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Chanson triste pour une victoire

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Message par DemetriosPoliorcète Sam 10 Sep - 10:05

Chanson triste pour une victoire

Le général de brigade De Gaulle observait, par la fenêtre de son automobile les vastes champs pétroliers de Ploiesti. Il savait que, si une guerre éclatait, cet endroit serait l’un des premiers enjeux pour les combattants ; et il avait de plus en plus le sentiment qu’une guerre allait éclater. Malgré son anticommunisme chevillé au corps, la perspective ne le réjouissait pas.

A Paris, on ne s’en réjouissait pas non plus : Georges Mandel, le nouveau président du consei, bataillait sans arrêt avec ses alliés britanniques pour écarter la perspective d’un réarmement de l’Allemagne et d’une remobilisation de la Wehrmacht, une possibilité que ne pouvait que rejeter tout stratège français un tant soit peu lucide. Il n’y avait que quelques voix comme celles de Joseph Darnand, héros des deux guerres et député du tout nouveau Parti de l’Ordre et de la Nation pour proclamer haut et fort qu’il fallait « tuer jusqu’au dernier les monstres bolchéviques ». Mais, el coulisse, nombreux étaient ceux dans les élites économiques et politiques de la France qui souhaitaient en fait un conflit contre l’Union soviétique, pour éliminer à jamais la menace du communisme et la perspective de voir un jour la révolution dans les rues de Paris.

L’opinion générale, elle, était profondément anti-guerre ; deux victoires coûteuses suffisaient pour un siècle. Le communisme n’y avait pas pour autant bonne presse : le nombre d’adhérents du Parti s’était effondré à l’annonce du pacte germano-soviétique, et le coup de poignard asséné dans le dos d’une Allemagne déjà vaincue dans les dernières semaines de la guerre n’avait rien arrangé, bien au contraire. Pour la plupart des Français, Staline n’était qu’un charognard arrivé au dernier moment et désireux de s’approprier le plus possible des fruits de la victoire des autres. On rappelait partout que l’Allemagne n’aurait pu se réarmer ni mener ses guerres de conquêtes sans la coopération avec les soviétiques ; on parlait, aussi et surtout, du massacre de Katyn, dont les archives allemandes confirmaient qu’il ne pouvait être que l’œuvre des rouges. Plusieurs figures locales du PCF commençaient à s’éloigner du Parti, se présentant sous l’étiquette « communistes indépendants ». La Ligue communiste, groupuscule trotskyste, commençait à se renforcer et à concurrencer le parti de Thorez sur son terrain. On détestait Staline, mais on ne voulait pas lui faire la guerre pour autant.

Staline s’était d’abord montré conciliant : il n’avait pas proclamé le rattachement des Etats baltes à l’URSS, se contentant pour le moment d’y maintenir des gouvernements fantoches, et laissait même entendre qu’il se contenterait, dans le cas de la Pologne, de la ligne Curzon. Dans le camp d’en face, on acceptait le déplacement vers l’ouest de la Pologne et l’annexion de la Bessarabie et des territoires finlandais, prix acceptable pour le maintien de la paix et de la stabilité.

Mais une pomme de discorde avait empoisonné les négociations : Königsberg, toujours enclavée au milieu des zones d’occupations soviétiques, que Staline réclamait ardemment d’investir. Lors de la débâcle des forces allemandes, la ville s’était défendue avec l’énergie du désespoir, et les soldats désorganisés, aux côtés des civils armés à la hâte, avaient tenu jusqu’à la fin des hostilités. La situation était inacceptable pour les soviétiques, qui avaient d’ores et déjà interdit le retour des populations de la région et planifiaient sa colonisation par des populations russes et ukrainiennes. En novembre, l’armée rouge avait rétabli le blocus terrestre complet de la ville, forçant le général Beck à organiser un ravitaillement d’urgence par la mer, soutenu en cela par les alliés, qui proposaient d'en faire une ville libre sous contrôle international.

Les tensions européennes étaient encore compliquées par les agissements de Mussolini dans les Balkans. Frustré de ne pas pouvoir intervenir après l’échec de l’offensive des Ardennes, il avait décidé de lancer sa propre guerre pendant que les grandes puissances étaient occupées ailleurs. Avec l’appui de la Hongrie et de la Bulgarie, il avait dépecé la monarchie yougoslave. L’armée italienne n’avait pas brillée, mais ses faiblesses avaient été masquées par la décomposition de l’armée yougoslave, dont la plupart des soldats n’avaient aucune envie de combattre. A l’inverse, les alliés oustachis, peu nombreux, avaient fait montre d’une détermination sans faille ; bientôt, ils établiraient la dictature la plus sanguinaire de l’histoire de l’Europe, avec, peut-être, celle de Staline lui-même.

Ce dernier ne cessait de le répéter : pourquoi laissait-on les fascistes agir en toute impunité pour redessiner la carte des Balkans, alors qu’on se contorsionnait pour la misérable ville de Königsberg, aux côtés de ceux que l’on venait de combattre et de vaincre ?

Au cours du dernier mois, les tensions n’avaient cessé de grandir. Moscou avait définitivement proclamé le rattachement « volontaire » des Pays baltes, on avait en réaction renforcé toutes les troupes franco britanniques présentes dans l’est de l’Europe, et élargi la zone d’occupation en Allemagne avec le plein accord de Berlin. L’Europe retenait son souffle.

De Gaulle fut tiré de ses réflexions par l’arrêt du véhicule. Il descendit, képi sur la tête, et vint à la rencontre des gradés roumains présents pour l’accueillir. Alors qu’il s’apprêtait à leur serrer la main, une sirène d’alarme retentit dans tout la zone, saturant tout l’espace sonore. Le général vit les visages de ses interlocuteurs blêmir.

« C’est votre alarme pour une attaque aérienne, n’est-ce pas ? » demanda le français.

