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Une guerre froide, et quelques autres mésententes

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Message par DemetriosPoliorcète Sam 27 Jan - 12:43

Chapitre 1 : suicide d'une nation
Témoignage d’Arno Riedel, Völklingen, Sarre

« On a occupé les bureaux sans résistance. Certains jeunes avaient amené des fusils de chasse, je me souviens d’un militant du KMLP qui s’était procuré un fusil d’assaut et qui traînait sans trop savoir quoi faire ; mais il n’y a eu quasiment aucune violence. La veille, nous étions tous anxieux à cause des événements berlinois, mais dans l’euphorie du moment, nous étions tous joyeux, en chantant l’internationale et en plaçant des drapeaux rouges dans toute la Völkinger Hütte. Oui, on peut dire que c’était un moment révolutionnaire. Même les plus modérés des cadres d’IG Metall, dont j’étais, s’étaient ralliés avec enthousiasme.

Attention, si nous criions « vive la République Populaire », cela ne voulait pas dire que nous voulions un régime dirigé par les preneurs d’orage de Berlin ; personnellement, je les ai toujours considéré comme des bourgeois en manque de sensations fortes. La République Populaire était une idée, pas un régime.

Quand il a fallu donner le nom à notre direction ouvrière de la Hütte, certains ont proposé « commune », comme à Göttingen, mais nous voulions nous démarquer des étudiants. « Soviet » ne plaisait pas à tout le monde, nous nous sommes accordés sur Rat, « conseil ». Ca, c’était pour l’usine. Pour la ville de Völklingen, il a fallu négocier avec les appareils partisans, tout était moins spontané. Mais on a obtenu que le conseil de ville siège dans l’usine. De ce que je me souviens, le conseil ouvrier de la Völklinger Hütte a toujours donné le ton.

Organiser notre force armée a été plus compliqué. Les membres du Schwarz-Rot-Gold refusaient de nous fournir des armes, ils voyaient l’organisation ouvrière comme un facteur de division lorsqu’aucune menace nationaliste n’était immédiatement présente. Les membres du KMLP parmi nous nous ont obtenu des fusils d’assaut eurasiens, de leurs dépôts d’armes. Dès ce moment là, ils cherchaient à s’imposer à la tête de la force armée, mais nous veillions, le politique primait sur le « militaire ».

Je voudrais éloigner un malentendu : nous ne voulions pas la guerre civile, nous ne voulions aucune violence, à part peut être quelques excités. Nous étions heureux lorsque nous avons appris la formation du gouvernement provisoire de Hanovre. Personne ne voulait faire la guerre. Mais dans le contexte, nous voulions pleinement posséder notre outil de production, décider comment nous allions produire, et pour qui. Nous connaissions l’importance qu’avait notre industrie, nous ne voulions laisser ni nos bras ni notre outil de travail à la disposition de qui que ce soit, hormis la classe ouvrière. »


Le 28 septembre 1975, l’Allemagne avait découvert avec horreur que son pouvoir central était vacant. L’Armée rouge allemande, branche armée du Parti communiste marxiste-léniniste, s’était emparée du Reichstag et de la chancellerie, maintenant prisonniers le gouvernement de Kurt Kiesinger ainsi qu’une centaine de députés de différentes obédiences. Mais si la Volksrepublik avait été proclamée, il s’agissait d’une prise d’otage plus que d’un coup d’Etat : le pouvoir de la milice maoiste s’arrêtait à la porte des bâtiments occupés.

Une guerre froide, et quelques autres mésententes Ulrike_Meinhof_als_junge_Journalistin_%28retuschiert%29
Ulrike Meinhof, l'une des organisatrices de la prise d'otages de Berlin

A l’extérieur, les manifestations massives de la gauche s’étaient transformés en affrontements armés avec différents groupes de droite et d’extrême-droite. Les dépôts d’armes des différentes organisations politiques n’étant un secret pour personne, les pavés avaient laissé la place aux carabines et aux fusils d’assaut. Le préfet de police SPD qui avait cherché à faciliter les manifestations des groupes de gauche se rendait compte de sa responsabilité, et devait mettre fin à ses jours en se jetant sur une barricade. Parmi ses hommes, un réseau de policiers nationalistes mit en application un plan prévu longtemps à l’avance consistant à déserter simultanément et à se regrouper pour former un groupe armé.


Hostiles aux maoistes, les membres du Republiksbanner Scharz-Rot-Gold, à dominante socialiste, considèrent que le danger le plus urgent est celui d’un régime autoritaire de droite ; pendant plusieurs jours, beaucoup doutent d’ailleurs de la réalité de la capture du gouvernement. Alors que les fils du Swastika commencent à s’en prendre à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un immigré ou à un Juif, des armes sont distribués aux ouvriers turcs et balkaniques de la capitale, qui formeront respectivement les brigades Galata et Josip Broz.

Les jours suivant, les troubles se répandent en dehors de la capitale. Dans la ville étudiante de Göttingen, la jeunesse de gauche remplace la municipalité par une Commune populaire dont l’aspect festif détonne dans une Allemagne terrifiée. Les régions ouvrières voient à de nombreux endroits les grèves lancées trois jours plus tôt prendre un aspect de plus en plus révolutionnaire, les conseils ouvriers improvisés déclarant que les moyens de production seront directement contrôlés tant que la Constitution n’aura pas été modifiée., le Reich aboli et l’Etat transformé dans un sens plus social et démocratique.

Dépassée, la Reichswehr brille surtout par son absence. Déployés autour de Berlin, les soldats reçoivent l’ordre d’entrer dans la ville, essuient des tirs faisant plusieurs morts, avant de recevoir l’ordre de faire machine arrière ; beaucoup en conservent une profonde rancœur.

En Prusse orientale, l’exclave se dote d’un gouvernement provisoire autonome dominé par les Völkisch. Porte parole d’un « gouvernement provisoire du Reich », Helga Goebbels s’avère une fine politique et appelle à « mettre de côté les divisions et les rancœurs pour former un vaste front anticommuniste ». L’objectif n’est pas d’établir un nouveau régime mais bien « d’éliminer définitivement le communisme d’Allemagne », sans préciser bien entendu ce qui était signifié par « le communisme ».
Enfin, la Bavière, dominée par une coalition d’autonomistes et d’indépendantistes, décide dès le 29 septembre d’assurer elle-même les fonctions de l’Etat fédéral jusqu’à ce que de nouvelles élections reconnues par tous soient organisées. Le Land augmente les effectifs de sa police et la militarise.

Le gouvernement de Hanovre et la révolte de la Saint Nicolas

Pourtant, la grande majorité des Allemands, y compris parmi ceux qui s’impliquent dans un camp comme dans l’autre, souhaite un apaisement du conflit et un retour à la normale, quitte à accepter des concessions. Une semaine après le début de la crise, les députés et les chefs des principaux partis modérés annoncent à Hanovre la formation d’un gouvernement d’union nationale pour faire face au chaos. Helmut Kohl, politicien du Zentrum, est chef de l’Etat, tandis que le socialiste Willy Brandt prend la tête du gouvernement. La nouvelle est accueille avec soulagement par la population et l’ensemble des Länder, à l’exception de la Prusse orientale, dont le gouvernement parle de Rumpfparlement (« Parlement croupion » rappelant celui de Francfort dans les derniers jours de la révolution de 1848).

Une guerre froide, et quelques autres mésententes Bundesarchiv_Bild_183-M0130-303%2C_Willy_Brandt
Le social-démocrate Willy Brandt incarne, pour un temps, la possibilité d'éviter une guerre civile

La situation se calme pour un temps : si personne ne dépose le armes, les organisations appellent leurs militants au calmes, et les affrontements locaux deviennent sporadiques, y compris à Berlin où la ville s’est couverte de barricades. Pendant deux mois, une issue politique semble à portée de main : même les maoistes berlinois acceptent d’entrer dans des négociations visant à la libération des membres du gouvernement.

Néanmoins, une maladresse du gouvernement va embraser à nouveau l’Allemagne : des troupes terrestres et navales sont massées, sur ordre du gouvernement de Hanovre, vers le nord du pays. Il devient clair pour beaucoup qu’une intervention militaire contre le Land rebelle de Königsberg est envisagée. Parmi les soldats, dont certains ont participé aux combats et à la reculade de Berlin, beaucoup manifestent leur incompréhension devant la possibilité de combattre les Völkisch dans une périphérie du Reich alors que l’extrême-gauche tient toujours une partie de la capitale.

Le 6 décembre, une mutinerie éclate à Lübeck : derrière une poignée d’officiers charismatiques, des soldats puis des unités entières appellent au renversement du gouvernement de Hanovre et à une lutte à mort contre les communistes et tous ceux qui entretiendraient une position ambiguë. Le 11, la force armée qui se fait désormais appeler la « force de défense du Reich » marche contre Hanovre sans rencontrer de véritable opposition. Le gouvernement et les parlementaires fuient vers Francfort. Plutôt que de les poursuivre, les chefs de la rébellion décident de marcher sur Berlin pour y écraser les forces de gauche. Le Land de Prusse, incapable de proposer une réponse cohérente, voit ses autorités et sa police se diviser entre partisans et adversaires de la mutinerie. Il devient le premier Etat fédéré à s’effondrer.
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Message par Rayan du Griffoul Sam 27 Jan - 18:49

On repart sur les chapeaux de roues
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Message par Thomas Sam 27 Jan - 19:05

Toujours aussi plaisant de parcourir cet univers.

