Une ère de pétrole et de bruit
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
Rayan du Griffoul a écrit:DemetriosPoliorcète a écrit:Merci pour vos retours !
J'aime particulièrement l'histoire culturelle et je trouve très stimulant d'imaginer ce que serait devenue la culture dans une Allemagne qui n'aurait pas connu l'année 0 et l'occupation américaine et où l'idéologie Völkisch serait toujours vivace.
Je me permet d'ajouter quelque chose à propos de Louis de Funés.
En 1966, l'acteur connait le sucées avec "La Grand Vadrouille" dans lequel il incarne le rôle du Caporal Stanislas LeFort, qui durant la bataille des Ardennes, doit faire face au gaffes du soldat Augustin Bouvet joué par Bourvil. Les deux connaitront de nombreuses mésaventures sur le chemin qui les mènera à Prague.
En 1964 le duo d'acteurs avait connu le succès, avec Le Corniaud, première coproduction Franco-italienne, et premier français tourné en Italie.
Voila
Et aussi une petite question. Est-ce que les nouvelles radios libres auront accès à la bande FM ? Ou resteront elles en ondes moyennes ?
Excellente idée le film avec de Funès!
Pour la radio, je dois bien avouer que je ne me suis pas posé la question, faute de connaissance techniques sufisantes.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
Le 18 août 1968, l’Eurasien Yuri Gagarine pose le pied sur la Lune, déclarant dans un moment retransmis sur les télévisions du monde entier que « nous y sommes arrivés, sans aide du ciel ou de la Terre ». L’exploit est le résultat de décennies d’efforts des agences spatiales soviétique pis eurasienne. Alors que Beria, après l’obtention de la bombe atomique, avait vu l’avenir de l’Union dans la conquête de l’espace, le régime au pouvoir dans le nouvel Etat eurasien avait vu dans la course à l’espace le meilleur moyen de se légitimer. Le Parti du Socialisme Démocratique confirmait sa position et faisait oublier pour un long moment les critiques quant à son style de gouvernement autoritaire. La population acceptait désormais pleinement le drapeau à l’Aigle des steppes désormais seule bannière humaine à flotter sur le satellite de la Terre.
Moscou confirmait son avance sur ses concurrents en termes de conquête spatiale, le programme franco-britannique Brocéliande, qu’avaient rejoint d’autres pays européens, et l’agence américaine NASA, lancée trop tard. Dans ses mémoires, le Joseph Kennedy Jr. Déclarera que son désintérêt pour l’espace, malgré les exhortations de ses deux frères, aura été sa plus grande erreur.
La conquête de la Lune reste comme le point d’orgue du climat d’optimisme des années 1960. Bons perdants, les Occidentaux voient dans l’alunissage le succès d’un pays en transition démocratique et le marqueur d’un progrès général de l’humanité.
Alternances et continuités dans les démocraties
En 1966, les élections françaises ne permettent à François Mitterrand de conserver le pouvoir qu’au prix d’un gouvernement beaucoup plus orienté au centre. L’UFL a en effet perdu du terrain face aux forces de gauche. Le Parti Socialiste, qui a choisi de durcir son discours après le ministère Brossolette, obtient une majorité relative dans le cadre d’un accord avec le Parti Communiste Unifié sur les désistements au second tour. Le PCU parvient à obtenir une trentaine de députés, retrouvant une importance proche de celle du PCF de l’entre-deux-guerres. Avec un gouvernement où il fait entrer plusieurs ministres radicaux, le Président du conseil ne peut se maintenir un poste que treize mois, avant que la volonté d’imposer un traité de libre-échange avec l’Allemagne ne provoque sa chute. Après un éphémère ministère Lecanuet, c’est Pierre Mendès-France qui finit par former un gouvernement. Si son ministère apparaît comme porteur de continuité, il n’en réalise pas moins certaines évolutions majeures, comme la réforme de la Fédération : chaque Etat gagne en autonomie, tandis que la présidence, jusqu’ici dévolue au président français, devient tournante. Le premier africain à occuper cette fonction, certes surtout symbolique, est le Gabonais Charles N’Tchoréré.
Aux Etats-Unis, 1968 marque le retour au pouvoir du Parti républicain, avec l’élection de Richard Nixon. Si celui-ci défend les positions isolationnistes de son parti et a vivement critiqué les sommes dépensées par Kennedy en partenariats internationaux, il entend incarner un virage social, désireux de conserver et d’approfondir les acquis du New Deal et des présidences démocrates précédentes, et d’éradiquer la pauvreté. Il est également le premier président à se soucier des questions écologiques, créant une commission à ce sujet dès son arrivée au pouvoir. Son élection avait été facilitée par une recomposition électorale d’envergure : l’aile droite du Parti démocrate, derrière George Wallace, avait scissionné pour former le Constitution party, hostile aux mesures de déségrégation, et avait pris au parti bleu une partie non-négligeable de son électorat traditionnel ; dans le même temps, la majorité de la classe moyenne noire en plein développement avait donné ses suffrages à l’ancien parti de Lincoln. Les plus optimistes prédisaient la fin des clivages raciaux aux Etats-Unis au profit des seuls clivages sociaux.
Richard Milhous Nixon
Au Royaume-Uni, dix années de domination travaillistes s’étaient achevés en 1964, avec l’élection du libéral écossais Jo Grimond à Downing Street ; les whigs revenaient ainsi pour la première fois au pouvoir depuis le départ de David Lloyd George. Les conservateurs se voyaient quant à eux contraints d’accepter la position de faiseurs de rois, sans pouvoir accéder de nouveau au pouvoir. L’Union movement, dans un contexte de croissance économique et d’accalmie politique, ne progresse plus, mais bénéficie partir de 1966 du départ de son encombrant fondateur et président.
