L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Le règlement de la question espagnole
Au début de l’année 1854, Charles VI avait achevé la reconquête de toute l’Espagne péninsulaire. Il bénéficiait par ailleurs de la division de ses adversaires (certains libéraux ayant abandonné Antoine d’Orléans au profit du républicanisme ou d’Henri de Bourbon, cousin libéral de Louise-Fernande) et, surtout, de son statut de vainqueur d’un envahisseur étranger.
Si vienne, Berlin et Saint-Pétersbourg reconnaissent Charles VI, Londres, Paris Lisbonne et les autres monarchies libérales soutiennent toujours la candidature d’Antoine de Bourbon. La situation est compliquée davantage encore par les colonies espagnoles, où les affrontements entre les deux camps et se sont doublées de révoltes autonomistes. Les partisans d’Antoine de Bourbon créé la surprise en débarquant avec 2000 volontaires (espagnols libéraux, chemises rouges garibaldiennes et soutiens américains) dans l’est de l’île de Cuba. Promettant l’affranchissement aux exclaves qui les rejoindraient, ils s’emparent de La Havane après quelques mois de combats, bénéficiant de l’aide discrète des Etats-Unis, trop heureux d’affaiblir ainsi une puissance coloniales dans leur chasse gardée. Antoine et Louise-Fernande s’étant engagés à abolir l’esclavage, le prétexte humanitaire permet aux franco-britanniques d’interdire toute tentative d’expédition espagnole pour reprendre l’île.
La situation des Philippines est plus complexe encore, l’archipel ayant basculé dès 1853 dans l’anarchie, morcelé entre carlistes, libéraux, autonomistes et diverses rébellions ethniques. Le risque de déstabilisation pour les routes commerciales étant trop grand, une expédition conjointe franco-britannico-néerlandaise est organisée en urgence et parvient à reprendre Manille et à assurer un certain contrôle sur les îles. Mais les trois puissances entrent vite en désaccord : la France souhaiterait une administration prolongée, les Britanniques souhaitant quant à eux se retirer au plus vite.
La convention de Biarritz de 1857 règle finalement le cas espagnol : France et Grande-Bretagne reconnaissent Charles VI comme roi d’Espagne, lâchant Antoine d’Orléans. Celui-ci conserve le contrôle de Cuba, qui ne se voit pas reconnaître un statut indépendant mais que l’Espagne s’engage à ne pas reprendre par la force [1]. Madrid accepte également la vente des Philippines à la France ; la Grande-Bretagne ne consent à ce transfert qu’en imposant des avantages commerciaux pour ses marchands et investisseurs et en obtenant la renonciation formelle de la France à toute velléité d’expansion dans la péninsule indochinoise.
L’abandon des dernières possessions coloniales est assumé par Madrid pour marquer un retour au territoire historique des royaumes d’Aragon et Castille et aux droits des différentes provinces. Alors qu’il met en œuvre sa politique marquée par la décentralisation et le corporatisme [2], Charles VI est assassiné peu après la conclusion du traité par un libéral. La couronne revient à son frère, Jean III, qui poursuit la même politique. La victoire inespérée des traditionnalistes en Espagne redonne de l’espoir aux monarchistes français ; d’autant que le nouveau roi d’Espagne est premier dans l’ordre de la succession royale française, Henri de Chambord n’ayant pas d’enfants.
La seconde crise d’Orient
La politique étrangère d’orientation pro-britannique menée par Louis-Napoléon puis par Persigny cherchait à apaiser les tensions en Europe et en Méditerranée, mais mettait à rude épreuve l’entente franco-russe et le projet de partage d’influence sur l’Empire ottoman en décrépitude. L’Empereur souhaite néanmoins poursuivre cet objectif, et c’est paradoxalement une dispute franco-russe autour des Lieux saints qui va faire avancer le projet.
Si, alors qu’une énième querelle agite orthodoxes et catholiques autour de la garde des lieux saints, la France prend position en faveur des seconds, garants de sa propre influence dans ce qui est toujours théoriquement la Syrie ottomane [3]. Mais Napoléon II encourage dans le même temps son ancien beau-père a demander des compensations inadmissibles pour Constantinople, à la grande fureur de Londres. En dépit de longues tractations diplomatiques, la Russie occupe les principautés roumaines en juin. En octobre, l’Empire ottoman n’a d’autre choix que de lancer la guerre contre la Russie.
Troupes ottomanes défendant la forteresse de Silistria
Si les troupes russes connaissent des déconvenues sur le front anatolien, et doivent même abandonner le siège de la forteresse de Kars (ce sont en fait surtout les troupes syro-égyptiennes qui s’illustrent), les Russes enfoncent les défenses ennemies dans la Dobroudja et s’avancent en Bulgarie. Dans le même temps, Othon de Grèce lance ses armées contre la Thessalie ottomane, pour faire avancer la « Grande idée », la réunion de tous les Grecs dans un seul Etat ; mais le blocus du Pirée par la flotte britannique l’oblige à retourner à la neutralité.
Sur le front danubien, seul l’acharnement des défenseurs d’Edirne, épaulés par des ingénieurs britanniques, sauve Constantinople. En mars 1855, l’Autriche et la Prusse se décident à faire pression ensemble pour mettre fin à la guerre, avec l’appui de la Grande-Bretagne. Si la Russie ne s’est pas emparée des détroits, sa victoire est sans appel. A Congrès de Paris, qui s’ouvre à l’été, Saint-Pétersbourg obtient l’annexion pure et simple de la principauté de Moldavie, ainsi que l’occupation et l’administration temporaire de la Dobroudja et d’une partie de la Bulgarie. La Thessalie, où l’insurrection s’est poursuivie après le retrait des troupes grecques, est rattachée au royaume de Grèce, lequel annexe également l’île de Samos. Constantinople doit également accepter de reconnaître une quasi-indépendance aux principautés de Serbie et du Montenegro. La Porte ne contrôle plus directement dans les Balkans que la Macédoine, l’Albanie et la Bosnie-Herzégovine.
Auguste de Saxe-Cobourg-Kohary
Reste le problème de la Valachie : si les congressistes conviennent rapidement d’en faire un royaume indépendant, le choix du candidat est l’objet de vives oppositions. Si Paris propose la couronne à l’Empereur d’Autriche [4], les élites hongroises, qui craignent qu’une intégration dans l’ensemble autrichien de nouvelles populations roumaines n’encourage le nationalisme des Roumains de Transylvanie, obtiennent un refus. La France, prudente, déclare ne pas soutenir la candidature d’un Bonaparte. Après avoir envisagé la candidature du Prince de Leuchtenberg, fils d’Eugène de Beauharnais, puis celle de Charles de Prusse, les membres finissent par s’entendre sur la personne de Charles de Saxe-Cobourg-Kohary, époux de l’une des filles de Louis-Philippe d’Orléans. Il est proclamé l’année suivante Carol Ier de Valachie.