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Message par DemetriosPoliorcète Mer 31 Jan - 17:13

Chapitre 2 : les matins difficiles

« Je dois confesser devant vous avoir pris des décisions qu’aujourd’hui je regrette. La menace du communisme mondial porté par la Chine était telle que notre devoir était d’agir dans l’urgence contre un ennemi qui menaçait de réduire à la servitude des millions d’humains supplémentaires chaque année, et de s’en prendre, un jour ou l’autre, à notre nation dans son existence même. Le communisme n’est pas un concurrent face auquel nous devons simplement nous contenter de prouver la supériorité de notre société libre, c’est un ennemi agressif et sournois qui ne recule devant rien pour nous écraser.

Souvent, face à cet ennemi, j’ai pris des décisions qui allaient contre mes convictions les plus profondes. J’ai renforcé le gouvernement dans plusieurs de ses dimensions, je ne suis pas allé aussi loin que j’aurais voulu dans la réduction de son poids.

L’Etat socialiste désireux de s’occuper de tous les aspects de nos vies est bien sûr une menace. Mais au terme de mon mandat, je tiens à formuler un avertissement : l’Etat militaire et sécuritaire peut tout autant menacer nos libertés. Concitoyens, méfiez-vous du complexe militaro-industriel. »

Dernière adresse à la nation de Barry Goldwater, 1980


Les réactions à la crise allemande

La nouvelle des troubles allemands, puis celle de la mutinerie de la Saint Nicolas, avaient stupéfié toutes les chancelleries d’Europe et du monde. Dès le 1er octobre, la France avait mobilisé le contingent tout le long de la frontière, suivie rapidement de la Belgique et des Pays-Bas. Si beaucoup se réjouissaient secrètement des déconvenues du voisin allemand, que l’on n’avait jamais cessé de craindre, son effondrement créait une situation aussi difficile qu’imprévisible. En Pologne, les nationalistes catholiques au pouvoir coupaient toute communication terrestre entre la Prusse orientale et le reste de l’Allemagne.

Toutes les bourses d’Europe dévissaient tandis que les principaux partenaires de l’industrie allemande (Eurasie et Japon notamment) se retrouvaient privés d’approvisionnement. Le routes terrestres se retrouvaient menacées d’une coupure prolongée, poussant Paris et Rome à adopter le projet d’un tunnel Lyon-Turin dès Novembre 1975 afin de disposer d’un itinéraire alternatif. A la mi-janvier, alors que les forces de défense du Reich entrent péniblement dans Berlin et que le Rumpfparlement de Francfort change le nom du pays pour Deutsche Republik, provoquant la rupture avec les conservateurs wilhelmiens, la certitude d’une crise longue se fait jour.

Le climat idéologique est profondément affecté par la crise allemande : alors que les débats semblaient s’orienter vers les questions sociétales, avec les progrès de l’égalité homme-femme et la revendication du droit à l’avortement. Sous Mendès-France, les femmes avaient déjà cessé d’être des mineures adultes et avaient obtenu le droit à la contraception. Plusieurs figures de gauche et du centre appelaient à d’autres réformes, comme la légalisation de l’IVG, l’abaissement de la majorité à 18 ans ou de nouveaux droits pour les homosexuels. En dépit du retour des socialistes au pouvoir, tout ceci attendrait, remisé au placard par les questions géopolitiques et économiques. A Paris, le ministère dirigé par le jeune Jacques Chirac, qui incarne une ligne modérée (même s’il s’est permis pendant la campagne électorale de parler du « terrorisme intellectuelle d’une classe capitaliste moralement et intellectuellement décadente »). L’urgence internationale empêche de toute façon la réalisation des réformes promises, en dehors de la transformation du système éducatif avec la loi de 1976 qui supprime le double système au profit d’un choix, à la fin de l’école primaire, entre le « collège scientifique et littéraire » et le « collège scientifique et technique ».

Le PCU, soutien du gouvernement, avait encore une représentation importante à la Chambre, mais, comme tous les partis communistes d’Europe, il allait voir sa popularité s’effondrer dès le début du conflit allemand, dont l’opinion rend les maoistes responsables.

Si les Européens cherchaient à expliquer le conflit en invoquant la nature de l’Allemagne et son histoire tourmentée, une toute autre grille de lecture prédominait à Washington.

Le début de la guerre froide


C’est du discours de Kinshasa, le 20 mars 1975, que l’on date généralement le début de ce que l’on a appelé par la suite la « guerre froide » entre la Chine et les Etats-Unis. Certes, Washington était déjà intervenu dans les années précédentes pour faire tomber des régimes jugés susceptibles de basculer dans le communisme en Amérique latine, mais cela s’inscrivait dans la doctrine Monroe et la défense par les Etats-Unis de leur pré-carré.

Au Congo, alors en proie à une guerre civile opposant le gouvernement de Mobutu à une guérilla communiste, Goldwater posait les fondements d’une politique beaucoup plus large d’ « endiguement » du communisme à l’échelle mondiale. Les actions de Pékin étaient jugées comme une menace pour l’ordre du monde et pour la liberté, et Washington se devait d’arrêter la progression des régimes se réclamant de ce modèle à travers le monde. Le plan d’aide au Congo fut largement médiatisé, ce qui ne fut pas le cas de ceux destinés à l’Afrique du sud de l’apartheid, à la Rhodésie ou, plus tard, à l’Ethiopie fasciste. Il s’agissait de fournir une assistance économique, dans la lignée des politiques de Kennedy (et à contrecœur pour un Goldwater ennemi du pilotage étatique des économies) mais aussi et surtout militaire. Le budget de l’Etat américain repart ainsi à la hausse à partir de 1975, concernant surtout l’armement, les dépenses de recherche et développement et l’assistance aux pays étrangers.

Aux Etats-Unis mêmes, l’isolationnisme était tombé à son plus bas niveau depuis la première guerre mondiale, jusqu’à devenir marginal dans le monde politique. Une vague de conservatisme, tranchant totalement avec le climat de libération des mœurs qui avait marqué le début de la décennie, s’abat sur le pays, avec l’apparition de comité qui font pression sur les annonceurs et les acteurs de la production culturelle pour écarter acteurs et artistes soupçonnés de sympathies communistes. Symbole de cette période, l’acteur conservateur Ronald Reagan, lancé en politique avec le Parti républicain, devient le candidat à la vice-présidence de Goldwater en 1976, remplaçant Gerald Ford ; autre ancienne gloire d’Hollywood, Charlton Heston rejoint quant à lui les rangs du Parti national.

Une guerre froide, et quelques autres mésententes 2560px-1976_Republican_National_Convention
Passation de pouvoir entre Gerald Ford et Reagan

Lors du déclenchement de la guerre civile allemande, dans lequel la responsabilité de la Chine était évidente, il apparaissant nécessaire à la Maison blanche et au Pentagone de choisir un camp, et ce camp était celui qui ne comptait pas de communistes dans ses rangs. Ainsi, dès la décision du Parlement de Francfort de tolérer l’existence des conseils ouvriers et des communes et d’incorporer des brigades communistes à ses forces armées, les agents américains prennent contact avec les Forces de défense du Reich et les éléments les plus modérés du camp nationaliste pour organiser l’assistance militaire, et cherchent dans le même temps à convaincre les conservateurs modérés de lâcher le camp républicain. L’idée est de parvenir à une négociation entre les nationalistes, en position de force, et les plus modérés des républicains pour éliminer toute influence communiste tout en marginalisant les Völkisch. Cette ligne sera suivie par les Etats-Unis tout au long de la guerre, en dépit de nombreux rapports des diplomates poussant à un soutien appuyé des modérés de Francfort.

L’anticommunisme s’avère particulièrement payant en politique intérieure, permettant de rassembler derrière la présidence une large partie de l’opinion et de mettre au second plan les questions économiques pourtant toujours particulièrement vives. Ayant compris l’enjeu, le Parti démocrate présente un candidat économiquement modéré et résolument anticommuniste, John Fitzgerald Kennedy, frère de l’ancien président. Considéré comme ayant de bonnes chances de victoire, sa candidature est pourtant torpillée par des révélations sur sa vie privée : il s’avère que le candidat a non-seulement une multitude de maitresses mais que plusieurs parmi elles sont de potentielles agentes chinoises ! Humilié, Kennedy cède au dernier moment sa place au vieux sénateur Henry M. Jackson. Dans ce contexte, le ticket Goldwater-Reagan remporte haut la main l’élection.