« Oui mon général, et aucun exercice n’était prévu », lui répondit le colonel roumain. De Gaulle jeta un regard à son aide de camp, puis balaya les installations du regard. Partout, les militaires roumains s’activaient, dans un effort général pour ne pas basculer dans la pure et simple panique.

« Alors, Staline est un crétin », finit-il par dire, les yeux levés vers le ciel.
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Message par LFC/Emile Ollivier Sam 10 Sep - 13:42

À la fois triste et logique que Staline attaque à l'ouest soit si pas de 2GM, soit si comme ici, elle tourne plus vite au vinaigre pour le Reich.
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Message par DemetriosPoliorcète Sam 10 Sep - 14:41

Spoiler:
La guerre de l’Est, également appelée par certains seconde guerre mondiale, commença le 18 décembre 1941 par une série d’attaques aériennes soviétiques contre des cibles militaires et pétrolières roumaines, rapidement suivies d’une entrée massive de troupes au sol au sud des Carpathes.

Dans le même temps, l’armistice avait été rompu en Allemagne, l’URSS déclarant qu’en l’absence de garanties, elle reprenait une guerre qui n’avait pas été officiellement terminée par un traité de paix. Mais personne n’était dupe : c’était toute l’Europe de l’ouest qui était attaquée. Alors que les troupes françaises se battaient déjà pour couper à l’envahisseur la route de Berlin, Georges Mandel fut l’un des premiers à déclarer la guerre à l’Union soviétique, appelant la France à lancer toutes ses forces dans la bataille. Puisqu’on ne pouvait empêcher cette guerre, il fallait y jouer le plus grand rôle possible afin de préserver l’influence française sur l’Europe centrale et orientale, nécessaire pour contenir à l’avenir l’influence de l’Allemagne. Comme en 1939, l’opinion se résignait à l’inévitable.

Londres déclara la guerre en même temps que Paris, immédiatement suivie de Rome. Les troupes italiennes stationnées dans les Balkans devaient être les premières à venir renforcer les héroïques défenseurs de Bucarest, submergés sous le nombre. A Budapest, on aurait dû naturellement se réjouir de la déconfiture de l’ennemi roumain, mais Miklos Horthy n’ignorait pas qu’il ne pouvait maintenir son pays en dehors de la guerre européenne, et déclara à son tour la guerre à Moscou, déclarant « nous libérerons le monde des communistes comme nous l’avons fait pour notre propre patrie ! ».

La violence des offensives soviétiques en Allemagne et en Roumanie devait presque faire oublier l’épicentre des tensions : soumise au bombardement d’artillerie le plus puissant de l’histoire, Königsberg fut pulvérisée et entièrement conquise en deux jours. L’héroïque résistance de ses habitants ne pouvait cette fois rien changer à la catastrophe. Une partie de ceux qui réussirent à fuir par la mer fut encore victime des sous-marines soviétiques déployés dans la Baltique. La ville détruite fut rebaptisée Molotovgrad, et était destinée à devenir l’avant-poste soviétique sur la Baltique.

Dans le Brandebourg, les troupes alliées récemment arrivées durent combattre aux côtés de leurs anciens ennemis de la Wehrmacht, dont les restes avaient tous été dirigés vers le front oriental. N’ayant pas le temps de renégocier la taille de son armée, le général Beck eut recours, comme en 1919, à la création de corps francs. Le premier à être créé fut symboliquement nommé « Corps franc de Lützow », du nom de l’unité levée pendant les guerres napoléoniennes et qui avait donné à l’Allemagne républicaine son drapeau.
A Varsovie, la population s’était soulevée contre le « libérateur » soviétique dès les premiers jours du conflit. Cette possibilité avait été prévue et étudiée par l’Armée rouge, mais l’ampleur de l’insurrection et l’efficacité de son organisation avaient surpris. La répression n’en avait été que plus impitoyable…

Loin au sud-est, Rezâ Shâh voyait dans le nouveau conflit l’occasion d’en finir avec la menace communiste et de couvrir de gloire son régime. Répétant que « l’Iran ne serait jamais l’Iranestan », il lança son armée à la conquête de l’Azerbaïdjan soviétique. Mais la campagne tourna rapidement court : peu motivées, les troupes iraniennes combattirent mollement avant de se débander sous l’effet d’une violente contre-offensive soviétique. Rasht puis Tabriz tombèrent aux mains des rouges et de leurs soutiens locaux, autonomistes comme communistes ; seul le manque de moyens logistiques empêcha l’armée rouge d’avancer plus loin. Hurlant contre ses généraux incapables, Rezâ Ier dut se contenter d’attendre l’arrivée de renforts anglo-indiens.

En Extrême-Orient, le conflit était aussi une « occasions rêvée » de sortir de son isolement international pour Tokyo. L’armée du Kwantung relançait l’offensive au nord en direction de la Mongolie et de la Sibérie. Si elle ne brilla pas face à des soviétiques qui maitrisaient parfaitement le terrain, elle permit au moins de maintenir les troupes sibériennes à l’Est. Sur le front chinois, Tchang Kaï-Chek découvrait, effaré, qu’il était désormais dans le camp des communistes.
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Message par DemetriosPoliorcète Dim 11 Sep - 21:05

Dix jours après le début de l’offensive, Staline pouvait se féliciter auprès de son conseil de guerre des succès des armées soviétiques dans leur offensive sur l’ouest. Indéniablement bien conçu et bien exécuté par des officiers d’état-major de talent, le plan avait atteint la plupart de ses objectifs. Certes, Bucarest résistait plus que prévu, mais ce n’était qu’au prix de très lourdes pertes dans l’armée roumaine, épaulée par les quelques troupes alliées du général De Gaulle. L’arrivée massive des troupes françaises, anglaises et italiennes sur le front allait stopper un temps l’avancée, mais la mobilisation des gigantesques ressources humaines de l’URSS allait permettre de stabiliser le front. Il n’avait jamais été question, bien entendu, d’aller jusqu’à Paris et à Londres, mais, en comptant sur les divisions des alliés et sur la faiblesse intrinsèque des démocraties occidentales, la lassitude de leurs opinions publiques, on pourrait obtenir une paix avec des concessions raisonnable : le retour approximatif aux frontières tsaristes, moins la Pologne et la Finlande, le contrôle indirectes sur celles-ci, l’annexion de la Prusse orientale et la neutralisation d’une partie de l’Allemagne. Les attaques déraisonnées de Rezâ Shâh et des militaires de Tokyo laissaient également espérer des gains du côté de l’Azerbaïdjan et de la Mandchourie.