L’espace allemand après la guerre de 1848-1849
Dès la signature du traité de paix, le revanchisme s’était solidement installé en Allemagne, mais le désir de revanche des réactionnaires au pouvoir en Prusse, animée par un nationalisme prussien, avait peu à voir avec celui des nationaux-libéraux et nationaux-démocrates allemands. Ceux-ci sont profondément opposés à la dynastie Hohenzollern, accusée de trahison pour avoir accepté la paix, en dépit de l’abdication de Frédéric-Guillaume IV au profit de son frère, Guillaume. Beaucoup d’Allemands, parmi les plus modérés, se tournent vers l’Empereur d’Autriche, seul à même de transformer la Confédération germanique en un véritable Etat fédéral. Les plus radicaux se rassemblent dans des sociétés secrètes insurrectionnelles qui cherchent à lancer une révolution dans l’ensemble de l’Allemagne. En 1851, le leader démocrate Friedrich Hecker est tué en cherchant à soulever la population rhénane, mais ses compagnons poursuivent la lutte. Jeune Allemagne, principale société secrète, multiplie les tentatives, toujours sans succès.
Néanmoins, pour affirmer leur volonté de maintenir l’ordre en Allemagne et de conserver les institutions de la Confédération, l’Autriche et la Prusse se rapprochent, avec notamment le mariage de l’Empereur François-Joseph et d’Anne de Prusse, nièce de Guillaume Ier, en 1853. En 1854, l’Empire d’Autriche (à l’exception des Etats hongrois) entre dans le Zollverein, ce qu’il avait toujours refusé de faire.
C’est pour contrer le rapprochement entre Etats allemands qu’il négocie le mariage de son fils ainé, François-Napoléon, avec Elisabeth de Wittelsbach, fille cadette d’une branche secondaire de la maison de Bavière.
Elisabeth de Wittelsbach
[1] Situation assez semblable à celle de Taiwan dans notre réalité.
[2] Pour éviter le manichéisme et une séparation entre « méchants » carlistes et « gentils » libéraux, je vais essayer de faire de l’Espagne un modèle original.
[3] On le sait, la Syrie est de fait dirigée par les Egyptiens, mais sur ce genre de questions religieuses, la Porte garde la main.
[4] Solution réellement envisagée par la France dans notre continuum.
Dernière édition par DemetriosPoliorcète le Mar 15 Oct - 17:08, édité 2 fois
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Cuba a rajouté dans ce paragraphe
Les partisans d’Antoine de Bourbon créé la surprise en débarquant avec 2000 volontaires (espagnols libéraux, chemises rouges garibaldiennes et soutiens américains) dans l’est de l’île...
Une lettre en trop pour le paragraphe sur Manille : Mais les trois puissances entrzent vite en désaccord : la France souhaiterait une administration prolongée, les Britanniques souhaitant quant à eux se retirer au plus vite.
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Le retour du Saint Empire Germanique sous la férule de Vienne ?
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Collectionneur a écrit:Relecture rapide.
Cuba a rajouté dans ce paragraphe
Les partisans d’Antoine de Bourbon créé la surprise en débarquant avec 2000 volontaires (espagnols libéraux, chemises rouges garibaldiennes et soutiens américains) dans l’est de l’île...
Une lettre en trop pour le paragraphe sur Manille : Mais les trois puissances entrzent vite en désaccord : la France souhaiterait une administration prolongée, les Britanniques souhaitant quant à eux se retirer au plus vite.
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Le retour du Saint Empire Germanique sous la férule de Vienne ?
Corrigé
En tout cas la solution grande-allemande va avoir beaucoup de partisans.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Je ne sais pas s'il est encore très bien vu de faire des mariages princiers avec près de 30 ans d'écart au milieu du XIXe siècle. Des idées?
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Collectionneur a écrit:Les écarts d'âge dans les familles royales sont courant, ''echange femme de 40 ans contre deux de 20 ans'' ne date pas d'aujourd'hui Il faut que l'épouse reste théoriquement fertile.
Certes, mais nous ne sommes plus non plus à l'époque d'Henri VIII. Trente ans d'écart c'est commun pour un grand bourgeois qui épouse une aventurière, mais ça fait quand même beaucoup pour un mariage négocié entre les familles, dans un contexte politique tendu qui plus est.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Le chapitre ne mentionne pas le destin de Puerto Rico, je suppose qu'il suivra celui de Cuba avec un royaume unifié pour les deux îles. Par contre pour les Philippines avec la monté du mouvement indépendantiste à la fin du siècle, la barrière de la langue (espagnol et langues locales contre le français) et le fait que l'Espagne n'a jamais contrôlé le sud de l’archipel, gros problèmes en vue.
Préhistorique- Messages : 567
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Le congrès de Paris avait prévu pour la Bulgarie un statut assez proche de celui qui avait été celui des principautés roumaines au début du siècle : un hospodar, Prince non-héréditaire nommé parmi le clergé grec de l’Empire ottoman, devait être désigné par le Sultan, et régner avec une assemblée rassemblant noblesse et clergé ; les troupes russes comme turques devaient évacuer le pays.
Néanmoins, l’évacuation du pays par l’armée et l’administration russes entraîne une conséquence inattendu : un groupe formé de membres libéraux de la noblesse et d’anciens officiers de l’armée russe s’empare du pouvoir à Sofia et proclame l’indépendance totale de la Bulgarie sous la forme d’une monarchie constitutionnelle. L’entrée des troupes ottomanes sur le territoire est rapidement suivi d’une retraite, face aux mobilisations des armes russes et valaques. En août 1857, un « congrès national » bulgare offre la couronne au fils cadet de Napoléon II, le Prince Nicolas Bonaparte. Le candidat semble s’imposer de lui-même : il est le fils de l’Empereur des Français en même temps que le neveu du Tsar de Russie ; par ailleurs, l’Europe connaît ses sympathies pour l’orthodoxie russe, et il semble bien être le seul prince européen prêt à se convertir avec sincérité. Dans l’urgence, Napoléon II rencontre Alexandre II à Vienne. Les deux beaux frères s’entendent bien, le monarque français plaçant beaucoup d’espoirs dans la politique modernisatrice de son homologue russe ; le Tsar finit par accepter le principe d’un Bonaparte à Sofia, assorti d’accords militaires russo-bulgares. L’Empire ottoman se voit proposer des compensations financières. L’Autriche voit plutôt positivement la présence d’un Etat tampon limitant l’expansion russe. Le plus difficile reste de convaincre l’Angleterre, qui n’accepte le principe de l’accès au trône d’un Bonaparte que contre un retrait consenti de l’influence française en Grèce et à Constantinople ; Londres obtient concrètement l’appui de Paris dans le cadre d’une très probable crise de succession grecque.
La noblesse russe juge néanmoins sévèrement l’accord conclu par le Tsar, déjà peu apprécié pour ses tentatives de réformes. De fait, 1856 a été une « victoire empoisonnée », comme l’appelleront plus tard les historiens : très sûre de sa puissance, l’élite russe fait front contre toute tentative de réforme, ce qui sera très préjudiciable à l’avenir du pays.