La fin des années 1960 voit aussi le retour d’un pays européen dans le concert des démocraties, avec la démission en 1964 de Francisco Franco et le rétablissement de la monarchie constitutionnelle. Après avoir imposé un pouvoir personnel sans contestation après la fin de la guerre civile, Franco n’avait néanmoins jamais résolu le problème du redressement économique de son pays. En effet, malgré l’abandon de l’économie corporatiste des premières années au profit d’une libéralisation portée par les ministres liés à l’Opus dei, l’Espagne souffrait de son isolement et du manque de capitaux, restant sous le coup de sanctions économiques, notamment du fait des Etats-Unis. La fin de l’URSS privait par ailleurs le dictateur de l’argument du barrage au communisme, alors que le retour de guérillas hostiles dans plusieurs régions espagnoles dissuadait encore davantage l’investissement. Dans cette situation de blocage, Franco, ne parvenant plus à maintenir l’équilibre entre les différentes composantes de son pouvoir, est contraint à la démission. L’absence d’une figure capable de s’imposer à sa place, la division de ses anciens partisans et la montée en puissance des oppositions fait craindre un retour de la guerre civile. La situation évolue néanmoins avec le retour inattendu de Juan de Borbon y Battenberg : poussé par ses partisans, le prétendant exilé au Portugal franchit la frontière et vient réclamer son trône, dans un pays qui demeure théoriquement une monarchie. Ne pouvant se décider à le faire arrêter, le conseil de régence qui a succédé à Franco se résout à négocier avec lui, bien qu’il ait dans l’absolu préféré proclamer son fils Juan Carlos. Jean III est ainsi couronné roi d’Espagne tandis que les élections constituantes de 1966 voient le triomphe des libéraux, suivis de près par le Parti national, héritier de l’aile modérée des franquistes. La Phalange et les carlistes obtiennent des scores insignifiants.
1964 est aussi l’année qui voit le retour de Juan Peron à Buenos Aires. Engagées dans des négociations sur la démocratisation avec les Etats-Unis, dans le cadre du plan d’investissements de Kennedy, les autorités ne peuvent s’opposer à l’arrivée du chef charismatique, qui reprend le pouvoir, comme il l’avait perdu, sans violences.
Le retour de la violence politique
La démocratisation, la bonne santé économique et le climat politique plus serein qui marquent les années 60 n’empêchent pas le développement d’un phénomène que l’on croyait appartenir au passé : le terrorisme politique, mené par de petites minorités organisées. C’est souvent la normalisation de la vie parlementaire qui pousse une partie de la jeunesse, accompagnée de vieux militants déçus par les choix de leurs partis, à prôner une action radicale, à droite comme à gauche.
Ainsi, en France, de jeunes militants communistes qui voient dans l’inscription du PCU dans la vie parlementaire une compromission avec le pouvoir, prélude à une contribution avec le patronat, décide de revenir à l’orthodoxie léniniste du parti de cadres professionnels de la révolution. Leurs actions ne visent pour l’instant que des cibles symboliques, sans chercher à tuer. De l’autre côté du spectre politique, le PON est miné par les choix de son leader vieillissant, qui reste focalisé sur les thématiques des années 1930 et rate plusieurs occasions de mettre la ligne du parti en accord avec les problématiques de l’époque. Son affaiblissement coïncide avec l’avènement de multiples groupes d’extrême-droite adeptes de l’action directe. En mai 1968, un groupe d’étudiants d’Assas est ainsi arrêté alors qu’il projetait de lancer une grenade sur Pierre Mendès-France.
Des phénomènes similaires se produisent en Italie, en Allemagne et en Grande-Bretagne.
Les Etats-Unis en guerre
L’année 1969 dans les Amériques débute par un événement aussi brutal qu’inattendu : la première guerre des Etats-Unis depuis 1918, conséquence d’une surenchère devenue incontrôlable à Washington et La Havane.
Tout au long des deux mandats de Joseph Kennedy Jr, Cuba était resté un reproche répété constamment par l’opposition républicaine, qui en avait fait l’un de ses chevaux de bataille. Pour le GOP, l’accord avec Cuba, qui avait accepté une partie des nationalisations castristes et avait permis à l’île de recevoir des subsides américains avec des conditions plus avantageuses que les autres pays sud-américains, était une honte nationale et un cadeau fait à un dirigeant dont l’entourage était notoirement communiste. La renégociation du traité était l’un des thèmes de campagne de Nixon.
Dans le même temps, à Cuba, si Ernesto Guevara avait décidé de quitter l’île, une partie de ses partisans avaient décidé de rester sur l’île et d’y former le Mouvement pour la Continuation de la Révolution cubaine, qui vise les intérêts américains et ceux de l’ancienne bourgeoisie, sans attaquer directement l’Etat cubain ni la personne de Castro ; bénéficiant d’indéniables complicités dans les autorités, le mouvement est considéré par l’opposition comme un instrument de Castro pour faire pression sur la droite et les Etats-Unis.
Dès son investiture, Nixon est informé par ses services secrets que Fidel Castro prépare déjà la confrontation en négociant secrètement une aide de Pékin. En mars 1969, après une série d’attaques du MCRC contre des intérêts américains, la Maison blanche envoie un commando opérer directement à Cuba ; les soldats américains sont localisés et capturés, tandis que le viol de souveraineté est dénoncé par un discours enflammé du Lider maximo. En pleine surenchère verbale des deux côtés, un avion américain est abattu au large de la Floride le mois suivant, amenant au déclenchement d’une opération militaire contre Cuba. Le plan d’invasion consiste à investir massivement la partie occidentale de l’île et d’y encercler et détruire l’ensemble des forces conventionnelles cubaines, par une opération amphibie impliquant la flotte et les troupes parachutistes.
L’armée américaine compte remporter une victoire facile par la supériorité de sa puissance de feu et de sa logistique, mais déchante vite. Si le débarquement en plusieurs points de l’île est un succès, les troupes aéroportées échouent à s’emparer de ses objectifs à l’intérieur des terres et la crème des parachutistes américains finit capturée ou éliminée. L’impréparation de l’armée américaine, qui n’a plus menée de guerre conventionnelle depuis un demi-siècle, et la détermination des défenseurs causent de multiples déconvenues aux forces d’invasion, qui peinent à contrôler la capitale et n’empêchent pas les forces cubaines de se replier vers l’est du pays. Alors que Fidel Castro se donne la mort pour échapper à la capture, son frère Raul, avec Arnaldo Ochoa et Camilo Cienfuegos, organisent la résistance dans la partie orientale.