Le malaise canadien

Alors que le repli impérial britannique était, depuis longtemps, terminé, le Canada connaissait une grave période de crise, marquée par l’indépendantisme québécois et par les mouvements de renaissance culturelle des premières nations. En 1964, désireux de changer de drapeau pour effacer le lien avec la Grande-Bretagne jugé facteur de division, le gouvernement de Lester Pearson avait fait adopter un nouveau drapeau, appelé par la suite le « fanion de Pearson », après un référendum exigé par les conservateurs. Mais les indépendantistes québécois avaient transformé le référendum en démonstration de force par un appel au boycott d’un vote qui, à leurs yeux, ne concernait pas les Québécois. Plus de la moitié des électeurs de la province ne s’étaient pas déplacé, causant un choc à l’opinion anglophone. Dans le même temps, le Nunavut inuit avait été détaché des Territoires du nord-ouest et reconnu comme un territoire à part entière, avec des prérogatives élargies.

Une guerre froide, et quelques autres mésententes 2880px-Canada_Pearson_Pennant_1964.svg
Le nouveau drapeau du Canada

Au début de la décennie 1970, la coalition indépendantiste était solidement installée au pouvoir à Québec, avec le charismatique René Lévesque en tant que Premier ministre. Mais celui-ci incarnait, avec son Parti québécois, le centre de gravité de la coalition, et devait compter sur le soutien de Jeune-Québec, premier parti indépendantiste rassemblant gauche et extrême-gauche, et la Fédération laurentienne, de droite et catholique.

La position des indépendantistes est confortée au niveau fédéral par le retour au pouvoir des conservateurs à partir de 1971 et de la démission de Pierre-Eliott Trudeau, suite aux difficultés provoquées par la crise mondiale : alors que le Parti libéral de Pearson puis de Trudeau prônait le bilinguisme comme fondement de l’identité nationale et pouvait proposer une alternative séduisante aux Québécois, les conservateurs semblaient plus ambigus sur la question.

En 1976, Lévesque propose un référendum à ses concitoyens ; alors qu’il aurait voulu axer la campagne sur l’ide de « souveraineté-association », ses alliés de Jeune-Québec lui imposent de parler simplement de souveraineté et d’évoquer explicitement l’idée d’une indépendance. L’année suivante, le vote donne les souverainistes vainqueurs avec 52% des voix. Les mesures punitives mises en place par Ottawa coupent court à la possibilité d’un nouvel accord d’association et Lévesque proclame l’indépendance le 13 septembre 1977, date symboliquement choisie car anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham.
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Message par Rayan du Griffoul Mer 31 Jan - 20:35

Dans ce cas VIVE le Québec Libre
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Message par Thomas Mer 31 Jan - 21:30

L'indépendance du Québec. Je suis curieux de voir ce que tu vas en faire. J'avais prévu pour le futur reboot de la DKTL que le "Oui" l'emporte lors du référendum de 1995.

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Message par DemetriosPoliorcète Ven 2 Fév - 13:11

Thomas a écrit:L'indépendance du Québec. Je suis curieux de voir ce que tu vas en faire. J'avais prévu pour le futur reboot de la DKTL que le "Oui" l'emporte lors du référendum de 1995.

A vrai dire, je ne suis pas encore sûr des directions que cela va prendre, et si le Canada va complètement s'effondrer ou non.
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Message par DemetriosPoliorcète Ven 2 Fév - 15:38

Chapitre 3 : succession dans l’Empire rouge

« Les Etats-Unis, qui sont les nouveaux chefs de file du monde capitaliste après l’effondrement de l’impérialisme britannique, ont pris l’initiative de lancer une confrontation mondiale qu’ils appellent « guerre froide ». Prenant peur devant la libération de nombreux peuples d’Asie, d’Afrique et des Amériques qui refusent de rester à leur place dans le système capitaliste, ils ont conclu de façon absurde que c’était l’action de la Chine, et non la volonté des peuples, qui était derrière la progression mondiale du communisme. La Chine n’a que des intentions pacifiques, mais nous tenons à répondre aux menaces, et à honorer nos alliances avec les peuples qui se tournent vers nous par peur de la réaction.

C’est dans ce contexte, et uniquement dans ce contexte, qu’il faut comprendre l’installation de bases navales chinoises hors de nos frontières. »

Mao Anying, entretien enregistré en novembre 1978


Le 9 septembre 1976, la Chine découvrait, dans un grand moment de lamentation collective, la mort de Mao Zedong, celui qui avait été son chef incontesté depuis plus d’un quart de siècle. Mais, dès les premières heures de vacance du pouvoir, la question de la succession se posait.

Véritable dirigeant du pays, Mao avait néanmoins laissé la présidence officielle de l’Etat à Liu Shaoqi, qui avait une carte majeure en main pour la succession. Mais les regards se tournaient d’abord vers deux membres de la famille de Mao : sa femme, Jiang Qing, et son fils, Mao Anying.

Malgré la mésentente des deux époux, Jiang Qing avait acquis une influence indéniable sur le fonctionnement du Parti, dans lequel elle affichait son soutien aux révolutionnaires les plus radicaux. Face à elle, Mao Anying avait pour lui, outre son nom, un véritable charisme, son statut de combattant de la guerre civile et une carrière apparemment sans tache au sein du PCC. Dans les jours qui suivent la mort du Grand timonier, Wang Hongweng, proche de sa veuve, prend officiellement la tête du Parti tandis que Mao Anying en prend la vice-présidence, Liu restant chef de l’Etat. Pendant deux ans, une guerre de position se met en place au sein des institutions entre les radicaux et l’axe formé par Liu, Mao Anying et les réformateurs comme Deng Xiaoping.

Ce sont finalement Jiang et ses alliés qui se sabordent, en lançant dans plusieurs provinces une politique de « mobilisation des masses pour la transition au socialisme » : dans plusieurs provinces, les radicaux cherchent à passer à dépasser le modèle stalinien en supprimant la bureaucratie et en mobilisant les masses dans une industrialisation des campagnes. Il apparaît très vite que l’expérience est une catastrophe, avec des famines qui causent entre 1 et 2 millions de morts. Mis en face de ce bilan, Wang Hongweng est accusé de « déviationnisme gauchiste », et envoyé en camp de travail ; Jiang Qing est assignée à résidence. Mao et Liu restent seuls maitres du pays, avait que le chef de l’Etat ne se retire des affaires publiques l’année suivante. Mao Anying reste donc le seul successeur de son père, qualifié de « second Empereur rouge » par la presse occidentale. A partir de ce moment, il veille à toujours incarner le centre de gravité du Parti, écoutant les représentants de toutes les factions mais se réservant le droit de trancher toutes les questions.

Une guerre froide, et quelques autres mésententes Mao_Anying_and_wife_Liu_Songlin
Mao Anying, dans sa jeunesse, et sa première épouse

La Chine en 1978

Puissance nucléaire depuis peu, la Chine se trouve dans une situation que l’on peut raisonnablement qualifier de favorable à l’arrivée de Mao Anying, malgré les dégâts causés dans plusieurs régions par les expérimentations de Wang Hongweng.

En dépit des absurdités et des faiblesses inhérentes aux économies à planification centralisée, le pays a connu un véritable développement économique depuis la fondation de la RPC, avec un modèle centré sur les industries lourdes et le développement des villes de l’intérieur. Des centaines de millions de Chinois ont ainsi vu leur niveau de vie augmenter, de même que l’accès aux soins et l’alphabétisation ; le revers de la médaille étant le contrôle social, le poids de la police politique et le travail forcé des opposants, tandis que les régions périphériques restent à bien des égards à l’écart de ce développement.

Le pays se considérait toujours comme seulement en partie reconquis, justifiant ainsi la poursuite de l’autoritarisme. La Mandchourie, Formose et Hainan restaient, plus ou moins directement, sous contrôle japonais, mais il fallait également citer le gouvernement autonome du Mengjiang, au statut toujours flou, et dans lequel les troupes internationales avaient remplacé celles de Tokyo. L’un des livres les plus vendus de 1978 dans le monde fut d’ailleurs Ma guerre secrète, témoignage d’un officier italien racontant les combats parfois extrêmement durs contre les infiltrations de soldats chinois dans le province de Mongolie intérieure. Des affrontements sporadiques opposaient également les forces chinoises à l’armée eurasienne au nord et à celle de l’Etat indien au sud, depuis la fin de la décennie 1960.

Mais si la Chine était toujours menacée à ses frontières, elle connaissait un rayonnement intercontinental sans précédent en tant que leader des mouvements communistes mondiaux et exemple à suivre pour les nations décolonisées, alors que sa rivale indienne faisait de plus en plus figure de repoussoir. Depuis le coup d’Etat de 1966 au Tanganyka, l’influence chinoise en Afrique s’était considérablement étendue, couvrant pratiquement l’ensemble de la côte orientale du continent. L’acceptation par la Zambie de la construction d’une voie de chemin de fer reliant le Mozambique et l’Angola par des capitaux chinois apparaissait comme une victoire de plus, créant une continuité entre nations maoistes de Luanda à Mogadiscio.

