Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
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Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Zhongguo est une série que je viens juste de commencer et dont le tome 1 est sorti il y a tout juste un mois et demi :
https://www.amazon.fr/Zhongguo-L%C3%A2ge-h%C3%A9ros-C%C3%A9lian-Cogitore-ebook/dp/B01HIQPGOI/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1470919428&sr=1-1
Zhongguo n'est pas une uchronie, mais une anachronie, j'ai mélangé des époques différentes , des légendes, des mythes pour créer une sorte de Chine antique fantasmée.. mais solidement construite en respectant les tenues, la construction, les lieux, les noms etc... bref un texte très documenté fruit d'années de recherches.
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Zhongguo n'est pas une uchronie, mais une anachronie, j'ai mélangé des époques différentes , des légendes, des mythes pour créer une sorte de Chine antique fantasmée.. mais solidement construite en respectant les tenues, la construction, les lieux, les noms etc... bref un texte très documenté fruit d'années de recherches.
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Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
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Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Chapitre 11
La lumière pure d'une belle matinée pénètre juste dans le vieux couvent ; Alors que la cime éclairée des grands arbres annonce le retour du soleil. C'est par des sentiers difficiles qu'on arrive à ce lieu solitaire. où s'abrite la cellule du bonze, au milieu de la verdure et des fleurs.
Dès que la montagne s'illumine, les oiseaux, comprenant la nature, se réveillent joyeux. L'œil contemple des eaux limpides et profondes, comme les pensées de l'homme dont le cœur est pur et tranquille.
Les dix mille bruits du monde ne troublent jamais cette calme retraite. La voix harmonieuse des pierres sonores est la seule qui s'élève ici
Le lever du soleil sur le couvent du mont Po-chan, Tang Shi
L’auberge de campagne était particulièrement isolée, se situant aux abords de la rivière Gàn Jiāng traversant du nord au sud la province de Jiangxi à l’est de la Tapisserie Nuageuse des Pics du Fujian. Construite sur un plan carré autour d'une cour intérieure, elle était entourée d'une véranda soutenue par des piliers de bois. Simple relais sur la route qui remontait vers le nord, l'établissement accueillait toutes sortes de voyageurs
Durant les deux dernières semaines, d’étape en étape ce genre d’’hostelleries avait hébergé les fuyards qui, par précaution, arrivaient en groupes séparés et sous des identités différentes : un haut magistrat voyageant avec ses gardes du corps et un couple de jeunes mariés... un jeune malade accompagné de son médecin et un trio de marchands... un couple de musiciens et un groupe de pèlerins
Ce soir là, Chen Li jouait le rôle d’un marchand de chevaux qui accompagné de son serviteur se rendaient dans la ville de Qingyunpu. Tan Kai l’avait précédé sous l’uniforme d’un coursier impérial en route pour Nánchāng, et peu après eux étaient arrivés Mudan et Lian La Lung, se faisant passer pour un couple d’artisans de la région de Donghu. Les cinq fugitifs s’étaient installés à trois tables différentes mais faisaient face à la porte de manière à surveiller les allées et venues des clients. En dépit des centaines de li parcourus depuis leur évasion d'Hangzhou, leur situation n'avait guère avancé. Les Djurchets continuaient à les poursuivre et les portraits de Tan Kai et Chang Li se retrouvaient placardés aux portes des villages, qui avisaient les habitants qu’on les recherchait comme de dangereux criminels. Tard dans la nuit, le groupe de fugitifs se retrouva dans la chambre de Tan Kai pour discuter de leur situation :
- Ce qui nous a permis jusqu’à présent d’échapper aux Djurchets, c’est que nous sommes cinq et que chaque jour nous voyageons sous différentes apparences. Mais avec nos deux signalements placardés de ville en ville, nous risquons bientôt de ne plus pouvoir circuler... Il nous faut trouver de l’aide et rapidement ! Analysa Tan Kai
- Ce qu'il nous faut c'est un conseil avisé. Nous ne sommes guère éloignés du monastère taoïste du Mont Longhu. Il héberge un célèbre sage connu pour assister les champions et les héros qui viennent la consulter.
- La consulter?
- Oui, Xian Tan est une femme. Des pèlerins venus pour prier dans les différents monastères des Pics du Fujian m'ont parlé d'elle.
Vexé de voir sa propre fille prendre la parole sans sa permission, l'obèse marchand s'emporta.
- Et qui nous dis qu'elle ne nous livrera pas aux Mandchous ?
Négligeant la répartie de Chang Li, Wu Tan Kai voulut en savoir plus.
- Où se trouve ce monastère, Mudan ?
La jeune fille plongea son visage dans ses manches.
- A trois jours de voyage vers le sud.
- Et bien ce ne sera pas un grand détour, quoi qu'il en soit. Allons-y !
Heureuse, Mudan gratifia son père maussade d'une œillade triomphatrice.
Cette partie du voyage fut de tout repos. En cheminant avec les pèlerins, les fuyards n'attiraient pas l'attention. Dans cette région célèbre pour ses saints taoïstes et ses lieux sacrés, les patrouilles de Djurchets avaient tout simplement trop de voyageurs à contrôler. Certains se rendaient au puits du Mont Gezao pour soigner leurs problèmes d'estomac. D'autres voulaient visiter le Mont Lu et prier sur la tombe du médecin Dong Feng. Celle-ci, entourée par une forêt d'abricotiers, rappelait que le sage demandait que l'on plante un noyau de cet arbre en guise de paiement.
A l'arrivée au monastère du Mont Longhu, les pèlerins eurent la surprise de voir s'avancer une procession de moines taoïstes vêtus d'un hanfu bleu sombre et du bonnet à quatre pans typique de leur culte. Leur abbé s'inclina devant les voyageurs.
