La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Chapitre 13 : De l’océan gelé...
Le Führer est pleinement satisfait. Les Alliés ont été très rapidement écrasés dans les Balkans, dans une sorte de réédition de la guerre à l’ouest l’année précédente. Bien que conscient de l’énorme supériorité navale de ses ennemis occidentaux, Hitler décide de lancer les atouts maîtres de sa Kriegsmarine, le cuirassé géant Bismarck et le croiseur lourd Prinz Eugen, dans l’Atlantique afin d’infliger de lourdes pertes aux convois ravitaillant les Alliés depuis l’Amérique.
Nom de code : Opération Rheinübung.
Déjà, depuis plusieurs mois, la Kriegsmarine lance ses forces de raids contre les convois alliés[82] mais souffre de plus en plus de la présence de la Marine nationale qui épaule efficacement la Royal Navy, marine anglaise qui aurait connue de grandes difficultés sans l’aide française.
Dans le cadre de l'opération, une dizaine de pétroliers furent déployés dans l'Atlantique pour ravitailler les vaisseaux allemands, tandis que quatre sous-marins sont positionnés entre la Nouvelle-Écosse et les îles Britanniques pour repérer les convois alliés.
Déjà détectée par la marine suédoise, l’escadre du Bismarck, commandée par l’amiral Lutjens, est rapidement repérée par l’aviation britannique, ainsi que par la résistance norvégienne lorsque le Bismarck et le Prinz Eugen firent une escale dans le fjord de Bergen. Cette pause permet à Churchill d’ordonner la mobilisation de la Royal Navy contre le cuirassé allemand. Mandel promet l’appui de la Marine nationale au premier ministre britannique et notamment celui des unités navales françaises stationnées dans le port de Gibraltar et faisant partie de la redoutable Force H qui garde l’entrée de la Méditerranée. La marine britannique surveille tous les passages entre la Norvège et l’Atlantique nord et l’amiral Lutjens décide de passer le plus au nord, par le détroit du Danemark, situé entre l’Islande et le Groenland. Route la plus dangereuse du fait de la banquise, toute proche.
Cela n’empêche pas les vaisseaux nazis d’être très vite détecté par les croiseurs britanniques HMS Norfolk et HMS Suffolk.
Les grandes unités britanniques, le HMS Hood et le HMS Prince of Wales se ruent à l’assaut de leurs homologues allemands et les rejoignent le 24 mai.
Malheureusement, les navires du Führer se trouvent en meilleure position que les bâtiments de la Royal Navy et, les prenant de flanc, peuvent donner toute la puissance de leurs canons tandis que les Britanniques ne peuvent leur opposer que les pièces situées à l’avant.
En une heure et demi, le Bismarck coule le HMS Hood et contraint à la fuite le HMS Prince of Wales.
Churchill ordonne alors avec véhémence.
La Royal Navy de Sir Dudley Pound[83], soutenue par la Marine nationale de François Darlan, se lance alors dans une traque éperdue.
L’océan a beau être couvert par les vaisseaux alliés, c’est un Catalina britannique qui repère les 2 monstres nazis et indiquent leur position.
Lutjens, sachant la partie perdue, décide de rallier Brest. C’en est fini de Rheinübung.
Cette fois, les 2 navires allemands finissent par être terrassés par la Force H, qui était la seule flotte alliée en mesure de leur barrer la route de la Bretagne. Le HMS Renown et le Strasbourg[84] unissent leurs forces pour écraser leurs ennemis qui gisent désormais au fond de l’océan atlantique, bien aidés qu’ils sont également par le bombardement aérien d’enfer effectués par les avions anglais que subissent les Nazis.
Peu après la destruction des 2 bâtiments, tandis que les destroyers s’occupent d’un sous-marin allemand qui a été repéré dans le secteur, les autres vaisseaux britanniques et français repêchent les survivants du Bismarck et du Prinz Eugen.
C’est une immense victoire pour les Alliés franco-britanniques et un petit baume au cœur pour les Alsaciens occupés, le Bismarck ayant été vaincu par le Strasbourg…
De plus, d’autres nouvelles réjouissantes viennent s’ajouter à la victoire sur le cuirassé géant allemand.
Par exemple, les États-Unis, dont le président désire plus que tout aider les Alliés franco-britanniques, envoient des troupes occuper le Groenland, colonie danoise, suite à la signature d’un accord avec l’ambassadeur de ce pays à Washington, Henrik Kauffmann, qui sera révoqué par son gouvernement pour cela, gouvernement qui, contrairement à la plupart des gouvernements des pays occupés par l’Axe, ne s’est pas exilé et est donc toujours installée dans une Copenhague occupée par l’armée du IIIème Reich.
Hitler, quoi que choqué par la perte de son cuirassé géant, croit toujours que la victoire est au bout du chemin. Tandis que l’immense majorité de ses forces se concentrent à la frontière soviétique, et qu’il rapatrie en urgence les forces déployées en Grèce, il réunit ses officiers pour préparer sa prochaine conquête.
Celle de la Crète.
Les troupes du Commonwealth basées dans l’île sont commandées par Bernard Freyberg.
Ce dernier a reçu pour ordre de Churchill de tenir l’île coûte que coûte mais les possibilités de défense de l’île sont amoindries par le fait que l’essentiel des moyens ont été alloués à la défense du continent, que l’île sert de plateforme de transit pour replier les soldats ayant perdus leur armement lourd du continent européen vers l’Afrique.
Malgré ses doutes quant à la capacité de tenir l’île, il se met immédiatement à l’œuvre pour préparer ses troupes à l’inévitable.
La campagne de Corse ayant offert au monde le flagrant spectacle de la conquête aéroportée d’une île, Freyberg place d’importantes forces autour des aérodromes d’Héraklion, Rethymnon et La Canée, priorisant ainsi leurs défenses à celle des plages.
En effet, Freyberg sait que les escadres de la Royal Navy, par ailleurs rejointes par des éléments de la Marine nationale, tiennent la mer et que la Regia Marina reste majoritairement calfeutrée dans ses bases, seuls 5 torpilleurs ayant pu rejoindre à toute vitesse Athènes.
Ce n’est quand même pas avec des bateaux de pêches, que les Nazis réquisitionnent en masse sur le continent, qu’ils comptent envahir la Crète…
C’est pourtant ce que les plans du Führer[85] prévoient !
Bien sûr, les armées du IIIème Reich n’iront pas se faire massacrer la fleur au fusil. La Luftwaffe a dans les jours précédents, impitoyablement pilonnée les flottes alliées, coulant plusieurs unités dont l’un des vainqueurs du Graf Spee, l’Ajax…
Après avoir d’autant plus facilement occupé les îles grecques plus au nord qu’elles ont été abandonnées par les Britanniques, les Allemands attaquent le 20 mai.
À peine les convois allemands, protégés par les bâtiments italiens, sont-ils repérés, que la flotte britannique se rue à sa rencontre, sous les bombardements d’enfer de l’aviation allemande et que Freyberg envoie des troupes supplémentaires en urgence sur les plages, croyant au final qu’Hitler ne rejouerait pas le tour qu’il fit aux Alliés en Corse une seconde fois. C’est donc en fin de matinée que les Ju-52 décollent vers leurs cibles qu’ils atteignent vers 12H30.
Les soldats anglais, déjà faiblement armés, sont totalement pris au dépourvu. Alors qu’on leur annonçait le massacre du convoi allemand[86] voilà que les Allemands tombent à nouveau du ciel et s’emparent sans coup férir des aérodromes et des principaux ports…
Mais Freyberg ne se laisse pas abattre et ordonne plusieurs contre-attaques. Courageuses à défaut d’être efficaces, tant ses forces manquent de tout à quelques exceptions près, toutes échouent bien que les aérodromes crétois ressemblent bientôt à des champs d’épaves de Junkers.
Mais cela n’empêche pas les renforts nazis d’affluer par la voie des airs…
Le 22, après avoir reçu un rapport dramatique de Freyberg, Churchill ordonne la mort dans l’âme l’évacuation qui prendra près de 5 jours. D’ailleurs, déjà les Allemands aérotransportaient des blindés Panzer II via les transports géants Me-323, mis en ligne en urgence sur ordre express de Berlin.
Mais, heureusement, les informations britanniques avaient aussi de grandes victoires à annoncer à la population anglaise…
En Allemagne, l’amiral Raeder, commandant en chef de la Kriegsmarine, propose à Hitler de profiter des succès au sud pour envahir l’AFN au lieu de lancer une attaque sur l’URSS. Cependant, le Führer rejette cette idée d’une revers de main.
[82] Pensons aux croiseurs de bataille Gneisenau et le Scharnhorst qui écumèrent l’Atlantique de janvier à mars avant de rentrer à Brest.
[83] First Sea Lord, commandant en chef de la Royal Navy.
[84] Commandé avec sang froid par Louis Collinet.
[85] Nom de code : Hermes.
[86] Au cours duquel près de 2000 soldats allemands perdirent la vie et ce, en dépit du sacrifice des torpilleurs italiens, qui combattirent jusqu’à la fin.
Dernière édition par Emile Ollivier le Mer 25 Nov - 17:29, édité 4 fois
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Chapitre 14 : Au désert brûlant
Nous avions abandonné l’Afrique orientale et le duc d’Aoste alors qu’il s’apprêtait, malgré son isolement, à porter l’estocade contre les colonies alliées en Afrique de l’est.
Le 3 août 1940, il attaque les somalies britannique et française. Du fait de l’énorme disproportion des forces[87], la première tombe le 20 août et la seconde le 18. Néanmoins, les garnisons françaises (8000 hommes) et anglaises (1500 hommes) sont en grande partie évacuées vers Aden.
Wavell, commandant des troupes du Commonwealth décide de riposter en soutenant les partisans éthiopiens s’opposant à la présence italienne dans leur pays avant de masser 120 000 hommes au Kenya et au Soudan.
Mais c’est bien vite oublier les participations belge et française à la guerre en Afrique orientale. La Belgique envoyant des hommes de la « Force publique du Congo » et la France des bataillons coloniaux d’AEF[88]Le 18 janvier 1941, l’entrée des troupes britanniques à Kassala, ville soudanaise occupée par les Italiens depuis juillet, marque le début de la reconquête alliée. Le premier engagement sérieux a lieu dans le secteur a lieu à Keren au bout de 2 semaines d’offensive.
Keren est un verrou qu’il faut à tout prix faire sauter pour espérer s’emparer de l’Érythrée puis, au-delà, du nord de l’Éthiopie.
Les Alliés disposent, dès le début de la campagne, d’une supériorité aérienne écrasante. Notamment de bombardiers lourds fournis par l’industrie grandissante des États-Unis.
Ces derniers pilonnes intensément Keren pour préparer le terrain à l’attaque au sol.
Un premier assaut blindé sur la gorge de Dongolass est repoussé, les Italiens provoquant des éboulements.
Qu’à cela ne tienne, on s’emparera donc des hauteurs avant de se ruer sur Keren.
Premier objectif, la côte 1616, prise d’assaut par les Highlanders. L’attaque est précédée d’un raid aérien d’envergure.
Les Écossais pensent alors n’avoir qu’à ramasser les survivants du bombardement.
C’est alors qu’un cri retentit et se diffuse via l’écho dans tout le secteur.
Des Alpini ont donc survécu aux raids massifs et prennent sous un feu d’enfer les Écossais, qui avançaient quasiment sans méfiance, leur infligeant de lourdes pertes et, surtout, les contraignant à la retraite.
2 jours plus tard, les troupes du Raj attaquent à leur tour mais cette fois à l’est de la gorge et parviennent, souvent au prix de cruels corps à corps, à s’emparer de la position. Mais les Italiens contre-attaquent courageusement et parviennent, à un coup élevé en vies humaines, à rejeter les Indiens vers leurs positions de départ.
Cette réédition de 14-18 dura encore environ 1 mois, les Italiens recevant par ailleurs des renforts du sud avant que les derniers soldats savoyards ne se rendent aux hommes du Commonwealth[90].
Keren fut surnommée The Somme of 1941 par les vétérans britanniques tandis qu’elle redorait le blason de l’armée italienne, jusque là fortement moquée.
Entre temps, dans la partie occidentale de l’Éthiopie, la Force publique s’illustre dans une charge à la baïonnette, digne du conflit précédent, menée par l’officier belge De Coster, qui contraint les Italiens à se retirer de Gambela.
C’est d’ailleurs les hommes de la Force publique et leur commandant, Auguste-Édouard Gilliaert, qui obtiennent la reddition des 7000 hommes du général italien Pietro Gazzera.
Quant au Duc d’Aoste, gouverneur de l’Afrique orientale italienne, il capitule à son tour début mai avec le gros des soldats italiens de la colonie.
Néanmoins, le général italien Guglielmo Nasi ne se rendra qu’en octobre à Gondar, tandis que certaines unités italiennes ne se rendront qu’à la capitulation italienne après avoir conduit une guérilla contre les troupes alliées.
Quand au Négus, bien qu’accueilli en héros par son peuple, il doit désormais batailler ferme pour récupérer l’Ogaden, province orientale éthiopienne[91] que les Britanniques ont pourtant le désir d’annexer…
Massu, lui, est déjà reparti vers de nouveaux défis.
Mais l’Abyssinie n’était pas le seul territoire « périphérique » où se menait la guerre…
Le 1er avril 1941, soutenu par un groupe d’officiers pro-nazis, l’ancien premier ministre Rachid Ali remplace le régent du jeune roi Fayçal II, Abd al-Ilah, jugé trop favorable aux intérêts britanniques et reprend le pouvoir, sans pour autant, oser abolir la monarchie hachémite.
Peu de temps après pourtant, il interdit le transit des troupes britanniques au travers du territoire irakien, notamment via le port de Bassorah.
Mais, déjà, Churchill et Mandel s’étaient entretenus et avaient convenus d’écraser les putschistes au plus vite pour éviter une éventuelle extension de leurs idées au travers du Proche-Orient arabe et, surtout, ne pas laisser le temps à Rachid Ali de préparer son armée.
On craignait également une intervention allemande via une violation de la neutralité turque à l’heure où les Balkans tombaient aux mains des Nazis.
Côté britannique, la 10ème division d’infanterie de l’armée des Indes débarquera en force à Bassorah tandis qu’une colonne, la Clarkforce, quitte Haïfa en Palestine mandataire en direction de Bagdad même. Rapidement, elle aura pour tâche de soutenir les soldats du Commonwealth encerclés par les Irakiens dans la base aérienne d’Habbaniya, à l’ouest de Bagdad.
Côté français, Puaux, haut-commissaire au Levant, a devancé les ordres de Mandel et constitué dès le coup d’État, deux colonnes dont l’une colonne est placée sous les ordres du capitaine Paul Jourdier.
Quant à l’autre, elle sera commandé par rien moins que Georges Estienne, rappelé du désert africain pour l’occasion.
Leurs objectifs ? Mossoul et ses champs pétroliers pour celle de Jourdier[92], Bagdad pour les « Seigneurs du désert »[93].
Le 18 avril, les Britanniques s’ébranlent. Leurs troupes débarquent à Bassorah et commencent à remonter vers le nord.
Il faut 12 jours à Rachid Ali pour réagir et entamer le siège d’Habbaniya. La place est solidement défendue, du fait de la présence d’appareils de la RAF, dont beaucoup d’appareils d’entraînement, modifiés pour l’occasion afin d’être aptes à porter des bombes. On compte aussi des soldats anglais surmotivés mais aussi, des Assyriens et des Kurdes, combattants comme des lions.
NdA : Devinez pourquoi j'ai insisté sur la présence des Kurdes dans la seconde guerre mondiale
Matraqués par les appareils britanniques, faisant face à la pugnacité des défenseurs, les Irakiens ne seront jamais en mesure de s’emparer de la base, en dépit de leur supériorité numérique, et finiront repoussés par la Clarkforce le 18 mai.