Ailleurs dans le monde, les relations restaient bonnes avec l’Indonésie, laquelle s’était écartée de l’orthodoxie marxiste depuis le départ de Tan Malaka mais demeurait un allié stratégique de poids. En Amérique latine, chasse gardée du rival américain, la Chine était présente économiquement sur l’île démilitarisée de Cuba, et poussait ses pions dans les dictatures de droite par le financement et l’envoi d’armes à l’opposition. La « guerre populaire » menée par le sentier lumineux au Pérou commençait, tandis que le MIR chilien se réorganisait autour d’une direction strictement maoiste.

Entre autarcie et influence mondiale


Devenu presque aussi tout-puissant que son défunt père, Mao Anying devait prendre un certain nombre de décisions qui engageaient l’avenir de la Chine et du monde. Avant même le retrait de Liu Shaoqi, le Parti avait annoncé sa volonté de s’inscrire dans le stricte continuité de la période précédente : il n’y aurait ni relance du processus révolutionnaire ni ouverture du pays dans un sens libéral. Mao Anying poursuivit cette voix en repoussant les propositions de l’aile réformatrice du pays, toujours menée par Deng Xiaoping, tout en lui conservant des strapontins politiques.

En 1978 avait été lancée, dans cet esprit de continuité avec le volontarisme de la période Mao Zedong, une grande campagne visant à conquérir de nouvelles terres cultivables dans les provinces de l’ouest et le Xinjiang tout en intensifiant la production sur les terres déjà cultivées. Il s’agissait ainsi de répondre à l’enjeu alimentaire pour une population en constante augmentation. Mao Anying avait en effet rejeté avec virulence les propositions de membres du Parti visant à introduire des freins légaux à la fécondité, arguant qu’en cas de conflit nucléaire mondial l’immense population de la Chine serait son principal atout, lui permettant de survivre à ses adversaires.

A l’international, la Chine ne se contenta pas de poursuivre la politique d’influence de la décennie précédente mais l’amplifia pour faire face à la politique d’endiguement américaine. Aux « conseillers » militaires et techniques présents par dizaine de milliers dans les pays amis, Mao Anying ajouta la construction de bases militaires et navales, sensées être chacune la réponse à une base américaine. La Chine disposait ainsi de points d’appui de la corne de l’Afrique à l’enclave angolaise du Cabinda.
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Message par Rayan du Griffoul Ven 2 Fév - 16:38

De la Somalie à l'Angola. Le Croissant rouge de l'Afrique

Je pense que face à ça, l'Afrique du Sud mette en place un programme nucléaire bien plus rapidement
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Message par Thomas Ven 2 Fév - 18:05

Une Chine qui arrive à se développer tout en évitant les "quelques écueils" d'OTL. Sauf incident de parcours, la Chine va devenir une superpuissance avec 20 ans d'avance. Cela dit, l'absence de politique de l'enfant unique, la sécurité alimentaire et le développement économique vont être un sacré numéro d'équilibriste.

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Message par DemetriosPoliorcète Ven 2 Fév - 19:11

Rayan du Griffoul a écrit:De la Somalie à l'Angola. Le Croissant rouge de l'Afrique

Je pense que face à ça, l'Afrique du Sud mette en place un programme nucléaire bien plus rapidement

Un aspect sur lequel il faut que je me documente!

Mais oui la suite du récit v beaucoup parler de l'Afrique du Sud.
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 3 Fév - 9:47

Chapitre 4 : Schwarz-Weiss-Rot et Schwarz-Rot-Gold

« Reichswehr ou Armée républicaine, ce n’est jamais qu’un nom. Dès les premiers jours de la crise, les casernes se sont vidées des déserteurs qui sont allé rejoindre qui les communistes, qui le Front noir, qui les rebelles. Les dépôts d’armes ont été pillés, les véhicules ont été siphonnés.
Mais il paraît que nous avons le pétrole des Français, alors tout va bien ! Nous pouvons nous lancer à l’assaut vers l’ouest, qu’est ce qui pourrait bien nous arriver ! »
Témoignage anonyme d’un officier de l’Armée républicaine

« Aucun cochon berlinois ne viendra plus jamais apporter la discorde sur la terre sainte de Bavière, nous vous en faisons le serment ! »

Discours au Landtag de Bavière, 3 février 1976


A la mi-janvier 1976, les troupes des Forces de défenses du Reich avaient été victorieuses des unités de la Reichswehr restées fidèles au gouvernement de Hanovre qui avaient cherché à leur barrer la route de Berlin, dans les premières batailles en rase campagne de la guerre, mais en étaient sorties durablement affaiblies. Avec peu de matériel lourd et de carburant, l’avancée dans un Berlin encore largement tenu par la coalition de gauche s’avérait plus que laborieuse.

Dans le reste du pays régnait une impression de chaos. En Saxe, le soulèvement des milices socialistes dans les zones ouvrières avait été suivi d’une répression impitoyable de la part du gouvernement du Land, dominé par l’alliance des Völkisch et des conservateurs wilhelmiens ; le Land affirme son soutien à la « défense du Reich » mais vise avant tout à sa propre sécurité intérieure, développant une force paramilitaire propre qu’il n’enverra que partiellement sur les principaux fronts.

Mais un Land, plus que tous les autres, affirme son autonomie : la Bavière, dominée par les indépendantistes du Parti bavarois et les autonomistes du Parti démocrate bavarois, entend rester à l’écart du conflit. Le 2 février, le gouvernement de l’Etat déclare ne plus reconnaître aucune entité fédérale tant qu’un règlement général n’aura pas lieu, et qu’elle ne réintègrerait une structure allemande qu’après des négociations menées avec un gouvernement légitime ; autant dire pas avant longtemps… Le lendemain, le ministre-président exige le départ de toutes les troupes fédérales stationnées sur le territoire bavarois, ce qui entraine des combats sporadiques entre réguliers et forces bavaroises qui font une dizaine de morts, avant qu’un accord avec Francfort ne permette l’évacuation en bon ordre des bases militaires. C’est aussi l’occasion pour le gouvernement régional de mettre en application une vieille revendication autonomiste en mettant en place des représentations diplomatiques propres à l’étranger. L’Autriche est le premier Etat à accepter, la France lui emboitant le pas.

Une guerre froide, et quelques autres mésententes 1920px-Franken_2.svg
La Franconie au sein de la Bavière

Entre le 7 et le 10 février, les principales villes de Franconie bavaroise, région protestante dont la culture politique diffère de celle du reste du Land, se soulèvent. Des députés au Parlement du Land et au Reichstag proclament « l’Etat libre de Franconie », qui penche du côté nationaliste. Munich décide, au moins pour un temps, de ne pas intervenir.

A Francfort, où le Rumpfparlement s’est reconstitué après la débandade de Hanovre, les discours se radicalisent. Le 29 janvier, l’Assemblée proclame le changement du nom de l’Etat de Deutsches Reich à Deutsche Republik et adopte une liste de réforme voulues par les socialistes et les libéraux. Outrés, plusieurs députés conservateurs quittent l’assemblée, arguant que des réformes structurelles ne peuvent pas être adoptée par un parlement incomplet. Il est vrai qu’une trentaine de parlementaires sont toujours retenus en otage à Berlin, que les communistes sont toujours exclus, tandis que la droite dure est bien entendu absente. En quête de légitimité, le Parlement se décide à engager des négociations avec le Parti communiste marxiste-léniniste, dont les députés sont soit aux arrêts soit dispersés dans les zones ouvrières en insurrection ou les communes populaires. Le 10 février, un accord est conclu avec les communistes, qui acceptent de coopérer activement à l’organisation d’une nouvelle force armer et de ne plus parler de République populaire. Ils s’engagent également publiquement à libérer les otages retenus à Berlin, mais les combattants présents sur place ne l’entendent pas de cette oreille et fusillent, dans des circonstances troubles, le Chancelier Kiesinger ainsi que le ministre Werner Best, ancien dignitaire nazi devenu cadre du FPÖ. Une partie des maoistes berlinois forme par la suite la Rote Armee Fraktion, Faction armée rouge, qui refuse tout compromis avec les sociaux-démocrates et les libéraux.

Une guerre froide, et quelques autres mésententes Langfr-1920px-RAF-Logo.svg
Logo de la RAF

Côté nationaliste, la conciliation des différentes tendances est tout aussi difficile. Sous l’influence d’Udo Hahn, un officier parachutiste qui s’est imposé comme le leader charismatique des Forces de défense du Reich, un comité politique destiné à coordonner conservateurs radicaux et Völkisch se créé. Le 9 février, un « Gouvernement d’union nationale » est créé, tandis que les Forces de défense fusionnent avec la milice conservatrice Stalhelm et d’autres unités de la Reichswehr ralliées, pour former la Heer, référence à l’armée allemande du Second Reich. Les partis Völkisch gardent leurs propres milices, mais celles-ci sont amalgamées au sein d’un « Front anti-communiste » uni. Il est décidé de stopper l’avance dans Berlin pour se réorganiser et se préparer à une offensive de grande ampleur.