Evidemment, on n’osa rien lui rapporter des innombrables difficultés qui venaient noircir se tableau. Sur le terrain, l’efficacité générale de l’attaque marquait un certain nombre de problèmes logistiques et, surtout, de pertes inutiles en hommes et en matériel causées par l’inexpérience et l’incompétence de nombreux officiers, promus suite aux grandes purges, ainsi que les conflits incessants entre militaires et commissaires politiques. Mais surtout, c’était l’arrière qui causait le plus de problèmes. Parmi les nationalités minoritaires comme parmi les Russes, les cas de résistance à la conscription se comptaient par centaines, sinon par milliers. Les habitants de l’URSS auraient sans doute accepté, même sous le commandement des communistes, de se battre pour protéger leur pays d’un envahisseur étranger, mais peu de monde souhaitait aller mourir pour propager l’idéologie communiste et le pouvoir de Staline hors des frontières de l’URSS. L’épidémie de désertions, d’automutilations voire de suicides était trop importante et trop diffuse pour être combattue efficacement par les organes, tandis que l’attention se porta sur quelques cas spectaculaires. Dans la région d’Iekaterinbourg, une foule de conscrits parvint à maitriser les commissaires politiques, à piller tous les vivres et toutes les armes à proximité avant de s’enfoncer dans la forêt. En Asie centrale, le phénomène prit des proportions plus grandes encore et les foyers de résistance basmatchie se rallumèrent presque spontanément.

Outre le refus de la conscription, on observa une montée de l’insubordination dans les usines et les kolkhozes, où l’on savait pertinemment que la guerre allait justifier de nouvelles privations et des cadences infernales. C’était une société entière qui semblait chercher à freiner la marche en avant du régime stalinien. Une société que l’on avait cru à tort réduite à l’impuissance par des années de terreur.
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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 11 Sep - 21:11

Au delà du parallèle avec le conflit ukrainien actuel, cela me fait penser à un article du Figaro consécutif au pacte germano-soviétique qui motivait cet accord par la crainte de Staline de devoir armer la population soviétique. Il est sûr que sorti du contexte de la Grande guerre patriotique et de la folie génocidaire nazie liée, les Soviétiques auraient été peu motivés à soutenir leur bourreau, du moins pour une bonne partie d'entre eux.
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Message par Thomas Dim 11 Sep - 21:36

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Message par DemetriosPoliorcète Lun 12 Sep - 8:05

En Allemagne, il avait été particulièrement difficile d’organiser une défense entre ennemis de la veille, et les Soviétiques avaient rapidement gagné du terrain à partir des territoires déjà occupés en Haute-Silésie et en Poméranie. Les troupes alliées et allemandes avaient pourtant résisté avec énergie, et on pouvait noter certains couprs d’éclat comme la contre-offensive des blindés du général Philippe de Hautecloque, qui avait retardé de plusieurs jours l’avance des T-34 de l’armée rouge.

L’arrivée des renforts français et britanniques avait pu mettre un termes à l’avancée ennemie après une dizaine de jours de combats ; mis les plans soviétiques ne prévoyaient de toute façon pas de prendre directement Berlin. Les commandants de l’Armée rouge savaient qu’il faudrait subir une violente contre-offensive ne fois l’effet de surprise passé, et prévoyaient que la mobilisation de l’arrière permettrait ensuite de se rétablir et de faire reculer à nouveau les alliés.

A Berlin, la mobilisation des volontaires prenait la forme d’un chaos indescriptible. Les premiers corps francs, celui de Lützow, le « Reichsbanner Schwarz-Rot-Gold » et le « Général Blücher » avaient été officiellement créés avec l’aval du gouvernement, qui les avait laissé s’équiper avec les armements à disposition, mais d’autres unités s’auto-organisaient totalement, à partir de volontaires civils, d’anciens soldats de la Wehrmacht démobilisés et de prisonniers tout juste libérés par les alliés, équipés d’un armement composite à la fois allemand et allié. Dans ce contexte de défense nationale, il n’était plus question de dénazification, et plusieurs corps-francs allaient se retrouver noyautés et dirigés par d’anciens membres du parti et de la SS. Ils feraient tristement parler d’eux…

Les cellules dormantes du KPD, qui étaient réapparues au grand jour après la chute d’Hitler, étaient retournées à la clandestinité, mais les actions qu’elles menèrent contre la mobilisation restèrent anecdotiques. De même en France, où la CGT coupa officiellement tous ses liens avec le parti communiste et déclara son soutien aux travailleurs polonais et roumains. Improbables gagnants de cette série d’événements, les partis trotskystes grandissaient, et étoffaient les écrits du maître sur la critique de l’URSS. Pour plusieurs théoriciens, l’ « Etat ouvrier dégénéré » soviétique avait atteint un nouveau stade bonapartiste, voire fasciste, et renoncé définitivement à la révolution mondiale en lançant une guerre impérialiste qu’il était condamné à perdre.

Après deux semaines de combats, Berlin et Bucarest, où s’est positionnée l’élite de l’armée italienne, sont hors de danger, mais les troupes soviétiques ont pu s’emparer de Ploiesti, et porter la guerre sur les territoires Hongrois et Tchécoslovaque.

