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1941 : destinées alternatives

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Message par DemetriosPoliorcète Mer 17 Mai - 13:29

Mao Anying

1941 : destinées alternatives Mao_Anying_and_wife_Liu_Songlin

Fils ainé de Mao Zedong, Mao Anying est né le 24 octobre 1922 à Changsha, dans la province du Hunan. Sa mère meurt en 1930, éxécutée par le Kuomintang.

Envoyé en URSS en 1936 sous le faux nom de Sergueï Yun Fu, il y suit une formation militaire et sort diplômé de l’Académie militaire Frounzé en 1943. Après cette date, il retourne en Chine pour assurer la liaison entre la guérilla communiste et l’URSS, et prend part aux combats contre les Japonais.

Après l’armistice et l’évacuation des troupes japonaises, il est libéré de ses obligations envers l’Armée rouge et rejoint pleinement l’Armée Populaire de Libération, se distinguant à plusieurs reprises face au Kuomintang.

Au cours de la décennie 1950, il poursuit sa carrière dans l’armée, redevenue l’Armée Rouge Chinoise, bien qu’il semble avoir pleinement soutenu la ligne de défense du strict modèle stalinien face à l’URSS révisionniste. C’est à la fin de la décennie suivante qu’il prend un rôle officiel de plus en plus important et apparaît comme un successeur potentiel, bien que son père ne le désigne jamais comme tel. Sa rivalité avec sa belle-mère Jiang Qing, troisième épouse de Mao Zedong, se dessine déjà.

La mort de Mao en 1976 marque le début de la guerre pour sa succession. Tandis que Wang Hongweng, ami de Jiang Qing, est nommé à la tête du parti, Mao en prend la vice-présidence, Liu Shaoqi restant à la tête de l’Etat. Il faudra deux ans et le fiasco des expérimentations menées par la ligne des « ultras » pour que l’alliance entre Liu et Mao ne parvienne à éliminer politiquement leurs adversaires, taxés de « déviationnistes » et forcés à l’autocritique et la rééducation. Le retrait de Liu Shaoqi l’année suivante le laisse seul maître du pays ; c’est dès ce moment que la presse étrangère commence à parler de « deuxième empereur rouge » pour Mao Anying. Charismatique et doté d’un physique avantageux, il finit par faire consensus et ne sera plus jamais contesté.

La même année, l’Armée rouge chinoise envahit la Mandchourie, délaissée par les Japonais, dans ce que l’on appellera la « course mandchoue » : Chinois et Eurasiens se déploient dans le pays dans le but d’en occuper chacun la plus grande partie, tandis que les Japonais réoccupent Port-Arthur et les régions coréanophones. Si les combats font plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de morts entre les trois armées, la prudence de Mao et une sorte d’accord tacite avec Moscou empêche les affrontements de déborder en dehors des zones concernées. L’intervention de la SDN et la mise en place d’une zone démilitarisée gèle le conflit, laissant aux maoistes les deux tiers de l’ancien Mandchoukouo, ce qui permet à Pékin de présenter l’opération comme un succès et de renforcer la légitimité du nouveau gouvernement.

La politique étrangère chinoise est marquée, au cours des décennies 1970 et 1980, par une politique d’influence agressive et de soutien aux mouvements révolutionnaires, en Allemagne comme dans le tiers-monde, avec notamment le soutien sans faille au sentier lumineux du Pérou.

A l’intérieur, après avoir éliminé les ultras, Mao marginalise politiquement ses anciens alliés réformateurs, et prône un strict marxisme-léninisme dans le domaine économique, comptant sur le développement planifié de l’ouest du pays pour nourrir et fournir du travail à une population toujours plus importante, malgré la phase descendante de la transition démographique.

Alors que s’annonce la décennie 1990, le Parti est néanmoins contraint de reconnaître que la planification centralisée est arrivée à ses limites : alors que le chômage urbain comme rural s’accroît, la disette réapparaît, la surproduction dans certains secteurs répond aux pénuries de biens de consommation qui touchent les villes. Après de longs débats, Mao Anying refuse la politique d’ouverture aux investissements étrangers prônée par Deng mais accepte une certaine libéralisation à l’intérieur des frontières. La nouvelle stratégie, baptisée « mieux utiliser nos propres forces », s’inspire de la NEP léniniste et des premières politiques menées par Beria en URSS ; elle s’accompagne aussi d’un resserrement du contrôle de la police politique sur la société, afin d’éviter la naissance d’une opposition dans la petite classe moyenne qui naît inévitablement avec les réformes économiques.

Dans le même temps, le régime inaugure une timide politique de détente, qui s’accélère avec le fiasco de l’expérience péruvienne (Pékin lâche totalement de régime de Guzman en 1996). Mao se rend en 1994 à Moscou, retrouvant devant les photographes les lieux de ses études.

Se mettant progressivement en retrait, tout en veillant à placer ses fils dans les hautes sphères du pouvoir, Mao Anying quitte définitivement ses fonctions en 1999, à 77 ans. Mort en 2006, il reste un dirigeant très apprécié des Chinois, bien que son aura n’égale pas celle de son père.
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Message par LFC/Emile Ollivier Mer 17 Mai - 15:32

Excellent travail ! Surtout que venant de consulter sa fiche Wikipédia, tu pars de presque rien 😉
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Message par DemetriosPoliorcète Mer 17 Mai - 16:07

Kim Jong-Il

1941 : destinées alternatives 1280px-Kim_Jong_il_Portrait-2

Né en Union Soviétique en 1941, dans un camp militaire soviétique où se trouve alors son père, Kim Il-Sung guérillero coréen s’étant rendu célèbre face à l’occupant japonais, Kim Jong-Il grandit en exil.

Les espoirs de son père de libérer la Corée sont rapidement déçus avec le retrait des troupes japonaises de Chine et le gèle de la situation dans la région, qui laisse le pays intégré au Japon. Lors d’une mission clandestine auprès de la résistance communiste interne, Kim Il-Sung est tué, laissant son fils orphelin.

Formé en Union soviétique, Kim Jong-Il se considère très tôt comme son héritier politique et cherche dès sa majorité à rassembler autour de lui l’opposition en exil. Développant de bonnes relations avec la junte qui a renversé Beria, il obtient de réaliser plusieurs missions en Corée, ce qui lui permet de se faire connaître des réseaux de résistance locaux.

La chute de l’URSS, en 1962, choque le jeune militant communiste, mais est également l’occasion d’unifier la résistance extérieure en dépassant les clivages politiques. En 1965, il se rend ainsi à Washington et participe à la réunion qui créé « l’opposition unifiée », des royalistes aux communistes. Kim y gagne de l’influence au cours des années suivantes, sans pour autant parvenir à influer sur le cours des événements en Corée même.

