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L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)

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L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889) - Page 2 Empty Re: L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889)

Message par DemetriosPoliorcète Jeu 10 Oct - 15:13

Yodarc a écrit:Mariage russe : Napoléon l'a rêvé, son fils l'a réalisé.

Il est certain qu'avec son ascendance Habsbourg, Napoléon II a plus de succès en matière matrimoniale. D'autant que les témoins de l'époque le décrivaient comme quelqu'un de très séduisant.
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Message par DemetriosPoliorcète Ven 11 Oct - 10:38

L’Empire dans le Concert des nations (1840-1848)

La poursuite de l’intégration au concert européen et le « nouveau Tilsitt »

La révolution de 1830 avait fait craindre aux monarchies européennes que Paris ne redevienne un foyer de déstabilisation pour le continent et se lance dans un nouveau cycle de guerres révolutionnaires ou, dans une moindre mesure, qu’un Etat gouverné par les jacobins ou les bonapartistes ne gène la coopération entre puissances européennes. Casimir Perier puis Soult avaient par la suite rassuré l’ensemble des puissances en s’inscrivant dans la continuité de la politique des Bourbons : rompre l’isolement de la France en affirmant sa place comme membre à part entière du concert européen, le système mis en place par Metternich depuis le congrès de Vienne. Après le déclenchement de la guerre carliste en Espagne, la France avait contribué à former la Quadruple alliance avec Royaume-Uni, Portugal et libéraux espagnols, et était intervenue dans le conflit en prêtant aux armées de la reine Isabelle la nouvelle Légion étrangère.

La reprise en main impériale puis le mariage russe s’inscrivirent dans la continuité de cette politique, tout en l’affinant et en lui donnant de nouveaux objectifs. Il s’agit d’accepter le concert des puissances et l’Europe monarchique, sans pour autant défendre le cadre rigide voulu par Metternich. Une certaine souplesse doit en effet permettre, selon la diplomatie française, de régler les questions nationales en suspend et de défendre les intérêts français, notamment en Méditerranée. Par philhellénisme autant que pour s’inscrire dans les traes de son père, l’Empereur souhaite en effet une entente franco-russe pour démembrer l’Empire ottoman et le partager en zones d’influence.

L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889) - Page 2 1280px-Metternich_%28c._1835-40%29
Klemens von Metternich reste l'homme-clé en Europe, mais son influence s'affaiblit

Ce changement relatif de l’ordre européen, reposant sur l’entente (souvent tout aussi relative) entre France et Russie, est parfois appelé « nouveau Tilsitt ». L’idée est de maintenir un équilibre continental par la concertation des deux extrémités de l’Europe continentale, qui sont aussi une puissance libérale et le chef de file des puissances conservatrices. Par ailleurs, la France continue d’apporter un soutien modéré aux idées libérales et nationales, dans la mesure où l’on ne court pas le risque d’un déséquilibre européen. Sur la question polonaise, Napoléon II espère ainsi obtenir une politique plus libérale de son beau-père en mettant dans la balance une extension de l’influence russe vers les Balkans orthodoxes. Sur la question italienne, Paris cherche à ressusciter l’idée d’une Ligua italica sur le modèle de la Confédération germanique, qui serait coprésidée par l’Empereur Habsbourg et le Pape. Comme lors du Congrès de Vienne, Metternich refuse catégoriquement.

Dans le même temps, les tentatives répétées de la diplomatie impériale pour tisser des liens avec la Grande-Bretagne se heurtent à la méfiance de Londres, inquiète quant à l'entente franco-russe. Les relations franco-britannique échappent de peu au point de non-retour en 1840.

La crise d’Orient de 1840


Après avoir brièvement envisagé une nouvelle campagne d’Egypte, la diplomatie impériale avait finalement fait le choix d’un rapprochement avec le Pache d’Egypte Mehemet Ali. Révolté contre l’Empire ottoman, celui-ci avait infligé une humiliation à l’armée de la Porte et n’avait été arrêté que par l’intervention des puissances européennes ; Méhémet Ali avait renoncé à marcher sur Constantinople mais s’était vu reconnaître le contrôle sur la Syrie ottomane.

L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889) - Page 2 Mehmet_Al%C3%AD%2C_pach%C3%A1_de_Egipto%2C_por_David_Wilkie
Méhémet Ali, Pacha d'Egypte, en 1841

La France avait dès lors chercher à gagner en influence dans le nouvel ensemble territorial syro-égyptien. En 1836, le Pacha avait envoyé à Paris un corps de 200 mamelouks qui avait permis de reformer l’ancien corps des mamelouks de Napoléon Ier ; la France avait envoyé en retour une mission militaire.

En 1839, la crise est relancée par l’offensive de l’armée ottomane du sultan Abdülmecid Ier, qui cherche à chasser les Egyptiens de Syrie. Ibrahim, fils de Méhémet Ali repousse l’attaque et bat les Ottomans à la bataille de Nézib. Constantinople est de nouveau menacé, et la Porte au bord de l’effondrement ; comme en 1833, les puissances interviennent pour empêcher la conquête égyptienne de l’Anatolie. La configuration géopolitique a néanmoins évolué : si le Royaume-Uni et l’Autriche cherchent par tous les moyens à maintenir l’intégrité de l’Empire ottoman, la France est désormais clairement favorable à l’Egypte et cherche à attirer dans son camp la Russie par des promesses de gains dans les Balkans.

