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Une ère de pétrole et de bruit

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Message par Thomas Sam 13 Jan - 22:46

Petite suggestion concernant la Mandchourie :

Pour marquer la construction nationale et en tant qu'état vaguement indépendant, je ne pense pas que le nom "Mandchoukouo" reste longtemps.
A minima, il serait "sinisé" en Mǎnzhōuguó (« État de Mandchourie »).

Au sujet de Pujie, si le pays demeure une monarchie, il aura surement besoin de réformer ses lois d'accession au trône.
Le premier des enfants de Pujie étant mort en 1957, cela ne laisse que sa fille Aisin-Gioro Husheng (Kosei Fukunaga) pour monter sur le trône.
À moyen long terme, notamment en cas d'une montée du nationalisme mandchou, la maison Aisin-Gioro pourrait avoir du mal à rester en place du fait de ses fort liens avec le Japon. L'épouse de Pujie est japonaise. Tous leurs descendants ont des noms civils japonais.

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Message par DemetriosPoliorcète Sam 13 Jan - 22:53

Thomas a écrit:Petite suggestion concernant la Mandchourie :

Pour marquer la construction nationale et en tant qu'état vaguement indépendant, je ne pense pas que le nom "Mandchoukouo" reste longtemps.
A minima, il serait "sinisé" en Mǎnzhōuguó (« État de Mandchourie »).

Au sujet de Pujie, si le pays demeure une monarchie, il aura surement besoin de réformer ses lois d'accession au trône.
Le premier des enfants de Pujie étant mort en 1957, cela ne laisse que sa fille Aisin-Gioro Husheng (Kosei Fukunaga) pour monter sur le trône.
À moyen long terme, notamment en cas d'une montée du nationalisme mandchou, la maison Aisin-Gioro pourrait avoir du mal à rester en place du fait de ses fort liens avec le Japon. L'épouse de Pujie est japonaise. Tous leurs descendants ont des noms civils japonais.

Merci pour le nom, je l'intégrerai! J'ignorais que Mandchoukouo était un nom à consonnance japonaise.

Pour Pujie, je pense que dans la très patrilinéaire société chinoise, la succession par une fille sera de toute façon exclue, le pouvoir passera au plus jeune frère, Puren, et à ses descendants.
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Message par Collectionneur Sam 13 Jan - 23:56

J'indique juste un mot oublié :

 1973, alors que le gouvernement est confronté à une intensification des insurrections armées coréenne et formosienne, il prend deux décisions impopulaires : un allongement du services jeunes ... appelés

Pour Formose, je doute que des guerrillas puissent se former, je pense à un équivalent des ''troubles'' en Irlande du Nord avec des armes livrés par des petits chalutiers venues de Chine.
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 14 Jan - 10:30

Chapitre 11 – Virages américains


Le virage libéral


Après la catastrophique présidence Nixon, Barry Goldwater avait pour lui d’incarner la rupture face à la gauche républicaine autant que face aux démocrates menés par Edmund Muskie.

Dès son investiture, il s’attelle à détruire l’Etat-providence mies en place depuis le New Deal, réduisant de moitié pour 1973 les dépenses sociales de l’Etat fédéral. La mobilisation sociale provoquée par ces mesures, quoique violente, est contrecarrée par les baisses d’impôts qui touchent une majorité d’Américains et rallient une partie de l’opinion à la politique du président ; le mouvement syndical subit par ailleurs un important revers avec l’échec de la grève des contrôleurs aériens, qui se solde par des licenciements massifs. 10 % des postes d’employés fédéraux sont également supprimés.

La dérégulation de l’économie fragilise la situation de nombreux Américains, mais apparaît également sur le moment comme un moyen sûr de sortir de la crise, avec d’indéniables succès, comme la baisse du coût du transport aérien et le développement l’amélioration de la qualité de la bière.

Une ère de pétrole et de bruit - Page 3 Detroit-emeute-riots-1967-4
Emeutes à Détroit, consécutives à l'appauvrissement des centre-villes

Ces politiques ont des effets désastreux sur les villes américaines qui voient leurs centres sinistrés et la classe moyenne noire, jusque-là arrimée au Grand Old Party, se disloquer. Une série d’émeutes des quartiers noirs entre 1973 et 1974 achève de marquer le retour du fossé communautaire. La reprise économique et le budget à l’équilibre permettent néanmoins de solidifier la position du président vis-à-vis de son électorat. D’autant qu’il peut se prévaloir d’un indéniable succès à l’international : le retrait réussi de Cuba.