Pendant ce temps, Georges Estienne et ses redoutables baroudeurs du désert se ruent vers Bagdad. Dès que les Irakiens tentent de former une ligne de défense dans la vallée fertile, Estienne la contourne par le désert, isolant les hommes d’Ali de leurs bases et les contraignant à la fuite.
Quant à Jourdier et ses spahis, eux aussi entreront dans l’histoire et ce, rien moins qu’en menant la dernière charge « sabre au clair » de l’histoire de la cavalerie française !
En effet, les éclaireurs avaient constatés que les Nazis les avaient devancés à Mossoul en violant la neutralité turque comme on l’apprendra après-guerre.
Ces derniers avaient déployés des mitrailleuses en batterie pour défendre l’aérodrome de Mossoul, dont ils avaient fait leur base.
Or, les Allemands les avaient eux aussi repérés et s’apprêtaient à faire décoller leurs appareils pour bombarder les hommes de Jourdier.
Qu’importe, une bonne charge de cavalerie et les Boches n’auront plus qu’à bien se tenir.
Totalement pris au dépourvu, les Allemands ne réagissent que trop tard. Si plusieurs cavaliers sont fauchés par les balles ennemies, suffisamment arrivent à passer et tranchent dans le vif pour décider du vainqueur. Les hommes du Führer furent taillés en pièce et, surtout, la rapidité de l’assaut permit d’empêcher le décollage des avions allemands ! 70 appareils ennemis sont ainsi capturés ! Le corps expéditionnaire allemand se rend peu après.
Le Général croira d’abord à une mauvaise plaisanterie lorsqu’on lui rendra compte du combat.[94]
Quant à Estienne, il empêche rien moins qu’un pogrom…
Arrivé aux portes de Bagdad, et alors qu’il s’apprête à porter un coup fatal à Rachid Ali et sa clique, le commandement britannique lui intime l’ordre d’attendre l’arrivée du régent déchu Abdullah, soit près d’une journée ![95]
Or, non seulement cela peut permettre le temps aux putschistes de s’enfuir, mais, de plus, Estienne apprend qu’une partie des bagdadis commencent à massacrer la population juive de la ville.
C’est le Farhoud.
Le sang d’Estienne ne fait qu’un tour. Comment peut-il laisser massacrer des innocents ? Estienne ordonne alors d’avancer dans la ville, et tant pis si les Anglais ne seront pas contents…
Son action met heureusement fin au carnage.
Mieux, les membres du cercle d’or, le groupe d’officiers qui a dirigé le putsch, ainsi qu’Ali, sont capturés. Ils seront pendus dans les mois suivants.[96]
Quant aux Juifs d’Irak, ils émigreront largement. Soit vers l’Inde britannique, soit vers la Syrie et le Liban mandataires[97], la Palestine leur étant interdites d’accès par les Britanniques, ceux-ci y craignant un nouveau soulèvement arabe.
De façon moins avouable, Mandel négocie des avantages pétroliers à la Compagnie française des pétroles sur les champs de Mossoul en échange de l’accélération du retrait français du nord de l’Irak.
[87] En effet, ça n’est pas moins de 250 000 soldats italiens, dont 180 000 Askaris, des soldats autochtones, qui se ruent à l’assaut des Alliés.
[88] Afrique équatoriale française.
[89] Ici, on ne passe pas !
[90] Ainsi qu’aux Tirailleurs du Tchad de Jacques Massu, arrivé entre temps.
[91] À la frontière somalienne.
[92] Officiellement en vue de barrer la route à d’éventuelles troupes de l’Axe passant par la Turquie. Notons que la colonne Jourdier est centrée autour des redoutables spahis Tcherkesses, peuple d’origine caucasienne qui a fui en masse la conquête tsariste, vers la Syrie entre autres.
[93] En remontant la vallée de l’Euphrate.
[94] Avant de promouvoir Jourdier au grade de commandant et de le nommer aux côtés de de Hauteclocque au sein de la 1ère division blindée.
[95] Afin que celui-ci ne soit pas associé par la population à la contre-attaque anglaise
[96] Ainsi que plusieurs meneurs du pogrom bagdadi.
[97] Que le gouvernement français leur ouvre.
Dernière édition par Emile Ollivier le Lun 16 Nov - 13:47, édité 2 fois
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Ce serait plus plausible, oui. Et plus logique.Emile Ollivier a écrit:J'ai bien une idée pour la 1ère DB.
Elle serait toujours en AFN, en attente de l'arrivée du matériel américain, le matériel français utilisé en Libye étant à la fois très éprouvés et irremplaçable, avec la perte de l'industrie de la Métropole.
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
[79] En effet, le matériel français de la 1ère DB a été fortement éprouvé en Libye et est, irremplaçable, du fait de la perte de l’industrie de la Métropole. Celle-ci est donc en pleine reconstitution en AFN, en attendant l’arrivée du matériel américain. D’ailleurs, des ingénieurs français évacués travaillent déjà sur une refonte du char américain M3, en cours de conception.
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Chapitre 15 : La flamme de la Résistance ne s’est pas éteinte
Le 20 juin 1940, Étienne Achavanne, ouvrier agricole normand, coupe sur sa propre initiative la ligne téléphonique reliant la base aérienne de Boos à la Feldkommandantur de Rouen. Capturé, le vétéran de la première guerre mondiale est fusillé le 6 juillet suivant.
Henri Frenay, fait prisonnier dans les Vosges, s’évade et fonde dès juillet, l’un des plus puissants des mouvements de la Résistance intérieure française, le « Mouvement de libération nationale ».
Plusieurs centaines de chasseurs alpins ont donc préféré, à l’instar du lieutenant Tom Morel, la résistance à la reddition à un ennemi italien qui ne les a pas vaincu. Les régions les plus isolées sont toujours tenus par les chasseurs que les Italiens ont rapidement décidé de ne combattre que mollement, dans une sorte de trêve tacite…
Et n’oublions pas les civils corses qui ont spontanément pris les armes lors de Merkur !
En ce qui concerne les réseaux à proprement parlé, la Résistance française commençait à s’organiser au niveau national tandis qu’en parallèle et après un temps de flottement, contact avait été pris avec des représentants d’Alger, parachutés depuis le territoire britannique.
C’est ainsi que Henri Frenay prit contact avec d’autres commandants de réseaux locaux, allant d’organisations patronnées par la SFIO à des réseaux regroupant des militants de la droite dure en passant par des groupes catholiques ou israélites. Le tout sous la houlette d’un envoyé de la République, Honoré d'Estienne d'Orves.
D'Estienne d'Orves a été spécialement choisi par le général de Gaulle afin qu’Alger puisse prendre contact avec les résistants de l’intérieur.
En décembre 1940, Honoré d'Estienne d'Orves préside à Grenoble[98] une réunion secrète ayant comme objectif avoué l’unification de la Résistance intérieure. Représentative des principaux groupes de la Résistance intérieure française, on compte même parmi les participants un certain sous-lieutenant Jacques Delmas, représentant des « maquis alpins », regroupés au sein du groupe « Forteresse », et qui tiennent tête aux troupes du Duce et le lieutenant-colonel Charly, représentant des 100 000 évadés se cachant dans les campagnes françaises et regroupés au sein de l’ORA, l’Organisation de résistance de l’armée.
On compte comme participants :
- Georges Loustaunau-Lacau. Homme de la droite extrême, ancien cagoulard, il a été libéré sur parole par les Allemands, qui pensaient, à l’instar d’un Darnand, qu’il rejoindrait l’État national. Celui-ci prit immédiatement le maquis et fonde, avec d’anciens du PSF et des militaires évadés, le réseau Navarre. Les autres participants s’en méfient.
- Henri Frenay : Militaire évadé et recherché par les Allemands, Frenay se fait fort de rassembler « le maximum de patriotes au sein d’un ensemble apolitique » bien qu’il regroupe pour l’instant principalement des militaires et hommes de droite au sein de son « Mouvement de libération nationale ». Néanmoins Berty Albrecht, féministe et antifasciste, est une de ses proches.
- François de Menthon : Catholique. Fait prisonnier par les Allemands, il s’évade rapidement. Traqué par les Nazis en tant que soldat en fuite, il décide, comme Frenay, d’engager la lutte et fonde la mouvement « Liberté ».
- Daniel Mayer : Socialiste. Prêt à l’exil, Blum l’a convaincu de rester en Métropole afin d’y organiser les réseaux de la SFIO afin de participer à la lutte depuis l’intérieur. L’un de ses principaux lieutenants est Pierre Brossolette, officier mobilisé en 1939 n’ayant pu embarquer pour l’AFN et qui, en conséquence, a préféré se cacher pour organiser le combat intérieur.
- Jean Cavaillès : Antifasciste. Héros de la bataille de France, évadé d’un train allemand, il est revenu en France où il a fondé le mouvement « La dernière colonne ». Il regroupe des proscrits du Régime lavaliste. À savoir : Des Juifs, des Syndicalistes, des Communistes en rupture de ban ainsi que des Francs-Maçons.
- Robert Gamzon : Bien que Mandel ne soit pas vraiment favorable à une Résistance confessionnelle, le sort tragique et particulier des Juifs les poussent à fonder des réseaux israélites. Gamzon représente « L’union de la résistance israélite » qu’il a fondé sur la base, notamment, des Éclaireurs israélites de France.
- Jacques Delmas, représentant de « Forteresse ».
- René Charly, représentant de l’ORA. Ayant combattu en Bourgogne, il fit face à la démoralisation des conscrits de son unité, qui refusèrent de continuer la lutte. Après avoir tenté de les remotiver, ceux-ci, poussés par un soldat débandé qui traita le capitaine de « fou », firent demi-tour pour se rendre aux Allemands. Charly n’en continua pas moins la guerre avec les soldats de métier, et ce même quelques jours au delà de l'entrée en vigueur de la capitulation, sur le front rhodanien avant de refuser de se rendre, lui et ses hommes. Il prit rapidement contact avec d’autres groupes de réfractaires à travers le sud de la France pour fonder l’ORA. Notons que le caractère particulier du combat, la nature du terrain autre et l’ennemi différent à affronter fait que, malgré des pourparlers entre les 2 groupes, la fusion ne s’est pas encore opérée avec Forteresse.
Tous acceptent de se placer sous les ordres du gouvernement de la République réfugié en Algérie, parfaitement légitime pour contrôler la Résistance intérieure. Tous acceptent de remettre à la Libération les querelles politiques qui n’ont déjà que trop affaiblie la France et se déclarent prêt à combattre Laval et son Régime de collaboration. Y compris les groupes situés le plus à droite de l’échiquier politique de la Résistance, conservateurs si ce n’est réactionnaires, rêvant peut être secrètement d’une « Révolution nationale » mais ne se reconnaissant pas dans un Régime tout à la fois fasciste et félon…
Loustaunau-Lacau avouera plus tard qu’il revint sur cet « égarement », à savoir son antisémitisme, en voyant Gamzon et les Juifs de France se tenir debout face à l’occupation.
Néanmoins, si on ne tient compte que des organisations civiles, on constate que la Résistance est plutôt le fait d’hommes de gauche, à l’exception des communistes, encore paralysés par les consignes de Moscou qui veut encore câliner Hitler. Néanmoins, l’apport des militaires rééquilibre le rapport droite/gauche au sein de la Résistance intérieure.
Cet équilibre permet de former facilement ce qui sera connu comme le « Conseil national de la Résistance intérieure » (CNRI), obéissant certes aux ordres d’Alger, mais qui est autonome sur le plan des actions à entreprendre en vue d’obéir aux ordres du gouvernement. Sur le plan local, les chefs de la Résistance créent des « Régions »[99], regroupant plusieurs départements, pour délimiter le champ d’action des réseaux locaux. Néanmoins, des « comités locaux » sont créés, regroupant les chefs de réseaux politiquement rivaux mais unis dans la fraternité de combat.
D'Estienne d'Orves transmet aussi aux membres du CNRI la consigne d’Alger de ne pas, pour l’instant, entreprendre d’actions militaires contre l’occupant[100], de se contenter d’actions de renseignements et de diffusion d’une presse clandestine, afin de limiter au maximum les représailles, certaines, contre la population.
Le parlement vote, le 17 janvier 1941, l’intégration de représentants des mouvements affiliés au CNRI, ainsi que des représentants des comités pro-Français constitués un peu partout dans le monde (Résistance ultra-marine), au sein de la chambre des députés « pour la durée de la guerre ». Députés de plein droit, ils représenteront la France, captive ou libre, qui se bat, « où qu’ils se trouvent ».
L’une d’entre eux sera la première femme députée de la République, Marthe Simard. Franco-canadienne, elle se bat pour que les Canadiens-français soutiennent plus activement les Alliés en général et la France en particulier.
Le conseil de l’Empire étant élu le mois suivant, l’intégralité de la vraie France, la France combattante, qu’elle soit métropolitaine, coloniale ou basée à l’étranger, est désormais représentée au sein des institutions.
Des individus d’exceptions, hommes politiques de valeur, émergeront de leurs rangs.
Et, cette fois, Herriot ne peut qu’adhérer à la décision du chef du gouvernement...
Mais revenons au combat « de l’intérieur ».
L’une des premières « batailles » livrées fut celle des « V ». L’appel de l’orateur belge de la BBC, Victor de Laveleye, de multiplier les « V » pour victoire[101] fut un immense succès, non seulement en Belgique mais également aux Pays-Bas, dans le nord de la France mais aussi en Normandie.
Mandel, sur une suggestion de de Gaulle, demanda à ses compatriotes d’honorer le roi Pierre II de Yougoslavie, qui avait rejeté l’ultimatum allemand, en arborant le même symbole. Rien qu’à Lille, la police recensa avant d’effacer 7000 « V » mais aussi 21 « Vive Mandel ! », jetant le discrédit sur la déjà bien pâle autorité de Laval[102]…
Laval répliqua avec colère et ordonna à ses préfets d’agir avec sévérité et de nombreuses arrestations ont lieu.
Goebbels tenta une puéril récupération en expliquant que ces « V » célébraient au contraire la victoire allemande sans que personne ne tombe dans le panneau…
Mais, bientôt, l’action violente prendra le relai de cette résistance pacifique et principalement symbolique, suite à l’extension du conflit à l’est...
[98] En zone d’occupation italienne. Bien plus sûre que la zone tenue par les Allemands
[99] Bien évidemment, dans un tout autre esprit que Laval...
[100] Y compris pour les « maquis alpins »
[101] Mais aussi Vrijheid en Néerlandais
[102] D’ailleurs également moqué dans sa « capitale » où on recensa près de 1500 « V » !
Dernière édition par Emile Ollivier le Lun 16 Nov - 13:47, édité 4 fois
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Chapitre 16 : Drang nach Osten !
En Europe orientale, les préparatifs de l’opération Barbarossa s’accélèrent avec la concentration d’un nombre élevé de divisions le long de la frontière entre le Reich et l’URSS, au cœur de la Pologne occupée, en Finlande et en Roumanie.
Néanmoins, Staline continue à croire en une tentative de manipulation et craint la provocation qui poussera Hitler, qu’il croit de bonne foi, dans les bras de la faction belliqueuse anti-soviétique du parti nazi. Ce n’est que du bout des lèvres qu’il a autorisé 800 000 soldats soviétiques à se poster à la frontière occidentale de l’URSS tout en ordonnant que leur déploiement se fasse le plus discrètement possible,[103]par peur des représailles et ce, en dépit des multiples informations sur la prochaine invasion qu’il reçoit sur son bureau de la part de déserteurs de l’Axe[104] et de ses espions parfois implanté au cœur du Reich, à l’instar du réseau de l’Orchestre rouge. De même, Staline rejette avec dédain les avertissement de Churchill et Mandel.