- Qui parmi vous s'appelle Wu Tan Kai ?
A côté de l'intéressé, Chang Li se mit à trembler.
- Cette fois c'est sûr, on a été trahis, gémit-il.
Sans prêter attention au marchand obèse qui cherchait à le retenir, le jeune officier quitta la foule.
- Je suis Wu Tan Kai.
- L'Immortelle Cinabre va vous recevoir, suivez-moi.
- Je vous remercie, bon moine. Mes amis peuvent-ils m'accompagner ?
- S'ils le souhaitent.
Souriante, Mu Dan fut la première à sortir des pèlerins. Au contraire, son père ne la suivit qu'à regret. Comme à leur habitude Farimahad et Lian La Lung fermaient la marche. Guidés par le moine, la petite troupe monta un escalier dans le flanc d'une colline jusqu'à une grotte naturelle sommairement aménagée. A son entrée, une femme sans âge attendait, entourée de deux gigantesques tigres. Ces animaux puissants étaient sans doute capables de déchirer un homme d'un seul coup de griffe. Toutefois, à les voir ronronner ou se frotter à la hanche de leur maîtresse, on croirait avoir affaire à de simples chat domestiques.
Souriante, Xian Tan proposa à ses invités de prendre un thé en sa compagnie. Un peu perplexes, Tan Kai et ses amis s'assirent pour la regarder préparer le breuvage.
- J'avoue être assez surpris, Très Sage. Comment saviez-vous que je venais... nous mêmes ne l'avons décidé que sur un coup de tête.
- Peut-être que votre impulsion était une suggestion qui vous a été faite. Les jeunes femmes peuvent aussi être l'instrument du Tao.
Ce disant, Xian Tan sourit à Mudan. Cette dernière rougit et plongea le nez dans ses manches. Tan Kai ne se laissa pas distraire, il avait d'autres questions.
- Vous savez donc pourquoi je suis venu, sage Xian Tan ?
- Non, je l'ignore mais vous aussi...
- Moi aussi ?
- Vous êtes venu me demander conseil. Vous ne saurez pourquoi vous êtes venus que lorsque vous les aurez reçus. Vous ignorer donc pourquoi vous êtes ici. Et si vous le saviez, vous ne seriez pas venu.
L'étrange argumentation surpris le commandant Wu.
- J'admets ne pas avoir réfléchi à cela en ces termes... mais la question que je veux vous poser est pratique. Que suis-je sensé faire ? Je dois... et je désire me venger de Gongsun Du. Il a tué ma famille ! Mais... nous ne sommes que cinq. L'attaquer serait vain.
Xian Tan acquiesça.
- Si votre but est de venger votre famille, vous échouerez, et effectivement peu se joindrons à vous. Vous agissez sous l'emprise de la colère. Cependant, cette émotion ne vous apportera rien de bon, tout comme combattre pour des morts. Il existe beaucoup de personnes qui souffrent du déséquilibre imposé à Zhongguo. Des personnes bien vivantes qui mourront si on ne les aide pas. Commandant Wu, vous devez combattre pour libérer le Pays du Milieu de l'usurpation dont s'est rendu coupable Gongsun Du et restaurer le Tao.
Wu Tan Kai fonça les sourcils, incertains de la réponse qu'il devait faire.
- Vous me demandez de rallier ceux qui ont soufferts par la faute de l'usurpateur? Pourquoi moi ?
- Il faut bien que quelqu'un se soulève contre Gongsun Du. Pourquoi pas vous ?
- Je... je ne suis pas héros ou un représentant de la Hiérarchie Céleste.
- Vous croyez que le Ciel doit agir ? Gongsun Du a déjà violé l'équilibre du Tao en appelant des démons dans le Pays du Milieu. On ne soigne pas un homme qui a pris froid en lui mettant la main dans le feu. Appeler les êtres du Ciel reviendrait à imposer un nouveau déséquilibre à Zhongguo. Non, le remède est déjà en ce monde. La première chose que vous ayez à faire est de rencontrer le roi des singes.
- Le roi des singes ?
- Sun Wukong, vous n'avez jamais entendu parler de lui ?
- Si, il apparaît dans une légende bouddhiste, il aurait accompagné le moine Sanzang en Inde pour ramener des textes bouddhiques en Chine. Je suis simplement surpris...
L'immortelle taoiste sourit.
- Lorsqu'un homme comme Gongsun Du tire les morts de la tombe et appelle les démons pour en faire une armée, ses plans ne sont plus uniquement du ressort des hommes. Un trouble-fête comme le roi des singes est sans doute la personne la plus indiquée pour faire échouer ce maléfique complot.
- Et où puis-je trouver Sun Wukong ?
- Il réside actuellement dans les Woukong Chan, à l'ouest d'ici, entouré de nombreux singes qui forment son peuple et son armée. Vous devrez le convaincre de vous aider, car rien ne garantis qu'il veuille le faire.
- Un conseil, Immortelle ?
Toujours souriante, Xian Tan plissa les yeux.
- Le roi des singes a toujours été un rebelle qui s'est opposé aux décrets de la Cour Céleste. Il est inutile d'en appeler aux règles qui interdisent aux démons de venir en Zhongguo. Rien ne l'amuse plus que violer les édits du Ciel. Toutefois, Sun Wukong prétends être un sage. Il en est au mieux une pâle imitation, tout en apparence. Mais si vous le défiez de montrer sa sagesse et arrivez à le vaincre dans un duel pour déterminer qui de vous deux peut se parer de ce titre, il acceptera de vous servir.
Cette fois l'immortelle semblait vraiment amusée.