Alors que l’année 1942 commence, personne n’a le cœur à la fête…
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 12 Sep - 8:37

LFC/Emile Ollivier a écrit:Au delà du parallèle avec le conflit ukrainien actuel, cela me fait penser à un article du Figaro consécutif au pacte germano-soviétique qui motivait cet accord par la crainte de Staline de devoir armer la population soviétique. Il est sûr que sorti du contexte de la Grande guerre patriotique et de la folie génocidaire nazie liée, les Soviétiques auraient été peu motivés à soutenir leur bourreau, du moins pour une bonne  partie d'entre eux.

Oui, les nazis auraient eu deux cartes maitresses à jouer avec les nationalités et la terre aux paysans. Ce que leur dogmatisme raciste leur a empêché de faire.
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 12 Sep - 10:31

Janvier 1942. Alors que le front s’est plus ou moins stabilisé et que l’Armée rouge se retrouve sur la défensive, ses faiblesses intrinsèques commencent à apparaître au grand jour. Si les troupes soviétiques les plus aguerries résistent avec panache, les centaines de milliers de conscrits qui arrivent sur le front découvrent avec horreur la façon dont on compte les employer : des vagues d’assaut frontal successives, où les premiers partis n’ont pratiquement aucune chance de survie. Ceux qui avaient encore des illusions les perdent rapidement, et même la peur du goulag ne suffit plus à retenir les envies de désertion. Pour des milliers de soldats de l’Union, l’essentiel est maintenant de trouver le bon moment pour hisser un drapeau blanc et courir vers les lignes ennemies.

Des deux côtés, les combattants ne se doutent pas que plus à l’ouest, les puissances occidentales se livrent une autre bataille, diplomatique cette fois… Churchill s’est en effet laissé convaincre que la mobilisation de toutes les ressources disponibles en Allemagne est nécessaire à la victoire ; il est bien entendu soutenu dans cette option par les dictatures d’Europe du sud. A Paris, cette option ne peut être discutée, une victoire contre le communisme ne justifie en aucun cas le réarmement du vieil ennemi, et l’absence de punition pour les crimes du régime nazi. Mandel est soutenu dans l’affaire par les gouvernements polonais et tchèque (malgré l’amertume de ces derniers quant à l’inaction de la France en 1938…). Un accord provisoire est finalement trouvé, légalisant la levée des corps francs et permettant à l’industrie allemande de redémarrer, sous contrôle d’un conseil interallié déterminant les besoins et passant les commandes. Pour limiter le réarmement, une partie des troupes allemandes seront équipées de matériel français et britannique, ce qui donnera lieu à des assemblages improbables dans certains corps francs.

L’état d’esprit reste néanmoins à la réconciliation avec les régimes autoritaires de droite. Franco a envoyé sur le front est trois divisions, Salazar une, même le régime grec de Metaxas a voulu que des combattants héllènes soient présents pour lutter contre les communistes. En Italie, Mussolini a enfin réalisé son souhait de lancer son pays dans une grande guerre où éprouver sa valeur, et celle-ci a l’avantage d’être bien plus populaire qu’un conflit aux côtés de l’Allemagne nazie… Dans le même temps, le Duce a fait supprimer toutes les législations et les discours antisémites et racistes depuis 1938, et cherche à en effacer les traces comme s’ils n’avaient jamais existés… Seule la Bulgarie affirme franchement sa neutralité, consciente de la russophilie de sa population. Parmi les démocraties, l’Irlande d’Eamon de Valera refuse également de prendre part aux combats.

A Washington, Roosevelt est contraint, sous la pression du Congrès, de lever l’essentiel des sanctions touchant le Japon. De milliers d’Américains cherchent à rejoindre le camp anti-communiste comme volontaires. Parmi eux, de nombreux membres de la Silver Legion et d’autres groupes d’extrêmes-droite.
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 12 Sep - 19:42

A la fin février, les colonnes de blindés alliés parviennent à percer en plusieurs points du dispositif soviétique. Ce succès est couteux, mais les conséquences en sont inespérées : en quelques jours, le front s’effondre littéralement. Chaque officier soviétique étant terrifié à l’idée d’être le premier à reculer, organiser une retraite ordonnée est impossible, et la défaite se transforme en déroute totale, laissant éclater au grand jour l’incompétence de larges pans de l’armée soviétique. Les prisonniers se comptent bientôt par dizaines de milliers.

Staline, à qui on ne peut plus cacher la vérité, entre dans une colère noire mais doit accepter le principe d’un repli sur la Vistule. Mais il est déjà trop tard pour cet objectif et, avec un soutien actif de la résistance polonaise, le fleuve est atteint et franchi. « Nous vivons le pire désastre de notre histoire militaire » note le capitaine Soljénitsyne, qui racontera plus tard la campagne dans son ouvrage La déroute, « seule l’invasion mongole m’apparaît comme un échec plus criant des armées russes. Tous les soldats aguerris sont morts ou prisonniers… On ne compte plus les commissaires et les liserés bleus abattus par la troupe dans la cohue ; des rumeurs parlent de certains qui auraient été directement exécutés par des officiers désireux de se venger des pressions et des vexations ».

Le refus de Staline d’abandonner complètement la Pologne conduit 200 000 soldats soviétiques à être encerclés et capturés dans les restes de Varsovie. Nombre d’entre eux seront retournés et rejoindront les forces anticommunistes.

Un homme sent son heure s’approcher : Stepan Bandera, le chef militaire de l’OUN, l’organisation clandestine ukrainienne, qui avait déjà proposé les services d’une petite armée de 600 hommes au Reich après l’invasion de la Pologne, et qui se met désormais au service des alliés, avec le soutien particulier de Mussolini, qui se propose immédiatement d’équiper et de financer ce qui devient l’Armée Nationale Ukrainienne. Rapidement, les prisonniers ukrainiens ralliés font monter les effectifs à plusieurs milliers de soldats, auxquels s’ajoutent des bataillons russes, baltes ou cosaques.