Pire, il les considère comme faisant partie d’un complot destiné à déclencher prématurément la guerre entre l’URSS et l’Allemagne.
Il faut dire à la décharge du Vojd qu’Hitler a finement joué son jeu, en multipliant les indices sur l’imminence d’une invasion de l’AFN. Ainsi, fin mai à Paris, Goering annonce aux chefs de la Luftwaffe basés en France l’assaut prochain sur l’Afrique du nord française.
L’intoxication atteint cependant son sommet lorsqu’un exemplaire du Völkischer Beobachter[105] est saisi par la police peu après avoir été transmis à la presse étrangère. À l’intérieur, un article signé Goebbels dans lequel le ministre de la propagande annonce que la Crète constitue un tremplin vers l’Afrique du nord. Les 2 comparses simulent même une pseudo-disgrâce du chef de la propagande du IIIème Reich pour avoir soi-disant laissé fuiter ce scoop ! Certains dirigeants nazis, qui n’étaient pas dans la confidence de l’imminence du déclenchement de Barbarossa, s’y laissèrent même prendre !
Pourtant, l’invasion de l’Union soviétique par les armées du Führer apparaît, cependant, si prochaine, que des caricatures se moquant de la passivité de Staline, face à la menace hitlérienne sur son territoire, fleurissent dans la presse britannique et de l’Empire français.
Cependant, si Staline continue à « ménager » son propre « front de l’Est » en signant un accord commercial avec le Japon[106] et ordonne via Dimitrov[107] et l’Internationale communiste aux partis communistes des pays occupés par l’Allemagne de se montrer plus ferme vis à vis d’elle, ces mesures fortes ne sont que des gouttes d’eaux de prise de conscience dans un océan de déni et de « mesurettes ». Si le 5 mai, il prononce secrètement devant 1 500 officiers de l’armée rouge un discours dans lequel il annonce que « le temps est venu de passer de la défensive à l’offensive » et que « l’Allemagne ne doit sa victoire à l’ouest qu’à l’impréparation française », il rejette avec force toute idée d’une attaque préventive contre les forces de l’Axe en plein déploiement le long de la ligne de démarcation entre les 2 empires totalitaires. Pire, il expulse de Moscou les représentations belge, néerlandaise, grec et yougoslave.
Au delà de la préparation psychologique, Hitler se prépare aussi militairement, et a en conséquence rapatrié en urgence les divisions blindées qui ont participé à l’attaque contre les Balkans ce qui porte l’Ostheer à 153 divisions en incluant les troupes des nations satellites, notamment l’armée roumaine soit plus de 3 millions d’hommes, soutenus par près de 3800 chars et 37000 canons et mortiers et une myriade de véhicules.[108]
Cette « immense armée » est soutenue par près de 2500 avions, ce qui est considérable, compte tenu des lourdes pertes de l’aviation allemande depuis le début du conflit[109] et de la multiplicité des fronts où elle combat[110].
Le gros de cette force est postée au centre, au nord des marais du Pripet, et a comme objectif, sous le commandement du maréchal von Bock, d’anéantir l’armée rouge en Biélorussie et de l’empêcher de former une ligne de défense dans la région de Minsk avant de se porter au nord, afin de soutenir le groupement septentrional dans sa conquête de Leningrad.
Au sud, avec le soutien des troupes d’Antonescu, le groupe d’armée sud de von Rundstedt doit détruire l’armée rouge en Bessarabie d’abord, puis en Ukraine et atteindre le Dniepr.
L’objectif final est la conquête de Moscou par les troupes de Fedor von Bock tandis que le groupe sud doit s’emparer du Donbass avant de se ruer sur le Caucase.
Ailleurs dans le monde, les États-Unis continuent à se préparer à intervenir dans le conflit, notamment en votant leur plus gros budget militaire depuis la première guerre mondiale et en gelant les avoirs de l’Axe, et des pays occupés par celui-ci, sur son territoire.
Le Japon, lui, après l’échec des négociations avec les Hollandais pour la fourniture des ressources des Indes néerlandaises à l’Empire nippon, accélère ses propres préparatifs de guerre en négociant secrètement avec la Thaïlande une alliance offensive contre les Alliés. En échange du retour à l’État thaï des territoires lui ayant un jour appartenu, la Thaïlande acceptera l’installation de troupes japonaises sur son territoire au « moment opportun » et se joindra à son offensive contre les Occidentaux.
Aux Pays-Bas, l’ex-empereur allemand, Guillaume II, meurt le 4 Juin à l’âge de 82 ans
Ainsi, entre le 21 et le 22 juin, les gardes-frontières soviétiques postés le long de la ligne de démarcation entre les deux empires totalitaires, s’attendent à passer une nuit plutôt calme. En effet, le dernier train, l’express nocturne Moscou-Berlin, apportant des fournitures soviétiques au Reich, vient de franchir la frontière et aucune alerte de guerre ne les a mis en garde.
Pourtant à 3 heures 15 du matin, tandis que la Luftwaffe lance un assaut général contre les aérodromes soviétiques en vue de préparer le terrain à l'offensive terrestre à l'aube, l’artillerie nazie déclenche son feu de la Baltique à la mer noire...
L’Armée rouge est complètement prise au dépourvue et doit reculer, du fait du caractère extrêmement tardif et vague de l’alerte de guerre déclenchée la veille vers 22h40.
Au soir, le bilan est catastrophique pour l’Union soviétique.
En Lituanie éclate un soulèvement nationaliste. Les rebelles s’en prennent aux soldats de l’Armée rouge en retraite tandis que les Lituaniens incorporés dans celle-ci désertent en masse.
Au centre, les Allemands ont établi de nombreuses têtes de pont le long du fleuve Boug, principale ligne de défense soviétique dans cette partie du front. On recense notamment le véritable exploit du 18ème régiment blindé de la 18ème Panzerdivision du comte Manfred Stachwitz, qui traverse le fleuve à l'aide de chars sous-marins, les Tauchpanzer ! Néanmoins, l’ancienne forteresse polonaise de Brest-Litovsk, dans le secteur du Centre, tient bon face à l’invasion, mais elle se retrouve très rapidement coupée du reste de l’armée soviétique.
Au sud, en Bessarabie, les troupes roumaines commencent leur avance en territoire soviétique, bien que la défense russe soit plus efficace sur cette partie du front, qu’ailleurs. En effet, c'est là que les Soviétiques attendaient l'effort principal des Allemands.
Pour ne rien arranger, une partie des troupes soviétiques doivent être utilisées pour maintenir l'ordre dans les villes bombardées par la Luftwaffe[111], laissant les gardes-frontières du NKVD seuls face à l'invasion.
Si, comme on l'a vu, certains secteurs, comme Brest-Litovsk, résistent héroïquement, dans d'autres, la défense soviétique s'effondre rapidement.
Partout, elle est totalement désorganisée, malgré les ordres de vigilance émis trop tardivement par la STAVKA, le Haut-Commandement de l'Armée rouge.
Pire, jusqu'au dernier moment, Staline s'efforcera de croire à une provocation d'officier allemands anti-communistes !
À l'aube, après avoir interdit de donner l’artillerie contre les Allemands (!), il finit par ordonner une contre-attaque générale tout en prescrivant à ses troupes de ne pas franchir la frontière !
Ce n’est qu’au soir du 22 juin que le Tyran rouge lève (enfin) l’ordre de franchir ladite frontière...
En totale contradiction avec la barbarie avec laquelle ils mèneront cette guerre, les Allemands transmettent dans les formes[112], via leur ambassadeur à Moscou, Von des Schulenburg, une note dénonçant les activités subversives de l’URSS en Europe occupée et la concentration de l’Armée rouge aux frontières du Reich, justifiant ainsi l’invasion.
La même mascarade a lieu une heure et demie plus tard à Berlin, avec la remise par Ribbentrop à Dekazenov, ambassadeur de l’Union soviétique en Allemagne, d’une note similaire.[113]
C’est à Molotov, signataire du fameux pacte de non agression germano-soviétique qui revînt la lourde tâche d’annoncer au peuple soviétique l’invasion nazie.
La réaction dans le reste du monde ne se fait pas attendre. Churchill, dans un discours radiodiffusé, promet tout le soutien de son pays à l’Union soviétique.
« Tous les hommes ou les États qui se battent contre le Nazisme auront notre aide. Tous les hommes ou les États qui marchent au pas avec Hitler sont nos adversaires. Cela s'applique non seulement aux États organisés, mais à tous les représentants de cette race vile des traîtres à leur patrie qui se font les outils et les agents du Régime Nazi, contre leurs compatriotes et contre leur pays de naissances.
Ces traîtres, comme les leaders Nazis eux-mêmes, si ils ne sont pas renversés par leurs compatriotes, qui économiseraient des ennuis, seront livrés par nous au lendemain de la victoire, à la justice des tribunaux alliés. C'est notre politique et c'est notre déclaration. »
Le soutien est également entier et sans ambiguïté côté français comme le démontre le discours tenu par Mandel devant les chambres.
« Hitler, dans toute sa fourberie, vient d’attaquer, et ce, sans déclaration de guerre préalable, une autre nation.
La France, déterminée à éradiquer le Nazisme de la surface de la Terre, est prête à combattre main dans la main avec le peuple soviétique, l’ennemi désormais commun.
Je promets à l’Union soviétique et à ses dirigeants toute l’aide possible que la France républicaine pourra leur apporter, afin de faciliter leur résistance aux envahisseurs comme à tout autre État, nation, peuple et même personne luttant contre le Nazisme.
À l’inverse, tout État, nation, peuple et individu se faisant l’allié et donc, l’instrument du Reich, est notre ennemi.
Je suis certain, que la Russie, tombeau des empires, sera également celui de l’Hitlérisme et j’en appelle à l’héroïsme légendaire du peuple russe.
Le jour viendra où l’Allemagne et ses dirigeants connaîtront la justice des hommes avant de subir celle du Très-Haut.»
Ainsi, alors que Staline est presque effondré par ce qui lui arrive, les discours de Churchill et Mandel le rassure sur les intentions de ces derniers.
Autre signe de la bonne volonté française à l’égard de l’URSS, Mandel nomme, le 23 juin, Édouard Herriot ambassadeur à Moscou, en remplacement d’Eirik Labonne.
Mandel frappe un grand coup. Il se débarrasse de celui qui s’oppose chaque jour un peu plus à lui à la tête de la chambre.[114] Et nomme un homme de poids, malgré tout, une des âmes du sursaut, auprès des Soviétiques.
Herriot ne pourra plus interférer sur la politique de Mandel tout en conservant un poste prestigieux.[115]
Tout cela rassure Staline qui ne pense plus à une collusion entre Franco-Britanniques et Allemands pour détruire l'URSS ![116]
Autre note d'espoir pour le dictateur soviétique, l’ambassadeur bulgare, dont le pays ne participe pas à Barbarossa malgré son soutien à l’Allemagne, lui remonte le moral en lui expliquant que quoi qu’il arrive, son pays finira par l’emporter sur l’Allemagne.
Mussolini, quant à lui, déclare la guerre à l’URSS et prépare l’envoi d’un corps expéditionnaire italien en Russie.
L’Espagne franquiste, elle, s’apprête à envoyer les volontaires de la Division Azul sur le front de l’Est.
La Finlande, de son côté, bien que non officiellement en guerre contre son puissant voisin, sert déjà de base aux Allemands.
En effet, alors qu’à l’extrême nord du pays, à Petsamo, 2 divisions allemandes entrent en Finlande pour attaquer Mourmansk depuis cette étroite langue de territoires finlandais[117], des bombardiers allemands, après avoir largué des mines dans le port de Leningrad, se ravitaille sur l’aérodrome finlandais d’Utti tandis qu’en violation complète du traité de Moscou de 1940 qui démilitarise ces îles, des bombardiers finlandais atterrissent dans les îles Åland.
Notons qu’en France occupée, l’attaque contre l’URSS réveille enfin les communistes français qui se rangent donc définitivement dans le camp de la Résistance. L’Humanité appelle, en effet, à la lutte contre l’occupant et les collaborateurs.
Enfin...
Source : Blog « La seconde guerre mondiale au jour le jour »
http://la-guerre-au-jour-le-jour.over-blog.com/
[106] Après avoir signé avec Tokyo un pacte de non-agression le 13 avril, pacte lui permettant notamment de rapatrier à l’ouest 15 divisions.
[107] Accusé par les Nazis d’avoir participé à l'incendie du Reichstag en 1933, Dimitrov sera innocenté par l’un des rares juges allemands honnête…
[108] D’ailleurs, notons que le butin pris en France soutînt en grande partie la motorisation de la Wehrmacht.
[109] La Luftwaffe a en effet perdu 6500 avions.
[110] Angleterre, Méditerranée.
[111] Kaunas, Grodno, Minsk, Smolensk, Kiev, Odessa, Sébastopol.
[112] Même si les hostilités ont déjà commencé depuis plusieurs heures…
[113] Ce dernier prenant néanmoins le soin d’expliquer qu’il était contre cette guerre…
[114] « Sans la guerre, il m’aurait déjà fait renverser » pense le président du conseil.
[115] Il est remplacé à la tête de la chambre des députés par le socialiste André Le Troquer, mutilé de guerre de 14-18.
[116] Il a même craint que la Kriegsmarine et la Royal Navy ne combattent côte à côte en Mer Baltique !
[117] Séparant le territoire soviétique de la Norvège occupée.
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Chapitre 17 : Cruel été 1941
Je m’adresse a vous, mes amis !
La perfide agression militaire de l’Allemagne hitlérienne, commencée le 22 juin, se poursuit contre notre Patrie.
Malgré la résistance héroïque de l’Armée rouge, et bien que les meilleures divisions de l’ennemi et les unités les meilleures de son aviation aient déjà été défaites et aient trouvé la mort sur les champs de bataille, l’ennemi continue a se ruer en avant, jetant sur le front des forces nouvelles. »
Face à l’état de guerre désormais manifeste avec l’Allemagne et ses satellites, Staline nomme le général Timochenko à la tête de l’État-major, mais celui-ci ne peut cependant prendre de décisions importantes sans l’accord du dictateur.
Il est décidé de rappeler sous les drapeaux les réservistes nés entre 1905 et 1918 et de déménager les industries vers l’est, vers l’Oural.
Churchill, qui a expliqué à la radio qu’il soutiendra sans réserve l’Union soviétique dit en privé que « Si Hitler envahissait l’enfer, je m’entendrais avec le diable ».
À Alger, Mandel qui a annoncé de nouveau son soutien « inconditionnel » à l’URSS, se prépare tout de même secrètement avec l’aide de ses ministres à tout faire pour limiter au maximum l’emprise stalinienne à l’est de l’Europe...
Pour atteindre cet objectif, le Général, pense qu’il faudra jouer à la fois montrer sa force mais également séduire le dictateur.
D’ailleurs, il espère pouvoir compter après-guerre sur l’URSS pour contenir l’Allemagne et il faut donc mettre un terme à l’extrême tension opposant Alger et Moscou.
L’aviation française, désormais bien équipée, et qui disposent d’un grand nombre de valeureux pilotes, pourrait être la fameuse arme diplomatique que pourrait utiliser la France pour se rapprocher de Staline.[118]
De Gaulle prend immédiatement langue avec l’ambassadeur Bogomolov et arrive rapidement à un accord.
C’est la genèse de l’escadrille « Normandie-Niemen ».