Raul Castro, qui succède à son frère comme chef de l'Etat cubain.
Obligé de faire face à une guerre plus longue que prévue, le président Nixon ordonne le bombardement de Santiago de Cuba, qualifié par la presse de gauche de « nouveau Guernica », tandis que l’embouteillage des forces américaines à l’entrée de la Sierra Maestra fait la une des journaux du monde entier, occasionnant une sérieuse humiliation à la première puissance mondiale. Au bout de six mois de conflit, l’essentiel des forces armées cubaines est détruit, mais l’opération aura occasionnée entre quatre et cinq fois plus de pertes que ne le prévoyait le plan de campagne. Néanmoins, alors que Washington proclame la fin de la guerre, les regards se sont déjà tournés vers le Moyen-Orient.
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
Après effectivement Collectioneur j'ai pas vraiment trouvé quelque chose qui fasse mi Slave mi Turque
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
La montée des tensions au Moyen Orient
Le début des années 1960 semblait marqué par la stabilité retrouvée des grands pays de la région : alors que Teymour Bakhtiar tenait d’une main de fer l’Iran, l’Irak avait normalisé ses relations avec les pays occidentaux. L’Egypte était sur le devant de la scène avec sa réforme agraire, l’inauguration du barrage d’Assouan et la rétrocession du canal de Suez, tandis que la Syrie était pacifiée à l’intérieur comme à l’extérieur sous le gouvernement d’Adib Chichakli. C’est l’époque des grandes productions cinématographiques : Salah ed-Din, film syrien sur la vie de Saladin, connaît un succès international et renforce le prestige du président, d’origine kurde comme le vainqueur des croisés. En 1968, l’Egypte répond au Cléopâtre de Joseph Mankiewicz par une superproduction qui se veut plus grandiose encore ; le casting fait l’objet de toutes les attentions, qu’il s’agisse des acteurs égyptiens ou des occidentaux venus jouer les personnages romains (Kirk Douglas dans le rôle de César, Alain Delon dans celui de Marc Antoine, Claudia Cardinale en Octavie et Jean Gabin en Pompée).
Le tableau idyllique cache néanmoins de graves difficultés. En Irak, la monarchie hachémite est confrontée à une montée des contestations alors que la réforme agraire est restée limitée et que les Arabes chiites, groupe le plus nombreux devant les Arabes sunnites et les Kurdes, se sentent exclus du pouvoir. Le Parti communiste égyptien, qui s’est rapproché de Pékin, gagne de plus en plus d’audience parmi cette minorité, soulevant les inquiétudes du pouvoir, qui est par ailleurs réticent à faire appel au clergé chiite pour le contrer. Les tensions internes mènent à une surenchère nationaliste pour détourner le regard vers l’extérieur. Les liens entre Bagdad et Jérusalem, où règne la même dynastie, sont approfondis pour faire face à l’Arabie saoudite, vieil ennemi qui a ravivé les tensions en s’érigeant en protectrice de l’émirat du Koweït, toujours considéré par l’Irak comme partie intégrante de son territoire. Surtout, de nombreux Etats de la région ne supportent pas l’ingérence des Saoudiens dans leurs affaires religieuses à travers le financement des prédicateurs et des institutions influencées par les idées wahhabites et salafistes, vues comme un danger pour la stabilité des sociétés.
La fin de la décennie est émaillé de provocations et d’incidents frontaliers des deux côtés, mais peu de chancelleries étrangères pensent une véritable guerre possible. Début 1969, la perte de crédibilité des Etats-Unis, vieil allié de Riyad, avec l’invasion de Cuba, pousse l’axe hachémite à mettre en application le plan d’invasion déjà préparé. Le 3 septembre 1969, les premiers commandos irakiens traversent la frontière avec le Koweït. Au matin suivant, le monde stupéfait apprend les premiers bombardements menés par les aviations de la Jordanie-Palestine et de l’Irak, ainsi que le début de l’offensive terrestre.
La guerre d’Arabie
Si au Koweït, objectif principal de l’Irak, l’élite de l’armée saoudienne tient plus d’une semaine, les offensives éclair menées sur le territoire du royaume sont des succès sans appel, progressant de plusieurs centaines de kilomètres en quelques jours. L’armée palestinienne connaît sa première déconvenue autour d’Al Wajh, où la contre attaque de quelques centaines de mercenaires somalis et éthiopiens met en difficulté ses unités ; mais, surtout, il fallut faire face au fanatisme wahhabite que l’invasion avait réveillé chez de nombreux saoudiens. Pour beaucoup, c’était une punition divine pour la décadence dans laquelle était tombée la dynastie Al Saoud, si ce n’était pas tout simplement le début de la fin du monde et de l’affrontement final face aux forces du mal. Dans cette ambiance apocalyptique, le roi Fayçal avait pris la décision la plus lourde de conséquence de la guerre : le sabotage de toute installation pétrolière et toute réserve de pétrole susceptible de tomber aux mains de l’ennemi. Dans l’espoir de provoquer l’effondrement économique de l’Irak, il ordonne aussi le minage du détroit d’Ormuz, paralysant pour un temps les exportations mondiales de pétrole et entraînant la déclaration de guerre de l’Iran.
Hors des provinces pétrolières, une autre problème se pose, celui des lieux saints de l’Islam, qu’il était bien sûr hors de question d’investir pour l’armée syrienne. Si de durs combats se déroulent à Djeddah, la Mecque reste considérée comme une zone interdite, situation immédiatement mise à profit par les combattants wahhabites, qui y trouvent refuge et s’en servent comme base pour mener une série d’attaques contre l’armée palestinienne, paralysée par l’ordre de rester à bonne distance de la ville sainte. Cette situation explosive, qui laisse plusieurs milliers de pèlerins et de civils otages tant à la Mecque qu’à Médine, ne peut être résolue que par l’intervention d’un acteur que personne n’attendait : le roi Hassan II du Maroc.