La crise de 1969 fait ressurgir la contestation dans l’ensemble de l’Empire japonais, et en Corée en particulier. Le retour du pouvoir civil au Japon, en 1974, ouvre des possibilités d’évolution. Alors que Park Cheung-Hee, officier coréen de l’armée impériale, est nommé gouverneur d’une Corée autonome la même année, des négociations sont lancées pour que la résistance dépose les armes et entre dans la légalité, ce qui est fait l’année suivante. Kim Jong-Il refuse pourtant de siéger dans un gouvernement d’union nationale présidé par Park, ce qu’acceptent Syngman Rhee et les royalistes.

En 1979, la tentative de Kim d’établir un embryon d’Etat parmi les Coréens de Mandchourie, profitant ainsi de la « course mandchoue », lui vaut l’interdiction de séjour en Corée et l’interdiction du Parti du Travail. Celui-ci continue pourtant de faire pression sur Tokyo et sur le gouvernement provisoire, en organisant grèves et actions de désobéissance civile. Le boycott massif des élections législatives de 1981 montre l’influence que Kim Jong-Il exerce maintenant sur la population.

Deux ans plus tard, des négociations lui permettent de revenir dans le jeu politique et de fixer les modalités de nouvelles élections devant aboutir à la création d’une Assemblée législative réellement souveraine. A cette occasion, Kim rassemble ses soutiens sur le Mont Paektu où est rédigé un programme politique : l’alliance menée par le PTC demande ainsi l’indépendance complète, un régime républicain, le respect des libertés fondamentales et l’annexion des zones coréennes de Mandchourie.

Les élections de 1985 sont une victoire sans appel pour les partisans de Kim, qui marginalisent les autres indépendantistes tandis que le soutien à Park et aux Japonais est proche du néant. Elu président de l’Assemblée, il proclame immédiatement l’indépendance du pays, entraînant une crise diplomatique avec le gouvernement de Tokyo, qui avait prévu des négociations et un processus graduel. Après un bras de fer de plusieurs semaines, Tokyo cède et le pays est reconnu comme membre de la SDN.

L’année suivante, Kim est élu triomphalement président de la République et commence à transformer le pays. Il faut néanmoins plusieurs années pour régler l’épineux problème des Coréens de Mandchourie : l’intervention de la SDN permet une modification de la frontière à l’avantage de la Corée après trois longues années de négociations. La popularité de Kim est alors à son comble.

Partisan d’une économie mixte fortement dirigiste, sur le modèle de l’Eurasie, il déçoit dans ce domaine ses soutiens occidentaux, nationalisant une bonne partie des industries mises en place lors de la période japonaise, et avantageant fortement les entreprises privées proches du pouvoir ou liées à sa famille.

Au cours de la décennie 1990, les aspects plus sombres de son pouvoir apparaissent progressivement sur la scène internationale : intimidation des opposants, culte de la personnalité, népotisme et collusion avec le crime organisé. La crise économique de la fin des années 1990 l’oblige à une certaine libéralisation économique et fragilise son pouvoir, mais sa popularité reste haute, d’autant plus que les médias restent largement sous son contrôle. Les frasques sexuelles du dirigeant font également régulièrement la une de la presse à scandale internationale.

Malade, il subit en 2006 un coup d’Etat institutionnel interne au Parti du Travail de Corée, motivé par la peur de perdre les élections. Le changement de direction n’empêche pas l’opposition politique de remporter la victoire six ans plus tard. Le Parti du Travail reste néanmoins jusqu’à aujourd’hui la principale force politique coréenne.
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Message par LFC/Emile Ollivier Mer 17 Mai - 16:20

Élu par moins de l'intégralité des électeurs ? C'est un petit joueur dans 1941 😂
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 25 Juil - 15:00

Barry Goldwater

1941 : destinées alternatives 1280px-Senator_Goldwater_1960

Sénateur républicain de l’Arizona en 1952, Goldwater fut dès le début de sa carrière politique un opposant résolu à l’héritage du New Deal et à la politique sociale-démocrate d’Adlai Stevenson, élu la même année à la présidence des Etats-Unis, se plaçant à la droite du Grand Old Party.

Cherchant à donner à celui-ci une orientation résolument conservatrice, il s’oppose au programme social de Nixon, bien qu’il apparaisse dans le mêle temps plutôt comme un soutien du mouvement des droits civiques.

La catastrophique présidence de Richard Nixon entre 1968 et 1972 lui donne enfin la possibilité d’imposer ses idées au sein du Parti : opposé à l’intervention contre Cuba, il peut définitivement prendre l’ascendant sur la gauche républicaine avec la crise de 1969 qui permet aux idées néolibérales qu’il défend de se diffuser dans le grand public.

Lors des primaires de 1972, il remporte les premiers Etats, convainquant Nixon de se retirer de la course à la présidentielle. Ne se départant pas de son programme conservateur pendant l’ensemble de sa campagne, il devance le candidat démocrate Edmund Muskie, incarnant la rupture alors que son adversaire semble défendre les « vieilles recettes » qui maintiennent le pays dans l’impasse.

Dès son investiture, il s’attelle à détruire l’Etat-providence mies en place depuis le New Deal, réduisant de moitié pour 1973 les dépenses sociales de l’Etat fédéral. La mobilisation sociale provoquée par ces mesures, quoique violente, est contrecarrée par les baisses d’impôts qui touchent une majorité d’Américains et rallient une partie de l’opinion à la politique du président ; le mouvement syndical subit par ailleurs un important revers avec l’échec de la grève des contrôleurs aériens, qui se solde par des licenciements massifs. La dérégulation de l’économie fragilise la situation de nombreux Américains, mais apparaît également sur le moment comme un moyen sûr de sortir de la crise, avec d’indéniables succès, comme la baisse du coût du transport aérien et le développement l’amélioration de la qualité de la bière.

Ces politiques ont des effets désastreux sur les villes américaines qui voient leurs centres sinistrés et la classe moyenne noire, jusque-là arrimée au Grand Old Party, se disloquer. La reprise économique et le budget à l’équilibre permettent néanmoins de solidifier la position du président vis-à-vis de son électorat. D’autant qu’il peut se prévaloir d’un indéniable succès à l’international : le retrait réussi de Cuba.