Mais le Général veut aller encore plus loin. Il appelle de ses vœux à l’incorporation de ministres communistes au sein du cabinet Mandel auprès des autres membres du gouvernement ! De même, il insiste pour obtenir la libération des députés communistes détenus au Sahara afin de les réintégrer au sein de la chambre !
Ce retour en force des Communistes est désormais l’obsession du très têtu de Gaulle car il fait partie du vaste projet visant à rapprocher la France républicaine de l’URSS, gage de paix pour l’après-guerre, dans une sorte de renouveau du pacte oriental du fort regretté Louis Barthou...
Roosevelt, de son côté, informe la nation américaine à la radio qu’il enverra de l’aide à l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques.
Mais certains préfèrent aider l’Allemagne. C’est notamment le cas de Franco qui, bien que neutre et voulant le rester, a donc autorisé la création d’une Division Azulde volontaires espagnols pour le Front de l’Est.
De son côté, l’Allemagne cherche à dresser l’Europe contre le « Bolchévisme ». Ainsi, les Allemands forment, en Norvège occupée, une Légion de volontaires dénommée Den Norske Legion, la Légion nordique.
La Suède, bien que neutre et démocratique, accepte le transit d’une division allemande depuis la Norvège vers la Finlande.
En cette fin juin 1941, sur le front lui-même, l’armée allemande avance rapidement au nord[119] et au centre, où résiste néanmoins la forteresse anciennement polonaise de Brest-Litovsk.
En revanche, elle fait face à une résistance acharnée au sud, car elle y est confronté à des forces soviétiques mieux préparées.
Dans les pays baltes, les Soviétiques lance une violente contre-attaque blindée contre les flancs des panzers mais elle échoue du fait que beaucoup de chars tombent en panne tandis que d'autres partent au combat sans munitions ! Néanmoins, après avoir atteint Dvinsk/Daugavpils en Lettonie, ces mêmes colonnes panzers reçoivent l'ordre de stopper leur avance pour attendre l'infanterie.
Au sud, la contre-offensive des chars du général Kirponos donne le même résultat. En dépit du fait que les Soviétiques aient 3 fois plus de blindées que leurs ennemis, leur assaut échoue à cause de l'artillerie allemande et de la Luftwaffe bien que leur attaque ait ralenti les Allemands.
Répliquant à l’aide apportée à l’Allemagne par la Finlande, l’URSS lance une série d’attaques aériennes contre les aéroports finlandais et plusieurs villes de ce pays. L’armée finlandaise entre donc à son tour à l’action contre l’Union soviétique tandis que l’Allemagne déclenche à l’extrême nord du pays une offensive pour prendre Mourmansk.
La Luftwaffe est maîtresse du ciel mais fait face à la résistance désespérée de l’aviation soviétique tandis que Moscou subit ses premiers bombardements aériens.
Le 30 Juin, un Comité d'État de la défense, avec Staline à sa tête, est formé, renforçant la centralisation des pouvoirs. Il est formé de Molotov, Beria, Malenkov et Vorochilov.
Ainsi, en juillet, les États-Unis, actant de la nouvelle donne, font plusieurs pas en plus vers leur propre entrée en guerre aux côtés des Alliés Franco-Britanniques en envoyant des Marines relever la garnison britannique présente en Islande depuis l’invasion du Danemark en avril 1940.
Dans le même temps, la marine américaine reçoit l’ordre de protéger tout navire se rendant en Islande et donc, les navires britanniques et français.
Dans le même temps, les USA reconnaissent le gouvernement tchécoslovaque en exil à Londres comme le seul représentant légal de la Tchécoslovaquie tandis que Roosevelt demande au Congrès de prolonger le service militaire dans l’armée et la garde nationale de un an à 30 mois.
Enfin, Harry Hopkins, conseiller du président Roosevelt, arrive à Moscou en vue de préparer l’envoi de matériel à l’Union soviétique tandis que le gouvernement Sikorski signe un accord avec l’URSS en vue de rétablir des relations diplomatiques entre les deux pays.
En France occupée, la faction la plus pro-allemande des collaborateurs crée la LVF, Légion des Volontaires Français, afin qu’elle combatte sur le front de l’Est aux côtés des Allemands.
Cependant, Hitler n’est pas ravi de cette aide et ne veut pas que cette armée de volontaires l’oblige de quelque façon que ce soit envers le gouvernement ou plutôt la clique Laval. De plus, il souhaite limiter ses effectifs à 15 000 hommes.
Dans les faits, les volontaires seront très peu nombreux tandis que les Allemands, en plus des réticences évoquées plus haut, montrent peu d’enthousiasme à former des hommes sans expérience du combat et peu disciplinés.
Encore mieux, Laval lui-même est dépité de voir fondre les effectifs de sa « Garde nationale », car certains de ces traîtres préfèrent rallier la LVF plutôt que de continuer à servir de force de police à l’État collaborateur.
L’Italie mussolinienne, elle, envoie combattre à l’Est un corps expéditionnaire sous le commandement du général Messe.
Le 2 Juillet, l’empereur du Japon Hiro Hito réunit un conseil avec les hauts responsables politiques et militaires de son pays. On y décide de la future politique d’expansion du pays qui se fera au dépend des Occidentaux tandis que la guerre contre l’Union soviétique, malgré les demandes pressantes d’Hitler dans ce sens, est reportée à plus tard, en fonction du succès ou non de Barbarossa. C’est la victoire de la marine contre l’armée de terre.
Cependant, les Américains, qui savent décoder les messages japonais, savent tout des intentions du gouvernement nippon.
Le lendemain, 3 Juillet, Staline sort enfin de sa réserve et fait un discours à la nation soviétique appelant à la résistance contre l’envahisseur, comme nous l’avons vu.
Mais ce n’est pas que par des discours que Staline souhaite remotiver ses troupes. Il adjoint de nouveau des commissaires politiques aux divisions soviétiques, chose qui avait été abolie en août 1940.
Bien qu’elle soit en guerre depuis les bombardements soviétique de la fin du mois de juin et que les Allemands aient déclenchés l’opération Silberfuchs, « Renard polaire », en direction de Mourmansk depuis son territoire dès le 22 juin, ce n’est qu’au mois de juillet que l’armée finlandaise lance sa propre offensive en vue de récupérer la Carélie perdue à l’issue de la guerre d’hiver.
Au Nord, les Soviétiques se sont réorganisés. C'est désormais le maréchal Vorochilov qui commande, assisté par le général Vatounine, un brillant officier. Ils ont comme mission de barrer la route de Leningrad aux Allemands. Leurs contre-attaques intelligentes sur les flancs des panzers mettent plusieurs fois ceux-ci en difficulté. L'OKW ordonne donc une nouvelle fois aux chars d'attendre l'infanterie avant de reprendre leur marche vers la capitale de Révolution bolchevique.
Pire, les difficultés logistiques s'accroissent pour les Allemands alors que les routes ne sont pas sûres du fait de la présence de débris de l'Armée Rouge sur les arrières de la Wehrmacht. De plus, Vorochilov peut s’appuyer sur l'ardeur patriotique des habitants de Leningrad pour compenser en partie les lourdes pertes subies par l'Armée Rouge tandis que l'aviation soutient efficacement les défenseurs soviétiques et que Vorochilov reçoit un important matériel en renfort, dont des surpuissants chars KV !
La chute de Leningrad avant la fin du mois apparaît donc comme un chimère pour les Allemands…
Au centre, ce n’est qu’après avoir résisté héroïquement pendant un mois et subie les tirs d’un super mortier allemand que la forteresse soviétique de Brest-Litovsk capitule.
Cependant, les Allemands attaquent déjà plus à l'Ouest grâce aux assauts osés des panzers de Hoth et Guderian. Faisant face aux commandants soviétiques Eremenko et Timochenko, qui réorganisent leur secteur du front, les Allemands, après une rude bataille, franchissent le 13 le Dniepr et investissent Smolensk le 19.
Mais Guderian et Hoth n'ont d'yeux que pour Moscou et préfèrent attaquer toujours plus vers l'Est que de boucler les poches de troupes soviétiques qu'ils sont parvenus à créer.
Mieux, Staline ordonne à ses généraux de tout faire pour sauver leurs troupes encerclées et c'est sous les assauts furieux de la Luftwaffe qu'elles se fraient un chemin vers l'Est. Cette région du front voit d'ailleurs pour la première fois l'utilisation par l'armée rouge des bientôt célèbres « Orgues de Staline ».
Lorsque que le 23 Juillet, les Allemands s'emparent d'Elnya, sur la rivière Desna, Staline prend peur car c'est la porte de Moscou qui est ouverte aux Nazis. Il ordonne immédiatement à Timochenko de reprendre la ville. Certes, ce sera un échec mais les Allemands sont incapables de continuer leur marche vers Moscou.
Au sud, un début de guerre d'usure s'installe et c'est au prix de rudes difficultés que les Allemands s'apprêtent à refermer la poche d'Ouman au prix de l'abandon provisoire de l'objectif que constitue Kiev, la capitale de l'Ukraine.
Dans le même temps, les Roumains ont quasiment achevé la reconquête de la Bessarabie.
Lors du défilé du 14 Juillet 1941, un nouveau chant de guerre sort des poumons et des cœurs des soldats de la République française qui défilent à Alger, devant le président du conseil, Georges Mandel, le chef de l’État, Albert Lebrun et les membres du gouvernement (dont le Général de Gaulle, qui siège aux côtés du chef du gouvernement) ainsi que des membres de l’État-major.
Composé par Félix Boyer (évacué de Métropole en 1940, tout un symbole), il reprend une marche des soldats marocains de la première guerre mondiale mais modifie les références au Maroc au profit de références à l'Afrique en général.
Nous étions au fond de l'Afrique,
Gardiens jaloux de nos couleurs,
Quand sous un soleil magnifique
A retenti ce cri vainqueur :
En avant ! En avant ! En avant !
Refrain
C'est nous les Africains
Qui revenons de loin,
Nous venons des colonies
Pour sauver la Patrie (pour défendre le pays)
Nous avons tout quitté
Parents, gourbis, foyers
Et nous gardons au cœur
Une invincible ardeur
Car nous voulons porter haut et fier
Le beau drapeau de notre France entière
Et si quelqu'un venait à y toucher,
Nous serions là pour mourir à ses pieds
Battez tambours, à nos amours,
Pour le Pays, pour la Patrie, mourir au loin
C'est nous les Africains !
II
Pour le salut de notre Empire,
Nous combattons tous les vautours,
La faim, la mort nous font sourire
Quand nous luttons pour nos amours,
En avant ! En avant ! En avant !
Refrain
III
De tous les horizons de France,
Groupés sur le sol Africain,
Nous venons pour la délivrance
Qui par nous se fera demain.
En avant ! En avant ! En avant !
Refrain
IV
Et lorsque finira la guerre,
Nous reviendrons dans nos gourbis,
Le cœur joyeux et l'âme fière
D'avoir libéré le Pays
En criant, en chantant : en avant !
Refrain
Ce chant était entonné par tous les cœurs, par tous les hommes qui allaient un jour libérer la France, qu'ils viennent de Métropole, d'Algérie ou bien du reste de l'Empire. Ce nouveau chant ému, dit-on, le général de Gaulle qui, d'habitude, ne laissait jamais transparaître ses émotions tandis que la foule algéroise, musulmane ou pieds-noire, célébraient à grand coup de vivats ses héros qui la protégeaient de la fureur de l'Allemagne et qui, avaient déjà vaincus les Italiens l'année précédente par ailleurs.
Le « Chant des Africains » devînt le symbole de la France d'Alger, le « Chant du Départ » de 1941. D'ailleurs, les Collaborateurs ne surnommaient-ils pas avec mépris les hommes d'Alger, les « Africains » ? Joli pied de nez fait aux traîtres donc.
La propagande lavaliste s'empressa de tenter de détourner encore une fois le sens du chant en en faisant un acte de soumission de Mandel aux colonisés, mais les Français, qui subissaient chaque jour la botte allemande, y virent bien évidemment un acte d'espoir. Celui d'une libération prochaine tout d'abord et, même, celui de la possibilité de construire un monde meilleur après la guerre. Un monde où la devise "Liberté, Égalité, Fraternité", prendrait tout son sens, que ce soit en France ou ailleurs.
Cependant, depuis la défaite voire même avant, on note un important retour du domaine religieux au sein de la République française. Prêtres, pasteurs, rabbins et imams bénissent les matériels militaires et les hommes au début du défilé du 14 juillet tandis que se multiplient les offices religieux et les prières en faveur de la victoire. On voit même le vice-président du conseil Louis Marin, participer au nom du gouvernement, et non à titre personnel, aux messes données à Notre-Dame d’Afrique ! Un comble pour une république laïque !
Cela a du moins le don de rallier les plus hésitants des catholiques français à la cause de la liberté…
Et conforte le choix de ceux qui sont patriotes depuis le début.
Le Primat des Gaules, Mgr Gerlier, ose d’ailleurs le même jour braver l’autorité lavaliste en faisant diffuser à ses fidèles une lettre où il écrit que « Les droits de l'État ont des limites... » en rapport à la persécution des Juifs en France occupée. D’ailleurs n’a-t-il pas organiser dès le début de l’année 1941 des filières d’évasion vers l’Espagne pour les Juifs et les résistants ? Les dernières réticences de Mgr Gerlier ayant été vaincues, il est vrai, grâce au pasteur Marc Boegner, président du conseil national de la nouvelle Église réformée de France qui a organisé dès juin 1940 l’évacuation de Jacques Helbronner, président du Consistoire central israélite de France et de Isaïe Schwartz, Grand-Rabbin de France vers l’AFN.
Dans la France captive, la résistance jusqu’à lors pacifique et symbolique est désormais remplacée par l’action violente.
Le 21 août 1941, après l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, Pierre Georges, alias le Colonel Fabien, membre du Parti communiste, abat un soldat allemand dans le métro parisien[120] entraînant une réaction allemande violente.
En effet, les Nazis menacent de prendre 100 otages, d’en exécuter la moitié puis d’exposer leurs corps place de la Concorde (!) si le Gouvernement Laval n’institue pas un tribunal spécial pour juger les communistes et les anarchistes et n’accentue pas la répression contre ces 2 mouvements, qu’ils jugent trop molle !
Laval, prenant les devants pour satisfaire les Allemands, envoie d’importants renforts de gardes nationaux à Paris. Mais les Résistants se replient alors en Province, dans ce jeu du chat et de la souris entre eux et les occupants/collaborateurs .
Mandel, craignant que le soudain enthousiasme résistant des communistes n’entraîne une boucherie, charge Blum, présent à Moscou pour une conférence interalliés en septembre, de demander à Staline qu'il ordonne aux communistes français de diminuer l'ampleur de leurs attaques anti-allemandes, par soucis évident de ménager les vies des citoyens français de Métropole occupée de plus en plus menacé par la politique des otages du Reich.
Staline rétorque qu'il ne peut rien faire, qu'Alger devra demander elle-même aux communistes français de limiter leurs actions à du renseignement. Il « suggère » que pour obtenir le ralliement des communistes à Alger, le gouvernement français devra faire des concessions à ceux-ci.
Blum comprend bien évidemment où Staline veut en venir et lors de son retour à Alger, il demandera à Mandel la libération des députés communistes toujours détenus au Sahara, la permission à ceux-ci de siéger à nouveau à la chambre des députés et, même, la nomination de plusieurs d'entre eux dans son gouvernement.
Dans le même temps, De Gaulle charge D’Estienne d’Orves d'entrer en contact avec les réseaux communistes et d'intégrer des représentants de ceux-ci au sein du CNRI.
Le mois suivant, en octobre 1941, D’Estienne d’Orves commence les tractations en vue de l’intégration des mouvements communistes au sein de la Résistance intérieure unifiée. Mais les communistes de Métropole réclament, comme préalable à toutes discussions, la réintégration des députés communistes dans leurs fonctions et une représentation du PCF au sein du gouvernement Mandel.