Comprenant que son statut de descendant du prophète et de chef d’un Etat arabe neutre lui permettait de jouer un coup diplomatique audacieux, et de consolider ainsi sa dynastie, il arriva à l’improviste avec un convoi aérien du croissant rouge, et commença à se mettre en relation avec tous les acteurs du conflit. Devant les caméras du monde entier, il parvint à obtenir un arrêt temporaire des combats afin de laisser pèlerins et civils évacuer la zone, puis l’évacuation des combattants saoudiens. Son statut de « sauveur des lieux saints » allait apporter un prestige incroyable à cet homme pourtant notoirement corrompu et au mode de vie bien peu ascétique.
Prévenant à la dernière minute de son arrivée, Hassan insiste pour accomplir les rites du pèlerinage avant toute négociation, et entre dans la ville sainte toujours sous contrôle wahhabite. Il entame ensuite le dialogue avec toutes les parties et obtient un cessez-le-feu.
La crise mondiale
Loin des subtilités des négociations en Arabie, les populations du monde entier voient avec horreur le prix du carburant bondir. A Paris, le prix à la pompe est multiplié par cinq, provoquant des faillites en série et une explosion du chômage. La croissance souvent modérée mais constante qui était la norme depuis la fin de la guerre de Danzig est désormais de l’histoire ancienne.
La situation de l’Europe et des Etats-Unis reste néanmoins enviable par rapport aux pays d’Afrique et d’Asie du sud est, où réapparait la famine. Dans la Somalie tout juste indépendante, des milliers de morts décrédibilisent le gouvernement pro-italien, et ouvrent la voie aux officiers communistes qui prennent le pouvoir l’année suivante. En Ethiopie, en dépit de l’aide apportée par l’Italie, la famine fait éclater au grand jour les tensions entre le groupe dirigeant composé des descendants de colons italiens et de l’élite amhara ralliée et les autres ethnies du pays. En Inde, un Chandra Bose vieillissant doit revoir à la baisse tous les plans industriels et faire face au retour de la famine dans plusieurs provinces, encourageant la croissance des mouvements de contestation armée. Il est néanmoins pleuré sincèrement par une majorité d’Indiens à sa morts, l’année suivante.
Pour les pays producteurs de pétrole, la crise annonce une période faste. L’Iran de Teymour Bakhtiar peut se permettre une série de constructions extravagantes, dont la plus grande mosquée du monde musulman, et lance le projet de raffinerie géante à Abadan. Le Sarawak que dirige Anthony Brooke lance le plus grand plan de développement d’infrastructures de son histoire, tandis que la hausse des revenus de l’Etat permet à la Malaisie voisine d’approfondir les tendances centralisatrices et autoritaires nées de la peur de l’Indonésie voisine et de la subversion communiste ; en 1970, l’armée fédérale intervient dans l’Etat de Singapour sous prétexte d’y réprimer des émeutes, provoquant l’exil de milliers de citoyens d’origine chinoise, qui serviront de vivier aux triades à travers le monde.
L’Eurasie fait face à une situation plus ambiguë, avec d’une part l’accroissement des revenus de l’Etat, qui a gardé la propriété des ressources naturelles, et d’autre part le coup d’arrêt à la période de croissance qui avait suivi la libéralisation, avec le retrait des investissements étrangers.
Si le prix du pétrole redescend au cours des mois suivants, il ne retrouve jamais son niveau d’avant la crise, du fait de l’approfondissement de la coopération entre pays exportateurs pour maintenir un prix profitable et surtout du pic de production américaine atteint en 1971. Alors que le besoin d’un cadre économique mondial se fait sentir et qu’une conférence internationale est prévue pour le printemps 1971 à Lugano, en Suisse, l’ensemble des nations du monde cherche à s’adapter à la nouvelle donne économique.
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
Là, c'est du Photoshop basique en cinq minutes. À la portée de tout le monde.DemetriosPoliorcète a écrit:Je suis épaté par la rapidité avec laquelle vous maniez les logiciels de dessins. J'ai essayé InkScape et je ne suis pas parvenu à grand chose.
Très beau drapeau en tout cas Thomas.
J'ai pris le drapeau russe. Remplacer son bleu par celui du Kazakhstan. Pris l'aigle des steppes du drapeau du Kazakhstan pour le coller sur la bande centrale.
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
Collectionneur a écrit:Finalement, le Koweït est rattachée à l'Irak ? Londres n'a pas pu intervenir ? La décision de minage par les saoudiens a du faire retourner contre eux les sympathies occidentales en tant que victime d'une guerre d'agression.
Les conséquences politiques de la guerre arrivent dans le chapitre suivant
Après la guerre anglo-irakienne, la Grande-Bretagne a plus ou moins été contrainte de laisser la protection du Koweit à la Ligue arabe, l'Arabie saoudite transformant dans ce cadre l'émirat en protectorat de fait.
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
DemetriosPoliorcète a écrit:Collectionneur a écrit:Finalement, le Koweït est rattachée à l'Irak ? Londres n'a pas pu intervenir ? La décision de minage par les saoudiens a du faire retourner contre eux les sympathies occidentales en tant que victime d'une guerre d'agression.
Les conséquences politiques de la guerre arrivent dans le chapitre suivant
Après la guerre anglo-irakienne, la Grande-Bretagne a plus ou moins été contrainte de laisser la protection du Koweit à la Ligue arabe, l'Arabie saoudite transformant dans ce cadre l'émirat en protectorat de fait.
Et je crois que ce ne sera plus vraiment joyeux
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
Depuis la fin de la guerre de Danzig, l’idée d’un accord international pour fixer un nouveau cadre économique mondial avait été souvent relancée, dans l’idée d’éviter le spectre d’un nouveau 1929 et de ses suites funestes, mais jamais concrétisée. Maintenant que la crise économique était de nouveau là, cet accord international devenait une évidence. La plupart des pays du monde envoyèrent des représentants, à l’exception notable de la Chine et de ses satellites, dénonçant une « réunion de dirigeants capitalistes apeurés cherchant à sauver leur système déjà mort ». Ce fut donc fin 1971, après de pénibles négociations préalables, que s’ouvrit la conférence de Lugano, en Suisse, dans le but d’arriver à un accord sur l’architecture du système international. Les oppositions entre pays allaient néanmoins faire traîner en longueur les discussions.
