L'héritage de Lazare Hoche

Chapitre 15. La France se transforme

Après des années 1820 qui restaient plutôt dominées par les nationaux et des années 1830 plutôt dominée par les libéraux, les système bipartisan évolue par la suite avec une montée en puissance des Jacobins. Le Parti démocrate devient pour la première fois majoritaires à la chambre basse au début de la décennie 1840, malgré les efforts du président Adolphe Thiers restreindre autant que possible le droit de vote des classes populaires.

La constitution laissant peu de pouvoir au Corps législatif, la plupart des réformes voulues sont édulcorées ou abandonnées, mais cette victoire électorale amène néanmoins plusieurs règlementations d’avant-garde sur le travail des enfants ou la limitation du temps de travail, et pousse à l’intervention contre l’Autriche en Italie.

Le royalisme continue de décliner dans l’opinion, ce qui conduit l’extrême-droite de l’assemblée à se déclarer de préférence « Parti catholique » et à faire passer la restauration de la monarchie au second plan.

En parallèle des querelles politiques, la société se transforme. Alors que la société prend conscience de la misère sociale, on est dans le même temps particulièrement optimistes. Alors que l’espace urbain des grandes villes est transformé par le percement de grandes avenues, les banlieues voient apparaître une multitude d’expériences urbaines, pavillons et « cités idéales » imaginées par certains urbanistes.

Au Creusot, en Lorraine et dans le Pas-de-Calais, on tend à rattraper le niveau d’industrialisation de la Belgique ; ailleurs, l’industrie est plus diffuse et s’installe plus lentement, mais n’en transforme pas moins les sociétés. En Rhénanie, plusieurs entreprises locales sont créées avec des capitaux en partie français ; le groupe Krupp en est l’exemple emblématique. La Rhénanie attire aussi les capitaux et les projets entrepreneuriaux allemands, tant l’impossibilité de créer une union douanière rend difficile la constitution d’une véritable base industrielle.

En Louisiane, la Nouvelle-Orléans s’affirme comme une ville moderne, mais le territoire est traversé de tensions : entre créoles et descendants d’esclaves, entre l’élite foncière et plèbe urbaine et agricole, mais aussi entre population francophone et nouveaux venus anglophones, souvent issus d’esclaves en fuite ayant quitté le sud des Etats-Unis.

A Saint-Domingue, l’alliance mise en place depuis Louverture entre l’élite des planteurs blancs et la classe politique noire et métisse tient toujours fermement l’île, malgré des conflits sociaux permanents avec les ouvriers agricoles et les partisans de la réforme agraire, ainsi que plusieurs soulèvements indépendantistes dans la partie hispanophone de l’île.

La population de métropole voit son nombre évoluer moins rapidement que celle des pays voisins, en raison du Code civil qui garantit le partage équitable de la propriété. Celle-ci augmente néanmoins et entraine la croissance des villes aussi bien qu’un émigration, qui reste limitée, vers les Amériques. Les régions industrielles accueillent également des immigrants, irlandais, italiens ou allemands.

La liberté de la presse, héritage de la révolution jamais fondamentalement contesté malgré les nouvelles restrictions imposées depuis Sieyès, entraine une multiplication des journaux et une politisation accrue des citoyens français.

Je pense que l'on peut prévoir un incident à la Nouvelle Orléans, enclave francophone qui reste coincé entre les États-Unis anglophone et le Mexique hispanophone.

Collectionneur a écrit:Je pense que l'on peut prévoir un incident à la Nouvelle Orléans, enclave francophone qui reste coincé entre les États-Unis anglophone et le Mexique hispanophone.

Avec l'annexion du Texas, il est maintenant enclavé entre des territoires américains.

J'imagine la Louisiane évoluer vers une sorte de dominion, puis un Etat indépendant. Mais il va y avoir des conflits sociaux violents en son sein, comme OTL d'ailleurs.

Chapitre 16. « La guerre de Trente ans, en beaucoup plus court ».