1858 : l’année des drames personnels
Avec l’obtention inattendue d’un trône pour le fils cadet, son mariage avec Marie de Bade, ainsi que la naissance du premier enfant de François-Napoléon, la princesse Marie-Elisabeth, la famille de l’Empereur a de bonnes raisons d’être optimiste pour l’avenir. Pourtant, Napoléon II est au seuil de la plus grande épreuve de sa vie.
En effet, le jeune François-Napoléon, qui comme tout Bonaparte, est formé à la carrière des armes, sert sur le vapeur La Gloire, qui effectue des manœuvres en Méditerranée. Le 2 février 1858, une défaillance de la chaudière provoque son explosion et le naufrage du navire dans lequel François, qui a insisté pour être parmi les derniers à évacuer, décède.
Effondré par la nouvelle, Napoléon II télégraphie après une semaine de silence à son fils Nicolas, lui demandant d’abdiquer de son trône Bulgare pour prendre ses fonctions de prince impérial. La réponse de l’intéressé et sans appel : il refuse d’être « Henri III » et de rompre son serment. La déclaration publique qu’il fait dans les jours suivants, affirmant « refuser de trahir le peuple Bulgare et de renier sa foi orthodoxe », le rend immensément populaire et acte sa renonciation définitive.
Napoléon-Louis, le cousin de l’empereur, est le nouvel héritier présomptif, mais est détesté par les cours européennes : il est d notoriété publique qu’il n’a jamais renié les engagements de sa jeunesse auprès des carbonari italiens, et qu’il reçoit chez lui des révolutionnaires de différentes obédiences. Napoléon II ne lui fait donc pas confiance pour prendre la suite et envisage de changer la constitution pour permettre l’accession au trône de sa fille aînée, Marie-Charlotte, ou d’adopter un successeur, comme cela est déjà possible. Cependant, la crainte d’un déchirement familial et d’une succession d’intrigues menant le régime à sa perte le dissuade, et le convainc de chercher au plus vite à se remarier ; à contre-coeur, car l’Empereur avait pris l’habitude d’entretenir plusieurs maitresses.
Il trouve néanmoins la candidate idéale en la personne d’Eugénie de Suède, née en 1834, avec qui il avait déjà pris l’habitude de correspondre. Dotée d’un physique agréable, quoique prématurément vieillie par une santé fragile, Eugénie ne s’était jamais mariée, préférant bénéficier de la liberté que lui donnait le célibat et se consacrer à ses ambitions artistiques et littéraires. Se déplaçant en personne à Stockholm pour lui demander sa main, Napoléon II signe un contrat de mariage la déchargeant de toute obligation protocolaire et ne l’obligeant pas à résider avec son futur mari, le tout justifié par ses besoins médicaux particuliers. Ce mariage est aussi une opportunité pour affirmer la réconciliation entre les maisons Bonaparte et Bernadotte ; Eugénie est aussi, par sa mère, une descendante de Joséphine de Beauharnais.
Eugénie de Suède et de Norvège, dans ses jeunes années
Le mariage a lieu au printemps 1859. L’urgence est néanmoins retombée : Elisabeth de Wittelsbach s’est en effet rendu compte plusieurs semaines après la mort brutale de son mari qu’elle était enceinte, et a donné naissance en novembre à un fils, François-Maximilien. La naissance est fêtée par l’Empire comme aucune autre avant elle : les Bonaparte ont désormais, à l’instar des Bourbon, leur « enfant du miracle » , héritier incontestable de la couronne impériale, et le moral de Napoléon II s’améliore considérablement.
La nouvelle impératrice des Français, reine d’Algérie et des Philippines donne naissance à deux enfants : Charles en 1860 et Joséphine-Marie en 1863. La relation entre les deux époux s’apparente cependant plutôt, en dehors de la production d’héritier, à une simple amitié intellectuelle, Eugénie ne résidant pratiquement jamais à Paris et préférant les stations thermales de la côte atlantique ; Napoléon II, quant à lui, entretenant de notoriété publique des relations extraconjugales. La presse d’opposition n’hésitera pas à tourner en dérision le couple impériale, notamment les journaux royalistes qui s’acharnent sur la « vieille fille protestante ». L’absence de devoirs protocolaires du couple impérial plaît néanmoins au monarque, qui tend de nouveau à déléguer ses devoirs de représentation et à préférer se replier sur un petit cercle de connaissances, laissant briller à la cour d’autres membres de sa famille, comme Louis-Napoléon et le plus jeune prince Napoléon-Jérôme. 1859 est d’ailleurs l’année où ces deux tenants du bonapartisme de gauche font une percée politique majeure.
Napoléon-Jérôme devient une figure majeure dans la deuxième partie du règne de l'Empereur
Les transformations s’accélèrent
Si le pouvoir avait rejeté les possibilités de passage à un suffrage universel complet, les élections de 1854 avaient été l’occasion d’expérimenter un modèle mixte : la moitié des députés, désormais au nombre de 630, étaient élus au scrutin de liste dans de grandes « provinces électorales » par les citoyens payant plus de 100 francs de cens, tandis que l’autre moitié était élue au suffrage universel au scrutin uninominal à deux tours. Les résultats avaient rassuré, la composition de l’assemblée étant restée à peu près la même, à l’exception de l’apparition, à l’extrême-gauche, de quelques députés démocrates-socialistes.
Les élections de 1859 semblaient néanmoins représenter davantage d’enjeux : si les républicains classiques étaient politiquement affaiblis par leurs ambiguités et le ralliemnt de certains à l’idée d’Empire, les démocrates-socialistes poursuivaient sur leur lancée, convainquant une partie du prolétariat urbain mais diffusant également leurs idées dans les campagnes, provoquant la crainte des élites. Mais le fait le plus marquant était la volonté de la gauche bonapartiste, derrière Louis-Napoléon et Napoléon-Jérôme, de mener une campagne tout à fait distincte, refusant les arrangements électoraux avec les conservateurs impériaux. Tout en prônant un exécutif fort, leur programme reprend de nombreuses idées des républicains et des démocrates-socialistes : liberté syndicale, soutien aux associations ouvrières et aux mutuelles, anticléricalisme, défense du suffrage universel intégral. En juillet, ils triomphent dans les scrutins d’arrondissements, tout en faisant de bons scores dans les provinces électorales. Cette victoire permet le retour à la Présidence du conseil de Louis-Napoléon Bonaparte, toujours très populaire et qui a retrouvé la confiance de l’Empereur.
Sa politique permet de concrétiser de nombreux projets impériaux : Paris, où le complexe palatial de Chaillot a finalement été inauguré, se transforme en profondeur avec l’abattement de la barrière poissonnière, le percement de grands axes, l’annexion des communes avoisinantes. En périphérie, les lois sur le logement ouvrier permettent la construction de milliers de logements réservés aux travailleurs. Si les entrepreneurs se plaignent du « socialisme césariste », l’économie ne continue pas moins expansion, avec le développement des industries sidérurgiques et minières, dans le nord, en Lorraine et en Sarre annexée, avec des familles comme celle des Wendel. En 1860, avec l’accord de l’Empereur, Louis-Napoléon gagne le bras de fer contre les protectionnistes et fait accepter le premier traité de libre-échange avec Londres.