La France et l’Allemagne, soutenues dans une certaine mesure par l’Eurasie et le Royaume-Uni, cherchaient à imposer le plan conçu de son vivant par John Maynard Keynes : la création d’une unité internationale, le Bancor, rattaché à aucun Etat et directement créé par un fond monétaire international, et la création d’une Union internationale des compensations chargée de limiter les déséquilibres commerciaux [1]. En face, les Etats-Unis arguent de leur place de première puissance économique mondiale, dont la monnaie sert de fait de référence pour la majeure partie des transactions internationales pour promouvoir l’idée d’un système où le dollar, indexé sur l’or, serait la monnaie de référence. Washington a néanmoins perdu, avec l’invasion de Cuba, le soutien de ses alliés latino-américains qui lui étaient jusque-là redevables des prêts massifs du plan Kennedy, et adoptent une position attentiste.
Après de dures négociations, la balance pèse du côté des partisans du plan Keynes, qui font céder leurs adversaires sur l’essentiel des points dans le projet d’accord final. Néanmoins, fin 1972, l’élection de Barry Goldwater, opposant farouche du keynésianisme, change la donne : dès son discours post-élection, celui-ci affirme que les Etats-Unis sortiront sous sa présidence de tout accord international de ce type, même s’il venait à être ratifié entre temps. Les efforts des négociateurs s’avèrent dès lors caducs, et le Bancor est abandonné. La conférence de Lugano conduit néanmoins à la création du FMI et de la Banque mondiale, qui peuvent prêter des sommes libellées en Dollars, en Livres, en Francs français et en Roubles.
Le congrès de Fès : dessiner le nouveau Moyen Orient
En organisant le congrès chargé de régler les questions liées à la défaite saoudienne, Hassan II du Maroc confirme son rôle de médiateur et le prestige de sa dynastie au sein du monde musulman. Si personne ne lui conteste ce rôle, une question se fait jour dès l’organisation : faut-il inviter à cette conférence les seuls pays de la région, affirmant ainsi leur souveraineté, ou les représentants des grandes puissances doivent-ils participer aux discussions ? La deuxième option finit par l’emporter, les grandes puissances et les pays producteurs de pétrole des autres régions obtenant le statut de « pays invités ».
La conférence consacre le triomphe de l’axe hashémite, fortement aidé par le fait que l’Arabie saoudite fait maintenant l’unanimité contre elle avec sa décision de détruire réserves et infrastructures pétrolières et le minage du détroit d’Ormuz. L’Irak se voit reconnaître internationalement l’annexion de fait du Koweït, qui lui permettra de devenir la première puissance pétrolière mondiale, et d’assurer un regain de popularité pour son bien peu charismatique souverain, Fayçal II. A l’est de la péninsule, un Etat indépendant est créé sous le nom de République du Hasa ; officiellement une république laïque, il est de fait dominé par sa majorité chiite et, de ce fait, sous forte influence de l’Iran.
Mais le grand gagnant territorial et symbolique du conflit et du congrès est la monarchie hashémite de Jordanie-Palestine : au nom des droits familiaux, celle-ci rattache l’intégralité du Hedjaz, dont les villes saintes de La Mecque et Médine. Contrôlant les trois villes saintes de l’Islam, le royaume possède un prestige sans précédent depuis la disparition du Califat ottoman. Beaucoup s’attendent d’ailleurs à ce que Hussein revendique directement le titre califal…
Hussein de Jordanie
Privée à la fois des lieux saints, de ses provinces pétrolières les plus riches et de son accès à la mer, l’Arabie saoudite est réduite à l’intérieur des terres et perd totalement son pouvoir d’influence sur le monde musulman.
D’autres pays de la région comptent également parmi les perdants : en Syrie, la crise pétrolière et la guerre ont freiné le commerce beyrouthin que Chichakli s’efforçait de faire revivre. La mort du leader, trois ans plus tard, fait entrer le pays dans une ère d’incertitude. En Egypte, la crise économique a aussi freiné la croissance et fragilisé le successeur de Nasser, Anouar al-Sadate, face à son rival Amer, chef de l’Union socialiste arabe et partisan d’une ligne socialiste plus dure. Cette rivalité permet au jeune roi Fouad II de sortir de l’ombre en se posant en arbitre de la vie politique, préférant naturellement toujours trancher en faveur de Sadate.
Vacillant en Syrie, le social-nationalisme triomphe en Libye à la faveur de la crise : alors que les négociations aboutissant à l’indépendance avaient fait du pays une république parlementaire, avec l’autonomie de la Cyrénaïque et un statut spécial pour le Fezzan, le PSNNA impose en 1970 une dictature centralisée, au prix d’une intervention militaire en Cyrénaïque, ou la confrérie sénoussie a encore des partisans.
Gérer la crise dans les démocraties
Les conférences internationales passionnent peu les opinions, plus préoccupées de la gestion de leur budget au jour le jour et attendant une réponse claire de leurs gouvernements. En France, la Chambre doit se prononcer sur des mesures exceptionnelles alors même qu’il ne reste que quelques mois avant les nouvelles législatives. Les alliés socialistes de Mendès-France proposent un vaste plan de relance couplé à la nationalisation de secteurs clés, tandis que l’UFL de Mitterrand appelle à un « tournant de la rigueur ». Un plan de relance moins ambitieux, qui ne satisfait personne, est finalement voté, et s’avèrera inefficace. Les élections de 1970 donnent lieu à une Chambre toujours aussi divisée, avec un PS qui doit composer sur sa gauche avec les communistes et une UFL freinée dans sa remontée par les bons scores du PON d’une part (Darnand a pris sa retraite, permettant à ses successeurs de rajeunir la ligne) et du RPF d’autre part. 1970 est aussi l’année du décès du Maréchal de Gaulle, héros des Ardennes ; celui-ci s’était éloigné de son parti et était devenu au fil des ans une éminence grise consultée par la plupart des chefs de partis. Sa mort marque, elle aussi, la fin d’une époque.