La crise en Méditerranée orientale se transforme en crise européenne lorsque le Royaume-Uni cherche à réunir une conférence excluant la France pour son soutien à Méhémet Ali, ce que refuse la Russie. Les discussions qui s’ouvrent finalement à Londres en juillet 1840 en présence de l’ambassadeur de France s’enlisent, et n’aboutit qu’à un accord pour geler le conflit. Le refus de Méhémet Ali d’un cessez-le-feu prolongé entraîne une intervention unilatérale de la flotte britannique, renforcée par des navires autrichiens, qui bombarde Sidon et Beyrouth. A Paris, cet affront entraîne un sursaut patriotique attisé par l’opposition libérale et républicaine, qui attend une reculade de l’Empereur pour mettre en cause sa crédibilité. Finalement, l’adoption d’une position plus modérée par la Russie permet une descente des tensions et la conclusion d’un nouveau traité accepté par l’Egypte.

Méhémet Ali accepte d’évacuer le Hedjaz, rendu aux Ottomans, et la Crète, placée provisoirement sous administration britannique quoique toujours nominalement turque. En échange, il se voit reconnaître la possession héréditaire de l’Egypte et de la Syrie au sud de l’Euphrate, excluant ainsi Alexandrette. Si les troupes égyptiennes reculent, c’est dans les faits une victoire pour Paris et le Caire, qui confortent leurs positions. Constantinople se trouve considérablement affaiblie, d’autant que la prise de contrôle de la Crète par les Britanniques est vue comme une trahison. Abdlülmecid est déposé et remplacé par son demi-frère Abdülaziz. C’est un indéniable succès pour la diplomatie française qui gagne en influence en Méditerranée orientale et réaffirme son rôle de protectrice des chrétiens du Levant avec l’accord égyptien. L’affaiblissement de la Porte attise les convoitises de la Russie sur les Balkans, source de conflits à venir.

Napoléon II, roi d’Algérie

Le nouveau pouvoir avait hérité en 1830 d’une conquête dont on ne savait trop que faire, et qui s’était néanmoins poursuivie. En 1834, un premier statut de l’Algérie avait été édicté par les Chambres, créant un poste de gouverneur général et actant le principe d’une occupation française limitée aux zones côtières. De son côté, Napoléon II avait créé dès 1833 un comité d’experts chargé de réfléchir au futur de la colonie. Après sa reprise en main du pouvoir, il avait transformé ce comité informel en une commission officielle, composée principalement d’orientalistes de l’école des Jeunes de langue. Alors que la conquête s’était poursuivie avec la prise Constantine, dernier reliquat de la Régence d’Alger, l’Empereur avait personnellement supervisé la rédaction d’une constitution promulguée par décret en 1838, se proclamant par la même roi d’Algérie. Le texte fixe les frontières du royaume au littoral et au Constantinois, « l’Algérie utile » sous contrôle français, et affirme le caractère musulman et arabe du nouvel Etat. Sont institués une Chambre haute rassemblant la notabilité tribale et urbaine (y compris des autorités de la communauté juive) et une Chambre basse élue pour moitié au suffrage censitaire et constituée pour l’autre moitié des responsables de l’administration. Le roi est officiellement représenté à Alger par un vizir musulman (le plus souvent, il s’agira de français convertis), bien que l’administration effective soit entre les mains d’un résident général nommé par les Affaires étrangères. Cette transformation de la colonie en royaume client est marquée par le souvenir du Premier empire ; Napoléon II y voit également l’occasion d’ajouter, comme son père en Italie, un titre royal à son titre impérial. En outre, elle s’inscrit dans la fascination romantique pour un Orient que l’on espère « régénérer ». Le drapeau du nouvel Etat reprend le modèle des drapeaux napoléoniens, en remplaçant le rouge par le vert islamique.

Si le texte sera plus tard salué comme un précurseur dans le monde arabe, il frappe à l’époque par sa déconnexion avec le terrain, et sidère les militaires de l’armée d’Afrique, qui parlent de « chose étrange » pour le qualifier. De fait, la délimitation précise de la frontière, qui englobe des zones côtières non encore sous contrôle français, prend encore une dizaine d’année. Il faut attendre 1845 pour que la Chambre haute soit effectivement réunie au complet, 1851 pour l’élection de la chambre basse. Sa promulgation n’est néanmoins pas sans effets : elle contribue à une paix durable avec l’Etat que l’émir Albdelkader bâtit sur les ruines de la Régence, qui se trouve placé hors du territoire revendiqué. Elle freine également la colonisation de peuplement, qui restera surtout urbaine et commerçante. Dépossédée de son pouvoir, l’armée d’Afrique a pour maigre consolation l’instauration d’un bataillon de zouaves dans la Garde impériale.
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Message par Collectionneur Ven 11 Oct - 10:53

La méthode employée en Algérie peut changer beaucoup de choses avec la colonisation de l'Afrique plus tard par les autres pays européens.
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Message par DemetriosPoliorcète Ven 11 Oct - 15:47

Collectionneur a écrit:La méthode employée en Algérie peut changer beaucoup de choses avec la colonisation de l'Afrique plus tard par les autres pays européens.