Les transformations de Paris sous Napoléon II donne à la ville un aspect qui lui reste profondément associé. Ici, la place Saint Georges.
Louis-Napoléon tient également ses promesses en faisant légaliser les syndicats. Les lois de laïcisation voulues par Napoléon-Jérôme sont néanmoins repoussées par les Chambres.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
En plus le milieu du XIXeme est souvent oublié je trouve.
ezaski- Messages : 300
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Wardog1- Messages : 356
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Pour ce qui est des guerres mondiales, je ne compte pas aller plus loin que la fi du règne de Napoléon II pour le moment.
Les changements géopolitiques commencent, par effet papillon, à prendre de l'ampleur, quand bien même les forces profondes sont les mêmes que dans notre réalité.
Je dois avouer que si j'ai une vision assez claire des événements pour les quelques années suivantes, il y a encore de gros choix à faire pour les relations internationales sur le plus long terme. Dans tous les cas, un hobereau de l'Altmark va finir par apparaître.
ezaski a écrit:En plus le milieu du XIXeme est souvent oublié je trouve.
C'est vrai! Etant dix-neuvièmiste de formation, j'essaie de réparer cette inustice.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Le 20 juin 1859, plusieurs centaines de volontaires nationalistes italiens débarquent à Marsala, dans l’ouest de la Sicile. Ils sont renforcés dans les jours suivants par l’arrivée de plusieurs navires, dont un transport d’armes et de munition maquillé en yacht de plaisance, envoyé depuis Marseille par Napoléon-Louis. Les combattants, habillés de chemises rouges en hommage aux soldats de Garibaldi, marchent sur Palerme mais sont rapidement vaincus : les Bourbons ont accordé, bon gré mal gré, l’autonomie de l’île, principale revendication de ses habitants ; les Siciliens ne suivent donc pas l’insurrection. L’expédition, dans laquelle la complaisance du gouvernement piémontais est évidente, relance néanmoins les tensions autour du cas italien.
Tout en forçant Napoléon-Louis, son cousin et frère de son chef de gouvernement, à s’exiler en Belgique, Napoléon II voit là le moment pour remettre sur la table son plan de confédération des Etats italiens. Il a déjà renforcé, la même année, son poids dans la péninsule via le mariage entre Napoléon-Jérôme et Marie-Clotilde de Savoie.
Le nouveau plan français prévoit une confédération co-présidée par le Pape et François-Joseph, dans laquelle l’Autriche garderait une place prépondérante en votant à la fois pour la Vénétie et la Lombardie, Turin votant pour le Piémont et la Sardaigne, Naples pour chacune des deux Sicile. L’Autriche rejette pourtant unanimement le plan, amenant France et Piémont à se rapprocher davantage.
La question autrichienne en 1860
Depuis l’abaissement de la Prusse, la maison de Habsbourg est en position de force en Allemagne. Pour de nombreux observateurs, dont Otto von Bismarck, Vienne aurait pu, en jouant le jeu du pangermanisme et en obtenant un modus vivendi avec les nationaux-libéraux, faire l’unité de l’Allemagne autour d’elle. Mais François-Joseph hésite entre l’unité allemande, voulue par la bourgeoisie germanophone d’Autriche, et l’approfondissement d’une monarchie centralisée à l’échelle de l’Autriche, soutenu surtout par les peuples non-magyars du royaume de Hongrie. Ce grand écart, qui fait les délices des caricaturistes, maintient Vienne dans une sorte d’immobilisme. François-Joseph donne des signes dans les deux sens d’un côté, de nouveaux monuments viennois mettent en avant la nature allemande de l’Autriche, tandis que dans le même temps, l’Empire adopte un drapeau à trois bandes, symbolisant les trois couronnes d’Autriche, de Hongrie et de Bohème.
Côté français, la remontée des tensions liées à la question italienne entraine une volonté de réarmement préventif : la loi de 1860 met fin au système du tirage au sort au profit de la création d’une Garde nationale mobile où tous les hommes sont appelés à servir ; le projet initial est néanmoins retoqué par les chambres qui obtiennent le maintien de la possibilité de remplacement.
La révolution en Italie centrale
En mai 1861, après près de deux ans de troubles latents, les révolutionnaires romains, mazziniens pour la plupart, parviennent à déclencher une insurrection. D’abord conciliant, le Pape Pie IX saisit la première occasion pour dénoncer les insurgés et appeler à l’aide les puissances catholiques. Plus au nord, Modène, Parme, la Toscane et Bologne se soulèvent contre un possible passage des troupes autrichiennes, conduisant à la fuite de leurs souverains et à l’établissement de gouvernement provisoires.
Vienne refuse une nouvelle offre de médiation française et choisit d’intervenir militairement en contournant les régions rebelles et en débarquant des troupes à Ancône, tandis que l’Espagne envoie elle aussi un corps expéditionnaire à Terracina. Début septembre, l’éphémère République romaine est écrasée et le Pape rétabli dans son pouvoir temporel. Mais la question du devenir de la péninsule est toujours posée. France et Piémont-Sardaigne officialisent alors leur alliance.
Après l’écrasement de Rome, les Etats insurgés réunissent un congrès et déclare former les Provinces unies italiennes (le nom déjà utilisé en 1831). S’il est d’abord question de donner la couronne à Victor-Emmanuel, la prudence de celui-ci conduit les congressistes à proclamer roi Napoléon-Louis Bonaparte [1].
Napoléon II, qui n’a en réalité aucune envie de combattre sa famille maternelle et l’armée dans laquelle il avait jadis fait ses classes, désavoue publiquement le choix de son cousin et appelle à régler la situation par un congrès européen qui se tiendrait dans un pays neutre. François-Joseph ne lui en laisse néanmoins pas l’opportunité et attaque l’Italie centrale en décembre, provoquant l’intervention du Piémont et de la France.
La guerre de 1861
Comme lors des conflits précédents, Russie et Angleterre font pression pour empêcher l’extension du conflit, et la mobilisation des troupes russes dissuade la Prusse d’intervenir. Les nationalistes allemands sont d’ailleurs partagés : si certain forment des corps de volontaires pour affronter l’ennemi français, d’autres se sentent solidaires des nationalismes italiens.
Pour la première fois, c’est le chemin de fer qui est l’élément déterminant dans la résolution de la guerre : grâce à son réseau plus développé, la France peut rapidement amener en Italie 300 000 hommes en armes ; les Autrichiens, qui comptaient sur un écrasement rapide du Piémont et ont fait l’erreur de diviser leurs forces en marchant simultanément sur Turin et Florence, sont battus près de Pavie (ville d’après laquelle les Français s’empressent de nommer l’affrontement, effaçant ainsi l’humiliation de François Ier). Les Franco-sardes s’emparent de Milan tandis qu’ne colonne française entre dans Florence. Après avoir tenté de se rétblir autour de Vérone, l’armée autrichienne prend acte de la défaite et François-Joseph doit demander la paix.
