan III pour rallier les populations locales du sultanat de Tlemcen et déstabiliser l’autorité d’Al Hassan ben Abu Muh. Le sultan saadien s’empare de Tlemcen en mai 1550, forçant Al Hassan ben Abu Muh à la fuite. Mohammed ech-Cheikh s’impose comme le nouveau dirigeant de Tlemcen, tout particulièrement après le décès d’Abu Zayyan III début juillet 1550. Le sultan saadien affronte une armée koukou en août 1550 dans l’oued Lakhdar. L’affrontement est violent mais tourne en faveur des marocains. Après ce succès, Mohammed ech-Cheikh consolide son contrôle de la région de Tlemcen, s’emparant notamment d’Aïn Témouchent à l’automne 1550. Le sultan revient à Fès pour renforcer son autorité et s’affermir comme sultan du Maroc. Les Saadiens tirent aussi profit de l’abandon de Ksar Sghir et d’Assilah par les portugais pour renforcer leur autorité et prestige auprès des populations locales qui craignent une expansion chrétienne.
Le triomphe des saadiens au Maroc et leur conquête de l’Oranais provoquent une nouvelle campagne des koukous, aidés par les espagnols, en 1551. Les espagnols rejoignent assiègent Tlemcen  et l’assiège au printemps 1551. Le siège de Tlemcen amène Mohammed ech-Cheikh à envoyer une armée pour défendre la cité et neutraliser la menace hispano-kabyle. En juin 1551, son armée affronte les espagnols et leurs alliés près de Tlemcen. Tirant profit de la supériorité numérique de son armée, le sultan saadien inflige une lourde défaite à ses adversaires malgré une résistance acharnée de ces derniers. Après ce succès, Mohammed ech-Cheikh mène une campagne de raids dans l’ouest du sultanat koukou et s’empare d’Honaine qui était contrôlé par les espagnols à l’automne 1551. Revenant à Fès durant l’hiver 1551-1552, le sultan marocain continue de développer son autorité et de renforcer sa lignée, cherchant notamment à prémunir des prétentions des communautés religieuses qui l'ont amené sur le trône tout en cherchant à s’affermir face à ses voisins berbères et aux puissances chrétiennes. S’il mène des campagnes de raids contre le sultanat koukou au cours de l’année 1552, il se consacre à consolider son pouvoir à Fès, se consacrant à consolider ses liens avec les anciens vassaux de la dynastie wattaside.
Fin 1552, Tlemcen est assiégée puis prise par une armée menée par Charles Quint qui permet le rétablissement d’Al Hassan ben Abu Muh sur le trône zianide. Ayant appris le débarquement de l’armée espagnole puis le siège de Tlemcen, Mohammed ech-Cheikh rassemble une armée pour défendre son royaume et contrer les espagnols et leurs alliés. Début 1553, il envoie son armée vers Oujda pour la protéger des armées de Charles Quint. Ayant rejoint la localité avant les espagnols, les marocains entreprennent de mettre en place des défenses pour stopper leurs adversaires. En janvier 1553, les marocains affrontent l’armée de Charles Quint et leurs alliés. Les affrontements sont terribles, les marocains harcèlent leurs adversaires et manquent de les envelopper, mais l’artillerie espagnole et la discipline des tercios les forcent à se replier. Malgré leur défaite, les marocains parviennent à défendre Oujda et à forcer Charles Quint à revenir sur Oran. Leurs pertes et la perte de l’Oranais force Mohammed ech-Cheikh de réorganiser ses forces avant de revenir à Fès au printemps 1553, consacrant son temps à affermir son autorité et à consolider les conquêtes qu’il a pu préserver tout en menant des raids contre Tlemcen et les koukous pour les empêcher de menacer son territoire alors qu’il affermit son autorité. Il poursuit la réorganisation du royaume chérifien durant l’année 1554, se revendiquant en tant que sultan de l’occident, et cherchant à affermir son royaume pour le renforcer face aux espagnols.

Le sultanat de Tlemcen s’écroule durant le début des années 1550 alors qu’il subit l’attaque de Mohammed ech-Cheikh. Au printemps 1550, le sultanat est attaqué par le sultan marocain, forçant Al Hassan ben Abu à fuir Tlemcen et à demander l’aide du sultan koukou pour défendre son royaume. Après l’échec de l’armée kabyle pour reprendre Tlemcen à l’été 1551, Al Hassan ben Abu rejoint Mostaganem puis Oran pour demander l’aide des espagnols. Le gouverneur d’Oran répond favorablement à sa demande et envoie une force armée pour s’emparer de Tlemcen au printemps 1551, mais cette dernière est anéantie par Mohammed ech-Cheikh en juin 1551. Al Hassan ben Abu reste à Oran, bien que les incursions marocaines dans les environs de l’enclave suscitent une profonde inquiétude pour le sultan déchu. Il cherche à obtenir l’aide de Charles Quint pour contrer la menace saadienne et reprendre le contrôle de son royaume. A la fin de l’année 1552, Al Hassan ben Abu rencontre Charles Quint à Oran, l’empereur Habsbourg lui promettant la restauration de son pouvoir à Tlemcen. En janvier 1553, Al Hassan ben Abu revient à Tlemcen et réorganise les territoires que les espagnols ont repris aux marocains. Son autorité demeure cependant fragile, devant dépendre des espagnols et des koukous. Si ses alliés lui permettent de retrouver une partie de l’Oranais, Al Hassan ben Abu doit faire face durant le reste de l’année 1553 et durant l’année 1554 à de nombreux des marocains sur ses territoires, mais aussi à l’hostilité d’une partie de la population locale et des berbères qui n’apprécient guère son alliance avec les espagnols.

Durant les années 1550-1554, le sultanat koukou se retrouve confronté à la menace de la dynastie saadienne qui s’est imposée au Maroc. Lorsque le sultanat de Tlemcen est attaqué au printemps 1550, le sultan koukou reçoit d’Al Hassan ben Abu Muh qui s’est enfui de Tlemcen pour demander son aide. Le sultan rassemble une armée pour tenter de reprendre le sultanat zianide et stopper les marocains. A l’été 1550, son armée s’avance sur Tlemcen et affronte l’armée marocaine dans l’oued Lakhdar. L’affrontement est brutal, notamment au travers des combats opposant les cavaleries marocaine et kabyle, mais finit par l’avantage des marocains. Après cette défaite, les koukous cherchent à protéger leur territoire et se tournent vers le gouverneur d’Oran pour demander son aide pour tenter de reprendre le territoire de Tlemcen. Cela aboutit au début de l’année 1551 à la levée d’une nouvelle armée destinée à soutenir les espagnols pour reprendre Tlemcen. Les koukous prennent cependant leur temps, peu désireux de laisser les espagnols se renforcer davantage dans la région et plus soucieux de préserver leurs forces face au risque d’incursion marocaine dans leurs territoires. Ils envoient une force rejoindre les espagnols en mai 1551 alors que ces derniers assiègent Tlemcen. Début juin 1551, ils doivent affronter une armée envoyée par Mohammed ech-Cheikh. Après de terribles affrontements, les koukous et leurs alliés se font décimer. Durant l’été 1551, les koukous subissent des attaques et des raids marocains au sein de leurs terres, même s’ils parviennent à détruire une des forces près des ruines d’Altava en septembre 1551. Durant l’année 1552, les koukous consolident leurs relations avec les espagnols d’Oran pour faire face au renforcement des saadiens au Maroc et de la menace qu’ils font peser sur leur royaume. A la fin de l’année 1552, le siège de Tlemcen par l’armée de Charles Quint amène le sultan koukou à envoyer quelques centaines de cavaliers pour soutenir l’empereur Habsbourg. Les succès contre les Marocains leur permettent de rétablir une position plus solide dans l’Oranais et dans leur alliance avec le sultanat Zianide dont ils ont permis le rétablissement. Ils doivent cependant faire face à de nombreux raids marocains au cours des années 1553-1554.
Sur le plan diplomatique, le sultanat koukou cherche à défendre le sultanat de Tlemcen tout en consolidant ses relations avec les espagnols. Il développe des relations plus apaisées avec le royaume de Beni Abbès, notamment pour faire face au renforcement des Saadiens au Maroc. Les koukous développent enfin des relations avec le califat Hafside de Tunis, même si l’instabilité de ce dernier et l’éloignement géographique rendent ces relations assez ténues.

Le royaume de Beni Abbés se développe et se renforce durant les années 1550-1554, tissant d’importants liens avec le royaume koukou, notamment devant le risque d’expansion du Maroc saadien. Il développe des relations compliquées avec le califat hafside du fait de l’influence espagnole et étend de nouveau peu à peu son territoire vers le sud. Le royaume kabyle renforce ses échanges commerciaux avec ses différents voisins et la stabilité de la région lui permet de connaître une certaine prospérité.

Le califat hafside connaît une période assez trouble durant les années 1550-1554. Abû al-`Abbâs Ahmed III al-Hafsi tire profit de la trêve signée avec les espagnols pour tenter de réorganiser son royaume et d’imposer son autorité après que cette dernière ait été mise en cause à la fin des années 1540. S’il a le contrôle de la région de Tunis, son autorité est plus aléatoire dans l’arrière-pays où les tribus maures sont défiantes et incertaines de sa capacité à gouverner et à contrer l’influence espagnole dans la région. Le calife hafside doit aussi faire face à des raids ponctuels de corsaires, même si la disparition de Khayr Ad-Dîn a contribué à celle de la principale force barbaresque dans la région. Ses relations avec les espagnols sont tendues alors qu’il doit faire face au mécontentement de ses sujets et à la menace que le gouverneur de la Goulette fait peser sur lui. Il développe des relations avec le royaume de Beni Abbès, même si les troubles dans la région de Constantine et de Bizerte tendent à susciter des tensions avec le sultan El Abbès.

L’empire ottoman se renforce au cours des années 1550-1554, notamment au niveau administratif grâce aux réformes de Soliman. Son autorité sur l’Égypte se concrétise, mettant un terme à la période de trouble et d’indépendance qui avaient marqué la région au cours des deux décennies précédentes. La stabilité dans l’Égypte permet aux ottomans de renforcer le contrôle sur les routes des épices et de construire une certaine prospérité économique. Ils doivent cependant lutter contre l’influence prépondérante des portugais dans la mer Rouge et l’océan Indien. Cela les amène à mener en 1553 à mener une expédition maritime contre Aden et les territoires portugais sur la côte yéménite. La flotte ottomane installe un fort sur les îles Farasan à l’été 1553 afin de protéger la région de Jeddah et de La Mecque contre les incursions portugaises avant d’attaquer en septembre 1553 le fort portugais de Kamaran, l’assiégeant durant l’automne 1553. La garnison portugaise résiste avec violence à l’attaque ottomane, recevant de l’aide des autres comptoirs et de navires portugais chargés de contrer les ottomans. Le siège est brutal et les ottomans manquent de s’emparer de la forteresse de Kamaran en octobre 1553. En novembre 1553, les turcs épuisés et affaiblis sont obligés de lever le siège et de revenir vers Suez. Cet échec entrave la capacité des Ottomans à développer leur influence dans la mer Rouge, mais l’installation du fort de Farassan leur permet de descendre vers le sud et de créer une potentielle menace sur les territoires contrôlés par les Portugais.
La situation la plus particulière à gérer pour l’empire ottoman demeure cependant ses relations conflictuelles avec le royaume de Hongrie et les principautés de Moldavie et de Valachie. A l’été 1550, le prince Ilie II est assassiné et remplacé par Alexandru III qui se rapproche de Louis II de Hongrie. A l’automne 1550, Mircea V est vaincu et tué par Vlad IX qui entreprend aussi de se détacher de la tutelle ottomane. Face à la menace de voir son influence fragilisée dans le nord des Balkans, Soliman charge le pacha de Roumélie de soumettre la Valachie et de mettre en place un prince favorable à la suzeraineté ottomane. A l’été 1551, le pacha de Roumélie attaque la Valachie et force Vlad IX à l’exil. Les ottomans placent Pătraşcu, le fils illégitime de Radu VII (1) et entreprennent de restaurer et de renforcer leur influence dans la principauté, n’hésitant pas à placer des conseillers ottomans au sein de la cour du prince. En parallèle de ce succès, Soliman entreprend de lever une armée et de préparer une nouvelle campagne en direction de la Hongrie, déterminé à mettre à terre Louis II ou le forcer à se soumettre. Au printemps 1552, Soliman quitte Constantinople avec une imposante armée et remonte le Danube jusqu’à la région de Peterwardein en juin 1552. Traversant la Drave à Osijek début juillet, il rejoint Pécs et l’assiège pendant plus de six semaines avant de s’en emparer à la mi-août 1552. Le sultan ottoman se tourne vers la forteresse de Szigetvár qu’il assiège début septembre. La résistance de la garnison hongroise est brutale et vive, rendant difficile le siège même si la stratégie de sape permet aux ottomans de fragiliser les défenses de la forteresse et de s’en emparer courant octobre. L’arrivée de la saison froide et l’approche de l’armée de Louis II amènent Soliman à redescendre sur Constantinople à la fin du mois, renforçant les défenses de ses récentes conquêtes. Durant la même année, les ottomans chassent Alexandru III de Moldavie du pouvoir et doivent faire face à la reprise de Požega par les croates de Nikola Šubić Zrinski, soutenus par des renforts envoyés par Ferdinand de Habsbourg.
Durant les années 1553-1554, les ottomans rétablissent leur influence sur leurs vassaux et continuent de mener des raids sur le royaume de Hongrie, même si la mort de Louis II et l’arrivée de Louis III sur le trône laisse entrevoir l’opportunité d’achever le conflit en faveur de la Sublime Porte, d’autant plus que le jeune roi magyar semble disposé à négocier avec Soliman pour mettre un terme au conflit sans fin et intermittent qui oppose son royaume à l’empire ottoman depuis plus de trente ans. Soliman doit cependant gérer une attaque perse en Anatolie orientale qui voit le fils de Tahmasp I, Ismaïl, défaire le gouverneur local à l’hiver 1552. D'autres attaques des perses contre l'Anatolie et la région de Bagdad se produisent au début de l'année 1553. Le sultan passe l’année 1553 à réorganiser et à rassembler une nouvelle armée pour combattre les perses et neutraliser la menace qu’ils représentent. Au début de l’année 1554, Soliman part en campagne et reprend Erzurum en mai 1554 avant de se tourner vers le Karabakh. Une partie de ses troupes sont épuisées par les campagnes successives menées en Hongrie et dans les terres contrôlées par les perses et il doit faire face à une opposition perse plus forte que durant ses précédentes campagnes. Ces difficultés sont renforcées par le fait que les territoires parcourus sont saccagés par les perses, empêchant les ottomans de se ravitailler sur le territoire.
La cour ottomane connaît moult intrigues durant le début des années 1550 alors que Roxelane et Rüstem Pacha complotent contre Mustapha, le fils aîné de Soliman et gouverneur de Konya depuis 1549. Mustafa gère le sandjak de Konya avec efficacité et cherche à se prémunir des menaces soulevées par les rumeurs. En parallèle, janissaires et soldats anatoliens apprécient beaucoup le prince et commencent à songer à le placer sur le trône alors que les succès du sultan paraissent limités et mitigés après trente ans de règne. L’attaque perse sur l’empire ottoman à l’hiver 1552-1553 précipite les événements : Rüstem Pacha est en charge de l’armée ottomane et entreprend de comploter contre Mustafa. A l’automne 1553, Soliman rejoint Ereğli avec son armée. Durant son séjour, Rüstem Pacha propose à Mustafa de rejoindre l’armée de son père tout en avertissant son souverain d’un complot de son fils contre lui. Lorsque Mustafa rejoint son père avec son armée, Soliman y voit une menace et ordonne l’exécution de son fils. Mustafa est tué dans la tente de son père alors qu’il souhaitait le rencontrer. La mort de Mustafa est accueillie avec virulence par les différentes strates de la société ottomane : le peuple blâme l’épouse de Soliman, Rüstem Pacha et le sultan lui-même de la mort du prince, tandis que les janissaires et les soldats anatoliens se mutinent et dénoncent le meurtre du prince du fait des traditions ottomanes sur la succession, les succès de Mustafa et la situation mitigée de Soliman. Des troubles éclatent en Anatolie peu après en réaction à cette mort. En réponse aux protestations de l’armée, Soliman démet Rüstem de son poste de grand vizir et le renvoie à Istanbul. Il est cependant forcé de passer l’hiver 1553-1554 à rétablir l’ordre en Anatolie pour pouvoir mener à bien sa campagne contre Tahmasp I de Perse.

L’empire perse profite du début des années 1550 pour prospérer, mais aussi pour renforcer son emprise sur les territoires des royaumes géorgiens qu’il contrôle. Tahmasp mène ainsi une nouvelle campagne contre le roi de Kartli et occupe Tbilissi en 1551. Le souverain perse profite de la paix avec les perses pour renforcer son royaume et sa prospérité. Il développe cependant des liens complexes avec les portugais, notamment du fait de leur rivalité commune avec l'empire ottoman. Tirant profit de l'attention de Soliman concentrée sur le royaume de Hongrie, le fils de Tahmasp I, Ismaïl (2), mène un raid triomphant en Anatolie orientale où il s’empare d’Erzurum à l'hiver 1552-1553. Le shah prépare son royaume à la réaction ottomane, tirant avantage de la difficulté de Soliman à rassembler une nouvelle armée aussi rapidement après sa campagne de 1552 en Hongrie. Il fait poursuivre des raids contre l'Anatolie et la région de Bagdad au début de l'année 1553, renforce les territoires contrôlés dans les terres arméniennes et géorgiennes et organise de nouveau une intense politique de terre brûlée à partir du printemps 1554 lorsque Soliman part en campagne. Si les perses perdent Erzurum et voient le Karabakh envahi, ils freinent la progression des ottomans du fait du renforcement de leurs défenses et de la difficulté des ottomans à avancer à cause de la pratique de la terre brûlée.

(1) Radu VII meurt peu après son exil dans l'empire ottoman en 1538.
(2) Ismaïl est devenu gouverneur de Shirvan à la suite de la trahison d’Alqas Mirza

Excellent vraiment !! ce sont mes parties préférées !!!!
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Jeu 23 Mar - 18:29

Bonjour à tous !
Cette semaine, publication un peu plus précoce du fait d'un week-end rempli avec visite de Karlsruhe avec mes proches.
La partie de ce jour ouvre le bal de la fin des années 1550 avec la situation du royaume de France et de ses principaux acteurs. Un royaume de France dans une situation à part entière, à la fois comparé à la réalité historique et du fait d'événements qui impactent la situation de manière conséquente. Un royaume stable mais devant gérer divers défis et événements alors que son souverain commence à vieillir. Une partie qui donne un premier aperçu d'événements qui seront développés dans une partie ultérieure.
J'espère que cette partie saura vous plaire.
Bonne lecture à tous !

1555-1559 : Les défis de Charles IX
Les années 1555-1559 sont une période à la fois faste et incertaine pour Charles IX et le royaume de France alors que des événements importants affectent la période.

Durant la fin des années 1550, Charles IX se concentre sur la gestion de son royaume, notamment pour gérer les tensions religieuses qui émergent et persistent et les difficultés économiques et sociales qui frappent le royaume. Malgré sa politique de fermeté à l’encontre des luthériens et calvinistes, Charles IX ne peut empêcher le développement d’une communauté réformée au sein de son royaume, même si le développement des décisions du concile de Mantoue, incarnée notamment par l’ouverture d’un séminaire à Lyon à l’été 1555, contribue à freiner le développement du mouvement. Le roi cherche à trouver un compromis entre la fermeté répressive notamment défendue par la faculté de théologie de Paris et les parlements locaux et une approche de conciliation envers ceux qui se repentent. Les sentences à l’encontre de ceux considérés hérétiques vont de l’amende aux exécutions. Le souverain français peut néanmoins tirer profit du fait que les mouvements protestants n’ont pas de figure de proue pour les représenter, d’autant moins avec le décès de Marguerite de Valois au printemps 1557, cette dernière présentant des sympathies profondes pour les calvinistes et luthériens. L’amélioration de ses relations avec la papauté permettent à Charles IX et à l’église catholique de France de mener une lutte efficace et redoutable contre la diffusion des idées de Calvin et de Luther. Cette lutte amène Charles IX à prendre ses distances avec les princes protestants et le canton suisse de Berne, d’autant plus du fait du soutien que ce dernier offre à Genève où agit Jean Calvin. Sa politique pousse les prédicateurs à la clandestinité alors que certains se réfugient à Genève ou dans le Palatinat où Frédéric III promeut le calvinisme.
Sur le plan économique, Charles IX cherche à contrer le développement de l’inflation qui affecte ses sujets alors que les conditions climatiques de la fin des années 1550 affectent l’agriculture, notamment avec l’été 1558 qui ravage les vendanges. La foire de Lyon connaît un affaiblissement au cours de la période, même si le développement d’une banque permet d’en atténuer l’impact économique pour certaines franges de la population locale. Le développement des banques permettent à Charles IX de trouver de nouvelles manières d’assurer des recettes, bien que le soutien au commerce et à l’importation des ressources en provenance du Nouveau Monde, comme le tabac, continue d’exister et de se renforcer. Le développement des colonies de Nouvelle-France permettent aux ports de Dieppe, de Nantes et de Bordeaux de développer peu à peu de nouveaux commerces qui contribuent à leur développement. Parmi les autres échanges commerciaux, les relations avec le royaume de Pologne permettent à Charles IX de commercer avec la mer Baltique.
Durant la période, le souverain se concentre à renforcer la concentration et l’unification des pouvoirs pour mieux diriger le royaume. Il poursuit l’unification fiscale du royaume, mais se heurte à la réticence ou l’opposition de certains Grands du royaume, notamment François IV de Bretagne dont la puissance et le prestige en font quasiment un rival au sein du royaume, d’autant avec la réussite de son expédition pour placer son épouse sur le trône d’Angleterre. Pour contrer l’influence considérable de son parent, Charles IX renforce ses liens avec les Bourbons en leur offrant de nombreux titres et privilèges, mais aussi en dotant Dieppe d’une charte qui confirme son rôle de principal port vers le Nouveau Monde. Pour contrer le duc de Bretagne, Charles IX entreprend aussi de se concentrer sur l’épanouissement culturel de sa cour, notamment en décidant de rénover et de transformer le château de Blois, notamment avec des jardins inspirés des cours italiennes. Le souverain prend davantage l’habitude de parcourir les châteaux du Val de Loire, Paris lui paraissant pesant et surtout dangereux pour sa santé qui commence à être chancelante. Les relations conflictuelles entre Charles IX et François IV de Bretagne se complexifient avec l’expédition menée par le duc de Bretagne pour défendre les droits de son épouse : Charles IX soutient l’expédition, contribuant à son succès, mais l’accession au pouvoir de Marie contribue à compliquer les relations entre le souverain et son parent, ce dernier étant désormais souverain jure uxoris d’Angleterre. La rencontre et le traité de Guînes d’avril 1557 permet de confirmer les accords trouvés lors de la rencontre d’Amboise, notamment concernant la succession bretonne. Charles IX obtient notamment la présence d’Henri de Bretagne, désormais héritier du duché, pour tisser des relations avec le nouvel héritier mais aussi garantir la bonne conduite de son parent, le roi s’inquiétant du risque de voir le duc de Bretagne chercher à rendre son duché autonome et le détacher de la couronne française.
Sur le plan diplomatique, Charles IX joue un rôle crucial au début de l’année 1555 dans la tentative de sa cousine Marie à récupérer le trône d’Angleterre en garantissant la protection de la flotte bretonne durant sa traversée de la Manche et en forçant la couronne anglaise à placer une garnison importante à Calais pour protéger cette dernière. A l’été 1556, alors que l’expédition de François IV est réussie, Charles IX entreprend de négocier avec Marie pour renouveler les relations entre leurs deux couronnes et régler les potentiels différends liées à la succession anglaise et bretonne. Ces négociations se développent durant l’automne et l’hiver 1556 autour des conditions soulevés lors de la rencontre d’Amboise pour préserver l’allégeance du duché de Bretagne au royaume de France tout en établissant de nouvelles relations avec la nouvelle souveraine anglaise. Ces négociations aboutissent à la rencontre et au traité de Guînes d’avril 1557 qui fait de François de Bretagne l’héritier à la couronne anglaise et Henri l’héritier du duché de Bretagne et des autres domaines français de François IV. En parallèle de ses relations ambiguës avec la couronne anglaise, Charles IX maintient de bonnes relations avec Jacques VI, renforçant de nouveau les liens entre leurs royaumes respectifs, notamment avec le mariage du souverain écossais avec Catherine de Bretagne à l’automne 1555, recevant Jacques VI pour l’occasion. Le roi de France entretient aussi des relations compliquées avec les Habsbourg que la disparition de Charles Quint ne font qu’atténuer à cause du contrôle des Pays-Bas par la couronne espagnole. Les relations avec le Saint-Empire sont plus neutres, la question religieuse amenant Charles IX à se détacher quelque peu des princes protestants. Dans la péninsule italienne, Charles IX nourrit des relations importantes avec la papauté, consolide ses liens avec la république siennoise et entretient des liens compliqués avec la république de Gênes sont difficiles, Andrea Doria étant désormais un farouche allié des Habsbourg. Charles IX entretient enfin d’importantes relations avec le royaume de Pologne et du fait des échanges commerciaux avec la mer Baltique, avec le royaume du Danemark.