L’année 1857 voit brusquement l’Allemagne sortir de sa torpeur et balayer brusquement les restes du féodalisme et de l’absolutisme. Après qu’une révolution presque sans effusion de sang ait apporté une constitution libérale au Wurtemberg, une série de soulèvements se produit dans l’Empire. A Vienne et Prague, de violents combats ont lieu et obligent l’Empereur à accorder des constitutions libérales, respectivement en tant qu’Archiduc d’Autriche et que roi de Bohème.

Mais la diplomatie autrichienne, en faisant mine de se soumettre à l’air du temps, réussit un coup de maitre : le chancelier présente un projet de constitution d’inspiration libérale pour le Saint Empire, s’imposant au-dessus de celle des Etats. Si elle prend acte de l’égalité civique et des réformes déjà réalisées, elle est néanmoins obscure sur de nombreux points et garantit l’Empereur un pouvoir qui lui échappe dans ses propres Etats… Si beaucoup ne sont pas dupes, la diète accepte la proposition.

A Berlin, malgré l’attachement de Frédéric-Guillaume au Saint-Empire, la pression de la rue et des nationalistes obtient une déclaration officielle de sécession de la Prusse du Saint-Empire. Rapidement, la guerre éclate entre Vienne et Berlin, derrière laquelle se rangent les Républiques française et rhénane.

Alors que les soldats de l’armée du Rhin imaginent une marche triomphale jusqu’à Vienne et la destruction définitive du pouvoir habsbourg, les troupes d’invasion sont arrêtées à Ulm et manquent de peu l’anéantissement. Forcées de repasser le Rhin, elles repoussent néanmoins une tentative d’invasion par la Belgique et le Luxembourg. Côté prussien, Berlin est sauvé in extremis par une contre-offensive de l’armée royale, qui comprend la dernière charge de cavalerie victorieuse de l’histoire européenne.

Le traité de paix de mai 1858 confirme le statu quo territorial. La Prusse réintègre nominalement le Saint-Empire mais conserve une marge d’autonomie plus importante que les autres Etats et, surtout, sauve son intégrité territoriale. Dans les mois qui suivent, une vague de réaction s’abat sur tout l’Empire : les franges démocrates les plus radicales sont violemment réprimées, les constitutions amendées pour renforcer le pouvoir exécutif et restreindre le droit de vote. Le pouvoir de Vienne est maintenant établi des Alpes à la Baltique comme il ne l’avait jamais été depuis le XVIIe siècle. Un historien français résume ces événements en une formule simple : « la guerre de trente ans, mais beaucoup plus courte, et au résultat inverse ».

Dans toute l’Allemagne, la rupture est consommée entre les mouvements libéraux et démocrates d’un côté, les tenants de l’unité allemande de l’autre. Du point de vue impérial, un échec est néanmoins à déplorer : les milieux d’affaire autrichiens refusent toujours obstinément une union douanière totale au niveau de l’Empire.

A Paris, la population est furieuse contre l’issue de la guerre, qui semble avoir été menée pour le seul intérêt de la Prusse. Les partis libéral et national, qui se succèdent sans discontinuer à la présidence, sont accusés d’avoir accepté une paix honteuse par peur de mobiliser massivement le peuple. Un raz-de-marée électoral du Parti démocrate conduit à une profonde rupture des équilibres politiques et accélère la démocratisation du régime.

Chapitre 17. L’ère des révolutions orientales

Alors que l’Europe semble avoir retrouvé le calme, une vague de révolutions et de réformes en profondeur traverse l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Asie.

En Egypte, le pouvoir mamelouk n’avait pu se maintenir faute de nouveaux esclaves à importer, mais l’aristocratie d’origine turque tenait toujours en main l’essentiel du pouvoir, de concert avec les représentants de Constantinople, qui avait repris en main le pays depuis l’expédition de Bonaparte. En 1882, des officiers d’origine arabe ou issus de mariages mixtes lancent une révolte à Alexandrie, puis marchent sur le Caire. Conscients que leur longue histoire est en passe de s’achever, plusieurs dignitaires mamelouks lancent une charge suicide qui fait la joie des artistes européens (et donnera bien plus tard son sujet au film Le dernier mamelouk). La République égyptienne est proclamée. Son drapeau est un tricolore vert-bleu-vert, représentant les terres fertiles entourant le Nil, frappé de l’étoile et du croissant en son centre.