Oui, je réfléchis sur l'évolution que ça va prendre sur le long terme.

Par ailleurs, si quelqu'un qui maitrise les logiciels de graphisme a une idée pour le drapeau, il est le bienvenu!
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Message par Préhistorique Ven 11 Oct - 18:31

DemetriosPoliorcète a écrit:Par ailleurs, si quelqu'un qui maitrise les logiciels de graphisme a une idée pour le drapeau, il est le bienvenu!
Pas compliqué, le drapeau tricolore était le drapeau du premier empire français et après un éclipse durant la Restauration avec le drapeau blanc il est définitivement de retour en 1830. La seule possibilité du drapeau blanc c'est celle d'un maintient de la restauration après 1830. Le tricolore fait tellement consensus qu'il empêcha la restauration de la monarchie par le comte de Chambord qui s'entêtait à vouloir le drapeau blanc. La seule chose qui a changer c'est la hampe elle eu une fleur de lys durant la Restauration, un coq gaulois durant la monarchie de juillet, une fer de lance durant les républiques et un aigle lors des régimes impériaux, un aigle comme hampe donc.

Le changement ce sera probablement un pavillon propre au chef d'état, certains pays ont des variantes du drapeau utilisées seulement par le président. Ici le pavillon impérial sera tout simplement un drapeau tricolore avec un aigle impérial jaune dans la partie blanche.
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Message par Thomas Ven 11 Oct - 23:01

Le drapeau du nouvel Etat reprend le modèle des drapeaux napoléoniens, en remplaçant le rouge par le vert islamique.
Propositions rapides :
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L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889) - Page 2 Roayum11

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Message par Thomas Ven 11 Oct - 23:05

Le changement ce sera probablement un pavillon propre au chef d'état, certains pays ont des variantes du drapeau utilisées seulement par le président. Ici le pavillon impérial sera tout simplement un drapeau tricolore avec un aigle impérial jaune dans la partie blanche.

Proposition rapide :
L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889) - Page 2 Drapea12

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Message par DemetriosPoliorcète Sam 12 Oct - 12:00

Merci pour ces essais Thomas!

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Message par DemetriosPoliorcète Sam 12 Oct - 20:31

Chapitre 5 - La politique intérieure (1840 – 1848)

Economie et société : a continuité derrière les changements de régime

Sur le plan intérieur, derrière les profonds changements induits par la nouvelle constitution de 1830 puis par la reprise en main impériale et l’élargissement du corps électoral, on remarque une certaine continuité dans les politiques menées du point de vue économique et social. Certes, plusieurs figures bonapartistes se proclament socialistes ; en 1836 est ainsi adoptée la loi déposée conjointement par Victor Hugo et Louis Napoléon Bonaparte, encadrant très largement le travail des enfants. Mais faute de véritable corps d’inspection, elle n’aura aucun effet réel. Autre grand objectif humanitaire, l’abolition de l’esclavage est effective en 1835 ; le débat lancé par l’Empereur lors de la première législature n’avait abouti en 1833 qu’à une timide loi sur la liberté des ventres.

Si l’Empereur et une partie de son entourage, influencés par la lecture de Saint Simon, ont une vision positive des expériences socialistes, la législation sociale reste timide. Les Chambres restent dominées par les notables conservateur, qui maintiennent la politique économique néo-colbertiste de la Restauration : le protectionnisme vis-à-vis de l’extérieur est de mise, de même que le soutien aux entrepreneurs à l’intérieur. Il faut dire que le débat sur le socialisme et la paupérisation des classes laborieuses semble encore inadapté à la France : si l’exemple de l’Angleterre voisine, et bientôt de la Belgique, fascine autant qu’il terrifie, la situation dans l’Hexagone est incomparable. Le faible exode rural dans une population paysanne qui a souvent accès à la propriété, la disponibilité de l’énergie hydraulique et du bois ainsi qu’une certaine frilosité des investisseurs retardent la généralisation de la machine à vapeur. Certes, on trouve certaines réussites industrielles, comme la création de la société du Creusot, en Bourgogne, par les frères lorrains Schneider. Les chemins de fer ont fait leur apparition mais restent surtout destinés à relier des sites industriels aux villes ou à des fournisseurs de matière première. En 1838, les chambres votent, après un fort lobbying des défenseurs du rail (dont le poète Lamartine), un plan de construction d’un réseau en étoile autour de Paris. Les travaux commencent deux ans plus tard. En 1846, l’abolition des corn law anglaises permet un contexte international plus propice au libre-échange, ce qui relance le débat au sein des chambres. Plusieurs tentatives de traités avec la Belgique sont finalement repoussées par les députés, qui craignent un écrasement de l’industrie française par l’afflux de marchandises belges. [1]

La France reste une nation de paysans, la population rurale étant généralement acquise au bonapartisme, un bonapartisme plutôt libéral dans le Bassin parisien, plutôt conservateur dans le sud-ouest. Les grandes villes sont plutôt acquises soit au bonapartisme, soit au républicanisme et au libéralisme, avec des exceptions comme Marseille, toujours royaliste. L’ouest et la Provence sont les principaux bastions des partisans des Bourbons.