Si l’armée française semble avoir brillé dans la campagne, une ombre au tableau fait enrager Napoléon II : alors que l’armée d’active était déployée en Italie, la mobilisation devait permettre de sécuriser la frontière du Rhin ; or, la levée des troupes et leur acheminement ont été particulièrement lents et inefficaces, laissant le pays de facto sans défenses face à la Prusse. Cet échec patent conduira à de nouvelles réformes de l’armée dans les années suivantes.
La victoire donne néanmoins toute latitude à Napoléon II pour imposer sa vision de l’Italie, y compris face à son allié piémontais et face à son cousin Napoléon-Louis. Toujours attaché à l’idée du maintien d’un concert des nations, et désireux de ne pas reproduire les erreurs paternelles, souhaite ménager l’Autriche. Dans cette optique, il maintient au pouvoir le Grand Duc de Toscane Ferdinand IV, certes dans un duché diminué de moitié. La Maison de Savoie peut annexer directement la Lombardie et le duché de Parme, mais dot se contenter d’une formule d’union personnelle pour la Vénétie, Victor-Emmanuel II de Sardaigne devenant Victor-Emmanuel Ier de Vénétie. Le Pape doit renoncer à la majeure partie de ses Etats mais pas à Rome ni au Latium. Modène, les Légations, les Marches, Bologne et une partie de la Toscane forment le Royaume d’Italie médiane, confié à Napoléon-Louis ; l’éphémère roi de Hollande trouve finalement un Etat sur les rives de l’Adriatique. La France se voit céder par Turin Nice et la Savoie, et annexe l’île d’Elbe au Grand Duché de Toscane.
L’élément le plus important est la création d’une Confédération italienne, que préside à vie Victor-Emmanuel, et qui rassemble tous les Etats cités, à l’exception des Etats pontificaux, et les Deux-Siciles, qui ont accepté sous la pression de l’opinion et de la France. L’Italie se voit ainsi dotée d’une Assemblée nationale, élue au suffrage universel, et d’un Sénat formé de membres délégués par les assemblées des Etats membres et de représentants nommés par les souverains. Pour Napoléon II, la question italienne est résolue, bien que de nombreux nationalistes italiens lui reprochent la structure confédérale qui rend difficile la prise de décisions ainsi que le maintien de monarchies multiples.
Victor-Emmanuel II, roi de Piémont-Sardaigne et Président de la Confédération italienne
La question allemande reste irrésolue
En Allemagne à l’inverse, la défaite autrichienne pose de nouvelles questions sans apporter aucune réponse. L’affaiblissement de l’Autriche semble dans un premier temps détourner d’elle les partisans de l’unité allemande. Un homme tente, plus que les autres, d’en profiter : Otto von Bismarck, nouveau Ministre-président de Prusse.
Aristocrate conservateur, prussien bien avant d’être allemand, Bismarck était avant tout un politicien pragmatique qui avait compris l’irréversibilité de la montée du sentiment national allemand. Pour lui, l’essentiel était de tirer le meilleur parti pour la Prusse, en en faisant l’Etat moteur dans le processus d’unification. Mais la tâche était titanesque : depuis la défaite de 1849 et la paix avec la France, accompagnée de la répression du mouvement libéral, la Prusse conservatrice était l’Etat à abattre.
La perte de crédibilité de l’Autriche permet à Bismarck de réaliser un premier coup politique : en 1863, la Prusse signe avec d’autres Etats du nord de l’Allemagne un traité établissant l’ « Union d’Erfurt », une fédération plus resserrée que ne l’est la Confédération germanique. Les membres, en dehors de la Prusse et du Mecklembourg-Schwerin, ne sont que de petits Etats : Duché d’Oldenbourg, Saxe-Weimar, Meiningen… Si l’emprise territoriale n’est pas immense, la Prusse gagne une continuité territoriale avec la Rhénanie, en intégrant à l’union le duché de Brauschweig. Les institutions de l’Union font également des concessions aux libéraux, avec qui Bismarck cherche un modus vivendi. [2]
L’Autriche, quant à elle, a été contrainte de négocier avec les nationalistes hongrois des concessions qui accordent au royaume de Hongrie plus d’autonomie vis-à-vis de Vienne et plus de centralisation interne, provoquant la fureur des nationalistes slovaques. La Croatie et la Transylvanie, nominalement membres du royaume de Hongrie, demeurent des entités autonomes traitant directement avec Vienne [3]. Finalement, ce nouveau compromis reste particulièrement critiqué de toutes parts. Mais la décentralisation forcée de l’Empire d’Autriche pousse François-Joseph à se tourner de nouveau vers l’espace allemand.
[1] Avec des événements de 1848 d’ampleur moindre, la maison de Savoie est moins associée avec l’unité qu’elle ne l’est dans notre réalité.
[2] L’Union d’Erfurt était dans notre réalité un projet de 1850, annulé suite aux pressions autrichiennes et concernant plus d’Etats qu’ici.
[3] On est encore bien loin du compromis de 1867 qui, dans notre continuum, avait cédé sur presque tout aux nationalistes hongrois.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Une lettre oubliée dans le règlement de la guerre d'Italie :
La Maison de Savoie peut annexer directement la Lombardie et le duché de Parme, mais do...t se contenter d’une formule d’union personnelle pour la Vénétie, Victor-Emmanuel II de Sardaigne devenant Victor-Emmanuel Ier de Vénétie.
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Pour info, BatailledeFrance a sorti une vidéo sur la version réelle de la Révolution de 1830.
Quand on voit l'apport des Bonapartistes dans le renversement de Charles X, ce récit en est d'autant plus crédible
_________________
1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
https://forumuchronies.frenchboard.com/t751-la-france-exilee-tome-1-1940-la-roue-du-destin
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LFC/Emile Ollivier- Messages : 2721
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
La France en Extrême-Orient
L’acquisition des Philippines, officielle à partir de 1857, ne fut pas comme on pouvait le penser celle d’une colonie clés en main dans laquelle il suffisait d’investir : les révoltes nées de l’anarchie n’avaient pas entièrement cessées, tandis que le sud de l’archipel, jamais vraiment maitrisé par les Espagnols, nécessitait encore d’être conquis. La conquête, confiée aux troupes de marine et à des tirailleurs locaux, prend plusieurs années.
La colonie est érigée en 1858 en royaume, sur le modèle de l’Algérie, dotée d’un vice-roi assorti d’un résident général. La volonté d’imposer dans le pays un concordat sur le modèle français soulève par ailleurs un conflit avec l’Eglise catholique ; la tension se transforme en émeutes et affrontements armés lorsque la France préside au dépeçage des Etats pontificaux.