- Oui, Sun Wukong ne comprends rien à la vraie sagesse et il n'en cultive qu'une apparence narcissique. Vous pouvez aussi faire appel à ses sentiments. En dépit de nombreux défauts, le roi des singes est un héros défenseur du peuple et un grand général. La souffrance d'innocents tyrannisés par un démon pourrait suffire à le convaincre. Une dernière chose qui pourrait vous aider est tout simplement que Sun Wukong aime jouer de mauvais tours aux démons. Il a tué le Roi-démon du Chaos Hunshi Mowang et effacé les singes des registres des enfers. Et si tout le reste échoue, je connais une prière qui devrait le ramener à de meilleurs sentiments.
Après l'avoir récitée, l'Immortelle frappa dans ses mains et trois moines taoïstes s'approchèrent.
- Pour trouver le roi des singes il vous faudra parcourir un long et dangereux chemin. Beaucoup considérerait cette quête comme digne d'un héros, elle ne constitue pourtant que le début de votre épopée. Je vais vous faire un prêt à choisir parmi les objets magiques dont j'assure la garde. Vous devrez me le rendre une fois que vous serez arrivé à restaurer le Tao. Il y a d'autres champions qui en auront un jour besoin.
Un moine présenta une mince tige de bois.
- Voici "La baguette en bois de pêché pour battre les fantômes". Si on en frappe un mort-vivant matériel ou immatériel, il est blessé en son chi et s'enfuit.
Le second moine tenait un plateau sur lesquels étaient disposés deux épées tête bêche. C'était de magnifiques darn juan. La première était faite dans un étrange métal d'un vert sombre, et la seconde semblait coulée dans un seul bloc d'or.
- Cette paire de lames est connue sous le nom " D'épée masculine et féminine pour tuer les démons par les Trois Chemins Vertueux". La darn juan dorée doit être portée par un homme, la darn juan verte par une femme. Utilisées ensembles, elles peuvent tuer les démons et même les dieux mauvais.
Le dernier moine s'avança tenant un collier de jade. Il était orné de cinq clochettes en bronze noir, marqués chacune d'un dessin de nuage qui différait légèrement de l'une à l'autre.
- Il s'agit des légendaires Da Ling Shen, les Cloches des Âmes. La musique qu'elles jouent lorsqu'elles tintent est toujours harmonieuse à l'oreille d'un mortel. Mais si un mort-vivant, un esprit maléfique, un gobelin ou un démon les entendent, il ressentira leur mélodie comme un son insupportable qui le blessera.
Wu Tan Kai soupira mais sourit.
- Les épées des Trois Chemins vertueux m'auraient plu... mais je doute que Mudan puisse tenir la lame féminine.
- Je peux apprendre !
La remarque de sa fille fit sursauter Chang Li.
- Mudan !
Le commandant Wu était aussi surpris que le marchand.
- Il n'y a rien que je ne souhaite plus que de vous protéger, Mudan. S'il vous plaît, ne me rendez pas la tâche plus difficile. Homme ou femme, la place de celui qui n'a pas appris à se servir d'une lame est l'arrière.
La jeune femme voulut répliquer, mais s'avisa que le commandant Wu venait implicitement de lui dire qu'il tenait à elle. Rougissante, elle s'inclina.
- Si vous tenez à me défendre, monseigneur, j'aurais mauvaise grâce que de vous en empêcher.
Ceci réglé, Wu Tan Kai se tourna vers Xian Tan.
- Je prends les Cloches des Âmes.
La lumière pure d'une belle matinée pénètre juste dans le vieux couvent ; Alors que la cime éclairée des grands arbres annonce le retour du soleil. C'est par des sentiers difficiles qu'on arrive à ce lieu solitaire. où s'abrite la cellule du bonze, au milieu de la verdure et des fleurs.
Dès que la montagne s'illumine, les oiseaux, comprenant la nature, se réveillent joyeux. L'œil contemple des eaux limpides et profondes, comme les pensées de l'homme dont le cœur est pur et tranquille.
Les dix mille bruits du monde ne troublent jamais cette calme retraite. La voix harmonieuse des pierres sonores est la seule qui s'élève ici
Le lever du soleil sur le couvent du mont Po-chan, Tang Shi
L’auberge de campagne était particulièrement isolée, se situant aux abords de la rivière Gàn Jiāng traversant du nord au sud la province de Jiangxi à l’est de la Tapisserie Nuageuse des Pics du Fujian. Construite sur un plan carré autour d'une cour intérieure, elle était entourée d'une véranda soutenue par des piliers de bois. Simple relais sur la route qui remontait vers le nord, l'établissement accueillait toutes sortes de voyageurs
Durant les deux dernières semaines, d’étape en étape ce genre d’’hostelleries avait hébergé les fuyards qui, par précaution, arrivaient en groupes séparés et sous des identités différentes : un haut magistrat voyageant avec ses gardes du corps et un couple de jeunes mariés... un jeune malade accompagné de son médecin et un trio de marchands... un couple de musiciens et un groupe de pèlerins
Ce soir là, Chen Li jouait le rôle d’un marchand de chevaux qui accompagné de son serviteur se rendaient dans la ville de Qingyunpu. Tan Kai l’avait précédé sous l’uniforme d’un coursier impérial en route pour Nánchāng, et peu après eux étaient arrivés Mudan et Lian La Lung, se faisant passer pour un couple d’artisans de la région de Donghu. Les cinq fugitifs s’étaient installés à trois tables différentes mais faisaient face à la porte de manière à surveiller les allées et venues des clients. En dépit des centaines de li parcourus depuis leur évasion d'Hangzhou, leur situation n'avait guère avancé. Les Djurchets continuaient à les poursuivre et les portraits de Tan Kai et Chang Li se retrouvaient placardés aux portes des villages, qui avisaient les habitants qu’on les recherchait comme de dangereux criminels. Tard dans la nuit, le groupe de fugitifs se retrouva dans la chambre de Tan Kai pour discuter de leur situation :
- Ce qui nous a permis jusqu’à présent d’échapper aux Djurchets, c’est que nous sommes cinq et que chaque jour nous voyageons sous différentes apparences. Mais avec nos deux signalements placardés de ville en ville, nous risquons bientôt de ne plus pouvoir circuler... Il nous faut trouver de l’aide et rapidement ! Analysa Tan Kai
- Ce qu'il nous faut c'est un conseil avisé. Nous ne sommes guère éloignés du monastère taoïste du Mont Longhu. Il héberge un célèbre sage connu pour assister les champions et les héros qui viennent la consulter.