La politique culturelle

La mise en place d’une véritable vie de cour marque le retour d’un art officiel dans la lignée du style Empire, plutôt mis en avant par le clan Bonaparte que par l’Empereur lui-même. Si l’entourage romantique du souverain continue à recevoir commandes et pensions, l’académisme revient en force à la cour et dans les salons parisiens. Ce n’est pourtant qu’à partir de 1843 que le romantisme décline, après une série d’échecs au théâtre. Victor Hugo demeure cependant un pilier du monde littéraire. Pour beaucoup de critiques et d’historiens de la littérature, sa carrière de député ainsi que sa proximité avec l’Empereur auront d’ailleurs un impact négatif sur sa carrière, bridant sa création en en faisant un écrivain officiel. Napoléon II lui-même le conjure de consacrer plus de temps à l’écriture, ce qu’il fait en ne se représentant pas à la législature suivante.

Au-delà de la littérature et des beaux-arts, la politique culturelle et la propagande se placent dans la continuité du Premier empire, lequel est célébré par des centaines de monuments, publications, noms de rues. La recréation de la Société celtique, devenue par la suite Société celtique, latine et germanique, aux côtés de la Société des antiquaires de France, marque une fascination pour la recherche des origines, dans une optique à la fois romantique et nationaliste, et pour la collecte des traditions folkloriques. Le régime, sans remettre en cause le centralisme politique, est culturellement provincialiste : des poètes régionalistes sont reçus et célébrés à la cour, la création de grammaires des langues de France est encouragée.

Au niveau des références historiques, les discours officiels privilégient deux périodes : la Gaule celtique, vue comme l’origine première de la nation, et le royaume mérovingien (duquel Napoléon Ier s’était déjà inspiré pour le motif des abeilles), qui a l’avantage de ne pas être revendiqué par les royalistes, plus intéressés par la période capétienne. Dans le palais des Arts et des Sciences, dont les travaux ont officiellement commencés en 1834, deux grandes fresques mettent face à face Vercingétorix et Clovis. Le même Vercingétorix se voit édifier en 1848 une gigantesque statue, exploit technique à l’époque, à Clermont-Ferrand.

[1] Peu de différences avec notre continuum, sinon l'abolition de l'esclavage et quelques mesures sociales, surtout symboliques. Le développement des chemins de fer est aussi très légèrement accéléré.






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Message par DemetriosPoliorcète Sam 12 Oct - 21:39

En bonus, rare image de Guillaume d'Orange réagissant à la nomination de Philippe Ier d'Orléans au trône de Belgique :

https://www.nanarland.com/videos/les-incontournables/philiiiiiiippe.html

Dans le prochain épisode, un conflit de bien plus grande ampleur.
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Message par Rayan du Griffoul Sam 12 Oct - 22:22

DemetriosPoliorcète a écrit:En bonus, rare image de Guillaume d'Orange réagissant à la nomination de Philippe Ier d'Orléans au trône de Belgique :

https://www.nanarland.com/videos/les-incontournables/philiiiiiiippe.html

Dans le prochain épisode, un conflit de bien plus grande ampleur.

Une archive d'époque L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889) - Page 2 1f602

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Message par DemetriosPoliorcète Dim 13 Oct - 13:15

Chapitre 6 - La crise de 1848 et la guerre franco-prussienne (1848-1849)


La crise des duchés

Après la vague de révolutions libérales et nationales de 1830, le calme semblait revenu en Europe, et notamment en Allemagne, sous l’effet conjoint de la répression metternichienne et de la modération des grandes puissances. La France notamment, en dépit des sentiments d’une partie de son opinion, s’était montrée modérée et prête à accepter le résultat des traités de Paris, s’abstenant de toute provocation à l’égard de l’Allemagne, évitant d’embraser le sentiment national en retour.

Un événement inattendu allait pourtant créer une nouvelle crise, aboutissant cette fois à une guerre européenne, non pas au sujet du Rhin, mais au sujet de la frontière avec le Danemark. En 1846 en effet, le roi Christian VIII, constatant une possible fin de l’union personnelle entre son royaume et ses duchés de Schleswig et de Holstein à sa mort, en raison de règles de succession différentes, publie une lettre ouverte dans laquelle il déclare vouloir contourner la loi salique en vigueur dans les duchés pour maintenir ceux-ci dans le giron danois. Des manifestations nationalistes ont lieu en réaction dans toute la Confédération germanique.