La politique latino-américaine

Si Goldwater était, on s’en doute, un opposant aux plans de développement de Joseph Kennedy Jr pour l’Amérique latine, il s’était opposé à la montée des tensions avec Cuba et à l’intervention militaire de Nixon contre l’Île. Dès 1973, il prend contact avec l’opposition armée de Castro pour négocier un cessez-le-feu. En 1975, il court-circuite le gouvernement conservateur de Rafael Diaz Balart, ancien beau-frère de Castro devenu son ennemi mortel, et signe un protocole de paix avec les socialistes cubains, permettant la fin des combats et la mise en place d’un gouvernement provisoire sous supervision de la SDN. Le point central étant que les biens américains ne seraient pas saisis tandis que les Etats-Unis ne s’opposeraient pas au rétablissement des législation anti-jeu et anti-mafia de la période précédente. Raul Castro rechigne à signer ce traité mais finit par y être contraint pas son aile modérée. Le dernier soldat américain quitte Cuba (hors base de Guantanamo) trois mois avant l’élection de 1976, contribuant indéniablement à la réélection de Goldwater. Cuba s’engage à ne pas signer d’accords militaires avec qui que ce soit, mais redevient libre de sa politique intérieure. Les guévaristes, partisans d’une collectivisation totale de l’économie, cèdent face aux partisans de Cienfuegos, nouveau chef de l’Etat, qui impose une économie mixte. Quoi qu’il en soit, un profond sentiment anti-américain s’enracine dans l’île.

Cuba étant désormais vu comme l’exemple à ne pas reproduire, la politique de Goldwater rencontre la nouvelle vision des stratèges américains, qui consiste à influer sur la politique de certains pays sans jamais intervenir directement. C’est au Chili que cette politique est pour la première fois mise en pratique : ayant bénéficié des largesses du plan Kennedy, le pays semblait un modèle de développement, avec de nombreuses réformes sociales mises en place sous la présidence d’Eduardo Frei Montalva, président démocrate-chrétien. La crise avait rebattu les cartes et conduit à l’élection, de justesse, du socialiste Salvador Allende, à la tête d’une alliance des forces de gauche. Bénéficiant d’abord d’une alliance avec les démocrates-chrétiens, il se brouille avec eux et se retrouve sans majorité, dans une situation de blocage politique. Pressé par les stratèges du Pentagone et ceux de la toute nouvelles Central Intelligence Agency [1] d’intervenir pour renverser Allende, Goldwater se montre d’abord réticent mais finit par accepter après avoir pris connaissance de rapports exagérant largement les actions des guévaristes du MIR, menaçant le Chili de subversion communiste.  Allende est ainsi renversé par son chef d’état-major, Augusto Pinochet, le 11 septembre 1973. Pinochet refuse ensuite de rétablir la légalité constitutionnelle et s’engage dans une politique de réformes économiques particulièrement dures. Plus au nord, le général Hugo Banzer renverse l’année suivante le gouvernement de gauche nationaliste en Bolivie et mène lui aussi une politique économiquement libérale. En 1975, le même schéma se reproduit au Pérou. Goldwater s’oppose néanmoins à l’organisation de coups d’Etat en Argentine et au Brésil, où la menace communiste ne semble pas crédible. Un coup d’Etat préparé sans le soutien de la Maison Blanche échoue en Argentine en 1976 : l’Union Civique Radicale, revenue au pouvoir après la mort de Peron [2], s’oppose aux putschistes avec l’appui des péronistes.

Dans ses mémoires, Goldwater déclarera que son soutien aux coups d’Etat sud-américains était son plus grand regret en tant qu’ancien président.

Contre-cultures américaines

Alors que les syndicats traditionnels, proches du Parti Démocrate, sont en perte de vitesse, de nouvelles radicalités s’expriment parmi la jeunesse et dans l’Amérique ouvrière. Les contre-cultures, qui étaient restées marginales au cours des décennies 1950 et 1960, touchent un public de plus en plus large et prennent une part active aux contestations. Dès 1973, un musicien du nom de Charles Manson rassemble de jeunes contestataires et occupe la Bourse de Chicago, devenant une icône de la nouvelle extrême-gauche. Le New People’s Party, d’inspiration maoiste, ne remportera jamais de véritables succès électoraux, mais aura une influence majeure sur les campus universitaires, devenant un vivier de futurs cadres pour les Démocrates et le Reform Party. Certains membres n'hésiteront pas, comme en Europe, à choisir la lutte armée, commettant plusieurs attentats à la bombe entre 1975 et 1980.