- La consulter?
- Oui, Xian Tan est une femme. Des pèlerins venus pour prier dans les différents monastères des Pics du Fujian m'ont parlé d'elle.
Vexé de voir sa propre fille prendre la parole sans sa permission, l'obèse marchand s'emporta.
- Et qui nous dis qu'elle ne nous livrera pas aux Mandchous ?
Négligeant la répartie de Chang Li, Wu Tan Kai voulut en savoir plus.
- Où se trouve ce monastère, Mudan ?
La jeune fille plongea son visage dans ses manches.
- A trois jours de voyage vers le sud.
- Et bien ce ne sera pas un grand détour, quoi qu'il en soit. Allons-y !
Heureuse, Mudan gratifia son père maussade d'une œillade triomphatrice.
Cette partie du voyage fut de tout repos. En cheminant avec les pèlerins, les fuyards n'attiraient pas l'attention. Dans cette région célèbre pour ses saints taoïstes et ses lieux sacrés, les patrouilles de Djurchets avaient tout simplement trop de voyageurs à contrôler. Certains se rendaient au puits du Mont Gezao pour soigner leurs problèmes d'estomac. D'autres voulaient visiter le Mont Lu et prier sur la tombe du médecin Dong Feng. Celle-ci, entourée par une forêt d'abricotiers, rappelait que le sage demandait que l'on plante un noyau de cet arbre en guise de paiement.
A l'arrivée au monastère du Mont Longhu, les pèlerins eurent la surprise de voir s'avancer une procession de moines taoïstes vêtus d'un hanfu bleu sombre et du bonnet à quatre pans typique de leur culte. Leur abbé s'inclina devant les voyageurs.
- Qui parmi vous s'appelle Wu Tan Kai ?
A côté de l'intéressé, Chang Li se mit à trembler.
- Cette fois c'est sûr, on a été trahis, gémit-il.
Sans prêter attention au marchand obèse qui cherchait à le retenir, le jeune officier quitta la foule.
- Je suis Wu Tan Kai.
- L'Immortelle Cinabre va vous recevoir, suivez-moi.
- Je vous remercie, bon moine. Mes amis peuvent-ils m'accompagner ?
- S'ils le souhaitent.
Souriante, Mu Dan fut la première à sortir des pèlerins. Au contraire, son père ne la suivit qu'à regret. Comme à leur habitude Farimahad et Lian La Lung fermaient la marche. Guidés par le moine, la petite troupe monta un escalier dans le flanc d'une colline jusqu'à une grotte naturelle sommairement aménagée. A son entrée, une femme sans âge attendait, entourée de deux gigantesques tigres. Ces animaux puissants étaient sans doute capables de déchirer un homme d'un seul coup de griffe. Toutefois, à les voir ronronner ou se frotter à la hanche de leur maîtresse, on croirait avoir affaire à de simples chat domestiques.
Souriante, Xian Tan proposa à ses invités de prendre un thé en sa compagnie. Un peu perplexes, Tan Kai et ses amis s'assirent pour la regarder préparer le breuvage.
- J'avoue être assez surpris, Très Sage. Comment saviez-vous que je venais... nous mêmes ne l'avons décidé que sur un coup de tête.
- Peut-être que votre impulsion était une suggestion qui vous a été faite. Les jeunes femmes peuvent aussi être l'instrument du Tao.
Ce disant, Xian Tan sourit à Mudan. Cette dernière rougit et plongea le nez dans ses manches. Tan Kai ne se laissa pas distraire, il avait d'autres questions.
- Vous savez donc pourquoi je suis venu, sage Xian Tan ?
- Non, je l'ignore mais vous aussi...
- Moi aussi ?
- Vous êtes venu me demander conseil. Vous ne saurez pourquoi vous êtes venus que lorsque vous les aurez reçus. Vous ignorer donc pourquoi vous êtes ici. Et si vous le saviez, vous ne seriez pas venu.
L'étrange argumentation surpris le commandant Wu.
- J'admets ne pas avoir réfléchi à cela en ces termes... mais la question que je veux vous poser est pratique. Que suis-je sensé faire ? Je dois... et je désire me venger de Gongsun Du. Il a tué ma famille ! Mais... nous ne sommes que cinq. L'attaquer serait vain.
Xian Tan acquiesça.
- Si votre but est de venger votre famille, vous échouerez, et effectivement peu se joindrons à vous. Vous agissez sous l'emprise de la colère. Cependant, cette émotion ne vous apportera rien de bon, tout comme combattre pour des morts. Il existe beaucoup de personnes qui souffrent du déséquilibre imposé à Zhongguo. Des personnes bien vivantes qui mourront si on ne les aide pas. Commandant Wu, vous devez combattre pour libérer le Pays du Milieu de l'usurpation dont s'est rendu coupable Gongsun Du et restaurer le Tao.
Wu Tan Kai fonça les sourcils, incertains de la réponse qu'il devait faire.