Durant la fin des années 1550, François IV de Bretagne cherche à être une figure éminente de la cour de France à l’instar de son père tout en défendant les intérêts de son duché et en se démarquant si nécessaire de Charles IX. Cela amène à une rivalité sur le plan artistique, les deux hommes étant d’importants mécènes cherchant à faire épanouir leurs châteaux et domaines respectifs. Les deux hommes s’accordent cependant sur la question anglaise.
Au début de l’année 1555, François IV et Marie voient concrétiser le projet de mariage entre Jacques VI et leur fille Catherine. Ils chargent Matthew Stewart d’accompagner cette dernière en Écosse pour qu’elle puisse épouser le souverain écossais. A l’automne 1555, l’annonce de l’excommunication d’Élisabeth I et d’Édouard VI leur donne l’opportunité de préparer l’expédition destinée à placer Marie sur le trône. François IV et Marie s’embarquent en janvier 1556 à Nantes avec une force d’environ six mille hommes, chargeant Louis de Sainte-Maure (1) de la régence du duché. Le couple ducal débarque à Poole avant de progresser vers le nord, renforçant leurs forces par des ralliements et rejoignant successivement Salisbury, Marlborough et Oxford. Début mars, leurs forces affrontent celles d’Édouard VI près de Bicester où ils parviennent à défaire leurs adversaires après un violent affrontement. Pourchassant Édouard VI, ils s’emparent de Northampton avant de rejoindre Bedford puis Cambridge. Ils finissent par rejoindre Londres vers la fin de février 1556, finissant par obtenir le ralliement de la capitale. S’ils échouent à capturer Élisabeth et Édouard, Marie et François parviennent à obtenir le soutien du parlement, du clergé et de la noblesse pour asseoir leur position sur le trône, même si François IV n’a pas de position de souverain. S’il soutient son épouse et joue un rôle important dans le renforcement de l’autorité de Marie sur le royaume, François IV continue aussi de gérer son duché, préparant son jeune fils Henri à sa future position après la confirmation de la succession définie entre lui, son épouse et Charles IX lors de la rencontre de Guînes en avril 1557. François IV est en désaccord avec son épouse sur la question matrimoniale de son fils aîné François à cause des enjeux politiques impliquant l’affermissement de la position de leur lignée en Angleterre. François IV finit cependant par concéder aux positions de son épouse, même si quelques tensions demeurent à cause de sa position ambiguë et de ses responsabilités de duc de Bretagne qui continuent d’exister. Ses relations avec Charles IX sont complexes du fait de sa nouvelle position auprès du trône anglais, étant toujours un des plus puissants seigneurs du royaume et un intermédiaire entre le roi de France et la nouvelle souveraine d’Angleterre. Leur rivalité prend de nouvelles formes alors que le duc de Bretagne voit une partie de la cour lui devenir distante voire opposée à cause de sa nouvelle position et des inquiétudes et interrogations que la situation suscite. Il accepte d’envoyer Henri à la cour de France, cherchant à maintenir une influence à la cour de France et de contrecarrer les retombées de sa nouvelle situation qui le rendent à la fois plus puissant et dangereux aux yeux des autres Grands du royaume.
François de Bretagne, l’héritier de François IV et de Marie, rejoint le royaume d’Angleterre à l’été 1556. Le jeune prince se forme à ses nouvelles responsabilités aux côtés de sa mère et apprend à développer des relations avec les différents représentants de la cour anglaise, même si son éducation française contribue à susciter des tensions et méfiances de la part de certains. Afin de renforcer sa position, Marie le fait marier à Anne Pole en 1557. Son jeune frère Henri prend des responsabilités importantes au sein des domaines de leur père en tant que nouvel héritier et représentant son père au sein du duché. Le nouvel héritier des domaines de Bretagne et de Valois développe des liens au sein de la cour de France et cherche à s’affirmer du fait de sa nouvelle position. Les absences de son père résultant en partie de sa position à la cour d’Angleterre contribuent à affermir la position d’Henri en tant que futur seigneur français.

Durant les années 1555-1559, les colonies du Nouveau Monde continuent de prospérer et se développer dans un nouvel élan.
Fort Sainte-Croix devient un cœur majeur dans la région du Saint-Laurent grâce aux liens économiques et à l’alliance militaire tissés avec les villages iroquoiens d’Hochelaga et de Stadaconé, même si les épidémies intermittentes ont eu tendance à affaiblir les villages et à les rendre vulnérables aux attaques des tribus rivales. Pour demeurer en position forte face à leurs adversaires et dans les relations avec les français, les deux villages iroquoiens font alliance en 1557, créant l’union iroquoienne. Cette nouvelle alliance et celle militaire avec le gouverneur de Fort Sainte-Croix assure encore la survie des deux villages du Saint-Laurent, même si les difficultés croissantes que connaissent ses habitants contribuent à la fois au renforcement de l’influence française dans la région, ce qui aboutit à partir de 1557 à un violent conflit avec les Mohawks et les Montagnais. Les français et leurs alliés font face à une série d’affrontements brutaux et d’escarmouches atroces auxquels ils répondent avec une fermeté et une brutalité vives.
Fort Charlesbourg consolide sa puissance et son influence en Terre d’Orléans au travers de l’exploitation du territoire et de l’élargissement de ses relations avec les natifs du Nouveau Monde, notamment en remontant le Saint-Jean vers le nord. Les relations des français avec les tribus Delaware deviennent cependant tendues du fait de leur renforcement dans la région et de l’affaiblissement des tribus. Les incidents se multiplient au cours de la période, même si chaque camp cherche à maintenir la paix du fait des échanges commerciaux fructueux qui s’étaient développés entre les français et les différentes tribus des Leni Lenape au cours des trois dernières décennies. Les relations avec les autres tribus sont plus aléatoires, en développement de liens commerciaux avec certains et heurts violents avec d’autres alors que l’exploration du Saint-Jean devient un enjeu important durant la période.
Fort Valois connaît une période assez tranquille, tissant d’importantes avec les Micmacs, principalement dans les échanges commerciaux même si l’hostilité des Micmacs contre les Mohawks servent les français qui sont en rivalité avec ces derniers du fait de leur alliance avec les villages iroquoiens du Saint-Laurent. Fort Valois tire aussi bénéfice du développement de la pêche dans la région et du renforcement des liens avec Saint-Jean sur Terre Neuve et joue un rôle d’escale pour les navires allant vers Fort Charlesbourg ou de cette dernière vers le royaume de France. Les français développent leur présence sur la Petite-Bretagne et entreprennent d’exploiter les ressources pour permettre le développement de Fort Valois et d’envoyer une partie de ces ressources vers le royaume de France.
Saint-Jean connaît une période difficile dans les années 1555-1556 avec le conflit avec les Béothuks, les français et les quelques pêcheurs anglais et basques y séjournant devant faire face à des raids à leur encontre. Les affrontements s’estompent à partir du printemps 1557, notamment du fait de l’arrivée de nouveaux soldats envoyés par Charles IX pour renforcer la garnison de Saint-Jean et préserver le port de pêche. La fin des années 1550 voit la région de Terre-Neuve revenir au calme, même si les relations entre les français et les Béothuks demeurent tendues. Ce retour à la stabilité permet à la pêche à la morue de reprendre de manière plus importante, même si le développement de Fort Valois a affecté l’étendue de l’activité dans la région.

(1) Louis de Saint-Maur est marié à Guyonne de Rieux, la fille du comte Guy XVI de Laval depuis 1545 et a hérité par ce mariage des comtés de Laval Laval, de Quintin, de Montfort, de la baronnie de Vitré et du vicomtéde Rennes en 1547 suite au décès de l'oncle paternel de son épouse, Guy XVII d'une pleurésie. Il est connu en tant que Guy XVIII de Laval.
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Message par Flosgon78 Dim 26 Mar - 9:05

La France reprend la perfide Albion !!
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Message par Yodarc Dim 26 Mar - 9:39

Flosgon78 a écrit:La France reprend la perfide Albion !!

Disons que François IV de Bretagne réussit là où le futur Louis VIII avait échoué.

Il y aura un peu plus de détails dans la partie anglaise concernant ce conflit et ses conséquences.
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 26 Mar - 11:41

Les Valois Angoulême n'auront pas eu le trône de France, mais leur destin est tout aussi exceptionnel, sinon plus!

Par ailleurs, les Bretons marquent un point dans la rivalité avec les Normands : eux aussi auront conquis l'Angleterre.
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Message par Yodarc Sam 1 Avr - 9:53

Bonjour à tous !

Pour ce week-end, la nouvelle partie est sur l'Angleterre de la seconde moitié des années 1550.
Un morceau de choix au regard des éléments mentionnés dans la précédente partie. Un royaume d'Angleterre qui paie à la fois les aléas liés à Henri VIII (bien que moindres dans une certaine mesure que dans la réalité historique), retombant dans un travers qui lui est bien récurrent depuis la conquête normande de 1066. Une histoire anglaise qui n'a plus grande chose à voir avec celle historique sur bien des niveaux, malgré des acteurs récurrents et quelques réminiscences ou échos pouvant être associés à la réalité historique.
J'espère que cette partie saura bien vous plaire.

Bonne lecture à tous !

1555-1559 : Angleterre bretonne
Les années 1555-1559 voit la question de la succession controversée d’Henri IX continuer d’agiter le royaume d’Angleterre qui se voit résoudre de façon brutale.

L’année 1555 est une année particulière pour Élisabeth I et Édouard VI. Les deux souverains poursuivent l’affermissement de leur autorité, s’appuyant notamment sur le parlement pour consolider leur légitimité. Leur volonté d’asseoir leur lignée se conforte avec la naissance en février 1555 du prince Henri, héritier à la couronne. A cette recherche de renforcement de leur position sur le trône s’ajoute la poursuite des politiques mises en place depuis l’arrivée au pouvoir d’Élisabeth I.
Mais à ces succès répondent des défis et des complications qui mettent en péril leur présence sur le trône anglais. La mise en place d’une politique des enclosures est entravée par l’opposition des seigneurs anglais la pratiquant alors que les tensions économiques continuent de sévir dans différentes régions. Malgré la naissance du prince Henri, la cour anglaise demeure divisée avec différentes factions parmi lesquelles les seigneurs anglais et représentants du clergé favorables à Marie. La relation avec le clergé se dégrade au cours de l’année 1555 à cause de la controverse successorale et aggravée à l’été 1555 par l’excommunication d’Élisabeth I et de son époux, créant d’autres lignes de fracture au sein de la cour et contribuant à l’émergence de positions proches des mouvements luthérien, calviniste et tyndalien. La tentation de prendre ses distances avec Rome se renforce avec le refus de Clément VIII d’accéder à la demande d’une partie du parlement de taxer les monastères. Les deux souverains sont soutenus dans cette voie par la reine douairière et une partie du conseil privé dont Thomas Cranmer, mais d’autres se montrent réservés ou opposés à l’idée de soutenir la taxation des monastères. La question financière et religieuse est cependant reléguée au second plan avec la problématique diplomatique et la persistance de la controverse successorale qui continue de diviser la noblesse et la gentry anglaise jusqu’au parlement. Malgré l’échec de la conjuration d’Henri Pole, les soutiens de Marie se réorganisent, tirant profit du soutien de plusieurs figures éminentes du clergé anglais. Pour faire face à ces défis, Élisabeth I est poussé par son entourage à prendre ses distances avec Rome et à asseoir son autorité sur l’Église d’Angleterre, notamment en prenant exemple sur Gustave I de Suède. A partir de l’automne 1555, un projet visant à nationaliser les biens de l’Église se développe alors que les alliés d’Élisabeth entreprennent de le défendre au Parlement.
Sur le plan diplomatique, Élisabeth I et son époux s’inquiètent du risque d’invasion alors que le mariage de Jacques VI d’Écosse avec Catherine de Bretagne au printemps 1555 contribue à isoler leur royaume. Ils cherchent à se trouver des alliés, mais la neutralité ou l’opposition d’une partie de leurs voisins rend compliquée la recherche d’alliés. Leurs relations avec Charles IX de France se dégradent du fait de son soutien plus clair en faveur des revendications de Marie alors que la pension vers la couronne anglaise cesse d’être payée à l’été 1555. Face au risque d’attaque du duc de Bretagne ou du roi de France, Élisabeth I et Édouard VI font surveiller leurs côtes et renforcent la garnison de Calais pour la protéger d’une éventuelle attaque. Les rumeurs autour d’une expédition du duc de Bretagne et de son épouse à la fin de l’année 1555 amènent le couple royal à ordonner à leurs féaux d’être très vigilants. Ils songent à mener une attaque préventive contre la flotte bretonne, mais renoncent au projet pour éviter d’entrer en conflit avec Charles IX alors qu’ils n’ont pas encore d’alliés pour contrer ce dernier. Le couple royal doit aussi gérer le conflit divisant les O’Neill alors qu’ils maintiennent leur soutien envers Conn O’Neill et Shane O’Neill s’alliant avec Sorely McDonnell et recevant le soutien de Thomas Butler pour affronter son père et son frère Feardorcha durant cette période.
Face à Élisabeth I et son entourage, ses adversaires se fédèrent autour de Marie, notamment les seigneurs qui se sont exilés après l’échec de la conspiration de 1553 et quelques représentants de seigneurs irlandais désireux d’obtenir le soutien de Marie pour défendre leurs intérêts. Au travers de la princesse anglaise et de son époux François IV de Bretagne, les marialistes s’attachent à obtenir le soutien de puissants alliés, le roi de France du fait de ses liens avec le duc de Bretagne et son épouse, mais aussi d’autres puissances. Ils peuvent tirer profit de la prospérité du duché de Bretagne pour constituer une force complétant celles que pourrait leur adjoindre François IV de Bretagne ou Charles IX de France. L’excommunication d’Élisabeth I et d’Édouard VI leur donnent l’opportunité de préparer avec Marie et François IV une expédition destinée à placer la princesse sur le trône d’Angleterre. La nouvelle autour d’un projet de prise de contrôle de l’Église d’Angleterre par Élisabeth I apporte à Marie et ses alliés une nouvelle arme à leur disposition pour asseoir les revendications et la légitimité de cette dernière.

Le début de l’année 1556 voit les événements se précipiter : Marie et François IV préparent une flotte importante pour y embarquer une armée. Ils chargent Thomas Butler de mener une nouvelle insurrection en Irlande pour distraire leurs adversaires. Ce dernier débarque en Irlande au printemps 1556 avec une petite force armée et entreprend de s’emparer du comté d’Ormonde sur lequel il a des revendications avant de demander le ralliement des seigneurs irlandais au nom de Marie, promettant une moindre ingérence de la couronne anglaise dans les affaires de l’île. Si certains seigneurs demeurent neutres, d’autres comme Shane O’Neill et Sorely McDonnell prennent parti pour Thomas Butler alors que d’autres comme Gerald FitzGerald de Desmond ou Conn O’Neill s’y opposent et soutiennent Thomas Radclyffe contre les insurgés. Des affrontements violents ont lieu dans le Tír Eoghain et le comté d’Ormonde en avril et mai 1556 alors que la couronne anglaise envoie des renforts pour soutenir le lord-lieutenant et prévenir une invasion de l’île par Marie et ses alliés. Grâce à ces renforts, le lord-lieutenant parvient à défaire les forces de Thomas Butler près de Carlow à la mi-mai 1556, mais ne parvient pas à neutraliser Shane O’Neill malgré une nouvelle campagne dévastatrice dans l’Ulster.
Tirant profit des troubles provoqués en Irlande, Marie et François IV s’embarquent en mai 1556 avec leurs alliés dans une flotte d’une centaine de navires, accompagnés d’une force armée de sept mille, la majeure partie étant des bretons, mais aussi quelques anglais, gallois et irlandais et des mercenaires recrutés par le duc de Bretagne dans les mois précédents. S’ils appréhendent de tomber sur des navires de la flotte d’Élisabeth I et d’Édouard VI, la flotte de Marie et de son époux parviennent à traverser la Manche sans réaliser de mauvaises surprises. Marie et François IV débarquent près de Poole le 16 mai 1556. Marie annonce son intention de récupérer le trône et appelle au ralliement en son nom. Le 17 mai, ils font face à une force en provenance du Devon qu’ils neutralisent dans un affrontement rapide à Bere Regis. Après cette première escarmouche, Marie et ses alliés renforcent leurs forces dans la région et ont avant de quitter Poole le 19 mai. Marie et ses alliés soutiennent une progression vers le nord pour renforcer leurs forces et asseoir sa légitimité au lieu de marcher directement sur Londres. Cela amène Marie et son époux à rejoindre Salisbury le 23 mai avant d’atteindre Marlborough le 26 mai 1556. Du fait des ralliements, notamment du Dorset grâce à son ancien comte Henri Pole, les forces de Marie et de ses alliés sont aux alentours de douze mille hommes lorsqu’ils quittent Marlborough pour rejoindre Oxford qu’ils rejoignent le 29 mai 1556. Ils reçoivent le soutien de John de Vere, comte d’Oxford et se préparent alors qu’ils apprennent l’approche des forces d’Édouard VI au nord.
Averti le 18 mai du débarquement des forces de François IV et de Marie, Élisabeth I et Édouard VI entreprennent de rassembler leurs forces pour repousser leurs adversaires. La mobilisation de leurs forces est cependant difficile à mettre en place du fait de l’envoi de certaines forces en Irlande et de l’incertitude des deux souverains sur la loyauté de certains des membres de la noblesse et de la gentry anglaise, d’autant plus alors qu’ils apprennent le ralliement du Dorset à la cause mariale. Leurs forces commencent à se rassembler le 21 mai près de Northampton du fait de ses attaches avec la couronne anglaise, le duc de Suffolk et le comte de Warwick étant rejoints par le comte de Worcester, William Somerset. Le 27 mai 1556, Édouard VI rejoint les forces armées menés par John Dudley et Henri Suffolk alors que Georges Boleyn et Henri Howard sont chargés de protéger Londres et Élisabeth I. Les forces d’Édouard VI et de ses alliés quittent Northampton le 28 et descendent sur Oxford pour stopper Marie et François IV.
Le 2 juin 1556, les deux armées se font face près de Bicester. Les deux armées sont de force assez équivalente, treize mille hommes pour l’armée de Marie et de François IV, seize mille pour celles d’Édouard VI. François IV peut s’appuyer sur une force assez expérimentée alors qu’Édouard VI peut reposer sur des alliés déterminés à contrer ce qui est perçu comme une attaque étrangère. La bataille qui oppose les deux camps est brutale et incertaine, William Worcester et ses forces manquant de déborder les forces de François IV et étant stoppés par les forces de John de Vere. Les canons des forces de François IV jouent un rôle crucial dans la bataille alors que les forces d’Henri Suffolk pressent les forces d’Henri Pole, composée en partie de volontaires du Dorset. François IV chargent les piquiers suisses qui l’accompagnent, de stopper l’attaque de son adversaire. La situation change lorsque François IV tente une charge pour déborder les forces d’Henri Suffolk. Les forces d’Édouard VI cherchent à stopper la charge dont le but est de couper leur retraite vers Londres ou Northampton. Durant les combats, Édouard VI et François IV manquent de s’affronter. L’expérience des forces bretonnes et françaises de François IV finit par faire la différence dans la charge et disloque les forces d’Édouard VI. Ce dernier manque de se faire capturer et se replie avec une partie de ses forces vers Northampton alors que John Dudley est tué et Henri Suffolk capturé. A l’issue de l’affrontement, les forces de François IV et de ses alliés ont perdu près d’un millier d’hommes alors qu’Édouard VI voit ses forces diminuées d’environ cinq mille hommes tués, blessés ou prisonniers. Édouard VI réorganise ce qui lui reste de forces avant de se replier sur Londres alors qu’il doit faire face à l’avancée de Marie et de ses alliés alors qu’une insurrection menée par Thomas Percy éclate dans le nord.
Le succès à Bicester permet à Marie et François IV de consolider leur position et de menacer Londres. Déterminés à exploiter leur succès, la princesse et son époux songent à descendre sur Londres, mais décident de pourchasser Édouard VI pour l’empêcher de lever de nouvelles forces. Ils rejoignent Northampton le 7 juin 1556, mais doivent assiéger la cité les 8 et 9 juin alors qu’Édouard VI leur échappe pour rejoindre Bedford. Ils reçoivent cependant le soutien de Thomas Percy, le fils du dernier comte de Northumberland déchu et exécuté, ce dernier se soulevant contre Élisabeth I et Édouard VI à la mi-février. Pourchassant Édouard VI et le reste de ses forces, Marie et ses alliés rejoignent Bedford le 12 juin avant de se rapprocher de Londres. Renforcées par les nouveaux ralliements et l’arrivée des forces de Thomas Percy, leurs forces comptent environ quatorze mille hommes alors qu’ils rejoignent Cambridge le 13 février. Ils apprennent cependant une tentative d’attaque des loyalistes d’Élisabeth I sur Salisbury le 14 juin 1556. Cette attaque les amène à renforcer leurs forces tout en chargeant leurs alliés de chercher à consolider leur position dans le royaume, notamment auprès des gallois et des irlandais. Reginald Pole accompagne ainsi Thomas Percy dans le nord pour asseoir l’autorité du couple dans les provinces septentrionales et entrer en contact avec les Écossais. Marie et François IV hésitent cependant à descendre sur Londres, peu désireux de risquer un siège en cas d’opposition de la cité, mais ne veulent pas voir Élisabeth I et ses proches s’échapper. Le 16 juin 1556, Marie décide de descendre sur Londres avec son époux et le gros des forces qui la soutiennent et charge John de Vere et Arthur Pole de traverser la Tamise plus à l’ouest pour tenter de couper la route du sud à leurs adversaires. Le comte d’Oxford et le neveu du comte de Salisbury traversent la Tamise à Marlow le 22 juin 1556 avant d’atteindre Richmond le 24 juin. Ils manquent d’intercepter Élisabeth I et ses proches, mais se retrouvent à affronter une partie des forces de Georges Boleyn à Southwark le 25 juin 1556.
Édouard VI rejoint Londres le 13 juin, faisant rejoindre ses forces à celles d’Henri Brandon et d’Henri Howard et rejoignant son épouse et leur famille. Le couple royal songe à défendre la capitale contre leurs adversaires, les forces du duc de Suffolk et du duc de Norfolk étant d’environ deux mille hommes et les forces ayant accompagné Édouard VI après la défaite de Bicester et les désertions environ huit mille. Ces intentions sont cependant entravées à cause du renforcement des tensions au sein de la capitale à mesure que Marie et François IV s’en rapprochent tout en renforçant leurs forces grâce à divers ralliements. A ces contraintes s’ajoute un soutien de moins en moins assuré du parlement alors que le clergé prend davantage parti pour Marie. Devant la situation qui se dégrade, Édouard VI et Élisabeth I prévoient l’exil et entreprennent de préparer leur fuite, mais refusent les conseils de leur entourage à quitter rapidement Londres pour éviter de perdre ce qui leur reste de soutien dans la capitale.
Marie et ses alliés descendent quittent Cambridge le 17 juin et descendent sur Londres. Leurs forces atteignent les faubourgs de Londres le 21 juin 1556. Marie demande à négocier la soumission de la cité et la reddition d’Élisabeth I et d’Édouard VI. Elle rencontre des représentants de sa demi-sœur et de la cité près du prieuré de Saint-Barthélemy-le-Grand le 22 juin 1556. Les représentants d’Élisabeth I et d’Édouard VI sont réticents à accepter les conditions de Marie, cherchant à faire gagner du temps pour faciliter la fuite du couple royal et de leurs enfants. Les échevins représentant Londres sont plus sensibles aux arguments de la princesse. La présence de différents représentants de la noblesse aux côtés de Marie et de son époux ont un impact sur les positions des représentants d’Élisabeth I et de la cité, renforçant les clivages au sein du parlement qui ne semble plus certain de soutenir Élisabeth I et Édouard VI. Les premières négociations amènent Élisabeth I et Édouard VI à vouloir protéger leur famille alors que le risque de déchéance et la menace d’une insurrection au sein de Londres deviennent importants. La nouvelle de la progression des forces d’Arthur Pole et de John de Vere précipite la décision d’Élisabeth I et de son époux de quitter Londres. Chargeant Georges Boleyn de couvrir leur départ, le couple et leurs enfants quittent la cité dans la nuit du 23 au 24 juin 1556. Georges Boleyn maintient la présence de ses forces dans Londres sur la fin de juin 1556, mais doit faire face à une fronde de certains quartiers de Londres lorsque les rumeurs sur la disparition du couple royal se développent, suscitant interrogations et inquiétudes au sein de la population. Le duc de Somerset doit aussi gérer le risque d’être coupé d’Élisabeth I et d’Édouard VI. Le 25 juin, une partie de ses forces affronte les forces du comte d’Oxford à Southwark et les repousse, protégeant la fuite d’Élisabeth I et d’Édouard VI.
Marie et ses alliés apprennent les rumeurs et le départ d’Élisabeth I et de son époux le 26 juin 1556. Marie cherche à exploiter cette nouvelle alors qu’elle rencontre de nouveau des représentants de Londres le 27 juin en soulignant le fait que la fuite de ceux qui prétendent être leurs souverains est contraire à leurs devoirs. Cette rencontre, l’influence du clergé local et l’approche des forces de John de Vere précipitent les événements avec Georges Boleyn forcé de fuir Londres lors de l’émeute du 28 juin 1556 qui voit Londres ouvrir ses portes à Marie et François IV. Marie consolide sa position dans la capitale alors que François IV rejoint John de Vere le 29 juin. Les deux hommes pourchassent le duc de Somerset et cherchent à rattraper Élisabeth I et Édouard VI. Leurs forces affrontent celles de Georges Boleyn près de Dartford le 1er juillet 1556. Le duc de Somerset cherche à résister au duc de Bretagne et au duc d’Oxford malgré l’infériorité numérique de ses forces avant que la pression de ses adversaires ne provoque la débandade de ses forces alors qu’il se fait capturer. François IV et John de Vere rejoignent Rochester qui se rend à eux le 3 juillet 1556.
Élisabeth I et Édouard VI rejoignent d’abord Rochester le 26 juin. Ils préparent leur départ et prévoient le risque d’attaque de leurs adversaires, cherchant à s’appuyer sur les forces qui leur sont loyales dans le Kent. Ils songent à rejoindre Douvres, mais le risque de tomber sur des navires français les dissuadent. Apprenant la chute de Londres le 29 juin, ils entreprennent de préparer leur départ. Un désaccord émerge sur la destination d’exil : Édouard VI et Henri Howard défendent le choix des Pays-Bas espagnoles, mais Anne Boleyn est en désaccord, notamment du fait qu’Éléonore de Habsbourg est la cousine de Marie. Le choix est finalement fait de tenter de rejoindre le royaume de Danemark plus neutre, même si les adversaires d’Anne Boleyn soupçonnent cette dernière d’avoir soutenue cette destination du fait de l’implantation de l’Église luthérienne. Le 1er juillet 1556, une flottille est achevée d’être constituée, permettant à Élisabeth et son entourage de s’embarquer. La flottille parvient à quitter la Medway le 2 juillet et manque de se faire attaquer par des navires au service de Marie et de François IV au large de la péninsule de Hoo. Échappant de peu à l’affrontement, Élisabeth I et ses proches parcourent la Mer du Nord que les conditions de traversée sont compliquées. La flottille est forcée de s’arrêter à La Haye le 6 juillet 1556. Élisabeth I et Édouard VI sont frappés de deuil avec le décès du prince Henri le 9 juillet 1556, le jeune prince étant tombé malade durant la traversée. Cette perte retarde le départ de la petite flottille, ce qui manque d’empêcher Élisabeth I et Édouard VI de quitter La Haye alors que les autorités cherchent à les empêcher de partir. Ils finissent par quitter précipitamment le 12 juillet 1556. Ils rejoignent l’île de Bant contrôlée par le comté de Frise orientale le 13 juillet. Ils sont accueillis par la régente, Anne d’Oldenbourg à Emdem le 16 juillet. Reçus du mieux qu’ils le sont par la régente et ses trois fils, Edzard, Jean et Christophe, l’entourage du couple royal déchu récupère du voyage et réfléchit sur la suite. Rejoindre le royaume du Danemark demeure une possibilité du fait de sa proximité avec le duché même si l’incertitude sur l’accueil de Christian III du fait de sa politique de neutralité y constitue un obstacle potentiel. Toute tentative de reconquérir le trône d’Angleterre est exclu sur le moment, faute de moyens pour réussir l’entreprise et du fait que l’alliance française risque d’être ressuscitée par Marie du fait de ses liens. Si le comté de Frise orientale est prospère et peut être un allié précieux, sa proximité avec les Pays-Bas espagnoles en font un territoire incertain pour y demeurer sur le long terme. Le conflit latent autour du Harlingerland qui implique le comté depuis des années ressurgit aussi durant la période avec la conquête de la dépression d'Accum par le comte Jean II dit « le Terrible » du Harlingerland. Ce conflit amène Anne d’Oldenbourg à faire appel à la chambre impériale et au Cercle du Bas-Rhin-Westphalie, mais elle doit demander à ses invités de partir, leur présence pouvant créer des contraintes et difficultés pour elle. Ces derniers quittent le comté de Frise orientale en août 1556 et après une traversée difficile, rejoignent Husum à la mi-août 1556. Ils sont accueillis peu après par Christian III. S’il a des réticences du fait de ses convictions religieuses et de sa politique de neutralité, le souverain danois finit par leur accorder l’hospitalité, leur permettant de loger au château de Plön, reconstruit depuis la Guerre des deux rois. Les exilés passent les années suivantes à chercher à préparer leur retour, mais doivent gérer l’absence de soutien de Christian III à leur égard et les difficultés à vivre malgré la pension accordée par le souverain danois. Leur exil est compliqué par les désaccords religieux, Anne Boleyn exprimant plus ouvertement ses positions alors qu’Édouard de Courtenay se montre plus réservé et prudent du fait de la possibilité d’un retour en Angleterre. L’exil est cependant égayé par la naissance de la princesse Gertrude en mars 1558.