Une ère de pétrole et de bruit - Page 3 Manson1968
Charles Manson

L’opposition de droite n’est pas en reste, avec le développement du Constitution Party, la scission du Parti Démocrate qui élargit son électorat, d’abord limité aux blancs du Sud, pour chercher à séduire la classe ouvrière des régions industrialisées. Les groupes plus radicaux se développent, s’inspirant de leurs homologues allemands, avec la refondation des Silver Shirts, et la création de la Viking Youth of America et du National Revolutionary Party, reprenant directement, pour ces deux dernières, les noms d’organisations allemandes. En 1974, Helga Goebbels donne en personne sa bénédiction à l’extrême-droite américaine à l’occasion d’un festival de musique en Pennsylvanie. A rebours du vieux Ku Klux Klan, cette nouvelle radicalité ouvre ses portes aux white ethnics, nombreux dans ses rangs, et prône une politique sociale ambitieuse, en opposition franche avec le libéralisme de Goldwater. Les heurts violents entre extrême-gauche et extrême-droite sont fréquents : lors d’une expédition contre la branche armée de la Viking Youth, Charles Manson est fait prisonnier, avant que son corps ne soit retrouvé sur le campus de Berkeley, une croix gammée gravée au couteau sur le front…

Au-delà des groupuscules d’activistes, c’est tout une nouvelle culture qui se développe au cours des années 1970 : des mouvements comme les hippies, jusque-là marginaux, gagnent en popularité et influencent la mode et les industries du divertissement, comme Elvis Presley vingt ans auparavant.

[1] le FBI a ici conservé un rôle dans le renseignement international, notamment en Amérique latine. Il a fallu attendre la mort d’Edgar Hoover pour aboutir à une unification des services de renseignement extérieur.

[2] les divisions entre l’aile gauche du péronisme et l’aile droite voire extrême-droite, emmenée par sa veuve, ont ici eu raison du maintien au pouvoir.
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Message par Collectionneur Dim 14 Jan - 11:23

Merci, le ''black power '' va aussi se manifester en réaction à l'extrême droite américaine ?

Un lapsus ici, la bière toujours au centre de la politique outre Atlantique  Razz

baisse du coût du transport aérien et le développement l’amélioration de la qualité de la bière.
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Message par Thomas Dim 14 Jan - 11:30

Le destin et la fin de Manson ^^

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Message par Rayan du Griffoul Dim 14 Jan - 16:45

En fait Goldwater c'est Reagan sous amphétamines
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 14 Jan - 17:01

Collectionneur a écrit:Merci, le ''black power '' va aussi se manifester en réaction à l'extrême droite américaine ?

Un lapsus ici, la bière toujours au centre de la politique outre Atlantique  Razz

baisse du coût du transport aérien et le développement l’amélioration de la qualité de la bière.

Peut-être bien pour le Black Power.

OTL c'est Carter qui a dérégulé la bière, permettant la naissance du mouvement craft (et on le remercie pour ça).

Thomas a écrit:Le destin et la fin de Manson ^^

Je me suis dit que dans une époque troublée, un taré pouvait vite être pris pour un héros...

Rayan du Griffoul a écrit:En fait Goldwater c'est Reagan sous amphétamines

En gros. En plus honnête aussi (Reagan a in fine augmenté les impôts de la plupart des Américains et a fait exploser la dépense publique), et sans l'aspect conservatisme sociétal (Goldwater a beaucoup critiqué OTL le virage du GOP vers les thématiques religieuses).
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 14 Jan - 17:06

Le prochain chapitre sera probablement plus long et clôturera ce cycle.
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Message par Rayan du Griffoul Dim 14 Jan - 17:21

Ah d'accord

J'ai hâte
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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 14 Jan - 19:25

Manson en martyr. Tout à fait le genre d'idées osées que j'affectionne en uchronie !
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 16 Jan - 18:41

Chapitre 12 – La décennie inquiète ?

Les années 1970, passé l’urgence de la crise, sont marquées par les craintes liées à l’avenir et par l’idée, obsédante chez certains, de revivre la décennie 1930. En Europe, ces craintes conduisent à une nouvelle déflagration.

