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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

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Yodarc
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 6 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Flosgon78 Mar 2 Aoû - 0:16

merci pour ta réponse passionnante !
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 6 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Yodarc Sam 6 Aoû - 15:51

Bonjour à tous !
Cette nouvelle partie présente la situation des Habsbourg durant le début des années 1530. Des similitudes et d'importantes divergences avec le contexte historique, notamment concernant les tensions confessionnelles avec notamment des événements similaires à ceux historiques mais avec une perspective quelque peu différente et distincte.
Puisse cette partie vous plaire à la lecture.
Bonne lecture à tous !  Cool

1532-1535 : Les défis des Habsbourg
Durant les années 1532-1535, la situation se dégrade dans les terres impériales alors que la Ligue de Marbourg se retrouve en confrontation avec la Ligue de Souabe et Charles Quint.

En 1532, les tensions tendent à se renforcer au sein du Saint-Empire. Le refus de Ferdinand de Habsbourg et de Charles Quint à autoriser la liberté de culte amènent les membres de la Ligue de Marbourg à chercher à se renforcer. Ils sont cependant restreints par Martin Luther qui défend une position purement défensive pour la Ligue. Des tentatives de conciliation se font encore durant cette période, mais la détermination des princes luthériens à défendre leurs droits et la fermeté des Habsbourg face à eux font échouer ces tentatives.
Charles Quint s’efforce à ramener les représentants réformés au concile de Mantoue pour tenter de résoudre le conflit grandissant entre les différentes factions au sein de l’Église. Mais le concile se montre intransigeant malgré les demandes de Pie IV et certains représentants, comme les évêques espagnols, ne sont pas enclins à accepter le retour des représentants luthériens et zwingliens. Cela amène l’empereur à tenter encore l’approche conciliante dans les années 1532-1534 pour chercher de ramener la stabilité dans le Saint-Empire romain et réaffirmer l’autorité de l’Église romaine. Cela aboutit à la seconde diète de Ratisbonne tenue en 1533. La diète s’achève sur un échec, aucun des deux partis étant disposé à faire des compromis, Charles Quint déterminé à rétablir l’autorité de l’Église Catholique tandis que les membres de la Ligue de Marbourg sont fermes sur leurs positions sur la liberté de culte et le respect de leurs droits. Ces tensions sont nourries par la prise de position des différents membres de la Ligue de Souabe face à la Ligue de Marbourg, de plus en plus vue comme une menace pour la stabilité des terres germaniques, même si la Ligue demeure indépendante vis-à-vis de Charles Quint.
L’année 1534 voit le Saint-Empire frappé par un incident particulier : des anabaptistes, conduit par Jean de Leyde fondent un « royaume de Sion » communautaire à Münster, y proclamant la communauté des biens et la polygynie (1). L’établissement de cette communauté provoquent une vive réaction des princes catholiques et réformés voisins qui assiègent la cité. Les principaux chefs des assiégeants sont l’évêque de Münster Franz von Waldeck, désireux de reprendre l’autorité de sa cité, et le landgrave Philippe de Hesse. Malgré le siège, les épidémies et la famine, la cité ne se rend qu’en juin 1535 et tous les anabaptistes saisis sont exécutés.
Durant cette période, Charles Quint et la Ligue de Marbourg entreprennent de se renforcer, désormais conscients que les tentatives de négociation ont échoué. La Ligue de Marbourg cherche des alliés dans les terres de l’Empire et à l’extérieur, ce qui les amènent notamment à soutenir Christian III du Danemark. Ils se rapprochent aussi des seigneurs de Bohême, la proximité entre les Hussites et la réforme luthérienne rendant possible des rapprochements. La Ligue cherche aussi à entretenir de bonnes relations avec des princes catholiques pour s’assurer de leur neutralité, tirant profit de l’opposition croissante à Charles Quint. Un sujet vient cependant diviser les membres de l’alliance : le duché du Wurtemberg. Son duc, Ulrich VI, avait été chassé de ses terres en 1519 par les membres de la Ligue Souabe et souhaite récupérer ses terres depuis. Bien que le duc se soit converti aux idées de Martin Luther, la Ligue est incertaine d’intervenir dans cette querelle, Martin Luther rappelant rigoureusement que le but de la Ligue est de défendre leurs droits face à l’empereur et au pape. Les membres de la Ligue tirent cependant profit des divisions croissantes au sein de la Ligue de Souabe du fait des querelles confessionnelles. Philippe de Hesse décide de soutenir Ulrich VI au nom des droits des princes à gouverner ses terres et dans l’espoir de s’adjoindre un nouvel allié face aux Habsbourg. Cela amène à une campagne militaire à l’été 1535 où le duc défait les quelques membres de la Ligue de Souabe (2) qui ont décidé de l’affronter. Le succès de Philippe de Hesse permet à Ulrich VI de revenir sur ses terres alors que la Ligue de Souabe est dissoute.
L’intervention de Philippe de Hesse dans le Wurtemberg contribue à la dégradation de la situation dans le Saint-Empire alors que Charles Quint et son frère dénoncent l’initiative du landgrave. Cette dénonciation est aggravée alors qu’Ulrich VI entreprend de mettre en place une synthèse des idées luthériennes et zwingliennes sur ses terres. L’empereur entreprend de s’appuyer sur des princes allemands opposés à la Ligue, mais aussi de se garantir de la neutralité d’autres et de pouvoir s’appuyer sur des princes protestants pour montrer que son combat n’est pas une question confessionnelle, mais de loyauté envers le souverain. Il cherche ainsi à s’appuyer sur Guillaume IV de Bavière et Georges de Saxe, qui se présentent comme de farouches adversaires de la réforme luthérienne.
En plus des troubles croissants dans le Saint-Empire, Charles Quint doit faire face à d’autres défis, le plus important étant le conflit danois. L’évolution du conflit amène Charles Quint à continuer de soutenir Christian II alors que d’autres acteurs viennent participer aux hostilités. L’implication de certains membres du Saint-Empire dans le conflit le pousse à soutenir son beau-frère pour affermir sa position de défenseur de l’Église catholique et avoir un allié précieux dans le nord de la Chrétienté.
En parallèle de ces troubles, le souverain Habsbourg entretient des relations compliquées avec ses voisins. Les relations avec Charles IX de France sont tendues à cause des expéditions dans le Nouveau Monde et du regain apparent d’intérêt de la couronne française pour l’Italie. Par l’intermédiaire de Francesco Sforza, il développe des relations avec le duché de Milan. Ses relations avec Henri VIII d’Angleterre sont compliquées à cause de l’annulation de mariage du souverain anglais avec sa tante. Il développe des relations avec Jacques V d’Écosse, cherchant à faire marier une de ses nièces, Christine ou Dorothée de Danemark, avec ce dernier pour le détacher du clan Tudor. L’empereur et Éléonore de Habsbourg continuent d’entretenir d’importantes relations avec Christian II alors que ce dernier est désormais en conflit avec son cousin Christian III de Danemark suite au décès de Frédéric I. Avec l’accord de Christian II, l’empereur et sa sœur Éléonore font marier sa fille Dorothée de Danemark au prince-électeur Frédéric II de Palatinat, ce dernier étant la figure la plus importante du Saint-Empire après l’empereur, à l’automne 1535. Les relations avec le Saint-Siège sont marquées par l’ambiguïté, Pie IV consolidant ses relations avec Charles IX tout en cherchant à conserver de bonnes relations avec l’empereur, notamment dans le contexte du concile de Mantoue.

Durant cette période, Ferdinand de Habsbourg consolide son autorité sur les Terres Héréditaires, continuant d’affermir l’organisation centralisée de ses domaines. Il soutient aussi son frère contre le développement de la Ligue de Marbourg, notamment lors de la seconde diète de Ratisbonne. L’archiduc est tout particulièrement opposé à la Ligue de Marbourg lors de la crise wurtembergeoise de 1535, le duché faisant partie des domaines qu’il gère depuis 1521. Dans ce contexte de tensions, l’archiduc renforce ses liens avec Louis II de Hongrie et tisse des relations avec Guillaume IV de Bavière et les princes allemands hostiles à la Ligue de Marbourg pour des raisons confessionnelles ou de stabilité.

Dans les Pays-Bas, Éléonore gère les domaines en suivant les demandes et instructions de son frère, notamment au regard l’importance accordée à ses conseillers et aux conseils d’État, privé et des finances. Elle poursuit la politique de sa tante Marguerite. Elle doit gérer les néerlandais tout en cherchant à faire prospérer ces domaines. Elle s’appuie sur le douaire reçu durant son mariage avec Manuel I du Portugal pour se faire mécène. Elle s’occupe aussi de l’éducation de sa fille Marie et de ses nièces, Christine et Dorothée alors que leur père Christian II est en conflit pour tenter de récupérer la couronne danoise. Elle prépare aussi sa fille à son potentiel mariage avec l’héritier des trônes de Norvège et de Danemark, le prince Jean. Marie rencontre ce dernier au printemps 1533 peu après le retour du prince d’un voyage en accompagnant l’empereur sur les terres d’empire. Éléonore tisse aussi des liens diplomatiques avec le royaume d’Angleterre avec lequel les Pays-Bas ont d’importants liens économiques, mais aussi avec le royaume de France afin de garantir la paix et la protection des terres néerlandaises. A partir de 1534, la région est aussi affectée de manière indirecte par la Guerre des Deux Rois. Dans le contexte des rivalités qui opposaient Charles Quint au duc Charles de Gueldre sur la possession du duché de Gueldre, le premier soutenant Enno II, comte de Frise orientale et allié de Christophe d'Oldenbourg alors que le second soutient Balthasar Oomkens von Essen, allié de Christian III du Danemark.

(1) La forme la plus connue de polygamie, à savoir un homme marié à plusieurs femmes.
(2) La Ligue de Souabe était une alliance militaire entre plusieurs princes allemands du sud du Saint Empire Romain, créée en 1488 avec le soutien de l'empereur Frédéric III. Cette alliance a joué un rôle important dans la réforme des institutions administratives du Saint-Empire romain germanique. Elle participa à différentes campagnes militaires, notamment face aux suisses en 1499 ou durant la Guerre des Paysans de 1525.


Dernière édition par Yodarc le Mer 4 Jan - 21:49, édité 1 fois
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Message par Flosgon78 Dim 7 Aoû - 8:52

ça sent la guerre dans l'empire !
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Message par Yodarc Dim 7 Aoû - 9:28

Flosgon78 a écrit:ça sent la guerre dans l'empire !

En effet. Il faut dire que faute de guerre majeure durant la période (sauf si on compte la guerre de la Sainte-Ligue) à la différence de la période OTL (où Charles Quint a été en guerre contre François I entre 1521 et 1525, puis entre 1527 et 1529 sans compter le conflit face à la papauté et ses alliés en 1526-1527, sans compter la menace ottomane plus forte après la défaite de Mohacs de 1526), Charles Quint a pu davantage se concentrer sur les affaires impériales, ce qui a contribué à renforcer les tensions entre les princes allemands "protestants" et lui sans que le moindre compromis ne soit trouvé entre eux (tensions qui existaient durant la période OTL, mais qui n'avaient jamais eu l'occasion d'éclater, seulement de se renforcer, dû aux menaces extérieures, ce qui amenaient notamment Ferdinand à faire des concessions aux princes allemands, notamment aux diètes de Spire de 1526 et de Ratisbonne en 1532).
L'invasion du duché du Wurtemberg est inspiré d'un événement OTL mais qui n'a guère eu d'incidence du fait des facteurs mentionnés précédemment (sans compter le fait que Charles Quint était alors parti en expédition contre Tunis qui avait été conquise par Khayr Ad-Dîn l'année précédente pour le compte de Soliman, ce qui signifie que l'empereur ne pouvait agir contre la Ligue de Smalkalde faute d'être présent pour réagir).
Rajoutons enfin le fait qu'à la différence de la période OTL, Ferdinand de Habsbourg n'a pas la même envergure malgré sa position de roi des romains (et donc d'héritier présomptif à la couronne impériale), n'ayant pas les couronnes de Hongrie et de Bohême (titres qu'il avait récupéré fin 1526 début 1527 après la mort de Louis II à la bataille de Mohacs), ce qui implique qu'il a encore moins de marge de manœuvre pour agir dans les tensions grandissantes entre son frère et les princes allemands protestants.
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Message par Flosgon78 Dim 7 Aoû - 13:45

Merci de ta réponse ! Hâte de voir la suite !
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Message par Yodarc Sam 13 Aoû - 8:34

Bonjour à tous !
Retour en Hongrie et en Europe de l'est pour cette nouvelle partie. Des récurrences pour certains de ces territoires, des nuances pour d'autres et des différences évidentes pour d'autres. Et surtout, un aperçu de la situation globale de cette partie de la Chrétienté alors que des changements interviennent ailleurs.
Puisse cette partie vous être plaisante et intéressante.
Bonne lecture ! sunny

1532-1535 : En Hongrie et Europe de l’est
Les années 1532-1535 voient le royaume de Hongrie et les territoires d’Europe de l’Est connaître quelques évolutions, certaines aux répercussions importantes.