Si Goldwater était, on s’en doute, un opposant aux plans de développement de Joseph Kennedy Jr pour l’Amérique latine, il s’était opposé à la montée des tensions avec Cuba et à l’intervention militaire de Nixon contre l’Île. Dès 1973, il prend contact avec l’opposition armée de Castro pour négocier un cessez-le-feu. En 1975, il court-circuite le gouvernement conservateur de Rafael Diaz Balart et signe un protocole de paix avec les socialistes cubains, permettant la fin des combats et la mise en place d’un gouvernement provisoire sous supervision de la SDN : le point central étant que les biens américains ne seraient pas saisis tandis que les Etats-Unis ne s’opposeraient pas au rétablissement des législation anti-jeu et anti-mafia de la période précédente. Le dernier soldat américain quitte Cuba (hors base de Guantanamo) trois mois avant l’élection de 1976, contribuant indéniablement à la réélection de Goldwater.

Cette réélection, qui aurait pu être plus facile encore quelques mois plus tard, lorsque Goldwater échappe de peu à une tentative d’assassinat de la mafia cubaine, ne doit pas masquer la défiance persistante de larges segments de l’opinion. Alors que les syndicats traditionnels, proches du Parti Démocrate, sont en perte de vitesse, de nouvelles radicalités s’expriment parmi la jeunesse et dans l’Amérique ouvrière. Les contre-cultures, qui étaient restées marginales au cours des décennies 1950 et 1960, touchent un public de plus en plus large et prennent une part active aux contestations. Dès 1973, un musicien du nom de Charles Manson rassemble de jeunes contestataires et occupe la Bourse de Chicago, devenant une icône de la nouvelle extrême-gauche. Le New People’s Party, d’inspiration maoiste, ne remportera jamais de véritables succès électoraux, mais aura une influence majeure sur les campus universitaires, devenant un vivier de futurs cadres pour les Démocrates et le Reform Party. Certains membres n'hésiteront pas, comme en Europe, à choisir la lutte armée, commettant plusieurs attentats à la bombe entre 1975 et 1980.

L’opposition de droite n’est pas en reste, avec le développement du Constitution Party, la scission du Parti Démocrate qui élargit son électorat, d’abord limité aux blancs du Sud, pour chercher à séduire la classe ouvrière des régions industrialisées. Les groupes plus radicaux se développent, s’inspirant de leurs homologues allemands, avec la refondation des Silver Shirts, et la création de la Viking Youth of America et du National Revolutionary Party, reprenant directement, pour ces deux dernières, les noms d’organisations allemandes. En 1974, Helga Goebbels donne en personne sa bénédiction à l’extrême-droite américaine à l’occasion d’un festival de musique en Pennsylvanie. A rebours du vieux Ku Klux Klan, cette nouvelle radicalité ouvre ses portes aux white ethnics, nombreux dans ses rangs, et prône une politique sociale ambitieuse, en opposition franche avec le libéralisme de Goldwater. Les heurts violents entre extrême-gauche et extrême-droite sont fréquents : lors d’une expédition contre la branche armée de la Viking Youth, Charles Manson est fait prisonnier, avant que son corps ne soit retrouvé sur le campus de Berkeley, une croix gammée gravée au couteau sur le front… Le départ de nombreux radicaux pour l’Allemagne permet néanmoins de diminuer les actions violentes sur le territoire américain.

Malgré les actions des extrémistes de tous bords, le deuxième mandat de Goldwater est bien plus calme que le premier, marqué par une embellie économique qui calme les tensions sociales. Le président a notamment accepté de contrevenir à sa politique d’équilibre budgétaire en augmentant la dépense publique, notamment dans l’armée et la recherche, cédant à une critique récurrente dans son propre camp sur le refus d’investir dans une politique de prestige. Les Etats-Unis repassent ainsi devant l’Eurasie comme leader dans l’industrie spatiale, et connaissent des progrès inégalés dans la recherche informatique. Il approche également les Etats-Unis du Japon, dans une nouvelle configuration mondiale où la Chine est vue comme la principale menace pour la paix. La réception de Goldwater par l’Empereur du Japon en 1978 apparaît ainsi comme une étape essentielle dans la démocratisation de l’archipel. A cette occasion sont signés des accords de libre-échange qui seront plus tard sévèrement reprochés au président. Dans la sphère d’influence américaine, la politique de Goldwater ne varie par contre jamais et reste marquée par le soutien aux régimes autoritaires de droite proches des intérêts américains.

Après la fin de son mandat, Goldwater se retire de la vie politique. Son vice-président Gerald Ford ne souhaitant pas se présenter, c’est l’acteur Ronald Reagan qui se présente pour le GOP et tente d’incarner à la fois une continuité des politiques suivies et l’équilibre entre les différentes tendances du parti. L’ancien président sort néanmoins plusieurs fois de sa retraite pour dénoncer la montée de la droite religieuse au sein du conservatisme américain, et appelle à défendre fermement les libertés individuelles contre ce qui pourrait les menacer. Ces critiques jouent dans la défaite de Reagan face à Edward Kennedy en 1984.

Barry Goldwater décède en 2008, atteint de la maladie d’Alzheimer.
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Message par DemetriosPoliorcète Mer 26 Juil - 17:22

Benito Mussolini

1941 : destinées alternatives Benito_Mussolini_Portrait

En 1941, Benito Mussolini traversait un profond moment d’abattement et de doute : s’il restait solidement attaché au pouvoir, il n’en avait pas moins raté le grand objectif de sa vie. En effet, il n’avait pu conduire l’Italie dans une guerre régénératrice qui aurait définitivement forgé l’homme nouveau ; il n’avait même pas pu profiter d’une guerre prolongée en Europe pour démanteler la Yougoslavie ou vassaliser la Grèce. L’occasion était manquée, et les efforts de la diplomatie italienne pour envenimer les rapports des occidentaux avec l’URSS dans l’espoir de provoquer une nouvelle déflagration dans laquelle l’Italie aurait pu prendre sa part n’aboutirent à rien.

Ebranlé, plus que jamais persuadé que les Italiens n’étaient pas dignes du fascisme, il finit néanmoins par se reprendre et se décida à, au moins, consolider les acquis de son régime. Cela passait d’abord par un renforcement de la puissance italienne dans les territoires conquis : les années 1940 virent ainsi émigrer 30 à 40 000 civils italiens vers l’Abyssinie, où se trouvaient déjà autour de 100 000 soldats. Il faut néanmoins encore plusieurs années, et des négociations de cessez-le-feu parfois très serrées avec des chefs locaux, pour que l’Abyssinie soit réellement contrôlée. Dans les Balkans, à défaut de démanteler la Yougoslavie, l’Italie poursuit une politique de déstabilisation, soutenant les oustachis croates et la VMRO macédonienne. Mais la politique de fédéralisation menée par Belgrade coupe l’herbe sous le pied des fascistes, qui se tournent vers un nouveau terrain de jeu : le Kosovo. Le 3 février 1945, six bombes explosent dans la nuit à Pristina, tandis que plusieurs officiels royaux sont assassinés. Le matin, on retrouve des centaine d’affiches proclamant « Vive Victor-Emmanuel, roi d’Albanie ». L’action est signée… Dans les jours qui suivent, le cycle de la répression étatique et des émeutes anti-serbes s’enclenche, conduisant à de nouveaux départs d’Albanais pour le territoire sous contrôle Italien. Le but de Mussolini est ici moins de s’emparer du territoire kosovar que de rallier la majorité des albanais au régime italien.