A Alger, suivant l’exemple égyptien, la régence se voit imposer une constitution, puis, après un double-jeu du Dey, est renversée et remplacée par une République algérienne. La révolte des tribus de l’intérieur entraîne néanmoins le nouvel Etat dans une longue guerre civile et accroissent sa dépendance à l’extérieur.

Mais la transformation la plus extraordinaire a lieu dans la Confédération marâthe : début 1885, une société secrète nommée « les cavaliers de Shivaji », très présente dans l’armée, renverse le pouvoir du Peishwa pour rétablit, en théorie, la pleine souveraineté du roi, depuis longtemps maintenu à l’écart du pouvoir. Les révoltes féodales sont rapidement écrasées, et le pays connaît une centralisation et une modernisation accélérée.
Ces changements spectaculaires ne doivent pas faire oublier que le colonialisme européen continue de s’étendre : déjà présente en Cochinchine, la France, soucieuse de participer au boom du caoutchouc, achète aux néerlandais la partie sud de Bornéo et commence à l’aménager. Dans le même temps, les vastes royaumes de Zanzibar et de Madagascar tombent sous la domination informelle des Britanniques.

Passionnant l'unification du Saint-Empire dans une solution grande allemande n'augure rien de bon pour la France

Pour l'Indochine, ne pas oublier qu'au départ, c'était une entreprise franco-espagnole. Pouvant toujours compter a priori sur les Philippines, on peut suggéré une guerre franco-ibérico-chinoise si l'empire de Chine décide comme IRL de tenter de garder le Vietnam sous son contrôle.

Collectionneur a écrit:Pour l'Indochine, ne pas oublier qu'au départ, c'était une entreprise franco-espagnole. Pouvant toujours compter a priori sur les Philippines, on peut suggéré une guerre franco-ibérico-chinoise si l'empire de Chine décide comme IRL de tenter de garder le Vietnam sous son contrôle.

Dans mon idée, la France se contente de s'emparer de la Cochinchine (qui était une posse de discorde entre Vietnam et Cambodge) suite à des expéditions de protection de missionnaires, et n'étend pas son contrôle sur le reste de la péninsule.

Pour les Philippines, j'avoue ne rien en savoir pour le moment.

Flosgon78 a écrit:Passionnant l'unification du Saint-Empire dans une solution grande allemande n'augure rien de bon pour la France

Certes, mais la Prusse et l'Autriche ne peuvent pas se voir. En plus l'empereur n'est pas une fonction héréditaire dans cette TL (tu confirmes Demetrios ?). Et puis les peuples non germanophones de l'empire vont peut-être pas apprécier à un moment (Hongrie en tête).

ezaski a écrit:

Flosgon78 a écrit:Passionnant l'unification du Saint-Empire dans une solution grande allemande n'augure rien de bon pour la France

Certes, mais la Prusse et l'Autriche ne peuvent pas se voir. En plus l'empereur n'est pas une fonction héréditaire dans cette TL (tu confirmes Demetrios ?). Et puis les peuples non germanophones de l'empire vont peut-être pas apprécier à un moment (Hongrie en tête).

En effet, cela reste la grosse faiblesse des Habsbourg.

Pour ce qui est de la Hongrie, elle ne fait pas partie du Saint Empire. Dans cet univers, l'Empire d'Autriche n'existe pas, et comme Vienne regarde beaucoup plus vers l'Allemagne, il y aura davantage de concessions au nationalisme hongrois.

Donc la possibilité de voir les Hasbourg se faire doublé vers les Hohenzollern n'est pas impossible, plus l'oppositions entre libéraux / nationaliste / conservateur, les affinités religieuses catholiques et protestantes... Ta TL pour l'Allemagne est passionnante !

Merci!

Je me pose depuis un certain temps la question d'une Allemagne qui n'aurait pas connu le choc de l'invasion napoléonienne, et la réaction nationaliste qu'il a provoqué.