Durant la période, le royaume de Hongrie connaît une stabilité toute relative après les troubles qui l’ont affecté entre 1528 et 1530. L’enthousiasme modéré autour de la naissance du prince Louis est retombée alors que les intrigues de cour se renforcent entre les soutiens de la couronne et les membres de la noblesse moyenne qui a su bénéficier des troubles des années précédentes pour se renforcer. Le royaume bénéficie d’un certain répit des menaces du sud, les Ottomans étant occupés à combattre les Séfévides de Perse. Cette stabilité demeure tendue alors que les fractures au sein du royaume persistent et sont renforcées par la gouvernance plus sévère de Louis II. Le souverain, marqué par la Diète Sanglante, ne veut plus laisser ses vassaux chercher à questionner son autorité. Il continue d’être conseillé et soutenu par Marie, dont les capacités politiques permettent de compenser et d’atténuer les effets négatifs de la gouvernance de Louis II. Durant ces années, la couronne hongroise s’efforce de renforcer ses défenses, consciente que les Ottomans risquent de revenir attaquer ses terres. En parallèle, Louis II entreprend de faire de son fils son héritier auprès de la diète. Malgré les tensions vivaces et les divisions persistantes, il parvient à renforcer sa position grâce aux lois mises en place au cours des années précédentes.
Le souverain est aussi confronté aux tensions croissantes dans ses terres de Bohême à cause de la réforme luthérienne et du développement de la Ligue de Marbourg. Si les habitants de Bohême sont principalement hussites depuis le siècle dernier (1), la proximité de certaines de leurs idées et positions avec celles de Luther amène à un rapprochement d’une partie d’entre eux avec la réforme luthérienne et la Ligue de Marbourg. Si Louis et Marie avaient initialement continué leur politique de compromis pour consolider leur position dans la Bohême, les tensions croissantes résultant de la rivalité entre Charles Quint et la Ligue de Marbourg les poussent à faire preuve de plus de fermeté, commençant à appliquer certaines des lois mises en place en Hongrie pour lutter contre les idées de Luther.
Pour faire face à ces défis et à la menace persistante de l’empire Ottoman, Louis II entreprend de renforcer ses liens avec son beau-frère Ferdinand, mais aussi avec d’autres puissances chrétiennes. Il n’a cependant droit qu’à un soutien officieux de la république de Venise, cette dernière s’efforçant de se remettre de son conflit avec les Turcs alors que le royaume de France fait des promesses sans trop s’y engager. Il a droit à un certain soutien de son oncle Sigismond I de Pologne, même si ce dernier est davantage focalisé sur la Grand-Principauté de Moscovie.
Durant cette période, Jean Zápolya entreprend de former le fils exilé de feu Radu V de Valachie. Le voïvode de Transylvanie entreprend de contrer l’expansion de l’influence ottomane dans la région mais doit aussi gérer les tensions et rivalités au sein du royaume de Hongrie. Bien que servant ses propres intérêts et soutenant aussi bien la noblesse que la couronne, il est confronté à l’autoritarisme croissant de Louis II qui contribue à nourrir les divisions et poussent certains membres de la noblesse et de l’aristocratie à se tourner vers lui. Le voïvode de Transylvanie cherche aussi à se marier alors qu’il est désormais âgé de plus de quarante ans et toujours sans héritier, hormis son jeune frère Georges.

La principauté de Valachie continue de connaître des troubles du fait des divisions au sein des boyards et des tentatives des Turcs à affermir leur influence dans la région. En septembre 1532, Vlad VI meurt noyé dans la rivière Dâmbovița dans le village de Popești. A sa mort, les nobles de Bozoian désignent Vlad Vintilă, qui devient Vlad VII. Ce dernier cherche à se faire accorder l’investiture par la Sublime Porte en mars 1533 qui accepte sa requête en juin 1533. Le nouveau prince de Valachie cherche à nouer des relations avec Jean Zápolya pour garantir son autorité et prévenir un retour potentiel du premier fils de Radu V, Vlad.
Début 1534, il reçoit la visite d’une délégation du Patriarcat œcuménique de Bucarest, mais la rencontre ne donne rien de concret, hormis la possibilité d’un retour de la Métropolie du Monténégro sous le contrôle du prince de Valachie. Vlad VII cherche aussi à négocier avec Louis II de Hongrie par l’intermédiaire de Jean Zápolya, suscitant l’hostilité de certains grands nobles qui complotent pour le détrôner. En juillet 1534, lorsque l'envoyé du sultan, Aloisio Gritti, traverse la Valachie, certains des boyards comploteurs le rejoignent. Vlad VII arrive en hâte avec ses forces pour réprimer ses adversaires.
S’il réprime durement les rebelles, ses liens avec Louis II, Jean Zápolya et Pierre IV Rareş contribuent à perpétuer les complots contre lui. Ces derniers aboutissent en juin 1535 lorsqu’il se fait assassiner au cours d’une chasse près de Craiova. Les Craiovescu entreprennent alors de faire élire Pierre Paisie, un homme élevé par la maison Besarab. Ce dernier prend le nom princier Radu et devient Radu VII. Ce dernier entreprend d’abord de consolider sa richesse personnelle.

La Grande-Principauté de Moscovie connaît une période assez compliquée durant cette période. En décembre 1533, Vassili III décède de maladie, laissant son territoire dans les mains de son fils de trois ans, Ivan IV. Cela provoque une régence d’abord détenue par la mère du très jeune souverain, Héléna Glinska. Cette dernière Héléna gouverne avec son favori, Ivan Fedorovitch Ovtchina Obolenski. Tous deux continuent la politique de Vassili de lutte contre les intrigues des boyards. Cela les amène à faire arrêter et emprisonner un des oncles d’Ivan, Iouri, peu après la mort de Vasili III afin de garantir les droits du jeune prince.
Dans ce contexte, Sigismond I de Pologne escompte en tirer profit pour récupérer les territoires conquis par Vassili III lors du précédent conflit entre l’union de Pologne et de Lituanie et la grande-principauté. Cela amène à l’été 1534 à des pillages par les Tatars et le grand-hetman de Lituanie, Jerzy Radziwiłł. En représailles, une armée moscovite envahit la Lituanie en octobre 1534 et s’avance jusqu’à Vilnius et Naugardukas. Elle construit une forteresse près du lac Sebezh au cours de l’année 1535 avant d’être repoussée par une puissante contre-attaque menée par Radziwill, Andrei Nemirovich, l’Hetman de Pologne Jan Tarnowski, and Semen Belsky.

Durant les années 1532-1535, Sigismond I de Pologne a son attention portée sur la Grande-Principauté de Moscovie suite au décès de Vassili III, déterminé de récupérer les terres perdues lors de la guerre de 1512-1522, notamment Smolensk. Cela amène ses vassaux lituaniens en conflit avec les moscovites durant la période.
Le roi polonais observe aussi l’évolution de la guerre de succession danoise du fait de l’implication de son vassal Albert I de Prusse dans le conflit. Le souverain reçoit des contacts de membres de la Ligue de Marbourg qui souhaitent avoir son soutien pour contrer Charles Quint. Le souverain polonais ne donne suite à ces demandes, le décès de Vassili III éloignant le risque d’alliance potentielle entre Charles Quint et la Grande-Principauté de Moscovie. A cela s’ajoute le fait que s’il a accepté Albert I de Prusse comme son vassal, il n’est pas favorable à la réforme luthérienne. Il perçoit enfin la ligue de Marbourg comme un potentiel groupe de rebelles.
La disparition de la menace potentielle d’alliance entre Charles Quint et la Moscovie soulève la question du maintien du projet de mariage entre la princesse Maria et Charles IX de France. La persistance de la menace turque pousse Sigismond I à préserver l’accord réalisé en 1525 avec la reine douairière Marie, le royaume de France demeurant un territoire puissant et le jeune roi semblant vouloir défendre la foi chrétienne contre tout type d’ennemi. Le souverain Jagellon entreprend de développer des liens avec le jeune roi, renouvelant en 1532 le projet de mariage avec sa fille aînée. En 1535, le souverain polonais consent au mariage de sa fille Hedwige avec l’électeur Joachim II Hector de Brandebourg.
Le roi entreprend aussi de renforcer ses liens avec Louis II de Hongrie afin de pouvoir combattre les Ottomans en cas de nouvelle campagne offensive de leur part. Il signe enfin début 1532 un traité avec Pierre IV Rareş qui reconnaît son contrôle sur la province du Pocutie.

Après sa défaite contre les Polonais, le prince Pierre IV de Moldavie entreprend de tisser des liens avec ses autres voisins, principalement les principautés de Valachie et de Transylvanie afin de pouvoir demeurer autonome de l’influence ottomane. Les troubles de succession en Valachie l’empêchent cependant de pouvoir avoir des liens solides avec la principauté. Ses liens avec la Transylvanie et le royaume de Hongrie sont plus solides, ce qui suscite la méfiance et colère de la Sublime Porte.

(1) Les Hussites sont reconnus par l’Église catholique avec les Compactata, un accord conclu entre une partie des Hussites et les négociateurs du Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome en 1436. Cet accord met un terme aux croisades contre les Hussites qui ont fait rage entre 1419 et 1434. C'est aussi la première fois dans la Chrétienté qu'une autre forme de christianisme est reconnu de façon officielle par les autorités religieuses.
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Message par Yodarc Sam 20 Aoû - 10:39

Bonjour à tous !
Cette trente-et-unième partie de "L'Inattendu" se concentre sur les événements de Scandinavie sur la période partie des années 1530. Comme vous allez le découvrir, si des éléments communs avec la LTO sont présents, le contexte est suffisamment distinct pour y déceler les différences et peut-être déduire la suite des événements. La Scandinavie de ce 16ème siècle aura un visage bien à lui comparé à son homologue historique. Attendez-vous à de la tension et du suspense.
Bonne lecture à vous ! Twisted Evil


1532-1535 : De la Guerre des deux rois à la Guerre des deux Christian
Les années 1532-1535 sont pleines de troubles pour les royaumes scandinaves, tout particulièrement ceux du Danemark et de Norvège alors que la guerre des deux rois continue de faire rage.

Au début de l’année 1532, la situation de Christian II est compliquée : il a perdu le contrôle d’Oslo à cause de Gustave I de Suède, rendant sa position de roi de Norvège instable. Le souverain est déterminé à reprendre la capitale et d’empêcher son oncle de prendre l’avantage sur lui. Le souverain peut s’appuyer sur une partie des mercenaires envoyés par Charles Quint et Eléonore de Habsbourg, mais doit gérer les hésitations et divisions de la noblesse norvégienne malgré le Serment de Bergen où il a affirmé le respect de la charte de 1524. Cela l’amène à consentir à la présence plus importante de représentants norvégiens dans son conseil alors que les places fortes du royaume sont confiées à des commandants norvégiens.
Pour pouvoir réussir à triompher au moins en Norvège face à ses adversaires, il entreprend de maintenir d’importants liens avec son beau-frère, mais aussi d’en tisser d’autres, notamment avec Jacques V d’Écosse qui présente un certain intérêt à épouser une de ses filles au détriment du projet de mariage avec Renée de France. Si le potentiel projet matrimonial échoue, les deux souverains tissent d’importantes relations.
Christian II consolide sa position auprès des seigneurs et religieux qui l’ont suivi à Bergen. Grâce au soutien de l’archevêque de Norvège, il parvient à faire lever une armée au printemps 1532 afin de pouvoir reprendre Oslo. Il part en campagne en mai 1532 afin de reprendre Oslo à ses adversaires. Il rejoint la région d’Oslo début juin 1532. Il doit faire face à la garnison suédoise qui protège la ville et la forteresse d’Arhus. La garnison préfère se réfugier dans la forteresse tout en envoyant un message pour avertir Gustave I de l’arrivée d’une armée adverse pour reprendre Oslo. Si Oslo est reprise rapidement par les hommes de Christian II, la forteresse d’Arhus échappe au contrôle du souverain qui tient entreprendre de l’assiéger. S’il avait pu bénéficier des complicités de la garnison en 1529, le souverain fait face à des soldats suédois hostiles à lui et déterminés à lui empêcher l’entier contrôle de sa capitale. Christian II doit faire appel à une partie de ses navires pour faire le blocus de la forteresse et l’aider à soutenir le siège de ce dernier. Au début de juillet 1532, le roi entreprend de consolider le contrôle sur Oslo et envoie une partie de ses forces réoccuper les provinces voisines pour assurer la sécurité de la cité. Le reste de ses forces entreprennent d’assiéger la forteresse avant de s'en emparer au milieu du mois.
Durant la même période, Christian II charge Søren Norby d’harceler les navires danois pour les empêcher de soutenir l’armée de Mogens Gøye. L’amiral danois entreprend de mener des raids durant le printemps et l’été 1532, soutenu par Klemen Andersen qui a pu rejoindre Christian II malgré les contraintes de sa fuite du Vendyssel l’année précédente. Leurs raids obligent les Danois à déployer une partie de leur flotte pour chercher à les neutraliser, affaiblissant leur capacité à soutenir l’armée de Mogens Gøye. Les raids et les troubles de l’année précédente force Frédéric I et ses conseillers à envoyer l’armée par une autre voie plus sûre pour tenter de reprendre la Norvège.
En mai 1532, le lieutenant protecteur du royaume du Danemark, Mogens Gøye, débarque en Scanie avec une armée et remonte vers le nord pour rejoindre le Bohuslän puis Oslo sous le contrôle des Suédois, Gustave I étant occupé à réprimer les derniers foyers de rébellion dans la province de Dalécarlie. Il rejoint les terres norvégiennes début août 1532. L’arrivée de cette armée amène au repli des forces norvégiennes qui entreprenaient de prendre le contrôle des provinces de Télémark et du Vestford.
L’arrivée de l’armée de Mogens Gøye place Christian II dans un dilemme : affronter l’armée adverse et prendre le risque de fragiliser sa position ou se replier et fragiliser sa position auprès des élites norvégiennes. Il décide d’affronter l’armée danoise pour empêcher cette dernière de reprendre Oslo. Le 17 août 1532, les deux armées s’affrontent près du village d’Ytterbygda (1). Si les Norvégiens combattent avec férocité les Danois, les compétences militaires de Mogens Gøye et une attaque trop poussée d’une partie des forces de Christian II amène à la déroute de cette dernière. Christian II parvient à s’échapper et fuit pour rejoindre des territoires plus certains. La défaite d’Ytterbygda précipite la reprise d'Oslo par les Danois début septembre 1532. Le lieutenant protecteur du Danemark entreprend de fortifier sa position dans la province du Viken. Il fait confirmer la position de Frédéric I en tant que roi de Norvège par les représentants du Riksråd présents à Oslo début octobre 1532 et fait dénoncer Christian II comme un usurpateur. Il repart en campagne en novembre 1532 après avoir reçu des renforts grâce à la flotte danoise. Il descend sur Tønsberg afin d’assurer le contrôle de la côte et priver la flotte de Christian II de la possibilité d’agir contre les côtes danoises. Atteignant la cité au cours du mois, il entreprend d’avancer vers Stavanger.
Après sa défaite à Ytterbygda, Christian II s’est replié en direction de Bergen, ayant échappé de peu à la capture par les hommes de Mogens Gøye. Après un périple incertain et difficile, il rejoint Bergen fin septembre où il s’efforce avec ses alliés de reprendre le contrôle de la situation. Si l’archevêque de Norvège et une partie du clergé demeure un soutien indéfectible du roi, les seigneurs norvégiens sont plus divisés que jamais face à la situation, certains songeant à se soumettre à Frédéric I pour pouvoir préserver leur position et les domaines qu'ils possèdent au Danemark (2). Christian II est plus que jamais obligé de s’engager à respecter son serment de Bergen pour préserver le soutien des élites locales pour pouvoir conserver la couronne norvégienne. Cela l’amène aussi à envoyer à Charles Quint un message pour lui demander de l’aide et la venue de son fils Jean, les Norvégiens voulant voir son héritier. Le souverain passe la fin de l’automne et l’hiver 1532 à chercher à se constituer une nouvelle armée malgré les tergiversations des seigneurs norvégiens et la difficulté à recevoir le soutien de nouveaux mercenaires.