Après leur succès contre Élisabeth I et Édouard et en dépit de leur échec à capturer le couple et leurs enfants, Marie et François IV travaillent à renforcer leur autorité en Angleterre et à régler les différents problèmes et défis auxquels ils font face au cours de l’été 1556. Ils cherchent d’abord à neutraliser les menaces potentielles qui demeurent dans le royaume, notamment en faisant preuve d’amnistie envers ceux qui se soumettront à leur autorité. Ils obtiennent ainsi la soumission d’Henri Howard qui est libéré début août 1556. Seul le Devon continue d’être agité durant la fin de l’été 1556, amenant Marie et son époux à envoyer des forces pour y ramener l’ordre et réprimer les insurrections. Marie peut compter sur le soutien de ses alliés et de plusieurs représentants éminents du clergé anglais pour asseoir son autorité et rendre légitime sa prise de pouvoir. Elle travaille aussi à obtenir le soutien du parlement, jouant sur la fuite et l’exil de sa demi-sœur et le respect des règles de succession. Elle doit cependant faire face à un défi important de la part des représentants du parlement et de la noblesse : la question du statut de son époux François IV. L’appréhension des barons anglais de voir un prince français sur le trône d’Angleterre est importante, même si cette inquiétude est tempérée par le fait qu’il soit duc de Bretagne et que certains seigneurs du sud du royaume ont tissé des liens importants avec ce dernier. Les interrogations des seigneurs sont aussi celles du roi de France Charles IX au travers de son ambassadeur qui transmet fin juillet 1556 les demandes et pensées du souverain à Marie et son époux. Déterminés à consolider leur position sur le trône, Marie et François IV s’engagent à tenir compte du parlement et François est d’abord considéré comme consort avant d’être souverain du fait de sa position de duc dans le royaume de France. Marie et François IV confirment aussi leurs engagements de la rencontre d’Amboise concernant la succession anglaise et bretonne.

Tous leurs efforts permettent d’obtenir le soutien des représentants du parlement début août 1556. Ces derniers invalident Élisabeth I et Édouard VI comme souverains et confirment Marie en tant que reine légitime d’Angleterre avec François IV de Bretagne comme consort. Marie est couronnée à Westminster dans la seconde moitié d’août 1556. Peu après son couronnement, elle prive de leurs titres et domaines les proches d’Élisabeth I et d’Édouard VI, amenant notamment à l’abolition du titre de duc de Devon et à la récupération des titres de Georges Boleyn par la reine. Cette dernière redistribue une partie de ces domaines à ses alliés, restaurant le titre de comte de Salisbury à Henri Pole. Elle désigne Reginald Pole comme chancelier en récompense de son soutien à son égard. Son conseil privé et elle travaillent à réorganiser le royaume, reprenant en partie les politiques d’Élisabeth I et d’Édouard VI. Ils s’appuient beaucoup sur le parlement, notamment pour pouvoir affermir leur autorité alors que les oppositions demeurent au sein du royaume. Ils reprennent la politique commerciale de leurs prédécesseurs, tirant profit des liens particuliers avec le duché de Bretagne et cherchant à s’appuyer des relations commerciales avec les Pays-Bas espagnoles. Ils doivent cependant gérer la difficulté de résoudre le problème des enclosures. Ils peuvent cependant bénéficier d’une reprise de la pension versée par la couronne française à partir de l’été 1557 suite à la rencontre entre Marie I et Charles IX à Guînes en avril 1557 pour réaffirmer les liens entre les deux royaumes et confirmer par traité les conditions trouvées lors de la rencontre d’Amboise, notamment sur la question des successions anglaise et bretonne.
Sur le plan dynastique, Marie I fait amener son fils aîné François en Angleterre pour le former et le préparer à sa position de prince héritier à la couronne. Son second fils Henri demeure en France en tant qu’héritier du duché de Bretagne, formé par son père lorsque ce dernier revient sur ses domaines pour les gérer ou par ses conseillers en son absence. Le futur duc de Bretagne passe aussi du temps à la cour de France, assurant une garantie pour Charles IX de ne pas voir le duché de Bretagne se détacher du royaume. Consciente de la nécessité de consolider la position de son fils en tant qu’héritier de la couronne, Marie I entreprend de lui choisir une épouse anglaise pour consolider sa position à la cour et développer la confiance des représentants du royaume en lui. La question matrimoniale suscite quelques controverses entre François IV et elle, le duc de Bretagne ayant eu l’intention de faire marier son fils avec une princesse française ou de Navarre. François IV finit cependant par concéder la décision à son épouse. Cette dernière finit par choisir Anne Pole, la nièce du comte de Salisbury et la fille du défunt Geoffroy Pole. Le mariage entre les deux jeunes gens est organisé en octobre 1557. L’épouse de l’héritier à la couronne est enceinte en 1558 et donne naissance en septembre 1558 à un fils que François et elle nomment Arthur.
Si elle parvient à renforcer son autorité dans le royaume grâce à ses capacités et au soutien de ses conseillers et de son époux, Marie I doit cependant faire face à quelques complots et tentatives d’insurrections en faveur de sa demi-sœur durant la fin des années 1550. La tentative la plus sérieuse intervient dans le Kent en avril 1557 lorsque Thomas Wyatt dit le Jeune tente de provoquer une insurrection en faveur d’Élisabeth et d’Édouard. Grâce aux actions du grand sheriff du Kent et à l’intervention d’Henri Pole, la tentative est éventée alors que Thomas Wyatt est arrêté puis exécuté pour complot et trahison en juin 1557. La tentative de Thomas Wyatt précipite la concrétisation du mariage du prince François avec Anne Pole. Hormis cette tentative d’insurrection, les autres tentatives se dissipent faute de soutien.

Sur le plan religieux, Marie I reprend de manière plus prononcée la politique de son père et de son demi-frère pour mettre un terme à la présence des potentiels mouvements protestants dans le royaume. Dans le projet de consolidation de sa légitimité, Marie s’appuie aussi sur de grands représentants du clergé anglais, comme Stephen Gardiner et Reginald Pole. Elle est cependant en désaccord avec son époux François IV concernant la question de développer une politique similaire en France sur le besoin d’affermir l’autorité royale sur le clergé local, la souveraine étant peu désireuse de froisser ses relations avec la papauté alors que le soutien de Clément VIII lui a été d’une aide précieuse. Devant tenir compte des attentes du parlement, elle entreprend cependant d’obtenir la possibilité de taxer les monastères auprès de la papauté à partir de 1558. Le renforcement de ses liens avec la papauté sont mal perçus par certains représentants de la cour qui appréhendent un retour des ingérences pontificales dans le royaume alors que le projet d’Élisabeth I et d’Édouard VI sur la question de l’Église d'Angleterre continue de susciter l'intérêt d'une partie de la cour et des élites du royaume.

Parmi les sujets nécessitant une résolution rapide, Marie I cherche à résoudre les différents troubles qui touchent les terres d’Irlande. Elle accorde le titre de comte d’Ormonde à Thomas Butler en août 1556 et le charge de raccompagner Thomas Radclyffe sur l’île d’Émeraude pour l’aider à résoudre les conflits entre les différents seigneurs irlandais. Thomas Radclyffe rejoint Londres en juillet 1556 pour rendre hommage à la nouvelle souveraine. Marie I et son époux le conservent à la position de lord-lieutenant d’Irlande, mais le charge de résoudre de façon plus diplomatique les troubles opposant les différents seigneurs irlandais avant d’employer ses tactiques. Marie revient sur les décisions de ses deux prédécesseurs concernant la succession de Tír Eoghain malgré le désaccord de Thomas Radcyffe. Cette décision permet à Shane O’Neill d’obtenir le soutien des anglais mais provoque l’opposition plus frontale de Conn O’Neill et de son fils Feardorcha, le petit roi de Tír Eoghain étant déterminé à défendre son choix de successeur. Les troubles opposant Shane O’Neill à ses proches continuent d’affecter le Tír Eoghain sur l’année 1557 avant que Thomas Radclyffe n’intervienne pour forcer Conn O’Neill à accepter la succession traditionnelle par tanistrie. Cela n’amène cependant pas la fin des tensions, Shane manquant de se faire tuer au printemps 1558. La situation ne trouve sa résolution qu’au travers de la mort suspecte de Feardorcha à l’été 1558 puis de la mort de Conn O’Neill l’année suivante, permettant à Shane O’Neill de devenir le nouveau dirigeant de Tír Eoghain.
Thomas Radclyffe doit aussi intervenir dans les troubles qui touchent à nouveau le petit royaume de Thomond au cours de la période : Dermod O’Brien décède en 1557, ce amène à relancer le conflit de succession, le fils de Dermod, Murchadh, étant un enfant. Donnell O’Brien profite de la situation pour devenir le nouveau roi de Thomond grâce notamment au soutien des Dál gCais. Thomas Radclyffe est forcé de reconnaître la nouvelle position de Donnell, bien que cette dernière soit contestée par Connor O’Brien, son neveu qui revendique la position du fait que son père, Donough, avait été l’héritier désigné de Conchobhar mac Toirdhealbaig. Sur la demande de Marie I, Thomas Radclyffe s’efforce de maintenir la paix dans la région tout en jouant l’équilibre entre les différents seigneurs irlandais.
Le changement de souverain anglais amènent les seigneurs irlandais à espérer un retour à l’état d’avant la mort d’Henri VIII. Si la politique irlandaise de Marie I interfère moins dans leurs affaires que sous sa demi-sœur, le lord-lieutenant conserve cependant les pouvoirs acquis sur les dernières années et n’hésite pas à intervenir dans les conflits opposant les seigneurs irlandais pour y mettre un terme. Le lord-lieutenant peut s’appuyer sur le soutien de Thomas Butler, même si ce dernier doit gérer la rivalité de sa famille avec les FitzGerald de Desmond. Marie I conserve ainsi l'influence conséquente développée par ses deux prédécesseurs sur l'île, mais travaille à développer de meilleures relations avec les seigneurs irlandais.

Sur le plan diplomatique, les années 1556-1559 voient Marie I tisser des relations avec ses différents voisins. Si elle développe d’importantes relations avec Charles IX de France et Jacques VI d’Écosse, rencontrant notamment ce dernier à l’automne 1557, elle se tourne aussi vers les Habsbourg. Elle développe des liens avec Éléonore de Habsbourg dans le cadre des relations économiques et commerciales liant les Pays-Bas espagnoles au royaume d’Angleterre. Le décès de Charles Quint en 1556 amène Marie I à nouer des liens avec Philippe II d’Espagne. Dans le cadre des échanges économiques mais aussi pour se garantir de la menace que continue de représenter sa demi-sœur, elle construit des liens avec Jean II de Norvège. Elle renforce enfin ses relations avec la papauté et Clément VIII.


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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 8 Avr - 10:24

Bonjour à tous !
Pour ce week-end de Pâques, détour par l’Écosse de la fin des années 1550 de cette réalité. Un royaume dont la situation a peu à voir avec celle historique alors que son souverain s'affermit. Une partie plus tranquille comparée aux turpitudes de la couronne anglaise (ce qui est plutôt ironique au regard du cadre écossais de l'époque).
J'espère que cette partie saura vous plaire.
Bonne lecture à tous !

1555-1559 : Affirmation de Jacques VI d’Écosse
La fin des années 1550 est une période d’affirmation pour Jacques VI alors que le jeune roi écossais entreprend au cours de ses premières années de règne post-régence à affermir son autorité.

Jacques VI commence un règne assez paisible durant la fin des années 1550, malgré les rivalités intestines au sein de la cour royale écossaise. Le jeune roi s’appuie sur Lennox et ses alliés pour affermir son autorité et poursuivre l’œuvre de centralisation du pouvoir menée par son père. Le jeune souverain s’efforce aussi de s’assurer la loyauté des clans les plus importants du royaume, notamment avec la faction anglaise représentée par les Douglas et James Hamilton. Malgré l’échec du projet matrimonial entre Élisabeth I et Jacques VI, James Hamilton et ses alliés continuent de derniers continuant de jouer un important rôle à la cour écossaise alors que l’échec du projet matrimonial entre Élisabeth I et lui suscitent une importante rivalité entre le parti anglais et le parti français. Jacques VI doit gérer ces rivalités et travaille avec son entourage à diminuer l’influence du parti anglais, notamment au travers de son mariage avec Catherine de Bretagne au printemps 1555.
S’il s’appuie sur les conseils de sa mère, il doit aussi gérer le fait qu’elle exprime plus ouvertement ses sympathies pour les mouvements prétendus réformés, ce qui nourrit l’opposition de différents représentants de la cour et soulève les interrogations sur la politique religieuse du souverain. Ce dernier reprend la politique de lutte contre les idées luthériennes et calvinistes menées par son père, ce qui lui permet notamment d’avoir le soutien du clergé. La reprise de la lutte contre les idées luthériennes et calvinistes amène à quelques tensions, la période de régence ayant permis l’émergence de petits mouvements au sein du royaume, principalement dans les territoires des marches proches de l’Angleterre. Jacques VI cherche à ménager sur les premières années de son règne les différentes factions pour apaiser les tensions qui ont suivi la mort de son père, mais tire profit des changements sur le trône d'Angleterre pour affermir le parti français tout en conservant des relations avec la faction anglaise pour contrebalancer l'influence de sa mère et de Matthew Stewart.
Sur le plan dynastique, son mariage avec Catherine de Bretagne voit la naissance du prince Jacques au début de l’année 1556, du prince Matthew à l’été 1558 alors que le premier enfant décède au printemps 1557, faisant de Matthew le nouvel héritier à la couronne écossaise.

Sur le plan diplomatique, Jacques VI maintient des relations cordiales mais compliquées avec Élisabeth I d’Angleterre. Malgré son refus de consentir au projet matrimonial proposé par James Hamilton et les représentants de la jeune souveraine, le roi d’Écosse conserve des relations apaisées pour différentes raisons. Le jeune roi doit prendre en compte la position encore forte de James Hamilton et de ses alliés à la cour et suit les conseils de son entourage pour éviter un conflit alors que le royaume est encore assez isolé malgré la reprise de relations plus fortes avec le royaume de France. Son mariage avec Catherine de Bretagne et les conséquences de la rébellion d’Abergavenny contribuent cependant à une complication des relations entre les deux souverains. La situation évolue au cours de l’année 1556 avec l’expédition réussie de François IV de Bretagne et de Marie qui place cette dernière sur le trône d’Angleterre. Jacques VI entreprend de tisser et de renforcer ses relations avec la nouvelle souveraine, ce qui lui permet de gagner la confiance et le soutien du parti anglais. Il rencontre ainsi Marie I à Durham en septembre 1557, permettant à la souveraine et à lui de renouveler les relations anglo-écossaises.
Sous l’influence de sa mère et du parti français soutenu par Matthew Stewart, Jacques VI renforce ses relations avec le royaume de France et Charles IX. Il se marie ainsi avec Catherine de Bretagne au printemps 1555, renouvelant les relations avec le royaume de Lys et affermissant ses liens avec François IV de Bretagne qu’il soutient tacitement dans l’expédition de 1556 pour récupérer le trône d’Angleterre au nom de son épouse. Au printemps 1559, Jacques VI visite le royaume de France et rencontre Charles IX à Rouen. Durant sa visite qui l’amène à séjourner au château de Blois, le roi d’Écosse réaffirme les liens entre son royaume et celui de son parent avant de revenir dans son royaume à l’automne 1559.
En plus de ses relations avec les rois d’Angleterre et de France, Jacques VI tisse des liens avec Jean II de Norvège, notamment au travers d’échanges commerciaux dans la mer du Nord. Dans le développement des relations entre les deux royaumes, la question matrimoniale s’y trouve levée avec d’abord un projet de mariage entre Jacques VI et Éléonore de Norvège, mais le projet de mariage entre sa sœur Anne et l’héritier de Jean II, le prince Charles, est décidé durant la période avant de se concrétiser à l’été 1559 avec l’envoi d’Anne vers la Norvège, son mariage se réalisant à la cathédrale d’Oslo en septembre 1559.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par DemetriosPoliorcète Dim 9 Avr - 11:55

La langue française fera-t-elle son grand retour dans les Îles britanniques?
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Message par Yodarc Dim 9 Avr - 20:17

DemetriosPoliorcète a écrit:La langue française fera-t-elle son grand retour dans les Îles britanniques?

Peut-être, peut-être pas. Avec le contexte politique, économique, social et religieux en Angleterre, un retour en grâce du français sera un défi surtout au vu du caractère largement insulaire des anglais (même si le contrôle de Calais et le fait que la cité était considérée comme la perle du royaume atténue quelque peu cette insularité).

Il est cependant certain qu'avec le temps que Marie a passé à la cour de France et celle de Bretagne, le Français aura une certaine place au moins à la cour anglaise.
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Message par Yodarc Sam 15 Avr - 10:30

Bonjour à tous !
Aujourd'hui, passage dans l'Italie et la Suisse de la fin des années 1550. Des territoires dont la physionomie et le cadre n'ont pas grand-chose à voir avec celle historique ne serait-ce du fait des rapports de force et des dirigeants. Une période stable avec de nouvelles tendances qui émergent, certaines historiques qui se développent dans une autre approche comparé à la réalité historique.
J'espère que cette partie saura vous plaire.

Bonne lecture à vous tous !

1555-1559 : Statu quo italien
La fin des années 1550 est une période de relative paix et stabilité au sein de la péninsule italienne, même si d’importantes tensions demeurent au sein des cantons suisses au nord.

Les années 1555-1559 sont pour la papauté une période à la fois très dynamique et florissante. Clément VIII poursuit le renforcement de la lutte contre les idées protestantes, renforçant notamment le rôle de l’inquisition dans la lutte contre les publications. Il établit un index condamnant les écrits hérétiques à partir de 1557, renforçant l’arsenal pour lutter contre la diffusion des idées protestantes et affaiblir davantage leur influence dans la Chrétienté. Cela n’empêche pas le pape d’être un grand mécène auprès des artistes et des écrivains, permettant à Rome de renforcer sa position de grand centre culturel de la péninsule italienne alors que Milan a quelque pâti de la présence française et Florence se remet des différents troubles qui l’ont affecté au cours de la décennie précédente. Rome tire ainsi profit de l’émergence d’une architecture que ses détracteurs qualifient de baroque. Clément VIII encourage le développement de ce nouveau style, y voyant à la fois un moyen de renforcer la magnificence de Rome et de contrer par l’allure imposante des édifices, des sculptures et peintures les idées protestantes. Aux réformes théologiques et à la politique de mécénat s’ajoutent d’autres mesures notables, notamment la bulle pontificale du printemps 1559 qui réforme le calendrier julien et voit la suppression d’une dizaine de jours au mois de mai 1559 pour rattraper le retard résultant du décalage entre l’année du calendrier julien et l’année tropique. Cette mesure qui met en place le calendrier Clémentin est le fruit du travail de mathématiciens et d’astronomes italiens et ibériques durant la période suite à la demande du pape à créer un nouveau calendrier. Clément VIII commence à souffrir de la goutte à la toute fin de la décennie, ce qui complique sa capacité à se déplacer, notamment dans l’ensemble des états pontificaux.
Sur le plan diplomatique, Clément VIII entreprend de bonnes relations avec Charles IX et soutient les efforts du souverain français et de l’Église de France à contrer la diffusion des idées protestantes dans le royaume. Les relations avec le royaume d’Angleterre sont complexes et évoluent au grès des événements. Ses relations avec Élisabeth I se détériorent du fait de son soutien aux revendications de Marie Tudor sur le trône d’Angleterre, renforcé par sa décision d’excommunier Élisabeth I et Édouard VI à l’automne 1556 alors que ces derniers ont décliné de répondre à sa requête de céder le trône à Marie. Le triomphe de Marie pour récupérer le trône permet au pape de tisser d’importantes relations avec la nouvelle souveraine. Clément VIII entretient aussi de relations importantes avec les Habsbourg, principalement avec Charles Quint. Après la disparition de ce dernier, il développe des relations avec Philippe II d’Espagne et Ferdinand I même si ses relations avec ce dernier à la fois plus importantes, du fait du soutien de Ferdinand I à Louis III de Hongrie contre les ottomans, et plus compliquées à cause de la politique de compromis menée par le nouvel empereur avec les princes protestants au travers du traité d’Augsbourg de 1557. La querelle successorale impériale et la politique de compromis religieux de Ferdinand amène Clément VIII à hésiter à reconnaître ce dernier en tant que successeur de Charles Quint au début de l’année 1557, mais le souverain pontife finit par le faire à l’automne 1557. Le pape est engagé à mobiliser les puissances chrétiennes contre la puissance ottomane, même si le développement de la puissance saadienne en Afrique du Nord suscite aussi l’attention du pape.