Les Philippines restent un atout majeur pour le déploiement d’une diplomatie dans la région. Comme le traité conclu avec les Britanniques interdit à la France de s’implanter plus à l’ouest, dans la péninsule indochinoise, l’activité française y est purement diplomatique et commerciale. Au Siam, la France cherche à se constituer un puissant allié, avec un premier traité en 1856 [1], approfondi par la suite. Le Siam, renforcé par les aides concurrentes de la France et de la Grande-Bretagne, se renforce et peut absorber les territoires voisins du Canbodge et de Lan Xang [2].
La Chine voisine est quant à elle moins vue comme un partenaire potentiel que comme un immense marché, à ouvrir par la force s’il le faut. Sous l’influence de Louis-Napoléon, la France se joint à la Grande-Bretagne dans la seconde guerre de l’opium. Les troupes françaises participent donc à l’expédition de 1860 qui conduit à la prise de Pékin et au sac du Palais d’été. La France obtient donc, en même temps que son allié, l’ouverture de ports, le droit pour ses ressortissants de voyager en Chine intérieur, et une représentation diplomatique à Pékin.
Mais le terrain le plus investi par la diplomatie française en Extrême-orient est sans conteste le Japon. Après l’ouverture forcé du pays par les navires du commodore Perry, la France cherche immédiatement à développer des relations commerciales et diplomatiques, avec l’envoi d’une mission en 1856. Paris devient rapidement le premier partenaire du Shogun Tokugawa, qui cherche des appuis pour sa politique modernisatrice. L’armée shogunale se retrouve rapidement encadrée par des officiers français. Dans le même temps, le Royaume-Uni finance et arme plutôt les clans du sud, hostiles au pouvoir d’Edo.
Samouraïs de Satsuma. Les clans du sud sont les principaux opposants au pouvoir du Shogun Tokugawa
Mis en difficultés par les conservateurs et par les partisans d’une restauration impériale, Tokugawa Yoshinobu, qui vient d’hériter du shogunat, accepte dans un premier temps de restituer ses pouvoirs. Mais, devant le refus d’exécuter les promesses faites à son clan, il prend la direction de Kyoto avec une force armée pour déposer une protestation auprès du jeune empereur Meiji. En chemin, il se heurte aux forces de Choshu et Satsuma, venues lui barrer la route : c’est le début de la guerre de Boshin. Après une journée de combats, la victoire des forces shogunales est sans appel, mais la nouvelle de l’assentiment impérial donné à ses adversaires fait hésiter Yoshinobu, et provoque la défection de plusieurs de ses soutiens ; il ne profite donc pas de sa victoire et laisse le temps aux deux camps de s’organiser pour une guerre plus longue. Les forces shogunales finissent par remporter la guerre, confortées par la reconnaissance des puissances européennes de leur gouvernement comme celui du Japon. Si Kyoto et la cour impériale sont contrôlées dès le printemps 1868, il faut encore une année pour venir à bout des forces rebelles rassemblées dans l’île de Kyushu.
S’ensuit une période de dictature militaire et de modernisation accélérée. Yoshinobu ne supprime aucune des structures impériales, féodales ou de castes, mais les vides de leur substance pour les doubler par une administration moderne, centralisée et organisée en préfectures.
Le royaume voisin, la Corée, est la cible d’une première expédition française en 1866, mais la victoire est revendiquée des deux côtés et il faut attendre qu’une expédition franco-américaine ne s’empare de Séoul, après de durs combats, pour que le pays soit forcé de s’ouvrir et signe une série de traités commerciaux. S’ensuit une politique de modernisation forcée accentuée par l’arrivée au pouvoir du roi Kojong et de la reine Min en 1873. Face à la victoire de l’influence française au Japon, le Royaume-Uni cherche à s’imposer comme le premier partenaire du royaume.
Le Moyen-Orient
Fasciné très tôt par l’orientalisme, comme beaucoup d’hommes de sa génération, Napoléon II avait conservé un vaste intérêt pour les relations entre la France et les pays du monde musulman, n’hésitant pas à superviser lui-même les missions diplomatiques.
En Iran, la France envoie dès 1838 une mission diplomatique, profitant de la rupture entre Téhéran et Londres, et obtient l’année suivante un traité de commerce et d’amitié, bientôt suivi par l’envoi d’une mission militaire. Paris refuse pourtant systématiquement de prendre des engagements contraignants pouvant froisser les intérêts anglais ou russes, à qui on ne peut de toute manière pas faire concurrence dans la région. L’objectif est de s’affirmer comme un partenaire commercial, technique et culturel, pas de faire de l’Iran un Etat client. La coopération se resserre avec l’arrivée au pouvoir de Mirza Taqi Khan Amir Kabir, ministre modernisateur qui fonde le Dar ol-Fonun, école polytechnique, et fait bientôt appel à des ingénieurs français pour y enseigner. Les industries d’Etat, fondées en nombre à cette époque, sont elles aussi souvent confiées à des ingénieurs européens, dont des Français. Après que le premier ministre ait perdu la faveur royale, la légation française joue, avec la légation française, un grand rôle dans le sauvetage de sa vie, permettant son retour aux affaires quelques années plus tard [3].
Plus à l’ouest, la Syrie-Egypte des descendants de Mehmet Ali n’a pas oublié sa dette envers la France, qui reste son principal partenaire, en dépit d’une forte concurrence britannique. Le pays connaît une certaine prospérité économique, dopée par la « famine de coton » due à la guerre de sécession ; ce développement est néanmoins acquis au prix d’une brutale mise au pas de la société par l’élite turcophone du Caire. L’arabisation de l’Etat est très lente. Le grand événement reste la construction et l’inauguration, en 1867, du canal de Suez.
En mer Egée, France et Russie ont accepté de laisser la prééminence à l’influence britannique, après l’affaire Bulgare. La Sublime porte semble devenue l’ombre d’elle-même, ne tenant que par les désaccords entre les puissances voisines. Abdülaziz semble certes décidé à mener des réformes d’envergure, avec le décret des Tanzimat en 1856, qui modernise d’Etat et reconnaît l’égalité devant la loi de tous les sujets, musulmans ou non. Mais, dès l’année suivante, la renonciation à la Bulgarie suffit à ses adversaires pour le déposer et l’assassiner peu après. L’Empire s’enfonce alors dans la réaction ; le contrôle sur les Balkans est tout relatif, de même que celui sur l’Irak.
La Grèce est, elle aussi, placée dans la zone d’influence de la Grande-Bretagne. C’est pour cette raison que Victoria finit par accepter, après une longue hésitation, la nomination de son fils cadet Alfred comme héritier du trône du jeune royaume : Othon Ier, bien que rendu populaire par le rattachement de la Thessalie et de Samos, n’a pas réussi à convaincre ses héritiers Wittelsbach de se convertir à l’orthodoxie et a dû se résoudre à accepter un congrès national qui a désigné Alfred comme prince héritier. A la mort d’Othon en 1867, il hérite ainsi du trône grec et prend le nom de Georges Ier de Grèce. Son mariage en 1874 avec Maria Alexandrovna de Russie, une princesse orthodoxe, s’inscrit dans la continuité de son hellénisation.