La situation change en janvier 1533 lorsque Frédéric I décède. Le décès du souverain danois créé une situation incertaine dans le royaume, les nobles étant partagés entre se soumettre à Christian II ou désigner le fils de Frédéric I, Christian d'Holstein. Ce dilemme est aggravé par la dimension confessionnelle qui s’impose dans ce choix : Christian II imite la politique de Charles Quint pour défendre l’Église catholique alors que le duc Christian est un luthérien convaincu qui souhaite imposer le luthéranisme comme religion d’état depuis le déclenchement du conflit.
Ce dilemme provoque une vacance du pouvoir suite à la mort de Frédéric I qui suscite l’émergence des fractures sous-jacentes du royaume : le clergé catholique se montre méfiant et hostile envers l’héritier de Frédéric I alors que les partisans de la mise en place des idées de Martin Luther se montrent plus audacieux et ouverts. L’absence de Mogens Gøye, occupé en Norvège, contribue à renforcer les désordres. Ce dernier apprend la mort du roi en février 1533, alors qu’il s’apprête à s’emparer de Stavanger. Le lieutenant protecteur du royaume rejoint Copenhague en avril 1533 afin de soutenir le fils de Frédéric I. Malgré son retour, le clergé et une partie de la noblesse danoise songe à soutenir le retour de Christian II au pouvoir. Christian d'Holstein s’engage à respecter le pouvoir du clergé catholique afin de pouvoir se faire accepter par ses pairs face à Christian II. Si le conseil privé, composé de figures favorables au luthéranisme, et une majeure partie de la noblesse danoise semble prête à le désigner comme successeur de son père, le clergé et plusieurs provinces se montrent plus réticents et hostiles à accepter l’élection du prince, retardant l’avènement de ce dernier.

La mort de Frédéric I permet à Christian II de regrouper ses forces et se préparer à consolider son pouvoir, notamment grâce au départ de Mogens Gøye qui libère le souverain d’une menace de défaite totale. Mais il doit passer l’année à consolider son autorité fragilisée afin de pouvoir obtenir de ses seigneurs le soutien nécessaire pour tenter de récupérer les provinces perdues de Norvège et pouvoir peut-être espérer reprendre la couronne danoise. Il passe le printemps 1533 à reconstituer le réseau de loyauté des seigneurs norvégiens alors que le clergé confirme son soutien envers lui et d’envoyer de nouveaux messages à Charles Quint pour lui demander de l’aide et son fils Jean. L’empereur et Éléonore de Habsbourg consentent à lui envoyer des renforts en mai 1533. En plus de ses relations avec les Habsbourg, Christian II tisse d’autres alliances dans l’espoir de récupérer le trône du Danemark : en avril 1533, le souverain dano-norvégien reçoit un message de son cousin, le comte Christophe d’Oldenbourg, qui lui propose son aide pour reprendre la couronne danoise. Bien que son cousin soit devenu luthérien, Christian II accepte son aide. Par l’intermédiaire de son cousin, Christian II obtient en septembre 1533 le soutien de Lübeck et de son nouveau bourgmestre, Jürgen Wullenwever, même s’il n’est guère enchanté de s’allier avec la cité hanséatique du fait de ses relations conflictuelles avec cette dernière durant ses premières années de règne. Son alliance avec Lübeck et le comte d’Oldenbourg est perçue avec méfiance par le clergé et la noblesse norvégienne qui ont en souvenir les tentatives prosélytes de développement des idées de Martin Luther sur leurs terres.
Fort de ces nouvelles alliances, Christian II entreprend d’exploiter les fragilités au sein du royaume de Danemark pour affaiblir Christian d'Holstein. Il s’appuie sur ses nouveaux alliés alors qu’il entreprend de reconstituer une armée pour reprendre le contrôle des provinces norvégiennes perdues au cours des deux précédentes années.

Désigné comme commandement des armées lübeckoises, Christophe d’Oldenbourg entreprend d’attiser les tisons de la révolte dans les provinces les plus favorables à Christian II durant l’automne et l’hiver 1533. Cela amène au soulèvement de la Seeland, de la Fionie et de la Scanie entre octobre 1533 et février 1534. En janvier 1534, Christophe d’Oldenbourg s’empare de Copenhague et en fait le siège stratégique pour la campagne militaire. Il est désigné comme commandant principal des alliés de Christian II et son lieutenant-protecteur pour le Danemark.
Durant la même période, Christian II reçoit des mercenaires hollandais et parvient à reformer une nouvelle armée avec le soutien des seigneurs norvégiens. Il charge cette nouvelle force de reprendre le contrôle d’Oslo et de sa province. L’armée part en campagne en avril 1534 et rejoint la province du Viken fin mai. Ils affrontent l’armée danoise laissée par Mogens Gøye pour protéger Oslo. Cette dernière, minée par les divisions suscitées par la mort de Frédéric I, est défaite début juin 1534, permettant à l’armée norvégienne de reprendre Oslo peu après. La forteresse d’Arhus est de nouveau assiégée au cours de l’été 1534. Sa garnison, isolée et divisée sur ses loyautés, finit par négocier en septembre 1534 sa reddition, permettant à Christian II d’affermir de nouveau son autorité sur la capitale norvégienne. Durant l’automne 1534, son armée entreprend de reprend le contrôle de Tønsberg et des provinces du Vestford et du Télémark. En décembre 1534, le souverain est de nouveau maître du royaume norvégien, hormis le Bohuslän qui demeure occupé par les Suédois.
En parallèle de la campagne de sa nouvelle armée, Christian II charge Søren Norby et Klemen Andersen de soutenir Christophe d’Oldenbourg et ses alliés, harcelant la flotte danoise et envoyant des ressources et quelques renforts à Copenhague et Malmö. Les deux commandants soutiennent leurs alliés lübeckois durant le printemps et l’été 1534, permettant à Christophe Oldenbourg et à ses alliés de renforcer sa position.
Si Christian II et ses alliés semblent en position de force à l’automne 1534, ils sont cependant divisés. Christian II escompte récupérer la couronne danoise alors que Jürgen Wullenwever entend étendre le territoire de Lübeck et soutient en secret les revendications d’Albert VII de Mecklembourg-Güstrow sur la couronne danoise (3). Ces intérêts divergents nourrissent des conflits entre Christophe d’Oldenbourg et Albert VII, les empêchant de pouvoir agir de manière concertée pour renforcer leur position et défaire Christian III.

Les révoltes des provinces orientales du royaume précipitent l’élection de Christian III grâce au soutien de Mogens Gøye en janvier 1534. Suite à la chute de Copenhague, le nouveau roi se réfugie dans ses terres du Schleswig-Holstein et entreprend de s’entourer d’alliés et de se recruter une force armée pour neutraliser ses ennemis. Il renouvelle ainsi au cours de l’été 1534 son alliance avec Gustave I de Suède, ce dernier profitant aussi de la situation pour dénoncer les dettes qu’il doit à Lübeck. Le souverain danois entreprend aussi de renforcer ses liens avec Albert I de Prusse dont il est le beau-frère. Il recrute enfin des mercenaires du Holstein dont il confie le commandement à Johan Rantzau du fait de ses succès dans le Jutland et le Vendyssel en 1530-1531 ont permis de chasser les alliés de Christian II. Le souverain danois entreprend d’entrer en contact avec la Ligue de Marbourg pour tenter de pouvoir s’appuyer sur d’autres alliés alors que son rival a le soutien implicite des Habsbourg. Ses demandes demeurent cependant sans réponse claire, les représentants de la Ligue écoutant les conseils de Martin Luther qui leur rappelle que la ligue vise d’abord à défendre leurs droits face à Charles Quint.
Malgré l’absence de réponse favorable de la Ligue de Marbourg, Christian III reprend l’initiative contre son cousin au début de l’automne 1534. S’appuyant sur les mercenaires holsteinois et Johan Rantzau, il attaque en septembre 1534 Lübeck, menaçant la cité hanséatique. Cette dernière est forcée de signer un traité de paix avec Christian III en octobre 1534, fragilisant la position de Jürgen Wullenwever en tant que bourgmestre de la cité. Au nord, Gustave I de Suède répond favorablement à la demande d’aide du nouveau souverain danois et envoie une armée envahir la Scanie à la même période, réprimant et dévastant la province rebelle. Seul Malmö échappe à la chute de sa province. A la fin de l’année 1534, une autre armée suédoise est envoyée pour réprimer la révolte de la province danoise du Halland, faisant subir à cette dernière des ravages et déprédations similaires à celles de la Scanie. Une partie de la noblesse scanienne et hallandaise rallie les Suédois et Christian III, facilitant la chute de ces deux provinces. Avec Malmö, seule Helsingborg échappe à la répression suédoise, la forteresse commandée par Tyge Krabbe et soutenue par la flotille de Søren Norby et protégée par une armée de représentants de Malmö et de Lübeck menée par Jørgen Kock.
Au début de l’année 1535, Christian II apprend la situation difficile de ses alliés et la perte de la Scanie et du Halland. Le souverain décide de soutenir ses alliés pour espérer préserver ses chances de récupérer la couronne danoise des mains de son cousin. Il charge Klemen Andersen et Søren Norby de soutenir Christophe d’Oldenbourg et Albert VII du Mecklembourg. Ces derniers mènent leur mission, notamment avec Helsinborg lorsque la cité et sa forteresse sont menacées par les Suédois en janvier 1535. Le soutien des commandants de Christian II permet à la forteresse de résister malgré une tentative de Tyge Krabbe de se retourner contre ses anciens alliés. Jørgen Kock prend en charge la défense d’Helsinborg, ajoutant ses forces à celle de la garnison, obligeant les Suédois d’assiéger la forteresse. Durant le siège, la garnison reçoit des renforts et des ressources de la part de Søren Norby en février 1535. Gustave Vasa est obligé d’envoyer quelques renforts pour tenter de s’emparer d’Helsinborg alors que les flottes danoises et suédoises cherchent à empêcher le ravitaillement de la cité par Christian II et sa flotte. Le siège du château et de la cité font rage pendant plusieurs semaines durant le printemps 1535. La reprise de la Fionie par Christian III en mai 1535 permet aux Danois et aux Suédois d’envoyer plus facilement leurs flottes menacer Helsinborg alors que Gustave Vasa renforce l’armée qui assiège la cité. La cité finit par tomber en avril 1535 et subit un violent sac par les armées suédoises. Le château continue d’être assiégé avant de finir par tomber en juin 1535, achevant le contrôle de la majeure partie de la Scanie pour le compte de Christian III.
Alors que ses commandants de marine ont pour mission de soutenir ses alliés en Halland, Malmö et Seeland, Christian II décide d’envoyer son armée dans le Bohuslän pour reprendre les provinces norvégiennes qui lui échappent et espérer aider Helsinborg. En mai 1535 son armée quitte Oslo pour rejoindre la province du Ranrike. Ses forces reprennent le contrôle du Bohuslän en juin 1535 avant de descendre vers Lödöse (4). Les suédois envoient une armée pour la stopper et début juillet 1535, les deux armées se rencontrent près d’Uddevalla. L’affrontement est brutal mais voit les Norvégiens défaire les Suédois, forçant ces derniers à se replier. Le succès leur permet de descendre vers le sud. L’armée norvégienne atteint Kungahälla (5) à la mi-juillet 1534 et se rapproche de Lödöse. Arrivée devant la cité début août 1535, elle entreprend de l’assiéger, cherchant notamment à s’emparer de la forteresse de Bohus à proximité. Mais l’attaque du Bohuslän et la défaite d’Uddevalla amènent Gustave I de Suède à intervenir de nouveau pour chasser les forces de Christian II, craignant une invasion de son royaume par son adversaire. Il déploie de nouveau les forces qui ont participé à la mise à sac du Halland et l’envoie rejoindre Lödöse. L’approche de l’armée de Gustave I amène à la levée du siège de la forteresse de Bohus en septembre 1535 et au retrait de l’armée norvégienne du territoire.
Alors que des affrontements se font en Scanie et dans le Bohuslän, Johan Rantzau débarque sur l’île de Fionie début 1535 et entreprend de la soumettre à l’autorité de Christian III. En avril 1535, son armée affronte et défait la principale armée de Christophe d’Oldenbourg près d’Øksnebjerg, brisant le contrôle des alliés de Christian II sur l’île. A l’été 1535, la majeure partie des territoires occupés par les alliés de Christian II sont repris par Johan Rantzau et ses alliés. Seuls échappent Copenhague et Malmö, encore contrôlées par Christophe d’Oldenbourg et Albert VII de Mecklembourg. Les deux cités se font assiéger à partir de l’automne 1535, même si elles bénéficient de l’aide envoyée par Søren Norby et Klemen Andersen durant l’été et le début de l’automne 1535. Mais la présence plus fréquente des navires suédois et danois durant l’automne et l’arrivée de la mauvaise saison réduisent la possibilité de Christian II à soutenir ses alliés assiégés.