- Vous me demandez de rallier ceux qui ont soufferts par la faute de l'usurpateur? Pourquoi moi ?
- Il faut bien que quelqu'un se soulève contre Gongsun Du. Pourquoi pas vous ?
- Je... je ne suis pas héros ou un représentant de la Hiérarchie Céleste.
- Vous croyez que le Ciel doit agir ? Gongsun Du a déjà violé l'équilibre du Tao en appelant des démons dans le Pays du Milieu. On ne soigne pas un homme qui a pris froid en lui mettant la main dans le feu. Appeler les êtres du Ciel reviendrait à imposer un nouveau déséquilibre à Zhongguo. Non, le remède est déjà en ce monde. La première chose que vous ayez à faire est de rencontrer le roi des singes.
- Le roi des singes ?
- Sun Wukong, vous n'avez jamais entendu parler de lui ?
- Si, il apparaît dans une légende bouddhiste, il aurait accompagné le moine Sanzang en Inde pour ramener des textes bouddhiques en Chine. Je suis simplement surpris...
L'immortelle taoiste sourit.
- Lorsqu'un homme comme Gongsun Du tire les morts de la tombe et appelle les démons pour en faire une armée, ses plans ne sont plus uniquement du ressort des hommes. Un trouble-fête comme le roi des singes est sans doute la personne la plus indiquée pour faire échouer ce maléfique complot.
- Et où puis-je trouver Sun Wukong ?
- Il réside actuellement dans les Woukong Chan, à l'ouest d'ici, entouré de nombreux singes qui forment son peuple et son armée. Vous devrez le convaincre de vous aider, car rien ne garantis qu'il veuille le faire.
- Un conseil, Immortelle ?
Toujours souriante, Xian Tan plissa les yeux.
- Le roi des singes a toujours été un rebelle qui s'est opposé aux décrets de la Cour Céleste. Il est inutile d'en appeler aux règles qui interdisent aux démons de venir en Zhongguo. Rien ne l'amuse plus que violer les édits du Ciel. Toutefois, Sun Wukong prétends être un sage. Il en est au mieux une pâle imitation, tout en apparence. Mais si vous le défiez de montrer sa sagesse et arrivez à le vaincre dans un duel pour déterminer qui de vous deux peut se parer de ce titre, il acceptera de vous servir.
Cette fois l'immortelle semblait vraiment amusée.
- Oui, Sun Wukong ne comprends rien à la vraie sagesse et il n'en cultive qu'une apparence narcissique. Vous pouvez aussi faire appel à ses sentiments. En dépit de nombreux défauts, le roi des singes est un héros défenseur du peuple et un grand général. La souffrance d'innocents tyrannisés par un démon pourrait suffire à le convaincre. Une dernière chose qui pourrait vous aider est tout simplement que Sun Wukong aime jouer de mauvais tours aux démons. Il a tué le Roi-démon du Chaos Hunshi Mowang et effacé les singes des registres des enfers. Et si tout le reste échoue, je connais une prière qui devrait le ramener à de meilleurs sentiments.
Après l'avoir récitée, l'Immortelle frappa dans ses mains et trois moines taoïstes s'approchèrent.
- Pour trouver le roi des singes il vous faudra parcourir un long et dangereux chemin. Beaucoup considérerait cette quête comme digne d'un héros, elle ne constitue pourtant que le début de votre épopée. Je vais vous faire un prêt à choisir parmi les objets magiques dont j'assure la garde. Vous devrez me le rendre une fois que vous serez arrivé à restaurer le Tao. Il y a d'autres champions qui en auront un jour besoin.
Un moine présenta une mince tige de bois.
- Voici "La baguette en bois de pêché pour battre les fantômes". Si on en frappe un mort-vivant matériel ou immatériel, il est blessé en son chi et s'enfuit.
Le second moine tenait un plateau sur lesquels étaient disposés deux épées tête bêche. C'était de magnifiques darn juan. La première était faite dans un étrange métal d'un vert sombre, et la seconde semblait coulée dans un seul bloc d'or.
- Cette paire de lames est connue sous le nom " D'épée masculine et féminine pour tuer les démons par les Trois Chemins Vertueux". La darn juan dorée doit être portée par un homme, la darn juan verte par une femme. Utilisées ensembles, elles peuvent tuer les démons et même les dieux mauvais.
Le dernier moine s'avança tenant un collier de jade. Il était orné de cinq clochettes en bronze noir, marqués chacune d'un dessin de nuage qui différait légèrement de l'une à l'autre.
- Il s'agit des légendaires Da Ling Shen, les Cloches des Âmes. La musique qu'elles jouent lorsqu'elles tintent est toujours harmonieuse à l'oreille d'un mortel. Mais si un mort-vivant, un esprit maléfique, un gobelin ou un démon les entendent, il ressentira leur mélodie comme un son insupportable qui le blessera.
Wu Tan Kai soupira mais sourit.
- Les épées des Trois Chemins vertueux m'auraient plu... mais je doute que Mudan puisse tenir la lame féminine.
- Je peux apprendre !
La remarque de sa fille fit sursauter Chang Li.
- Mudan !
Le commandant Wu était aussi surpris que le marchand.
- Il n'y a rien que je ne souhaite plus que de vous protéger, Mudan. S'il vous plaît, ne me rendez pas la tâche plus difficile. Homme ou femme, la place de celui qui n'a pas appris à se servir d'une lame est l'arrière.
La jeune femme voulut répliquer, mais s'avisa que le commandant Wu venait implicitement de lui dire qu'il tenait à elle. Rougissante, elle s'inclina.
- Si vous tenez à me défendre, monseigneur, j'aurais mauvaise grâce que de vous en empêcher.
Ceci réglé, Wu Tan Kai se tourna vers Xian Tan.