A l’international, la politique de Mussolini cherche à former une vaste alliance des régimes autoritaires de Méditerranée et en Europe centrale, mais se heurte à la prudence de Salazar, Franco et Horthy. Des liens plus étroits sont tissés avec la Grèce et la Turquie, mais la détestation mutuelle qui règne entre les deux partenaires empêche cette fois encore la construction d’un véritable bloc. Un succès est pourtant remporté par le régime fasciste en Méditerranée orientale, avec la prise du pouvoir par Antoun Saadé et le parti Social-Nationaliste à Damas en 1950, puis la fusion de la Syrie et du Liban l’année suivante, véritable camouflet infligé à la France. Pourtant, l’Italie ne peut pas empêcher son allié turc, inquiet des revendications territoriales de son voisin du sud, d’attaquer la Syrie dès 1952, provoquant la chute de Saadé et le début d’une période de chaos.

La politique coloniale et la politique extérieure ne peuvent néanmoins pas masquer l’essoufflement du régime à l’intérieur, en dépit des fastueuses célébrations organisées pour les vingt ans de la révolution. Normalisé, le fascisme est moins mobilisateur et doit faire face au retour des idéologies concurrentes, socialisme et démocratie chrétienne ; l’activité subversive redevient fréquente, et si Mussolini reste populaire, beaucoup voudraient le voir céder sa place. Il faut trouver un moyen de redonner son souffle révolutionnaire au mouvement, faut de quoi la nature même du régime sera remise en question.

Dissuadé par son entourage d’affronter frontalement la monarchie, le Duce cherche dès 1944 à mobiliser les masses rurales dans une campagne pour la redistribution des terres. Pour la moisson 1945, Italo Balbo tient un discours rappelant les heures glorieuses des combats contre les bolchéviques, tout en terminant sur la nécessité de transformer les campagnes et d’élever le statut du paysan italien. En novembre, le Duce fait avaliser par la Chambre des Faisceuax et Corporations le projet de réforme agraire. Si celui-ci est pensé par le haut, et est conclu après des négociations serrées avec les propriétaires terriens dûment indemnisés, la mobilisation sur le terrain par le PNF est conçue pour lui donner un caractère révolutionnaire. Quoi qu’il en soit, les structures sociales de l’Italie rurales sont réellement transformées, et la popularité du Duce atteint désormais des sommets. Un soutien supplémentaire dans le bras de fer qui s’annonce avec la monarchie…

En effet, le 28 décembre 1947 survient la mort du roi, depuis longtemps attendue par Mussolini, qui y voyait une occasion de se débarrasser enfin de la monarchie. Néanmoins, les choses ne se passent pas comme prévu : la dégradation de l’état de santé du souverain a été caché au Duce et au Grand conseil, permettant au Prince héritier Humbert d’agir le premier et de se faire reconnaître comme roi par l’armée, l’Eglise, ainsi que par Farinacci, le vieux rival de Mussolini au sein du mouvement fasciste, devenu défenseur de la dynastie. Réunissant le lendemain le Grand Conseil du fascisme, Mussolini rappelle que c’est cet organe qui a légalement le pouvoir de proclamer le roi, et envisage la fin de la monarchie ou les remplacement d’Humbert par le duc d’Aoste. L’essentiel des membres s’y opposent, arguant que le renversement de la monarchie risquait de provoquer une guerre civile et de ruiner toute l’œuvre accomplie jusque-là. Mussolini finit par céder et par proclamer le nouveau souverain dans un discours radiodiffusé, avant d’être reçu par lui le lendemain.

Un duel feutré va se poursuivre entre le jeune roi et le vieux dictateur au cours des années suivantes, prenant d’abord la forme de querelles protocolaires continuelles, Humbert ignorant à plusieurs reprises les usages introduits sous le fascisme. Ses voyages en Albanie, en Libye et en Ethiopie, où il reçoit directement ses différentes couronnes, lui permettent également de marquer son indépendance, alors que le Duce, dont la santé est déclinante, se déplace de moins en moins. Sur le plan diplomatique, Humbert montre également des velléités d’indépendance dans ses contacts avec les dirigeants étrangers et les souhaits qu’il formule en privé sur l’avenir de la politique étrangère italienne.

Peu intéressée par les querelles de pouvoir et d’ego entre ses deux dirigeants, la société italienne vit une période d’embellie économique et de développement des loisirs. La censure exercée sur la création culturelle est néanmoins une ombre au tableau, et de nombreux auteurs sont contraints d’écrire sous pseudonyme, tandis que des acteurs et actrices qui commencent leur carrière à Cinecitta sont ensuite tentés d’aller la poursuivre de l’autre côté des Alpes, où les rôles sont souvent plus intéressants que dans les productions calibrées du régime fasciste. Cherchant à donner un nouveau souffle à l’industrie, le régime fait produire pour le centenaire du printemps des peuples le film 1848, qui ne manque pas au passage de portraiturer Charles-Albert en roi pusillanime et lâche, et Garibaldi en précurseur du Duce…

En 1950, la santé de Mussolini se dégrade, et les paris sont ouverts pour sa succession. C’est alors qu’Humbert II choisit de rencontrer le roi de Yougoslavie, alors même que le régime lance de nouvelles campagnes de déstabilisation au Kosovo… Réunissant un nouveau Grand conseil, le Duce, ulcéré, met de nouveau sur la table la destitution de la monarchie, « la nouvelle étape de la révolution fasciste ». Mais, devant la gêne de ses lieutenants, il s’emporte et donne sa démission, qu’il présente au roi dans les heures qui suivent. Poussé par certains de ses conseillers à abattre le régime, Humbert se montre prudent, sachant que la popularité du fascisme, ou du moins de ses dirigeants, reste très élevée. Les institutions restent dans un premier temps inchangées, et c’est un hiérarque fasciste, Dino Grandi, qui est choisi pour succéder à Mussolini en tant que président du Conseil. Prudent, il accepte le titre de Maréchal de l’Empire et l’utilise pour se faire désigner ordinairement, mais ne cherche pas à se faire proclamer Duce, titre qui reste l’apanage du seul Mussolini.