En Angleterre, les whigs cherchent à relancer l’économie par des investissements massifs de l’Etat tout en restructurant l’Etat providence mis en place sous l’ère Gaitskell, ce qui se traduit dans les faits par de nombreuses coupes budgétaires et un recul de l’accès à la santé et à l’éducation, source de frustrations. L’Union Movement reprend sa progression, davantage dans les bassins industriels que dans son berceau londonien ; l’adoption d’une position fédéraliste lui vaut également des partisans en Ecosse et au Pays de Galles.
En Allemagne, la SPD revient au pouvoir, allié au Zentrum, à l’échelon fédéral et cherche à mener une politique de relance. Il n’est néanmoins pas suivi par tous les Länder : en Bavière, le gouvernement mène une politique d’austérité particulièrement dure, laissant l’Eglise et les associations caritatives catholiques combler le vide et porter assistance à une population éprouvée par le ralentissement économique. Les partis d’extrême droite assumés comme les Socialistes du Reich ou le Front Noir, ou plus respectables comme les libéraux du Frei Demokratische Partei, ainsi que les organisations de jeunesse comme la Viking Jugend, profitent également de la crise pour améliorer leur scores électoraux et pour s’implanter dans la société à travers l’action sociale. Parmi les intellectuels et la jeunesse de gauche, la psychose d’une nouvelle dictature hitlérienne se fait de plus en plus forte.
Aux Etats-Unis, la crise économique s’ajoute au bourbier cubain pour décrédibiliser Nixon. Le plan de relance accepté par les deux partis ne donne pas les effets escomptés, laissant le champ libre à une alternative jusque-là inenvisageable : un virage radical vers le conservatisme économique prôné par la droite du Parti républicain et son leader, Barry Goldwater. Celui-ci s’était déjà fait connaitre en s’opposant à certaines mesures de déségrégation, non pas par racisme mais parce qu’il considérait qu’elles tenaient de l’ingénierie sociale. Candidat aux primaires de 1972, il prône la fin de l’héritage du New Deal et un retour à un Etat minimal, fondement selon lui de la démocratie américaine. Après les primaires de trois Etats dans lesquelles il a systématiquement été battu par Goldwater, Nixon déclare qu’il abandonne et ne se représentera pas. Goldwater remporte finalement les élections face à Lyndon Johnson et un Parti démocrate qui semble ne rien pouvoir proposer de nouveau.
[1] Merci à Thomas dont j’ai honteusement repompé le topic. Le choix du lieu de la conférence est quant à lui un hommage au Rapport Lugano de Susan George.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
Mais ici, on a une Chine et une Inde qui doit rebuter les investissements occidentaux et donc limiter la désindustrialisation et un successeur de l'URSS beaucoup moins menaçant pouvant conduire à une baisse du budget militaire. Comment cela va se goupiller ?
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
De rien, si j'ai évoqué le sujet ce pour que tout le monde puisse jouer avec.[1] Merci à Thomas dont j’ai honteusement repompé le topic. Le choix du lieu de la conférence est quant à lui un hommage au Rapport Lugano de Susan George.
Entre l'humiliation de la défaire, les pertes économiques causées par le sabotage des puits de pétrole et l'anéantissement du prestige religieux, il faut s'attendre à voir l'Arabie se transformer en état faillit qui pourrait aussi devenir un gros foyer terroriste.Privée à la fois des lieux saints, de ses provinces pétrolières les plus riches et de son accès à la mer, l’Arabie saoudite est réduite à l’intérieur des terres et perd totalement son pouvoir d’influence sur le monde musulman.
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
En France, l'absence de vignette et de Plan Pons aurait permis aux marques prestigieuse et sportive de se maintenir (à condition de réussir le virage de la production de série)
Chez Citroën, la 2CV serait apparue plus tôt, j'imagine en 1942. Tandis que la DS serait apparu dès le début des années 50 et avec un moteur plus prestigieux comme un 6 cylindres en ligne ou à plat.
Peugeot aurait conservé une gamme plus large avec les 202,302 et 402 et aurait pu monter en gamme plus rapidement avec peut-être une 603 ou une 604 à la fin des années 50.
Renault n'aurait jamais été nationalisé et sans la 4CV n'aurait jamais eu de modèles à moteurs arrière. A l'instar de Peugeot, la gamme Renault d'avant-guerre aurait été maintenu avec la Juvaquatre, la Novaquatre et la Vivaquatre.
Dans une Europe protectionniste, où le traité de Rome est une utopie, je pense que Simca restera la filiale française de Fiat (même chose pour NSU-Fiat en Allemagne) avec des modèles italiens produits dans l'usine de Nanterre.
Quant à Talbot, Panhard et même Delage, Delahye, aurait pu évoluer et devenir des équivalents français de Jaguar ou Alfa Roméo.
Quant aux autres pays, j'imagine que la Coccinelle aurait vu le jour, et je ne pense pas qu'une Italie toujours fasciste aurait inspiré confiance à l'Eurasie pour créer une industrie automobile. Peut-être que le gouvernement de Moscou se serait tourné vers Austin ou Peugeot, voire Ford.
Dernière édition par Thomas le Ven 12 Jan - 7:40, édité 1 fois (Raison : Coquilles/Orthographe)
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
Rayan du Griffoul a écrit:Si vous le permettez, je vais vous donner ma vision du paysage automobile.
En France, l'absence de vignette et de Plan Pons aurait permis aux marques prestigieuse et sportive de se maintenir (à condition de réussir le virage de la production de série)
Chez Citroën, la 2CV serait apparue plus tôt, j'imagine en 1942. Tandis que la DS serait apparu dès le début des années 50 et avec un moteur plus prestigieux comme un 6 cylindres en ligne ou à plat.
Peugeot aurait conservé une gamme plus large avec les 202,302 et 402 et aurait pu monter en gamme plus rapidement avec peut-être une 603 ou une 604 à la fin des années 50.