La politique française de 1970 à 1975

La chambre élue en 1970, nouvelle « chambre introuvable », passait pour une poudrière à instabilité gouvernementale. La position du FRS en tant que « premier des centres » et le statut de Brossolette en tant qu’homme providentiel permettent néanmoins à ce dernier de revenir à Matignon. Son second ministère est marqué par un activisme français à l’étranger, notamment dans les anciens protectorats indochinois et au Proche-Orient, et par l’intervention de l’Etat dans l’économie pour soutenir les fleurons nationaux. Renault, qui pâtit de mauvais choix dans sa gamme de véhicules civils incompatibles avec la nouvelle configuration post-crise, est sauvée de la faillite par l’Etat qui en devient actionnaire à 51%. Le franc est dévalué pour permettre une meilleure compétitivité des industries françaises à l’international.

La politique sociale de Brossolette est néanmoins jugée trop molle et trop favorable aux entreprises par la gauche, tandis que la droite lui reproche des dépenses excessives. Son ministère tombe en septembre 1972, inaugurant une ère d’instabilité. Conscient du blocage, le président Michel Debré, plus enclin que son prédécesseur à utiliser ses pouvoirs renforcés, dissout la Chambre. Les nouvelles élections de février 1973 amènent une nouvelle conjonction des centres, le « retour à la normale », et la formation d’un nouveau ministère Mendès-France.

Alors que le pays s’habitue peu à peu à vivre sans plein-emploi et avec une énergie plus chère, la question algérienne revient sur la table avec l’élection d’Hocine Aït Ahmed à la tête du gouvernement d’Alger. Si beaucoup craignent une nouvelle guérilla (Boumediene a été éliminé en 1968 et le PMLA a rendu les armes), les opinions ont été préparées des deux côtés de la Méditerranée à l’idée d’une autonomie renforcée. C’est en 1975 qu’après des négociations longues mais sans violence l’Algérie devient la « République Fédérée Algérienne », statut intermédiaire entre les territoires d’outre-mer et les Etats membres de la Fédération.

Peur rouge sur le monde

La crise mondiale accélère l’offensive du marxisme-léninisme pro-chinois sur les pays décolonisés. En 1972, le renversement du président kényan Jomo Kenyatta par son ancien premier ministre Oginda Oginda et la rupture des liens avec Londres est l’occasion pour la Somalie de soutenir une insurrection dans les provinces de langue somali, puis intervient directement et annexe le nord du pays, réalisant son projet irrédentiste. Le reste du Kénya tombe aux mains des factions radicales, qui exploitent les frustrations nées de la période Kenyatta et l’influence de l’ « Etat vitrine » du Tanganyka voisin.

L’année suivante, l’inévitable démocratisation du Portugal entraîne l’indépendance de ses colonies africaines. Alors que Lisbonne espérait maintenir une coopération avec les factions indépendantistes les plus modérées, ce sont les communistes pro-chinois qui s’emparent du pouvoir au Mozambique et en Angola. Dans ce dernier pays, les membres du MPLA, organisation marxiste qui avait suivie les évolutions du mentor soviétique puis eurasien, sont écrasés par les maoistes d’UNITA de Jonas Savimbi, aux côtés duquel se bat Ernesto « Che » Guevara , devenu l’agent de la stratégie chinoise en Afrique.

Une ère de pétrole et de bruit - Page 3 2560px-Flag_of_UNITA.svg
Le drapeau de l'UNITA de Jonas Savimbi, devenu le drapeau de l'Angola maoïste

Toute la côte orientale de l’Afrique est sous contrôle des alliés de Pékin. Un sommet tenu à Maputo conduit à la création d’une « Union de l’Afrique orientale socialiste », en réalité une coquille vide, mais qui épouvante les Occidentaux. Un soutien discret aux régimes d’apartheid d’Afrique du sud et de Rhodésie sera apporté par plusieurs pays, dont les Etats-Unis, en dépit du dégoût inspiré par leurs pratiques. Au Congo Kinshasa, dont l’indépendance progressive de la Belgique s’était faite pratiquement sans heurts, le président Patrice Lumumba est doublé sur sa gauche par l’apparition de plusieurs guérillas, et doit céder sa place à son chef d’état-major, le pro-occidental Joseph-Désiré Mobutu ; celui-ci ne tarde pas à établir l’une des plus brutales dictatures du XXe siècle.