L’échec de la campagne dans le Bohuslän et l’isolement de ses alliés place Christian II dans une situation difficile et incertaine à l’hiver 1535. Plus que jamais, les seigneurs norvégiens et le clergé lui demandent de renoncer à ses revendications sur la couronne danoise, déterminés à rompre tout lien avec le royaume du Danemark. Le souverain est réticent à accéder à leurs demandes, mais n’a plus les moyens et les alliés suffisants pour espérer récupérer la couronne danoise de son cousin. Il cherche à soutenir son cousin Christophe et son allié Albert VII, mais il doit se soucier de la sécurité de son royaume et de pérenniser la défense de ses frontières orientales contre une menace suédoise, peu désireux de perdre de nouveau Oslo. Plus que jamais, le souverain est amené à respecter la Charte de 1524 pour garder le soutien de ses sujets et dépend davantage de Charles Quint pour pouvoir préserver son pouvoir. La situation difficile et désavantageuse amène une partie de l’entourage du roi à le pousser à négocier avec son cousin et Gustave Vasa, une perspective à laquelle Christian II n’est pas vraiment disposé à s’engager.

(1) Nom ancien d'Ytre Enebakk (actuelle Suède).
(2) La noblesse norvégienne était au début du 16ème siècle très liée à celle danoise du fait de nombreuses alliances matrimoniales qui se sont développées durant la période de la Ligue de Kalmar.
(3) Albert VII de Mecklembourg-Güstrow possède des ancêtres royaux scandinaves, ce qui l'amène après l'exil de Christian II en 1523 à développer ses revendications sur les couronnes scandinaves.
(4) Vieille ville suédoise faisant partie des prédécesseuses de Göteborg (qui n'apparaît qu'après 1650).
(5) Village médiéval norvégien situé près de la forteresse de Bohus dans le Bohuslän.
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L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII - Page 6 Empty Re: L'Inattendu : à l'époque de l'héritier de Louis XII

Message par Flosgon78 Sam 20 Aoû - 11:42

Un royaume de Norvège indépendant semble se profiler, fantastique !
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Message par Yodarc Sam 27 Aoû - 9:33

Bonjour à tous !
Nous achevons la période 1532-1535 avec la présentation de la situation en Afrique du Nord et pour les empires ottoman et perse. Des événements similaires à ceux de la LTO, mais surtout des divergences assez conséquentes dans la région qui lui donne un tout nouveau contexte et des rapports de forces à part entière.
J'espère que cette partie saura vous intéresser et vous faire patienter avec le passage à la fin des années 1530.
Bonne lecture à tous !

1532-1535 : En terres d’Islam
La période de 1532-1535 voit les territoires musulmans connaître des fortunes diverses, entre développement, tensions et conflits.

Durant la période, quatre puissances achèvent de récupérer et de se disputer les restes de la Régence d’Alger : le royaume Koukou, le royaume de Beni Abbés, les Espagnols et le territoire ottoman de Bône.
Le royaume Koukou contrôle la région d’Alger et ses terres côtières. Le sultan de Koukou entreprend de faire d’Alger sa capitale, se débarrassant des éléments proches des Ottomans et de Khayr Ad-Dîn. Il impose son autorité sur le territoire alors qu’une partie de la population reste incertaine et hostile du fait de la présence espagnole et des relations existants entre le sultanat et ces derniers. L’expansion du royaume Koukou les amène à être en concurrence avec le royaume de Béni Abbés, mais surtout avec le sultanat zianide de Tlemcen alors qu’ils ont récupéré la majeure partie des territoires de la Régence d’Alger dans l’ouest au début des années 1530. Leur succès dans l’expédition de 1534 leur permet de devenir de nouveau un allié majeur du sultanat zianide, mais les place dans une relation ambiguë et compliquée avec les espagnols, ces derniers renforçant leur influence dans la région.
Le sultanat zianide est en proie à une guerre civile entre Moulay Muhammad et Abu Muhammad Abdallah pour le trône. Dans ce conflit, le souverain légitime, Abu Muhammad Abdallah est soutenu par les Espagnols et les Koukous, demandant l’aide de ces derniers alors qu’il est chassé du pouvoir par son frère. Moulay Muhammad se tourne vers les tribus de Banu Rashid et échange avec les Saadiens pour espérer contrer ses adversaires. En 1534, une expédition Koukou accompagné d’espagnols attaque Tlemcen dans l’espoir de remettre Abu Muhammad Abdallah sur le trône. Moulay Muhammad et ses alliés cherchent à les stopper et affronte l’expédition près de la forteresse de Tibda. L’affrontement tourne à l’avantage des Koukous et des espagnols, ces derniers tirant avantage de leur supériorité numérique et de leurs atouts. Ce succès voit Moulay Muhammad se faire tuer alors qu’Abu Muhammad Abdallah triomphe, devenant Abu Muhammad Abdallah II. Le nouveau sultan de Tlemcen reconnaît la suzeraineté espagnole dans la région et permet à ces derniers de reprendre le contrôle de Mostaganem et d'affermir leur présence à Honaïne. Abu Muhammad Abdallah II renforce aussi ses liens avec le sultanat Koukou, notamment dans l’espoir de contrebalancer l’influence espagnole concédée.
Le royaume de Béni Abbés a pris le contrôle du territoire de Bejaïa et renforcé le contrôle des territoires environnants, notamment vers le sud et l’Ouled Naïl. Il entretient des relations avec les Espagnols revenus à Béjaïa, mais se concentre vers les territoires du sud afin de pouvoir éviter d’entrer en concurrence trop directe avec leurs différents voisins. Cela ne les empêche pas d’avoir des tensions avec le sultanat Koukou pour le territoire entourant Béjaïa.
L’affaiblissement de la menace ottomane permet aux deux royaumes de prospérer, notamment au travers de leur relation ambiguë avec les Espagnols. Ces derniers renforcent durant le début des années 1530 leurs position dans leurs possessions nord-africaines afin d’assurer la sécurité de leurs côtes contre les attaques barbaresques, notamment en provenance du territoire de Bône. L’importante présence espagnole contribue à renforcer les antagonismes locaux, une partie de la population inquiète de la menace que cette présence leur fait peser et se cherchant de nouveaux protecteurs ou se résignant à reconnaître l’autorité des royaumes Koukou et de Béni Abbés.
Si les deux territoires sont en rivalité vers Béjaïa, ils ont en commun une défiance du territoire de Bône, sous le contrôle des Ottomans et géré par Khayr Ad-Dîn. L’enclave ottomane a entrepris de renforcer sa position en reprenant une partie des terres orientales de l’ancienne régence d’Alger. La position du corsaire barbaresque demeure cependant difficile, étant encore assez isolé et ne pouvant recevoir de Constantinople qu’une aide minime. Pour contrecarrer leur faiblesse et leur isolement, Khayr Ad-Dîn et ses alliés ont reconstitué en partie leur capacité à frapper en Méditerranée occidentale, principalement en direction de la Sicile et de la Sardaigne, ce qui les amènent à réaliser plusieurs raids en 1534 et 1535. Leur meilleur atout demeure cependant les événements qui affectent le califat Hafside : Mawlāy al-Ḥasan al-Ḥafṣī est confronté à de nombreux troubles dans ses terres, notamment dans la région de Constantine où la population semble prête à soutenir son frère, le prince Rashid. Ce dernier, en exil à Bône, reçoit le soutien de Khayr Ad-Dîn et des Ottomans pour tenter de chasser son frère du trône. Le prince hafside est un atout pour Khayr Ad-Dîn et ses alliés car il peut leur permettre de renforcer le contact avec Constantinople et de renforcer de nouveau l’influence turque dans la région après le désastre provoqué par l’expédition chrétienne des années 1520. Grâce au soutien de Khayr Ad-Dîn et des Ottomans, le prince Rashid mène une rébellion contre son frère à partir de 1533. Au printemps 1534, il rallie à sa cause la province de Constantine. Le ralliement de la province orientale du sultanat Hafside fragilise un peu plus Mawlāy al-Ḥasan al-Ḥafṣī qui décide de réprimer Rashid et de neutraliser la menace que fait peser le territoire de Bône sur son pouvoir. Il se tourne vers les Espagnols pour demander leur aide dans son conflit avec Rashid. Au printemps 1535, Mawlāy al-Ḥasan al-Ḥafṣī envoie une armée soutenue par les Espagnols afin de reprendre Constantine et de chasser Rashid et ses alliés. En juin 1535, l’armée Hafside rencontre celle turco-berbère de Khayr Ad-Dîn et de Rashid près de Guelma. L’affrontement finit en faveur des Barbaresques grâce aux janissaires soutenant Khayr Ad-Dîn. La défaite de Guelma empêche Mawlāy al-Ḥasan al-Ḥafṣī de reprendre Constantine et fragilise encore plus sa position alors que d’autres territoires du sultanat semblent prêts à s’insurger en faveur de son frère. Ce dernier renforce sa position dans les régions qui se sont ralliés à lui, agissant comme un souverain et entretenant avec Khayr Ad-Dîn et les Ottomans d’importantes relations afin de garder leur soutien.

Les années 1532-1535 voient l’empire Ottoman repartir à l’offensive après des années de troubles. Soliman prépare une campagne militaire destinée à reprendre l’Égypte, mais les incidents impliquant la Perse des Séfévides l’amènent à se tourner vers cette dernière, ne voulant pas avoir une menace trop importante sur ses arrières. Parmi les incidents figurent l’exécution du gouverneur de Bagdad favorable aux Ottomans et la soumission du bey de Bitlis à l’autorité des Séfévides. Le sultan Ottoman envoie d’abord en 1533 une armée de cinquante mille hommes qui s’empare de Tabriz et du Kurdistan avant d’être repoussée par Tahmasp I, une nouvelle attaque des Ouzbeks empêchant cependant ce dernier de défaire ses adversaires. L’année suivante, Soliman envoie une nouvelle armée qui occupe de nouveau Tabriz avant que le sultan n’en prenne le commandement. Les Ottomans occupent Bagdad et plusieurs cités shiites de Mésopotamie, recevant le soutien de la tribu des Shamlu en conflit avec Tahmasp I. Ce dernier, en conflit avec les Ouzbeks et la tribu rebelle après avoir fait exécuté son ancien régent, pratique une politique de terre brûlée pour limiter la progression de son adversaire. En 1535, Tahmasp reprend les territoires perdus, forçant Soliman à mener une nouvelle campagne pour défaire le souverain Séfévide et neutraliser la menace que peut représenter l’empire perse. Mais cette nouvelle campagne n’aboutit pas et Tahmasp parvient même à défaire l’arrière-garde de l’armée ottomane, forçant Soliman à se replier sur Constantinople, ne conservant que Bagdad et sa région comme conquête.

Durant la même période, l’Égypte mamelouke continue de se réorganiser afin de pouvoir résister aux Ottomans et prospérer de nouveau. Le sultan mamelouk entreprend de renforcer les forces militaires, cherchant à retenir les leçons des défaites de 1516-1517, malgré l’opposition d’une partie des autres beys mamelouks. Il s’appuie ainsi sur les échanges avec les Espagnols et les Vénitiens pour développer une fabrique d’armes à feu en 1533. Les mamelouks entreprennent aussi de réorganiser le territoire et sa gestion après les troubles des années 1520. Bon gré mal gré, ils entreprennent d’importantes relations avec les Vénitiens et les Espagnols pour pouvoir renforcer leurs ressources financières, le commerce des épices étant restreint par la domination ottomane et portugaise au niveau de la mer Rouge. Ces relations sont cependant moins fortes que celles que cherchent à développer les Mamelouks avec la dynastie Séfévide dans le cadre d’une alliance commune contre les Ottomans.
En 1532, la flotte mamelouke est reconstituée, notamment en Mer Rouge sous le commandement de Selman Reïs. Ce dernier entreprend durant les années 1532-1534 à rétablir la présence mamelouke dans la région, bien que cela amène les mamelouks à être en vive concurrence avec les Portugais et les Ottomans. Les Mamelouks pacifient les différentes provinces du sultanat durant la période et entreprennent en 1534 un raid dans la région du Sinaï pour protéger les provinces orientales de la menace ottomane.