Le duché de Milan est l’autre territoire de la péninsule qui prospère à la fin des années 1550 grâce aux actions et décisions de Francesco II. Le duc de Milan parvient au cours de la période à retrouver en partie le lustre qui avait marqué le règne de son père avant les conflits des années 1540. Il entretient d’importants liens avec sa mère Bona qui gère le duché de Bari avec efficacité, rendant ce dernier très prospère. Le décès de Bona en 1558 amène Francesco à devenir le nouveau duc de Bari, ce qui lui permet de renforcer sa richesse et sa prospérité. Cette prospérité lui permet de diminuer la dépendance financière envers la famille Fugger et les banquiers génois. Sur le plan religieux, Francesco II entreprend de contrer la diffusion des idées réformées venant des cantons suisses, contribuant notamment à la mise en place de l’inquisition romaine sur ses terres en 1557. Francesco II développe enfin une cour faste et cultivée, s’attirant notamment en 1559 les services de Sofonisba Anguissola, une femme artiste qui avait notamment fait ses preuves auprès de Michel-Ange à Rome durant les années précédentes. Cette dernière entre au service de l’épouse du duc, Catherine.
Sur le plan diplomatique, Francesco II tisse d’importants liens avec la papauté, mais aussi avec les Habsbourg, même si le décès de Bona en 1558 suscite quelques tensions avec Philippe II d’Espagne, certaines rumeurs évoquant le désir du nouveau roi d’Espagne de récupérer le territoire de Bari. Ses relations avec la république de Gênes se sont apaisées au cours de la période, ce qui lui permet de renforcer les échanges commerciaux et de s’émanciper en partie de la tutelle financière des Fugger. Les relations de Francesco II avec le royaume de France sont plus compliquées du fait des revendications de Charles IX sur le duché, même si la reprise d’échanges commerciaux atténuent les tensions. Celles avec le duché de Savoie sont ambiguës du fait du développement de liens commerciaux et cordiaux d’un côté et du rapprochement de Louis II de Savoie du royaume de France de l’autre. Ses relations avec les cantons suisses sont complexes du fait des divisions religieuses au sein de la Confédération alors que ses liens avec l’Alliance des Trois ligues s’avèrent des plus tendus à cause de la Valteline et de la question religieuse.

Durant la fin des années 1550, Cosme de Médicis et Vittoria se consacrent à redonner à Florence le lustre qu’elle avait eu durant les précédentes périodes des Médicis et préparent Alessandro II à sa position de duc. Ils ont aussi à s’occuper de leurs enfants, Isabella et Giovanni né en avril 1556. Alessandro II prend les rênes du pouvoir à partir de l’automne 1558. Le jeune duc s’appuie sur Cosme de Médicis, s’appuyant sur son expérience et ses compétences pour affermir son autorité sur la cité. Alessandro II se sent rempli d’un devoir de donner à sa lignée le lustre d’antan et entreprend de mettre en place un mécénat important pour redonner à Florence une place de choix dans la vie culturelle de la région.
La trêve avec Sienne se maintient, mais demeure fragile du fait des rivalités entre les deux cités et des revendications des Farnèse et des Médicis sur la cité siennoise. Seul l’arbitrage de Clément VIII retient Cosme de Médicis de relancer les hostilités, malgré de nombreux incidents durant la période.
Sur le plan diplomatique, le duché entretient des relations tendues et conflictuelles avec la république siennoise alors que Vittoria désire défendre les droits qu’elle pourrait sur le territoire, soutenue par Cosme de Médicis qui y voit une opportunité pour neutraliser la grande rivale de leur cité. L’arrivée au pouvoir d’Alessandro II contribue à renforcer les tensions, ce dernier se sentant plus légitime à récupérer Sienne du fait de ses liens de parenté avec Pieri Luigi de Farnèse et de sa position de duc de Florence. Le duché florentin tisse des relations avec la papauté et surtout les Habsbourg, tout particulièrement Philippe II d’Espagne après que ce dernier ait succédé à Charles Quint en 1557. Les relations avec le royaume de France sont plus aléatoires du fait des relations diplomatiques de Charles IX avec Sienne. Alessandro II tisse des relations avec le duché de Milan. Les Médicis renforcent leurs liens avec la république de Gênes et Andrea Doria, cherchant à s’en faire un allié précieux qui leur permettra de préserver leur position sur Florence.

La république de Sienne cherche à se renforcer et à consolider sa position durant la fin des années 1550. Pierre Strozzo tire profit de la fragile trêve pour consolider la nouvelle république et raffermir ses institutions, même s’il reprend certaines des décisions prises durant le règne de Pieri Luigi. Il permet l’institution d’un conseil oligarchique chargé de la gouvernance de la cité. Il réorganise les défenses de la cité et cherche à améliorer celles du territoire encore contrôlé par Sienne. Sur le plan économique et commercial, la cité s’en sort malgré les contraintes liées à ses relations tumultueuses avec Florence.
Sur le plan diplomatique, la nouvelle république siennoise entretient des relations cordiales avec la papauté, désireuse de s’appuyer sur Clément VIII pour maintenir la trêve et le statu quo avec Florence et les Médicis. Pierre Strozzi contribue à renforcer les relations de la cité avec le royaume de France pour avoir un puissant allié et protecteur face à Florence et aux Farnèse. Les relations avec les autres cités italiennes sont aléatoires, mais tendent à être assez neutres, permettant notamment les échanges commerciaux. Seule la relation avec Florence demeure tendue et incertaine, la trêve risquant d’être rompue alors que des incidents émaillent la période. L’intronisation d’Alessandro II à la tête du duché de Florence contribue à dégrader les relations, le jeune duc étant fort désireux de neutraliser la république siennoise et de s’en emparer du fait de ses liens avec la famille Farnèse.

La république de Gênes prospère de nouveau à la fin des années 1550, ayant des échanges commerciaux importants avec les différents territoires italiens et un commerce important dans la Méditerranée occidentale, notamment avec les royaumes d’Espagne et de Naples. Cette prospérité résulte des efforts d’Andrea Doria pour réorganiser la gouvernance de la cité et développer des relations avec les Habsbourg pour garantir l’indépendance de la cité face aux ingérences françaises. L’amiral génois tisse des liens avec les Médicis de Florence pour avoir d’autres alliés dans la péninsule italienne. Ses relations avec le duché de Milan s’apaisent et s’améliorent, notamment grâce à l’influence des banques génoises dans la situation financière du duché et dans la vigilance face à Charles IX. Ses relations avec Louis II de Savoie sont compliquées du fait du rapprochement de ce dernier avec la couronne française. Ses relations avec les Habsbourg sont les plus importantes, même s’il doit renouveler ses relations avec ces derniers après la disparition de Charles Quint, se rapprochant du nouveau roi d’Espagne, Philippe II.

Au cours de la fin des années 1550, la république de Venise cherche à maintenir la paix avec ses voisins pour renouveler sa prospérité, notamment dans ses relations compliquées avec l’empire ottoman. La Sérénissime entretient d’importantes relations avec le duché de Milan et le royaume de France et améliore ses liens avec la papauté. La république maritime entretient des liens plus ambigus avec les Habsbourg, notamment avec Ferdinand de Habsbourg qui devient le nouveau duc de Vérone avec la disparition de son frère. Elle développe des relations avec Louis III de Hongrie malgré les tensions et divisions au sein de la cour hongroise.

Les cantons suisses connaissant une période de stabilité assez tendue du fait des tensions religieuses et des relations tumultueuses avec le duché de Savoie. Les événements au sein du Saint-Empire romain et la stabilité dans la péninsule italienne affecte la stabilité de la confédération alors que le renforcement du prosélytisme catholique influencé par les décisions du concile de Mantoue et celles des différents papes. Les cantons protestants ont des difficultés à résister au caractère militant de l’Église catholique et renforcent leurs liens avec l’Alliance des Trois Ligues et la république de Genève, même s’ils affichent des désaccords avec certaines des positions de Jean Calvin. L’absence de conflits majeurs affecte la politique de mercenariat des cantons catholiques qui se tournent vers le royaume de Hongrie et offrir leurs services pour soutenir le roi Louis III contre les ottomans.
Les relations entre les cantons suisses et l’Alliance des Trois Ligues sont compliquées du fait des désaccords religieux, tout particulièrement entre les cantons faisant partie de l’ancienne Union Chrétienne et les cantons grisons. Les cantons suisses catholiques ont d’importantes relations avec les Habsbourg et la papauté et renoue avec le royaume de France, alors que les cantons protestants se retrouvent isolés avec des relations distantes avec certaines des cités et princes protestants des terres d’empire, même si l’avènement de l’empereur Ferdinand I et le traité d’Augsbourg de 1558 affectent ces relations. L’Alliance des Trois Ligues entretient aussi des relations difficiles avec le duché de Milan, le retour des Sforza relançant la question du contrôle de la Valteline entre les deux territoires.
La république de Genève voit Jean Calvin et le conseil de la cité raffermir de manière forte les décisions mises en place avant le conflit avec le duché de Savoie. La défaite des savoyards et l’aide des bernois a contribué à déstabiliser l’opposition des notables et de la faction catholique. Jean Calvin est de surcroît considéré comme la figure de proue des mouvements réformés de par son engagement et ses idées. La petite république entretient des liens très importants avec le canton de Berne et a des relations compliquées avec le duché de Savoie, mais doit aussi gérer des relations tendues avec des cantons catholiques et la proximité avec le royaume de France où la lutte contre les idées calvinistes est devenue vive.

Louis II de Savoie travaille à raffermir son autorité sur le duché de Savoie durant les années 1555-1559. Le duc cherche à réorganiser son duché et à restaurer ses finances après le conflit difficile contre Genève et Berne. Cela l’amène à demander des emprunts aux banques génoises. Il réorganise les services d’administration du duché, s’inspirant en partie de la politique de Charles IX. Il mène aussi une importante politique s’inspirant des décisions du concile de Mantoue pour contrer la diffusion des idées de Calvin sur son duché, autorisant notamment la construction d’un séminaire à Nice en 1557.
Sur le plan diplomatique, Louis II développe ses relations avec le royaume de France, d’autant plus qu’après la disparition de Charles Quint en 1556, l’influence des Habsbourg s’atténue quelque peu. Ce renforcement des relations entre le duc et la cour de France se concrétise au travers d’un mariage avec Marie de France au printemps 1558. La disparition de Charles Quint amène à une réorganisation de ses relations avec les Habsbourg, le duc étant désormais le vassal de Ferdinand I. Ses relations avec les cantons suisses et la république de Genève sont tendues et difficiles et l’amènent à traiter avec le canton de Berne pour maintenir la paix et restaurer des relations avec ces derniers. Devant s’appuyer sur des banques génoises pour permettre de restaurer une partie des capacités financières de son duché, Louis II tisse des liens avec la république de Gênes, même si sa proximité avec Charles IX contribue à susciter quelques tensions et vigilances de la part d’Andrea Doria. Louis II tisse enfin d’importantes relations avec la papauté, notamment dans le cadre de sa politique religieuse pour contrer la diffusion des idées de Jean Calvin.
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Message par Collectionneur Lun 17 Avr - 19:52

Pour rappel, les cantons suisses ont alors une population
faible qui n'augmente que lentement, moins de 700 000 habitants a vue de nez dans les années 1550 malgré les mariages précoces et le nombre d'enfants élevés par couple. Genève et Berne n'ont que dans les 10 000 habitants . La peste ravage régulièrement le pays

https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/007946/2012-03-30/#

https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/025612/2004-06-30/

Parmi les épidémies antérieures à 1700, la peste ravagea l'ensemble de la Suisse en 1349, 1519, 1541, 1564, 1611, 1630 et 1636, tuant entre 10 et 50% de la population, selon les régions...
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Message par Yodarc Lun 17 Avr - 20:04

Collectionneur a écrit:Pour rappel, les cantons suisses ont alors une population
faible qui n'augmente que lentement, moins de 700 000 habitants a vue de nez dans les années 1550 malgré les mariages précoces et le nombre d'enfants élevés par couple. Genève et Berne n'ont que dans les 10 000 habitants . La peste ravage régulièrement le pays

https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/007946/2012-03-30/#

https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/025612/2004-06-30/

Parmi les épidémies antérieures à 1700, la peste ravagea l'ensemble de la Suisse en 1349, 1519, 1541, 1564, 1611, 1630 et 1636, tuant entre 10 et 50% de la population, selon les régions...

Très intéressant. Les cantons suisses semblent avoir beaucoup souffert de la peste et leur population totale est similaire à celle de l’Écosse de l'époque.

Merci pour ces informations.

Je pense que je pourrais intégrer le cas des années 1560, étant donné que la partie en question n'est pas encore publiée (et me permettre d'étoffer et de réécrire un peu le texte de cette partie déjà rédigée).
Yodarc
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Ven 21 Avr - 10:00

Bonjour à tous !

Publication un peu précoce du fait d'un week-end chargé (week-end familial sur Lille).
La partie actuelle va porter sur les domaines Habsbourg et les changements importants qui s'y passent sur le plan dynastique. Des récurrences par rapport à la réalité historique mais avec des nuances et différences qui font la différence dans le déroulement des événements. Une page se tourne pour la Maison des Habsbourg, une nouvelle s'ouvre dans un contexte de rapports de force complexes qui évolue dans un cadre politique et religieux tourbillonnant.
J'espère que cette partie saura vous plaire.

Bonne lecture à tous !

1555-1559 : Changement chez les Habsbourg
La fin des années 1550 voit des changements opérés dans la dynastie des Habsbourg et dans l’équilibre de l’échiquier politique de la chrétienté.

Sur les années 1555-1556, Charles Quint travaille à résoudre les tensions récurrentes qui affectent les terres d’empire sur la question religieuse. La querelle religieuse demeure au cœur de ses préoccupations durant la période, l’empereur demeurant ferme sur la question de l’Intérim d’Augsbourg tout en permettant à son frère de négocier avec les princes protestants. Les négociations sont très difficiles, notamment du fait de la détermination de Maurice de Saxe. La difficulté des négociations vient aussi de la question de l’application des idées du concile de Mantoue dans les terres d’Empire : sont-elles applicables dans tous ses territoires ou seulement dans ceux demeurés ou redevenus catholiques ? Charles Quint peut cependant compter sur le fait que certains des princes protestants sont plus disposés au compromis que les principaux chefs. Les diètes de Ratisbonne et d’Augsbourg de 1554 et 1556 voient les deux partis tenter de trouver un compromis sans s’accorder sur les modalités ou le statut de la foi luthérienne dans les terres d’empire, même si l’idée d’un statu quo figeant la pratique des fois catholique et luthérienne dans les terres où elles prédominent émerge et se renforce durant la période. Malgré les désaccords et l’absence de compromis encore trouvé, Charles Quint travaille avec l’aide de son frère à assurer la paix au sein des terres d’empire et à éviter tout nouveau conflit.
En parallèle de la controverse politico-religieuse, Charles Quint consacre son temps à préparer sa succession alors qu’il est de plus en plus épuisé du fait de sa maladie et affecté par la disparition de sa mère en avril 1555. Il délègue davantage de responsabilité à son fils Philippe pour les couronnes d’Espagne et lui accorde avec la bénédiction du pape le titre de roi de Naples à l’été 1556. L’idée de léguer à son fils le titre de duché de Vérone est un temps considéré par l’empereur, mais il finit par y renoncer pour le léguer à son frère Ferdinand, contribuant au renforcement des terres héréditaires et confirmant l’implantation des Habsbourg en Italie. Par la Pragmatique Sanction de l’automne 1555, il met en place les Pays-Bas espagnols dont sa sœur Éléonore est toujours la gouvernante. Il cherche encore à défendre le choix de son fils comme héritier de la couronne impériale lors de la Diète d’Augsbourg de l’automne 1555, mais se retrouve confronté à une fronde des princes d’empire et à la ferme opposition de son frère. Cette opposition contribue à renforcer l’épuisement de l’empereur qui se résigne en février 1556 à confirmer son frère en tant qu’héritier à la couronne impériale.
Sur le plan diplomatique, Charles Quint cherche à améliorer ses relations avec Clément VIII, notamment pour la lutte contre les Ottomans et contre le Maroc Saadien. Ses relations avec Charles IX de France demeurent assez difficiles mais neutres. Ses relations avec Élisabeth I et Édouard VI sont neutres et cordiales et la prise de pouvoir par sa cousine Marie amènent à des relations complexes, entre vigilance du fait de la proximité de Marie avec la cour de France et volonté de développer des liens qui pourraient permettre à l’empereur de faire de la nouvelle souveraine une alliée et la détacher de ses liens avec le royaume de France. Charles Quint entretient des relations neutres avec Christian III de Danemark qui se complexifient avec l’accueil d’Élisabeth I et d’Édouard VI par ce dernier. Ses relations avec Jean II de Norvège sont en revanche excellentes. Il maintient d’importantes relations avec Andrea Doria et la république de Gênes. Par le biais des gouverneurs d’Oran, de Bejaïa et de La Goulette, il entreprend aussi de renforcer les liens avec les royaumes Koukou, de Beni Abbès et Hafside, notamment pour s’assurer des alliés face aux marocains et à la potentielle menace que les Ottomans continuent de représenter à l’est. Une des dernières actions notable de l’empereur est de chercher à mettre un terme au conflit opposant l’archevêché de Riga au grand-ordre des chevaliers du Porte-Glaive, mais ses positions entrent en contradiction avec celles de Sigismond II et d’Albert I de Prusse.
A l’automne 1556, Charles Quint tombe malade alors qu’il inspecte les Pays-Bas. Alité à Bruxelles, l’empereur sent sa santé se dégrader et prépare ses dernières volontés à destination de son frère et de son fils. Début octobre 1556, l’empereur rend l’âme. Au cours du reste de l’automne 1556, un profond désaccord émerge sur le lieu de sépulture entre Éléonore et son neveu Philippe II. C’est au début de décembre 1556 qu’il est décidé d’organiser ses funérailles à la cathédrale de Bruges, Charles Quint étant inhumé à côté de sa grand-mère, Marie de Bourgogne.

Durant la fin des années 1550, la couronne d’Espagne connaît une transition puis un changement de souverain : à partir de l’automne 1555, le prince Philippe gère ses nouvelles responsabilités avec les conseils des ministres de son père et ceux de sa mère Isabelle. Le jeune prince est présenté devant la Diète d’Augsbourg de l’automne 1555 mais fait face à la forte opposition des princes d’empire, ce qui a une vive impression sur le jeune prince. A l’été 1556, Philippe devient roi de Naples avec la bénédiction du pape Clément VIII, devenant Philippe I de Naples.
La mort de Charles Quint en octobre 1556 l’amène à devenir roi d’Espagne sous le nom de Philippe II. Le nouveau roi d’Espagne poursuit la politique menée par son père sur ses dernières années et guidé par sa mère Isabelle. Il se concentre sur les affaires de son royaume, notamment sur le Nouveau Monde et les territoires d’Afrique du Nord. Il se concentre aussi sur la lutte contre les idées protestantes, notamment dans les Pays-Bas espagnols qu’il a hérités de son père. Ses relations avec sa tante Éléonore sont tendues, notamment sur la question de l’inhumation de son père, mais le jeune souverain la maintient à sa position de gouvernante des Pays-Bas du fait de la réussite d’Éléonore à assurer la paix et la stabilité des seize provinces malgré les séquelles de la guerre de la Ligue de Pérouse et les tensions résultant des controverses religieuses désormais provoquées par la diffusion des idées calvinistes. Philippe II voit sa mère disparaître au début de l’année 1559, cette dernière s’étant affaiblie depuis le décès de Charles Quint même si elle a consacré ses dernières années à le former dans sa nouvelle charge royale.
Sur le plan diplomatique, il se concentre notamment sur le maintien de bonnes relations avec le royaume de Portugal, notamment avec sa sœur Marguerite qui est devenue à l’été 1557 la régente de la couronne portugaise au nom de son fils Alexandre (1) avec la mort de son beau-père Jean III. Il développe d’importantes relations diplomatiques dans la péninsule italienne par l’intermédiaire de ses ambassadeurs et du vice-roi de Naples, notamment en direction de la papauté. Philippe II cherche à développer ses liens avec le pape pour affermir la lutte de l’Église catholique au sein de son royaume contre les ennemis de la foi, notamment en Afrique du Nord où l’expansionnisme marocain inquiète les intérêts espagnols. Ses relations avec Charles IX de France sont neutres et tendues. Il tisse des liens avec Marie I d’Angleterre, cherchant à s’en faire une alliée. Le jeune souverain tisse des relations commerciales avec Jean II de Norvège. Il maintient et améliore ses relations avec son oncle Ferdinand I du Saint-Empire Romain, notamment pour garantir le prestige et l’influence de la Maison des Habsbourg. Dans ce but, il se remarie avec Éléonore d’Autriche, une des filles de son oncle, même si cela suscite des tensions avec Clément VIII malgré une demande de dispense pontificale.

Durant la fin des années 1550, Éléonore continue de gérer la gouvernance des Pays-Bas, devenues Pays-Bas espagnoles à partir de l’automne 1555. Elle continue de suivre les demandes de son frère Charles Quint, continuant d’assurer la stabilité de la région et de restaurer la prospérité qui avait été perturbé par la guerre de la Ligue de Pérouse.
En septembre 1556, alors qu’elle accueille son frère à Bruxelles, ce dernier tombe malade. Elle se charge d’envoyer les messages de Charles Quint vers leur frère Ferdinand et le prince Philippe. Avec le décès de Charles Quint en octobre 1556, Éléonore informe le futur roi d’Espagne et le futur empereur du Saint-Empire de la situation et entreprend de préparer les funérailles de son frère. Durant le mois de novembre, la gouvernante des Pays-Bas est en profond désaccord avec son neveu, Philippe II, concernant le lieu de funérailles de Charles Quint : Philippe II souhaite voir son père enterré dans la chapelle royale de Séville aux côtés de son grand-père Philippe le beau alors qu’Éléonore considère enterrer Charles Quint à Bruges aux côtés de sa grand-mère Marie de Bourgogne, arguant du fait que Charles est né dans les Pays-Bas (2) et qu’il est important de rappeler l’héritage bourguignon de son frère. La gouvernante des Pays-Bas finit par obtenir gain de cause, notamment pour des raisons pratiques. Éléonore organise les funérailles du défunt empereur début décembre 1556 où de nombreux représentants des Pays-Bas, d’Espagne et des autres domaines des Habsbourg assistent à la cérémonie dans la cathédrale de Bruges.
Début 1557, Éléonore est maintenue dans sa position de gouvernante par Philippe II au travers d’un représentant de ce dernier, Fadrique Álvarez de Toledo y Enríquez de Guzmán, le fils de Ferdinand Alvarez de Tolède. Les relations entre Éléonore et Philippe sont cependant tendues du fait de la méconnaissance des Pays-Bas par le jeune souverain qui s’intéresse davantage aux affaires ibériques.

Ferdinand de Habsbourg tient un rôle de plus en plus important sur les années 1555-1556 dans les affaires du Saint-Empire, notamment en travaillant à obtenir un compromis entre les princes catholiques et les princes protestants de façon à ramener la paix dans les terres d’Empire à défaut de pouvoir raffermir aussi rapidement l’Église catholique ou de neutraliser définitivement les idées luthériennes. Ferdinand de Habsbourg est soutenu par son frère l’empereur dans ses démarches et doit notamment persuader Maurice de Saxe de consentir à des compromis. En parallèle de cette importante tâche, il parvient à obtenir l’héritage sur le duché de Vérone et achève de renforcer d’uniformiser le système administratif au sein des Terres Héréditaires. Il renforce ses liens avec Louis III avant de s’en faire un allié solide et le soutient dans sa volonté de s’affirmer et de renforcer son royaume. Il achève aussi durant la période d’uniformiser le système administratif au sein des Terres Héréditaires. Il parvient aussi à maintenir sa position de roi des romains et héritier de la couronne impériale après la houleuse Diète d’Augsbourg de l’automne 1555.
Ferdinand apprend la mort de son frère en novembre 1556 et assiste à Noël 1556 aux funérailles de ce dernier à Bruges. Du fait du traité de Worms de 1521 et de sa position de roi des Romains depuis 1530, Ferdinand devient empereur du Saint-Empire romain, sa position étant confirmée par la Diète impériale en février 1557 alors que le pape Clément VIII reconnaît sa position à l’automne 1557. Le nouvel empereur entreprend de résoudre la question du différend religieux au sein des terres d’Empire. Du fait de la puissante influence des princes protestants comme Maurice de Saxe, le nouvel empereur doit faire preuve de compromis et de pragmatisme, ce qui aboutit au traité d’Augsbourg de mai 1557 où il reconnaît le principe du Cujus regio, ejus religio, à savoir le statu quo dans la pratique des cultes catholiques et luthériens au sein des terres où ils sont prédominant et interdiction de promouvoir l’une et l’autre foi dans les autres régions. Ce traité permet d’apaiser les tensions entre les princes protestants et catholiques, même si certains comme Maurice de Saxe chez les princes protestants et Albert V de Bavière chez les catholiques sont en désaccord avec le principe du traité.
A ce succès qui permet d’assainir la situation sur le plan politique et religieux, Ferdinand entreprend de mettre en place les mêmes structures que dans ses domaines pour renforcer son autorité. C’est ainsi qu’il réactive à l’hiver 1557-1558 le Reichshofrat pour la gestion des affaires concernant la prérogative impériale et publie à l’automne 1558 un édit pour garantir que la gestion distincte des affaires impériales et dynastiques par deux groupes de fonctionnaires de la même institution. Il créé enfin en 1559 le Reichshofkanzlei (3) et la Hofkammer, la chambre des finances chargé de percevoir l’impôt impérial. A la différence de son frère qui se déplaçait sur l’ensemble de ses domaines, Ferdinand préfère demeurer à Vienne, permettant à cette dernière de renforcer son statut de capitale. Ferdinand travaille à maintenir la paix au sein du Saint-Empire tout en entreprenant de réconcilier les princes catholiques et protestants pour pouvoir mettre un terme aux divisions qui affectent l’empire et l’Église. Il continue aussi de gérer les domaines héréditaires au travers des administrations qu’il a mises en place au cours des trois décennies de règne.
Sur le plan diplomatique, Ferdinand renforce ses liens avec Louis III, à la fois dans le cadre des affaires impériales et dans la lutte contre les ottomans afin de préserver les domaines de son neveu. Ses relations avec Sigismond II de Pologne sont neutres et cordiales, alors que celles avec Charles IX de France sont assez distantes. Ses liens avec Philippe II sont compliquées à cause de la querelle successorale de la Diète d’Augsbourg de 1555, mais s’améliorent sur les années 1557-1559 et aboutissent notamment au mariage de sa fille Éléonore avec son neveu à l’automne 1559. Cela suscite quelques tensions avec Clément VIII sur la nature de l’union, même si une dispense pontificale lui est demandée. Les relations entre Ferdinand I et Clément VIII sont assez compliquées : la politique de compromis et de diplomatie de l’empereur envers les princes protestants est vue avec prudence et incertitude par le pape qui déplore une certaine retenue de la part de Ferdinand I dans l’application des idées du concile de Mantoue et lui reproche le traité d’Augsbourg. Les deux souverains ont cependant en commun le souci de contrer la menace ottomane au sud, la perspective de voir le royaume de Hongrie tomber aux mains de la Sublime Porte n’étant pas acceptée.