L’offensive de mars 1976

En effet, le gouvernement de Francfort a réorganisé ses forces en créant l’Armée républicaine à partir des unités restées loyales de la Reichswehr et de la milice Republiksbanner Schwarz-Rot-Gold. Les différentes brigades organisées dans les communes, les conseils ouvriers ou autour de chefs charismatiques y sont également en théorie intégrées, bien que chacun soit jaloux de ses prérogatives et de son autonomie.

Face aux tenants d’une posture défensive, le temps de supprimer les poches nationalistes dans l’ouest du pays et de mieux organiser la force armée, les partisans d’une offensive rapide l’emportent : il s’agit de dégager Berlin et de profiter des avantages acquis par les Républicains, à savoir la quasi-maitrise du ciel et un meilleur approvisionnement. Les forces de Francfort peuvent en effet s’approvisionner en carburant à partir de la France et des ports hanséatiques. Le gouvernement Chirac a par ailleurs envoyé une aide d’urgence, avalisée ensuite par la Chambre, permettant d’équiper les troupes républicaines ; cependant, l’aide française ne devant pas être visible pour des raisons de crédibilité politique, beaucoup de matériels resteront dans leurs caisses…

Le 4 mars, l’offensive vers l’est débute, mais s’avère rapidement un fiasco. Si Hanovre est reprise, des forces nationalistes motivées et mobiles, qui ont récupéré l’essentiel des meilleurs officiers et soldats de la Reichswehr, pratiquent un repli organisé et infligent de lourdes pertes aux soldats républicains. Si les journaux de Francfort saluent avec enthousiasme l’arrivée des blindés sur l’Elbe, l’offensive ne peut en réalité aller plus loin, faute de logistique adaptée et après de très lourdes pertes en hommes et en matériel.

Le 18 mars, le Front anti-communiste, renforcé par une partie de l’armée saxonne, lance une offensive par le sud, à travers la Thuringe et la Franconie bavaroise, et parviennent à trente jilomètres au sud de Francfort. Si les nationalistes renoncent à prendre d’assaut la ville, où les républicains ont massé toutes les troupes disponibles, une partie de leurs forces envahit le Bade et le Wurtemberg, provoquant l’effondrement de ces Länder jusqu’ici préservés par les combats. Alors que les nationalistes pénètrent dans Karlsruhe, proche de la frontière française, le gouvernement Chirac fait occuper Kehl et Fribourg en Brisgau ; c’est la première intervention directe dans le conflit, provoquant le malaise du gouvernement républicain.

Dès l'ors, il devient illusoire de décrire une véritable ligne de front séparant les deux Allemagne. Les restes de l'appareil d'Etat s'effondrent, de multiples milices et autorités provisoires imposent leurs lois sur le territoire. Chaque camp doit faire avec des poches ennemis au coeur de son territoire, mais aussi aux réticences de ses différentes composantes aux objectifs divergents.

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Message par Rayan du Griffoul Dim 4 Fév - 2:22

Un univers ou on pourra suivre des matchs de foot comme Bavière - Eurasie ou Mandchourie - Québec
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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 4 Fév - 12:14

Je viens de lire le chapitre sur la Chine. C'est tellement bien écrit !
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Message par DemetriosPoliorcète Ven 9 Fév - 15:53

Chapitre 5 : points chauds

"Si le Duce revenait et qu'il apprenait que les derniers chefs d'Etat à se proclamer fascistes étaient des noirs, pendant qu'un socialiste occupait le Palais Chigi et que des femmes bronzaient seins nus sur les plages d'Emilie-Romagne, je pense qu'il déciderait de retourner dans sa tombe"
                                Alessandro Pavollini

"Savimbi? Un gros betasson qui veut tuer tout le monde!"
                                Traduction (peu inspirée) d'un communiqué de la diplomatie sud-africaine par le journal
L'Aurore


Les dernières années de la décennie 1970 voient la guerre froide durablement s'insaller, et les deux camps poser leurs pions sur plusieurs terrains.

La mer de Chine

Déjà depuis longtemps théâtres des tensions sino-nippones, la mer de Chine se retrouve au cœur de la guerre froide avec le rapprochement qu’entame dès 1974 l’Amérique de Goldwater avec un Empire du Soleil levant alors en cours de démocratisation. Le traité de libre échange signé en 1976 entre les deux pays permet le « second souffle japonais » et une reprise sans précédent de la croissance avec l’ouverture du marché étatsunien, mais il ancre aussi le Japon dans le camp américain.

Le 2 septembre 1978, un navire cherchant à infiltrer des combattants chinois à Formose est détruit par l’aviation japonaise, entraînant en retour l’intervention de l’aviation chinoise et un combat aérien qui menace de se transformer en relance de la guerre sino-japonaise ; guerre qui opposerait cette fois deux puissances nucléaires… Les années suivantes sont émaillées d’incidents de moindre importance, généralement cachés au public, tandis que dans le même temps, la coopération militaire entre Tokyo et Washington s’intensifie, avec en 1977 le Traité de coopération militaire et de partage de technologies, en fait une aide apportée par les Etats-Unis au Japon.

Le « croissant rouge de l’Afrique »

Le principal point de tension à l’échelle du monde restait l’Afrique subsaharienne, où l’idéologie communiste avait connu des progrès fulgurants depuis la révolution du Tanganyka en 1966, et où la Chine avait déployé à divers titres des dizaines de milliers de militaires et de conseillers en tout genre. Après la création du chemin de fer à travers la Zambie, construit en un temps record, on avait parlé de « croissant rouge de l’Afrique », faisant écho à la forme prise par cet ensemble.

Néanmoins, la Chine ne pouvait pas se permettre d’apporter à chacun de ces pays une aide semblable à celle de la « vitrine » du Tanganyka, et les populations durent souvent déchanter devant la réalité d’une collectivisation brutale des terres et de politiques d’industrialisation souvent hors-sol. Confrontés à cette réalité et au mécontentement de leurs opinions, les chefs des nouveaux Etats cherchaient à rassembler derrière eux par l’activisme à l’international. Jonas Savimbi [1] fut celui qui poussa le plus loin cette logique, en cherchant à s’affirmer comme le principal adversaire du régime d’apartheid sud-africain, qui contrôlait la Namibie voisine.

Une guerre froide, et quelques autres mésententes Jonas_Savimbi
Jonas Savimbi, principal agent de la stratégie chinoise en Afrique australe

Paniqué par l’extension continue de son voisinage communiste, le gouvernement de Pretoria était revenu sur toutes les mesures allant vers une autonomie de la Namibie et y avait renforcé son contrôle. L’année 1977 avait vu les tensions monter continuellement, avec l’accueil par l’Angola sur son territoire des bases arrières et des camps d’entrainement de la SWAPO et des dissidents Sud-Africains menés par le Xhosa Nelson Mandela, tandis que des centaines de soldats et conseillers angolais combattaient dans le sud-ouest africain aux côtés des guérillas rebelles. Le 8 septembre, une série de bombardements aériens suivis d’une incursion terrestre visaient les camps d’entrainements frontaliers. D’abord silencieux, l’Angola préparait la riposte.

Le 2 février 1978, l’armée angolaise, ainsi que les troupes régulières de la SWAPO et de l’Umkhonto, renforcées par 7000 Cubains que commande Ernesto Che Guevara (si Cuba a accepté de démilitariser son territoire, rien ne l’empêche d’entretenir une troupe de volontaires à l’étranger…) se lancent à l’assaut de la Namibie, prenant totalement par surprise les troupes sud-africaines et leurs auxiliaires locaux. Les villes frontalières d’Ondangwa, Rundu et Katima sont prises, ainsi que des dizaines de prisonniers et du matériel américain flambant neuf. Il faut plus d’une semaine à l’armée de Pretoria pour rétablir la situation et commencer à contre-attaquer. Prudent, Savimbi décide, le 11 février, d’ordonner une retraite en bon ordre, pour conserver ses forces armées et ne pas donner l’occasion aux Sud-Africains de laver leur honneur ; d’autant plus que la guérilla du Front National de Libération de l’Angola, soutenu par Mobutu, s’active au nord-est et que l’armée de la RDC se masse à la frontière.. Ayant pu ramener en Angola le matériel et les soldats capturés, Savimbi crie victoire, même si sa prudence provoque une rupture avec Guevara.

Le Congo de Mobutu, pivot américain en terre africaine


Entre la Fédération française et le « croissant rouge », l’ancien Cpngo belge occupait une position particulière. La Belgique avait longtemps tardé à faire évoluer sa possession coloniale, et n’avait associé les congolais au gouvernement qu’à la fin des années 1950, et accordé une forme d’autonomie qu’en 1960 ; il était bien trop tard pour espérer conserver une forme fédérale entre les deux pays, et le Congo belge obtint son indépendance totale en 1964, sous la présidence de Joseph Kasa-Vubu et le gouvernement de Patrice Lumumba. Se forgeant une image d’icône incorruptible, le populaire Lumuba était arrivé au bon moment, entre l’effondrement de l’URSS et l’irruption du communisme chinois sur le continent ; il avait ainsi pu procéder à la nationalisation de la majeure partie des industries minières belges tout en conservant des relations régulières avec les Occidentaux, notamment les Etats-Unis de Joseph Kennedy Jr, profitant ainsi des plans d’aide de ce dernier.