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Message par ezaski Sam 27 Aoû - 11:05

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Message par Flosgon78 Sam 27 Aoû - 14:05

génial, l'Egypte risque d'être l'élément qui fait tout changé !
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Message par Collectionneur Sam 27 Aoû - 16:14

La marine ottomane arrive à se faufiler en Méditerranée occidentale pour ravitailler Bone ?


Dernière édition par Collectionneur le Sam 27 Aoû - 21:29, édité 1 fois
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Message par Yodarc Sam 27 Aoû - 18:09

Flosgon78 a écrit:génial, l'Egypte risque d'être l'élément qui fait tout changé !

L’Égypte est en effet une zone assez cruciale dans le renforcement de l'empire ottoman durant le 16e siècle dans la Méditerranée. Voici plusieurs des éléments qui ont pu être associés à la présence ottomane en Égypte durant cette période :
_ la présence ottomane en Égypte leur a permis de renforcer leur soutien aux barbaresques en Méditerranée occidentale du fait de la maîtrise de la majeure partie de la Méditerranée orientale à partir de 1517 et a contribué à l'expansion ottomane sur le Cyrénaïque (plus ou moins sous contrôle mamelouke avant la conquête de 1517) et la Tripolitaine dans les années 1550
_ le contrôle de l’Égypte a permis aux Ottomans de développer une flotte dans la mer Rouge, ce qui leur a permis d'en prendre le contrôle et de lutter contre l'influence portugaise. La flotte ottomane de la Mer Rouge est ce qui a permis à Soliman de prendre le contrôle d'Aden et de sa région, mais aussi d'affaiblir la présence portugaise dans le Golfe Persique
_ la flotte ottomane de la Mer Rouge a aussi combattu les Portugais sur les côtes indiennes, les empêchant de s'emparer de Diu en 1531 et tentant à deux reprises par la suite de les chasser de cette localité après leur installation en 1535
_ les Ottomans ont aussi soutenu le sultanat d'Adal dans leur guerre contre l’Éthiopie entre 1527 et 1543 (je n'ai pas fait mention de cet événement dans les parties des années 1527 à 1535 parce qu'il est difficile de déterminer le degré de soutien des Ottomans dans le conflit à cette période pour en déterminer une différence quelconque dans le récit)
_ le contrôle de l’Égypte par les Ottomans leur permettait de renforcer le contrôle sur les voies d'accès commerciale vers les Indes, ce qui est une des raisons de leur conflit avec les Portugais

Tous ces éléments font que même si les Ottomans devaient reprendre le contrôle de l’Égypte, les répercussions de leur perte de contrôle du territoire pendant (au moins) plus d'une décennie sont suffisamment importantes pour prévenir une situation OTL concernant l'influence ottomane aussi grande (ne serait-ce en Méditerranée et même en mer rouge, l'implantation portugaise n'ayant pas connu autant de difficultés et d'entraves).
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Message par Yodarc Sam 27 Aoû - 18:26

Collectionneur a écrit:La marine ottomane arrive à se faufiler en Méditerranée occidentale ravitailler Bone ?

Très difficilement, du fait de devoir passer le détroit de Sicile plus ou moins contrôlé par les Espagnols. Ils peuvent s'appuyer sur certains des corsaires barbaresques ayant travaillé avec Khayr Ad-Dîn comme Kurtoğlu Muslihiddin Reis et des officiers remarquables comme Draghut (de son vrai nom Turgut Reis), mais doivent aussi surveiller le Dodécanèse toujours contrôlé par les chevaliers hospitaliers.
En gros, le soutien à Bône est une tâche herculéenne comparée à ce que Venise devait faire pour soutenir Famagouste lors de son siège en 1570-1571.
Néanmoins, malgré ces contraintes évidentes et très fortes, les Ottomans y parviennent en partie grâce à différents éléments:
_ ils s'appuient sur les compétences et le talent des commandants de marine susmentionnés
_ ils envoient de petites flottilles pour tenter de rejoindre l'Ifriqiya sans risquer d'être interceptés par des flottes chrétiennes (ce qui restreint leur capacité à ravitailler leurs alliés)
_ ils tirent profit des quelques enclaves qu'ils ont su préservé malgré la guerre de la Sainte-Ligue, principalement Barqa sur la côte du Cyrénaïque (conquise en 1521)
_ ils tirent enfin profit de la déliquescence du califat Hafside dont les divisions et la faiblesse en font un allié peu fiable pour les espagnols, sans compter la colère de la population locale qui a peur de voir les espagnols s'implanter dans la région (ou pour faire un parallèle osé, les habitants de l'Ifriqiya (mais pas seulement) ont le même état d'esprit que les anglais du 17e-18e siècle qui avaient peur d'une invasion catholique sur leur île)
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Message par Flosgon78 Dim 28 Aoû - 8:18

Yodarc a écrit:
Flosgon78 a écrit:génial, l'Egypte risque d'être l'élément qui fait tout changé !

L’Égypte est en effet une zone assez cruciale dans le renforcement de l'empire ottoman durant le 16e siècle dans la Méditerranée. Voici plusieurs des éléments qui ont pu être associés à la présence ottomane en Égypte durant cette période :
_ la présence ottomane en Égypte leur a permis de renforcer leur soutien aux barbaresques en Méditerranée occidentale du fait de la maîtrise de la majeure partie de la Méditerranée orientale à partir de 1517 et a contribué à l'expansion ottomane sur le Cyrénaïque (plus ou moins sous contrôle mamelouke avant la conquête de 1517) et la Tripolitaine dans les années 1550
_ le contrôle de l’Égypte a permis aux Ottomans de développer une flotte dans la mer Rouge, ce qui leur a permis d'en prendre le contrôle et de lutter contre l'influence portugaise. La flotte ottomane de la Mer Rouge est ce qui a permis à Soliman de prendre le contrôle d'Aden et de sa région, mais aussi d'affaiblir la présence portugaise dans le Golfe Persique
_ la flotte ottomane de la Mer Rouge a aussi combattu les Portugais sur les côtes indiennes, les empêchant de s'emparer de Diu en 1531 et tentant à deux reprises par la suite de les chasser de cette localité après leur installation en 1535
_ les Ottomans ont aussi soutenu le sultanat d'Adal dans leur guerre contre l’Éthiopie entre 1527 et 1543 (je n'ai pas fait mention de cet événement dans les parties des années 1527 à 1535 parce qu'il est difficile de déterminer le degré de soutien des Ottomans dans le conflit à cette période pour en déterminer une différence quelconque dans le récit)
_ le contrôle de l’Égypte par les Ottomans leur permettait de renforcer le contrôle sur les voies d'accès commerciale vers les Indes, ce qui est une des raisons de leur conflit avec les Portugais

Tous ces éléments font que même si les Ottomans devaient reprendre le contrôle de l’Égypte, les répercussions de leur perte de contrôle du territoire pendant (au moins) plus d'une décennie sont suffisamment importantes pour prévenir une situation OTL concernant l'influence ottomane aussi grande (ne serait-ce en Méditerranée et même en mer rouge, l'implantation portugaise n'ayant pas connu autant de difficultés et d'entraves).

Je suis d'accord, ça va avoir un impact majeur que j'ai hâte d'observer
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Message par Yodarc Sam 3 Sep - 9:40

Bonjour à tous !
Nous sommes désormais dans la fin des années 1530 dans cette nouvelle partie. Nous explorerons les tendances marquant le royaume de France à cette période et l'émergence d'une nouvelle situation pour Charles IX qui clôt ses premières années de règne et la période de régence qui avait précédé. Et des indices pour susciter votre curiosité sur ce qui se passe dans d'autres territoires durant la même période.
J'espère que tout ceci saura vous plaire.
Bonne lecture à tous !

PS : j'ai fait une petite rectification concernant le titre d'une certaine figure notable, ayant oublié qu'il était duc de Valois avant d'être comte d'Angoulême.

1536-1539 : Charles IX entre dans la cour des grands
Les années 1536 à 1539 voit Charles IX s’émanciper de ses jeunes années et chercher à régner selon une approche personnelle, poursuivant des politiques menées sous la régence de sa mère tout en développant de nouvelles ou réveillant d’anciennes.

Un des premiers éléments marquants de la période est l’aboutissement du projet de mariage entre Charles IX et la fille aînée du roi Sigismond I de Pologne. Durant l’année 1536-1537, le jeune roi entretient d’importantes relations avec le souverain polonais, notamment en le soutenant dans son conflit contre la grande-principauté de Moscovie. Cet échange et ce soutien diplomatique permettent la signature d’un traité d’alliance au printemps 1537 renouvelant celui de 1525. La princesse Élisabeth est envoyée en France à l’été 1537 et rejoint le royaume de son futur époux après un long périple dans les terres d’Empire, notamment par le royaume de Saxe et le duché de Hesse. La jeune princesse rejoint la Champagne en octobre 1537 où elle est rejointe par Charles IX. Leur mariage est célébré en novembre 1537 à la cathédrale de Reims où la jeune princesse est aussi intronisée reine de France. Leur mariage voit la naissance en septembre 1538 du prince Charles, puis en décembre 1539 de la princesse Suzanne.

Durant la fin des années 1530, Charles IX poursuit les politiques développées par sa mère, mais entreprend de renforcer aussi le pouvoir royal dans le domaine de l’administration. S’il continue de s’appuyer sur ses différents conseils, il entreprend peu à peu à prendre des décisions et initiatives en dernier ressort dans les domaines judiciaire et administratif. Une de ses décisions les plus importantes est d’étendre en 1537 l’ordonnance de son père Louis XII sur l’usage de la langue vernaculaire comme langue juridique dans la province du Languedoc qui en était exempté. Le jeune souverain entreprend aussi de renforcer peu à peu sa capacité à gouverner le royaume en s’émancipant de l’influence du conseil et des Grands du royaume.
Durant cette période, le royaume fait face à une croissance des prix qui avait débuté durant la décennie précédente et qui se renforce petit à petit. Cette évolution questionne la stabilité et la prospérité que le royaume avait connues depuis la mort de Louis XII. Au printemps 1539 éclate le Grand Tric : les compagnons des imprimeurs lyonnais font grève pour revendiquer une hausse des salaires et une baisse de la durée de travail. Cet incident amène à l’ordonnance de Chenonceau de septembre 1539 qui interdit les confréries pour tous les métiers.
L’émergence de nouvelles contraintes économiques n’empêchent cependant pas le royaume et Charles IX de se développer. Le soutien aux expéditions vers le Nouveau Monde continue sur les années 1536-1538, permettant à Charles IX de faire consolider la présence française dans les trois colonies établies dans le nord. Il fait aussi établir certains des banquiers et grands représentants génois à Lyon, renforçant le rôle de place financière de la cité. A l’été 1538, Charles IX récompense Jean Ango pour son rôle dans l’organisation des différentes expéditions vers le Nouveau Monde et l’Orient, le faisant entrer dans le conseil. Dans la même optique, le souverain soutient la création de l’École de cartographie de Dieppe en 1538. L’institution est dirigée par Pierre Desceliers et alimentée par les nombreux relevés cartographiques des explorateurs envoyés par Jean Ango, notamment pour les expéditions dans le nord du Nouveau Monde.

Dans le domaine religieux, Charles IX fait preuve d’une grande fermeté envers les mouvances réformées, affirmant plus que jamais sa position de défenseur de l’Église catholique et s’appuyant sur la hiérarchie de l’Église gallicane, la faculté de théologie de Paris et le cardinal François de Tournon pour déployer sa politique. Cela ne l’empêche pas de nouer des relations diplomatiques avec certains des cantons suisses réformés ou avec des membres de la Ligue de Marbourg dans le cadre d’alliances diplomatiques visant à contrer Charles Quint et à préparer sa campagne militaire contre Maximilien Sforza.
Dans le cercle royal, Marie d’Angleterre continue de jouer un certain rôle, mais est de plus en plus sur le retrait du fait d’une santé qui se dégrade. Sa santé se dégrade davantage après la nouvelle du décès de son frère, l’amenant à se retirer de la cour au début de l’année 1537. Si elle assiste au mariage de son fils en octobre 1537, la reine douairière tombe malade dans les mois qui suivent avant de décéder en mars 1538. Charles IX lui accorde d’importantes funérailles en avril 1538.
François de Valois tire profit du retrait puis de la disparition de la reine douairière pour renforcer sa position en s’appuyant notamment sur ses fils, François IV de Bretagne, Henri et Charles et son ami Claude de Lorraine. Il obtient ainsi le titre de duc d’Angoulême en 1537 alors que son jeune fils Henri obtient le titre de comte de Chartres en 1539. François de Valois joue un rôle important dans les affaires du royaume, notamment sur la question milanaise où il pousse Charles IX à revendiquer ses droits sur le duché. Le nouveau duc d’Angoulême doit cependant composer avec Charles de Montpensier-Bourbon qui tient un rôle important dans l’entourage du roi et qui a tissé d’importants liens avec la reine douairière, mais aussi avec les compagnons du roi, notamment Louis III de Bourbon.