Les mêmes conditions que celles dont avait parlé Staline le mois précédent à Blum…
Mandel, qui voit chaque semaine les Allemands exécuter 50 otages pour chacun de leurs militaires tués par un militant communiste, et bien obligé de céder mais nomme les communistes à des postes secondaires. Maurice Thorez, de retour d’URSS, est nommé Ministre des PTT, Ambroise Croizat, Ministre de la santé, tandis que Jacques Duclos rejoint la Commission préparatoire aux grandes réformes politiques et sociales prévues pour la France de l’après-guerre[121].
Leurs députés réintégrés et des membres du Parti ayant été nommés au gouvernement, les communistes acceptent d’intégrer le CNRI et de respecter ses consignes.
C’était Pierre Villon qui était pressenti au départ pour représenter le PCF au sein du CNRI mais D’Estienne d’Orves, de par sa propre opinion mais également sur ordre d’Alger, demande à ce que ce soit Charles Tillon qui soit nommé à sa place. Alger n’a pas oublié le fait que Tillon a appelé à la Résistance dès Juin 1940 !
Si de Gaulle avait été écouté dès le lendemain du déclenchement de Barbarossa, des vies françaises eut pu être épargnées… Mandel, qui en a conscience, commence à se faire à l’idée de la nécessité d’un rapprochement franco-soviétique sincère...
Le 1er Août, est signé à Alger l’accord Sikorski-Bogomolov portant sur la reconstitution d’une armée polonaise en URSS. Celle-ci sera rapidement transférée à l’ouest, via l’Iran, du fait du manque confiance réciproque.
Pourquoi l’Iran ?
Les Alliés, qui ont décidé de soutenir l’Union soviétique tout en étant conscient que la ravitailler depuis Vladivostok est impossible du fait de la menace japonaise et que maintenir un axe de communication depuis Mourmansk et Arkhangelsk, en Arctique, sera très difficile, lorgnaient sur l’Iran. Un ultimatum est adressé au Chah pour qu’il accepte le passage des convois alliés à travers son pays et expulse les citoyens de l’Axe présents dans son pays.
D’ailleurs, pourquoi ménager un pays qui a des sympathies pour l’Axe.
Après que le Chah eut rejeté l’ultimatum, l’Union soviétique et l’armée britannique envahirent l’Iran et la balayèrent en moins de deux semaines.
L’Empereur Reza Chah abdique alors en faveur de son fils, Mohammed Reza Chah Pahlavi.
Malgré les très nettes avantages de l’opération, la France n’y a consentie que du bout des lèvres.
En effet, bien que Mandel voyait très nettement l’intérêt vital de ravitailler l’URSS et connaissait la sympathie pro-axiste du souverain iranien, l’attaque d’un État neutre avait tout pour lui déplaire, lui qui n’oublie pas que son pays a été envahi justement parce qu’il défendait l’indépendance d’un autre État…
Et à ceux qui lui rétorquèrent que Clemenceau n’avait, lui, pas hésité à violer la neutralité grecque après les Dardanelles, il répondit.
« Je ne suis pas le Tigre. Et, d’ailleurs, notre intervention avait l’approbation de la majorité du peuple grec, la faction vénizéliste ! Ici, je doute que les Persans soutiennent une intervention occidentale, eux qui sont si fiers de ne pas jamais avoir été colonisés, du moins officiellement... »
Le Général connaît mieux que quiconque les intentions de Mandel pour le Levant comme l’appellent les Français, Middle East comme l’appellent les Britanniques. En effet, peu après l’éviction de Herriot, le président du conseil s’était décidé à partager avec le Général le projet qu’il mûrissait depuis le mois d’avril, quand le coup d’État du cercle d’or avait en partie tourné son attention sur cette région.
Un projet grandiose, qui aurait sûrement révolté Herriot, et qui provoquera l’ire de Churchill et des Anglais.
Mais qui, comme le dit le chef du gouvernement l’a expliqué au Général, est le genre de projet qui « donne à la France sa raison d’exister ! »
« Général, j’ai l’intention de me rendre au Levant pour y rencontrer des représentants des élites locales. La société des nations nous avaient confiés la mission, par le mandat qu’elle nous a accordé sur la Syrie et le Liban, de conduire ses peuples à l’indépendance.
Et bien, soyons les premiers à tenir nos engagements envers ceux que nous avons trahis en 1920[122].
Une fois les modalités de notre retrait acceptées par les autorités locales, je ferai un discours solennel à Damas pour annoncer que la république accorde la pleine souveraineté à ces 2 nations.
Comme l’avait promis Léon Blum et son gouvernement d’ailleurs.
Général, je sais que votre première réflexion est de penser à une capitulation, mais les évènements d’Irak montrent que le monde a changé.
Les Arabes veulent leur liberté. Et bien, accordons leur. Accompagnons les sur le chemin de l’autonomie. Je sais qu’ils nous en sauront gré.
J’irai même plus loin. Ce n’est pas un Levant balkanisé qui permettra aux Arabes de s’épanouir. J’ai aussi l’intention de rencontrer des représentants des Hachémites pour conférer avec eux sur la constitution d’un royaume de Grande Syrie regroupant non seulement les 2 monarchies hachémites que sont l’Irak et la Transjordanie mais également la Syrie, le Liban, et la Palestine mandataire.
Quant à ceux qui objecteront que nous nous en prenons aux intérêts britanniques, je répondrai, et cela vous le savez mon général, que Londres a déjà trahi notre amitié dans la région en envoyant en Syrie des agents, dont 2 ont été arrêtés déjà, négocier avec les nationalistes locaux pour y préparer des émeutes contre notre présence.
Ces idiots ne savent pas que contrairement à notre plan, une domination britannique sur le Levant ne serait que trop peu dans l’intérêt des locaux.
D’ailleurs, les Hachémites, nos alliés dans le précédent conflit, sont des guerriers honorables. Leur attitude envers nos soldats lors de la révolte de 1920 le prouva. Seule leur tutelle bienveillante permettra la mise en place d’un régime parlementaire et empêchera que le vent de la future révolte contre la présence occidentale n’entraîne la mise en place de dictatures nationalistes écrasant les minorités chrétienne, kurde et, vous savez ce que je vais dire mon général, juive.
Mes coreligionnaires ont bien l’intention de fonder un « foyer national juif » en Palestine. Ils s’y attellent déjà, provoquant la fureur des Arabes locaux.
Ce serait une guerre permanente, peut être une alliance entre Arabes et Nazis avant la chute inévitable de l’Hitlérisme.
Déjà, ce Grand-Mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, allié aux Irakiens, s’est réfugié à Berlin auprès d’Hitler.
Pour terminer, je ne trahis pas l’intérêt de la patrie. C’est même dans son intérêt que j’agis. En accompagnant les peuples vers l’indépendance, elle remplit sa mission. »
De Gaulle est stupéfait. Il comprend les arguments du président du conseil. Mais il n’est pas encore tout à fait mûr pour le monde nouveau que prédit le président du gouvernement..
Mais il se plie à la voie de l’obéissance, et, sans doute, de la clairvoyance. Il prépare immédiatement le voyage pour la Syrie de Georges Mandel.
Hitler massivement engagé en Russie, les Occidentaux, tout à la fois désireux d’empêcher un effondrement soviétique et de revenir dans les Balkans, commencent à planifier l’opération Battleaxe/Hache de guerre[123], un débarquement en Grèce !
D’ailleurs, l’armée allemande commence à faire face en Yougoslavie à des « maquis », d’abord exclusivement royalistes, sous la direction du colonel Draza Mihailovic, qui a échappé à la captivité lors de l’invasion, puis, à partir du 22 juin, également communistes, sous la direction de Josip Broz, bientôt connu sous le pseudonyme de Tito.
Les atrocités commises par les miliciens oustachis de l’État indépendant croate fait se dresser contre l’occupant la population serbe.
Le soulèvement est à ce point massif que les Italiens sont obligés d’intervenir pour contenir l’enthousiasme génocidaire de leurs « alliés » croates.
Certains haut-gradés en arrivent même à faire part à Mussolini de leur écœurement face aux atrocités oustachies. Le Duce autorise ainsi ses officiers à accorder l’amnistie aux Serbes qui cesseraient le combat. En échange, l’armée italienne protégeraient les villages.
Secrètement, et Tito se ruera bientôt sur cette occasion pour l’accuser de collusion avec l’occupant, Mihailovic s’entend secrètement avec le général Ambrosio, commandant les forces d’occupation italiennes, et s’engage à ne pas attaquer les troupes italiennes si elles tiennent leur promesse de défendre les villages serbes contre les Croates.
D’ailleurs, soucieux de limiter les représailles nazies contre les civils yougoslaves, Mihailovic limite ses actions à du renseignement.
Tito, lui, n’en a cure, et multiplie les attaques contre l’occupant. Qu’importe après tout pour lui que des civils soient fusillés, car plus les Nazis massacrent, plus la révolte prend de l’ampleur, ce qui lui permet de gonfler ses effectifs…
Ainsi, lorsque se déroule en septembre 1941 à Struganik, en Yougoslavie, une rencontre entre Tito et Draza Mihajlovic, les différences entre les 2 mouvements apparaissaient trop profondes et aucun accord n'est obtenu. La divergence principale porte sur ce que doit être la Yougoslavie d'après-guerre.
Une fédération, comme le souhaite le communiste ?
Ou un état centralisé comme le veut le monarchiste ?
Bientôt, la divergence laissera place à la haine et les 2 groupes iront jusqu’à se combattre mutuellement !
Néanmoins, Alger, principalement, décide de soutenir à fond les résistants monarchistes fidèles au gouvernement de Pierre II en leur envoyant des fournitures ainsi que des conseillers militaires. Le gouvernement Mandel fera également tout pour empêcher certains d’entre eux de se rallier aux forces de l’Axe pour combattre les Partisans.
Source : Archives fédérales allemandes.
[118] Notons que tout d’abord, De Gaulle avait envisagé l’envoi de troupes au sol, mais que Mandel, plusieurs ministres, ainsi que Noguès, s’y opposèrent de façon virulente.
[119] Où elle profite du soulèvement de la Lituanie contre l’Armée rouge avant de prendre des mesures contre le Conseil national lituanien.
[120] Station Barbès-Rochechouart
[121] Où il est le seul représentant communiste
[122] Pour être parfaitement objectif, Mandel se trompe. Le premier mandat, britannique celui-là, à obtenir son « indépendance », fut l’Irak justement.
[123] À l’origine, les Britanniques avaient nommé l’opération Crusader, croisé en Français, ce que ces derniers avaient estimé être une piètre idée alors que dans ce pays, le souvenir de la trahison franque de 1204 est encore si vif… (Cf : https://www.youtube.com/watch?v=6gar6MONCKs )
NdA : L'idée de Mandel ressemble beaucoup au texte du concours de Thomas. En fait, je me suis inspiré du "Règne de Napoléon IV" où l'empereur soutient la création d'un vaste ensemble arabe, à la fureur de Londres.
Pour la noblesse des Hachémites envers nos troupes, je ne fais que raconter une histoire familiale. En 1920, mon arrière grand père s'est perdu lors d'une patrouille en Syrie. Recueilli par des Bédouins, ces derniers lui indiquent la route du poste français. Lors de son débriefing, les officiers lui expliquèrent qu'il était tombé sur rien moins que le meneur de la révolte arabe en personne !
Dernière édition par Emile Ollivier le Lun 16 Nov - 13:48, édité 1 fois
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Chapitre 18 : Quasi-paix au nord
Août 1941 : Aux États-Unis, Roosevelt obtient le prolongement du service militaire dans l’armée et la garde nationale. De plus, son pays met en place un embargo pétrolier et ce principalement à destination du Japon.
Cependant, la trahison est l’apanage de tous les pays occupés par l’Allemagne. Ainsi Léon Degrelle fonde-t-il la Légion Wallonie qui a pour vocation de combattre sur le front de l’Est.
Sur le front, alors que les Allemands se sont emparés de Smolensk, le Führer ordonne de disperser les Panzer Corps du groupe d’armée centre vers les groupes d’armées du nord et du sud, pour aider le premier à mieux bloquer Leningrad et le second à isoler le maximum de troupes soviétiques dans la région de Kiev.
Le Führer abandonne provisoirement l’objectif moscovite car, selon lui, Moscou n’est qu’un « point sur une carte ». Il rétorque à ses généraux qui eux, n’ont d’yeux que pour la capitale soviétique.
« Vous n’y connaissez rien à la guerre économique ! »
En effet, pour Hitler, l’Allemagne doit s’emparer du blé de l’Ukraine, pour lui éviter d’être affamée, comme lors de la dernière guerre.
Mais les Russes sont vaillants. Non seulement ils se battent avec acharnement en défense mais mènent aussi, ponctuellement, des contre-attaques localisées avec des blindés et leur aviation. De plus, le répit inespéré donné par Hitler aux défenseurs de Moscou leur permet de mettre en place une série de lignes défensives afin de défendre la capitale soviétique.
Staline refuse d’écouter Joukov qui voulait évacuer Kiev, menacée par l’encerclement allemand et le démet de ses fonctions. Temporairement cependant.
Les Soviétiques qui ont bloqués les Allemands le long du Dniepr et qui se battent dans les rues de Kiev voient déferler du nord une importante force blindée.
La résistance acharnée et parfois même, efficace, de l'Armée rouge impressionne les Finlandais. Doivent-ils en profiter pour conclure une paix séparée avec les Soviétiques avec comme clause principale la rétrocession des territoires cédés à l'URSS en Mars 1940 ? C'est ce que souhaiterait le maréchal Mannerheim, commandant en chef de l'armée finlandaise et héros de la guerre d'Hiver. Mais une bonne partie des dirigeants finlandais, désormais enivrés des impressionnants succès allemands, en viennent à rêver d'une Grande Finlande comprenant même la péninsule de Kola ! Les négociations sont donc sur le point de capoter avec Staline alors que celui-ci en était arrivé au point d'accepter un traité de paix avec Helsinki !
À Alger, on connaît les sentiments francophiles du commandant en chef de l'armée finlandaise[124]. On a même de la sympathie pour ce courageux petit pays qui, en plus, n'a pas, malgré l'alliance allemande, sombré dans la dictature fasciste et est resté une démocratie.
La France n'étant pas en guerre avec la Finlande, René Cassin, le chargé d'affaire à Helsinki de la République française (c'est en effet le représentant de l’État français qui a rang d'ambassadeur en Finlande, petite concession faîte par Helsinki à Hitler) fait le siège du président Ryti pour le convaincre de signer la paix avec l'URSS, en jouant de la menace d'un retour de bâton violent de la part de Staline lors de son inévitable contre-offensive tandis que dans la même temps, il promet, si la paix est conclue maintenant, que les Occidentaux pourront encore « protéger » la Finlande contre Staline, sous-entendant par ailleurs, que l'alliance française avec Staline n'est que de circonstance.
Cependant, Ryti réclame des garanties contre l'inévitable réaction allemande et explique que s'il signe la paix avec l'URSS, l'Allemagne déclarera la guerre à la Finlande et que dès lors, il devra ouvrir les portes de son pays à l'Armée rouge. La Finlande serait alors sous domination soviétique ce que son gouvernement cherche à tout prix à empêcher !
« Mais, Monsieur le Président, c'est ce qui arrivera forcément si vous vous obstinez à rester en guerre avec Staline, et là, Londres et Paris ne pourront plus rien pour vous... » répond alors Cassin.
La référence à Paris comme capitale de la République française ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd et cette confiance absolue en la victoire finale des Alliés du chargé d'affaire français ébranla la propre confiance, mêlée de crainte, en une victoire de l'Axe, du chef de l’État finlandais.