Fin mars, les armées alliées s’emparent de Lviv, où Bandera proclame la naissance de l’Etat indépendant d’Ukraine. Si les alliés ne reconnaissent pas officiellement sa souveraineté, ils laissent ses troupes prendre le contrôle de la région et y recruter de nouveaux soldats. Devant les vives protestations du gouvernement polonais réinstallé à Varsovie, France et Angleterre promettent de compenser une éventuelle perte de la Galicie par des gains en Prusse orientale.

Devant le désastre total, Staline ordonne une nouvelle purge de son armée pour y traquer les traitres et les lâches, alors même que les officiers restants sont ceux qui n’ont pas cherché à se rendre… Vassilievski et Joukov sont limogés et remplacés par Semion Boudienny, pourtant profondément incompétent pour une guerre moderne. Une partie des troupes de Sibérie sont déplacées sur le front ouest, permettant aux Japonais d’enfin avancer.
Dans le Caucase, les troupes du Raj britannique et l’armée iranienne parviennent à libérer le Gilan et le Mazâderan, avant de reprendre Tabriz, où une répression impitoyable s’abat sur les communistes et les autonomistes azéris de la part des services iraniens.
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Message par Thomas Lun 12 Sep - 20:01

L'occident qui s'appuie encore plus sur les fascistes. Staline qui devient encore plus dingue. Les curseurs sont poussés à fond, mais c'est franchement plaisant à lire.

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Message par Rayan du Griffoul Lun 12 Sep - 20:26

C'est bizarre j'ai déjà lu ça quelque part ^^

En tout cas j'aime bien, en plus ça colle à l'actu
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 12 Sep - 21:00

Staline plus taré qu'OTL, ça reste à voir, la suspicion maladive des organes du régime n'a pas épargné les soldats soviétiques même les plus héroïque...

Mais oui, j'ai voulu faire un uchronie qui parte un peu plus loin que d'habitude, avec un monde d'après-guerre complètement changé. Il y a sans doute de l'influence de "The Footprint of Mussolini", mais qu'on se le dise, je ne vais pas accabler ce malheureux Wallace.

Merci pour les commentaires en tout cas!
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Message par Flosgon78 Lun 12 Sep - 22:22

excellent !!!!
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Message par DemetriosPoliorcète Mar 13 Sep - 17:07

Alors que Staline cherche à purger son armée tout en organisant la défense du territoire soviétique, des contacts sont pris avec les principaux responsables alliés pour trouver une solution pacifique au conflit. Peine perdue : la volonté de conserver la frontière à la ligne Curzon et à minima une présence militaire dans les pays Baltes est inacceptable pour les occidentaux ; de nombreux dirigeants politiques et économiques en Europe de l’ouest souhaitent de toute façon abattre l’URSS pour se débarrasser de la menace communiste tout en mettant la main sur ses richesses.

Alors que le front connaît une accalmie après la débâcle soviétique, les alliés préparent une invasion du territoire de l’URSS pour le mois de mai. Au centre, le groupe d’armée commandé par le général Weygand doit avancer sur Minsk, Smolensk et Moscou pour fixer autant de forces ennemies que possible, pendant que les attaques décisives seront menées en direction du nord (par des troupes principalement britanniques épaulées par les corps francs allemands) et du sud, vers Kiev depuis la Galicie et la Crimée depuis la Roumanie.

Lancée le 14 mai, l’opération Samarcand trouve en face d’elle une force Armée rouge qui a réorganisé sa défense mais n’est pas montée en puissance, pas plus qu’elle n’a réussi à relever le moral de la troupe, encore abaissé par les purges. Après de durs combats dans les premiers jours, le front est enfoncé par les armées alliées et, comme en Prusse et en Pologne, la débâcle est totale, et l’avancée s’accélère. Le 25, Minsk est prise, le 28 Leningrad, le 3 juin Kiev. Incapable de mettre en œuvre une défense cohérente, Boudienny est tuédans la débâcle, abattu alors qu’il mène un groupe de cavaliers ; pour une dernière charge d’honneur, selon certains, en cherchant à fuir à la fois l’ennemi et Staline, pour d’autres. Rappelé en urgence pour prendre le commandement de l’ensemble du front, Joukov ne peut rien faire d’autre que cesser les contre-attaques inutiles et essayer d’organiser un repli vers l’est. Moscou ne peut plus être sauvée à moyen terme, mais le déménagement réussi des industries vers l’Oural peut laisser espérer une poursuite de la guerre au-delà de la capitale, en attendant que l’hiver ne vienne à nouveau aider la Russie à se sortir d’un désastre militaire.

Mais la principale faiblesse de la machine de guerre soviétique reste l’absence d’adhésion de l population. Expérimentée par les Britanniques lors de la campagne d’hiver, l’apposition de la formule « terre aux paysans », en Russe, sur l’ensemble des véhicules blindés est désormais généralisé chez l’ensemble des Occidentaux. La « formule magique » est diffusée de toutes les façons possibles à travers la population soviétique, en même temps qu’une propagande qui appelle au renversement de la tyrannie stalinienne et à l’émancipation des nationalités. Propagande dont l’efficacité est constatée par les soldats qui sont le plus souvent bien accueillis par les populations.

En Ukraine, l’arrivée des envahisseurs va jusqu’à provoquer des scènes de liesse que raconte un lieutenant français : « partout les villageois venaient à notre rencontre avec des drapeaux blancs, en criant « vive Mandel, vive Churchill, vive Mussolini… », ils nous apportaient du miel du pin, et des bouteilles de vodka qu’on rangeait où on pouvait… Après des mois de combats dans la neige et la boue, c’était incroyable ces scènes… Cette joie, cet accueil, et partout des femmes magnifiques qui nous faisaient de grands sourires… On avait du mal à croire que c’était vrai ! ».