Celui-ci, isolé dans sa résidence personnelle avec une jeune maitresse, décède en 1952, quelques mois avant la célébration des trente ans de la révolution fasciste.
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Message par LFC/Emile Ollivier Mer 26 Juil - 19:37

Excellent texte !
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 29 Juil - 17:27

Otto de Habsbourg




1941 : destinées alternatives 1280px-Oliver_Mark_-_Otto_Habsburg-Lothringen%2C_P%C3%B6cking_2006

Né prince impérial d’Autriche et Prince royal de Hongrie en 1912, Otto de Habsbourg-Lorraine avait mené, comme le reste de sa famille, une vie en exil. A la mort de son père Charles, en 1922, il se fait proclamer par ses partisans Empereur d’Autriche, roi de Bohème et de Hongrie, sans être en mesure de remonter sur le trône dans aucun de ces pays ; si la Hongrie est bien demeurée un royaume sous la régence de Miklos Horthy, elle a rétabli l’année précédente le caractère électif de la monarchie, et ne reconnaît donc pas à Otto le titre revendiqué d’Othon Ier de Hongrie.

Installé en Belgique, il condamne l’Anschluss en 1938 et doit fuir pour Paris lors de l’invasion des troupes allemandes en mai 1940. Il demeure par la suite en France, où il veille à entretenir le lien entre sa famille et la Lorraine.

Ce n’est qu’au début de la décennie 1950 qu’il est contacté par le gouvernement hongrois, qui cherche à mettre en place les conditions d’une éventuelle restauration. En effet, Istvan Horthy, le fils du régent, associé à son père en tant que corégent depuis 1942, exerce de plus en plus la réalité du pouvoir et pousse le régime nationaliste dans la voie de réformes et d’une normalisation de ses institutions. Mais, très vite, les négociations sont bloquées : les nationalistes hongrois exigent d’Otto qu’il renonce à ses prétentions sur tous ses titres, y compris celui de roi de Hongrie, avant qu’une élection en bonne et due forme ne lui permette de revenir sur le trône, ce qui est hors de question. Par ailleurs, le prétendant affirme ses opinions libérales et pan-européennes, à rebours de la politique irrédentiste et révisionniste des Horthy père et fils.

Irrités par l’attitude du Prince, les nationalistes songent à d’autres candidats, dont Istvan Horthy lui-même (lequel refuse finalement publiquement). Rome intrigue dans le même temps pour placer le duc d’Aoste sur le trône option finalement rejetée elle-aussi. Ce n’est qu’en 1956 qu’un accord finit par être trouvé avec Otto : celui-ci accepte de renoncer à tous ses titres, à l’exception du titre de courtoisie de Duc de Bar, et de monter sur le trône après une élection, non sous le nom d’Othon Ier, trop germanique, mais sous celui de Bela VI. En contrepartie, la pragmatique sanction établissant l’hérédité de la monarchie habsbourgeoise est rétablie. Il est couronné à Budapest en 1957, année de la mort de Miklos Horthy. Dans la foulée ont lieu les premières élections libres qui confirment le soutien de la population au processus en cours, Istvan Horthy devenant premier ministre.

Si, en 1959, le roi essuie des tirs lors d’une tentative de coup d’Etat des Croix fléchées, les années qui suivent sont marquées par la normalisation des institutions hongroises. Le pays entre dans le Pacte de Varsovie en 1961, ce qui lui permet de renouer avec les démocraties occidentales et obtenir leur appui pour négocier une meilleure reconnaissance des minorités magyarophones dans les pays voisins.

Disposant de pu de pouvoir, le roi s’implique néanmoins, après la disparition de l’Union soviétique en 1962, dans le rapprochement avec l’Est de l’Europe. Soutenant tout ce qui peut s’apparenter à un rapprochement entre pays européens, il regrette dans ses mémoires, publiées après sa mort, qu’aucune structure fédérale n’ait pu émerger.

Plutôt populaire, il doit néanmoins se mettre de plus en plus en retrait de la politique, son positionnement libéral conservateur l’isolant au milieu d’un pays scindé entre nationalisme et droite et social-démocratie.

Bela VI abdique en 2007 en faveur de son fils Charles, proclamé roi sous le nom de Charles V  de Hongrie. Il décède en 2011.


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Message par DemetriosPoliorcète Sam 29 Juil - 17:27

LFC/Emile Ollivier a écrit:Excellent texte !

Merci!
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Message par Collectionneur Sam 29 Juil - 17:56

J'avais loupé ce fil Embarassed

Je signale un mot oublié sur la bio du président Golwater

la baisse du coût du transport aérien et le développement ... l’amélioration de la qualité de la bière.



Pour Mussolini, une gaffe a faisceaux :

Dissuadé par son entourage d’affronter frontalement la monarchie, le Duce cherche dès 1944 à mobiliser les masses rurales dans une campagne pour la redistribution des terres. Pour la moisson 1945, Italo Balbo tient un discours rappelant les heures glorieuses des combats contre les bolchéviques, tout en terminant sur la nécessité de transformer les campagnes et d’élever le statut du paysan italien. En novembre, le Duce fait avaliser par la Chambre des' ' Faisceuax''.

Concernant Otto, une lettre oubliée :

Disposant de ''pu'' de pouvoir, le roi s’implique néanmoins, après la disparition de l’Union soviétique en 1962
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 29 Juil - 20:52

Mohammad Rezâ Pahlavi

1941 : destinées alternatives MohammadRezaPahlavi1941

Mohammad Rezâ a 28 ans quand il succède à son père Rezâ Ier en 1947, et a déjà un héritier, le Prince Rezâ, né en 1942 de son mariage avec la princesse égyptienne Fawzieh. Il hérite d’un pays qui se développe lentement et affirme son indépendance, notamment avec le partage des bénéfices de l’Anglo-Iranian Oil Company obtenu l’année précédente par son père, mais qui suffoque aussi sous l’autoritarisme.


Désireux de s’affirmer face à la vieille garde de son père, il cherche rapidement à se poser en réformateur, engageant une libéralisation timide mais populaire parmi les Iraniens, notamment dans le domaine religieux. L’interdiction du fez et du voile et l’obligation de port du chapeau à l’occidentale sont levées, tandis que le Shah, lui-même croyant, affiche sa bonne entente avec les dirigeants du clergé ; l’institution le lui rend par sa fidélité, les prêches du vendredi appelant à soutenir la légitimité royale. La nomination du vieux prince Qadjar Ahmad Ghavam os-Saltaneh, partisan du « neutralisme positif », au poste de Premier ministre en 1948 marque une nouvelle étape. Une opposition politique nationaliste, autour de Mohammad Mossadegh, autre aristocrate Qadjar, peut également s’exprimer, bien que, pour l’essentiel, le Shah garde la haute main sur la politique et filtre soigneusement les candidatures autorisées pour les sièges au Majles.