Au final, les dirigeants finlandais sont divisés. Si la majorité du gouvernement veut continuer la guerre et pousser encore plus loin en territoire soviétique, le propre commandant en chef de leur armée, Mannerheim, veut quant à lui signer une paix séparée avec les Russes !
Malheureusement, une paix séparée apparaît désormais illusoire vu que Staline a repris espoir suite aux lourdes pertes subies par l’ennemi en général et tout particulièrement l’évacuation d’Elnya par les Allemands suite aux assauts de Joukov.
En conséquence, il ne veut désormais plus entendre parler d'une cession définitive de la Carélie à la Finlande.
Mannerheim et les Finlandais sont ainsi contraint de devoir continuer leur offensive afin, comme l’explique le chef de l’État finlandais au représentant de Mandel, « de nous constituer un glacis protecteur ».
Après de très durs combats, ce glacis est conquis. L’armée finnoise s’installera début décembre sur la Svir après avoir conquis Petrozavodsk.
Soucieux de ménager les Soviétiques, dont il estime une future contre-attaque certaine, les Finnois ne conduisent aucune politique annexionniste dans les territoires russes de la Carélie qu’ils occupent. Et, surtout, contrairement aux Nazis, ils traitent bien les populations.
De plus, dans le secteur de Leningrad, les Finlandais, qui se sont arrêtés le long de l’ancienne frontière, ne participent pas directement au blocus de la grande cité soviétique.
Staline dont les espions confirment les relativement bonnes dispositions finlandaises à son égard, décide d’accepter cette sorte de trêve tacite qui s’est installée entre les belligérants au nord.
Et qui durera jusqu’en 1944…
Tandis que René Cassin confère avec les Finlandais, Roosevelt, Churchill et Mandel se rencontrent eux sur un bâtiment de guerre ancré près de Terre-neuve et posent les jalons d’une coopération future en établissant les principes qui seront connus comme la Charte de l’Atlantique.
« Le Président des États-Unis, M. Churchill, Premier Ministre, représentant le Gouvernement de Sa Majesté dans le Royaume-Uni et M. Mandel, Président du Conseil de la République française s'étant réunis, croient devoir faire connaître certains principes communs de la politique nationale de leurs pays respectifs sur lesquels ils fondent leurs espoirs d'un avenir meilleur pour le Monde.
Premièrement, leurs pays ne recherchent aucune expansion territoriale ou autre.
Deuxièmement, ils ne désirent voir aucune modification territoriale qui ne soit conforme aux désirs librement exprimés des populations intéressées.
Troisièmement, ils respectent le droit qu'ont tous les peuples de choisir la forme de Gouvernement sous laquelle ils entendent vivre ; et ils désirent voir restituer, à ceux qui en ont été privés par la force, leurs droits souverains.
Quatrièmement, ils s'efforceront, tout en respectant comme il se doit leurs obligations existantes, d'assurer, sur un pied d'égalité, à tous les États, grands et petits, vainqueurs ou vaincus, l'accès et la participation, dans le monde entier, au commerce et aux matières premières indispensables à leur prospérité économique.
Cinquièmement, ils désirent faire en sorte que se réalise, dans le domaine économique, la plus entière collaboration entre toutes les nations, afin d'assurer à toutes de meilleures conditions de travail, le progrès économique et la sécurité sociale.
Sixièmement, une fois définitivement détruite la tyrannie nazie, ils espèrent voir s'établir une paix qui offrira à toutes les nations les moyens de demeurer en sécurité à l'intérieur de leurs propres frontières et qui assurera à tous les êtres humains de tous les pays la possibilité de vivre durant toute leur existence à l'abri de la crainte et du besoin.
Septièmement, une telle paix doit permettre à tous les hommes de parcourir sans entrave les mers et les océans.
Huitièmement, ils sont convaincus que toutes les nations du monde, pour des motifs aussi bien réalistes que spirituels, devront finir par renoncer à l'usage de la violence. Puisqu'à l'avenir aucune paix ne saurait être durable tant que les nations qui menacent ou pourraient menacer de commettre des actes d'agression en dehors de leurs frontières continueront à disposer d'armements terrestres, navals ou aériens, ils sont convaincus qu'en attendant l'institution d'un système permanent de sécurité générale établi sur des bases plus larges, il est essentiel de désarmer ces nations. En outre, ils entendent faciliter et encourager toutes autres mesures pratiques susceptibles d'alléger, pour les peuples pacifiques, le fardeau des armements.»
Bien qu’à la tête du second empire colonial du monde, la politique conduite par le Français va dans le sens du document qu’il signe. En effet, les négociations mènent bon train avec les Syro-libanais (et les Hachémites) et Moutet, le ministre des colonies, est le concepteur d’un accord révolutionnaire concernant l’avenir de l’Indochine française qui s’apprête à entrer en vigueur.
Les accords de Hué de mars 1941.
Alors que la STAVKA s'attendait à ce que les Allemands portent leur coup principal en direction de la capitale, dans les faits, les panzers de Guderian piquent vers le sud pour prendre à revers les défenseurs de Kiev.
Cependant, Staline, soucieux de défendre l'Ukraine constitue un nouveau front, celui de Briansk, en vue de protéger le flanc nord des défenseurs de la capitale de la RSS d'Ukraine.
Équipée des puissants chars KV1, bien plus puissant que ceux dont disposent alors les Allemands, cette armée soviétique malmène sérieusement les forces d'Heinz Guderian tandis que l'autre pince de l'encerclement programmé de la région de Kiev est longtemps incapable, en dépit des efforts de l'infanterie allemande et de celle des satellites du Reich, de franchir le Dniepr.
Ainsi, ce n'est qu'au prix de lourdes pertes que les Allemands finissent par refouler les Soviétiques.
Le gain de temps offert à l'Armée rouge à non seulement coûté cher à l'Armée d'Hitler, mais à en plus permis à de nombreuses divisions de l'Armée de Staline de s'échapper vers l'est lorsque celui-ci a enfin compris qu'il fallait ordonner la retraite.
Dans le secteur sud, la grande bataille d’encerclement autour de Kiev se conclue néanmoins par un désastre pour l’Union soviétique. Staline qui a longtemps refusé d’évacuer la ville donc, voit son armée perdre un demi-million d’hommes et une quantité importante de matériel de guerre.
Cependant, le répit accordé par la fermeture de la poche et son « nettoyage » permet aux Soviétiques de gagner un temps précieux dans la défense de Moscou à l’heure où les premières pluies d’hiver commencent à transformer la terre en une boue épaisse, la « Raspoutitsa ».
De plus, Joukov est parvenu, grâce à une série d’assauts meurtriers pour l’armée rouge, à contraindre les Allemands à évacuer leur tête de pont d’Elnya, aux portes de Moscou, comme nous l’avons vu.
C'est certes principalement un succès de propagande mais celui-ci n’en remonte pas moins le moral des dirigeants soviétiques au moment où le gros des Panzers remontent d'Ukraine, contraignant Joukov à revenir en position défensive.
Au nord, après de rudes combats contre les Soviétiques, les forces allemandes atteignent Leningrad mais n’ont plus la force de tenter un assaut. Elles en commencent donc le blocus sur ordre d’Hitler. Blocus auquel ne participent cependant pas les Finlandais qui se sont arrêtés le long de l’ancienne frontière après avoir reconquis la Carélie et sa capitale, Viipuri.
Néanmoins, malgré le soutien apporté par les Occidentaux à l’URSS, le combat de la dernière chance semble avoir commencé. En effet, le groupe d’armée du centre a récupéré ses Panzers et entament son avance sur Moscou tandis que le groupe d’armée sud attaque vers l’Ukraine orientale et la région du Donbass et que Leningrad est isolée.
En Tchécoslovaquie, le SS Heydrich devient Protecteur du Reich pour le Protectorat de Bohème-Moravie (État fantoche crée par les Nazis dans la région de Prague). Il remplace Von Neurath.
À Alexandrie, où se sont repliés les dirigeants grecs, le Roi Georges II, suites au pressions des Alliés mais aussi des libéraux grecs, remplace son premier ministre Emmanouil Tsouderos par Sophoklís Venizélos, le chef de file des démocrates grecs et fils du grand Elefthérios, chaud partisan de la France durant la Grande guerre et amoureux de son pays.
Venizélos annonce le retour à la constitution démocratique de 1911, posant les bases au retour à une monarchie constitutionnelle.
On voit donc ici les bases d'un compromis franco-britannique, véritable secret de polichinelle qui fait que bien que la Grèce reste une monarchie pro-britannique, elle dispose d’un gouvernement dirigé par un francophile notoire, plus ou moins secrètement républicain.
Mais Churchill, las de la trop grande indépendance diplomatique des Français, prépare un de ses coups de colère tempétueux pour le Général en visite à Londres...
[124] Qui parle couramment français d'ailleurs
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Eh bien il suffit que le Général lui amène une boite de bons cigares et ça devrait le calmer.
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Chapitre 19 :Agent double
Octobre 1941 : Les images du triomphe damascène de Mandel, consécutif à son discours annonçant l’indépendance « sous 6 mois » d’une Fédération de Grande-Syrie, voyage au cours duquel il se recueilli même sur le tombeau de Saladin, étaient gravées dans l’esprit du Général tandis qu’il se dirigeait vers le 10 Downing Street.
« Le président du conseil avait peut-être raison, finalement... » pensait De Gaulle.
Tout le courage, toute la motivation que lui inspirait ces évènements heureux ne seraient pas de trop lors de son inévitable et prochain affrontement avec un Churchill extrêmement remonté contre la France.
Et l’allure de buffle enragé qu’affichait le Prime Minister ne faisait que confirmer qu’une tempête approchait…
« De Gaulle ! Qu’est ce que c’est que ceci ? »
De Gaulle reste imperturbable, et répond calmement en demandant à Churchill ce qu’il veut dire par là.
« Ne faîtes pas l’innocent, De Gaulle ! » tempête le premier ministre britannique.
« Je parle bien sûr de vos agissements au Middle-East !
Vous y arrêtez nos agents tout d’abord. Puis, voilà que sans nous en parler, vous donnez l’indépendance à la Syrie, en négociant avec les Hachémites par dessus le marché !
Pour qui vous prenez vous, vous autres Français, Général ? »
« Mon gouvernement n’a pas de compte à rendre au votre en ce qui concerne la gestion de nos mandats. » Répond simplement de Gaulle.
Churchill devient rouge de colère. Il vitupère pendant 5 minutes, et en Anglais désormais, que la France a attisé les flammes de la grande révolte arabe contre eux-mêmes tout d’abord, mais surtout contre l’Empire britannique. Révolte qui s’étendra un jour à l’Algérie conclue-t-il, comme une menace.
Il eut même ses mots presque insultants, et ce dans la langue de Molière : « Vous, Français, vous vous comportez comme des agents doubles ! »
Avant d’ajouter, toujours en Français, ces mots fameux :
« Si vous m’obstaclez, je vous liquiderai, vous, Mandel, et la France d’Alger ! »
Puis faisant allusion à l’Amérique, il termine en vitupérant.
« Entre vous, Français, et le grand large, je choisirai toujours le grand large ! »
De Gaulle impassible, se content de saluer l’Anglais en lui disant. « Est-ce tout ? » avant de prendre congé du premier ministre.
Du soir, Churchill, s’excusera en offrant une bouteille de Whisky de très haute qualité au Français, qui répondra en lui offrant des cigares de haute tenue.
Mais l’alliance franco-britannique connaîtra bientôt d’autres crises…
En 1941, on cherche plus à fuir la France occupée vers l’AFN ou l’Angleterre qu’à faire le chemin inverse.
C’est pourtant cette route incongrue qu’a emprunté un jeune homme de 21 ans que nous allons, pour un temps, suivre.
Désertant la Marine française, il parvient grâce à des complicités à rallier la France captive et à s’engager dans la garde nationale.
En voilà un traître bien zélé…
De plus, en tant qu’ancien « Camelot du roi », voilà qui constituait un parfait certificat de félonie !
C’est d’ailleurs ce que pensent les hauts gradés de la garde qui le promurent rapidement à un grade d’officier.
Le 8 novembre 1941, le voilà chargé de commander la garde d’honneur du palais de l’Élysée pour la réception de Mgr Tiso, le dirigeant slovaque.
C’est là que tout dérape.
Le jeune lieutenant sort son pistolet et abat Pierre Laval sur le perron du palais de 3 coups de feu et n’a que le temps de s’enfuir avant que tout ce beau monde, qui avait commencé à prendre la fuite, ne revienne sur ses pas et ne commence à lui tirer dessus !
Heureusement, le jeune homme réussit à s’enfuir par les égouts, ou il est pris en charge par le réseau « Henri IV » de Fernand Bonnier de la Chapelle, qui réussit à l’exfiltrer vers l’Angleterre par l’entremise d’un groupe de pêcheurs franco-britanniques.
L’assassin s’appelle Paul Collette, ancien camelot du roi effectivement et membre du PSF, du proscrit de la droite dure, François de la Rocque.
Il recevra la Légion d’honneur et la médaille militaire avant la fin de l’année.
Du côté des dirigeants de l’État national, c’est la consternation. Laval n’a aucun héritier dont la légitimité irait au-delà d’un cercle restreint de partisans inconditionnels !
Le plus naturellement cependant, serait de transmettre cette « couronne de plomb » à de Brinon.
Mais Déat ne l’entend pas de cette oreille. Doriot étant en Russie, il peut organiser sa version ridicule de « la marche sur Rome ».
Marche qui sera arrêtée par… les Allemands !
Les Occupants ne veulent pas en effet d’une personnalité aussi clivante à l’extrême, choix qui leur mettrait une bonne partie des collaborationnistes à dos (Partisans de Doriot et Deloncle ou traîtres en col blancs, dans le style de de Brinon justement).
De Brinon peut donc former son équipe. Équipe qui se veut plus « consensuelle » (!), en vérité, plus technocratique…
Déat s’exile à Rome, sous le protection bienveillante de Mussolini.
Doriot, lui, rentrera en urgence du Front de l’est, où il n’a d’ailleurs pas fait grand-chose, faute de temps il est vrai.
Les partisans de Déat étant déjà fondus dans la masse du « Front de la liberté », et désormais privés de leur chef, ceux-ci se rallient plus ou moins de bon cœur au nouveau gouvernement, hormis quelques éléments, qui seront rapidement neutralisés par leurs rivaux, aidés des Allemands.
D’ailleurs, Doriot, débarrassé de son grand rival à l’extrême-droite, rallie désormais de plein droit le Front.
Il monte même en grade au sein du nouveau cabinet, qui a besoin de ses gros bras.
Chef de l'État national français, chef du gouvernement : Fernand de Brinon
Ministre des Affaires étrangères : Jacques Benoist-Méchin
Ministre de la Guerre : Bertrand Fagalde
Ministre de l'Intérieur : Adrien Marquet
(Dont secrétaire d’État aux questions juives : Louis Darquier de Pellepoix)
(Dont Secrétaire-général au Maintien de l’ordre : Joseph Darnand)
Ministre de l'information et des communications : Philippe Henriot
Ministre du Travail et de la solidarité nationale : Jacques Doriot
Ministre des Finances : Yves Bouthillier
Ministre de l'Économie nationale : René Belin
Ministre de la Production Industrielle nationale : Pierre Pucheu
Ministre de la Justice : Raphaël Alibert
Ministre de la Marine et des colonies : Charles Platon
Ministre de l'Air : René Fonck
Ministre de l'Éducation nationale : Abel Bonnard
Ministre de l'Agriculture : François Chasseigne
Ministre du ravitaillement : Pierre Cathala
Ministre des Anciens combattants, de la Famille française et de la santé : Jean Ybarnégaray
Ministre d’État : Eugène Deloncle
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
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Rayan du Griffoul a écrit:Oh quelle retournement de situation
Je t'ai adressé une petite dédicace avec le cadeau du Général au Premier ministre
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Chapitre 20 : La bataille pour Moscou
Au nom du gouvernement soviétique et de notre parti bolchevique, je vous salue et vous félicite à l’occasion du 24e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre. »
Odessa, ravitaillée par la mer, tient toujours en ce mois de septembre 1941, et la citadelle assiégée fixe d'importantes forces roumaines qui autrement, pourraient être utilisées ailleurs par les forces de l'Axe.