A Kiev, on sait pourtant que cela est bien réel et qu’une telle occasion de se représentera jamais. Réunissant des milliers de partisans, Bandera prononce son discours le plus célèbre : « compatriotes, ce n’est pas seulement 1920 que nous vengeons aujourd’hui, ce n’est pas seulement 1709 non plus, c’est 1240 et la destruction de cette cité. Aujourd’hui, les hordes mongolisées ont été vaincues et chassées, nous allons les poursuivre encore, libérer le Donbass et le Kouban, et faire le nécessaire pour qu’elles ne reviennent jamais plus. La souillure est effacée à jamais, et le peuple ukrainien se tient droit et fier devant l’histoire ! ». Ainsi, si les alliés ne se sont encore jamais concertés sur ce que devait devenir l’Etat ukrainien, les frontières voulues par le mouvement nationaliste sont clairement délimitées. La Crimée, conquise par les Italiens, reste un élément de discorde à venir : Mussolini y interdit toute action à ses alliés banderistes, car il envisage ni plus ni moins qu’y installer une colonie italienne, au nom de l’ancienne installation des Génois dans la région !

L’appel tardif de Staline à une mobilisation patriotique, invoquant l’histoire russe quitte à contrevenir à l’idéologie communiste, ne changent rien au sauve-qui peut général. Alors que Weygand s’approche de Moscou et que les alliés progressent dans la région du Don en direction des rives de la Vola et du Caucase, seules les pluies et la boue offrent un répit aux malheureux restes de l’Armée rouge.
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Message par DemetriosPoliorcète Mer 14 Sep - 9:01

Le 10 octobre, alors que le groupe d’armées centre lance son assaut décisif sur Moscou, les premiers combats annoncent un une prise de la ville longue et difficile. Mais, deux jours plus tard, Staline ordonne brusquement l’abandon de la capitale, afin de sauver ses dernières troupes fidèles. Kazan devient la nouvelle capitale de l’Union soviétique, et l’objectif est désormais de tenir jusqu’à ce que l’hiver saigne suffisamment l’envahisseur pour permettre un rééquilibrage du rapport de force. Mais Staline est le seul à y croire : dans les territoires libérés, des centaines de milliers de combattants peuvent être levés, ce qui comblera les pertes ennemis.

Dans le Caucase, alors que Rezâ Ier parade à Bakou et Erevan aux côtés de Lord Mountbatten, une partie des autorités communistes de Géorgie sent le vent tourner se rallient aux nationalistes pour proclamer une république géorgienne indépendante, dont le gouvernement se réclame de l’héritage menchévik.

Loin à l’est, les Japonais achèvent d’occuper l’Extrême-Orient russe et la Mongolie, où le pouvoir du Tulku et des princes gengiskhanides est officiellement rétabli.

L’Union Soviétique est condamnée à une mort à brève échéance, mais un événement inattendu va encore accélérer sa destruction. Le 2 novembre, alors qu’un Staline durement affaibli s’autorise à assister à un concert classique à Kazan, une violoniste sort un revolver et abat de six balles dans le corps le tyran rouge. Dans les heures qui suivent, tous ses principaux collaborateurs se dispersent, laissant l’URSS sans aucun leadership politique. Incapable de savoir de qui il doit prendre ses ordres, Joukov choisit d’entrer en contact avec l’ennemi et signe la fin des combats le 5 novembre. En fouillant les archives, on découvrira certains plans envisagés par les services soviétiques, dont le délirant « Plan Samory », du nom du chef de guerre ouest-africain qui avait déplacé l’ensemble de son peuple : il s’agissait ni plus ni moins que de déplacer des millions de citoyens soviétiques et l’ensemble des forces armées vers le Turkestan oriental afin d’y rejoindre les communistes chinois…

L’Europe entière apprend avec soulagement la fin du cycle de guerres commencé en 1939. Quelques semaines plus tôt, une nouvelle s’était néanmoins répandue, gâchant le sentiment de triomphe : en Biélorussie, sur les arrières du front, le corps franc allemand Florian Geyer est dénoncé pour une série de crimes visant prisonniers et populations civiles. Formé dans les premières semaines de la guerre par ce qui s’avèrera plus tard des réseaux d’anciens membres de la SS et de la SA, le corps franc avait dès le début de son engagement entamé l’élimination des commissaires politiques et des prisonniers de confession juive qui lui tombaient sous la main. Puis, après l’invasion du territoire soviétique, il s‘était rendu coupable de meurtres antisémites dans les régions libérées, d’abord de façon spontanée puis en organisant de véritables rafles, village par village, et en incitant la population biélorusse à faire de même. Directement et indirectement, les membres du Freikorps auront causé la mort de 600 à 800 civils juifs, enfants et vieillards compris. Largement médiatisé par les Français, qui y voient une façon d’affaiblir la positon de l’Allemagne, l’événement entre en résonnance avec la proclamation par un autre corps franc d’un « Etat libre du Baltikum », à prédominance allemande, après la prise de Riga. Cette proclamation ne connaît bien sûr aucune suite, mais contribue à développer à nouveau le sentiment anti-allemand, accréditant l’idée de vastes réseaux nazis et militaristes restés puissants.