(1) Le petit-fils de Jean III est né le jour de la Saint-Alexandre 1554, quelques jours après le décès de son père.
(2) Charles Quint est né à Gand et était fier de son héritage bourguignon.
(3) Cette institution résulte de la fusion des chancelleries autrichiennes et impériales et est donc chargée de gérer les affaires des domaines héréditaires et impériaux.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 29 Avr - 11:08

Bonjour à tous !
Pour ce week-end, détour en Europe centrale et orientale. Dans cette partie, quelques tendances similaires à la réalité historique, mais un cadre bien différent pour de nombreux acteurs et des rapports de force plus nombreux et parfois complexes. Des acteurs historiques similaires, agissant plus tôt que dans la réalité historique ou inédits façonnent les rapports de force et l'identité des royaumes et territoires durant cette période.
J'espère que cette nouvelle partie saura vous plaire.
Bonne lecture à tous !

1555-1559 : Troubles en Europe centrale et orientale
La fin des années 1550 voient les royaumes d’Europe centrale et orientale connaître des fortunes diverses.

Durant les années 1555-1559, Louis III de Hongrie doit gérer de nombreux défis. Il cherche à affermir son autorité sur son royaume, mais doit faire face à la faction nobiliaire qui s’est développé durant les dernières années de son règne. Cette dernière cherche à reprendre ses anciens droits et à abolir les institutions mises en place par Louis II et de placer de nouveau le roi sous leur tutelle. Pour contrer ces intrigues et luttes d’influence, le roi s’appuie sur les voïvodes de Transylvanie, ses conseillers et sa mère pour protéger son autorité tout en cherchant à faire preuve de diplomatie et d’habilité pour apaiser les oppositions au sein de la cour royale. La question financière est aussi au cœur des oppositions et divisions au sein de la cour, une partie de la noblesse voulant amoindrir ou abolir le trésor royal institué par Louis II pour mieux organiser les finances du royaume. Durant la période, si la position de voïvode de Transylvanie est toujours répartie entre deux hommes, c’est Georges VI Báthory qui finit par s’imposer à partir de 1557 et à devenir une figure importante dans le royaume.
Le jeune roi cherche aussi à développer son autorité dans le royaume de Bohême, poursuivant la politique de son père pour affermir l’autorité royale. Sur les conseils de sa mère, il fait aussi preuve d’amnistie envers les hussites, cherchant à contrer l’expansion protestante en empêchant les représentants luthériens de trouver des alliés parmi ces derniers. Le traité d’Augsbourg de mai 1558 créé une situation particulière pour le roi de Hongrie et de Bohême du fait de sa foi catholique alors qu’une partie de la population est hussite. Cela l’amène à traiter avec ces derniers tout en développant une politique inspirée des décisions antérieures de son père et du concile de Mantoue.
Le principal défi de Louis III demeure cependant la menace que représente l’empire ottoman au sud. Les négociations avec la Sublime Porte sur l’année 1555-1556 n’aboutissent que sur la mise en place d’une trêve entre les deux royaumes, Louis III étant conseillé de ne pas céder aux pressions ottomanes mais n’étant pas en position de force pour pouvoir refuser toutes les exigences des Ottomans, notamment la reconnaissance de la suzeraineté ottomane. Le souverain hongrois bénéficie cependant d’une période de répit durant les années 1556-1559, les Ottomans portant de nouveau leur attention portée sur Rhodes, déterminés à laver leur défaite de 1522. Ce répit permet à Louis III de se concentrer sur les affaires de son royaume et à le renforcer. Cela n’empêche pas des incidents et heurts, notamment au niveau de la Slavonie et de la Croatie.
Sur le plan dynastique, Louis III et son épouse Marie parviennent à avoir deux enfants durant la période malgré de nombreuses fausses couches pour Marie. En avril 1555 naît la princesse Anne-Marie et en août 1559 naît un fils qu’ils nomment Vladislas en l’honneur du grand-père de Louis III. Il perd aussi au début de l’année 1558 sa mère Marie, cette dernière souffrant de problèmes cardiaques et très affaiblie suite à l’annonce du décès de son frère Charles à l'automne 1556.
Sur le plan diplomatique, Louis III renforce ses liens avec Ferdinand de Habsbourg, même s’il a ses désaccords sur la question du traité d’Augsbourg. Le roi hongrois est un des alliés les plus importants du nouvel empereur à partir de 1558, notamment pour continuer d’avoir son soutien contre les turcs. Cela l’amène aussi à entrer en contact avec la famille Fugger afin de pouvoir emprunter des fonds pour l’aider à réorganiser les finances du royaume et financer ses différents travaux, notamment dans l’amélioration des défenses contre les Ottomans. En tant que prince du Saint-Empire, il cherche aussi à développer des relations avec plusieurs princes d’empire, notamment Albert V de Bavière. Ses relations avec les princes protestants sont plus ambiguës, entre relations cordiales et méfiance, notamment avec Maurice de Saxe, le chef de file de la faction protestante. Il cherche aussi à renforcer ses liens avec la papauté afin de s’appuyer sur des alliés puissants face aux Ottomans. Il tisse ses relations avec Sigismond II de Pologne, même si les troubles dans la principauté de Moldavie contribuent à parasiter ces relations. Ses relations avec l’empire Ottoman demeure tendues et incertaines malgré la trêve et le relatif répit que son royaume bénéficie au cours de la période. Il demeure neutre et distant vis-à-vis des vassaux de l’empire ottoman, même s’il observe avec attention les aléas et tourments qui affectent ces deux territoires et laissant aux voïvodes de Transylvanie la possibilité de soutenir les factions hostiles à l’influence turque dans ces territoires, notamment Vlad IX et son demi-frère. Ses relations avec la Moldavie s’améliorent grâce à la volonté d’Étienne VI à vouloir tisser des liens avec le royaume de Hongrie par l’intermédiaire de la Transylvanie. La mort brutale d’Étienne VI contribue à bouleverser la situation et amène Georges VI Báthory à soutenir le jeune frère du prince, Constantin. Le décès de Pătraşcu en Valachie durant la même année permet à Louis III et les voïvodes de Transylvanie de soutenir à nouveau Vlad IX et ses alliés pour reprendre le pouvoir dans la principauté. Après la défaite et la mort de Vlad IX, les voïvodes de Transylvanie soutiennent son demi-frère, Radu Ilie, et bénéfice de l’arrivée de boyards qui s’exilent devant la cruauté du nouveau prince de Valachie, Alexandru II.

La principauté de Valachie connaît des aléas assez troubles durant la fin des années 1550. Le prince Pătraşcu affermit son autorité durant les années 1556-1557, même si une maladie au cours de l’année 1556 l’amène à séjourner à Ramnic sur les conseils de son médecin. Le prince valaque cherche à préserver son autorité de la menace que continue de représenter son rival, le prince déchu Vlad IX et ses alliés, tout en contentant les boyards dont les revendications le placent dans une posture compliquée vis-à-vis de la Sublime Porte. Il exprime aussi des critiques à l’encontre de l’ancien vizir Rüstem Pacha. Il observe avec vigilance et attention ce qui se passe en Transylvanie et en Moldavie, s’inquiétant notamment du potentiel rapprochement d’Étienne VI avec Louis III de Hongrie et les voïvodes de Transylvanie. La mort brutale d’Étienne VI au printemps 1557 amène Pătraşcu à chercher à soutenir le jeune prince Constantin, escomptant développer de bonnes relations avec ce dernier et le détacher des liens qu’il pourrait avoir avec les Hongrois.
La mort soudaine de Pătraşcu à l’automne 1557 suscite interrogations et troubles dans la principauté. Certains soupçonnent l’empoisonnement, soit par le vornic Socol, sur les ordres du grand vizir ottoman ou même des hongrois. Ces rumeurs et soupçons se renforcent alors que Socol s’impose en tant que prince de Valachie en novembre 1557. Ce dernier cherche à consolider son autorité et à obtenir le soutien des ottomans, mais doit faire face en décembre 1557 à une attaque de Vlad IX, ce dernier ayant l’aval et le soutien de Louis III et des voïvodes de Transylvanie pour tenter de récupérer le titre de voïvode de Valachie. Socol est abandonné par la majeure partie des boyards et doit fuir vers les terres ottomanes.
Après son succès, Vlad IX s’impose une nouvelle fois en tant que prince valaque. Il cherche à renforcer son autorité auprès des boyards, notamment ceux proches de sa famille et les Craoivescu par l’intermédiaire de son jeune demi-frère. S’il présente des garanties de loyauté envers l’empire ottoman au début de l’année 1558 pour assurer son pouvoir, il entreprend peu à peu de renforcer ses liens avec le royaume de Hongrie et la Transylvanie. Ses actions inquiètent les ottomans qui voient d’un mauvais œil le retour de ce prince soutenu par leurs adversaires hongrois. A l’automne 1558, les ottomans envoient une armée pour attaquer la principauté de Valachie. Vlad IX est défait par ces derniers et se fait capturer. Envoyé à Constantinople, il est exécuté sur les ordres de Soliman en janvier 1559.
Après leur succès, les Ottomans installent le jeune Alexandru Mircea. Ce dernier, âgé de presque trente ans au moment de son arrivée au pouvoir, est le fils de Mircea III Dracul et de Maria Despina et avait été élevé à Constantinople. Le nouveau prince cherche à affermir son autorité sur un territoire qu’il ne connaît pas et fait face à l’hostilité des boyards qui le considèrent comme un pantin des ottomans. Alexandru II doit faire face à une fronde violente d’une partie des boyards à l’été 1559 qu’il parvient à écraser grâce à l’aide des Ottomans en juillet 1559. Il n’hésite pas à exécuter plusieurs des boyards dissidents, amenant d’autres à s’exiler en Transylvanie, ralliant Radu Ilie, le demi-frère de Vlad IX.

La principauté de Moldavie connaît des bouleversements au cours des années 1555-1559. Étienne VI cherche à renforcer son autorité sur les boyards durant la période et à garder de bonnes relations avec l’empire ottoman. S’il parvient à affermir son autorité grâce à sa volonté d’imiter son père et d’éviter les égarements d’Ilie II, ses mœurs dissolues suscitent la désapprobation de ses boyards. Le prince moldave cherche à développer des relations avec Louis III de Hongrie, notamment pour garder une certaine indépendance vis-à-vis de la Sublime Porte et éviter les erreurs de son frère Ilie II. Le prince moldave parvient à établir des relations importantes avec Georges VI Báthory, ce dernier s’imposant comme le véritable voïvode de Transylvanie au cours de la période. Ce développement de relations force le prince déchu Alexandru III à rejoindre la Pologne en 1556. Les mœurs dissolues d’Étienne VI provoquent cependant sa perte, les boyards ne voulant pas avoir l’émergence d’un nouveau Ilie II dont les mœurs le placeraient sous la coupe des Ottomans. Un complot à son encontre finit par émerger durant l’hiver 1556-1557 et aboutit en mars 1557 à l’assassinat d’Étienne VI.
L’assassinat d’Étienne VI précipite une crise politique dans la principauté moldave : si le successeur potentiel d’Étienne VI est son frère Constantin, ce dernier est âgé d’une quinzaine d’années et doit faire face aux ingérences de ses différents voisins, notamment ottomanes et polonaises, et aux intrigues des boyards. Parmi les intrigants figurent le prince déchu, Alexandru III Muşatini, soutenu par les polonais. Ce dernier tente de s’emparer du pouvoir en avril 1557 et manque d’obtenir le ralliement d’une bonne partie des boyards. Constantin parvient à maintenir sa position de prince grâce au soutien d’Ioan Joldea, « Grand Écuyer » des voïvodes de Moldavie ayant la confiance de la mère de Constantin, Elena Branković, et de l’aide du prince Pătraşcu de Valachie. Alexandru est défait début mai 1557 et est tué peu après. Après ce succès, Constantin est aidé par sa mère et Ion Joldea à affermir son autorité et à gagner la confiance des boyards, ces derniers étant devenus quelque peu méfiants vis-à-vis de la lignée des Mușat avec les déboires et les scandales attachés à Ilie II et Étienne VI. Constantin reprend la politique de son frère à se rapprocher de Georges VI Báthory et de Louis III de Hongrie et tire profit des troubles qui frappent la Valachie sur l’hiver 1557-1558 pour se détacher quelque peu de la tutelle ottomane. Son autorité demeure cependant fragile, notamment du fait du rôle important et croissant d’Ioan Joldea, ce dernier s’étant marié à Ruxandra, la sœur de Constantin à l’automne 1557. Le Grand Écuyer occupe une position très importante dans la principauté et a la confiance de la mère de Constantin et du grand Vornic Gavril Movilă et de l’hetman Ion Sturdza. Son absence d’appartenance à la famille princière en dehors de son mariage et à l’aristocratie suscite cependant la méfiance des boyards qui le perçoivent comme le véritable souverain de la principauté en présence de la mère de Constantin. Des rumeurs accusent la mère de Constantin et son nouveau beau-fils d’être amants du fait du lien de confiance entre Elena Branković et le Grand Écuyer. Certains des boyards complotent contre le Grand Écuyer et la reine, considérant ces derniers nocifs pour le jeune prince.

La fin des années 1550 est assez stable et pérennes pour le royaume de Pologne, même si la fin de la période le voit intervenir dans d’autres territoires, contribuant à les affecter. Sigismond II continue de gouverner avec diligence son royaume, s’assurant la confiance de l’aristocratie polonaise et pouvant obtenir d’importants fonds de la Sejm. Il doit cependant compter sur son frère Casimir qui en tant que duc de Mazovie, joue un rôle important dans la diète polonaise. Ce dernier consolide sa position de duc de Mazovie grâce à son mariage avec Sophie Odrowąż même s’il est en rivalité avec le comte Jan Krzysztof Tarnowski, secrétaire de son frère et prétendant à son épouse. Sigismond II parvient à restreindre l’influence des idées luthériennes au sein de son royaume et lutte avec fermeté contre celles de Calvin. Sur le plan dynastique, Sigismond et son épouse Anne ont deux filles, Élisabeth en juin 1556 et Suzanne en octobre 1558. Avec le soutien de son épouse, Sigismond II renforce son autorité tout en s’assurant la loyauté de l’aristocratie polonaise. Le souverain polonais poursuit aussi une importante politique de mécénat, poursuivant celle de son père pour développer l’art inspiré de celui d’Italie.
Sur le plan diplomatique, Sigismond II développe d’importantes relations avec Ferdinand de Habsbourg et Louis III de Hongrie, notamment pour assurer la pérennité du royaume du second face à la menace ottomane. Les relations avec le roi de Hongrie connaissent cependant un point d’achoppement en 1557 à cause des troubles dans la principauté de Moldavie : la mort brutale d’Étienne VI offre aux polonais une opportunité de replacer la principauté sous leur influence en tant que vassal, les amenant à soutenir de nouveau Alexandru III Muşatini contre son cousin, le jeune prince Constantin, ce dernier étant soutenu par Georges VI Báthory de Transylvanie. Alexandru est défait et tué en mai 1557, mettant un terme aux projets polonais.
Durant la même période, Sigismond II est impliqué dans une crise qui affecte la confédération de Livonie : l’archevêque de Riga, Guillaume de Brandebourg-Ansbach, et son coadjuteur Christophe de Mecklembourg-Gadesbuch sont fait prisonniers par l’ordre de Livonie. Alors que Sigismond II et d’autres souverains cherchent à résoudre la crise de manière diplomatique, le souverain polonais a de profonds désaccords avec les représentants de Christian III. L’assassinat de son envoyé par le fils du Grand-Maître de l’ordre l’amène à intervenir militairement et à envahir la Livonie. Il force les deux partis à se réconcilier, permettant la libération et le rétablissement de Guillaume de Brandebourg et du duc Christophe de Mecklembourg-Gadesbuch à la tête de l’évêché de Riga. Au traité de Pozwol (1) à l’automne 1557, la confédération de Livonie se place sous la protection de la couronne polonaise. Ce traité précipite les hostilités avec la Russie, cette dernière envahissant la Livonie en 1558-1559. Un premier traité de Vilnius en 1559 renforce la position de protecteur du royaume de Pologne sur la Livonie, mais ce traité est rejeté par le Sejm du royaume de Pologne, ses représentants considérant que cette question ne concerne que le grand-duché de Lituanie.

Durant les années 1555-1559, Ivan IV renforce son autorité sur la Russie. Il s’empare ainsi du khanat d’Astrakhan en 1556, lui permettant d’étendre son territoire le long de la Volga. Il fait bâtir une forteresse en 1558 pour remplacer l’ancienne capitale du khanat. Sur le plan intérieur, il poursuit ses réformes, notamment en limitant la mobilité des paysans. Sa lignée se renforce durant la période avec la naissance des princes Ivan et Feodor en 1554 et 1557 et de la princesse Eudoxia en 1556, même si cette dernière meurt en 1558.
Sur le plan diplomatique, Ivan IV est impliqué dans différents conflits durant la période. Entre 1555 et 1557, le tsar est opposé à Gustave I de Suède suite aux incidents frontaliers des années précédentes et des luttes d’influence entre leurs royaumes respectifs sur le territoire de la Livonie. Il envoie en 1555 vingt mille hommes attaquer le duché de Finlande, forçant les maigres défenses du duché à se replier. Peu après, son armée est confrontée à des renforts suédois qui attaquent la forteresse de Chlisselbourg. Les russes les repoussent et en profitent pour mener des razzias, notamment sur Vyborg. Des pourparlers s’engagent à partir de 1556 pour mettre un terme au conflit qui s’avère ruineux et pour rétablir les liens commerciaux entre les deux royaumes. Un traité est finalement signé à Novgorod au printemps 1557 : une trêve russo-suédoise d'une échéance de quarante ans y est ratifiée alors que la Suède convient de ne pas appuyer la Livonie ou le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie en cas d'une guerre entre ceux-ci et la Russie.
Ses relations avec le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie demeurent tendues et se dégradent en 1557 lorsque la Livonie devient vassale de Sigismond II par le traité de Pozwol, renforçant le royaume de Pologne et rendant ce dernier encore plus menaçant pour le tsar. Peu après la fin du conflit contre la Suède et la ratification du traité de Pozwol par la Livonie, Ivan IV rassemble une armée pour attaquer la confédération au début de l’année 1558. Soutenus par des princes tatars et leur allié le khan de Qasim, les russes sont accueillis en libérateurs par les livoniens qui ne supportent plus la domination des ordres teutonique et de Livonie. Durant la campagne de 1558, Ivan IV et ses forces s’emparent de plusieurs forteresses, dont Narva et Dorpat, et assiège Reval (2). Les forces livoniennes reprennent une partie de ces forteresses, notamment Wessenberg. Les russes conservent cependant Narva et Dorpat. En 1559, Ivan IV envoie son armée pour une nouvelle campagne sur la Livonie, en direction de Riga.

(1) Dans ce traité signé à l'automne 1557, Guillaume de Brandebourg-Ansach est rétabli dans ses anciennes fonctions d'archevêque, avec confirmation de sa liberté et de tous ses droits antérieurs. La Livonie rétablit ses relations avec la Lituanie et les deux royaumes concluent un pacte de défense et d'offense. Le nouveau grand maître, Wilhelm von Fürstenberg, signe l'alliance au nom de l'ordre et ratifie les deux autres traités le 14 septembre avec d'autres membres de l'ordre.
(2) Nom ancien de Tallinn.
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Message par Yodarc Mer 3 Mai - 0:10

J'ai fait quelques petites retouches notables sur la partie concernant la partie 1550-1554 sur les territoires d'Afrique du Nord et d'Orient concernant le conflit turco-persan.
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Message par Yodarc Sam 6 Mai - 10:22

Bonjour !
Pour ce week-end, passage en Scandinavie pour voir comment les royaumes nordiques évoluent dans la fin des années 1550. Si quelques récurrences similaires à la réalité historique sont présentes, la configuration dynastique et politique de la région créent de nouvelles dynamiques qui impactent la manière dont chaque royaume évolue et dont chacun des souverains gouvernent et prennent leurs décisions. Une époque touche à sa fin pour certains de ces royaumes alors que de nouveaux enjeux commencent à émerger.

J'espère que cette partie saura vous plaire et intéresser.
Bonne lecture à vous tous !

1555-1559 : Dans les royaumes scandinaves
La fin des années 1550 est pour les royaumes scandinaves une période de stabilité et de prospérité, même si certains événements les affectent.

Le royaume de Norvège connaît durant les années 1555-1559 un renouveau après les difficultés et les défis des deux décennies précédentes suite à son indépendance tumultueuse. Jean II gouverne avec efficacité et autorité, étant parvenu durant la période à obtenir la loyauté du clergé catholique et de la noblesse norvégienne renouvelée par l’anoblissement de nouvelles familles pour remplacer celles demeurées restées au Danemark après la fin de la Guerre des Deux Rois. Le souverain s’appuie sur le Riksråd qui lui est entièrement dévoué et poursuit la réforme politique, économique et administrative de son royaume afin de le renforcer et de lui permettre de survivre, notamment face à la menace potentielle que continuent de représenter ses voisins, notamment Christian III du Danemark qui a préservé dans ses armoiries les symboles de la couronne norvégienne, indiquant la persistance de ses revendications sur la couronne de Norvège. Seuls les derniers représentants de la noblesse dano-norvégienne demeurée en Norvège s’opposent à ses réformes, craignant de voir leur influence et pouvoir disparaître. Il renforce peu à peu le Landelove mis en place par son père tout en préservant la confiance du haut clergé qui conserve une influence considérable au sein du royaume. Pour s’assurer la loyauté de la nouvelle noblesse norvégienne qui s’est constituée autour de lui, Jean II s’inspire de l’ordre de la Toison d’Or dont son oncle Charles Quint est le Grand Maître, pour créer en juillet 1557 l’Ordre de Saint-Olav.
Le royaume connaît une importante prospérité grâce au renforcement du commerce en direction des Pays-Bas espagnols et du développement des relations avec les royaumes britanniques. Le royaume bénéficie aussi de l’influence qu’elle possède en Mer du Nord du fait de la possession des îles Féroé et de l’Islande, lui permettant de développer l’activité de pêche. Les norvégiens tissent des relations avec le royaume de France, notamment du fait de l’envoi au cours de la période de pêcheurs en direction de Terre-Neuve pour pêcher la morue. Le développement de l’activité de pêche amènent notamment les islandais à mener de nombreuses incursions le long des côtes du Groenland. A partir de 1558, les pêcheurs islandais érigent Heilagurjón. Cette dernière est la première colonie scandinave depuis la disparition d’Herjolfsnæs quelques années auparavant. Du fait des conditions climatiques locales, de la disparition des communautés scandinaves locales et de l’éloignement du Groenland, Heilagurjón ne sert que de lieu d’escale pour les pêcheurs norvégiens et islandais. Le développement de la pêche dans les eaux locales amène cependant les autorités islandaises à y porter de nouveau leur attention. Jean II a vent des informations sur le Groenland et la disparition des communautés scandinaves qui y vivaient et souhaite organiser une expédition pour découvrir ce qui s’y trame, mais aussi pour raffermir l’autorité de la couronne norvégienne sur une terre qui fait nominalement partie du royaume. Ce projet l’amène à réfléchir à la possibilité d’un projet de trouver un passage au nord-ouest pour rallier l’Asie.
Sur le plan religieux, le clergé catholique continue de jouer un rôle notable au sein du royaume alors que l’application des décisions du concile de Mantoue a contribué à grandement affaiblir les discours luthériens alors que les prédicateurs luthériens s’exilent vers les royaumes de Suède et de Danemark quand ils ne sont pas arrêtés, voire exécutés. S’il défend la foi catholique en son royaume, Jean II s’efforce aussi de neutraliser progressivement l’influence du haut clergé pour pouvoir renforcer son autorité et renforcer les recettes du trésor royal alors qu’il dépend encore des emprunts des Fugger.
Sur le plan diplomatique, Jean II maintient d’importantes relations avec les Habsbourg, notamment sa belle-mère Éléonore de Habsbourg du fait des importantes relations commerciales entre leurs territoires respectifs. Il développe des relations avec Ferdinand I du Saint-Empire romain à partir de 1558. Ses relations avec les îles britanniques sont très importantes, tout particulièrement avec le royaume d’Écosse avec notamment le mariage de son fils Charles avec la sœur de Jacques VI, Anne, à l’automne 1559. Il tisse aussi des relations avec le royaume de Pologne, désireux d’avoir des alliés et soutiens importants alors que la menace de ses deux voisins scandinaves demeure. Il cherche à profiter de l’échec des négociations matrimoniales entre Sigismond II et Gustave I pour proposer sa fille Éléonore comme épouse pour le prince Casimir en 1558. Le projet échoue, amenant le souverain norvégien à chercher d’autres partis pour sa fille, notamment auprès de son oncle Ferdinand I. Ses relations avec les royaumes de Danemark et de Suède sont toujours neutres et incertaines, mais la mort de Christian III suscite interrogations et incertitudes concernant les intentions de son successeur, Frédéric II. Il conserve des relations assez cordiales avec Jean-Albert I de Mecklembourg-Guströw, cherchant même à intervenir dans la querelle qui l’opposait à son frère Ulrich.