L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889) - Page 2 1280px-Karte_Deutsch-D%C3%A4nischer_Krieg-fr.svg
Les duchés avant la guerre

Le 20 janvier 1848, une nouvelle étape est franchie lorsque le nouveau roi Frédéric VII promulgue une nouvelle constitution annexant formellement les duchés au Danemark. Immédiatement, une insurrection éclate, tandis que les capitales allemandes sont secouées par des demandes d’intervention de la Confédération, auxquelles se mêlent très vite des demandes de constitutions libérales et d’élections libres. Soucieux de garder le contrôle, Berlin et Vienne s’accordent pour une intervention des États, avec l’accord de la Diète, en espérant calmer la contestation. Si Metternich souhaite dans un premier temps se limiter au Holstein, qui fait partie de la Confédération, la Pusse, qui est passée tout près d’une insurrection générale, prend la tête de l’intervention armée et impose l’occupation du Schleswig, effective en avril. Mais l’affaire prend une dimension européenne : la Russie et la Grande-Bretagne, toutes deux hostiles à l’idée d’un contrôle allemand sur les détroits, interviennent et font pression pour un règlement pacifique. À l’annonce d’un retrait des troupes fin mai, l’opinion nationaliste allemande est partagée entre consternation et colère. Le 2 juin, Berlin et Vienne se soulèvent simultanément, forçant le départ de Metternich et l’acceptation par les deux pays de l’idée de constitutions libérales. A Berlin, l’indécis « roi romantique » est contraint de promettre la reprise de la guerre contre le Danemark.

L’engrenage nationaliste est lancé. A Vienne, la cour, autour de Sophie Auguste, pousse à l’abdication du faible souverain Ferdinand, et à la renonciation de son héritier François-Charles en faveur du plus jeune et énergique François-Joseph. Une manœuvre habile de la cour consiste à appeler à la création immédiate d’un corps de volontaires parmi la jeunesse étudiante viennoise, éloignant du centre du pouvoir les révolutionnaires les plus actifs. Alors que les troupes prussiennes envahissent de nouveau le Schleswig, l’étau des puissances se resserre, faisant craindre une guerre européenne. Alors que la France a dans un premier temps été plus modérée que la Grande-Bretagne et la Russie, l’antagonisme franco-allemand donne rapidement un caractère patriotique à la crise, le gouvernement de Paris craignant des troubles s’il ne donne pas des gages de fermeté à son opinion publique ; en retour, les nationalistes allemands se concentrent sur les menaces françaises.

La guerre de 1848-1849

Devant les menaces de la Russie, la plupart des Etats allemands sont contraints de renoncer à la guerre, ou à se limiter au financement de bataillons de volontaires. Mais le bras de fer franco-prussien a pris une tournure trop grave, faisant presque oublier l’enjeu premier du conflit. Alors que Frédéric-Guillaume IV mobilise la Landwehr et déplace la majeure partie des troupes sur le Rhin. En face, la France exige l’évacuation du Luxembourg et le démantèlement de plusieurs places fortes prussiennes.

Le 2 octobre, la Prusse déclare la guerre à la France et lance les premières opérations. Les conférences réunies par les puissances ne parviennent qu’à limiter la guerre aux deux belligérants (outre le Danemark), en menaçant toute puissance qui souhaiterait intervenir d’un côté ou de l’autre. L’Autriche doit de toute façon régler la question d’une insurrection en Lombardie et de graves troubles en Hongrie.

Napoléon II prend le commandement des troupes, contre l’avis de ses conseillers et de son état-major. Mais, gagnant en finesse politique, il forme un gouvernement d’union nationale incluant ses adversaires, pour ne pas porter seul le fardeau d’éventuelles difficultés. Adolphe Thiers est ainsi obligé d’accepter de former un nouveau gouvernement.

Les premiers combats sont à l’avantage de la Prusse, appuyée par des milliers de volontaires venus de toute l’Allemagne. Surprenant la France par la rapidité de sa mobilisation, son armée attaque selon deux axes, dune part depuis le Luxembourg et la Rhénanie, d’autre part depuis le Palatinat bavarois, qui a accordé un droit de passage. Néanmoins, les fortifications de Metz arrêtent la progression prussienne, tandis que les troupes françaises parviennent à fixer à Haguenau, de l’autre côté des Alpes. L’armée prussienne, commandée par Frédéric von Wrangel, finit, après un combat décisif à Uckange, par être encerclée dans Thionville. La capture de 150 000 soldats prussiens et volontaires allemands soulève une vague d’enthousiasme à Paris comme on n’en avait plus vu depuis les victoires napoléoniennes.

L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889) - Page 2 Schlacht_bei_Kandern_1848
Des volontaires allemands au combat

La guerre n’est cependant pas finie : au printemps 1849, les troupes françaises et danoises lancent des offensives coordonnées, mais le succès annoncé n’est pas au rendez-vous. Après une couteuse conquête de la ville de Trèves, les troupes françaises piétinent devant Cologne, fanatiquement défendue par les soldats de la Landwehr et une nouvelle vague de volontaires nationaux-libéraux. Après l’épuisement des belligérants, les pressions des autres puissances finissent par aboutir à une trêve.

Le congrès de Bruxelles

1849 est marquée par un retour général au calme et à l’ordre dans toute l’Europe, après un long enchaînement de troubles. Pour beaucoup d’observateurs, l’Europe était prête en 1848 pour une vague révolutionnaire libérale et nationale généralisée ; mais la rivalité entre les puissances qui avait rapidement pris le pas sur les enjeux internes, transformant la déflagration européenne en un ensemble de mouvements épars et désorganisés [1].