Chapitre 18. L'Amérique latine vers la stabilité.

Alors que l’Espagne est toujours le temple de la réaction en Europe, le voisin portugais a entamé en 1841 une réforme libérale, et aboli l’esclavage peu après. Au Brésil, où domine toujours l’aristocratie foncière, les réformes sont refusées.

Les libéraux et les mouvements abolitionnistes, espérant d’abord une action du roi pour aligner le pays sur le Portugal, sont rapidement déçus. De plus en plus d’opposants se tournent vers l’idée d’une révolution brésilienne et de la rupture de tous les liens avec l’ancienne puissance coloniale.

En 1865, la province du Minas Gerais fait sécession, bientôt suivie par toutes les provinces du sud du pays. Les royalistes sont rapidement vaincus, et une nouvelle entité, la République Fédérale brésilienne, est fondée, tandis que le nord reste le royaume du Brésil, et installe sa capitale à Salvador de Bahia. Les différences entre les deux entités rendent rapidement improbable une réunification : le sud, au peuplement plus européen, s’industrialise et s’intègre à son environnement régional ; le nord reste une société aristocratique dont l’économie est tournée vers les exportations.

Le Mexique a un destin plus heureux : à la mort de Louis Philippe II en 1894, le pays s’affirme comme une puissance moderne, malgré de fortes disparités régionales. Des insurrections paysannes et autonomistes dans le sud restent néanmoins la seule ombre au tableau. Louis Philippe III apparaît comme un souverain réellement mexicain, marié avec une membre de l’aristocratie hispanophone. La côté occidentale a connu un développement rapide et les flottes mexicaines sillonnent le Pacifique, tandis qu'un canal est creusé en Amérique centrale.

DemetriosPoliorcète a écrit:Merci!

Je me pose depuis un certain temps la question d'une Allemagne qui n'aurait pas connu le choc de l'invasion napoléonienne, et la réaction nationaliste qu'il a provoqué.

Les disparités régionales et religieuses restent fortes, a voir si tu veux évoluer vers un SERG uniquement allemand, ce qui ferait perdre des territoires au Hasbourg. L'influence de ta France sera assez forte dans les milieu libéraux et démocratiques aussi. Une seconde guerre est à prévoir.

Chapitre 19. La France démocratique

La paix avec l’Empire, malgré l’incapacité de celui-ci à exploiter ses victoire initiales, est vécue comme une humiliation par la population française. Aux élections législatives suivantes, les partis national et libéral sont balayés ; le Parti catholique voit ses soutiens augmenter, mais c’est la gauche qui occupe l’essentiel des sièges, avec pour la première fois plusieurs députés socialistes, tandis que le Parti démocrate remporte une large majorité.
Devant un tel désaveu et des menaces concrètes d’insurrection, la classe dirigeante doit accepter une simplification de la procédure de l’élection présidentielle, ce qui aboutit pour la première fois à l’élection d’un jacobin à l’Elysée.

Les décennies 1860 et 1870 sont marquées par une nette domination du Parti démocrate. Après une brève panique, la bourgeoisie s’aperçoit avec soulagement que la Terreur n’est pas remise à l’ordre du jour, et que les nouveaux dirigeants conservent le cadre constitutionnel, en l’amendant simplement pour obtenir davantage de démocratie. Une série de lois mettent en place des législations sociales d’avant-garde, notamment sur le travail des enfants, le droit du travail, et un embryon de sécurité sociale. Mais les grandes orientations du pays ne changent pas, notamment en matière de politique internationale.

Dans la société, la période est marquée par un foisonnement culturel et artistique, et la construction de nombreux monuments, notamment le Palais de la République, près du Champs de Mars, qui mêle façade néoclassique et structure de métal au summum de la modernité, ou encore les différentes statues de la République, placées à Paris et dans les principaux ports du pays.

La crise économique mondiale de 1869, catastrophique pour l’économie française, renforce plus qu’elle ne fragilise le pouvoir du Parti démocrate, qui met en place des politiques de protectionnisme poussées et les premières tentatives d’interventionnisme économique, sous forme de grands travaux, nommés « chantiers nationaux ». Ces politiques apparaissent d’autant plus nécessaires au Parti démocrate que les rivaux socialistes et égalitaires sont de plus en plus populaires.