Renault n'aurait jamais été nationalisé et sans la 4CV n'aurait jamais eu de modèles à moteurs arrière. A l'instar de Peugeot, la gamme Renault d'avant-guerre aurait été maintenu avec la Juvaquatre, la Novaquatre et la Vivaquatre.
Dans une Europe protectionniste, où le traité de Rome est une utopie, je pense que Simca restera la filiale française de Fiat (même chose pour NSU-Fiat en Allemagne) avec des modèles italiens produits dans l'usine de Nanterre.
Quant à Talbot, Panhard et même Delage, Delahye, aurait pu évoluer et devenir des équivalents français de Jaguar ou Alfa Roméo.
Quant aux autres pays, j'imagine que la Coccinelle aurait vu le jour, et je ne pense pas qu'une Italie toujours fasciste aurait inspiré confiance à l'Eurasie pour créer une industrie automobile. Peut-être que le gouvernement de Moscou se serait tourné vers Austin ou Peugeot, voire Ford.
Merci pour cette réflexion !
Je n'aurais pas eu les connaissances nécessaires pour traiter cet aspect.
J'avais imaginé, vue la proximité idéologique, une coopération entre l'Italie et l'Inde, donnant lieu à des modèles de Fiat destinées au marché du sous-continent.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
En parlant de l'Inde, on aurait surement eu un modèle produit localement sur une base de Fiat 124 comme la Lada de notre TL. Mais j'imagine aussi que Fiat aurais fait face à la concurrence de Toyota et des constructeurs japonais.
Après j'aimerai savoir quelle était les relations entre le Japon et l'occident ? Car si la méfiance règne toujours, y'a peu de chances que les Toyota Corolla et autres Honda Civic aurait envahie le marché US
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
Rayan du Griffoul a écrit:De rien
En parlant de l'Inde, on aurait surement eu un modèle produit localement sur une base de Fiat 124 comme la Lada de notre TL. Mais j'imagine aussi que Fiat aurais fait face à la concurrence de Toyota et des constructeurs japonais.
Après j'aimerai savoir quelle était les relations entre le Japon et l'occident ? Car si la méfiance règne toujours, y'a peu de chances que les Toyota Corolla et autres Honda Civic aurait envahie le marché US
Le Japon arrive dans le prochain chapitre justement!
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
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Re: Une ère de pétrole et de bruit
La crise économique et les difficultés rencontrées par les pays à économie de marché d’Asie du Sud est, qui voient leur croissance s’arrêter brutalement, sont une occasion inespérée pour les triades, les mafias chinoises, qui profitent de la montée du chômage et de la plongée de dizaines de milliers de personnes dans la pauvreté pour étendre leur influence et leurs activités. Les héritiers de la Bande verte, protégée en son temps par Chang Kaï-Tchek, se sont redéployés dans toute l’Asie du Sud-est, et jusqu’à Formose (ou les autorités japonaises ferment les yeux, pour peu que la mafia élimine à sa place les gêneurs) et aux Etats-Unis.
Ces activités criminelles, combinées au poids des diasporas chinoises dans l’activité économique légale, provoque des réactions violentes. Devenu depuis la fin de la décennie 1960 de plus en plus centralisée et autoritaire, en raison de la présence du voisin communiste, la Malaisie, après avoir mis sous tutelle l’Etat fédéré à majorité chinoise de Singapour, se lance dans une politique de discrimination de plus en plus lourde à l’égard des citoyens d’origine chinoise, espérant consolider une bourgeoisie nationale proprement malaise. Au Sarawak et, surtout, au Vietnam, la défiance à l’égard des Chinois prend la forme d’émeutes plus ou moins spontanées qui entrainent des centaines de morts, sinon plus.
Les violences, les discriminations et la défiance entrainent le départ de dizaines de milliers de personnes de leurs pays respectifs, alors qu’une première vague d’émigration chinoise avait déjà eu lieu avec l’arrivée au pouvoir des communistes indonésiens. En dépit de l’appel de Mao à revenir dans la Patrie ancestrale pour y contribuer à la construction du communisme, la plupart de ces réfugiés préféreront émigrer aux Etats-Unis, en Amérique latine ou en Europe de l’ouest, certains s’installant également dans les Outre-mers français et dans la Fédération.
Le Vietnam en crise
Le Vietnam avait fêté en 1964 les dix ans de l’indépendance, et en 1967 ceux du départ des troupes françaises et de la paix avec le Viet Minh, dans une ambiance de grande confiance dans l’avenir. Porté par une classe d’entrepreneurs dynamiques et les investissements étrangers (Français auxquels s’étaient rajoutés ceux de Japonais et d’Américains), il enregistrait des taux de croissance parmi les meilleurs de la région. La seule ombre au tableau était, après l’intégration du Viet Minh dans le système politique légal, la réapparition d’une guérilla communiste soutenue par Mao, le Vietcong.
Ngo Dinh Diem
La brutale récession avait changé la donne et entraîné une perte de contrôle du gouvernement, jusqu’ici tenu fermement par le part de Ngo Dinh Diem, en accord avec l’empereur Bao Dai. Les violentes émeutes antichinoises avaient montré l’impuissance du gouvernement de Diem, lequel avait encouragé à demi-mot la recherche d’un bouc émissaire ; il en payait maintenant le prix alors que nombre d’entrepreneurs et de marchands quittaient le pays. Le Viet Minh avait lui aussi contribué, ironiquement, aux violences, ayant définitivement tourné le dos au marxisme-léninisme et à l’alliance chinoise pour se présenter comme une force nationaliste de gauche. En 1973, il prend la tête d’une coalition de partis nationalistes et remporte les élections, marginalisant le reste des forces politiques, et sommant l’Empereur de se cantonner à son rôle symbolique s’il ne souhaitait pas être déposé.
La politique vietnamienne allait désormais être marquée par un développementalisme autoritaire fortement lié à l’Etat, avec l’expropriation (certes contre indemnités) de nombreux intérêts issus de la colonisation et d’investissements jugés liés à des affaires de corruption et la création de grands conglomérats dominant l’économie nationale. Reprenant les méthodes utilisées en son temps par Diem, le parti maintient la démocratie parlementaire tout en orientant fortement ses résultats par le clientélisme, les menaces, le redécoupage électoral et des fraudes localisées.