Hors d’Afrique, les mouvements communistes progressent également : la Fédération d’Arabie du sud, l’Etat à base tribale laissé par les Britanniques à leur départ, est transformée en 1972 en République Démocratique Populaire du Yémen, Etat marxiste-léniniste centralisé qui entraîne le pays dans une modernisation à marche forcée. En Iran, le régime de Teymour Bakhtiar doit faire face au terrorisme des Fedayin du peuple, communistes, et aux Modjahedin du peuple, qui mêlent théologie islamique et marxisme. En Irak, si l’annexion du Koweit et les revenus du pétrole ont pour un temps acheté la paix sociale, le Parti communiste reste puissant et structuré, et se renforce même avec l’accélération de l’urbanisation. Enfin, en Afghanistan, si le Parti Démocratique Populaire d’Afghanistan, anciennement pro-soviétique et aligné sur l’Eurasie, a modéré son discours et est associé au pouvoir depuis de coup d’Etat du prince Daoud en 1973, le mouvement maoiste Sholah-ye Djawid (la « flamme éternelle ») se renforce.

Enfin, la Chine elle-même semble se radicaliser : alors que Mao vieillit, son épouse Jiang Qing, partisane d’une transformation brutale de la société, place ses protégés aux plus hauts postes de l’Etat et du Parti. Face à elle, les modérés font bloc derrière Liu Shaoqi, Deng Xiaoping et le fils du leader, Mao Anying.

Polarisations en Europe

Après 1969, les radicalités et les contre-cultures qui s’étaient développées jusque-là dans les marges en Europe connaissent un brutal accélérateur, gagnant des parts de plus en plus importantes de la jeunesse et, dans une certaine mesure, des classes ouvrières et de la petite bourgeoisie.

En Italie, le Parti Fasciste Républicain d’Alessandro Pavollini, incarne le fascisme révolutionnaire des origines. Mais Pavollini lui-même semble dépasser et représenter le passé par la jeunesse néofasciste, amatrice de musique rock et de sexualité libre. Du côté du gouvernement, la crise vient casser la dynamique de la coalition antifasciste arrivée au pouvoir en 1966. Elle ne se maintient qu’à quelques sièges prêt face au nouveau Parti National, né de la fusion du PNF et des autres forces nationalistes.

Au Royaume-Uni, le Labour revient au pouvoir après qu’une vague de contestation ait chassé les whigs, qui envisageaient des privatisations massives, mais les travaillistes ne parviennent pas à empêcher la dégradation de la situation sociale, notamment dans les grandes villes du nord. Les Britanniques peuvent penser à autre chose avec le mariage de leur roi, George VII, avec Camilla Shand, malgré l’opposition de l’ancien régent Philip ; un mariage d’amour qui passionne l’opinion et fait la joie de la presse populaire.

Mais c’est en Allemagne que les effets de la crise sur la polarisation politique sont les plus profonds et les plus visibles. Malgré le fractures nombreuses laissées par l’histoire du pays, le Reich avait réussi à renouer avec la prospérité économique et avec une certaine stabilité politique, permise par l’habitude des coalitions parlementaires et le choix résolu du légalisme par l’Union Conservatrice, représentant les sensibilités wilhelmiennes conservatrices, surtout dans l’Allemagne protestante.

En affaiblissant les industries et en produisant la réapparition du chômage de masse, même s’il n’atteignait pas les extrêmes de 1930, la crise avait rompu cet équilibre. Un journaliste résuma le problème par cette formule : « le jour de la crise pétrolière, chacun pensa à son argent. Le lendemain, tout le monde pensait déjà à 1933 ». La peur d’une nouvelle dictature nazie terrifia en effet l’intelligentsia de gauche persuadée que, l’Allemagne n’ayant pas fondamentalement changée, les mêmes causes produiraient les mêmes effets.

Une ère de pétrole et de bruit - Page 3 2560px-Flag_with_Odal_rune.svg
La rune Odal, symbole de la Wiking Jugend

Les événements semblent, au moins dans un premier temps, donner raison à ces inquiétudes : les deux principales formations d’extrême-droite, le Parti Socialiste du Reich et le Front Noir, ainsi que l’organisation de jeunesse Viking Jugend, se rapprochent autour d’un programme commun. Le Land de Prusse orientale, marqué par son amputation après la guerre de Danzig et peuplé de nombreux déplacés, est particulièrement sensible à ces thématiques et élit Helga Goebbels comme ministre présidente. Au niveau fédéral, le FDP, parti rassemblant à l’origine des libéraux et des nationalistes modérés mais qui s’est transformé suite à l’entrisme de nombreux anciens dignitaires nazis désireux de se refaire une respectabilité politique, fait de bons scores en s’adressant aux classes moyennes menacées. L’aile la plus nationaliste de l’Union conservatrice scissionne en 1972 pour former l’Union pour la défense du Reich, avec une forte composante monarchiste.