Une guerre froide, et quelques autres mésententes Mobutu_Seko_1973
Joseph-Désiré Mobutu

La situation s’était néanmoins dégradée à la fin de la décennie, avec l’apparition d’une guérilla d’inspiration marxiste-léniniste dans l’est du pays et dans la province du Katanga, en lien direct avec le Tanganyka puis le Kenya. Accusé de faiblesse voire de collusion avec les rebelles, Lumumba fut poussé à la démission par son chef des armées, Joseph-Désiré Mobutu, qui avait par la suite éliminé le président Kasa-Vubu. Tout en se réclamant de la continuité avec Lumumba, Mobutu avait purgé le Mouvement National Congolais, devenu seul parti autorisé, de toute sa vieille garde, et établi un régime plus personnalisé encore que les dictatures communistes voisines.

Considéré par les stratèges américains comme le verrou de l’Afrique face aux communistes, et restant plus présentable que les régimes sud-africains et rhodésiens, car dirigé par un Africain noir, le Congo reçu une généreuse aide de la part de Washington, tant du point de vue financier que du point de vue militaire, avec l’arrivé dès 1975 d’une mission d’aide dirigée par Colin Powell, un officier qui s’était distingué dans les combats de la Sierra Maestra. Dès 1977, la guérilla était anéantie, et Mobutu put se concentrer sur sa rivalité avec Savimbi, allant jusqu’à développer un discours irrédentiste sur le « Grand Congo » qui comprendrait l’Angola.

L’Ethiopie fasciste

Le cas le plus étrange parmi les changements de régime en Afrique fut probablement celui de l’Ethiopie. En union personnelle avec l’Italie, l’Ethiopie [2] avait pu venir à bout de la rébellion Oromo, d’inspiration maoiste, avec l’aide de Rome. La question de la relation entre les deux pays était néanmoins de plus en plus compliquée : le gouvernement souhaitait organiser des élections législatives sur le principe un homme = une voix, ce qui était inacceptable pour l’élite formée des colons italiens, des métis (qui se comptaient désormais en centaines de milliers d’adultes) et des élites ralliées, notamment parmi les Amharas. L’immigration italienne, bien que freiné depuis les réformes agraires de la décennie 1940, n’avait jamais complètement cessé, et avait même connu un regain à partir de l’arrivée au pouvoir de la coalition antifasciste, de nombreux partisans de l’ancien régime, nostalgiques, voyant dans l’Ethiopie un moyen de réaliser une société plus conforme à leurs valeurs.


Une guerre froide, et quelques autres mésententes Langfr-1920px-Italian_East_Africa_%281938%E2%80%931941%29_fr.svg

En avril 1977, un groupe d’officiers de l’armée éthiopienne s’empare des bâtiments officiels d’Addis-Abeba et proclame la déchéance d’Humbert II en tant qu’Empereur d’Ethiopie et la création d’un conseil de régence, avant de proclamer l’ « Etat fasciste éthiopien » le mois suivant. Le pays reprenait les institutions du régime mussolinien, avec une Chambre des faisceaux et corporations et un Parti unique.

L’Etat fasciste éthiopien fut qualifié de « régime le plus étrange du XXe siècle », le président Goldwater, bien qu’approuvant le soutien américain au pays, déclara en privé que « c’est un peu comme si on voyait des Noirs de Virginie brandir le drapeau des Confédérés ».

[1] OTL, Savimbi a été formé en Chine. Ici, il n’a pas eu de raison de se rapprocher des Américains et des Sud-Africains.
[2] On rappelle ici que l’Ethiopie de cet univers ne comprend pas le Tigré et l’Ogaden.
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Message par Rayan du Griffoul Ven 9 Fév - 20:27

On va de surprise en surprise
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Message par Thomas Ven 9 Fév - 21:16

L'ironie de la situation éthiopienne... j'ai hâte de voir comment va évoluer ce pays.

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Message par DemetriosPoliorcète Sam 10 Fév - 7:55

Merci à vous deux!

Pour l'Ethiopie, j'ai eu cette idée après avoir lu une étude sur les "ensablés", les Italiens qui étaient restés en Ethiopie après la défaite de Mussolini.
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Message par LFC/Emile Ollivier Sam 10 Fév - 10:25

Ils ont du souffrir avec Mengistu ces ensablés !

Excellent comme d'habitude.

PS : Des noirs brandissant le drapeau confédéré cela existe IRL, même si c'est évidemment des cas individuels...
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 10 Fév - 11:29

LFC/Emile Ollivier a écrit:Ils ont du souffrir avec Mengistu ces ensablés !

Excellent comme d'habitude.

PS : Des noirs brandissant le drapeau confédéré cela existe IRL, même si c'est évidemment des cas individuels...

Merci!

Apparemment, il y en avait toujours sur place pour raconter tout ça en 1989.

Voilà l'étude en question : https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1989_num_36_1_1487
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Message par Rayan du Griffoul Jeu 15 Fév - 21:52

Je viens de penser à quelque chose. Le Tunnel du Mont Blanc il à été creusé ?

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Message par DemetriosPoliorcète Ven 23 Fév - 21:39

Chapitre 6 : chute d’une monarchie, résurrection d’une autre

La chute de l'Irak hachémite

La victoire dans la guerre de 1969, l’annexion du Koweit et la hausse délirante des revenus pétroliers du pays qui avait suivi avaient, pour un temps, consolidés la monarchie irakienne du roi Fayçal II, qui avait alors connu son pic de popularité et avait pu se présenter comme un chef de guerre victorieux. L’état de grâce n’avait pourtant pas duré.

Sensément à la tête de la branche ainée des hachémites, il passait au second plan, en termes de prestige, par rapport à ses cousins du royaume de Jordanie-Palestine, vainqueurs des sionistes puis gardiens des trois lieux les plus sains de l’Islam, La Mecque, Jérusalem et Médine. Beaucoup, y compris dans le gouvernement irakien, espéraient une réunification de tous les territoires hachémites après la mort de Fayçal, espoir réduit à néant par la naissance, en 1974, du prince héritier Ghazi, fils du roi et de la reine Sabiha Fazila.

Mais la principale cause d’instabilité résidait dans les conséquences des revenus pétroliers eux-mêmes. L’indemnisation très généreuse, souvent bien au-dessus du prix réel des terres, accordée aux propriétaires terriens lors de la réforme agraire, avait permis à ces derniers de moderniser leurs exploitations ou d’investir dans d’autres secteurs, tandis que de nombreux fellahs, faute d’instruments de crédit adaptés, furent contraint de s’endetter lourdement et perdirent souvent leurs exploitations, alimentant ainsi un exode rural continu. Dans des villes où les écarts de richesses s’exprimaient souvent de façon extravagante, le prolétariat urbain, majoritairement chiite, devenait souvent réceptif aux discours contestataires, notamment celui du Parti Communiste Irakien.

Dans le même temps, en dépit des efforts du gouvernement pour acheter le soutien du clergé et des notables chiites, la surreprésentation des sunnites restait manifeste à toutes les échelles du pouvoir, cultivant le ressentiment d’une moitié de la population.

Du point de vue international, sommé de prendre parti dans la guerre froide qui débute, l’Irak choisit, tant par peur du communise que de l’Iran voisin, le rapprochement avec les Etats-Unis, qui deviennent son principal fournisseur d’armes et son partenaire économique privilégié. Après le déclenchement de la guerre de 1969 qui avait été un pied de nez aux Occidentaux, l’alliance américaine est perçue par les Irakiens comme une régression, et un retour aux temps où la monarchie hachémite suivait sans sourciller la politique de Londres.

A partir de 1976, une baisse de la croissance économique se traduit par un regain d’autoritarisme du gouvernement et une inflation des effectifs de la police politique, la menace de la subversion communiste justifiant tous les abus. Au cours des années suivantes, l’opposition non-officielle du PCI, du Baas et des sociaux-nationalistes, et celle, restée légale, du Parti de la Fraternité Nationale, se structure et se prépare à un renversement du pouvoir. Un coup d’Etat d’officiers nationalistes sunnites échoue en 1977, entrainant de vastes purges dans l’armée. A la fin de la même année, des grèves massives ébranlent le pouvoir et obligent à des concessions sans lendemain.