Au printemps 1850, les puissances réunies à Bruxelles règlent les questions danoises et franco-prussienne. Berlin est contrainte d’accepter un retour au premier traité de Paris et d’abandonner Sarrelouis et Landau à la France, tout en évacuant le Luxembourg. L’Empire en sort indéniablement renforcé, même si les stratèges français auraient préféré démanteler la Prusse en créant un État tampon en Rhénanie. Le Danemark devait renoncer à l’annexion des duchés, mais obtenait la transformation des lois de succession. Le Schleswig restait hors de la Confédération germanique.

Dans l’intervalle, les révoltés berlinois et viennois avaient été écrasés, l’idée de l’élection d’une Assemblée nationale allemande enterrée. L’Autriche avait imposé une constitution laissant la réalité du pouvoir à l’Empereur ; le reste du texte tentait de régler par des compromis peu convaincants le triangle impossible entre État centralisé, respect des droits ancestraux des différentes composantes de l’empire et revendications nationales. Restait une vérité : l’essentiel de Etats européens avaient désormais des constitutions, et les reliquats féodaux avaient été balayés.

[1] L’histoire commence ici) diverger davantage, avec des mouvements de 1848 plus faibles que dans notre continuum et avec un antagonisme franco-prussien qui apparaît plus tôt. Les conséquences internes sur les différentes puissances seront bien sûr considérables.


Dernière édition par Thomas le Dim 13 Oct - 15:36, édité 1 fois (Raison : typo)
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Message par Préhistorique Dim 13 Oct - 23:04

DemetriosPoliorcète a écrit:En bonus, rare image de Guillaume d'Orange réagissant à la nomination de Philippe Ier d'Orléans au trône de Belgique :

https://www.nanarland.com/videos/les-incontournables/philiiiiiiippe.html

Dans le prochain épisode, un conflit de bien plus grande ampleur.
Il semble que Guillaume d'Orange a pris un abonnement au Charivari et s'est mis à lancer des poires sur Louis Philippe.

Conséquence du POD 200 ans plus tard Laughing : La Belgique est devenue le leader européen de la poire
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Message par Collectionneur Lun 14 Oct - 3:25

Pour ma part, je suis étonné par cette phrase :
tandis que les troupes françaises parviennent à fixer à Haguenau, de l’autre côté des Alpes.
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Message par LFC/Emile Ollivier Lun 14 Oct - 10:12

Moi je trouve juste surprenant que la Prusse ait d'abord accepté si facilement le retour d'un Bonaparte en France.

Mais à part ça, j'adore ce récit !
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Message par Collectionneur Lun 14 Oct - 10:23

La Prusse seul en 1830 n'a pas tellement de moyen de pression pour empêcher cela si Londres, Vienne et Saint Petersbourg accepte.
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Message par LFC/Emile Ollivier Lun 14 Oct - 10:26

Certes, mais elle peut protester. Montrer son mécontentement.
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 14 Oct - 16:15

Préhistorique a écrit:Il semble que Guillaume d'Orange a pris un abonnement au Charivari et s'est mis à lancer des poires sur Louis Philippe.

Conséquence du POD 200 ans plus tard Laughing : La Belgique est devenue le leader européen de la poire

Poire-fricadelle, pourquoi pas!

Collectionneur a écrit:tandis que les troupes françaises parviennent à fixer à Haguenau, de l’autre côté des Alpes.

Les Vosges bien entendu! Je suis lorrain en plus, honte sur moi...

Emile Ollivier a écrit:Moi je trouve juste surprenant que la Prusse ait d'abord accepté si facilement le retour d'un Bonaparte en France.

Mais à part ça, j'adore ce récit !

En effet, je n'ai pas traité en profondeur les réactions des autres puissances au rétablissement des Bonaparte, c'est un angle mort du récit. En effet, Berlin a dû voir rouge.
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 14 Oct - 16:42

Chapitre 7 – Un Napoléon, des Bonaparte

La victoire de 1849 avait considérablement renforcé le prestige de la dynastie, mais également celui d’Adolphe Thiers. Celui-ci, qui avait pris dès 1848 la tête d’un « parti patriote » poussant à la confrontation sur le Rhin, avait été appelé à former le gouvernement d’union nationale pendant la guerre, et partageait ainsi les lauriers de la victoire. Les élections de 1849 devenaient une opportunité historique pour le Parti de la mesure, qui pouvait sérieusement envisager de l’emporter, d’autant que les bonapartistes partaient divisés.

La mort ou le retrait des affaires des figures du Premier empire avaient en effet grippé la machinerie électorale bonapartiste et fait naitre de nombreuses divisions. L’archichancelier d’Etat Lucien Bonaparte avait quitté la Présidence du conseil en 1839, et était mort l’année suivante. Lui avaient succédé des figures moins marquantes, le maréchal Gérard puis Hippolyte François Jaubert.

En 1849, Thiers et Walewski rassemblent derrière eux l’essentiel des libéraux et des conservateurs, sur la promesse de renforcer les aspects parlementaires du régime tout en maintenant le suffrage censitaire. Ils manquent de peu la majorité absolue, avec 296 députés. Les bonapartistes en ont 298, le reste se partageant entre 19 royalistes et 16 républicains. S’ajoute le fait que les bonapartistes conservateurs et les bonapartistes libéraux sont au coude à coude, chaque camp ayant des stratégies d’alliance différentes. Finalement, une figure capable de rallier aux bonapartistes libéraux une partie des libéraux de l’opposition ainsi que certains républicains émerge : le prince Louis-Napoléon Bonaparte.