Le royaume de Danemark connaît une période de tranquillité et de prospérité durant la fin des années 1550. Christian III achève de renforcer son autorité, de développer la flotte danoise et de transformer le château de Sønderborg en un style renaissance. Grâce au détroit de l’Øresund, le souverain danois peut tirer profit d’un grand avantage économique et cherche à développer le commerce vers la mer Baltique, l’accès à la mer du Nord étant restreint par l’existence du royaume de Norvège. Le souverain danois doit cependant gérer les défis que soulève le renforcement de l’Église catholique post-concile de Mantoue dont le dynamisme et les discours représentent un danger pour son autorité et sur l’église luthérienne de Danemark. Le souverain peut s’appuyer sur les penseurs et prédicateurs exilés venant de Norvège ou des îles britanniques pour consolider l’église luthérienne danoise et contrer le catholicisme mantouan. Le bannissement des représentants du clergé catholique de son royaume a aussi beaucoup contribué à affaiblir l’influence des idées du concile de Mantoue sur ses terres.
Christian III s’éteint début janvier 1559. Son fils aîné, Frédéric, lui succède et est couronné par un surintendant danois en août 1559 après avoir signé son haandfæstning (1). Un des premiers hauts faits du nouveau souverain est d’avoir soutenu ses oncles Jean et Adolf dans une campagne militaire pour soumettre la petite république paysanne du Ditmarschen. Cette campagne se conclut rapidement sans coût conséquent pour le royaume. Ses relations avec le conseil royal sont plutôt tièdes, notamment du fait de son absence au moment du décès de Christian III, mais le succès rapide dans le Ditmarschen et la nécessité de maintenir la stabilité et la paix dans le royaume amène à une collaboration importante entre le roi et ses conseillers.
Sur le plan diplomatique, Christian III maintient d’importantes relations avec Charles Quint, puis avec Ferdinand I du fait de sa politique de non-ingérence mise en place depuis le traité de Ratisbonne. Cette politique de non-ingérence est cependant mise à mal avec l’accueil d’Élisabeth I et d’Édouard fuyant en exil en 1556. Le roi danois hésite à accueillir les deux exilés et leurs proches, mais accepte de le faire tout en se contentant de les accueillir et de ne point soutenir leurs revendications. Le souverain danois conserve des relations neutres mais cordiales avec les princes protestants du Saint-Empire, notamment son beau-fils Albert I de Prusse. Ses relations avec le royaume de Suède sont en revanche plus complexes : si les deux royaumes conservent une alliance militaire contre le royaume de Norvège et Lübeck, la concurrence commerciale dans la mer Baltique et les griefs dynastiques qui persistent notamment sur le maintien des symboles de la couronne de Suède sur les armoiries de Christian III. Ses relations avec Jean II de Norvège sont aussi distantes et compliquées du fait de leurs revendications réciproques. En 1556-1557, Christian III cherche à résoudre par la médiation diplomatique la crise livonienne avant que Sigismond I de Pologne n’y intervienne militairement.
A son arrivée sur le trône, Frédéric II est témoin du conflit naissant en Livonie. Ses relations avec le royaume de Suède sont difficiles du fait de la rivalité économique forte entre leurs deux royaumes dans la mer Baltique. Ses relations avec Jean II de Norvège sont aussi compliquées du fait des revendications qu’ils ont sur chacun de leurs royaumes, même si la noblesse danoise et les conseillers royaux ne sont guère enclins à un conflit.

Le royaume de Suède connaît une période de stabilité au cours des années 1555-1559, Gustave I achevant d’affermir son autorité sur le royaume et l’Église de Suède. Son royaume est désormais prospère grâce à ses différentes politiques, au renforcement de l’administration royale et au développement d’échanges commerciaux avec ses voisins. Sa cour est devenue assez notable avec la présence de différents penseurs luthériens venant de régions de la Chrétienté où les souverains combattent la diffusion des idées de Luther et des autres prédicateurs protestants. S’ils sont en désaccord avec la manière de gérer l’Église de Suède par Gustave I, ces penseurs jouent un rôle notable dans le développement de l’université d’Uppsala et compense en partie les contraintes que subit le royaume sur le plan administratif faute d’effectifs suffisants pour assurer une gouvernance qui cherche à être efficace et à affermir l’autorité royale.
Sur le plan dynastique, Gustave I est cependant vieillissant alors que sa santé décline, aggravée notamment par des infections chroniques dans la mâchoire et dans une de ses jambes. Préparant sa succession et cherchant à affermir certaines de ses décisions politiques, il accorde à ses deux fils différents titres et responsabilités. En 1556, il charge son jeune fils Jean de la responsabilité du duché de Finlande afin de l’ancrer davantage dans le royaume. L’année suivante, il confère à son héritier Eric les titres de duc de Kalmar, Kronoberg et Öland. Il cherche aussi à marier ce dernier, soutenant notamment la démarche d’Eric à épouser Anne de Saxe, la fille du Grand Électeur de Saxe. Les négociations sont cependant difficiles du fait de la position particulière d’Anne mais aussi de l’opposition des Habsbourg et des hésitations de l’électeur de Saxe du fait de la position d’héritière de sa fille pour ses domaines. Le projet est abandonné au printemps 1557, mais Gustave I décide de soutenir l’idée du projet matrimonial avec une des familles d’empire pour développer les liens de son royaume et affermir sa position alors que les mouvements luthériens paraissent s’essouffler ou sur la défensive. Cela aboutit en 1558 à des négociations avec Philippe de Hesse (2). A la différence des négociations autour du mariage d’Eric avec Anne de Saxe, ces négociations matrimoniales aboutissent et à l’été 1558, Eric épouse Élisabeth de Hesse. Le couple princier voit la naissance d’un premier enfant, une fille, Marie-Cécile, en juin 1559. Durant la même période, il signe un traité commercial avec Edzard II de Frise orientale, aboutissant notamment au mariage de sa fille Catherine avec ce dernier à l’automne 1559. L’accord et le mariage sont cependant entachés par le scandale du Vadstenabullret : le frère d’Edzard II, Jean II, est surpris une nuit dans la chambre de sa belle-sœur Cécile, ce qui lui vaut d’être arrêté. Gustave I prend mal la nouvelle, reprochant à Catherine et son beau-fils de ne pas avoir restreint Cécile et à Magnus d’avoir mal géré la situation en contribuant à sa révélation publique. Le roi salue cependant sa belle-fille Élisabeth de Hesse pour avoir cherché à préserver la réputation de Cécile.
Sur le plan diplomatique, Gustave I doit gérer le conflit l’opposant à Ivan IV suite aux incidents frontaliers des précédentes années. Il envoie des renforts pour défendre le duché de Finlande et le coût du conflit l’amène à entreprendre des pourparlers qui aboutissent au traité de Novgorod au printemps 1557 mettant en place une trêve entre les deux puissances et l’engagement du roi de Suède à ne pas soutenir la Livonie ou le royaume de Pologne en cas de conflit opposant la Russie à ces derniers.
En dehors de ce conflit, Gustave I continue d’entretenir d’importantes relations avec ses différents voisins. Ses liens avec les princes protestants sont importants, notamment du fait de ses deux négociations matrimoniales pour son fils Eric. Ces relations sont d’autant plus importantes que sa cour est remplie de penseurs luthériens exilés des différents coins de la chrétienté. Il maintient sa politique de neutralité tout en ayant des relations complexes avec les deux autres souverains scandinaves, Jean II et Christian III. Avec le premier, la différence religieuse contribue à nourrir des relations difficiles et tendues et l’inquiétude de voir l’héritier de Christian II chercher à revendiquer le retour de l’Union de Kalmar parcourt la cour suédoise. S’il est allié avec Christian III, notamment pour contrer la menace potentielle de Jean II, Gustave I se montre cependant distant avec ce dernier du fait de l’importante politique de neutralité que ce dernier mène, mais surtout du fait du maintien des revendications dynastiques de ce dernier sur la couronne suédoise au travers des symboles arborés par la couronne danoise. Les relations avec le royaume du Danemark se distendent davantage après la mort de Christian III et l’avènement de Frédéric II.

(1) Un haandfæstning est une charte que les rois de Danemark signaient au début de leur règne afin de pouvoir assurer la reconnaissance de leur autorité par la noblesse. A la différence de la Magna Carta anglaise, le haandfæstning n'est pas unique, étant "renouvelé" à l'avènement de chaque nouveau roi (dépendant notamment du degré d'exigence des nobles), même s'ils ont la même base commune : le roi devait promettre qu'il gouvernerait comme un roi juste, qu'il coopérerait avec la noblesse, qu'il n'emprisonnerait jamais un homme libre, que tous les postes importants (ce que l'on appellerait aujourd'hui des "postes de ministre") et toute l'administration locale ne seraient occupés que par des nobles, et que les questions de guerre et de paix dépendaient de l'acceptation de la noblesse. Ces chartes ont souvent servi de base solide de pouvoir pour les rois danois durant leur règne. Le premier document de ce type est signé par Eric V de Danemark en 1282 et le document est utilisé comme charte de couronnement à partir de 1320.
(2) Historiquement, il y a eu un projet de mariage entre Eric XIV et Christine de Hesse qui n'a pas abouti. Dans le contexte de cette réalité alternative,Christine de Hesse n'existe pas à cause de la captivité "précoce" de Philippe de Hesse par Charles Quint (entre 1539 et 1547 et non pas entre 1547 et 1553 comme c'est le cas historiquement), faisant d’Élisabeth, (née au début de l'année 1539) la dernière enfant du landgrave de Hesse (et historiquement, elle est mariée en 1560 au duc Adolf de Holstein-Gottorp, ce qui dans le contexte de cette réalité alternative en fait une candidate plausible pour Eric). Enfin, le contexte dynastique, politique et religieux de cette réalité alternative influe sur les alliances matrimoniales destinées à affermir la légitimité de certaines lignées ou à se trouver des alliés pour contrer des rivaux et adversaires, notamment dans un besoin de défendre des positions politico-religieuses.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 13 Mai - 10:16

Bonjour à tous !
Aujourd'hui on clôt les années 1550 avant d'aborder les années 1560, la dernière décennie abordée dans ce récit. Dans la partie de ce jour, détour en Afrique du Nord et en Moyen-Orient pour voir comment les rapports de force entre les royaumes musulmans et leurs voisins chrétiens. Des acteurs s'affermissent, d'autres connaissent des déboires et atermoiements et d'autres cherchent à se réorganiser après des périodes compliquées ou marqués par de nombreux conflits. Des échos encore similaires à la réalité historique, mais désormais fort distincts du déroulé historique.

J'espère que cette nouvelle partie saura vous plaire.

Bonne lecture à tous !


1555-1559 : Royaumes et empires d’Islam
La fin des années 1550 est une période de transition pour les différents royaumes et empires musulmans d’Afrique du Nord et d’Orient.

Durant les années 1555-1559, Mohammed ech-Cheikh renforce son autorité sur le royaume du Maroc. S’il continue de mener des raids contre le sultanat zianide de Tlemcen, le sultanat koukou et les enclaves ibériques, le sultan cherche à développer son royaume dans le but de le rendre suffisamment puissant pour faire face au royaume d’Espagne. Il concentre une partie de ses raids contre les enclaves portugaises, cherchant notamment à s’emparer de l’enclave de Mazagan en 1556, mais les portugais parviennent à repousser ses attaques au prix d’un siège difficile. Au printemps 1557, Mohammed rassemble une armée et mène campagne contre le sultanat de Tlemcen pour l’incorporer dans le royaume chérifien et s’avancer sur Alger. Il reprend Oujda en juillet 1557 et entreprend de s’emparer de l’Oranais, tirant profit du soutien de la population locale hostile à l’ingérence espagnole dans la région. En août 1557, son armée s’empare de nouveau de Tlemcen et renforce son emprise sur la région. Après ce succès, Mohammed ech-Cheikh revient sur Fès. Le sultan se fait cependant vieillissant et prépare sa succession en désignant son fils Abdallah el-Ghalib en tant que son successeur. Son vieillissement l’amène à ne plus mener de campagnes militaires dans les dernières années de la décennie, se consacrant à affermir son autorité et à bien organiser son royaume.

Le sultanat zianide de Tlemcen connaît une situation inconfortable à la fin des années 1550. Devant faire face à la soif expansionniste des Saadiens du Maroc, Al Hassan ben Abu Muh doit s’appuyer sur les espagnols et les koukous, le rendant très dépendants de leur aide et influence. Cette situation de dépendance fragilise son autorité face aux populations locales qui voient d’un mauvais œil la déliquescence de l’autorité zianide dans la région. Les tribus berbères se montrent tout particulièrement réticentes voire hostiles à la situation, préférant mener eux-mêmes leurs affaires plutôt que de s’en remettre à l’autorité du sultan.
La situation incertaine et tendue du sultanat vole en éclat en 1557 lorsque Mohammed ech-Cheikh l’attaque de nouveau avec son armée. Oujda est perdu en juillet 1557 et la population locale ne semble peu disposée à aider la dynastie zianide à se défendre. Abandonné par ses sujets, Al Hassan ihn Abu Hammou fuit de sa capitale pour rallier Oran et demander de nouveau l’aide des espagnols. Il demeure l’hôte du gouverneur d’Oran jusqu’à son décès au début de l’année 1559, mettant un terme à la dynastie zianide.

Le sultanat koukou connaît dans la fin des années 1550 une situation assez particulière. D’un côté, le royaume connaît une relative prospérité, notamment grâce à ses échanges avec les espagnols et le royaume de Beni Abbés à l’ouest. Mais de l’autre, le royaume connaît de nombreux défis, le principal étant les raids menés par les marocains au cours de la période et la disparition du sultanat de Tlemcen en 1557 qui renforce la menace marocaine contre eux. La menace du royaume chérifien les amène à renforcer leurs liens avec les enclaves espagnoles, même si cela suscite la désapprobation et l’hostilité d’une partie des populations locales qui n’apprécient guère la présence et l’influence espagnole dans la région.

Le royaume de Beni Abbés connaît une période de stabilité et de prospérité importantes durant les années 1555-1559. Tout en se consolidant et s’étendant vers le sud, le royaume tisse des relations importantes et complexes avec ses voisins. Le royaume koukou demeure un rival, mais la menace marocaine à l’ouest permet à El Abbès d’affermir l’emprise de son royaume sur la région de Bejaïa tout en développant des relations plus cordiales avec son voisin kabyle. Avec le califat hafside, les relations sont plus ambiguës du fait des incursions des berbères dans les territoires officiellement sous le contrôle des Hafside et le ralliement au cours de la période de certaines tribus berbères à l’autorité d’El Abbès. Le sultan berbère entretient des relations distantes et ambiguës avec les espagnols, résultant notamment de la distance prise entre le royaume kabyle et la côte méditerranéenne à l’exception notable de Bejaïa. Durant cette période, El Abbès poursuit la modernisation de son royaume et de son armée, désireux de pouvoir s’émanciper de l’influence espagnole et s’affirmer comme un acteur à part entière dans la région.

Le califat hafside entre dans une période d’incertitude durant la fin des années 1550. Abû al-`Abbâs Ahmed III al-Hafsi est dans une situation compliquée du fait du traité de 1549 qui l’a prévenu de s’émanciper de l’influence espagnole et brisé ses efforts pour développer des liens avec l’empire ottoman pour chercher à préserver son autorité dans son royaume. Le calife doit faire face à la fronde d’une partie de la population locale, notamment dans l’arrière-pays où son autorité s'étiole, voire s'effondre. Son autorité se concentre surtout sur la côte et les cités échappant au contrôle des espagnols alors que certaines provinces préfèrent s’émanciper de son autorité ou rallier le royaume de Beni Abbés. Ses relations avec les espagnols est compliquée et houleuse, le risque d’ingérence de ces derniers étant forte notamment du fait qu’ils aient certains membres de sa famille qu’ils pourraient soutenir. Le calife parvient cependant à proroger le traité début 1555. La mort de Charles Quint et l’avènement de Philippe II contribuent à renforcer les relations complexes entre le califat hafside et le royaume d’Espagne alors que ce dernier entreprend d’affermir sa présence en Méditerranée occidentale. Abû al-`Abbâs Ahmed III al-Hafsi entretient des relations compliquées avec le royaume de Beni Abbés, ce dernier se renforçant à l’ouest grâce notamment au ralliement de certaines provinces à El Abbès.

L’empire ottoman connaît une période de transition à la fin des années 1550. Soliman poursuit le conflit contre la Perse séfévide sur les années 1555-1556, devant notamment faire face à quatre armées qui évitent l’affrontement avec ses propres forces. L’impasse dans laquelle les deux empires se trouvent et leur épuisement amènent Soliman à négocier un traité de paix avec les perses. Cela aboutit à la paix d’Amasya de mai 1556 : l'Arménie et la Géorgie sont divisées en parts égales entre les deux pays, l'Empire ottoman confirme leur domination sur la plus grande partie de la Mésopotamie, y compris Bagdad, ce qui lui donne accès au golfe Persique. A l’inverse, la Perse Séfévide reprend le contrôle de la région de leur leur ancienne capitale Tabriz et préserve celui de tous leurs autres territoires du nord-ouest du Caucase, tels qu'ils étaient avant les guerres, comme le Daghestan.
Après ce traité de paix, Soliman reçoit au cours de l’année 1556 des représentants de Louis III de Hongrie. Bien qu’étant libéré de son conflit face aux perses, Soliman décide de traiter avec le nouveau roi de Hongrie, son empire ayant connu plusieurs décennies de conflits aux résultats aléatoires et le souverain désormais sexagénaire se fait vieux. Les négociations entre les deux souverains sont difficiles, Soliman exigeant du roi de Hongrie la reconnaissance de la Sublime Porte comme suzerain de la Hongrie et le paiement d’un tribut. Une trêve est finalement signée en février 1557 entre les deux territoires, même si des heurts et troubles continuent d’affecter la Slavonie et la Croatie.
Sur les dernières années de 1550, Soliman se concentre sur les affaires de son empire, notamment dans sa gestion administrative, mais aussi sur les enjeux de succession. L’exécution de Mustafa en 1554 et la disparition de Cihangir dans la même période laisse Selim et Bayezid comme prétendants à la succession. Conscient de la rivalité de ses deux fils survivants pour le trône, Soliman décide durant la période de changer les lieux de service de ces derniers : Selim change de Manisa à Konya tandis que Bayezid change de Kütahya à Amasya. Si Selim obéit à son père, Bayezid n’obéit qu’avec hésitation, Amasya ayant été le sandjak de son frère Mustafa, ce qu’il perçoit comme une humiliation. Les réticences de son fils irritent Soliman qui accuse Bayezid de rébellion à son encontre. Cela aboutit à une lutte opposant Selim à son frère, le premier étant soutenu par Sokollu Mehmet Pacha et son père.
Les ottomans sont cependant confrontés dans les années 1557-1558 aux troubles qui affectent de nouveau la principauté de Transylvanie après la mort du prince Pătraşcu. Le retour de Vlad IX au pouvoir et sa volonté de se rapprocher du royaume de Hongrie et de briser son lien de vassalité avec la Sublime Porte est vu d’un mauvais œil par les ottomans qui envoient une armée en 1558 pour le neutraliser. Ils défont le prince valaque, le capturent et l’envoient à Constantinople où Soliman ordonne son exécution début 1559. Après avoir vaincu et neutralisé la principale figure qui pouvait entraver leur influence dans la principauté, les Ottomans installent Alexandru Mircea sur le trône valaque.
Durant la période, l’empire ottoman achève de réorganiser l’Égypte, stabilisant le territoire et affermissant notamment de nouveau leur contrôle sur le Cyrénaïque qui avait été laissé à l'abandon après la reconquête de 1538-1540. En plus de pacifier la région et de l'intégrer de nouveau dans leur domaine, les ottomans consolident leur flotte en mer Rouge, ce qui leur permet de renforcer la forteresse de Farassan et de mener une lutte brutale contre les Portugais, menant notamment des raids contre les côtes yéménites pour prévenir toute potentielle attaque portugaise contre La Mecque et tenter de chasser leurs rivaux de la région. En Méditerranée, les Ottomans renforcent aussi leur flotte, développant une base à Derna durant la période à partir de laquelle Dragut mène des raids contre Tripoli, Malte et Djerba. D’autres raids sont menés contre les côtes italiennes, notamment la Calabre.

Durant la fin des années 1555, l’empire perse connaît une période d’apaisement après la longue période de défi et de conflit avec l’empire ottoman. Si les années 1555-1556 sont encore marqués par les affrontements avec les armées de Soliman et des raids contre les territoires ottomans, l’attrition et l’incapacité des perses et des turcs à vaincre l’autre camp amènent les deux empires à négocier la paix, ce qui aboutit à la paix d’Amasya de mai 1556. Si l’empire perse doit renoncer la partie occidentale du Caucase et à la Mésopotamie, il conserve la partie orientale et le nord-ouest, notamment le Daghestan, et récupère Tabriz. Après ce traité, Tahmasp I se concentre sur les affaires de son empire. Il cherche aussi à établir sa domination sur les territoires de Géorgie qu’il contrôle en imposant un certain nombre d’institutions politiques et sociales iraniennes en plaçant des convertis à l’Islam sur les trônes de Kartli et de Kakheti. Le changement de capitale du fait du conflit face à aux ottomans permet à Tahmasp de renforcer la centralisation de son empire, mais aussi de faire venir de nouveaux collaborateurs qui n’avaient aucun lien avec les tribus turcomanes desquelles il cherche à s’émanciper. Le shah permet le développement de Qazvin qui est associé à l’orthodoxie et à une gouvernance stable.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 20 Mai - 10:44

Bonjour à tous !

Aujourd'hui débute la dernière décennie dépeinte dans ce récit.
Dans la partie présentée aujourd'hui, présentation de la situation du royaume de France et de Charles IX alors que débutent les années 1560. Un début de décennie bien différent de celui historique à de nombreux égards alors que Charles IX entre dans un "âge mûr". Des défis persistent, de nouveaux acteurs émergent, mais les tendances qui ont émergé sous son règne sont désormais ancrées et s'épanouissent.
J'espère que cette partie saura vous plaire.

Bonne lecture à tous !

1560-1564 : Charles IX et de nouveaux défis
Le début des années 1560 voit Charles IX achever certaines de ses réformes alors que de nouvelles tensions émergent au cours de la période.