Aux conséquences de la crise s’ajoutent des inquiétudes nouvelles, comme une baisse de la natalité amorcée dans la décennie précédente et l’arrivée d’une immigration de travail venue de Turquie et du sud des Balkans (l’Etat yougoslave étant, lui-aussi, durement frappé par la crise). Encore modérés, ces phénomènes ne manquent pas d’inquiéter dans une Allemagne qui se définit d’abord comme une nation de droit du sang ; les formations les plus à droite en font leurs premiers thèmes de campagne après le chômage, et loin devant l’ancien antisémitisme (néanmoins toujours présent). Par ailleurs, une certaine réhabilitation du régime nazi, surtout vu à travers son action volontariste pour le redressement économique, se diffuse dans l’opinion. Après tout, la défaite n’est-elle pas le fait des généraux conservateurs trop timorés qui ont freiné l’exécution du plan de Manstein et d’Hitler ? C’est dans ce contexte que des milieux proches du SPD produisent le film désormais cultissime Der Führer, chef d’œuvre d’humour absurde dans lequel le français Henri Tisot joue un Hitler survolté et ridicule. Derniers éclats de rire avant l’un des épisodes les plus douloureux de l’histoire allemande.

Une ère de pétrole et de bruit - Page 3 Image19
Henri Tisot dans le rôle du Führer


Après une période d’instabilité politique entre 1973 et 1975, des élections anticipées sont convoquées et donnent une large victoire aux droites, les voix de gauche ayant été divisées par les succès de Parti Communiste Marxiste-Léniniste, formation maoïste largement soutenue par Pékin. Le chef de l’Union pour la défense du Reich, Kurt Kiesinger, ancien cadre nazi, devient chancelier, avec le soutien du FDP et, après des négociations serrées, de l’Union conservatrice. Le gouvernement tient grâce au soutien, certes sans participation, de la coalition des Socialistes du Reich et du Front noir, qui ont mis pour une temps de côté leur haine des conservateurs.

Persuadées de revivre 1933, les organisations de gauche organisent une vaste démonstration de force dans Berlin, avec leurs organisations de jeunesse et leur groupe paramilitaire, le Republiksbanner Schwartz-Rot-Gold. Le but est d’impressionner, avec une certaine complaisance du chef de la police, SPD, de Berlin. Mais ces organisations sont doublées par les maoistes radicaux qui prennent d’assaut la chancellerie, le Reichstag et la présidence, dans un assaut organisé avec l’appui de pointures du renseignement et de l’armée chinoise. Alors que, dans la rue, les affrontements commencés à coups de pavés et de cocktails Molotov se muent en combats à l’arme lourde, le chancelier, le Reichspräsident et une trentaine de parlementaires sont aux mains de l’extrême-gauche. Les leaders du PCML proclament la Volksrepublik Deutschland, appelant tous les citoyens à prendre les armes pour « abattre le vieux Reich et les démons fascistes ». La guerre civile allemande vient de commencer.
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Message par Collectionneur Mar 16 Jan - 20:43

La Chine maoïste à t'elle récupérer les agents occidentaux communistes travaillant pour l'URSS après sa dissolution pour pouvoir faire un tel coup d'état ?
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 16 Jan - 20:57

Collectionneur a écrit:La Chine maoïste à t'elle récupérer les agents occidentaux communistes travaillant pour l'URSS après sa dissolution pour pouvoir faire un tel coup d'état ?

C'est bien possible! D'autre part, la Chine est le modèle des communistes intransigeants depuis le milieu des années 1950, ils ont eu le temps de tisser leur réseau.

Le vieux KPD aura aussi un rôle, mais mineur.
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Message par DemetriosPoliorcète Mer 17 Jan - 15:56

Je pense m'atteler à l'écriture du cycle suivant d'ici la semaine prochaine, mais j'hésite sur la forme qu'il prendra, étant donné que je vais raconter une guerre civile complexe. Soit des chapitres narratifs comme ici, soit un ensemble d'articles et de témoignages.
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Message par LFC/Emile Ollivier Mer 17 Jan - 15:58

Un mélange des deux Wink
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Message par Rayan du Griffoul Mer 17 Jan - 17:05

Moi j'aime bien les chapitres narratifs.

Après fait comme tu le sens
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