C’est finalement un fait divers qui, en mars 1979, enflamme le pays : plusieurs jeunes hommes proches de la famille royale, impliqués dans une rixe mortelle, son graciés par la justice, entrainant une série d’émeutes spontanées, puis de grèves. Rapidement, politiciens, intellectuels et syndicalistes modérés diffusent une charte en cinq points listant les mesures à prendre dans l’urgence, parmi lesquelles figurent l’application stricte de la constitution, la mise en place de mesures de transparence quant à l’utilisation de la rente pétrolière et un redécoupage de la carte électorale effaçant la surreprésentation des populations sunnites. La charte devient le point de ralliement des manifestations, bien que celles-ci soient rapidement encadrées par les formations les plus radicales, qui souhaitent évidemment aller bien plus loin qu’une réforme de la monarchie constitutionnelle.

En juin, les annonces contradictoires du pouvoir central et la violence de la répression conduit le mouvement à se radicaliser davantage, tandis que la grève générale paralyse le pays. Le lâchage progressif de l’armée et du clergé chiite poussent le roi à fuit le pays le 2 juillet. Deux jours plus tard, les bâtiments officiels sont occupés par les émeutiers et la République irakienne est proclamée, ironiquement le jour de la fête nationale américaine. L’avenir du pays reste néanmoins particulièrement incertain. Dès les jours suivants, les luttes de pouvoir entre les partisans des différents partis d’opposition. Seule structure capable d’organiser efficacement les milices nées de la rébellion, le Parti communiste sort du lot et s’impose rapidement comme le pivot du nouveau pouvoir, bien que ses dirigeants aient l’intelligence de ne pas occuper officiellement le sommet de l’Etat. En effet, les élections législatives (réellement libres, bien que l’exercice de responsabilités sous l’ancien régime rende automatiquement inéligible) amènent au pouvoir une coalition de toutes les forces révolutionnaires, des nationalistes arabes laïques aux communistes, en passant par les sociaux-nationalistes et l’opposition chiite religieuse. L’aspect autoritaire du régime ne tarde pourtant pas à se manifester, avec le maintien et le renforcement de comités révolutionnaires encadrant la vie quotidienne des citoyens.

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Le dirigeant communiste irakien Hussein al-Radi

L’orientation pro-chinoise et socialiste du régime ne tarde pas à apparaître clairement aux observateurs, avec la nationalisation de pratiquement toutes les industries, la mise en place d’une nouvelle réforme agraire, plus radicale et cette fois sans-indemnités. En 1981, une tentative de coup d’Etat menée par des nationalistes et des partisans d’une fusion avec la Syrie sert de prétexte au rétablissement de l’Etat d’urgence et à la traque des opposants. Si le gouvernement reste pluraliste, il devient clair que le véritable pouvoir appartient à un cabinet secret communiste. Le président américain Ronald Reagan déclare à cette occasion « nous voulons la chute de Babylone la Rouge ! ».

En novembre de la même année, une insurrection militaire établit un pouvoir rebelle à Mossoul, et rallie à elle l’essentiel des cadres de l’ancien régime et une grande partie de la population sunnite. C’est le début de la guerre civile irakienne.

Le rétablissement de Reza II

Après son renversement, Mohammad Reza Pahlavi avait brièvement tenté de créer un parti politique en exil rassemblant ses partisans, le Parti de la résurrection iranienne, mais, psychologiquement abattu, avait finalement renoncé à la politique pour revenir à sa vie de jet-setteur dans son exil italien. Ses aventures extra-conjugales, qui n’étaient pas nouvelles mais ne se voulaient plus discrètes, conduisirent à son divorce avec Soraya Esfandiary ; les apparitions publiques du souverain déchu se limitent ensuite aux gros titres de la presse à scandale.

Néanmoins, les partisans de la dynastie pouvaient trouver un espoir en la personne de son fils Reza Fuad, issu de son premier mariage avec la princesse Fawzieh d’Egypte [1]. Intelligent et plus habile politicien que son père, le jeune prince héritier ne tarde pas à fréquenter l’ensemble de la diaspora en exil (à l’exception compréhensible des communistes), ne faisant pas l’erreur de s’affilier à un parti mais devenant un interlocuteur acceptable pour toutes les forces politiques : le Front national de Karim Sanjabi et Shapour Bakhtiar, les islamo-démocrates du Mouvement de libération de l’Iran de Mahdi Bazargan, jusqu’aux nationalistes du Parti pan-iraniste.

En Iran même, la position de Teymour Bakhtiar se fragilise, en dépit de l’euphorie qui avait suivi la hausse des prix du pétrole. Critiqué pour ses dépenses somptuaires et son haut niveau de corruption, le régime perd le soutien de figures influentes comme l’ayatollah radical Rouhollah Khomeini. Le clergé, qui reste dans son ensemble proche d’un gouvernement très généreux avec lui, est de plus en plus déconsidéré par les Iraniens pour les mêmes raisons. Les lois visant à la moralité publique, si elles contentent un moment les Iraniens les plus conservateurs, inquiets de l’occidentalisation des modes de vie qui suit l’enrichissement du pays, apparaissent vite comme le signe de l’hypocrisie du pouvoir.

A la fin de la décennie, la retombée de la croissance et le retour de difficultés économiques, combinées à des difficultés assez semblables à celles qui touchent l’Irak voisin, renforcent encore la grogne contre le régime de Bakhtiar, sa violence et sa gestion très approximative des finances du pays. L’exemple de la révolution irakienne encourage les Iraniens à s’opposer à leur tour directement au gouvernement, par une série de manifestations et de grèves. La répression, bien plus brutale qu’en Irak, renforce le mouvement au lieu de l’étouffer, dans un pays où la dévotion religieuse est depuis longtemps associée au culte des martyrs. L’image du prince héritier devient rapidement un point de ralliement pour les manifestations spontanées.

Le 3 février 1980, lâché par l’armée, Bakhtiar doit prendre le chemin de l’exil, laissant officiellement le pouvoir à son homonyme Shapour Bakhtiar [2]. Hostile au rétablissement de la monarchie, celui-ci espère rassembler la frange modérée des partisans du régime et une partie de l’opposition pour conserver le pouvoir, mais son calcul s’avère très vite erroné : le 14, l’opposition s’empare directement du pouvoir, alors que Reza Fuad arrive dans le pays. Prudent, il ne prend pour le moment qu’un poste dans le gouvernement provisoire qui se met en place, lequel rassemble l’ensemble des forces d’opposition, des khomeinistes aux Fedayin du peuple communistes.

Les élections qui suivent donnent une large victoire au Prince et à ses alliés, face aux groupes plus radicaux (Modjahedin du peuple islamo-marxistes, communistes, khomeinistes). La monarchie absolue est rétablie, mais sans retour à la constitution de 1906 : le pays est désormais une monarchie parlementaire assez semblable à celle de l’Italie, où le monarque ne peut accaparer tous les pouvoirs. Le premier chef du gouvernement du nouveau régime est Mahdi Bazargan.

Une guerre froide, et quelques autres mésententes 1024px-Mehdi_Bazargan_Portrait
Mahdi Bazargan

[1] Dans notre histoire, Mohammad Reza a délaissé son épouse une fois sur le trône. Ici, la présence de son père pour le surveiller l’a conduit à avoir un héritier beaucoup plus tôt.
[2] Tous les deux sont issus de l’aristocratie des nomades bakhtiaris.
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Message par DemetriosPoliorcète Ven 23 Fév - 21:41

Rayan du Griffoul a écrit:Je viens de penser à quelque chose. Le Tunnel du Mont Blanc il à été creusé ?

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Alors je n'avais pas creusé la question, mais on peut considérer que oui vu la normalisation progressive du régime italien.
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 24 Fév - 11:43

Le second Grand jeu

La rivalité mondiale entre la Chine et les Etats-Unis ne doit pas faire oublier un autre théâtre d’affrontement géopolitique, plus localisé, qui oppose dans le même temps le régime de Pékin à une puissance qui fait son grand retour géopolitique, l’Eurasie.

Le retour de Moscou

Après l’effondrement de l’URSS, son Etat successeur semblait s’être mis en retrait de la scène internationale pour se concentrer sur son développement interne et sa nouvelle identité, en dehors bien entendu de ses exploits scientifiques dans le domaine spatial.

Les premières années d’existence du nouvel Etat avaient été caractérisés par une extrême prudence, tant dans ses interventions extérieures que dans son ouverture économique. Si les réformes de Beria avaient été pérennisées et renforcées, créant pour de bon un marché interne, l’ouverture aux capitaux étrangers et la privatisation des industries d’Etat avaient été très lentes, tant le Parti du Socialisme Démocratique voulait éviter un nouveau chaos social. Seules certaines zones dites « Zones économiques spéciales » avaient été ouvertes au cours de la décennie 1960 et avaient permis d’approfondir les coopérations entre les entreprises d’Etat héritées de l’URSS et les entreprises étrangères. La décennie 1970 avait vu le pays accueillir plus facilement les capitaux étrangers, tout en privatisant une partie de ses industries. Ainsi, le capital d’Aeroflot est vendu à 49% en 1972, les sociétés automobiles privatisées au cours des années suivantes, tandis qu’une seconde compagnie aérienne à capitaux privées, Touran, est créée en Asie centrale. Les monopoles naturels et l’extraction des ressources restent, constitutionnellement, propriété de l’Etat. Le pays reste l’un des plus protectionnistes du monde, avec notamment des taxes prohibitives sur l’importation d’automobiles, la possession d’une voiture européenne ou japonaise même de moyenne gamme devenant un signe de réussite sociale. Tout cela n’empêche pas une forte croissance économique, d’autant plus que les revenus pétroliers de l’Etat ont bondi depuis 1969, et que le gaz naturel permet également une confortable rente. En 1980, l’Eurasie est la troisième économie mondiale derrière les Etats-Unis et le Japon, mais devant la Chine et la France.