C’est à partir de 1952-1953 que les rapports vont se tendre entre le souverain et la population. En effet, la défaite militaire et l’expulsion des Britanniques d’Inde entraîne, comme jadis la défaite des Russes face aux Japonais, une vague d’enthousiasme parmi la population, plus encore parmi l’élite nationaliste cultivée. Les Iraniens ne se satisfont plus de la « neutralité positive » et souhaitent l’expulsion pure et simple des intérêts britanniques, en rupture avec un souverain qui cherche pour sa part à capter les investissements anglais chassés d’Inde (il réussit d’ailleurs à dynamiser l’industrie iranienne par l’accueil de la bourgeoisie Parsie, cible du nouveau régime indien). Les années suivantes marquent un raidissement autoritaire du régime, le Shah privant le Front National de Mossadegh de représentation politique et poursuivant les membres des organisations fascisantes qui cherchent à imposer un régime à l’indienne ; la nouvelle sécurité intérieure, la SAVAK, confiée au général Teymour Bakhtiar, obtient un pouvoir démesuré au sein de l’appareil d’Etat. L’Etat pahlavi justifie dans le même temps son existence en arrachant de nouvelles concessions financières aux Britanniques et en entretenant la peur d’une révolution communiste imaginaire.

Dans le même temps, l’Etat impérial cherche de nouveaux soutiens à l’international, notamment la France et les Etats-Unis, vus beaucoup plus positivement par les Iraniens que la Grande-Bretagne ; l’obsession pour les achats d’armes à ces deux partenaires, aux dépends d’autres budgets, devient rapidement un autre motif de critique. La volonté de mettre en place une réforme agraire, encouragée par les bailleurs de fonds américains, tend les rapports entre la monarchie et le clergé, jusqu’ici le plus puissant soutien du roi.

L’élection de Joseph Kennedy Jr en 1960 est l’occasion de nouvelles difficultés : le Shah entend profiter des généreux fonds pour le développement proposés par son allié, mais n’entend pas mettre en place les garanties démocratiques exigées par celui-ci. Agacée par les revirements incessants du souverain, l’administration Kennedy envisage sérieusement d’aider à son renversement en faveur d’une transition démocratique, et entre à cette occasion en contact avec Teymour Bakhtiar. Mis au courant de ces tractations, le Shah ordonne l’arrestation de son général ; craignant pour sa vie, celui-ci n’a d’autre choix que de jouer son va-tout et de renverser son souverain. Après plusieurs journées de confusion totale dans la capitale iranienne, Bakhtiar parvient à mobiliser l’ensemble des ennemis du régime, et à obtenir le départ du Shah et de sa famille pour l’Italie. Bakhtiar s’autoproclame immédiatement régent, nommant immédiatement Mohammad Mossadegh au poste de premier ministre ; vieillissant et malade, celui-ci ne jouera en fait aucun rôle.

Les Américains ont néanmoins mal choisi leur poulain : extrêmement brutal et autoritaire, Bakhtiar ne tarde pas à mettre au placard les réformes démocratiques. La constitution monarchique de 1906 est abolie en 1964 et l’Etat Impérial d’Iran devient l’Etat National d’Iran. Le modèle politique revendiqué est celui de l’Inde de Chandra Bose.

Dans son exil italien, le Shah sombre dans la dépression puis se console en menant une vie mondaine et en multipliant les liaisons avec des figures de la jet set, sans plus apporter la discrétion dont il était coutumier pendant ses années de de règne, ce qui conduit à la fois à ruiner sa crédibilité en Iran et à son divorce avec Soraya. Le souverain épouse par la suite l’actrice française Michèle Mercier.

Dans le même temps, son fils, Rezâ Mohammad, s’installe au Caire, auprès de sa famille maternelle, et cherche à fédérer autour de lui l’opposition à Teymour Bakhtiar, rassemblant aussi bien des royalistes de longue date que des membres du Front National (Shapour Bakhtiar, Karim Sandjabi, Mehdi Bazargan), discutant jusqu’avec des membres du Tudeh, devenu fréquentable depuis la fin de l’URSS.

En Iran, Teymour Bakhtiar, de plus en plus paranoïaque et en proie à la folie des grandeurs, se coupe de plus en plus de toute base sociale et peine à mettre en lace une gouvernance efficace, malgré la hausse de revenus considérable permise par la crise pétrolière de 1969. En 1971, une tentative d’invasion de l’Afghanistan, avec qui les relations se sont continuellement tendues depuis 1961, est stoppée à la frontière. L’armée, victime de purges massives au cours des années précédentes, est humiliée, tandis que des manœuvres militaires eurasiennes à la frontière obligent le chef de l’Etat à se rétracter définitivement. La « guerre de trois jours » ruine définitivement la crédibilité du général, confronté à des mouvements sociaux massifs.

Arrivé à Téhéran deux jours après la fuite de Bakhtiar, le Prince héritier est acclamé comme chef de l’opposition. Son père, atteint d’un cancer, renonce officiellement à ses droits sur la couronne en sa faveur, ce qui permet la restauration monarchique dès 1973, et son couronnement sous le nom de Rezâ II.

Retiré de la vie politique, il partage son temps entre la France et l’Iran, où il meurt en 1980.


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Message par Collectionneur Lun 31 Juil - 6:34

Merci, juste un espace entre deux syllabes :

C’est à partir de 1952-1953 que les rapports vont se tendre en tre le souverain et la population

L'Afghanistan qui arrête une invasion à sa frontière ? C'est étrange vu le rapport de force.
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 31 Juil - 17:20

Collectionneur a écrit:Merci, juste un espace entre deux syllabes :

C’est à partir de 1952-1953 que les rapports vont se tendre en tre le souverain et la population

L'Afghanistan qui arrête une invasion à sa frontière ? C'est étrange vu le rapport de force.

Corrigé.