Sur le plan diplomatique, Charles IX se rapproche de Berne et de l’Alliance des Trois Ligues afin de se constituer une alliance contre le duché de Milan. Il renouvelle ses relations avec la République de Venise et entame des échanges avec certains représentants de la Ligue de Marbourg, leur garantissant son soutien face à Charles Quint. La situation dans le royaume d’Angleterre l’amène à s’entretenir avec la régence qui s’est mise en place afin de renouveler l’alliance avec le royaume insulaire et entretenant avec ce dernier une relation de neutralité. Les relations avec le royaume d’Écosse sont renforcées suite au décès d’Henri VIII, l’incertitude régnant sur l’attitude à avoir avec le royaume anglais. Les relations avec les Habsbourg se dégradent davantage durant la période du fait des tensions et du conflit autour du duché de Milan et du soutien du roi de France à certains des princes protestants. Les relations avec le royaume de Pologne se renforcent suite au mariage entre Charles et Élisabeth Jagellon. Il renforce aussi ses relations avec Henri II de Navarre dont le mariage avec Marie de Bourbon-Vendôme a résulté en la naissance de Jeanne au début 1536 et de Jean au printemps 1538. Le jeune roi se détache cependant quelque peu du duché de Savoie, n’abordant plus qu’une relation neutre avec Charles III de Savoie. Durant l’été 1538, Charles IX échange des lettres avec le sultan Wattasside sur la possibilité de développer des échanges commerciaux entre le royaume de France et celui chérifien. Charles IX accepte de développer ces échanges, notamment pour contrer l’influence espagnole dans le nord de l’Afrique.
Mais c’est en Italie que les événements se précipitent : les ingérences milanaises à Gênes et dans la Valteline ont contribué à susciter l’hostilité de plusieurs voisins du duché et amené Charles IX à se poser comme un défenseur du statu quo dans le nord de la péninsule, avant que ses revendications dynastiques sur le duché ne viennent s’ajouter à ses motivations. Sur les années 1535-1536, le jeune souverain enjoint le duc Maximilien Sforza à redonner aux génois leurs droits et menace de remettre en question sa légitimité à gouverner le Milanais. Durant la même période, Charles IX renforce ses liens avec la République de Venise, l’Alliance des Trois Ligues et soutient les Adorno dans leur volonté de reprendre les rênes du pouvoir à Gênes. Le jeune roi entreprend aussi de s’assurer de la neutralité des potentiels alliés du duc, notamment de Charles Quint. La mort de Pie IV et l’élection de Giulio de Médicis en tant que nouveau pape restreint les actions de Charles IX envers le duché de Milan. Mais le décès du nouveau pape en mai 1538 permet au roi de France de développer un projet de campagne militaire destiné à s’emparer du duché de Milan et à chasser les Milanais de Gênes. Il entreprend aussi durant la même période à nouer des alliances, notamment avec les Trois Ligues et Venise. Ses efforts se concrétisent au printemps 1539 lorsque Charles IX part en campagne avec une armée attaquer le duché de Milan alors qu’une seconde s’empare de Gênes en juillet 1539. Milan est occupé fin août 1539 alors que Maximilien et sa famille rejoignent la cour d’Alessandro de Médicis. Charles IX profite pour affirmer ses revendications dynastiques et devenir duc du Milanais. Il repart en France en novembre 1539 alors que Charles de Bourbon-Montpensier est chargé de protéger le duché contre Maximilien Sforza et ses alliés.

Durant cette période, François IV de Bretagne devient une figure importante de la cour de France alors qu’il fait de son duché un lieu incarnant les idéaux humanistes et de la Renaissance. Il poursuit une bonne partie des approches de son père, intégrant les influences italiennes dans les projets artistiques dans son duché, notamment à Nantes désormais devenu un haut-lieu du royaume pour sa culture et son rôle économique. Son mariage avec Marie Tudor lui permet d’avoir des liens importants avec le royaume d’Angleterre, qui se renforcent avec le décès d’Henri VIII. Sur leurs premières années de mariage naissent Catherine en août 1536, François en octobre 1537 et Claude en avril 1539.
Son duché bénéficie beaucoup des expéditions vers le Nouveau Monde et du développement des colonies de Saint Jean, de Fort Charlesbourg et de Fort Sainte-Croix, les marins bretons composant le cœur des équipages des expéditions, les pêcheurs bretons étant très nombreux à Terre-Neuve et plusieurs volontaires bretons rejoignant les trois colonies durant la période. Plusieurs ports, notamment Nantes et Saint-Malo, bénéficient de la politique royale et ducale en direction du Nouveau-Monde. Ce développement du duché et ses différents liens font du duc une figure éminente de la cour royale, même si ses rapports avec Charles IX sont empreints d’ambiguïtés : François fait partie des compagnons du roi, mais la prospérité et la puissance de son duché contribue à susciter la méfiance de certains membres du conseil qui soulignent au roi que le jeune duc de Bretagne est l’héritier de François de Valois.

Durant les années 1536-1539, les expéditions vers le Nouveau Monde continuent, bien que les événements dans la Chrétienté amène à un amoindrissement de leur ampleur du fait du coût financier qu’elles impliquent.
Au printemps 1536, Giovanni Verrazzano et Jacques Cartier entreprennent une expédition dans la direction supposée du royaume de Saguenay à l’est. Ils entreprennent d’entrer dans le fjord de Saguenay, mais la force du courant les empêchent de progresser et amènent les deux navigateurs à considérer le fjord comme un bras de mer vers le Pacifique. Ils décident en mai 1536 de continuer l’exploration à pied pour accéder au royaume. L’exploration est difficile et incertaine, bien qu’aidée par des guides iroquoiens. Durant l’été 1536, l’expédition rencontre d’autres autochtones que les Français appellent Montagnez. La rencontre est tendue du fait de la présence des guides iroquoiens et les deux explorateurs et leur expédition doivent utiliser leurs armes pour disperser les indigènes. Après cette rencontre, Verrazzano et Cartier continuent vers l’est et atteignent début août 1536 un lac qu’ils nomment Saint-Jacques (1). L’absence de repères sur la présence du royaume décrit par Donaconna et les difficultés croissantes dans l’expédition rendent incertains Jacques Cartier et Giovanni Verrazzano dans la poursuite de l’expédition. Ces incertitudes sont aggravées lorsque courant août 1536, leur groupe est attaqué par d’autres autochtones. S’ils parviennent à défaire les agresseurs, plusieurs membres de l’expédition sont tués ou blessés, parmi eux Verrazzano. L’attaque oblige les Français à revenir vers Stadaconé et Fort Sainte-Croix qu’ils atteignent fin septembre 1536. Jacques Cartier et Giovanni Verrazzano passent l’automne et l’hiver à se reposer, faisant le bilan de l’expédition vers Saguenay.
Durant la même période, Fort Sainte-Croix développe les relations avec Stadaconé et se développe quelque peu malgré les contraintes locales. Les relations entre les iroquoiens et les français sont assez bonnes malgré quelques incidents et le fait que le village se remet difficilement des effets dévastateurs de ses conflits avec ses voisins et de la maladie de l’hiver précédent. Alors que Jacques Cartier et Giovanni Verrazzano entreprennent leur exploration vers Saguenay, le gouverneur de Fort Sainte-Croix explore l’amont du Saint-Laurent et entre en contact avec le village d’Hochelaga. Le premier contact entre les Français et ses habitants est amical. Le chef d’Hochelaga évoque aux explorateurs que l'on peut continuer à remonter le fleuve vers l'ouest durant trois lunes et, d’une rivière contiguë, le Kitchesippi (2), se diriger vers le nord et pénétrer dans un pays où l'on trouve de l'or. Cette information suscite le vif intérêt du gouverneur français qui en informe Jacques Cartier et Giovanni Verrazzano à l’automne 1536.
Au printemps 1537, Jacques Cartier et Giovanni Verrazzano repartent vers la France, promettant à Donnaconna de faire part au roi de France du désir de relations privilégiées entre leurs communautés. Rejoignant le royaume de France en mai 1537, ils rencontrent Charles IX à qui ils informent du résultat des deux dernières années et de l’expédition pour trouver Saguenay. Ils informent aussi le souverain du potentiel territoire où se trouve de l’or. Charles IX reçoit ces nouvelles avec un certain intérêt, même si son attention commence à porter sur le Milanais. Si le résultat de l’expédition vers le royaume de Saguenay n’est pas probant, cela ne décourage pas les deux explorateurs qui demandent à Charles IX de soutenir une nouvelle expédition à la fois pour soutenir Fort Sainte-Croix et de pouvoir mener à bien l’exploration des terres voisines au Saint-Laurent. Du fait du développement des relations avec le village de Stadaconé, Charles IX accorde son consentement à la préparation d’une nouvelle expédition. L’expédition prend beaucoup de temps pour se mettre en place, notamment du fait de la mauvaise santé de Giovanni Verrazzano. Début 1538, il est décidé que Jacques Cartier sera en charge de l’expédition vers Fort Sainte-Croix. Ce dernier reprend la mer en mai 1538, rejoignant d’abord Terre-Neuve en juillet 1538 avant d’atteindre Fort Sainte-Croix en août 1538. Son arrivée à Fort Sainte-Croix permet de ravitailler la petite colonie qui a subi les affres de l’hiver 1537-1538 et connu des heurts violents avec une des tribus rivales de Stadaconé alors que le village iroquoien a subi une nouvelle attaque durant l’année 1537. Jacques Cartier aide le gouverneur à réorganiser et à renforcer Fort Sainte-Croix et d’échanger avec Donnaconna, bien que ce dernier soit affaibli par la maladie. Durant l’automne 1538, Jacques Cartier descend vers Hochelaga où il prend contact avec le chef du village qui lui donne les mêmes informations qu’aux Français qui l’ont rencontré en 1536. Ces informations permettent à Jacques Cartier de réfléchir sur la manière dont il pourrait préparer l’expédition pour chercher ce territoire rempli d’or. Revenant à Fort Sainte-Croix, il y passe l’hiver 1538-1539.
Au printemps 1539, Jacques Cartier repart sur le Saint-Laurent et le remonte jusqu’à Hochelaga. Suivant les indications du chef du village, les Français remontent encore le Saint-Laurent jusqu’à atteindre fin avril 1539 le Kitchesippi que l’explorateur breton nomme Kissésippi. Il remonte la rivière et s’enfonce dans les terres. Durant l’été 1539, ils font la rencontre d’autres autochtones, les Algoumequins, au niveau d’un croisement avec une rivière remontant vers le nord. Durant cette rencontre, les Français échangent sur la direction du royaume décrit par le village d’Hochelaga et la direction à prendre. Malgré des informations contradictoires et incertaines, les Français poursuivent leur exploration de la rivière. En septembre 1539, Jacques Cartier et sa petite expédition s’arrêtent et installent un fortin qu’ils nomment Fort Breton. Les contraintes locales, l’arrivée de l’automne et la restriction des ressources amènent le petit groupe à interrompre la recherche de la région décrite par le chef d’Hochelaga et de se préparer à retourner à Fort Sainte-Croix. Malgré certaines difficultés et l’arrivée progressive de la saison froide, Jacques Cartier et ses hommes rejoignent Hochelaga en octobre 1539 avant de revenir à Stadaconé puis à Fort Sainte-Croix.
Durant l’année 1539, Fort Sainte-Croix continue de tisser ses relations avec Stadaconé, renforçant à la fois ses relations commerciales et militaires depuis l’attaque de l’année précédente. Le fort se développe en construisant un ponton pour permettre l’accostage de barques destinées à transporter les hommes, les vivres et les ressources échangées avec Stadaconé.
Durant les années 1536-1539, Saint-Jean sur Terre-Neuve se renforce et devient un lien important pour les pêcheurs bretons, basques et anglais, même si la garnison française signale un contrôle officieux de la région au nom du royaume de France. La garnison doit gérer quelques échauffourées avec les autochtones de l’île alors que le nombre de pêcheurs bretons tirant profit de la présence de la localité s’est démultiplié au fil des années.
Durant la même période, Fort Charlesbourg se développe avec une certaine difficulté, devant se développer en partie par ses propres moyens alors qu’elle entreprend de tisser des liens avec d’autres tribus autochtones, principalement des Leni Lenape. La petite colonie compte trois cent à quatre cent âmes et échange beaucoup avec Terre-Neuve pour envoyer les ressources échangées avec les Leni Lenape ou exploités dans le territoire désormais contrôlé par les Français. Les conditions environnementales et la réorganisation des relations avec les Leni Lenape suite aux épidémies qui ont frappé ces derniers en 1531 et en 1537 sont autant de contraintes à surmonter pour le gouverneur de la colonie et ses hommes.

(1) Nom alternatif pour le lac Saint-Jean relié par la rivière Saguenay au fleuve Saint-Laurent.
(2) Nom ancien de la Rivière des Outaouais.


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Message par Collectionneur Sam 3 Sep - 10:53

Des relations entre la France et la Pologne a travers la Germanie dont une partie des cités est hostiles ne doivent pas simple. Je me demande si le trafic maritime entre la Manche et la Baltique était courant.


Dernière édition par Collectionneur le Sam 3 Sep - 13:33, édité 1 fois
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Message par Yodarc Sam 3 Sep - 11:53

Collectionneur a écrit:Des relations entre la France et la Pologne a travers la Germanie dont une partie des cités est hostiles ne doivent pas simples. Je me demande si le trafic maritime entre la Manche et la Baltique était courant.