Une guerre froide, et quelques autres mésententes ZiS_110_Cabriolet
Les automobiles ZIL, anciennement réservées aux cadres du Parti, restent un marqueur de réussite sociale dans la nouvelle Eurasie

Le PSD parvient, non sans mal, à se rallier les nouvelles classes moyennes supérieures et les grandes fortunes, renforçant sa position de seul parti au pouvoir de fait. L’opposition se structure autour du Parti des Peuples d’Eurasie, confédéraliste, du Parti Démocrate, libéral, ainsi que des partis nationalistes slaves et turcs. En 1977, l’aile gauche du PSD, dénonçant le tournant capitaliste forme le Parti Populiste, se revendiquant de l’héritage du socialisme révolutionnaire non-marxiste d’avant 1917.

Le retour de la stabilité interne et la réussite économique permettent, dans la deuxième moitié de la décennie 1970, un retour de l’Eurasie dans l’ordre international. En effet, l’élimination du mouvement socialiste angolais MPLA fait prendre conscience au gouvernement moscovite qu’il est nécessaire de maintenir et d’approfondir les liens avec les anciens partis alliés de l’URSS, devenus pour la plupart sociaux-démocrates. L’Eurasie revient en force sur de nombreux théâtres, et se retrouve confrontée, en plusieurs endroits à la Chine.
On parle ainsi de troisième pôle de la guerre froide, bien que l’absence de clivage idéologique net avec les deux autres grandes puissances rendent l’idée discutable. Il est plus pertinent de parler de « nouveau grand jeu » le long des frontières eurasiennes. Moscou renforce son influence en Mongolie, et remplace en 1977 la force internationale de la SDN comme protectrice du gouvernement du Mengjiang, contribuant à de nouveaux combats de faible intensité avec les forces de Pékin. Après le retrait progressif du Japon, l’Eurasie s’impose comme la nouvelle puissance tutélaire de la Mandchourie et de sa famille impériale.

La révolution afghane

Alors que l’Iran connaît sa restauration monarchique, une série de transitions politiques différentes se déroulent dans l’Afghanistan voisin.

Pays jamais vraiment conquis mais historiquement dépendant des empires voisins via des subsides ou des pillages, il était resté un Etat tampon entre l’Empire britannique et l’URSS dans le cadre du Grand jeu centrasiatique, puis l’était resté entre l’Eurasie et l’Inde nationaliste. La monarchie afghane avait su, un temps, profiter de cette position pour profiter de l’aide des deux puissances tout en conservant sa neutralité ; un début de développement économique s’était d’ailleurs esquissé au cours de la décennie 1970, avec notamment un début de développement touristique et la rénovation des infrastructures de transport.

Le régime avait néanmoins été brutalement éliminé par le coup d’Etat du Prince Daoud, qui avait renversé son cousin le roi Zaher Shah et, plutôt que prendre sa place, s’était proclamé président d’une République d’Afghanistan. Il s’était appuyé sur ses alliés du PDPA, formation marxiste partisane d’une modernisation autoritaire et resté proche de l’Eurasie. Malgré la volonté d’indépendance toujours affirmée par Daoud, l’Afghanistan penchait désormais clairement vers l’orbite eurasienne, tandis que les militants du PDPA occupaient des postes toujours plus importants dans l’armée : les modérés de la faction Partcham (bannière) dans la haute administration, les radicaux de la faction Khalq (peuple) dans l’armée, dont beaucoup d’officiers avaient été formés à Moscou du temps de l’URSS. La situation semblait partie pour durer jusqu’à ce qu’un autre acteur, le part Sholah-ye Djawid (flamme éternelle), ne fasse parler de lui.

Regroupant à l’origine surtout des militants venus des ethnies minoritaires du nord du pays, Tadjiks, Ouzbèkes ou Khazaras, la formation maoiste avait étendu son recrutement à une partie de la jeunesse éduquée pashtoune, déçue par la modération du PDPA et son alignement sur l’Eurasie, et tentée par une alliance avec la Chine qui soutenait les visées irrédentistes de l’Afghanistan sur les territoires pashtouns de l’Inde. Ses militants prônaient une neutralité radicale du pays entre Eurasie et Inde, en même temps qu’une révolution sociale sans précédent éliminant la répartition traditionnelle des terres et de l’eau et le poids de la religion.

En mars 1980, la stupeur s’empare de Moscou, de Delhi et des observateurs occidentaux : le régime de Daoud est renversé par les maoistes, le dictateur lui-même est sommairement éxécuté ave une partie de sa famille. La Chine vient de poser un pion supplémentaire entre ses adversaires eurasiens et indiens, et ne semble pas disposée à le retirer, comme en attestent les accords de coopération militaire immédiatement signés avec Kaboul. Si le coup d’Etat n’a été possible que grâce au soutien d’une partie des officies khalqis de l’armée déçus par la modération du PDPA, le régime maoiste, sur les conseils de ses alliés chinois, procède rapidement à une purge. Hafizollah Amin, un temps rallié, finit exécuté, alors que les autres dirigeants de la formation rivale, Babrak Karmal, Anahita Radzebad et Nour Mohammad Taraki, avaient immédiatement été passés par les armes. Le nouveau régime proclame la République Populaire d’Afghanistan et procède à la réforme de la propriété et de l’accès à l’eau. Mais il s’avère très vite que le nouveau pouvoir n’a qu’une prise très limitée sur les campagnes, où l’encadrement traditionnel des khans reste fort et où l’athéisme est violemment réprouvé. L’origine Khazara, et donc chiite, du président Akram Yari ajoute encore à la détestation éprouvée par la majorité pashtoune. Une escalade de la violence est inévitable entre les marxistes-léninistes et le monde rural, alors que l’élite urbaine est soit morte, soit exilée ; des rébellions gagnent la vallée du Pandjshir, où le Hezb-e Islami d’Ahmad Shah Massoud s’oppose à Kaboul depuis 1973, et le Nouristan. La démission de Yari, remplacé par le Tadjik Faiz Ahmad, ne calme pas le jeu.

En octobre, sept mois seulement après le coup d’Etat, une révolte de militaires s’empare de la ville de Hérat, dans l’ouest du pays, et met en place un gouvernement dissident que dirigent l’officier Ismail Khan et l’ancien membre de la faction Partcham du PDPA Mohammad Nadjibollah. A Kaboul, de semblables soulèvement sont violemment réprimés.

Alors que la situation s’enlise, les puissances voisines craignent un chaos à leurs frontières, ce qui pousse les dirigeants Indiens et Eurasiens, dont les régimes sont déjà en cours de rapprochement, à une réunion secrète le 29 octobre. Il est décidé que l’Inde laissera l’Eurasie intervenir militairement contre le régime de Kaboul, à condition que l’occupation ne se prolonge pas au-delà de trois mois. Le 2 décembre, les parachutistes eurasiens atterrissent à Kaboul, Kandahar et Djalalabad, et ; avec l’aide de soutiens locaux, ouvrent la voie à une force d’invasion de 30 000 hommes. Si Ahmad Yari parvient à s’enfuir en Chine, Faiz Ahmad et son épouse Mina Keshwar Kamal sont livrés à la foule et finissent pendus.

La Chine proteste vivement, mais ses réactions concrètes se limitent à de nouveaux combats sporadiques aux frontières avec la Mongolie, le Mengjiang, l’Eurasie et l’Inde. Le PCC est en réalité soulagé de pouvoir faire porter à une invasion étrangère l’échec de la révolution communiste afghane. Dès janvier 1982, l’armée eurasienne commence son repli, laissant au gouvernement de Hérât les clés du pays.

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Le drapeau du nrégime de Nadjibollah

Sachant se rendre populaire en affichant sa bonhommie, Nadjibollah parvient rapidement à s’imposer comme le nouvel homme fort et à rassembler l’ensemble des anciennes forces politiques marxistes, nationalistes ou libérales dans un parti unique, Watan (la Patrie). Son régime ne tarde pas à se doter d’une puissante police politique et à se montrer aussi autoritaire que ne l’était celui des communistes, quoique plus efficace. Néanmoins, son respect des autorités religieuses et sa modération dans les réformes sociales satisfont aussi bien la majorité des Afghans que les puissances voisines.

La crise de 1981 a vu l’Afghanistan tomber définitivement dans la sphère d’influence eurasienne, avec l’accord de l’Inde qui accepte cet état de fait en échange d’un resserrement des liens avec Moscou, dont elle devient l’alliée face aux revendications chinoises.
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