Durant le début des années 1560, Charles IX tend à passer davantage de temps dans la région de la Loire, notamment dans les châteaux de Blois ou de Chenonceau, s’éloignant de Paris pour pouvoir préserver sa santé. A la cour, Charles IX doit gérer l’influence de nouveau grandissante de François IV de Bretagne alors qu’une partie de ses anciens soutiens ont disparu au cours des précédentes années. Il peut s’appuyer sur Louis III de Bourbon et les autres membres de la maison des Bourbon pour contrebalancer l’influence du duc de Bretagne, mais leur poids est moindre malgré la position de Louis III en tant que gouverneur du Languedoc à la suite de son défunt père, Charles de Bourbon-Montpensier. Le duc de Bourbon voit au travers de son mariage avec Antoinette de la Marck (1) les naissances de Robert en juillet 1561, de Marguerite en octobre 1562 et de Françoise en avril 1564. Malgré ces luttes d’influence, Charles IX continue durant la période à continuer de mener une politique de mécénat destinée à renforcer le prestige de la cour, s’inspirant notamment de l’architecture baroque qui se développe en Italie.
S’il mène davantage une vie nomade sur les châteaux de la Loire et développant son goût pour les arts, Charles IX n’en continue pas moins de gouverner son royaume dans l’intention de renforcer son autorité et d’améliorer la gouvernance. Il se concentre tout particulièrement sur les enjeux économiques et financiers alors que les difficultés liées notamment à l’inflation contribuent à amoindrir la capacité à maintenir la prospérité des périodes précédentes. Il poursuit le développement de nouveaux outils pour développer les ressources de son royaume, notamment en favorisant le développement de banques et de bourses pour s’émanciper de l’influence des banquiers génois et lombards et contrer celle des Fugger. Cela l’amène aussi à renforcer la contribution du clergé au travers de la dîme en 1562. Aux problèmes suscités par l’inflation s’ajoutent au cours de la période une crise de subsistance des céréales qui amène le royaume de France à renforcer ses échanges avec la mer Baltique au travers de ses relations avec le royaume de Pologne, même si la guerre affectant les royaumes scandinaves et la guerre de Livonie au cours de la période suscite d’importants troubles. La crise agricole et le problème de l’inflation suscite d’importantes tensions sociales. Ces tensions s’expriment en 1564 dans des émeutes, notamment dans l’Angoumois et le Saintongeois. Les difficultés économiques amènent Charles IX à chercher à renforcer le développement des colonies du Nouveau Monde et à relancer les expéditions d'outre-mer, même si les contraintes économiques et spécifiques à cette politique compliquent la tâche.
Dans cette période, la question religieuse continue d’avoir une certaine importance dans le royaume. Même si la politique royale et l’influence des idées du concile de Mantoue ont beaucoup entravé le développement des mouvements réformés, le mouvement calviniste dont une partie des idées se sont construites en opposition au Concile de Mantoue continue de développer une certaine influence en dépit de son cantonnement à une minorité de personnes, notamment dans la petite noblesse, n’ayant guère de représentants éminents dans le royaume. Face à cette influence qu'il perçoit comme une menace, Charles IX mène une politique ferme pour contrer les tendances calvinistes et luthériennes, d’autant plus pour se démarquer de la politique de Ferdinand I dans le Saint-Empire et pour renforcer ses relations avec la papauté. Le roi de France cherche aussi à s’appuyer sur les représentants modérés défendant les idées du concile de Mantoue ou soutenant l’autonomie de l’Église de France. Les troubles économiques contribuent cependant à nourrir des difficultés dans l’efficacité de certaines de ces politiques, les prédicateurs calvinistes suscitant en certaines régions l’adhésion à leurs idées en réponse aux troubles sociaux et économiques qui affectent le royaume. Face à ces difficultés, Charles IX amende sa politique de façon à pouvoir assurer la réintégration de ceux qui ont adhéré aux thèses de Calvin et éviter un conflit similaire à ceux passés dans le Saint-Empire. Cette nouvelle démarche aboutit notamment à la rencontre d’Étampes de septembre 1564 où des représentants catholiques rencontrent des représentants calvinistes. La rencontre est cependant un échec du fait des désaccords entre les deux partis. L’évolution de la politique religieuse de Charles IX suscite aussi des tensions au sein de la cour, notamment avec François IV de Bretagne qui s’affirme peu à peu comme un champion de l’Église catholique partisan de l’éradication des idées réformées du royaume alors qu'il soutient son épouse outre-Manche pour contrer le développement des mouvements calviniste et tyndalien.
Sur le plan dynastique, Charles IX fait marier son fils à Jeanne de Navarre à l’été 1561, affermissant les liens de la couronne française avec celle de Navarre et renforçant sa relation avec Jean IV de Navarre. Le couple a Marie en mai 1562 et Louis en octobre 1563. En 1562, le roi de France fait marier sa fille Élisabeth avec Alphonse II d’Este, ce dernier cherchant à développer des relations importantes alors que Charles IX y trouve une opportunité pour étendre de nouveau son influence en Italie.
Sur le plan diplomatique, Charles IX entretient d’importantes relations avec Marie I d’Angleterre, même si l’ambiguïté de la position de François IV nourrit des tensions au sein de ces relations. Ces bonnes relations permettent d’importants échanges commerciaux entre les deux royaumes. Charles IX entretient aussi de bonnes relations avec Jacques VI d’Écosse, même si ces relations se distendent quelque peu du fait de l’absence de potentielle menace de la part du royaume d’Angleterre. Le roi de France entretient des relations compliquées avec Philippe II d’Espagne, notamment à cause des revendications de Jean IV de Navarre et de l’émergence d’importantes tensions dans les Pays-Bas espagnoles au cours de la période. Charles IX maintient ou développe des relations avec différents princes d’empire, notamment Nicolas II de Lorraine. Ses relations avec Ferdinand I de Habsbourg sont neutres et distantes, les intérêts du roi de France étant surtout concentrés sur les Pays-Bas et la péninsule italienne. Ses liens avec le Saint-Siège demeurent bons même si le décès de Clément VIII au printemps 1564 et l’élection de Grégoire XIV contribue à les fluctuer. Il s’abstient de répondre à l’appel du pape à protéger Rhodes, même s’il consent à envoyer quelques galères soutenir Giannettino Doria dans la défense de l’île, ayant développé une relation neutre et plus apaisée avec la république de Gênes et l’amiral génois depuis 1561. Ses relations avec le duché de Milan et Francesco II sont neutres et distantes. Cherchant à développer de nouveau son réseau d’influence en Italie, Charles IX parvient à faire marier sa fille Élisabeth avec le jeune duc Alphonse II d’Este. Le roi de France maintient enfin des relations avec le royaume de Pologne, même si les conflits affectant la partie orientale de la Chrétienté et la Scandinavie rendent compliqués le maintien de ces dernières. Charles IX développe enfin des relations commerciales avec le royaume du Maroc, même si le conflit opposant ce dernier à Philippe II d’Espagne au début des années 1560 contribue à affecter ces échanges et relations.

Durant le début des années 1560, François IV de Bretagne continue de gérer ses différentes responsabilités, même s’il tend à demeurer davantage en Angleterre pour soutenir son épouse et préparer son fils François à être le prochain souverain. Il délègue peu à peu ses responsabilités de duc de Bretagne à son second fils Henri, tout particulièrement après 1561 où il en fait le régent du duché. Soucieux d’assurer la pérennité du duché et d’apaiser la méfiance de Charles IX sur ses intentions et celles de Marie, François IV fait marier son fils Henri à Catherine de Clèves, la fille cadette de François I de Nevers. François IV entretient des relations compliquées avec Charles IX à cause de sa position ambiguë, même s’il soutient la relance de grandes expéditions afin de faire épanouir son duché au travers des voyages d’exploration et d’un accès vers les épices d’Asie.
Désigné régent de Bretagne par son père, Henri de Bretagne entreprend d’imprimer sa marque dans la gouvernance du duché, reprenant les politiques de son père, notamment dans la politique commerciale et les échanges avec le Nouveau Monde. Dans la politique commerciale, il tire profit de la situation particulière de sa famille pour renforcer les relations commerciales avec l’Angleterre, mais aussi le reste des îles britanniques. Il soutient des expéditions et échanges avec le Nouveau Monde afin de renforcer l’influence du duché dans les affaires du royaume et de jouer un rôle de premier rang dans l’extension de la Nouvelle-France et de son influence dans la région. Le futur duc de Bretagne travaille à développer son réseau d’alliés à la cour, déterminé à s’affermir à la cour tout en luttant contre l’impact de la présence de ses parents sur le trône d’Angleterre, à savoir une certaine appréhension et méfiance à son encontre. Henri de Bretagne reprend aussi la politique de lutte contre les idées calvinistes au sein du duché, même si des rumeurs laissent entendre une certaine sympathie du jeune noble à l’égard des calvinistes.

Le début des années 1560 voit les différentes colonies françaises du Nouveau Monde connaître des fortunes diverses.
Fort Sainte-Croix est devenue au début des années 1560 un haut lieu de la région du Saint-Laurent, les français ayant développé et renforcé leur présence et influence dans la région grâce à leurs alliances avec l’Alliance iroquoienne, ainsi que leurs explorations dans le Saguenay et le long du Saint-Laurent. Si les français assurent le soutien et la protection des villages iroquoiens contre leurs rivaux en contrepartie d’importants échanges commerciaux, le renforcement de Sainte-Croix et de sa population suscitent durant la période quelques tensions avec ses alliés. Stadaconé et Hochelaga subissent une forte crise démographique suite aux ravages provoquées par les épidémies et les conflits avec les tribus rivales alors que des heurts émaillent les relations désormais déséquilibrées entre les deux communautés. Les français affermissent leur présence au niveau du Saguenay, poussant vers le lac Saint-Jacques, ayant des relations ambiguës et conflictuelles avec les Innus. Ils développent aussi le contact avec les populations iroquoises plus au sud alors que l’exploration du Saint-Laurent et de ses affluents se développe pour trouver un passage vers l’ouest, découvrir de l’or ou rencontrer de nouvelles populations autochtones avec lesquelles commercer.
Fort Valois se développe et s’épanouit dans les années 1560-1564 grâce à la pêche à la morue, à sa position d’escale entre Fort Charlesbourg et Saint-Jean sur Terre-Neuve et aux échanges commerciaux avec les Elnous. Les français ont acquis au fil des années depuis l’installation de la colonie une connaissance du territoire de la Petite-Bretagne leur permettant de développer l’exploitation de ses ressources. Le développement de la colonie connaît cependant encore des soubresauts, notamment du fait de heurts entre français et Elnous ou des ravages provoqués par les épidémies au sein des Elnous. La petite taille de la colonie entrave enfin l’étendue de son développement.
Fort Charlesbourg développe et étend le territoire de la Terre d'Orléans au début des années 1560 alors que l’exploration du Saint-Jean se développe au cours de la période pour trouver un passage vers l’ouest et rencontrer d’autres peuples avec lesquels commercer. La colonie est désormais conséquente, comptant plus d'un millier d'âmes dont de nombreux métis issus de relations franco-amérindiens. Les gouverneurs de Fort Charlesbourg ont établi un second fort sur l'île de Paumanok (2), Fort Élisabeth en l'honneur de la reine, et établi des relations avec les Canarsee. Contrôlant la baie de Marie (3), Fort Charlesbourg repose son développement sur ses échanges avec les tribus autochtones et l’exploitation de différentes ressources, dont le tabac. Les relations avec les différentes tribus des Leni Lenape tendent cependant à se dégrader sur la période, ces dernières étant fragilisées par les épidémies successives et inquiètes du renforcement des français dans la région. Si des relations d’échanges se maintiennent entre les français et la majeure partie d’entre elles, celles avec les Raritan se compliquent, notamment du fait d’incidents dans les zones où les français étendent leur exploration, leur recherche de ressources et le territoire qu’ils contrôlent.
Saint-Jean retrouve une situation plus apaisée sur Terre-Neuve au début des années 1560. Si les relations avec les Béothuks demeurent tendues, les incidents et heurts demeurent mineurs comparés à la période de conflit opposant les français aux autochtones. La colonie retrouve une partie de sa prospérité avec la pêche à la morue, même si la prospérité de Fort Valois entrave en partie le rétablissement d’une prospérité assurée. La colonie continue cependant d’attirer les pêcheurs, notamment breton au point que certains la surnomme « Petit Saint-Malo » du fait de l’importance présence des pêcheurs et colons bretons. Saint-Jean bénéficie aussi de sa position de point d’entrée vers les colonies de Nouvelle-France et assure le lien dans les échanges entre le royaume de France et le Nouveau Monde.

Au développement de ces colonies, Charles IX s’intéresse de nouveau à l’organisation d’expéditions maritimes, cherchant à renouveler la politique commerciale qui avait fait la force de son règne. Si des expéditions ponctuelles ont été menées le long des côtes brésiliennes durant la décennie précédente, Charles IX compte organiser une expédition afin d’établir des comptoirs ou des colonies pour créer une voie commerciale vers les Indes dans le but de concurrencer les Portugais, escomptant tirer profit de la régence au nom du roi Alexandre I. Afin de préparer cette expédition, Charles IX se tourne vers Nicolas Durand de Villegagnon. Ce dernier s’inspire du précédent de l’expédition des frères Parmentier de 1530 pour déterminer le trajet de son expédition vers les Indes et les épices, mais aussi pour trouver un premier lieu pour placer un comptoir ou une petite colonie permettant de faire le lien entre le royaume de France et la route des Indes. Le choix se porte sur la côte de Guinée pour établir un comptoir. Au début de l’été 1563, Villegagnon quitte Le Havre avec une expédition de quatre navires et accompagné de trois cent personnes. Après un passage compliqué près des îles Canaries où des canons espagnols leur tire dessus, les navires français rejoignent le golfe de Guinée début septembre 1563 en atteignant le Cabo das Palmas (4). Explorant la côte peu après, Villegagnon et son expédition atteignent l’embouchure du Youbou (5) et explore l’embouchure pour trouver un lieu idéal pour leur colonie, éloignée de la côte pour éviter d’être repérés par les portugais. Villegagnon finit par installer une petite colonie nommée Fort François sur une île nommée par la suite île Villegagnon (6). L’installation de la colonie se fait sans incidents et les Français entrent en contact avec les autochtones, notamment des Kroumen. Les français entreprennent durant l’automne 1563 à établir des contacts avec les autochtones, à la fois pour faciliter l’établissement de Fort François et pour établir des échanges avec ces derniers. Villegagnon et son expédition reprenne cependant la mer en novembre 1563 afin de pouvoir poursuivre leur expédition, laissant derrière eux un navire, Le Bretagne, et une centaine de personnes à Fort François. Les colons cherchent à bien développer Fort François, mais les conditions environnementales, une mutinerie qui voit le départ du Bretagne au printemps 1563 et quelques incidents avec des autochtones déciment de moitié les colons. Seul le développement de relations avec les Kroumen permet aux survivants de survivre bien que les tensions et la maladie persistent.
Après avoir longé la côte africaine tout en évitant d’accoster pour éviter de tomber sur les portugais et devant subir les tempêtes du sud, Villegagnon atteint le cap de Bonne-Espérance en février 1564. Sa flotte rejoint ensuite l’océan indien dans laquelle l’équipage subit de plein fouet les affres du scorbut, les ressources de pins du Nouveau Monde pour produire l'anneda s’étant vite taries durant le trajet. Ils rejoignent en avril 1564 l’île de Ceylan, accostant d’abord près du royaume de Kotte, mais doivent repartir, le roi Dharmapala étant un allié des Portugais. Villegagnon et sa flotte accoste peu après sur les côtes du royaume de Kandy où Karalliyadde Banḍāra accueille son équipage pendant quelques jours. Un contact se noue entre les Français et le souverain, ce dernier voyant en Villegagnon et ses hommes un moyen d’avoir un allié pour contrer les portugais dont l’influence s’est considérablement renforcé sur Ceylan, même si ces derniers sont en conflit larvé avec Mayadunne, le roi de Sitawaka (7). Pour Villegagnon, une alliance avec un des souverains locaux serait une opportunité pour développer la présence française dans l’océan indien et contrer les Portugais et leur monopole sur le commerce des épices. Des promesses sont échangées entre les deux hommes avant que Villegagnon ne reparte avec ses hommes vers Sumatra qu’ils atteignent en mai 1564. Villegagnon cherche à acheter du poivre et à tisser quelques liens avec les souverains locaux, mais la présence portugaise dans la région rend l’entreprise compliquée et il doit essuyer des refus et des incidents avec certains locaux. Les Français récupèrent une cinquantaine de kilogrammes de poivre et repart dans l’océan indien à partir de début juillet 1564. Au début de l’automne 1564, son expédition se retrouve dans l’océan Atlantique et remonte vers le nord.

(1) Louis III épouse au début de l'année 1558 Antoinette de La Marck, la fille du duc Robert IV de La Marck, faisant de ce dernier un de ses alliés alors que les deux hommes ont tissé des liens avec la Guerre de la Ligue de Pérouse.
(2) Nom ancien de Long Island.
(3) Nom alternatif de la baie de New York.
(4) Le Cap des Palmes au Libéria
(5) Variante pour nommer le fleuve Cavally entre le Libéria et la Côte d'Ivoire actuelle.
(6) Nom fictif pour une île située non loin de l'embouchure du Cavally.
(7) Le royaume Sitawaka est né de la fragmentation du royaume ceylanais de Kotte suite à l'assassinat de Vijayabahu VII  par trois de ses fils qui craignaient de voir la succession modifiée au profit d'un demi-frère consanguin. Le royaume est gouverné par Mayadunne dont le but est de prendre le contrôle du territoire de l'ancien royaume de son père, mais aussi de contrer les Portugais. Le renforcement des Portugais durant la période contribue à renforcer la rivalité de Mayadunne à leur égard.


Dernière édition par Yodarc le Sam 3 Juin - 12:01, édité 1 fois
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par DemetriosPoliorcète Dim 21 Mai - 21:32

Je suis vraiment admiratif de la façon dont tu réussis à conserver la cohérence du récit en entrant aussi loin dans le détail. Cette TL est vraiment une très grosse réussite.

Aura-t-on droit à un épilogue qui nous donnera un aperçu des évolutions pour les siècles suivants?
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Dim 21 Mai - 23:24

DemetriosPoliorcète a écrit:Je suis vraiment admiratif de la façon dont tu réussis à conserver la cohérence du récit en entrant aussi loin dans le détail. Cette TL est vraiment une très grosse réussite.

Aura-t-on droit à un épilogue qui nous donnera un aperçu des évolutions pour les siècles suivants?

Un grand merci pour ce commentaire.

Réussir à développer un récit cohérent et plausible dans le détail était un de mes objectifs avec cette TL (en plus d'explorer cette question toute bénigne : "quelle Histoire si Louis XII avait eu un héritier qui lui survit lors de son dernier mariage) en dépit des contraintes liés aux matériaux de base et à l'impact du flou cognitif avec la chronologie explorée (sans compter la prise en compte des figures historiques qui n'existeront pas parce que leurs parents ne sont jamais mariés dans cette réalité, ceux qui apparaissent pour les raisons inverses...). M'inspirer des tendances historiques tout en prenant en compte les bouleversements et les variantes que la divergence provoquerait ont été les moteurs de ce récit tout en m'efforçant de l'aborder comme si c'était un historien de cette réalité qui le faisait (sauf pour les notes de bas de page faisant référence à la réalité historique, bien sûr). Une espèce de docu-fiction historiographique (ou uchronographique, si cela peut se dire) en quelque sorte.

Pour répondre à ta question de l'épilogue, je n'avais pas vraiment songé à cela, mais cela pourrait en effet valoir le coup.
Plusieurs raisons me sont favorables à m'y pencher dessus. La première parce que j'avais déjà imaginé des résumés de biographies alternatives (de leur vie sur la période concernée) pour quelques figures historiques de l'époque soient mentionnées dans le récit (comme Ignace de Loyola ou Nicolas II de Lorraine) ou absentes mais affectés par les changements (comme Emmanuel-Philibert de Savoie ou Léonard de Vinci). J'ignore si je vais inclure ou non ces petits récits (une dizaine au total) dans les appendices mais je sais en revanche qu'il y aura dans les appendices une annexe concernant les tensions et conflits des années 1570 (plutôt un aperçu qu'un descriptif de ces derniers), ce qui correspond à une première forme d'épilogue bien qu'immédiate. Enfin, du fait de mon approche de travail, un épilogue pourrait être possible à faire, étant donné qu'en incluant les appendices, il y a une quarantaine de parties (dont un grand nombre avec des cartes, notamment sur plusieurs des conflits présentés dans cette TL) qui sont prêtes pour les publications hebdomadaires à venir. Autant dire que préparer un épilogue qui clôturait cette TL après les appendices (comme une scène post-crédit) est faisable et pourrait ajouter un petit plus.
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Message par vigilae Lun 22 Mai - 19:21

. Bonjour;

. Assurément, cette uchronie "Renaissance" est très documentée, et analysée.
. L'idée de l'épilogue, du "point final" paraît intéressante.
. D'autant qu'elle peut ouvrir la voîe à des "développements" ultérieurs...
. L'histoire est sans fin.

. Mais très très bien pour cette uchronie.
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Message par Yodarc Mar 23 Mai - 21:01

Bonjour à tous !

Aujourd'hui, une publication un peu spéciale, étant donné qu'il s'agit d'une partie qui aurait dû être publiée des semaines auparavant mais qui par accident, s'est retrouvée oubliée, étant donné que je ne l'ai pas repéré dans la liste des publications "officielles" de l'uchronie. Il s'agit de la partie sur l'Europe orientale dans les années 1545-1549.

Je m'excuse de cet oubli bête, même si son absence n'a guère eu d'incidence sur votre compréhension du contexte spécifique à la région pour les années 1550.
Considérez cette partie comme un "interlude" en attendant la prochaine partie publiée en fin de semaine.

Bonne lecture à tous !

1545-1549 : Incertitudes en Europe centrale et de l’est
La fin des années 1540 voit les territoires d’Europe centrale et de l’est connaître des changements, notamment sur le plan dynastique.

Le royaume de Hongrie connaît une période assez compliquée durant la fin des années 1540. Si l’attention ottomane est tournée vers le Caucase et la Perse, des raids continuent de frapper la Croatie et la Slavonie. Le royaume subit une disette grave en 1545 à la suite des invasions de sauterelle de l’année précédente, provoquant des troubles. Louis II cherche à faire face à ces difficultés et à consolider son royaume malgré l’émergence d’une fronde nobiliaire. Avec les conseils de son épouse, il cherche à aider la population paysanne à faire face à la disette. Le roi est cependant confronté la même année à la seconde guerre marbourgeoise avec la campagne de Maurice de Saxe contre ses beaux-frères. Face à la résurgence d’une menace qui pourrait déstabiliser de nouveau ses terres, principalement en Bohême, Louis II envoie des forces pour aider Ferdinand de Habsbourg pour tenter de contrer l’alliance de Torgau. Ses forces se font défaire avec leurs alliés à la bataille de Bayreuth fin juillet. Cette défaite voit Maurice de Saxe attaquer le royaume de Bohême à l’automne 1545 et même tenter de s’emparer de Prague, forçant Louis II à prendre la tête d’une armée pour protéger son autre royaume, mais le refus des magnats hongrois de soutenir Louis II empêche ce dernier d’agir comme il le pourrait. Si Maurice de Saxe se retire de Bohême pour attaquer le Tyrol, l’attaque de l’alliance de Torgau contribue à nourrir le mécontentement d’une partie de la noblesse bohémienne, mais aussi de l’élite hongroise qui reproche à son souverain de s’intéresser davantage à ses domaines au sein du Saint-Empire plutôt qu’à ses sujets qui sont confrontés à la menace ottomane. Louis II participe aux négociations de Passau sur l’hiver 1545-1546, se montrant particulièrement hostile et ferme envers les exigences de Maurice de Saxe et de ses alliés. Il est d’autant plus hostile à ces derniers qu’il a le sentiment d’être perçu comme un faible d’esprit par certains des membres de l’alliance. Son hostilité contribue à la difficulté des négociations, mais Louis II ne peut empêcher son beau-frère d’alléger l’application de l’Intérim d’Augsbourg lors de la signature du traité de paix en mars 1546. La noblesse hongroise se montre distante et hostile à Louis II du fait du renforcement de son autorité et de leur perte d’influence à cause des conflits contre les Ottomans ou de la Diète Sanglante. Louis II peut cependant s’appuyer sur la neutralité des voïvodes de Transylvanie alors que le ban de Croatie est très lié à Ferdinand de Habsbourg pour contrer les turcs. Le souverain magyar s’appuie sur ces derniers pour soutenir Vlad IX en Valachie et entraver l’influence ottomane dans la région. Louis II peut continuer de s’appuyer sur son épouse Marie, même si l’hostilité renouvelée d’une partie des élites hongroises contribue à rendre la position de la reine difficile.
La seconde guerre marbourgeoise amène Louis II à renforcer la politique répressive à l’encontre des mouvements réformés et protestants en Bohême et en Hongrie. Cette politique se renforce d’autant plus qu’une partie de la noblesse locale des deux royaumes commence à se tourner vers les idées luthériennes ou calvinistes qui parviennent dans les deux territoires en réaction au renforcement du pouvoir royal ou des troubles qui désorganisent les deux territoires. Un clan protestant se dessine en secret au sein des élites magyares et bohémiennes alors que la pensée luthérienne hongroise s’organise en réaction au renforcement des décisions du concile de Mantoue et de l’application stricte de l’Intérim d’Augsbourg.
Sur le plan diplomatique, Louis II demeure neutre dans le conflit opposant Charles Quint et Charles IX. Le souverain magyar entreprend de développer ses relations avec le nouveau roi de Pologne, Sigismond II après son arrivée sur le trône au printemps 1548. Malgré les troubles suscités par la conclusion du traité de Passau, Louis II conforte sa relation avec Ferdinand de Habsbourg en faisant marier son héritier Louis à la fille de ce dernier, Marie d’Autriche, au printemps 1547. Ce mariage aggrave la colère d’une partie de la noblesse hongroise qui perçoit ce mariage comme la concrétisation de l’influence des Habsbourg sur leur royaume. Louis II renforce ses relations avec Venise dans l’espoir de renforcer ses ressources pour pouvoir défendre son royaume contre les assauts ottomans. Le souverain soutient Vlad IX contre Mircea V de Valachie et renforce son alliance avec Pierre IV Rareş de Moldavie, l’aidant notamment à récupérer son trône en 1546 puis en 1548. La mort de ce dernier en 1547 l’amène à chercher à développer des relations avec son fils Ilie II, mais les déboires de ce dernier contribue à la dégradation des relations entre les deux dirigeants et à soutenir le frère de ce dernier, Etienne Rareş.