- Je prends les Cloches des Âmes.
_________________
Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
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Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Un extrait du tome 2 encore non paru :
Chapitre 3
Les nuages forment à l’Occident des montagnes empourprées ;
Le soleil qui s’abaisse est près d’atteindre l’horizon,
À l’entrée d’un enclos rustique, les petits oiseaux emplissent l’air de leur bruyant caquetage ;
J’arrive enfin, comme un hôte, après avoir parcouru mille li .
Ma femme et mes enfants sont frappés de stupeur à ma vue,
Et, revenus de la première surprise, ils essuient des larmes d’émotion.
Dans ce siècle de guerres civiles, quand la tourmente vous enlève et vous entraîne,
Se retrouver vivant après l’orage, c’est un hasard inespéré.
Curieux de me revoir, les habitants du village accourent en foule et couronnent les murs de l’enclos ;
Ils sont muets d’étonnement, ils poussent seulement de grands soupirs ;
On entretient la lampe, la nuit s’écoule en une longue veillée.
Les miens et moi, vis-à-vis les uns des autres, nous sommes comme des gens qui croient rêver.
Le village de Kiang, poème de Du Fu (extrait)
Liangjiang Xincun était un village ordinaire. Édifié au bord d'une rivière, le long d'une grande rue qui allait de la berge à l'école d'arts martiaux. Un escalier conduisait à une pagode sur la colline. Le temple était entouré d'un mur blanc, percé en ce seul point d'une ouverture ronde entre deux lampions écarlates. Une place se trouvait un peu plus bas, délimitée par des maisons de plain-pied, entièrement en bois. Tout autour, sur plusieurs li, des champs et des rizières s'étalaient, formant des parcelles entre les diguettes du réseau d'irrigation.
Sortant de l'école, Wu Tan Kai se retrouva immédiatement confronté à un attroupement de villageois. Au milieu du cercle, Chen Mu Dan relevait un habitant, visiblement frappé par deux inconnus, un homme et une femme. Le commandant Wu détailla les nouveaux venus. Ils étaient tout deux vêtus d'un Duanda aux tons bruns et écrus, du tissu non teint en fait. Mais leurs protèges poignets étaient de véritables pièces d'armure. De plus, chacun tenait un Qiang .
- Que se passe-t-il ? Que venez-vous faire ici ?
Le commandant Wu avait l'habitude de donner des ordres, et sa voix fut on ne peut plus efficace pour attirer sur lui l'attention des intrus. Ils considérèrent un instant le jeune homme vêtu d'un Shenyi de soie bleu foncé. Le col, le rabat étaient noirs. La ceinture avait une boucle décorative en jade. La chevelure du jeune seigneur était coiffée en chignon, tenue par une simple épingle, mais cette dernière était elle aussi en jade sculpté.
- Nous sommes au service d'un noble seigneur. Nous cherchons un individu appelé Wu Tan Kai.
- Alors inutile de poursuive, il est devant vous.
- Vous êtes le commandant Wu ?
- C'est effectivement ce que je voulais dire.
La femme fit tourbillonner sa lance et frappa. Elle avait une certaine maîtrise de son arme... mais que c'était lent ! Tan Kai, sortit les mains de ses manches. Il bondit et dévia la Qiang qui cherchait à le transpercer en faisant glisser la hampe sur son avant bras. Ses doigts saisirent le poignet de son adversaire, pressant deux points, tandis que sa paume dure frappait sous le coude. Le choc électrisa la femme qui tomba à genoux.
Ramassant la lance, il l'assomma du talon. Son compagnon masculin, gêné par Chen Mudan, attaqua à son tour. Il mourut en deux passes d'arme. Il n'avait même pas touché le commandant Wu.
Le jeune homme donna la deuxième Qiang à Chen Mudan car les ennuis n'étaient pas terminés. On se disputait sur la place proche. Trois autres brigands prenaient à parti un villageois. Tandis que Tan Kai en affrontait deux simultanément, Mudan s'occupa du troisième. Les premiers adversaires ne firent pas long feu. Bien que le commandant Wu préfère l'épée, il savait manier l'arme qu'il avait prise bien mieux que ses ennemis. Il lui fallu encore terrasser le troisième homme mais ce fut rapide car son amie l'avait blessé.
Mudan releva le villageois qui s'inclina, ses mains jointes.
- Je vous remercie, jeune seigneur. Je ne sais pas ce qui serait arrivé si vous n'étiez pas venu pour me sauver.
- D'où viennent ces hommes ?
- je l'ignore, jeune seigneur. Ils sont entrés dans le village en venant de la rivière. Je ne sais rien de plus.
- Allez chercher maître Zheng et dites-lui que Mudan va bien, mais que nous allons avoir besoin d'aide si d'autres de ces bandits veulent attaquer Liangjiang Xincun.
Ils étaient arrivés par la porte de la rivière, une dizaine d'hommes habillés comme les premiers brigands. Ils entouraient un personnage bien plus impressionnant. Ce dernier portait une armure faite de petites plaques de métal imbriquées sur un Duanda noir. Ses mains étaient peintes en rouge, son crâne rasé et il portait l'idéogramme 死 tatoué sur le front. Or ce signe voulait dire "mort". Guère rassurant... Lorsque Wu Tan Kai croisa le regard de l'inconnu, il frissonna. Ses yeux étaient jaunes, brillant d'un éclat inhumain.
L'inquiétant individu fit un signe à son escorte et cinq de ses hommes bondirent en avant. Wu Tan Kai et Chen Mudan les accueillirent à coups de lances, se livrant à une éblouissante démonstration de son usage. En quelques échanges, ils terrassèrent leurs adversaires. Si leurs compagnons reculèrent, stupéfiés par la rapidité de la victoire des jeunes gens, leur maître resta impassible. Seul un maigre sourire vint effleurer son visage décharné. Il se mit alors à parler d'une étrange voix ennuyée, comme à demi absent.