Le prince Alfred du Royaume-Uni devient le roi Georges Ier de Grèce
Les Amériques
En 1862, la France participe avec la Grande-Bretagne et l’Espagne à une expédition contre le Mexique du président libéral Juarez, qui vient de sortir victorieux d’une guerre civile contre les conservateurs [4]. Si les Espagnols et les Anglais se retirent rapidement, les troupes françaises demeurent sur place. La volonté de Louis-Napoléon est en fait de transformer le pays en une monarchie sous influence française, avec l’aide des conservateurs mexicains. Alors que les troupes françaises peinent à avancer vers Mexico, le scandale éclate à Paris en avril 1863 : le Président du conseil aurait mené une diplomatie secrète, sans en référer à l’Empereur ni aux Chambres, et aurait cherché lui-même à convaincre plusieurs candidats de prendre le trône du Mexique. Ulcéré, Napoléon II renvoie son chef de gouvernement et cousin. Leur dernière entrevue restera dans les mémoires, l’Empereur déclarant : « vous avez toujours rêvé d’être à ma place, et si cela avait été le cas vous n’auriez laissé ni moi ni personne d’autre occuper la vôtre ». Ce à quoi Louis-Napoléon répond simplement « je prend acte de la volonté de sa majesté l’Empereur, et je m’attriste de ce que peut penser mon cousin François » [5].
L'expédition du Mexique signe la fin du pouvoir de Louis-Napoléon Bonaparte
Dans le même temps, la France conserve de l’influence à Cuba, aux côtés du Royaume-Uni, bien que ces deux puissances passent derrière la Belgique, bientôt premier partenaire de l’île. Antoine d’Orléans, après une dizaine d’années à régner sur l’île en tant que roi d’Espagne en exil, finit par se proclamer « Roi d’Espagne et de Cuba », ce qui donne un statut d’Etat indépendant à l’île, à laquelle est rattachée Puerto Rico. Profitant de l’éclipse momentanée des Etats-Unis avec la guerre de sécession, Cuba se développe de façon accélérée, après avoir souffert de l’anarchie et des conséquences immédiates de l’abolition de l’esclavage. Après avoir accueilli les Espagnols anticarlistes exilés, l’île reçoit également une part de l’immigration irlandaise et italienne, jouant ainsi de son statut de pays catholique.
Le reste du monde
En dehors de ses deux royaumes d’Algérie et des Philippines, la France s’intéresse encore peu aux colonies. Les navigateurs français progressent dans le Pacifique sud, en Polynésie et Mélanésie. La Nouvelle-Calédonie devient ainsi le lieu privilégié pour l’organisation de bagnes.
En Afrique, l’emprise française progresse depuis les communes sénégalaises, mais cette expansion est le fait d’initiatives des gouverneurs, non une volonté politique de Paris. La France possède également un petit territoire au Gabon, autour de « villages de liberté » construits pour loger d’anciens esclaves.
Le voisin belge est davantage impliqué dans des expéditions africaines. Au début de la décennie 1850, un comptoir belge est ainsi établi dans la corne de l'Afrique, dans ce que l'on va appeler l' "Abyssinie belge".
[1] Historique. Les relations se sont ensuite tendues avec l’avancée française en Indochine.
[2] Le Laos
[3] PoD audacieux ici, et pas le plus réaliste. Mais j’avais envie de changer la trajectoire de l’Iran.
[4] L’expédition du Mexique est plus tardive ici, en raison de la guerre européenne.
[5] Le duc de Reichstadt ayant été appelé Fransz à la cour de Vienne, il est logique que ses proches continuent à l’appeler François dans l’intimité.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Un lapsus concernant la Perse : . Après que le premier ministre ait perdu la faveur royale, la légation française joue, avec la légation française, un grand rôle dans le sauvetage de sa vie, permettant son retour aux affaires quelques années plus tard [3].
Rayan du Griffoul aime ce message
Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Collectionneur a écrit:Merci. La Belgique devient une vraie puissance internationale dans cette histoire
C'est le cas historiquement! Premier pays à s'industrialiser après la Grande-Bretagne, projets coloniaux dès Léopold Ier, prestige de la maison de Saxe-Cobourg... La Belgique a une sacrée histoire au XIXe siècle.
Par ailleurs, merci à Thomas pour ses conseils sur le Japon.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
Thomas, LFC/Emile Ollivier et Rayan du Griffoul aiment ce message
Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Wardog1- Messages : 356
Date d'inscription : 08/11/2015
Age : 32
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Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Wardog1 a écrit:Peut etre que dans cette timeline l'iran va suivre la même voie que la Turquie, devenir un état moderne et laïque ou a défaut une religion moins présente
En tout cas, l'Etat va assainir ses finances et devenir plus efficace, sans doute avoir une armée moderne digne de ce nom (ce que l'Etat qajar n'a jamais réussi à faire OTL).
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier et Collectionneur aiment ce message
Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Après la disgrâce de Louis-Napoléon Bonaparte en 1863, il a nommé au poste de Président du conseil le diplomate expérimenté Edouard Drouyn de Lhuys, et l’a maintenu après les élections suivantes, voulant ainsi afficher une politique prudente vis-à-vis des autres puissances européennes, loin de l’image de révolutionnaire adepte de la diplomatie secrète de Louis-Napoléon. Pourtant, le projet français d’un concert européen flexible dans lequel les revendications libérales et nationales pourraient progressivement se faire entendre semble de moins en moins réalisable au cours de la décennie 1860, marquée par une montée générale des tensions. Dès 1863, la fin de l’alliance franco-russe marque les esprits.
La rupture franco-russe
Napoléon II espérait depuis son accession au pouvoir, et plus encore depuis son mariage avec Maria Nikolaïevna, que des gains russes en direction de l’Empire ottoman et des Balkans orthodoxes convaincrait la Russie de mener une politique plus favorable à la reconnaissance de la nation polonaise, qui formait toujours en principe un royaume autonome dans les possessions des Romanov.
Malgré la mort de son épouse russe, il avait gardé de bonnes relations avec les Romanov, s’entendant particulièrement bien avec son ex-beau frère Alexandre II, jeune souverain se voulant réformateur des antiques structures de la Russie. Les relations s’étaient néanmoins tendues devant les renoncements successifs d’Alexandre : face à une noblesse russe persuadée que le pays n’a rien à changer, il avait sans arrêt repoussé l’abolition du servage, qui restait limitée aux seuls domaines de la couronne, et de nombreuses autres réformes, semblant prendre le même chemin que son prédécesseur Alexandre Ier. En dépit du refroidissement des rapports interpersonnels et internationaux, la peur d’une intervention russe à l’est avait pesé dans la balance lors de la guerre de 1862, alors que la France avait dégarni sa frontière nord-est et qu’une revanche semblait à la portée de la Prusse.