Les crimes commis par les volontaires allemands masquent en réalité une multitude de pogroms organisés dans les territoires de l’ancienne URSS, aussi bien spontanément que sur ordre de responsables nationalistes, en Ukraine notamment. Plusieurs dizaines de milliers de morts seront à déplorer.
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Message par Amon luxinferis Mer 14 Sep - 12:24

et ben dis donc je me demande ce que vous avez prévue pour la suite

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Message par DemetriosPoliorcète Mer 14 Sep - 15:36

Amon luxinferis a écrit:et ben dis donc je me demande ce que vous avez prévue pour la suite

Je mentirais si je disais que j'en avais une idée tout à fait claire^^
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Message par LFC/Emile Ollivier Mer 14 Sep - 16:28

Souvent, ce à quoi on pense à l'origine ne ressemble pas vraiment à ce qui arrive finalement une fois le point de divergence largement dépassé. C'est ce que j'ai constaté avec LFC. Et c'est sans doute la grosse différence entre l'uchronie et la fiction.
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Message par DemetriosPoliorcète Mer 14 Sep - 21:25

Les mois qui suivent la défaite soviétique voient une période de chaos commencer sur l’ensemble de son territoire. Si l’Union a cessé d’exister dans les faits, les différentes républiques en font toujours théoriquement partie, en Russie comme en Asie centrale.

Si les alliés se sont mis d’accord sur le principe de l’intégrité territoriale de la RSFR d’avant 1939, ni le gouvernement ukrainien, qui envahit le Kouban et commence à y traquer les populations russes, ni Tokyo, qui reprend son vieux projet d’Etat client en Sibérie orientale.

En Asie centrale, les Républiques proclament une à une leur indépendance, mais dans aucune d’entre elles n’émerge un pouvoir réellement reconnu. A Boukhara, des rebelles chassent les anciens fonctionnaires de la RSS d’Ouzbékistan et proclament une République indépendante. Le Karakalpakstan et le Pamir scissionnent respectivement de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan. Au Kazakhstan, des troupes fidèles au gouvernement provisoire de Moscou tiennent le nord du pays.

A Moscou, le général soviétique passé à l’ennemi Andreï Vlassov, qui possède la seule force armée capable de maintenir l’ordre, s’est proclamé chef du gouvernement provisoire, avant de se donner le titre pompeux de « protecteur de l’Etat russe ». Mais il ne peut empêcher la ville de Petrograd (qui a logiquement abandonné le nom de Leningrad) d’accueillir des centaines d’anciens dissidents politiques, revenus d’exil à l’étranger ou de déportation dans les goulags, qui commencent à débattre de l’avenir du pays sous la protection des Britanniques. On voit ainsi réapparaître Alexandre Kerensky et le général Dénikine, aussi bien que plusieurs figures socialistes-révolutionnaires.

La résolution de ce chaos devra pourtant attendre : les alliés se mettent d’accord pour régler la question de la paix en deux conférences distinctes, l’une portant sur les suites de la guerre contre l’Allemagne nazie, l’autre sur le sort de l’ex-URSS.

En février 1943 s’ouvre ainsi à Linz, en Autriche, la conférence de la paix réunissant les belligérants de la guerre de 1939-1941. Malgré les efforts des diplomates allemands, qui font valoir l’engagement de leur pays dans la lutte contre les soviétiques, Berlin doit accepter l’annexion déjà effectuée de fait par la France de Sarrelouis et Landau, ainsi que la cession à la Pologne des territoires contestés de Silésie et de vastes pans de la Prusse orientale, où les populations chassées par les soviétiques ne pourront plus venir se réinstaller, sauf à accepter de prendre la nationalité polonaise. Les réparations de Versailles sont revues à la baisse et rééchelonnées mais pas supprimées.

L’annonce de ce nouveau Diktat provoque une profonde colère en Allemagne. Au cours des mois suivants, des milliers de manifestants défilèrent régulièrement derrière les vétérans des corps francs, chantant le refrain du tout nouvellement composé Becklied : « Ludwig ! Ludwig ! Quitte à vendre notre sang, il fallait le vendre plus cher ! ». Les couplets demandaient ensuite si la vie d’un Allemand ordinaire valait moins que celle d’un notable prussien…

Aux mécontents s’ajoutaient les milliers de Südetendeutschen, expulsés par le gouvernement tchécoslovaque, qui, dans le même temps, avait entériné l’annexion de certains de ses anciens territoires par la Hongrie suite à l’invasion de 1938…

Aux élections du nouveau Reichstag, le DNVP des conservateurs subit un désastre sans précédent. Les deux partis de Weimar, le SPD et le Zentrum, arrivaient en tête, suivi d'un peu plus loin par les libéraux du DVP. Le parti des élites traditionnelles fut même dépassé par les listes des "nationalistes indépendants", regroupement hétéroclites de diverses tendances de la droite allemandes, dont de nombreux anciens cadres du régime nazi.

L'ambiance était lourde dans la nouvelle Allemagne, et on vit réapparaître les agitateurs de droite comme de gauche. De retour en Allemagne, Stefan Zweig écrira que s'il devait être terrible de ne rien reconnaître de son pays, il était plus terrible encore de s'apercevoir que rien ne semblait avoir vraiment changé...


Dernière édition par DemetriosPoliorcète le Jeu 15 Sep - 12:07, édité 1 fois
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Message par Amon luxinferis Jeu 15 Sep - 6:57

DemetriosPoliorcète a écrit:

En février 1933 s’ouvre ainsi à Linz, en Autriche, la conférence de la paix réunissant les belligérants de la guerre de 1939-1941. Malgré les efforts des diplomates allemands, qui font valoir l’engagement de leur pays dans la lutte contre les soviétiques, Berlin doit accepter l’annexion déjà effectuée de fait par la France de Sarrelouis et Landau, ainsi que la cession à la Pologne des territoires contestés de Silésie et de vastes pans de la Prusse orientale, où les populations chassées par les soviétiques ne pourront plus venir se réinstaller, sauf à accepter de prendre la nationalité polonaise. Les réparations de Versailles sont revues à la baisse et rééchelonnées mais pas supprimées.