Ce dandy à la réputation sulfureuse est pourtant loin de faire l’unanimité. Très populaire pour ses positions socialistes et son discours humanitaire, il n’en a pas moins constitué une imposante fortune grâce à son réseau de contacts dans les milieux parlementaires et économiques, qui lui ont permis des investissements judicieux. Contrairement à son frère Napoléon-Louis qui, toujours héritier présomptif, avait épousé Louise d’Orléans, fille du nouveau roi des Belges, il avait jusqu’ici refusé le mariage et multiplié les liaisons scandaleuses.

L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889) - Page 2 1024px-Napol%C3%A9on_III_par_Jean_Hippolyte_Flandrin
Louis-Napoléon Bonaparte, Président du conseil

La modernisation accélérée

Disciple de Saint-Simon, Louis-Napoléon veut imprimer sa marque dans le développement de la France et commence une politique de modernisation accélérée qu’il n’hésite pas à faire passer en force, par ordonnances. Dès 1850, le système bancaire et le crédit sont modernisés, donnant lieu à la création de plusieurs grandes banques. Le droit des sociétés est transformé. Dans le même temps, le nouveau Président du conseil rompt avec la rigueur budgétaire de ses prédécesseurs pour permettre un grand emprunt national et une politique d’investissements publics massifs : la construction des voix de chemin de fer est accélérée, les grands ports sont aménagés, des forêts de pins plantés dans les Landes. Louis-Napoléon parvient même à signer un premier traité de libre-échange, certes encore très modéré, avec la Belgique de Philippe Ier.

Sur le plan politique, il propose une réforme électorale instaurant le suffrage universel, tempéré par l’implication du Ministère de l’intérieur dans la désignation de candidats officiels, mais il se heurte au refus des chambres et au scepticisme de l’Empereur. Sur le plan social, la répression contre le délit de coalition est atténuée, conduisant à accepter tacitement la possibilité de grèves ouvrières ; le livret ouvrier tombe en désuétude.

Dans le même temps, le Président du conseil finit par se ranger en épousant en janvier 1853 la comtesse espagnole Eugénie de Montijo. C’est d’Espagne que vient, la même année, sa chute.

Les « cent-mille fils de Robespierre »

La crise carliste ouverte en 1833 semblait avoir trouvé son règlement en 1846, avec la bénédiction des puissances, par le mariage entre la reine Isabelle II et Charles de Montemolin, héritier carliste sous le nom de Charles VI depuis l’abdication de son père [1]. Les juristes espagnols avaient dû à cette occasion faire preuve de beaucoup d’inventivité pour que Charles ne soit pas que roi consort mais puisse être associé au trône, tout en conservant la primauté d’Isabelle.

Très vite, l’enthousiasme suscité par le mariage s’était pourtant estompé. Après la naissance de deux enfants mort-nés, la résolution de la crise dynastique ne semblait pas complète, d’autant plus que le couple royal entretenait, de notoriété publique, des rapports désastreux. Alors que plusieurs tentatives d’insurrections libérales réprimées coupent Isabelle de ses soutiens, l’idée d’une nouvelle guerre civile devient de plus en plus présente dans les esprits, lorsqu’Isabelle annonce une nouvelle grossesse en 1852.

Hélas, l’enfant né en février suivant est de nouveau mort-né. Dans les jours suivants, la reine Isabelle ne recouvre pas ses forces puis finit par décéder. On prétendra par la suite que, sachant que la reine portait l’enfant d’un amant, les carlistes l’auraient empoisonné. Mais aucune preuve ne permet de l’affirmer avec certitude. Quoi qu’il en soit, la crise de succession éclate immédiatement après la mort de la reine : Charles de Bourbon parvient, dans la confusion générale, à se faire proclamer roi d’Espagne et à prendre le contrôle de la capitale, rétablissant immédiatement les fors et autres droits traditionnels. Face à lui, les libéraux se soulèvent dans plusieurs provinces, proclamant la sœur cadette d’Isabelle, Louise-Fernande et son époux Antoine d’Orléans reine et roi d’Espagne. Ce dernier, plus jeune fils de Philippe Ier de Belgique, est néanmoins très impopulaire pour avoir auparavant intrigué contre sa belle sœur dans le but de s’emparer du trône.

L'Empereur du romantisme et de la vapeur (1830-1889) - Page 2 Infante_Carlos%2C_Count_of_Montemolin
Charles VI, comte de Montemolin, roi carliste d'Espagne. Sa politique inspirera une idéologie, le montemolinisme

Après plusieurs mois de combats, la guerre semble installer dans la durée, avec cette fois un avantage pour les carlistes qui ne sont plus cantonnés au nord de l’Ebre comme lors du premier conflit. Les puissances libérales, réunies une nouvelle fois à Londres, penchent du côté de Louise et d’Antoine, et Louis-Napoléon, qui montre depuis son accession au pouvoir de bonnes dispositions à l’égard du Royaume-Uni, obtient le droit d’intervenir directement dans la péninsule. Mais alors que la France s’était contentée de prêter la Légion étrangère aux isabellistes, Paris envisage cette fois une intervention directe, inspirée de celle de 1823 : il s’agit d’intervenir massivement mais sur une durée limitée pour briser le potentiel militaire des carlistes.