La fin de la décennie 1870 marque aussi l’aboutissement du processus d’autonomisation de la Louisiane et de Saint-Domingue, qui obtiennent le statut de « Républiques fédérées », plus ou moins semblable aux dominions britanniques.

Deux décennies de pouvoir usent néanmoins considérablement les Jacobins, pointés du doigt pour leurs habitudes politiciennes et pour une série de scandales, aussi bien financiers que de mœurs. Face à une dégradation de leur image et à une économie qui reste en berne, ils sont finalement mis en minorité par une coalition des deux partis historiques.

Chapitre 20. Les citadelles assiégées


Alors que la seconde révolution industrielle permet, à partir des années 1880, une reprise économique et un relatif retour de la prospérité, les tensions ne baissent pas, mais, au contraire, s’accroissent.

Paradoxalement, alors que la France et le Grande-Bretagne ont des systèmes politiques et économiques somme toute relativement proches, et que toutes deux sont à la pointe du progrès politique et économique, les deux nations développement des mentalités de « citadelles assiégées », se considérant entourées d’ennemis, et se regardant mutuellement avec méfiance.

Alors que la question irlandaise avait jusqu’ici freiné les tensions entre les deux pays – la monarchie anglaise étant consciente du risque de rupture de l’union personnelle en cas de conflit – un sentiment anti-irlandais se développe au sein de l’élite anglaise. Peut-être valait-il mieux perdre la couronne d’Irlande mais réduire à néant la possibilité d’une alliance de revers des puissances ennemies de la Grande-Bretagne… Des plans secrets circulent déjà au sein des états-majors pour réduire à merci l’île voisine, étendre largement le territoire sous pleine souveraineté britannique et laisser le reste suffisamment dévasté pour ne permettre aucune renaissance avant longtemps.

En Rhénanie, la défaite de 1858 avait été plus mal digérée encore qu’en France, et les sentiments nationalistes allemands étaient devenus plus marginaux qu’ils ne l’avaient jamais été. A l’inverse, un nationalisme expansionniste rhénan, désireux d’étendre la République aux régions industrielles de la rive droite, afin de pouvoir parler d’égal à égal avec la France et les grands Etats européens, devenait l’idéologie dominante.
Dans les Balkans, l’Empire ottoman avait dû progressivement refluer, accordant l’indépendance à la Valachie, à la Serbie et à la Bulgarie, mais il restait une puissance majeure. Il l’avait montré, en écrasant en 1894 la coalition des Etats riverains, conservant par là même l’Albanie, la Macédoine du nord et Salonique.

La Russie, en industrialisation rapide, restait traversée par des conflits internes, une myriade de questions politiques non résolues. Son extension en Asie centrale et en Extrême-Orient se heurtait aussi bien aux Britanniques qu’aux Français. Mais l’entente était davantage possible avec ces derniers.
La Chine se trouvait dans une situation proche de celle de la Russie, mais plus inconfortable. L’extension territoriale russe en Mandchourie avait été vue comme une humiliation nationale, que la modernisation interne n’effacerait pas sans une victoire militaire à la fin du processus. L’influence française était forte, mais le rapprochement entre la France et la Russie allait amener le pouvoir Qing à renverser les alliances et à pactiser avec les vieux ennemis britanniques.

En Europe enfin, le Saint Empire connaissait enfin une expansion économique et rattrapait progressivement ses voisins occidentaux. Mais il restait une construction fragile, et le pouvoir des Habsbourg ne serait pas assuré tant que le caractère héréditaire n’aurait pas été gravé dans le marbre. Et une victoire militaire semblait le seul moyen d’assurer les changements nécessaires…

T'es vachement inspiré en ce moment. C'est chouette.