- Je ne pensais pas qu'un village aussi pitoyable puisse abriter deux personnes aussi habiles au maniement des armes. Je sens quelque chose en vous... une force cachée.... vous devez être l'objet de ma quête, le commandant Wu Tan Kai, anciennement de l'armée de Youzhou...
- Je suis cet homme et vous, qui êtes-vous ? Pourquoi me cherchez-vous ?
- Mon nom est sans importance. Je suis une ombre parmi d'autres ombres. Et ma voix n'est que l'écho de la voix de mon maître. Je sers sa majesté Han Sun Huangdi....
- Mais l'empereur en place est Han Heng Huangdi....
- L'honorable frère aîné repose à présent dans son mausolée de pierre sur la colline de Chang'an. Sa Majesté Han Sun a endossé les vêtements du sacre et siège à présent sur le trône du dragon, en haut des marches de la Salle au Plancher de Cinabre.
Une goute de sueur froide descendait dans le dos de Tan Kai. Maître Zheng l'avait prévenu que le souverain était à l'article de la mort et que la nouvelle de son trépas pouvait déjà voyager sur les routes. Liangjiang Xincun était un village isolé, il n'y avait rien d'étonnant à ce que ce soit ses ennemis qui lui annoncent la triste nouvelle.
Il s'inclina en direction de l'ouest et de la capitale impériale. Tan Kai n'avait jamais rencontré l'empereur, mais le Fils du Ciel l'avait protégé durant toutes sa vie, sans qu'il ne le sache.
- Que me veut Sa Majesté ?
- Je dois amener votre tête à sa majesté Sun Huangdi. N'ayez crainte ce sera rapide.
Tan Kai leva sa lance et.... l'instant d'après il roulait au sol, le corps parcouru de frissons glacés. La terre autour de lui, ses vêtements, étaient recouverts de givre ! Relevant les yeux, il vit la main levée de l'inconnu... couverte de glace !
- L'étreinte du froid va vous saisir et vous amener à la mort !
- Pas tant que je serais là !
La voix avait tonné de l'entrée de l'école. Maître Zheng surgit de la porte et frappa à la vitesse de la foudre...Les brigands étaient tous au sol. L'homme en armure noire se retourna et regarda Zheng Sei. Pour la première fois une émotion apparut sur son visage cireux.
- Vous mais... oh, je vois... très rusé de votre part. Nous n'avions pas pensé à ça. Il va falloir que je prévienne Sa Majesté.
- Il suffit ! On écrase la tête des serpents, on ne les laisse pas répandre leur venin.
L'homme en noir n'eut pas le temps d'esquisser un geste de défense. Il fut touché trois fois, au front, à la gorge et au ventre. Sans un cri, il tomba de tout son long et se figea après quelques soubresauts.
Zheng Sei posa ensuite une main sur le bras de Tan Kai et la chaleur revint dans ses muscles, chassant les brûlures du froid, et le choc de l'attaque soudaine.
- Regardez mon élève. Regardez ce que vous allez devoir affronter.
D'un mouvement du menton, maître Zheng désigna le cadavre de l'homme en noir. Secoué de spasmes, il se redressa. L'idéogramme sur son front pulsait d'une lumière rougeoyante.
- Ce sceau préserve de la seconde mort. C'est une magie très ancienne.
Maître Zheng s'approcha du zombie qui tendit les mains vers lui. Sans montrer de peur ou de dégoût, ce dernier leva une paume devant le visage du mort, murmura quelques paroles et referma le poing. La créature s'effondra au sol... sans plus se relever.
- Je sais comment offrir le repos aux victimes de ce sortilège. Mais vous, il vous faudra tuer deux fois ceux de vos ennemis qui portent l'idéogramme de la mort sur le front.
- La seconde mort, murmura Mudan, effrayée.
- Lorsque le corps meurt, l'âme quitte l'enveloppe charnelle. Le sceau interdit cela. Piégée dans la chair morte par la magie, l'âme est alors contrainte à servir jusqu'à la destruction de sa prison.
Enfouissant ses mains dans ses manches, maître Zheng se retourna.
- Venez, suivez-moi. Nous n'avons plus beaucoup de temps.
Le trio franchit les portes de l'école. Voyant l'attroupement des élèves et des professeurs qui les attendaient, Zheng Sei jeta quelques ordres pour que tous s'arment et que les portes soient closes.
Puis, il entra dans son pavillon. De son coffre, il sortit un ballot qu'il déroula sur le plancher. Enveloppée dans le tissu, il y avait une magnifique armure de bandes de cuir recouvertes de plaques d'acier incrustées d'ivoire et de perles. Tout comme le bouclier orné d'une tête de tigre que le maître posa à côté, ces objets n'avaient rien de nouveau aux yeux du commandant Wu.
- J'ai fait restaurer votre cuirasse Jin et votre bouclier. Vous en aurez bien besoin. Mais plus important...
Il posa une épée de 80 centimètres de long sur le sol, de celle que les chinois appellent Jian. Son fourreau était en bois rouge avec des parties métalliques en alliage d'or et d'argent, comme sa poigné, le pommeau et la garde.
- Cette épée s'appelle Zhishi Guang (Juste Lumière). Je l'ai gardée pour vous.
- Maître, j'ai plus besoin d'informations.
Chapitre 3
Les nuages forment à l’Occident des montagnes empourprées ;
Le soleil qui s’abaisse est près d’atteindre l’horizon,
À l’entrée d’un enclos rustique, les petits oiseaux emplissent l’air de leur bruyant caquetage ;
J’arrive enfin, comme un hôte, après avoir parcouru mille li .