L’Empire vacille
Avec les accords de San Francisco, les élites du régime militaire japonais avaient acté la fin de l’ère des conquêtes et la nécessité de faire fructifier les territoires conservés. Il n’était néanmoins nullement question de changer quoi que ce soit au fonctionnement de l’Etat ni de desserrer le contrôle de celui-ci sur la vie des Japonais ordinaires. Un nouveau pacte tacite se mettait en place : maintien de la dictature contre développement économique et hausse du niveau de vie. Il fut assez bien suivi, en prenant en compte que la hausse de la richesse ne profita aux peuples dominés que dans un deuxième temps, après les habitants de l’archipel.
L’exploitation des ressources du Mandchoukouo, les investissements américains qui avaient suivi l’accord de Los Angeles ainsi que la mise au pas des ouvriers japonais par l’Etat et les entreprises avaient permis une reprise rapide de la croissance dès la fin de la décennie 1940. L’entrée du Japon dans la transition démographique avait permis de pérenniser ce modèle, et de rassurer quant aux craintes sur le surpeuplement : il n’y avait plus besoin d’ouvrir des fronts de colonisation.
Au Mandchoukouo, le flux de colons japonais est stoppé par le gouvernement de Tokyo lui-même, qui cherche à prioriser le développement économique du territoire, qui passe par la consolidation de la monarchie. Lassé d’être la marionnette des Japonais et sans enfants, Puyi abdique en 1962 et part mener une vie mondaine dans les capitales européennes, laissant le pouvoir à son frère Pujie. Marié à une princesse japonaise, il abandonne toute prétention sur le trône de Chine pour se concentrer sur la construction nationale du Mandchoukouo et fait tout pour faire reconnaître son pays internationalement. S’il obtient du président Nixon la reconnaissance de son pays, il ne parvient néanmoins pas à le faire rentrer dans la SDN. La construction nationale est également gênée par la présence de guérillas, notamment communistes ; les combattants recrutés dans la région sont bien vite remplacés par des soldats professionnels infiltrés depuis la RPC.
Si le statu quo a est resté, dans le reste des territoires de l’Empire, peu contesté au cours de la décennie 1950, les années suivantes sont marquées par un retour des contestations, d’abord dans les territoires conquis. En effet, les jeunes générations éduquées de Formose et de Corée, formées par le système japonais et prêtes à se reconnaître comme sujets de l’Empereur, se heurtent à l’impossibilité d’obtenir des postes à responsabilité au-delà d’un certain niveau de responsabilité, ce qui entraîne des frustrations et pousse à s’engager dans un militantisme indépendantiste. A côté des mouvements de résistance armée, minoritaires mais qui apparaissent même dans l’île, jusque-là particulièrement fidèle, de Formose, des mouvements de contestation civile apparaissent. En Corée, le « mouvement pour l’auto-gouvernement des Coréens », qui se veut pacifiques et ne souhaite pas rompre avec Tokyo, se développe au début de la décennie, mais subit une forte répression à partir de 1963. Devant le refus de toute concession par les autorités d’occupation, le mouvement national coréen se radicalise. En 1964, ce sont de violentes émeutes qui secouent la ville de Pyongyang, causant la mort de plusieurs citoyens japonais ; la répression est, cette fois encore, aveugle et disproportionnée. Les événements de Pyongyang sont le déclencheur du processus qui conduit l’année suivante à la création de l’ « opposition unifiée » qui rassemble l’ensemble des forces indépendantistes en exil, du Parti du Travail de Corée aux royalistes. A cette occasion, le jeune militant communiste Kim Jong-Il, fils et héritier politique du leader de la résistance intérieure Kim Il-Sung, se fait connaître comme une figue de premier plan.
Dans l’archipel lui-même, le régime militaire est dénoncé comme anachronique et étouffant par des organisations de jeunesse, lesquelles se heurtent également à une violente répression. Des réseaux clandestins vont alors s’organiser autour de trois pôles : le syndicalisme clandestin, les jeunes appelés en poste à Formose, en Corée ou en Mandchourie, et les milieux étudiants. Si la plupart des organisations, comme le Parti Socialiste Japonais, se contentent d’agitations dans les universités et d’encouragement aux grèves, les plus radicaux se regroupent dans l’Armée de Libération du Japon, qui se spécialise dans les détournements d’avions de ligne.
Mais au Japon comme ailleurs, c’est bien la crise de 1969 qui agit comme un accélérateur de l’histoire, renforçant les mouvements contestataires au-delà de toutes leurs espérances. Le nombre de grèves est ainsi multiplié par trois, en dépit de la répression étatique qui s’appuie désormais sur les Yakuzas pour éliminer les syndicalistes.
En 1973, alors que le gouvernement est confronté à une intensification des insurrections armées coréenne et formosienne, il prend deux décisions impopulaires : un allongement du services jeunes appelés et une hausse des frais d’inscription à l’université, qui pousse la jeunesse dans les bras des organisations de gauche. Refus d’obeir à l’appel, manifestations et grèves se multiplient sans que l’Etat ne parvienne plus à les juguler, tandis que la bourgeoisie libérale, restée très discrète depuis longtemps, commence à nouveau à se faire entendre et à appeler à l’application stricte de la constitution. Devant l’absence de réponse claire de l’état-major, Hirohito finit par prendre les devants pour protéger sa dynastie, et nomme un gouvernement civil. S’adressant à la nation, il déclare son attachement à la légalité constitutionnelle et appelle les Japonais à « avancer ensemble vers la normalisation du fonctionnement du pays » tout en évoquant la « menace communiste » à conjurer. L’absence de réaction de l’armée marque très vite la réussite de l’opération, et l’archipel connaît un moment de fraternisation et d’unité nationale. Symbole fort, le Parti socialiste et les organisations syndicales, toutes encore illégales, improvisent une délégation pour venir rendre hommage à l’Empereur.
Tout reste pourtant à faire au Japon comme dans ses possessions.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
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