Notamment en Crimée…
Cependant, son abandon est ordonné mi-septembre et l’évacuation de sa garnison par la flotte soviétique de la mer noire sera un immense succès de la marine de Staline.
Et il était temps…
En effet, Von Manstein vient d’être envoyé en Crimée depuis le front nord avec comme mission s'emparer de la péninsule.
Les évacués d’Odessa viendront grossir les rangs des défenseurs de Sébastopol.
En dépit des efforts du général allemand, il lui faudra un mois d’attaques, entrecoupées d’une mise en défense face à une contre-offensive russe contre son flanc tenu par les Roumains de la IVème Armée dans la région de Melitopol, pour parvenir à s’emparer de la péninsule soviétique à l’exception de Sébastopol, défendue par 20 000 hommes qui résistent envers et contre tout…
En Ukraine orientale, les Allemands de Von Rundstedt s'emparent de Kharkov, Stalino et de Rostov-sur-le-Don.
Mais ils sont à bout de force.
Une contre-offensive soviétique contraint finalement les Allemands à évacuer cette dernière conquête fin novembre au prix de sa place pour le général allemand...[125]
Mais le véritable sort de la guerre se joue bien plus au nord...
Les Soviétiques sont commandés par Joukov, le « vainqueur » d'Elnya et meilleur officier de Staline.
Les Allemands emploient leur tactique habituelle d'encerclement des formations ennemies encerclent facilement, dans un premier temps, d’importantes forces soviétiques autour de Viazma et Bryansk.
Cependant, en dépit de leur encerclement, les troupes soviétiques combattent jusqu’au bout, de plus, une partie des défenseurs parviennent à s’échapper et à reformer une seconde ligne de défense, plus à l'est, et qui s’étend de Kalinine jusqu'à Volokolamsk et Kalouga.
Joukov peut compter, pour cette bataille, sur les premières divisions venues de Sibérie, les observations ainsi que les rapports de Richard Sorge s’entendant sur un point.
Le Japon dégarnit le Mandchoukouo en vue de son offensive générale contre les Occidentaux !
À Moscou, on reprend confiance dans l'avenir. Si Joukov est parvenu à freiner les Allemands avec les troupes dont il dispose pour l'heure, qu'est ce que ce sera quand il aura obtenu l’intégralité des divisions sibériennes, retirées du front du Mandchoukouo !
D'ailleurs, la population, un moment inquiète, fait bloc derrière ses dirigeants et Staline en particulier, en qui on commence à voir le sauveur du Communisme et de l'URSS ! D'ailleurs, hormis lors des premiers jours de l'attaque, nul dirigeant soviétique n'a envisagé sérieusement d'évacuer Moscou.
Les ambassadeurs des pays alliés, tiennent dans le même temps à rester auprès de Staline, et donc à Moscou. C'est notamment le cas de l'ambassadeur de France, Édouard Herriot, de l'ambassadeur britannique, Stafford Cripps et, aussi, de l'ambassadeur états-unien, Laurence Steinhardt.
En Tchécoslovaquie, Heydrich fait preuve de sa cruauté en faisant exécuter le maire de Prague, M. Klapka, pour de présumées activités anti-nazies !
Dans l’Atlantique, la tension monte de plus en plus entre l’Allemagne et les États-Unis car les U-Boots d’Hitler se heurtent de plus en plus souvent à des escorteurs de convois alliés américains suite aux mesures prises par Roosevelt pour la défense des convois alliés dans l’Atlantique.
C’est dans ce même ordre d’idée que les États-Unis, ne perdant pas de vue la guerre contre Hitler, étendent la loi prêts-bails à l’Union soviétique même si l’URSS était déjà aidée officieusement par les USA depuis le mois de septembre.
Le 6 Novembre, pour célébrer l’anniversaire de la Révolution d’octobre,[126] Staline fait un discours enflammé maximisant les pertes allemandes et minimisant les siennes propres.
Staline se montre confiant dans la victoire prochaine de l’armée rouge et son discours est du plus pur style communiste. Il parle de peuple soviétique, reprend le thème de défense de la Révolution de 1917 et appelle les Soviétiques, « Camarades ».
En réponse, le 8 Novembre, Hitler fera un discours du même acabit sur la situation militaire de l’Allemagne en Russie.
Cependant, dans la nuit du 7 au 8 Novembre, les premières neiges de l’hiver et le début du gel permettent aux Allemands de reprendre leur offensive contre Moscou, la boue étant redevenue de la terre solidifiée, apte à permettre le passage des véhicules.
L’objectif des forces allemandes est de tourner Moscou à la fois par le sud et par le nord avant de s’en emparer dans un second temps.
Mais rapidement, le froid s’associe aux soldats de Joukov en rejoignant les rangs des ennemis de l’armée allemande…
En effet, cette dernière voit se multiplier les cas de gelures dans ses rangs.
En dépit de leurs efforts dans ces directions, les Allemands ne parviennent pas à s’emparer de Toula.
De son côté, le groupe d’Armée Nord n’avance plus de même et doit même faire face à des contre-offensives locales des assiégés de Leningrad et des troupes de l’armée rouge à l’extérieur de la ville cherchant à briser le siège.
Épuisées par l’hiver, les troupes allemandes n’avancent plus qu’avec peine vers la capitale russe et c’est péniblement qu’elles parviennent à une trentaine de kilomètres de Moscou le 5 décembre.
C’est dans ce contexte, et alors que se positionnent les divisions venues de Sibérie orientale, qu’arrive en URSS l’escadrille « Normandie-Niemen ». Ils sont accueilli en URSS par l’ambassadeur Herriot, toujours furieux de cet « ostracisme ».
Le 5 décembre, Hitler ordonne de stopper l’offensive allemande en direction de Moscou pour la durée de l’hiver par la directive N°39 qui donne l'ordre à l'armée allemande de se mettre sur la défensive sur l'ensemble du front.
Les généraux Guderian, Hans Schmidt et Wolfram von Richthofen se rencontrent et se rendent compte que la ligne de défense actuelle ne peut être tenu.
Adolf Hitler pense que si l'armée allemande est épuisée, il en est de même pour l'armée soviétique et qu'aucune contre-offensive majeure n'est à craindre. Sur ce point les renseignements allemands sont faux. Ce sont 58 divisions soviétiques qui sont en réserves depuis l'approbation du plan du général Joukov. Cependant, même avec ces réserves, l'armée rouge n'a qu'une faible supériorité numérique sur l'armée allemande.
Le même jour, les Soviétiques lancent une contre-attaque dans le secteur de Kalinine mais rencontrent une vigoureuse résistance.
Ca n’est que le lendemain que la contre offensive soviétique est lancée sur l'ensemble du front. Des renforts en troupes fraîches et en chars ont étés ajoutés aux front soviétiques de Kalinine, ouest et sud ouest. L'objectif des forces du général Joukov est de couper à travers les ailes blindées du groupe d'armées centre, de les isoler et ensuite de les détruire.
Au nord de Moscou, les troupes soviétiques pénètrent de 18 km dans le dispositif du 3e groupe de panzer.
Au sud de Moscou les front ouest et sud ouest soviétiques attaquent depuis Toula et Eletsk.
Nous sommes le 7 décembre 1941...
[125] Son successeur, von Reichenau se bornant à prendre les mêmes mesures de repli...
[126] Car elle a eu lieu en octobre du calendrier Julien, toujours en vigueur en Russie et donc en novembre du calendrier grégorien en vigueur en Occident
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Chapitre 21 : Tempête sur l’Orient
En Extrême-Orient, la guerre semble être de plus en plus inévitable car le prince Konoe, premier ministre de l’Empire du Soleil Levant, est limogé en octobre, car jugé trop conciliant avec les Américains.
Il est remplacé par Tojo qui forme un cabinet belliciste tandis que rapidement, l’empereur Hiro Hito approuve le plan d’attaque de sa marine contre Pearl Harbor, la grande base américaine du Pacifique.
Néanmoins pour jeter de la poudre aux yeux des Américains, les Japonais chargent Saburu Kurusu d’une mission diplomatique à Washington. De toute façon, les câbles diplomatiques japonais étant interceptés, les Américains sont au courant des intentions de guerre de l’Empire du Soleil Levant.
D’ailleurs, avant-même l’échec des négociations, le Japon commence à déployer ses forces navales en vue de l’assaut contre les Occidentaux.
De plus, le Japon entame des négociations secrètes avec la Thaïlande en vue de la signature d’une alliance qui permettra, notamment, la prise à revers de l’Indochine française[127] et une offensive conjointe contre la Malaisie, colonie britannique.
Néanmoins, pour ne pas alarmer trop tôt les Occidentaux, les forces japonaises seront déployées au dernier moment en Thaïlande.
Néanmoins, les Occidentaux sont bien conscients de la menace de guerre dans le Pacifique. La présence de la Marine nationale aux côtés de la Royal Navy dans le combat contre les marines allemandes et, surtout, italiennes permet aux Britanniques d’envoyer une puissante Task Force regroupée autour du porte-avions HMS Indomitable, la Force Z, dans leur base de Singapour. Force Z également renforcée des bâtiments français repliés d’une Indochine bien trop exposée aux yeux de l’amiral Decoux, commandant la flotte française d’Extrême-Orient ainsi que des quelques unités néerlandaises.
Les Français se préparent également politiquement sous la houlette d’Auriol et Salan. C’est sous leur direction que sont signés les accords de Hué de mars 1941 qui conduisent le Vietnam, le Laos et le Cambodge à l’autonomie interne au sein de l’Union française au 1er septembre 1941. Ces mêmes accords remettent à un référendum populaire le choix de transmettre ou non la Cochinchine soit au Vietnam, soit au Cambodge, voire même une possible autonomie séparée.
En effet, les 2 Français se doutent bien que la masse viet de la région votera pour l’intégration de cette province du Cambodge historique à l’Empire du Vietnam mais il fallait ménager les susceptibilités khmers en maintenant un vernis démocratique…
Le référendum est prévu pour janvier 1942.
Il n’aura jamais lieu…
En effet, le 7 décembre, les Japonais frappent un peu partout dans le Pacifique et donc en Indochine.
Le prélude de l’assaut est une attaque d’ampleur sur la base de Pearl Harbor, qui prend de court les Américains, qui ne s’attendaient pas à être attaqués directement dans leur base des îles Hawaï !
En effet, si la guerre n’est pas une surprise, l’attaque de Pearl Harbor, elle, en est bel et bien une...
À 6 heures du matin ce 7 décembre 1941, la flotte aéronavale japonaise, placée à 250 miles au nord d'Oahu et comprenant 6 porte-avions d'escadre[128] portant plus de 400 avions, commence à faire s'envoler la première vague d'attaque.
Celle-ci, sous le commandement du commandant Fuchida, doit attaquer Pearl Harbor, base principale de la marine américaine dans le pacifique.
Composée de 183 avions, elle est divisée en 3 groupes :
- Le 1er groupe (49 bombardiers et 40 avions torpilleurs) doit attaquer les cuirassés et les porte-avions américains.
- Le 2nd groupe (51 bombardiers en piqué) doit attaquer l'île Ford et l'aéroport de Wheeler.
- Le 3e groupe (53 chasseurs zéro) doit contrôler l'espace aérien et attaquer les pistes d'aviations de Ford Island, Hickam Field, Wheeler Field, Barber's Point et Kaneohe.
La surprise est totale, en dépit des nombreux avertissements non seulement diplomatiques (interception de câbles japonais) mais également militaires (détection de sous-marins de poche japonais dans la rade, repérage par des radars de la première vague, hélas prise pour un vol de B-17 en provenance de Californie…).
Mitsuo Fuchida peut donc annoncer à ses chefs qu’en effet, la surprise est totale…
Pire, certaines mesures s’avèrent contre-productives comme l’alignement des avions sur les pistes pour éviter les sabotages...
À l’issue de la première vague, 5 cuirassés et 2 croiseurs légers sont coulés et de nombreux avions sont détruits au sol.
La seconde vague composée de 171 avions coule 3 destroyers et achève les derniers cuirassés encore intacts.
En revanche, Nagumo annule la 3ème et dernière vague qui devait frapper notamment les dépôts d’essence de la base.
En effet, la DCA américaine s'est avérée plus redoutable que prévu et la deuxième vague en a fait les frais. L'effet de surprise n'étant plus là.
De plus, le temps de lancer et de récupérer les appareils de cette même troisième vague aurait donner la possibilité aux Américains de contre-attaquer.
Enfin, la flotte était à la limite de ses capacités logistiques. Certains navires aurait du être ravitaillée à portée des Américains, si le repli avait attendu le retour d’une troisième vague.
Nagumo pêche donc par excès de prudence tandis que Yamamoto prédit « le réveil d’un géant endormi ».
Nonobstant, les pertes sont terribles pour la flotte américaine du pacifique qui voit 8 de ses cuirassés coulés, ou endommagés ainsi que 18 unités plus légères !
En plus des pertes navales, 188 des 403 avions des bases d'Oahu sont détruits et 159 sont endommagés.
2386 américains sont tués dans l'attaque, dont 55 civils principalement tués par des obus anti-aériens américains non explosés, et 1139 sont blessés.
Heureusement, les 3 porte-avions de la Flotte du Pacifique sont intacts.
L’USS Enterprise rentrait à Pearl Harbor après avoir livré des appareils à Wake.
L’USS Lexington faisait de même à Midway.
Enfin, l’USS Saratoga recevait à San Diego son groupe aérien après une période de remise à niveau.
Ils pourront s’opposer plus tard à l’expansion japonaise.
Au lendemain de l’attaque, Roosevelt s’adresse au congrès des États-Unis en ces termes.
« Hier, 7 décembre 1941, une date qui restera dans l'Histoire comme un jour d'infamie, les États-Unis d'Amérique ont été attaqués délibérément par les forces navales et aériennes de l'empire du Japon. Les États-Unis étaient en paix avec le Japon et étaient même, à la demande de ce pays, en pourparlers avec son gouvernement et son empereur sur les conditions du maintien de la paix dans le Pacifique. Qui plus est, une heure après que les armées nippones eurent commencé à bombarder Oahu, un représentant de l'ambassade du Japon aux États-Unis a fait au secrétariat d'État une réponse officielle à un récent message américain. Cette réponse semblait prouver la poursuite des négociations diplomatiques, elle ne contenait ni menace, ni déclaration de guerre […]. J'ai demandé à ce que le Congrès déclare depuis l'attaque perpétrée par le Japon dimanche 7 décembre, l'état de guerre contre le Japon. »
En dépit des espoirs des militaires japonais d’un long débat entre isolationnistes et le parti de la guerre, c’est à la quasi-unanimité que le congrès américain reconnaît l’état de guerre entre les 2 pays. Seule la pacifiste Jeannette Rankin, membre du parti républicain, votant contre la guerre.
L'état de guerre est signé par le président américain suite à cet accord quasi-unanime du congrès.