Néanmoins, en janvier 1863, un événement allait conduire à la fin de l’alliance : après plusieurs années de tensions grandissantes, les factions polonaises les plus radicales prennent la tête d’une insurrection ouverte face à la Russie, déclenchée par la volonté d’imposer la conscription forcée dans le royaume. Le Comité central national, qui promet la fin du servage et la distribution de terres aux volontaires, ne peut cependant pas organiser de force assez puissante pour tenir tête à l’armée impériale. S’ajoute la division entre les « rouges », radicaux, et les « blancs », représentants de la noblesse terrienne, plus ouverts aux accomodations, qui mine l’efficacité de l’insurrection. Fin juin, la Russie reprend le contrôle du pays [2].
A Paris, le gouvernement est dans une situation délicate, tandis que républicains et démocrates-socialistes d’enflamment pour la cause polonaise. Alors que le Quai d’Orsay considère que la question polonaise est interne à l’Empire russe, des manifestations de soutien à la Pologne dégénèrent en émeutes où l’on hisse le drapeau rouge ; l’intervention de la troupe fait plusieurs morts. Alors qu’il devient clair que l’écrasement de la révolte polonaise est proche, Napoléon II prèche publiquement la modération et espère que la Russie saura rétablir la situation en prenant en compte certaines revendications nationales et en modernisant le pays. C’est tout le contraire qui a pourtant lieu : la répression est féroce, et le royaume de Pologne voit ses institutions supprimées de fait ; la Pologne disparaitra définitivement du vocabulaire tsariste en 1867, où elle devient la province de la Vistule.
La France prend dès l’ors ses distances avec la Russie, à travers les publications diplomatiques officielles et, surtout, la nomination d’Alexandre Walewski aux finances en 1866. Si celle-ci est sensée représenter une ouverture vers le parti de la Mesure, il s’agit aussi et surtout d’un signal envoyé à l’Europe.
Le Bonaparte de l’Est
Napoléon II reste cependant logiquement lié au monde orthodoxe par son fils, Nicolas Bonaparte, roi de Bulgarie. Celui-ci a conquis une grande popularité grâce à sa réponse énergique à son père, mais se montre rapidement très autoritaire, gagnant le surnom d’ « Attila de la famille Bonaparte ».
Sa politique est marquée par une volonté de moderniser rapidement son pays, en sécularisant les institutions, en brisant le pouvoir de l’élite terrienne traditionnelle et en saisissant une grande partie des biens ecclésiastiques. Il doit affronter plusieurs complots aristocratiques ainsi que des révoltes paysannes antifiscales, mais conserve sa popularité par l’affichage de sa foi orthodoxe et sa politique culturelle. Les libéraux, opposés à son interprétation autoritaire de la constitution, lui gardent pourtant leur soutien face à l’aristocratie conservatrice.
Alexandre II de Russie, de réformateur à conservateur
Nicolas Ier cherche avant tout à construire un Etat moderne pouvant lever une armée puissante, en dépit de sa taille et de ses moyens limités, avec l’objectif assumé de rattacher à son royaume l’ensemble des populations bulgarophones : Macédoine, Roumélie orientale et Thrace, et pourquoi pas la capitale impériale qu’est Constantinople. Il s’oppose également à l’emprise russe sur les Balkans, demandant le retour de l’autocéphalie du patriarcat de Tarnovo par rapport à celui de Moscou ; l’idée est d’obtenir la libération des Balkans par les Balkaniques eux-mêmes, sans assistance russe.
La question allemande, toujours
La décennie 1860 est marquée par la rivalité, feutrée mais bien réelle, entre les puissances autrichienne et prussienne dans l’espace allemand. Si Bismarck a marqué un point important avec la création de l’Union d’Erfurt, François-Joseph a rapidement contre-attaqué en rappelant le caractère allemand de l’Autriche, et en utilisant autant que possible les institutions de la Confédération germanique. Restant conservateur, il ne franchit jamais le pas d’un soutien à l’unité allemande et à la fédéralisation de la Confédération.
En 1864, l’Allemagne passe près d’une nouvelle crise des duchés, lorsque Frederick-Auguste d’Augustenbourg revendique l’héritage des duchés après la mort de Frédérick VII de Danemark. Une vague de nationalisme presse les souverains de Vienne et Berlin d’intervenir pour détacher le duchés du Danemark et les arrimer à l’Allemagne. Néanmoins, la France, la Grande-Bretagne et la Russie, garantes des conclusions du congrès de Bruxelles, interviennent pour dissuader la Confédération d’entrer en guerre et laisser la succession danoise se dérouler selon les termes de l’ancien traité.
Otto von Bismarck cherche à expulser l'Autriche de l'espace allemand
Cependant, Bismarck feint pendant un moment d’être plus intransigeant que la diplomatie autrichienne sur la question, provoquant une montée des tensions entre les deux pays. Peu après, alors que les diplomates semblent avoir réglé la question, une dépêche de presse décrit une attitude méprisante de la Prusse et un non-respect du protocole diplomatique propres à soulever l’indignation de la population autrichienne. Si la Prusse dément finalement l’information, certains observateurs pensent que Bismarck a sciemment créé cette dépêche erronée pour entraîner une guerre entre les deux puissances et expulser l’Autriche de l’espace allemand.
La famille impériale
Si l’Empereur doit participer aux négociations permanentes de la famille des rois et empereurs, il est aussi le chef de sa propre famille. Alors que la cour voit avec soulagement le jeune héritier de la couronne, François-Maximilien, grandir en bonne santé, l’Empereur songe au mariage de ses autres descendants. Marie-Charlotte, son ainée, étant toujours une héritière potentielle de la couronne impériale, il a tenu à ce qu’elle épouse un français ; le candidat idéal est apparu en la personne d’Alexandre Berthier, duc de Wagram, petit-fils du chef d’état major de Napoléon Ier. Ces deux sœurs cadettes épousent de futures têtes couronnées : Alexandrine épouse Louis de Portugal, scellant la réconciliation entre les deux pays, tandis que Caroline est mariée à Frédéric de Danemark, de deux ans son ainé.
A côté de sa vie de famille, il est désormais de notoriété publique que l’Empereur entretient des relations extra-conjugales depuis la mort de son épouse. On peut citer parmi elles la tragédienne Rachel, qui a également eu des aventures avec Louis-Napoléon, Napoléon Jérôme et Alexandre Walewski. Dans la même décennie 1850, il avait également entretenu une liaison avec Apollonie Sabatier, également l’une des maitresses de Charles Baudelaire.
[1] Rien d’étonnant ici, cela a fait partie des pratiques des milieux cultivés du temps.
[2] Historique.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
Thomas, LFC/Emile Ollivier, Collectionneur, Rayan du Griffoul et ezaski aiment ce message
Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
LFC/Emile Ollivier et Rayan du Griffoul aiment ce message
Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)
Le prochain se concentrer sur la politique intérieure. Ensuite, les choses vont bouger en Allemagne.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier, Collectionneur, Rayan du Griffoul et ezaski aiment ce message
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