Le 12 juillet, l’armée française traverse les Pyrénées et prend Barcelone, avant que la majeure partie des troupes ne fonce sur Madrid. Si les affrontements tournent à l’avantage des Français, la résistance est plus dure que prévu. Les carlistes parviennent avec succès à raviver le souvenir de l’invasion française de 1808 et de la guerre d’indépendance qui s’en est suivie. Le clergé espagnol appelle bientôt le corps expéditionnaire français les « 100 000 fils de Robespierre », en opposition aux 100 000 fils de Saint Louis de 1823. Si Charles VI a perdu le noyau de ses troupes régulières, il voit de nouveau partisans se rallier en masse après l’entrée des Français à Madrid. Plusieurs officiers libéraux décident même de changer de camp avec leurs troupes ou de se retirer des combats, ne voulant pas faire le jeu d’un envahisseur étranger. La femme de Louis-Napoléon n’est elle pas issue d’une famille d’afrancesados ?

A Paris, on ne tarde pas à paniquer devant l’envolée du nombre de pertes dans les combats face aux requetes carlistes, qui rappelle le douloureux bourbier napoléonien ; la Chambre des représentants vote une adresse de défiance au président du conseil, que l’Empereur oblige à démissionner. A partir de l’hiver, les troupes françaises commencent à se retirer, le financement des troupes régulières libérales et d’une légion de volontaires étrangers devant sauver l’honneur.

Néanmoins, les carlistes reprennent rapidement le dessus une fois l’armée française évacuée. L’essentiel des régions au nord de l’Ebre tombe dans les premiers mois, sans que Madrid ne puisse contenir l’avancée ennemie. En août 1854, Antoine d’Orléans doit abandonner Madrid, laissant ses derniers partisans mener un combat désespéré. Giuseppe Garibaldi, commandant de la légion de combattants étrangers, est tué alors qu’il tente de franchir les Pyrénées avec ses derniers partisans ; le parallèle avec Roland de Ronceveaux ne manquera pas d’être exploité, notamment par Victor Hugo dans son poème épique Garibaldi.

Pour l’Espagne, c’est le début d’une période marquée par le traditionalisme et des tentatives originales d décentralisation de l’Etat et de représentation corporatives. Pour l’Empire français, c’est surtout un gigantesque camouflet diplomatique. Louis-Napoléon semble décrédibilisé, mais la personne qui lui succède est son ami le vicomte de Persigny : Napoléon II tient à voir la politique modernisatrice de Louis-Napoléon poursuivie.


La famille Bonaparte au tournant de la décennie

Le 20 mars 1851, Napoléon II fête ses quarante ans. C’est un homme désormais dans la force de l’âge, qui n’a rien perdu de sa prestance. Ses crises de mélancolies et autres moments d’abattements sont toujours présents mais sont mieux dissimulées. Le souverain a gagné en intelligence politique et n’hésite pas à déléguer à ses chefs de gouvernement, tout en continuant à imprimer sa marque sur la politique.

La succession semble assurée avec la naissance de François Napoléon et de Nicolas. Le couple a, après 1840, d’autres enfants : Louise-Marie, morte en bas-âge, Alexandrine Bonaparte, en 1842, Caroline en 1845.

Autour de l’Empereur, le clan Bonaparte a changé de configuration avec la disparition des frères de Napoléon Ier. Napoléon-Louis, troisième dans l’ordre de succession, est le nouvel Archichancelier d’Etat. Il a plusieurs enfants avec son épouse Louise d’Orléans, fille du roi des Belges. Parmi les nombreux cousins de l’Empereur, on trouve aussi le prince Lucien Murat, fils du roi de Naples et beau-frère de Napoléon Ier, député à la Chambre. Autre cousin, plus jeune, le Prince Jérôme-Napoléon se fait bientôt connaître pour ses opinions libérales et anti-cléricales.

Au début de la décennie, un scandale secoue Paris : bien que baptisés catholiques, les deux princes impériaux fréquenteraient assidûment la chapelle orthodoxe de leur mère… Le scandale retombe assez rapidement avec l’annonce d’une nouvelle tragique : alors que 1854 voit la nouvelle vague de choléra toucher la France, l’impératrice, en tournée de charité dans le sud du pays, tombe malade, et s’éteint en décembre aux Tuileries.

[1] Dans notre réalité, ce mariage a été envisagé mais la France de Louis-Philippe a intrigué pour l’empêcher.
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 14 Oct - 19:09

LFC/Emile Ollivier a écrit:Pauvre Louis 😥

Pas d'inquiétude, il fera encore parer de lui Wink
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 15 Oct - 10:09

Je me rends compte d'une erreur : Landau n'a pas été cédé à la Prusse en 1814 mais au Palatinat bavarois. La France ne peut donc pas la récupérer ici, étant donné que la Bavière est restée neutre. Napoléon aurait donc simplement rattaché la Sarre ici.
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Message par LFC/Emile Ollivier Mar 15 Oct - 10:19

Après la France peut récupérer Landau et la Bavière avoir une compensation.
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