« Considérant que le Gouvernement impérial du Japon a commis, sans provocation, des actes de guerre contre le Gouvernement et le peuple des États-Unis d'Amérique: Il est déclaré par le Sénat et la Chambre des représentants des États-Unis d'Amérique réunis en Congrès, que l'état de la guerre entre les États-Unis et le Gouvernement impérial du Japon, est officiellement déclarée, et le Président est autorisé et à employer l'ensemble de forces navales et militaires des États-Unis ainsi que les ressources du gouvernement pour mener la guerre contre le Gouvernement impérial du Japon, et de mener le conflit à son terme victorieusement. »
Dès que les nouvelles de l'attaque de Pearl Harbor et de l'assaut nippon sur l'Indochine sont confirmés, la Force Z[129], désormais la seule en force alliée en mesure de contrer les Nippons, se met en marche en vue d'attaquer la flotte japonaise qui protège les forces qui débarquent autour d'Haiphong.
Pourtant, l'amiral Phillips, est moins confiant qu'il aurait pu l'être. En effet, il a derrière lui l'expérience des combats aéronavals ayant eu lieu en Méditerranée depuis 1940 et sait qu'une grande unités, aussi puissante soit-elle, peut être coulée par un petit avion.
Or, la Chine du sud et l’île de Hainan avaient vues les Japonais y construire de nombreuses bases aériennes.
Pire, il y avait la puissante base aérienne nippone située dans les îles Spratley, occupées par Tokyo.
Il se sent désormais à la place d'un amiral italien et ce, en dépit de la présence, qui aurait pu être rassurante, de la couverture aérienne des Spitfires de l'Indomitable…
Pourtant, les ordres de Churchill sont clairs et puis, si on laisse les Japonais conquérir l'Indochine, ils finiront par débouler en Malaisie !
Et quand les ordres sont clairs, il faut les suivre…
Le lendemain du départ de Singapour, les vaisseaux alliés arrivent au large de Saïgon. Grâce aux renseignements des Français, Phillips savaient à peu près où se trouvaient les Japonais.
Mais ceux-ci, bien conscient de la présence de la Force Z à Singapour se tenaient prêts à la recevoir.
La flotte alliée fut repérée par un appareil de reconnaissance nippon.
Immédiatement ce fut le branle bas de de combat côté japonais. Tous les appareils basés aux Spratley, et placés depuis la veille en état d’alerte permanent, décollèrent en direction de leur cible ou plutôt de leur proie.
La Force Z…
Car en effet, les Japonais disposaient d’une supériorité numérique écrasante, Yamamoto ayant également ordonné de détourner de leurs objectifs les bombardiers qui participaient à l’assaut sur l’Indochine française !
Quitte à sacrifier temporairement l'offensive contre celle-ci…
Mais anéantir la puissante flotte alliée et la menace décisive qu’elle représentait n’en valait-il pas la peine ?
En dépit du courage des pilotes britanniques, leur rideau défensif fut aisément brisé et les Japonais purent à leur guise faire pleuvoir la mort sur les 3 bâtiments principaux de la Force Z, et, en particulier, le porte-avions.
Moins d'une heure après l'explosion de la première bombe, ceux-ci gisaient au fond de la mer de Chine méridionale. Mieux, ils avaient également coulés plusieurs croiseurs et autres torpilleurs/destroyers français et néerlandais.
Pire, la mer de Chine méridionale sert désormais de dernière demeure aux amiraux Phillips et Decoux...
Les pertes japonaises furent minimales tandis que les flottes française et britannique d'Extrême-Orient (sans compter les pertes certaines des Néerlandais) ne pouvaient plus s'opposer à l'assaut nippon. Les survivants reçurent d’ailleurs rapidement un ordre de repli sur Batavia (Actuelle Djakarta).
D'ailleurs, très rapidement, la flotte aérienne japonaise repris sa mission de couverture de l'assaut contre l'Indochine tandis que des convois quittèrent Hainan en vue d'envoyer des troupes en Thaïlande pour y soutenir l'armée de Phibun, qui se bat contre les Britanniques venus de Malaisie et qui sont entrés en Thaïlande dès l'annonce de Pearl Harbor, pour, comme s'était malheureusement à prévoir, se faire accueillir à coups de feu par l'armée thaïlandaise !
Mieux, un autre convoi transportant la force du général Tomoyuki Yamashita, qui devait débarquer ses blindés [130] directement sur les plages malaises, quitta également la grande île chinoise.
L'Amiral Shintarō Hashimoto avait parfaitement exécuté le plan de Yamamoto pour anéantir l'opposition alliée à l'expansion japonaise dans la région.
D'ailleurs, l'offensive japonaise est générale. Les armées de l’Empire du Soleil levant attaquent de la Malaisie à l’île de Wake en passant par l’Indochine[131] et les Philippines.
Cependant, dès le soir du 9 Décembre 1941, jour de l'anéantissement de la Force Z au lendemain de Pearl Harbor[132], le gouverneur général de l'Indochine française, Vincent Auriol et Raoul Salan, commandant en chef des forces françaises dans la région rencontrent, dans une villa à l'écart de la capitale de l'Indochine française, qui croule de nouveau sous les bombes japonaises après une brève accalmie lorsque les Japonais attaquèrent la flotte britannique, Hô Chi Minh, chef du Parti communiste vietnamien. Celui-ci est en effet revenu de son exil chinois suite à la légalisation de son parti en octobre.
Les 3 hommes discutent d'une coopération militaire pour faire face à l'invasion japonaise[133] mais Salan et Hô se regardent en chien de faïence…
En effet, le premier représente la souveraineté française tandis que l'autre est un indépendantiste et, encore pire aux yeux du général français, un communiste !
Cependant, les 2 hommes sont intelligents et ils savent bien que la situation nouvelle causée par le désastre britannique exige qu'ils doivent obligatoirement se mettre d'accord, du moins pour le temps que durera la guerre contre le Japon.
Quant à l'après-guerre…
C'est le gouverneur-général Auriol, socialiste, qui permet le compromis en ouvrant le dialogue entre le militaire français et le politicien vietnamien.
Finalement, après de longues tractations, entrecoupées par de nombreux départs de Salan qui suit le déroulement des opérations non seulement à Haïphong et Lang Son, mais aussi dans tout l'Extrême-Orient et le Pacifique, un accord est trouvé.
Les « milices » de Hô seront placé sous le commandement français de Salan, mais jouiront en fait d'une quasi-indépendance. Le vietnamien est satisfait car il pourra obtenir pour ses forces l'aide américaine tandis que le colonisateur honni a fait de lui un partenaire incontournable !
Salan sait que cette nouvelle concession faîte aux Indochinois est nécessaire pour sauver l'essentiel à ses yeux, la place de la France en Orient et au sein de la coalition anti-japonaise. Mais il ne peut s'empêcher de penser à l'inévitable confrontation qui opposera la France aux communistes une fois les Japonais vaincus. D'ailleurs, il poussera Auriol à s'entretenir avec Bao Daï pour lui expliquer les raisons qui ont poussé les autorités françaises à « s'allier » avec Hô Chi Minh et les communistes et s'assurer du soutien de l'empereur à la République française[134].
Bao Daï, bien évidemment, déclare aux 2 Français qu'il les soutient pleinement mais, comme il l'avouera plus tard, en tant que Vietnamien, il ne put s'empêcher d'être heureux de ce nouveau pied de nez fait aux Français tout en sachant pertinemment lui aussi la confrontation inévitable contre les communistes, confrontation qu'il ne pourra gagner qu'avec l'aide de la France…
À Alger, Mandel, soucieux de faire tout ce qu'il peut pour aider ses soldats qui combattent en Indochine, convoque l'ambassadeur de la République de Chine et convient avec lui de l'entrée de troupes chinoises au Tonkin.
Cependant, les Chinois n'ont non seulement pas des ressources illimitées, car devant déjà se battre pour défendre leur propre pays, mais de plus, ont des sentiments ambivalents envers les Français…
Certes, ils leur savent gré de les aider depuis 1937, mais certains hauts gradés de l'armée chinoise se sentent plus proche du peuple vietnamien que de ses colonisateurs...
Pendant ce temps, plus au nord, les Japonais attaquent le petit territoire côtier français de Kouang-Tchéou-Wan, situé au nord de l’île de Hainan et partie intégrante de l’Indochine.
Malgré le choc de l’invasion japonaise, partout les soldats alliés résistent comme des lions à l’envahisseur, comme les courageux défenseurs américains de l’île de Wake, qui résisteront à l’ennemi jusqu’à la dernière cartouche.
Les Philippines, bien que son président, Quezón, ait un moment espéré que les Japonais respecteraient la neutralité de cet État semi-indépendant, sont également attaquées.
Sur place commande le général US Mac Arthur, spécialiste de l’Asie. Conscient de l’infériorité en homme et en matériel de ses troupes face à l’agresseur, il ordonne le repli sur la péninsule de Bataan, à l’ouest de la baie de Manille où elles conduiront une défense héroïque en attendant des renforts qui ne viendront jamais, du fait de la défaite initiale des Alliés sur l’ensemble du front et de la stratégie Europe First décidée à la conférence Arcadia, une banlieue de Washington, où se sont réunis Roosevelt, Churchill et Mandel, fin décembre 1941.
Durant cette conférence, les dirigeants des 3 grands acceptent également l’idée d’un commandement unique des armées alliées sur le front européen.
En Tchécoslovaquie occupée, les Alliés parachutent un commando tchécoslovaque. Celui-ci doit, en coopération avec la résistance locale, assassiner Heydrich, le Protecteur de Bohème-Moravie et Nazi fanatique notoire.
Ce mois de décembre 1941 voit un autre raid audacieux des forces de l’Axe. Celui des plongeurs de combat italiens du Xe Flottiglia MAS contre la flotte britannique basée à Alexandrie. 2 cuirassés sont gravement endommagés à l’heure où désormais, en plus de devoir surveiller les débris de la Regia Marina calfeutrés dans ses bases, les Britanniques doivent lutter contre l’expansion rapide du Japon et ont subi un désastre avec la destruction de la Force Z.
Heureusement, les Britanniques peuvent compter sur la puissante Marine nationale pour maintenir l’avantage en Méditerranée face à la marine italienne et l'arrivée prochaine de nombreux bâtiments de l'US Navy.
Car en effet, Hitler, suivi par Mussolini, a déclaré la guerre aux États-Unis, pensant naïvement que les Japonais le remercieraient en attaquant l’URSS en Sibérie, ce que les Nippons, ayant dégarnis le front mandchou, ne feront évidemment pas…
De Gaulle réagit à cette déclaration de guerre sur les ondes de Radio-Alger :
« Entre deux séances d'effusions avec l'un ou l'autre des hommes de l’État dit national, l'ennemi annonce qu'il va massacrer encore 100 Français. Il donne pour prétexte qu'avec tous ses canons, ses chars et ses mitrailleuses, il est impuissant dans la guerre d'escarmouches engagée sur notre territoire entre ses troupes et des groupes francs français. A vrai dire, c'est tous les jours qu'il se venge de ces menus revers, précurseurs du grand désastre, en tuant des hommes, des femmes, des enfants, désarmés. Tantôt il le fait en secret, tantôt il le publie. Dans les deux cas, il ne manque pas de verser l'écume de sa rage dans le sang qu'il répand, c'est-à-dire dans le sang de la France, à la façon de certains assassins qui ne peuvent se tenir de souiller leurs victimes.
Devant ces crimes commis sur la personne de ses enfants par une race affolée et déjà condamnée, la France ne pleurera pas, ne gémira pas, ne priera pas. La France, grâce à Dieu! possède des soldats en campagne pour lui gagner la guerre avec ses alliés. Ces soldats ont des armes, dont l'ennemi connaîtra, une fois de plus dans son Histoire, la pointe et le tranchant. Et ces soldats ont une parole. Cette parole c'est que tout cela sera payé intégralement, avec le reste.
Il est, sans doute, fort possible que l'ennemi, pris à son propre bluff, ne veuille point imaginer qu'il soit en route pour la défaite. Mais nous avons, nous, des raisons d'être d'une autre opinion. Car, s'il est clair à nos yeux que l'offensive allemande de Russie évolue dans un sens fâcheux pour l'ennemi, que l’Italie mussolinienne est moribonde, et que l'agression japonaise se heurte, d'ores et déjà, à des obstacles grandissants, que les collaborateurs, aussi hauts placés soient-ils, ne sont désormais plus à l’abri, il nous paraît évident, à nous, que l'entrée dans la guerre de notre alliée l'Amérique, aux côtés de l'Angleterre, de la Russie et de la France, équivaut, tout simplement, à la certitude de vaincre.
En effet, dans cette guerre de machines, l'Amérique possède, à elle seule, un potentiel égal au potentiel total de tous les autres belligérants. Grâce à l'appoint qu'elle a déjà commencé à fournir, il sortira l'an prochain, des usines ou chantiers alliés, trois fois plus d'avions, deux fois plus de chars, six fois plus de navires que des usines ou chantiers ennemis. A mesure que les mois passeront, ces rapports de production deviendront bien meilleurs encore. Quant aux effectifs, résumons la question en disant que, de cinq hommes sur la terre, quatre sont dans notre camp.
C'est pourquoi, si nous pouvons être aujourd'hui forcés de subir le massacre de nos compatriotes, nous savons de quelles larmes de sang l'ennemi, avant peu, devra pleurer sa criminelle insolence. Le jour est maintenant marqué où nous nous trouverons à la fois les vainqueurs et les vengeurs.
La France, avec nous ! ».
[127] Et l’annexion par la Thaïlande des territoires qu’elle avait perdue au profit de l’Indochine.
[128] Akagi, Hiryu, Kaga, Shokaku, Soryu et Zuikaku
[129] Dont les pièce maîtresses sont les porte-avions HMS Indomitable et les cuirassés Repulse et Prince of Wales
[130] Terrible surprise pour les Britanniques que l’utilisation de blindés dans la jungle !
[131] Avec l’aide de l’armée thaïlandaise du dictateur Phibun.
[132] En effet, cette différence de date est liée à la différence de fuseau horaire entre les îles Hawaï et l'Indochine
[133] De furieux combats ont alors lieux à Haïphong où viennent de débarquer les troupes nippones ainsi qu'à Lang Son, attaquée depuis la Chine occupée comme en 1940
[134] D'ailleurs, dès les premières bombes tombées sur Haïphong, le dirigeant vietnamien a appelé son peuple à combattre les Japonais
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Re: La France exilée. Tome 1 : 1940 La roue du destin
Le but avoué de cette guerre est de lutter contre l'invasion et l'annexion de territoires par la force. De plus, la France cherche à tout prix à sauver ce qui peut l'être des frontières de Versailles et compagnie. Alors, quand elle le peut, elle fait en sorte d'en rester au statut-quo.
Certes, elle aurait pu transgresser ce principe si la Yougoslavie était restée une monarchie amie mais avec Tito au pouvoir...
On ne va pas de soit-même livrer des territoires à Staline et faisant le zèle de les évacuer quand on y est arrivé les premiers surtout que l'Italie aura comme vocation d'être rattachée au camp occidental.
Par contre, monarchie ou république, j'hésite encore.
Pour la Brigue et Tende, disons que la France a bien mieux pour compenser.
Certes, ça n'est pas dans la timeline précédente (je crois) mais j'explique que de Gaulle au pouvoir en revient aux frontières de 1814 en Alsace-Moselle, et récupère Sarrelouis (ville de naissance de Ney) et Landau.
Alors pas besoin d'annexer 2 villages frontaliers quand on peut récupérer 2 villes, surtout au dépend de l'Allemagne
De plus, la France veut ménager l'Italie pour se l'attacher, Mandel puis de Gaulle voulant un bloc continental pour ne pas "rater" la paix comme après 14-18 et aussi s'opposer au communisme tout en restant autonome de Washington.
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