Tu voulais dire 1943

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Message par Préhistorique Jeu 15 Sep - 10:08

Absolument pas cette histoire se situe dans la ligne temporelle d'Alerte Rouge et Einstein a inventé la machine a voyager dans le temps. Laughing
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Message par DemetriosPoliorcète Jeu 15 Sep - 12:07

Amon luxinferis a écrit:
DemetriosPoliorcète a écrit:

En février 1933 s’ouvre ainsi à Linz, en Autriche, la conférence de la paix réunissant les belligérants de la guerre de 1939-1941. Malgré les efforts des diplomates allemands, qui font valoir l’engagement de leur pays dans la lutte contre les soviétiques, Berlin doit accepter l’annexion déjà effectuée de fait par la France de Sarrelouis et Landau, ainsi que la cession à la Pologne des territoires contestés de Silésie et de vastes pans de la Prusse orientale, où les populations chassées par les soviétiques ne pourront plus venir se réinstaller, sauf à accepter de prendre la nationalité polonaise. Les réparations de Versailles sont revues à la baisse et rééchelonnées mais pas supprimées.

Tu voulais dire 1943

En effet, c'est corrigé Wink
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Message par DemetriosPoliorcète Ven 16 Sep - 14:47

Le nouveau gouvernement de coalition entre sociaux-démocrates et catholiques centristes qui prenait la suite des conservateurs à la tête de l’Allemagne avait la lourde tâche de gérer un pays marqué par des clivages politiques toujours vivaces et travaillé par des forces centrifuges, avec le retour de l’autonomisme bavarois et des mouvements en faveur d’une Rhénanie séparée de la Prusse, qui obtinrent d’ailleurs gain de cause en formant leur propre Land. Une première épreuve s’imposait : juger Adolf Hitler et les principaux dirigeants nazis, dans le procès le plus suivi de toute l’histoire allemande.

Une large majorité des Allemands éprouvait du mépris pour les dirigeants nazis, mais les raisons de cette attitude différaient : si les uns leurs reprochaient leurs crimes et l’usurpation du pouvoir, les autres leurs reprochaient simplement d’avoir lancé la guerre trop tôt et de l’avoir perdue…
Au cours de ses audiences, Adolf Hitler se montra tantôt éloquent, tantôt sous son jour le plus ridicule, se lançant dans de longs monologues s’écartant de la question et ramenant tout au pouvoir occulte des juifs et à la trahison des aristocrates, prophétisant en outre une inévitable renaissance du national-socialisme.
Plus direct encore que lui, Heinrich Himmler déclara son soutien personnel aux agissements du corps franc Florian Geyer, regrettant simplement qu’ils soient restés isolés. Ses dernières paroles prononcées avant le jugement final achevèrent de le décrédibiliser : « quel que soit le choix de ce tribunal, il n’a pas beaucoup d’importance à mes yeux. J’ai la certitude que le véritable combat que j’aurai à mener se fera dans ma prochaine vie, et non dans celle-ci ». Aucun des deux dirigeants n’échappa à la corde, tant ils avaient assumés jusqu’au bout leurs positions. Avec eux furent exécutés d’autres personnages de moindre envergure, pour leur implication directe dans des crimes politiques et dans l’action T4, qui restait la mesure qui avait le plus choqué l’opinion.

Mais la mansuétude pour les autres grands dignitaires nazis fut un motif d’étonnement. Mettant en avant son opposition à la guerre et ses efforts pour l’éviter, tant avant Munich qu’à la veille de l’invasion de la Pologne, il se présente comme l’élément le plus modéré du régime, et va jusqu’à déclarer qu’en appuyant la chute d’Ernst Röhm en 1934 il a sauvé l’Allemagne d’un sort plus funeste encore. Il s’en tire avec une peine de prison, pour corruption notamment.

Rudolf Hess, troisième homme du régime, échappe également à l’exécution. Le jour du verdict, un groupe armé nommé « Werwolf révolutionnaire » fait parler de lui en assassinant un officier français à Cologne. Le Werwolf créé lors de l’invasion du territoire par les armées alliées avait déclaré déposer les armes dès la reprise des combats contre l’URSS et appelé à l’unité nationale ; ce nouveau groupuscule, se réclamant de l’aile gauche du nazisme, déclare quant à lui ne faire aucune différence entre les adversaires communistes, alliés, bourgeois et aristocrates. Après ses premiers faits d’armes contre les troupes étrangères, il se concentre sur les politiciens et les symboles du nouveau régime républicain.

A l’autre extrémité du spectre politique, c’est en Allemagne, à Hambourg, que se réunit la Ive internationale pour un congrès exceptionnel, visant à organiser le mouvement ouvrier après la mort de Trotski et la fin presque simultanée de la déviation stalinienne. L’internationale fixe le principe d’un représentant par pays et l’abandon de la stratégie d’entrisme, jugée inefficace dans un nouveau contexte où les formations staliniennes concurrentes sont en pertes de vitesse.

Pau de temps après, la IIIe internationale se réunit en Suisse. Les représentants des partis communistes présents, devenus clandestins pour une partie d’entre eux, discutent les leçons à tirer de l’effondrement de l’URSS. Les critiques francs du régime stalinien ayant été depuis longtemps expulsés de l’organisation, le débat oppose ceux qui, sans rejeter l’expérience soviétique, pensent qu’une critique est nécessaire pour expliquer son échec final et ceux qui restent sur la position d’un succès de la politique de Staline, les pays impérialistes s’étant vus dans l’obligation de se coaliser pour éradiquer ce modèle. Les partisans de la deuxième option l’emportent, ce qui justifiera le qualificatif d’ « Internationale stalinienne » qui sera à partir de là appliqué à l’organisation.
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Message par LFC/Emile Ollivier Ven 16 Sep - 15:47

Demetrios,

Le dirigeant qui évite à l'Allemagne un sort plus funeste encore avec la nuit des longs couteaux, c'est Goering 🧐 ?
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