La principauté de Valachie connaît une période bien trouble sur la fin des années 1540. Au printemps 1545, Mircea V entreprend de mener des réformes pour réorganiser les finances de la principauté, ces dernières étant anémiées par les troubles incessants qui la frappent depuis plus de vingt ans et les nombreux tributs que ses différents prédécesseurs et lui ont dû donner à Soliman pour notamment conserver leur position de prince auprès de la Sublime Porte. Il instaure notamment un impôt dit « Oaca sacâ » (1) sur les brebis, lui valant le surnom de Ciobanul. Durant la même période, le prince valaque ordonne de tuer un certain nombre de boyards afin de récupérer l’argent et les bijoux que ces derniers posséder pour les verser au trésor public. Ce massacre provoque l’exil de certains des boyards les plus riches et des parents des personnes tuées vers la Transylvanie et le royaume de Hongrie. Ces boyards exilés se rapprochent de Vlad IX, une bonne d’entre eux se rallie à ce dernier. Vlad IX et ses nouveaux alliés sont soutenus par Louis II et les voïvodes de Transylvanie et s’organisent pour tenter de déposer Mircea V du trône. L’invasion de la principauté de Moldavie bouleverse la situation et Vlad décide d’aider son beau-père à reprendre son trône.
Vlad IX accompagne Pierre IV dans sa campagne de reconquête du pouvoir à l’été 1546. Son aide permet au voïvode moldave de reprendre son trône. Après ce succès, Vlad tente d’attaquer la Valachie avec l’aide des boyards exilés à l’automne 1546. Il bénéficie aussi du soutien de mercenaires fournis par les voïvodes de Transylvanie. Pour faire face à cette menace, Mircea V peut compter sur le soutien de la population paysanne et cherche à éviter l’affrontement direct avec son rival. Fin octobre 1546, il surprend son adversaire à Pitești en attaquant ses forces alors qu’elles cherchent à traverser le Goleşti. Mircea V triomphe et force Vlad à fuir. Ce dernier rejoint la Transylvanie et doit passer l’année 1547 en tant qu’hôte des voïvodes de Transylvanie et de Hongrie, s’engageant non seulement à être l’allié du roi magyar, mais aussi de se reconnaître vassal du roi hongrois s’il parvient à regagner son trône. La mort de Pierre IV affaiblit sa position alors que Mircea V renforce sa position en tant que voïvode de Valachie, consolidant ses relations avec Soliman et avec le nouveau prince de Moldavie, Ilie II, s’appuyant notamment sur ses préférences pour s’en faire un allié.
Au début de l’année 1548, Au début de 1548, un nouvel exode des boyards restés en Valachie a lieu, avec à sa tête Stoica le stolnic, Vintilă le vornic, Radu le grand logofăt et Pârvu le postelnic. L’arrivée de ces nouveaux boyards donne à Vlad et ses alliés une nouvelle opportunité pour tenter de reprendre le pouvoir en Valachie. Regroupant une armée composée de mercenaires, Vlad et ses nouveaux alliés entrent en Valachie au printemps 1548. Mircea V tente de stopper son adversaire à Râmnicu Vâlcea en mars 1548. L’affrontement est violent mais voit Vlad prend l’avantage dans cette nouvelle confrontation, forçant Mircea V à fuir avec sa famille vers Giurgiu.
Son succès à Râmnicu Vâlcea permet à Vlad IX de retrouver pour la troisième fois le pouvoir en Valachie. Il entreprend de consolider ses relations avec Louis II de Hongrie, se reconnaissant vassal du roi de Hongrie et consolidant ses relations avec les voïvodes de Transylvanie. Il entretient des relations très difficiles avec Ilie II de Moldavie dont la proximité avec Mircea V et l’empire ottoman place le prince valaque dans une situation inconfortable avec le risque de menace d’attaque ottomane. Le prince valaque doit cependant gérer l’opposition de certains des boyards et d’une partie de la population qui avait été favorable à Mircea V.
Mircea V reçoit le soutien d’Ali Pacha, le gouverneur de Roumélie et rassemble une armée pour tenter de reprendre le pouvoir à Vlad IX. Les ottomans concentrent une importante force neutraliser Vlad IX et raffermir leur suzeraineté et influence dans la région. A l’automne 1548, Mircea V revient en Valachie avec le soutien des ottomans et l’aide d’Ilie II au nord. L’attaque de Mircea V force Vlad IX à la fuite. Ce dernier parvient à rejoindre la Transylvanie avec une partie des boyards, ces derniers voulant échapper à la condamnation qu’ils craignent de Mircea pour leur soutien de Vlad IX. De retour au pouvoir, Mircea V fait exécuter plusieurs boyards pour avoir soutenu Vlad IX et renforce ses liens avec Ilie II alors que les ingérences hongroises se font plus vives. Il renforce ses liens avec la Sublime Porte dans l’intention de protéger son pouvoir. L’année 1549 voit Mircea V raffermir son autorité sur la Valachie alors Vlad IX réorganise ses forces avec l’aide des voïvodes de Transylvanie et de boyards exilés. Il peut notamment s’appuyer sur son demi-frère Radu qui l’avait rejoint dans l’exil, ce qui lui permet de développer des liens avec les Craiovescu.

Sur les années 1545-1547, Pierre IV Rareş renforce ses liens avec Louis II de Hongrie, officialisant leur alliance au printemps 1545. Son alliance suscite une réaction hostile des ottomans qui envoie une force mettre au pas la principauté. Mircea V envoie une force soutenir les turcs contre le prince moldave. Les turcs et leurs alliés ravagent la principauté et force Pierre IV à l’exil. Les ottomans placent le prince Étienne, petit-fils d’Étienne III, à la tête de la principauté en décembre 1545. Le nouveau prince devient Étienne V de Moldavie et s’efforce d’obtenir le soutien des boyards malgré sa nomination par les ottomans. Mais à l’été 1546, il doit faire face à une attaque de Pierre IV soutenu par Vlad Drăculea. Étienne V affronte ses adversaires à Galați en août 1546, mais se retrouve défait par ces derniers. Le prince déchu cherche à s’enfuir vers Constantinople, mais se fait capturer avant qu’il n’ait pu atteindre la forteresse ottomane de Bender (2). Présenté à Pierre IV, Étienne est exécuté peu après.
Revenu au pouvoir, Pierre IV entreprend de soutenir son beau-fils Vlad dans sa tentative de reprendre le pouvoir en Valachie. Après l’échec de ce dernier à l’automne 1546, le prince cherche à concrétiser l’alliance avec Louis II. Il cherche aussi à améliorer ses relations avec le roi de Pologne, Sigismond I. Mais le prince quasi sexagénaire s’éteint en janvier 1547. Son fils Ilie lui succède, devant Ilie II. Ce dernier se détourne de la politique de son père, se révélant ouvertement homosexuel et se concentrant surtout sur un style de vie somptueux et imposant une fiscalité lourde sur ses sujets. Sa politique provoque un mécontentement et une hostilité croissante parmi ses boyards et des remontrances de sa mère, Elena Ecaterina Rareș. Sur le plan diplomatique, Ilie II se rapproche de Mircea V et de la Sublime Porte, notamment en reconnaissant la prise de contrôle ottomane sur la province du Boudjak après l’expédition de 1545. Ces choix renforcent l’hostilité des boyards, mais aussi celle de Louis II de Hongrie et de Vlad IX de Valachie. La situation se dégrade sur les années 1548-1549 avec l’exécution de plusieurs boyards, notamment l'hetman et le portar Petru Vartic de la capitale Suceava au printemps 1548 et la destitution de l'évêque Macarie de Roman au début de l’année 1549. Il aide enfin Mircea V à reprendre le pouvoir en Valachie à l’automne 1548. Ces actions compromettent sa position et amènent une partie de boyards à comploter contre lui et à chercher le soutien de ses voisins, notamment des voïvodes de Transylvanie.

Le royaume de Pologne connaît un important changement sur la fin des années 1540. Sigismond I est vieillissant malgré une grande vivacité d’esprit. Parmi les dernières décisions notables de son règne figure la nomination de son fils Casimir à la tête du duché de Mazovie. Il décède au printemps 1548, son fils Sigismond II lui succédant grâce au fait qu’il avait été son héritier désigné depuis 1529. Une des décisions notables de son début de règne est d’accepter le mariage de sa sœur Cunégonde avec Ferdinand, le fils de l’archiduc d’Autriche et comte de Tyrol en 1549.
Le nouveau roi de Pologne entreprend de gérer son royaume avec un talent et une capacité remarquable, sachant tenir compte du Sejm et de l’aristocratie polonaise pour régner sans risquer de fronde. Il poursuit la politique de neutralisation de la diffusion des idées luthériennes au sein du royaume et du grand-duché de Lituanie, amenant progressivement à la disparition de ces idées dans ses domaines. Le début de son règne est cependant marquée par la vive rivalité entre son épouse Anne et Barbara Radziwiłł, une jeune aristocrate polonaise soupçonnée d’être la maîtresse du roi. La reine s’impose cependant à la cour, ayant acquis les talents de sa mère pour les affaires politiques. Malgré les relations compliquées à cause des relations antérieures de Sigismond II, Anne et ce dernier parviennent à s’entendre et à développer une collaboration précieuse pour la gestion des affaires du royaume. Ils ont en revanche plus de mal à avoir des enfants malgré cinq ans de mariage, faisant du jeune frère de Sigismond, Casimir, l’héritier présomptif à l’aube des années 1550.

La fin des années 1540 voit la régence d’Ivan IV s’achever dans la Grande-principauté de Moscovie. Le grand-prince est couronné en janvier 1547 et proclamé « Tsar de toutes les Russies ». En février 1547, il épouse Anastasia Romanovna Zakharine, fille d'une famille de boyards qui faisaient partie des cercles les plus proches du tsar. En juin 1547, Moscou est frappé par un terrible incendie qui ravage la cité. Le désastre provoque l’ire populaire contre les Glinski. Une rébellion éclate dans laquelle Iouri Glinski est lapidé à mort à l'intérieur de la cathédrale de la Dormition, tandis que son frère Mikhail Glinski échoue à fuir en Lituanie. Leur mère, Anna est accusée d'avoir utilisé la sorcellerie pour allumer le feu. La rébellion entraîne la chute du parti Glinski et renforce finalement les positions du jeune tsar. Après ce désastre, Ivan IV entreprend de mener la modernisation des institutions russes. Méfiant des boyards, il place aux postes clefs du pays de petites gens qui lui sont acquis. Avec l’incendie de Moscou, il convoque les représentants de toutes les régions de son royaume. En 1549, une première fille nommée Anna naquit en août. La même année, le tsar tient également la première réunion du Zemski sobor, « assemblée de la terre » (le premier parlement russe d'État de type féodal), un conseil de nobles consulté lors des grandes décisions.
Sur le plan diplomatique, Ivan IV cherche à développer des liens extérieurs pour permettre à son territoire de s’épanouir. Il cherche notamment à développer des liens avec les Habsbourg, s’inspirant de la diplomatie de son père Vasili III peu avant son décès. Il charge notamment en 1547 Hans Schlitte à recruter des artisans en Allemagne pour travailler en Russie. Cependant, tous les artisans sont arrêtés à Lübeck à la demande de la Pologne et de la Livonie. Ses relations avec le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie sont neutres et difficiles. C’est à l’est où Ivan IV connaît quelques succès. Après la tentative du khan Safa Girai de Khazan à s’en prendre à Moscou, Ivan et la régence envoie une force armée pour attaquer le khanat, défaisant le khan. Le succès russe permet à Shahgali, khan de Qasim, rival de Safa Girai soutenu par les russes, de revenir au pouvoir dans le khanat après avoir été exilé en 1521. Du fait de sa forte piété religieuse, Ivan IV entreprend aussi d’échanger des correspondances avec les différents patriarches orthodoxes.

(1) "Brebis sèche".
(2) Nom turc de Tighina.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 10 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Jeu 25 Mai - 21:31

Bonjour à tous !

Aujourd'hui, publication précoce (je vais passer le week-end chez mes parents) et surtout retour à la chronologie "présente", c'est-à-dire le début des années 1560. Et pour cette partie, passage dans les îles britanniques. Des îles britanniques fort différentes de la période historique, aussi bien pour l'Angleterre que pour l’Écosse et même l'Irlande. Les conséquences des années 1550 se poursuivent pour les principaux acteurs alors que des défis anciens et nouveaux se présentent à eux.
J'espère que cette poursuite dans les années 1560-1564 vous plaira autant que celle sur le royaume de France.

Bonne lecture à tous !
God Save "Holy" Mary !

1560-1564 : Paix restaurée en terre britannique
Le début des années 1560 est une période particulière pour les royaumes britanniques alors que leurs souverains respectifs cherchent à affirmer leur autorité dans un contexte de retour à la paix et à la stabilité.

Les années 1560-1564 sont une période importante pour Marie I d’Angleterre. La souveraine anglaise, aidée par son conseil et son époux François IV de Bretagne, consolide son autorité sur le royaume. S’appuyant sur le parlement pour s’assurer son soutien, elle travaille à développer des liens avec les différents membres de la cour pour diminuer les risques d’opposition et entraver l’influence des potentiels soutiens d’Élisabeth et d’Édouard. Des factions existent cependant au sein de la cour, opposant notamment ses alliés comme les Pole à d’autres membres de la cour, comme Henri Howard, duc de Norfolk. Marie et son époux préparent leur fils François à sa future position, cherchant à développer ses réseaux d’alliés et de connaissances à la cour. Leur lignée se consolide durant la période avec la naissance de leurs petits enfants Claude en 1560 et Henri en 1561. La souveraine doit aussi faire face à une tentative d’Édouard de défendre les droits de son épouse la même année en débarquant près de Sheringham en septembre 1562. L’ancien comte de Devon ne peut cependant compter sur le soutien d’Henri Howard ou d’Henri Brandon, ces derniers préférant conserver leur position auprès de la cour royale, obligeant Édouard à se replier après une escarmouche sanglante près d’Aylsham et une tentative ratée de s’emparer de Norwich. Ses forces sont attaquées par celles de François IV et d’Henri Pole près de Fakenham début octobre 1561 et se font écraser. Édouard est fugitif pendant plusieurs jours et échappe de peu à la capture, rembarquant en catastrophe à la mi-octobre 1562.
Sur le plan dynastique, la lignée de Marie I et de son époux se renforce avec la naissance des princesses Catherine et Margaret au printemps 1560 et à l’été 1562. Leur fils, le prince héritier François, continue de tisser des liens au sein de la cour anglaise même si son éducation française et sa formation initiale destinée à en faire le futur duc de Bretagne contribuent à créer des impairs et des tensions entre lui et certains nobles anglais.
En dehors des intrigues de cour et de la tentative d’Édouard de Courtenay de reprendre le trône en son nom et celui d’Élisabeth, Marie I continue de mener une importante politique commerciale vers le royaume de France et les Pays-Bas espagnoles alors que le projet de relancer le projet de trouver un passage vers le nord-ouest pour rejoindre l’Asie se développe. Cherchant à résoudre les difficultés économiques et sociales qui affectent son royaume, Marie I parvient à obtenir de Clément VIII l’aval pour taxer les monastères en 1560. La taxation des monastères est approuvée par le parlement, malgré la réticence et l’opposition de quelques représentants du clergé régulier. Les mesures prises pour faire face à l’impact de l’inflation sont cependant entravées par les contraintes locales, notamment concernant la question des enclosures alors que les seigneurs qui tirent profit de cette pratique s’opposent à toute législation sur la question, ce qui nourrit les tensions dans les régions concernées. Des heurts émergent ainsi en 1563 dans le Northumberland du fait de protestations et de violences de la part des paysans excédés de voir les pâturages communaux grignotés par les enclosures.
Aux problèmes économiques et politiques s’ajoutent les tensions religieuses. Si Marie et son époux réaffirment la primauté de l’Église catholique et les décisions du concile de Mantoue, ils doivent faire face à la présence de communautés calvinistes et tyndaliennes qui se sont développées durant les années de règne d’Élisabeth I. Marie cherche à développer une politique rigoriste pour en contrer le développement et si son époux la soutient dans cette démarche, il cherche aussi à la conseiller à promouvoir une approche « anglicane » pour l’Église d’Angleterre, similaire à ce que son parent Charles IX a réalisé avec l’Église catholique au travers du Concordat de Carpentras. Si certains penseurs et personnes calvinistes et tyndaliennes s’exilent en direction des royaumes scandinaves ou du Saint-Empire, la plupart demeurent en Angleterre et développent des cultes clandestins qui contribuent à faire émerger d’autres formes de tension au sein du royaume, d’autant plus que certains représentants de la noblesse locale dans les régions ayant soutenu Élisabeth I, comme le Devon et la Cornouailles ou certaines des anciennes marches du Pays de Galles, sont sensibles à ces idées, y voyant une opportunité pour émanciper leur royaume de l’influence papale.
La reine doit aussi gérer par l’intermédiaire du lord-lieutenant les troubles en Irlande. Le conflit majeur oppose Shane O’Neill à une coalition entre Calvagh O’Donnell et Sorely Boy McDonnell. Le roi de Tír Eoghain doit faire face à ses deux rivaux sur les années 1560-1562. Shane O’Neill manque de capturer Calvagh O’Donnell au printemps 1561 et mène des raids sur les terres de ses adversaires, même si ses forces se font défaire près de Ballymoney en juillet 1561. Shane O’Neill parvient cependant à affermir sa position sur Tír Eoghain en parvenant à convaincre les seigneurs de Tír Eoghain à reconnaître ses neveux Brian et Hugh illégitimes. Dans le conflit opposant Shane O’Neill à ses rivaux, Thomas Radclyffe intervient d’abord en soutien implicite des adversaires de Shane O’Nell afin d’affaiblir le roi de Tír Eoghain tout en veillant à ne pas laisser ses deux rivaux trop se renforcer. Au printemps 1562, le lord-lieutenant est chargé de ramener la paix entre les trois seigneurs irlandais, ce qu’il réalise au travers d’une campagne de terre brûlée brutale sur les terres de Shane O’Neill, forçant ce dernier à faire la paix avec ses rivaux à l’automne 1562. Le lord-lieutenant soutient en revanche Thomas Butler contre Gerald FitzGerald, comte de Desmond, forçant ce dernier à faire la paix avec le nouveau comte d’Ormonde en 1562. Thomas Radclyffe est cependant remplacé par Marie I par Thomas Butler en mars 1564 dans une volonté de renforcer l’influence anglaise tout en créant des liens de soutien de la part des seigneurs irlandais.
Sur le plan diplomatique, Marie I entretient des relations neutres et cordiales avec ses parents, Charles IX de France et Jacques VI d’Écosse. Elle s’appuie sur les échanges commerciaux avec le nord de la France et le duché de Bretagne pour maintenir de bonnes relations avec le roi de France. Elle cherche aussi à renforcer ses relations avec Philippe II d’Espagne au travers notamment du renforcement des relations commerciales avec les Pays-Bas espagnoles. La souveraine anglaise tire profit de ses relations avec Clément VIII pour obtenir notamment la taxation des monastères et renouveler le renforcement des droits de la couronne anglais dans la gestion de l’Irlande. La souveraine tisse d’importantes relations avec Jean II de Norvège, les deux souverains ayant en commun leur défiance pour Frédéric II de Danemark, la première pour son soutien à Élisabeth et Édouard, le second pour la menace qu’il représente pour son royaume.

Au début des années 1560, Élisabeth et Édouard cherchent à obtenir le soutien de Frédéric II de Danemark pour tenter de reprendre le trône d’Angleterre à Marie I. Ils obtiennent le soutien du souverain danois au début de l’année 1562, permettant à Édouard de recruter une armée de trois à quatre mille hommes qu’il fait débarquer dans le Norfolk près de Sheringham début septembre 1562. Édouard cherche à rallier le Norfolk à sa cause, mais se heurte à une opposition violente de forces locales près d’Aylsham le 22 septembre 1562 et voit les portes de Norwich lui être closes. Il cherche à s’emparer de la cité par la ruse, mais échoue, le forçant à se replier. Le 2 octobre 1562, ses forces se font attaquer par celles d’Henri Pole et de François IV près de Fakenham où elles se font massacrer. Édouard échappe de peu à la capture et parvient avec grandes difficultés à quitter l’Angleterre, mais la traversée de la mer du Nord est périlleuse, son navire souffrant d’une violente tempête. Édouard parvient à rejoindre le duché de Holstein à la mi-octobre et à rejoindre son épouse, mais l’échec de son expédition et la tempête qu’il a subi dans son retour contribuent à le faire tomber malade, Édouard manquant de mourir à l’hiver 1562-1563. Il échappe à la mort, mais ressort affaibli.
Élisabeth demeure au Danemark durant le début des années 1560, s’occupant notamment de ses filles Élisabeth et Marguerite, née en mars 1561. Elle bénéficie de l’hospitalité de Frédéric II. Elle perd cependant son oncle Georges à l’automne 1562, ce dernier aidant Édouard à tenter de récupérer la couronne anglaise et se faisant tuer à Fakenham, alors que son époux Édouard est affaibli par la maladie qu’il subit à l’automne et l’hiver 1562. Les années 1563-1564 voient Élisabeth et Édouard continuer de mener leur vie d’exil et de chercher à défendre leurs droits sur la couronne anglaise, mais le début de la guerre entre le royaume de Danemark et celui de Suède éloigne les chances de voir Frédéric II les soutenir de nouveau. Ils sont cependant endeuillés par la disparition d’Anne Boleyn en juin 1563, l’ancienne reine douairière déjà affaiblie par la disparition de son frère (1) étant très affectée par l'échec de son beau-fils et supportant de moins en moins l'exil.

Le début des années 1560 est une période d’affirmation pour Jacques VI. Le jeune souverain parvient à affermir son autorité sur la cour écossaise et parmi les clans écossais. S’il s’appuie sur le parlement d’Édimbourg pour s’assurer du soutien des seigneurs écossais, il travaille à renforcer son autorité sur le royaume et de maintenir la paix parmi les clans écossais. S’appuyant sur ses conseillers et Matthew Stewart, Jacques VI reprend la politique de son père pour réformer et renforcer l’administration royale. A partir de 1561, le jeune roi prend parmi ses conseillers et hommes de confiance son oncle, James Stuart, comte de Moray Il a des relations plus ambiguës avec James Hamilton et le clan Douglas, s'appuyant cependant sur eux pour développer de bonnes relations avec Marie I d’Angleterre. Le roi écossais a aussi une relation compliquée avec sa mère Renée de France, notamment du fait de ses sympathies pour les calvinistes. Ces relations tendues disparaissent avec le décès de Renée à l’automne 1564. Sur le plan religieux, Jacques VI poursuit la politique de son père et de la poursuite de l’application des décisions inspirés du concile de Mantoue, mais cherche à assurer la paix au sein de son royaume, cherchant à trouver des compromis avec les réformés. Aux enjeux religieux s’ajoutent les défis économiques et financiers alors que son royaume fait face aux conséquences de l’inflation qui touche la chrétienté durant la période. Il tire cependant profit des relations qui se sont tissées avec ses voisins et Jean II de Norvège pour développer une importante politique commerciale.
Sur le plan dynastique, Jacques VI et son épouse Catherine ont plusieurs enfants qui naissent durant la période : Marie née en septembre 1560, Matthew en mai 1561 qui devient l’héritier présomptif suite au décès de Jacques à l’automne 1561, et Jacques en août 1563.
Sur le plan diplomatique, Jacques VI entretient d’importantes relations avec Marie I d’Angleterre et Charles IX de France, maintenant la paix et une relation apaisée avec le royaume d’Angleterre. En plus de cette relation, Jacques VI renforce ses relations avec Jean II de Norvège, notamment au travers des importants échanges commerciaux dans la mer du Nord et nouant une alliance avec ce dernier à l’hiver 1564 alors que ce dernier se sent menacé par le conflit qui oppose ses voisins scandinaves. Il tisse des relations diplomatiques avec les autres royaumes de la chrétienté, principalement ceux dont les souverains sont demeurés catholiques, notamment Philippe II d’Espagne.

(1) Capturé après le succès de Marie et de François IV de Bretagne, dépouillé de ses titres, George Boleyn fut emprisonné à la Tour de Londres à l'été 1556 avant d'être jugé à l'automne. Abandonné par ses alliés et jugé coupable de trahison envers la couronne, Georges fut exécuté en janvier 1557, subissant le supplice des traîtres : pendu, traîné sur une claie jusqu'à la potence et mis en quart, les quartiers de son corps étant répartis à Londres et dans trois grandes cités du royaume. Quand Anne Boleyn apprit la nouvelle courant février 1557, elle resta recluse pendant plusieurs jours dans les appartements alloués par Christian III à sa fille, son beau-fils, leur fille et elle. Après cela, l'ancienne reine d'Angleterre ne fut plus la même et se retira peu à peu des projets concernant la restauration de sa fille et de son époux.
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