Syndrome guerre d'hiver en Finlande, une armée victime de purges de la part du pouvoir politique.
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Message par DemetriosPoliorcète Ven 4 Aoû - 21:05

Dino Grandi


1941 : destinées alternatives DinoGrandi

C’est la mort du Duce, plus que sa démission, qui marque le véritable début des hostilités pour sa succession. Mussolini ne peut désormais plus apparaître comme une autorité morale ou un possible arbitre pour les hiérarques du PNF. Si ces derniers affichent une unité de façade pour la célébration grandiose des trente ans du fascisme en octobre 1952, les affrontements se font de plus en plus violents en coulisse. Tandis que Farinacci cherche sans succès à retrouver la faveur du roi, la jeune garde fasciste autour d’Alessandro Pavolini place ses pions parmi la milice et les organisations de jeunesse et tente de faire revivre l’esprit squadriste, sans trop de succès. Parmi les modérés, Ciano, le gendre de Mussolini, cherche à manœuvrer pour remplacer Grandi à la tête du gouvernement, ce qui lui vaut un exil diplomatique à Tokyo. Au terme de plusieurs mois d’incertitude, Grandi consolide son pouvoir, avec l’accord d’Humbert II. Il existe dès lors un accord tacite entre les deux hommes sur la nécessité de réformer les institutions du pays, bien que les modalités et le calendrier diffèrent.

Le cadre politique n’évolue pourtant pas au cours des premières années, bien qu’un léger désserrement de l’emprise du parti se fasse sentir dès 1953, avec le relâchement de la censure qui permet l’apparition d’œuvres culturelles indirectement critiques. Le monde intellectuelle se libère également progressivement, avec l’accord du ministre de l’enseignement Giuseppe Bottai, qui prend sa retraite en 1955 et participe à la création de plusieurs revues dans lesquelles l’avenir politique de l’Italie est librement discuté.

Les objectifs de la politique étrangère italienne tels que définis depuis la fin de la guerre restent pour autant inchangés, l’Italie cherchant toujours à se poser en cheffe de file des régimes autoritaires. La victoire de l’Azad Hind face aux Britanniques et le triomphe d’un régime d’inspiration clairement fasciste sont salués comme un immense succès à Rome, et l’Italie obtient un partenaire militaire et économique majeur ; les entreprises italiennes sont longtemps les seules entreprises étrangères à prospérer sous le régime de Chandra Bose. Mais, autour de la Méditerranée, la situation italienne se complique : Grandi ne parvient pas à empêcher un conflit entre ses alliés turcs en syriens en 1952, tandis que les régimes amis s’éloignent du modèle fasciste : le pouvoir autoritaire en Grèce a été renversé dès 1950, tandis qu’en Hongrie, le corégent Iztvan Horthy, fils du régent, assume progressivement la réalité du pouvoir et prépare la restauration monarchique, effective en 1956. En Turquie, Inönu et le CSP ne se maintiennent que difficilement.

A partir de 1955, Grandi se résout à entamer une politique de désengagement des conquêtes mussoliniennes : l’Albanie obtient l’autonomie interne et les pouvoirs du résident italien sont considérablement réduits. En 1958, l’Empire d’Abyssinie se voit doté d’une constitution lui garantissant une indépendance théorique ; l’administration coloniale est remplacée par un appareil d’Etat que dominent les colons installés sur place et membres ralliés de l’ancienne élite aristocratique.

En Italie, la libération de la parole après 1955 conduit l’année suivante à l’autorisation du pluripartisme. Celui-ci reste encadré : les lois fascistissimes restant en vigueur, il est impossible pour les nouvelles formations d’accéder au pouvoir, en dehors des échelons locaux. Les partis communistes et socialistes, constituant « une menace pour la sûreté de l’Etat » restent interdits, mais leurs sympathisants rejoignent en masse le Parti libéral et le Parti populaire italien (chrétien-démocrate), gauchisant leurs lignes. Alessandro Pavolini rompt à cette occasion avec le PNF et créé le Parti Fasciste Républicain, rapidement interdit. Ayant prévu cette manœuvre, Pavolini tente un coup d’Etat appuyé par ses soutiens au sein de la Milice et l’action violente des jeunes partisans dans les grandes villes du nord. Sans soutien dans l’armée ou les pouvoirs locaux, Pavolini ne peut que constater son échec et s’enfuir en Syrie.

Grandi peut désormais considérer son pouvoir établi et ses adversaires éliminés. Mais, dès 1956, il se trouve confronté à une montée en puissance de la contestation. Alors qu’il espérait, selon la ligne qu’il défendait depuis les premières années du PNF, s’appuyer sur la puissance des syndicats fascistes, il constate un retour en force du syndicalisme de gauche, qui mène des grèves très dures dans le Nord de l’Italie. Dans le même temps les partis d’opposition « officiels » échappent au contrôle du gouvernement fasciste et grossissent jusqu’à devenir des partis de masse. Cette aspiration au changement trouve son centre névralgique à Turin, la capitale piémontaise étant à la fois une ville ouvrière peu fascisée et un haut lieu de l’héritage monarchique et du Risorgimento ; l’effervescence politique de 1957 et 1958 sera ainsi désigné comme les « deux années turinoises ». Le Maréchal de l’Empire et les dignitaires du fascisme doivent se rendre à l’évidence : si les Italiens ont pu soutenir les politiques menées par les fascistes, et même idolâtrer Mussolini, leur adhésion à l’ensemble du corpus idéologique a toujours été bien mince.

Devant la perte de contrôle par le PNF, Humbert II peut agir directement. Face à Grandi qui lui répète que son gouvernement reste populaire et que l’opposition est le fait d’une minorité, le roi répond : « si les Italiens vous soutiennent, alors faites-les voter ! ». Grandi annonce en février 1958 avoir été chargé de rédiger, avec l’aide du Grand Conseil Fasciste et l’approbation du roi, une nouvelle constitution. Cela n’empêche pas son remplacement à la tête du Conseil des ministres par le prince Junio Borghese. L’ascension de cette personnalité, plus nationaliste que fasciste, est un nouveau signe du changement en cours.

La constitution finalement soumise à l’approbation des Italiens conserve un exécutif fort et la centralisation administrative, ainsi que des références théoriques à l’organisation corporative de l’économie, mais consacre la retour du bicamérisme, avec une chambre basse, la Chambre du peuple, et une chambre haute, le Sénat. 74% des Italiens l’approuvent en novembre 1958, malgré l’opposition conjointe des durs du fascisme et celle de la gauche, qui dénonçait une pérennisation de certaines thématiques fascistes.

Les premières élections libres depuis une quarantaine d’années laissent la première place au PNF, mais celui-ci n’obtient pas la majorité absolue et doit faire alliance avec les conservateurs royalistes et les nationalistes non-fascistes. Profitant de cette combinaison pour prendre sa revanche sur Grandi, le comte Ciano est nommé à la tête du Conseil des ministres. La transition démocratique est faite, mais il faut attendre 1966 pour qu’une alternance politique puisse avoir lieu, la coalition des socialistes, des démocrates-chrétiens et des libéraux devançant les fascistes.