Le commerce maritime entre la Manche et la Baltique était courant grâce au réseau de villes associées de la ligue Hanséatique (dont fait notamment partie Lübeck): cette ligue avait des comptoirs de Londres jusqu'à Novogord à son apogée aux 14e-15e siècles. Au 16e siècle, la ligue hanséatique existe encore, mais se retrouve concurrencée, notamment par la réémergence des royaumes scandinaves (le royaume de Suède, le royaume de Danemark-Norvège dans la LTO, le royaume de Danemark et celui de Norvège dans cette LT) et par l'affirmation politique et économique de différents royaumes (ainsi, le royaume d'Angleterre met un terme à ses relations avec la Hanse en 1552 sous Édouard VI dans la LTO).
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Message par Flosgon78 Dim 4 Sep - 12:55

passionnant, on s'achemine alors vers de nouvelles guerres d'Italie ?
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Message par Yodarc Dim 4 Sep - 16:16

Flosgon78 a écrit:passionnant, on s'achemine alors vers de nouvelles guerres d'Italie ?

Au moins une, même si des conflits secondaires pourront ponctuer les périodes à venir.

Le seul indice que je peux donner concernant ces hostilités futures, c'est qu'elles tirent inspiration des conflits historiques des années 1540 et 1550 qui opposaient Charles Quint et François Ier, tout en tenant compte du contexte de la LTA et des répercussions du POD (notamment concernant le rôle d'un certain acteur notable de l'époque qui historiquement s'est retrouvé amoindri dans sa position après les années 1520 à cause d'un événement marquant qui n'a pas eu lieu dans cette réalité alternative à cause des bouleversements contextuels).
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Message par Flosgon78 Lun 5 Sep - 22:30

Yodarc a écrit:
Flosgon78 a écrit:passionnant, on s'achemine alors vers de nouvelles guerres d'Italie ?

Au moins une, même si des conflits secondaires pourront ponctuer les périodes à venir.

Le seul indice que je peux donner concernant ces hostilités futures, c'est qu'elles tirent inspiration des conflits historiques des années 1540 et 1550 qui opposaient Charles Quint et François Ier, tout en tenant compte du contexte de la LTA et des répercussions du POD (notamment concernant le rôle d'un certain acteur notable de l'époque qui historiquement s'est retrouvé amoindri dans sa position après les années 1520 à cause d'un événement marquant qui n'a pas eu lieu dans cette réalité alternative à cause des bouleversements contextuels).
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Message par Yodarc Sam 10 Sep - 8:56

Bonjour !
Cette troisième partie est sur les îles britanniques où d'importants bouleversements ont lieu dans cette période 1536-1539 alternative. Des changements imprévus comme l'Histoire les aime (le tout en suivant des éléments connus sur le plan historique et étant plausibles et faisant clin d’œil à divers événements historiques de la période). Vous allez découvrir une nouvelle voie pour ces royaumes avec son lot d'incertitudes et de tensions.
J'espère que ce passage saura vous ravir.
Bonne lecture à tous !

N.B. : toute ressemblance avec un événement d'actualité serait pure coïncidence fortuite en retard/avance de près de cinq cent ans et d'un autre coin du multivers.

1536-1539 : Troubles britanniques
Les années 1536-1539 sont marquées par d’importants bouleversements sur les îles britanniques notamment pour le royaume d’Angleterre.

1536 marque une rupture importante pour le royaume d’Angleterre. Au printemps 1536 décède Catherine d’Aragon. Le décès de l’ancienne reine marque la fin des controverses autour de l’annulation de son mariage avec Henri VIII. Ce dernier honore le deuil de son ancienne épouse tout en célébrant la nouvelle grossesse de son épouse Anne. Cette dernière met au monde en mai 1536 un fils nommé Thomas. Mais au début de juin 1536, lors du tournoi célébrant la naissance de son nouvel enfant, Henri VIII est désarçonné dans une des joutes et son cheval lui tombe dessus. Le roi, inconscient et brisé par sa chute, rend l’âme le 8 juin 1536. La mort d’Henri VIII est un choc pour le royaume et ses alliés et suscite l'incertitude. L’événement le plus marquant dans les jours qui suivent sa mort est la prédiction d’Elizabeth Barton, une religieuse du Kent connue pour ses transes prophétiques. Cette dernière prévient qu’un grand malheur s’abattra sur le royaume avec la mort du roi. Ses paroles suscitent une vive émotion et furent soutenues par les adversaires du clan Boleyn.
En juillet 1536, alors que les funérailles du souverain voient des représentants des différentes puissances chrétiennes y assister, notamment François IV de Bretagne et son épouse Marie, une régence se met en place au nom d’Henri IX. Une importante controverse émerge concernant qui sera le lord-protecteur du royaume ou si un conseil de régence ne devrait ne pas être mis en place. Le clan Boleyn et Norfolk sont partisans de la première solution, même s’ils se déchirent sur la personne qui endosserait la responsabilité, alors que leurs adversaires au conseil privé et au parlement soutiennent la mise en place d’un conseil de régence. Certains penchent pour le duc de Richmond, Henri Fitzroy, comme lord-protecteur, bien que certains s’inquiètent du risque d’usurpation par le fils légitimé d’Henri VIII. Cette possibilité est cependant défaite lorsqu’Henri Fitzroy décède de maladie fin juillet 1536, laissant toujours ouverte la question de la nature de la régence. Certains soulèvent la possibilité d’inclure la princesse Marie dans un conseil de régence, mais la proposition est rejetée à cause de son mariage avec le duc de Bretagne et de l’opposition d’Anne et de ses proches. Pour tenter de résoudre le problème, Thomas More appelle au parlement pour trancher la question de la régence, le mettant en conflit avec la reine douairière et les siens. Il est soutenu dans sa démarche par plusieurs autres membres de la cour et du conseil, comme Stephen Gardiner. En septembre 1536, un conseil de régence est décidé dans lequel figurent Thomas Howard de Norfolk et certains membres du conseil privé. Thomas More n’en fait cependant pas partie, préférant quitter ses responsabilités de chancelier. Il est remplacé par Thomas Cranmer qui est soutenu par les Boleyn. Thomas Cromwell demeure au sein du conseil, mais ses prérogatives sont limitées par le duc de Norfolk et ses alliés.
La régence qui se met en place entreprend de poursuivre plusieurs des politiques du défunt roi tout en prenant d’autres décisions qui s’en démarquent. Les décisions sont cependant marquées par de nombreuses divisions au sein du conseil du fait des intérêts divergents de ses membres ou de l’influence des soutiens extérieurs ou de la reine douairière qui escompte jouer un rôle important dans la régence de son fils.
Ainsi, la politique d’enquête et de recensement des couvents du royaume mise en place par Henri VIII est maintenue, mais les divisions et désaccords sur ses buts provoquent des résultats mitigés et inégaux dans les différentes régions anglaises, notamment dans le Norfolk où le duc contribue à préserver les couvents de potentiels fermetures. Les enquêtes aboutissent cependant à la fermeture de plusieurs monastères pour mauvaise conduite et non-respect de leurs règles, amenant une partie de leurs ressources à être récupérées par le trésor royal.
La lutte d’influence la plus vive oppose le conseil de régence et sa tête, le duc de Norfolk, à la reine douairière. Cette dernière est déterminée à jouer un rôle important dans la régence de son fils et de défendre ses droits et de le préparer à sa charge. Cette détermination est renforcée après l’automne 1537 où son dernier fils Thomas décède de maladie. La jeune reine douairière se retrouve souvent en conflit avec son oncle sur les questions du royaume ou la préparation de son fils au pouvoir. Elle peut s’appuyer sur son frère George, mais se trouve aussi en désaccord avec son père Thomas. Anne entreprend de développer ses liens au sein de la cour, s’alliant avec Thomas Cranmer et Thomas Cromwell pour pouvoir développer une influence suffisante pour avoir son mot à dire dans la régence.
Les divergences et luttes d’influence dans le conseil de régence et la cour contribuent au développement discret de mouvements réformés au sein du royaume. Si certains des membres du conseil de régence, comme le duc de Norfolk, sont conservateurs et traditionnels en matière de foi religieuse, d’autres comme Thomas Cranmer, se montrent plus ouverts à la question d’une nouvelle approche de la foi. Ces fractures sont compliquées par la mise en application des décisions du concile de Mantoue qui renouvellent certains aspects de la vie religieuse et spirituelle, notamment concernant le clergé. Mais plus que dans le conseil de régence, c’est par l’intermédiaire de figures plus ou moins éminentes du royaume que les idées luthériennes se développent, notamment avec l’archevêque de Worcester, Hugh Latimer, et de Robert Barnes. Le conseil de régence fait d’abord preuve d’une forte fermeté envers le développement de ces idées combattues sous Henri VIII, amenant notamment à un nouvel exil de Robert Barnes en 1538.
Sur le plan diplomatique, le royaume d’Angleterre continue de maintenir ses relations avec ses voisins français et écossais, mais les intérêts divergents et contradictoires du conseil de régence amènent à des relations plus distantes alors que les relations avec d’autres territoires commencent à se développer. Les relations avec les Pays-Bas se renforcent ainsi dans le cadre des échanges commerciaux, amenant la régence à développer des relations avec les Habsbourg.
Durant la période, suite à au premier Laws in Wales Act décidé en 1535, le Pays de Galles commence une intégration aux systèmes judiciaires et administratifs anglais. La mort d’Henri VIII et la mise en place de la régence ralentit l’intégration juridique du Pays de Galles même si le duc de Norfolk permet sa poursuite. Le conseil de régence maintient aussi Léonard Grey en tant que lieutenant-protecteur d’Irlande. Ce dernier continue de gérer l’île émeraude avec efficacité, développant les relations de l’administration anglo-irlandaise avec le reste de l’île, notamment en visitant Galway en juillet 1537. Il doit cependant faire face à l’opposition de la puissante famille des Butler et de certains membres du conseil privé, comme John Rawson, vicomte de Clontarf. Sa situation est davantage compliquée lorsque le conseil de régence libère Thomas Fitzgerald et ses oncles en 1538. Les rapports entre les deux hommes sont compliquées, étant liés par des relations familiales alors que le premier a agi au nom du roi pour soumettre le second.

Les années 1536-1539 sont assez paisibles pour le royaume d’Écosse. Durant cette période, le mariage de Jacques V avec Renée de France aboutit à la naissance en mars 1538 du prince héritier Jacques. En septembre 1539 naît le prince Arthur qui ne survit que quelques mois. Les relations entre Jacques et son épouse ne sont pas faciles, Renée faisant preuve d’une certaine tolérance et curiosité en faveur des idées réformées alors que son époux s’y oppose fermement. Jacques V est soutenu par le Saint-Siège dans sa politique religieuse, notamment par Paul IV qui lui offre en 1539 une épée bénie et une coiffe symbolisant ses prières de voir le roi renforcé dans sa lutte contre les hérésies.
Jacques n’est pas seulement déterminé dans sa politique d’opposition à l’implantation des idées luthériennes et autres prétendant réformer la foi chrétienne. Il est aussi déterminé à neutraliser la famille Douglas dont il ne pardonne pas les ingérences durant les dernières années de régence. Cela l’amène à faire condamner la sœur du comte, Janet, qui est accusée de sorcellerie et de complot contre lui.
Malgré ces conflits, l’arrivée de Renée à la cour écossaise contribue à l’épanouissement des arts, la cour de Renée contribuant à la culture de l’art et des sciences alors que Jacques V se fait mécène des poètes et auteurs. En plus d’être mécène, Jacques V entreprend durant la période de remettre au goût du jour plusieurs de ses résidences, notamment le palais de Falkland auquel il donne le style français développé sous la régence de Marie d’Angleterre et de son cousin Charles IX.
Les dépenses royales et la brutalité de certaines de ses politiques et décisions suscitent une certaine hostilité parmi les seigneurs écossais, mais le roi est apprécié du peuple, des rumeurs affirmant qu’il aime voyager dans son royaume déguisé en roturier sous le nom de « fermier de Ballengeich ».
Sur le plan diplomatique, Jacques V renforce ses liens avec le royaume de France et Charles IX. Ses relations avec le royaume d’Angleterre sont plus compliquées, la mort d’Henri VIII provoquant une forme de rupture dans les relations entre les deux royaumes. Si le conseil de régence anglais maintient des relations cordiales, une certaine distance a émergé à la fois du fait des divisions et conflits d’intérêts au sein de la régence anglaise, mais aussi du changement de rapport de force entre les deux royaumes. Mais c’est avec Christian II que Jacques V développe le plus de liens durant la période.
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Message par Collectionneur Sam 10 Sep - 21:28

Le roi est mort, vive le roi... En aparté, j'ai était vraiment abasourdi par de nombreux commentaires français sur les réseaux ''as''sociaux commentant la proclamation de Charles III comme roi d'Angleterre.

Cela va à dire que c'est indécent qu'il soit roi alors que Elisabeth II n'est pas enterré, aux courroux de voir son épouse avec le titre de princesse de Galles - Qu'elle n'utilise pourtant pas dans la ''vie courante'' - que certains réserve à Lady Diana... Bon, il est vrai que nos compatriotes ont déjà du mal a connaitre le fonctionnement de la 5e république (Mélenchon, premier ministre !?), alors le protocole royal d'un ile voisine...
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Message par Yodarc Sam 17 Sep - 9:29

Bonjour à tous !
Voici dans cette nouvelle partie de ce récit une présentation de la situation en Italie (et les cantons suisses). Des changements en perspective, notamment à la papauté (l'occasion de revoir deux figures éminentes de la période OTL), mais aussi dans la transition de la période de stabilité qui avait plus ou moins caractérisé la région depuis le POD. L'occasion aussi de voir d'autres alliances, notamment sur le plan matrimonial et la manière dont les rapports de force ont évolué depuis 1515 afin de vous donner une idée potentielle des événements à venir.
Puisse ce passage vous plaire.
Bonne lecture à tous !