DemetriosPoliorcète a écrit:Chapitre 19. La France démocratique

La paix avec l’Empire, malgré l’incapacité de celui-ci à exploiter ses victoire initiales, est vécue comme une humiliation par la population française. Aux élections législatives suivantes, les partis national et libéral sont balayés ; le Parti catholique voit ses soutiens augmenter, mais c’est la gauche qui occupe l’essentiel des sièges, avec pour la première fois plusieurs députés socialistes, tandis que le Parti démocrate remporte une large majorité.
Devant un tel désaveu et des menaces concrètes d’insurrection, la classe dirigeante doit accepter une simplification de la procédure de l’élection présidentielle, ce qui aboutit pour la première fois à l’élection d’un jacobin à l’Elysée.

Les décennies 1860 et 1870 sont marquées par une nette domination du Parti démocrate. Après une brève panique, la bourgeoisie s’aperçoit avec soulagement que la Terreur n’est pas remise à l’ordre du jour, et que les nouveaux dirigeants conservent le cadre constitutionnel, en l’amendant simplement pour obtenir davantage de démocratie. Une série de lois mettent en place des législations sociales d’avant-garde, notamment sur le travail des enfants, le droit du travail, et un embryon de sécurité sociale. Mais les grandes orientations du pays ne changent pas, notamment en matière de politique internationale.

Dans la société, la période est marquée par un foisonnement culturel et artistique, et la construction de nombreux monuments, notamment le Palais de la République, près du Champs de Mars, qui mêle façade néoclassique et structure de métal au summum de la modernité, ou encore les différentes statues de la République, placées à Paris et dans les principaux ports du pays.

La crise économique mondiale de 1869, catastrophique pour l’économie française, renforce plus qu’elle ne fragilise le pouvoir du Parti démocrate, qui met en place des politiques de protectionnisme poussées et les premières tentatives d’interventionnisme économique, sous forme de grands travaux, nommés « chantiers nationaux ». Ces politiques apparaissent d’autant plus nécessaires au Parti démocrate que les rivaux socialistes et égalitaires sont de plus en plus populaires.

La fin de la décennie 1870 marque aussi l’aboutissement du processus d’autonomisation de la Louisiane et de Saint-Domingue, qui obtiennent le statut de « Républiques fédérées », plus ou moins semblable aux dominions britanniques.

Deux décennies de pouvoir usent néanmoins considérablement les Jacobins, pointés du doigt pour leurs habitudes politiciennes et pour une série de scandales, aussi bien financiers que de mœurs. Face à une dégradation de leur image et à une économie qui reste en berne, ils sont finalement mis en minorité par une coalition des deux partis historiques.

C'est une France qui fait envie !

Merci pour vos messages!

Je crois que je vais peaufiner encore quelques régions du monde peut développées dans ce récit jusque-là, ensuite je traiterai la guerre mondiale à venir dans un topic à part.

D'ailleurs, si quelqu'un a quelques idées sur les Etats-Unis, je suis preneur.

Ah je savais que ça allait exploser à un moment
Après j'imagine que les Etats-Unis aurait atteint le nord ouest Pacifique au moins pour avoir accès à cette océan.
Après entre une Californie mexicaine, Une Alaska qui devrait rester russe, et une république de Louisiane, c'est sur que les USA seront différent

Pour les Etats-Unis, j'hésite entre deux scénarios :

- une sécession de plusieurs Etats du Nord en réaction à la puissance des lobbys esclavagistes.

-une restriction de l'esclavage plus précoce et une guerre de sécession qui se termine en quelques mois (le sud ne dispose pas d'officiers expérimentés, vu qu'il n'y a pas eu de guerre contre le Mexique). L'esclavage ne serait néanmoins pas aboli immédiatement comme en 1863, mais graduellement.

Je penche plutôt pour la deuxième solution. Le fait que l'esclavage ait été aboli sans discontinuer dans les colonies françaises depuis 1794 et que la Louisiane soit enclavée dans les Etats-Unis aidera la cause anti-esclavagiste à progresser dans les esprits.

Je partage l'opinion de Préhistorique. Les États du sud sont bloqués à l'ouest par la Louisiane d'abord, et le Mexique ensuite.

Cela va dans le sens de ta seconde hypothèse Demetrios.