Retiré de la politique, Grandi reste une figure respectée aussi bien dans les rangs du PNF que des partis politiques modérés. Il décède en 1988.
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Message par DemetriosPoliorcète Mer 21 Aoû - 21:54

Salut! Dans le but d'explorer une future nouvelle version d' "Après la victoire", je poste une bibliographie d'Anastase Mikoyan, dirigeant d'une URSS alternative.

Anastase Mikoyan

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Ancien séminariste (comme Staline), de nationalité arménienne, bolchévique de la première heure, Anastase Mikoyan ne semblait pas bien placé pour succéder au Petit père des peuples. Il semble d’ailleurs que seule la mort de ce dernier l’ait sauvé d’une purge, ses deux fils ayant été arrêté peu auparavant.

Beria éliminé en 1948, les anciens poulains d’Andrei Jdanov, Nikolaï Voznesenski et Alexeï Kouznetsov prennent de plus en plus de place dans l’appareil d’Etat soviétique. Nikita Khrouchtchev est quant mis au placard puis éliminé en 1950, Molotov arrêté peu avant la mort de Staline.

La mort inattendue de Staline ouvre donc la lutte entre les chefs survivants du PCUS. Allié à Malenkov et à Molotov, rappelé in extremis, il parvient à triompher de Voznesenski et Kouznetsov. A la tête du Praesidium du Soviet suprême, il est chef de l’Etat en titre mais de fait en position de subordination par rapport à Malenkov, qui dirige le Politburo du Parti. Néanmoins, il parvient en 1954 à mettre en minorité Malenkov et assure la réalité du pouvoir, tout en laissant à son rival diverses fonctions de prestige. Le « règne » de Mikoyan marque la suprématie des organes de l’Etat sur la bureaucratie du Parti.

Dès ses premiers mois à la tête de l’Union, il s’emploie à desserrer l’étau de l’Etat policier soviétique sur la société, amnistiant l’essentiel des détenus politiques et fermant la majorité des camps d’internement ; tout cela se fait néanmoins dans la plus grande discrétion, le pouvoir de Staline n’étant jamais formellement dénoncé, bien que l’on critique publiquement le culte de la personnalité. Tout au plus reconnaît-on quelques « excès ».

La prudence est le maitre mot des premières années de Mikoyan, qui cherche à poursuivre le développement du « socialisme dans un seul pays » au risque d’abandonner complètement l’exportation de la révolution. Ainsi, dès 1955, comprenant que le Pacte germano-soviétique n’a pas été oublié et que les Partis du Komintern restent marginalisés, il abandonne la stratégie « classe contre classe », et fait adopter la stratégie de « l’appui décisif » qui encourage les partis de l’international à participer aux luttes sociales pour faire la différence au profit des forces progressistes, tout en renonçant à participer au pouvoir. La nomination du français Maurice Thorez à la tête de l’Internationale marque la volonté de dissocier la structure interpartisane de l’Union soviétique.

Mikoyan affirme dès son arrivée au pouvoir sa volonté de s’inscrire dans la continuité de la planification stalinienne. Néanmoins, les problèmes liés au primat de l’industrie lourde ne tardent pas à se poser : des quantités d’acier et ‘engins mécaniques peinent à être écoulés ou à trouver une utilité. Les tentatives de donner plus de poids aux biens de consommation provoquent de nombreuses déceptions et laissent voir au grand jour les faiblesses intrinsèques de toute économie planifiée. Après avoir été expérimentées dans les Etat-clients baltes, formellement indépendants, de timides réformes sont mises en place à partir de 1958 (si l’on ignore l’abandon du lyssenkisme, déjà effective en 1955) : les kholkhozes obtiennent davantage d’autonomie, tandis que les lopins privés passent de 3 à 6% des terres arables. Dans le même temps, l’URSS peut se prévaloir de grands succès scientifiques et techniques : si le pays est à la traine pour la conception de la bombe atomique (1954), il est le premier à envoyer un satellite dans l’espace (1957). Mais cela ne permet pas de cacher l’accumulation de problèmes liées à la planification ; en pleine réunion du praesidium, Mikoyan s’énerve et déclare que « nous avons rattrapé les pays capitalistes, mais nous ne savons pas quoi faire ensuite. Il n’y a plus rien à planifier, trouvez quelque chose ! ». A partir de 1961, il se décide à expérimenter dans l’Union elle-même les projets de l’économiste Evsei Liberman, et à accorder davantage d’autonomie aux entreprises. En 1964, l’autorisation pour les citoyens soviétiques de s’associer dans des coopératives autonomes, et la réintroduction de mécanismes de marché que cela implique, marque une nouvelle inflexion de la politique économique soviétique et est l’occasion pour les adversaires de Mikoyan d’élever la voix contre lui.

Un autre grief tient aux accusations de nationalisme arménien et de soutien préférentiel aux républiques non-russes de l’Union, accentuées à partir de la réforme constitutionnelle de 1961. Peu importante à première vue, celle-ci accorde néanmoins davantage d’autonomie aux Républiques socialistes soviétiques autonomes, qui gagnent le droit, en cas de sécession de la république à laquelle elles sont rattachées, d’en faire à leur tour sécession pour demeurer dans l’Union ou devenir des Etats indépendants. Par la même occasion, trois nouvelles RSSA sont créées : Crimée, Touva et Haut-Karabagh. C’est cette dernière création qui déchaine les critiques, et provoque une série d’émeutes en Azerbaïdjan : Mikoyan est accusé de garantir les intérêts de ses compatriotes arméniens.

Usé par le pouvoir, Mikoyan est renversé en 1965 par Leonid Brejnev, Secrétaire général en titre, dont il ne s’était pas méfié. Retourné en Arménie, il y appuie en 1967 la prise du pouvoir par Kossyguine et la politique de libéralisation qui y est menée. Brièvement arrêté lors du coup d’Etat de 1969, il revient ensuite en politique lors des premières élections libres arméniennes, où il fait campagne pour le maintien dans l’Union. Resté très populaire dans sa république d’origine, il est élu à la tête du soviet de république et participe à la fondation de l’Union des Républiques Socialistes d’Eurasie.

Il décède à Yerevan en 1978.
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Message par Collectionneur Mer 21 Aoû - 22:16

J'avoue connaître plus son frère, l'un des ingénieurs qui ont fondé MiG que lui  Laughing

Artem Ivanovitch Mikoïan avec son frère à la tête de l'URSS va t'il lui demander de démanteler Soukhoï ?  1941 : destinées alternatives 1f605
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