1536-1539 : Les évolutions en Italie et en Papauté
Les années 1536-1540 voient la péninsule italienne connaître de nombreux changements, certains mettant un terme à la stabilité relative qui existait depuis plus de vingt ans.

La papauté connaît durant cette période de nombreux bouleversements. Pie IV commence à mettre en œuvre les décisions du concile de Mantoue durant les années 1536-1537 alors qu’il s’efforce de préserver la paix établie depuis le Traité de Londres malgré les troubles et conflits qui ont affecté les cantons suisses et le duché de Milan ou la Scandinavie plus au nord. Mais le pape est affaibli par sa tâche et s’éteint en mai 1537. Son décès amène à la tenue d’un conclave début juin 1537 qui voit l’élection du cardinal Giulio de Médicis qui devient Clément VII. Le souverain pontife développe des relations avec le duché de Milan et renforce ses liens avec les Habsbourg tout en poursuivant la politique de mécénat de son prédécesseur. Il est cependant marqué par l’épuisement et la fatigue, tombant malade au début de l’année 1538. Clément VII s’éteint en mai 1538, près d’un an après son prédécesseur. Des rumeurs font état de soupçons d’empoisonnement du pape par ses adversaires ou son neveu Alessandro avec lequel les relations s’étaient dégradées au fil des années.
Le décès de Clément VII amène à un nouveau conclave à l’été 1538. A la différence des deux précédents, il ne dure qu’une journée et voit l’élection d’Alexandre Farnèse, la plupart des cardinaux l’ayant choisi soit du fait de son positionnement favorable aux Français, soit du fait de son âge avancé ou de son soutien aux réformes de Paul III et au conclave de Mantoue. Le nouveau pape prend le nom Paul, devenant Paul IV.
Le nouveau pape poursuit la politique de ses prédécesseurs, mettant l’accent sur l’application des décisions du concile de Mantoue pour lutter contre les idées de Luther, de Zwingli et des autres prédicateurs prétendus réformés. Cela l’amène à se rapprocher de Charles Quint qui durant la période entreprend de rétablir l’autorité de l’Église catholique face aux princes de la Ligue de Marbourg. Ses relations avec Charles IX sont plus compliquées à cause des décisions du roi français à intervenir contre le duché de Milan à l’été 1539. Le pape s’inquiète du potentiel bellicisme français qui menace le statu quo dans la péninsule et l’influence que la papauté a su maintenir et développer depuis la mort de Louis XII. Cette impression est renforcée par les troubles qui touchent Florence alors que la faction républicaine reçoit le soutien de Charles IX. Le risque de troubles et de menace française sur l’influence du Saint-Siège dans la péninsule pousse Paul IV à se tourner vers Charles Quint pour essayer de constituer une alliance pour contrecarrer le souverain français.

La république de Florence connaît une période trouble durant les années 1536-1540. Le cardinal Giulio de Médicis commence à se faire vieux, épuisé par les années de participation à la vie de la cité et à ses responsabilités de cardinal. Si son neveu Alessandro gouverne avec habilité Florence, il est aussi déterminé à se débarrasser de ceux qui lui paraissent être des ennemis, notamment son cousin Ippolito. Giulio est parvenu à réfréner les désirs de son neveu, mais cela contribue aussi au développement d’un conflit larvé entre les deux Médicis. Durant la période, Alessandro parvient à marier sa demi-sœur Catherine avec l’héritier du duché de Milan, Francesco, en 1537 après de nombreuses négociations, amenant à une alliance entre les deux duchés. Alessandro épouse quant à lui Vittoria Farnèse en août 1539, renforçant ses liens avec le pape Paul IV.
L’élection de Giulio de Médicis au conclave qui suit le décès de Pie IV puis son décès en 1538 libère Alessandro de Médicis qui peut gouverner sans les contraintes imposées par son oncle. Le dirigeant de Florence se retrouve cependant en confrontation directe avec son cousin Ippolito qui à l’été 1538 escompte bien reprendre la gouvernance de la cité à Alessandro. Le conflit est aggravé par l’alliance nouée entre le cardinal et Philippe Strozzi le jeune, un banquier et condottiere florentin qui fut un temps proche des Médicis du fait de son mariage avec une de ses membres, Clarice. Philippe Strozzi soutient le mouvement républicain de la cité et tisse des relations avec le royaume de France alors que Charles IX envahit le duché de Milan à l’été 1539. Le rapprochement de ses adversaires l’amène aussi à se rapprocher des Habsbourg et de comploter la disparition de son cousin.
Les deux factions mènent des actions visant à développer des alliances, la faction républicaine avec les Français, Alessandro avec Paul IV et Charles Quint. Le dirigeant de Florence s’accorde avec la papauté et certains des duchés italiens, comme Ferrare, pour contrer Charles IX. Le souverain français décide de soutenir Philippe Strozzi et le cardinal Ippolito après avoir eu vent des rumeurs de coalition italienne contre lui.
Durant cette période, le priori de Sienne doit gérer les manigances florentines et les patriciens favorables aux Médicis. Le décès de Pie IV en mai 1537 et l’élection de Giulio de Médicis contribue à renforcer les inquiétudes des Siennois alors qu’Alessandro renforce les ingérences au sein de la cité rivale de Florence. Le décès de Clément VII en 1538 et l’intervention militaire française dans le Milanais font évoluer la situation et pousse le Priori à se rapprocher de Charles IX dans l’espoir d’avoir un puissant protecteur contre les ingérences des Médicis.

Le duché de Milan est en 1536 à son zénith, ayant réussi à se remettre des conflits avec Louis XII et repris une partie des territoires qu’il avait perdu durant la période. Mais ses succès suscitent l’hostilité de certains de ses voisins et la convoitise de Charles IX de France dont l’intérêt dynastique pour le duché est renouvelé durant la période. Maximilien Sforza s’efforce de développer des alliances pour contrer la menace française, notamment en direction de Charles Quint. La mort de son frère à l’hiver 1536-1537 complique la capacité du duc de Milan à renforcer ses liens avec les Habsbourg.
Dans la recherche d’alliés pour protéger son duché des vues françaises, Maximilien Sforza renforce sa politique matrimoniale pour renforcer sa légitimité et obtenir des alliances. Il fait ainsi marier son fils Francesco avec Catherine de Médicis en 1537, tissant des liens avec les Médicis. Le décès de Pie IV et l’élection de Giulio de Médicis l’amène à se rapprocher du Saint-Siège. L’alliance avec les états pontificaux assurent à Maximilien Sforza une relative protection face à la menace française grandissante.
Le décès de Clément VII en mai 1538 bouleverse de nouveau la situation pour le duché de Milan qui se retrouve dans une situation assez isolée face au royaume de France. Il entreprend de développer des relations avec le nouveau pape et avec les Habsbourg. Ses tractations commencent à porter ses fruits lorsque Charles IX attaque le duché en juin 1539. Maximilien cherche à stopper l’armée française, mais ses forces sont défaites près de Vigevano en juillet 1539 alors que les Français s’emparent de Gênes. Le duc doit aussi faire face à une attaque de l’Alliance des Trois Ligues à partir d’août 1539. Attaqué de toutes parts, Maximilien quitte Milan avec sa famille et rejoint Florence en septembre 1539. Il y rencontre son beau-fils et entreprend de rassembler une armée pour tenter de reprendre son duché.
La cité de Gênes connaît l’autorité milanaise durant les années 1536-1539. La prise de contrôle de la ville et de sa région par Maximilien Sforza a désorganisé les structures républicaines mais a permise aux communes d’acquérir une position importante, le duc laissant une importante autonomie aux habitants. Les factions des grandes familles patriciennes complotent cependant contre le duc de Milan, notamment appuyé par les Français. Cela aboutit à des émeutes au début de l’année 1539 qui servent de prétexte à Charles IX pour attaquer le duché de Milan. Gênes est prise par les Français à l’été 1539 avant que Charles y nomme un gouverneur, plaçant la cité sous l’autorité de son royaume.

Durant les années 1536-1539, Venise se rétablit de son conflit avec l’empire ottoman. La Sérénissime entreprend de renforcer ses liens avec le royaume de France, notamment pour contrer le duché de Milan désormais jugé menaçant pour l’équilibre au sein de la péninsule italienne. Ils entretiennent des relations compliquées avec la papauté alors que se succèdent Clément VII et Paul IV en 1537 et 1538. Les Vénitiens ont des relations troubles avec les Habsbourg, l’intervention française dans le Milanais en 1539 réveillant leur désir de récupérer Vérone perdue depuis 1509. La république maritime maintient enfin des relations difficiles avec l’empire ottoman alors qu’ils entreprennent de soutenir les mamelouks contre ces derniers durant le conflit opposant les deux territoires musulmans.

Durant les années 1536-1540, Charles III de Savoie conserve d’importantes relations avec le duché de Milan, mais l’évolution de la diplomatie de Charles IX place le duc dans une position compliquée et l’amène à se rapprocher de Charles Quint afin de pouvoir garantir ses terres. Il maintient des relations compliquées avec Berne et Genève, s’engageant à respecter les accords signés en 1534 pour ne pas s’en prendre à la petite république. Le duc s’efforce de négocier le retour des territoires occupés par les Bernois, mais ne peut plus compter sur Charles IX qui est plus intéressé par le duché de Milan que par le soutien au duché de Savoie.

Durant les années 1536-1540, les cantons suisses connaissent une période de relative tranquillité et stabilité après les troubles du début des années 1530. Des tensions demeurent entre les cantons catholiques et ceux réformés, mais une forme de paix est maintenue. Si les cantons catholiques tissent et renforcent leurs relations avec Ferdinand de Habsbourg, les cantons réformés prennent une posture neutre qui est renforcée par la publication en versions allemande et latine de la Deuxième Confession Bâloise par Myconius en avril 1536. Cette confession tente de trouver un compromis avec la doctrine luthérienne sans oublier pour autant celle de Zwingli. Le texte permet aux églises réformées des cantons suisses, notamment celle de Zurich, de créer une position commune qui leur permet de consolider leur situation après les défaites de 1530 et de 1534. La publication de la Confession s’avère d’autant plus nécessaire qu’à la même période, Martin Bucer cherche à se réconcilier avec Martin Luther sur les divergences culturelles et théologiques.
Berne développe des relations avec Charles IX dans le cadre d’une alliance contre le duché de Milan suite au conflit entre Maximilien Sforza et l’Alliance des Trois Ligues. Les Trois Ligues se rapprochent aussi de Charles IX dans l’espoir de pouvoir reprendre la Valteline. Ce développement de relations aboutit en 1539 lorsque Berne permet à Charles IX de traverser le Vaud pour attaquer Milan et les Trois Ligues soutiennent ce dernier contre Maximilien Sforza.
Les cantons catholiques mettent en place durant la période les décisions du concile de Mantoue, renforçant la présence de l’église catholique dans ces régions. Le développement des décisions du concile contribue à un rééquilibrage des rapports de force entre les cantons catholiques et réformés.
Durant cette période, les idées réformées se développent et se renforcent à Genève, notamment grâce à Guillaume Farel et à Jean Calvin, ce dernier ayant rejoint la cité genevoise durant les années 1535-1536. Les deux hommes adhèrent à la Deuxième Confession bâloise. Genève est toujours soutenue et protégée par Berne contre le duché de Savoie après le conflit de 1533. Les deux prédicateurs contribuent à la mise en place d’une nouvelle organisation politique et théologique dans la cité, même si des désaccords existent entre les deux hommes concernant certains éléments théologiques ou leur rôle dans la vie de la cité. Guillaume Farel et Jean Calvin sont cependant expulsés de Genève en 1538 du fait de leur rigorisme religieux, notamment du fait du désaccord du conseil municipal sur leurs Articles concernant l'organisation de l'église et du culte à Genève qui décrit la manière et la fréquence des célébrations de l'eucharistie, la raison et la méthode de l'excommunication, l'importance de souscrire à la confession de foi, la pratique du chant dans la liturgie et la révision des lois sur le mariage. Le Conseil adopte le document dans la même journée.
Après sa défaite face au duché de Milan, l’Alliance des Trois Ligues se rapproche de Charles IX de France dans l’espoir de pouvoir récupérer les territoires perdus avec le traité de Côme. Ils renforcent leurs liens avec le canton de Berne alors que leurs relations avec les cantons de l’Union Chrétienne sont très mauvaises du fait des désaccords sur la question confessionnelle ou les relations entretenus avec les Habsbourg. Un traité d’alliance est signé avec le royaume de France en 1538. A l’été 1539, alors que Charles IX attaque le duché de Milan, les Grisons envahissent la vallée de Chiavenna et s’emparent du château de Musso, forçant le Medeghino à s’enfuir. A l’automne 1539, ils s’accordent avec Charles IX sur la cession de la Valteline et de la vallée de Chiavenna sous leur autorité.


Dernière édition par Yodarc le Dim 18 Sep - 7:42, édité 1 fois
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Message par Collectionneur Dim 18 Sep - 2:10

Début de relecture :
Un mot en trop en début de chapitre :
. Son décès amène à la tenue d’un conclave début juin 1537 qui voit l’élection du cardinal Giulio de Médicis qui devient Clément VII. Le souverain pontife ''entreprend'' développe des relations avec le duché de Milan et renforce ses liens avec les Habsbourg
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