Ma femme et mes enfants sont frappés de stupeur à ma vue,
Et, revenus de la première surprise, ils essuient des larmes d’émotion.
Dans ce siècle de guerres civiles, quand la tourmente vous enlève et vous entraîne,
Se retrouver vivant après l’orage, c’est un hasard inespéré.
Curieux de me revoir, les habitants du village accourent en foule et couronnent les murs de l’enclos ;
Ils sont muets d’étonnement, ils poussent seulement de grands soupirs ;
On entretient la lampe, la nuit s’écoule en une longue veillée.
Les miens et moi, vis-à-vis les uns des autres, nous sommes comme des gens qui croient rêver.
Le village de Kiang, poème de Du Fu (extrait)
Liangjiang Xincun était un village ordinaire. Édifié au bord d'une rivière, le long d'une grande rue qui allait de la berge à l'école d'arts martiaux. Un escalier conduisait à une pagode sur la colline. Le temple était entouré d'un mur blanc, percé en ce seul point d'une ouverture ronde entre deux lampions écarlates. Une place se trouvait un peu plus bas, délimitée par des maisons de plain-pied, entièrement en bois. Tout autour, sur plusieurs li, des champs et des rizières s'étalaient, formant des parcelles entre les diguettes du réseau d'irrigation.
Sortant de l'école, Wu Tan Kai se retrouva immédiatement confronté à un attroupement de villageois. Au milieu du cercle, Chen Mu Dan relevait un habitant, visiblement frappé par deux inconnus, un homme et une femme. Le commandant Wu détailla les nouveaux venus. Ils étaient tout deux vêtus d'un Duanda aux tons bruns et écrus, du tissu non teint en fait. Mais leurs protèges poignets étaient de véritables pièces d'armure. De plus, chacun tenait un Qiang .
- Que se passe-t-il ? Que venez-vous faire ici ?
Le commandant Wu avait l'habitude de donner des ordres, et sa voix fut on ne peut plus efficace pour attirer sur lui l'attention des intrus. Ils considérèrent un instant le jeune homme vêtu d'un Shenyi de soie bleu foncé. Le col, le rabat étaient noirs. La ceinture avait une boucle décorative en jade. La chevelure du jeune seigneur était coiffée en chignon, tenue par une simple épingle, mais cette dernière était elle aussi en jade sculpté.
- Nous sommes au service d'un noble seigneur. Nous cherchons un individu appelé Wu Tan Kai.
- Alors inutile de poursuive, il est devant vous.
- Vous êtes le commandant Wu ?
- C'est effectivement ce que je voulais dire.
La femme fit tourbillonner sa lance et frappa. Elle avait une certaine maîtrise de son arme... mais que c'était lent ! Tan Kai, sortit les mains de ses manches. Il bondit et dévia la Qiang qui cherchait à le transpercer en faisant glisser la hampe sur son avant bras. Ses doigts saisirent le poignet de son adversaire, pressant deux points, tandis que sa paume dure frappait sous le coude. Le choc électrisa la femme qui tomba à genoux.
Ramassant la lance, il l'assomma du talon. Son compagnon masculin, gêné par Chen Mudan, attaqua à son tour. Il mourut en deux passes d'arme. Il n'avait même pas touché le commandant Wu.
Le jeune homme donna la deuxième Qiang à Chen Mudan car les ennuis n'étaient pas terminés. On se disputait sur la place proche. Trois autres brigands prenaient à parti un villageois. Tandis que Tan Kai en affrontait deux simultanément, Mudan s'occupa du troisième. Les premiers adversaires ne firent pas long feu. Bien que le commandant Wu préfère l'épée, il savait manier l'arme qu'il avait prise bien mieux que ses ennemis. Il lui fallu encore terrasser le troisième homme mais ce fut rapide car son amie l'avait blessé.
Mudan releva le villageois qui s'inclina, ses mains jointes.
- Je vous remercie, jeune seigneur. Je ne sais pas ce qui serait arrivé si vous n'étiez pas venu pour me sauver.
- D'où viennent ces hommes ?
- je l'ignore, jeune seigneur. Ils sont entrés dans le village en venant de la rivière. Je ne sais rien de plus.
- Allez chercher maître Zheng et dites-lui que Mudan va bien, mais que nous allons avoir besoin d'aide si d'autres de ces bandits veulent attaquer Liangjiang Xincun.
Ils étaient arrivés par la porte de la rivière, une dizaine d'hommes habillés comme les premiers brigands. Ils entouraient un personnage bien plus impressionnant. Ce dernier portait une armure faite de petites plaques de métal imbriquées sur un Duanda noir. Ses mains étaient peintes en rouge, son crâne rasé et il portait l'idéogramme 死 tatoué sur le front. Or ce signe voulait dire "mort". Guère rassurant... Lorsque Wu Tan Kai croisa le regard de l'inconnu, il frissonna. Ses yeux étaient jaunes, brillant d'un éclat inhumain.
L'inquiétant individu fit un signe à son escorte et cinq de ses hommes bondirent en avant. Wu Tan Kai et Chen Mudan les accueillirent à coups de lances, se livrant à une éblouissante démonstration de son usage. En quelques échanges, ils terrassèrent leurs adversaires. Si leurs compagnons reculèrent, stupéfiés par la rapidité de la victoire des jeunes gens, leur maître resta impassible. Seul un maigre sourire vint effleurer son visage décharné. Il se mit alors à parler d'une étrange voix ennuyée, comme à demi absent.
- Je ne pensais pas qu'un village aussi pitoyable puisse abriter deux personnes aussi habiles au maniement des armes. Je sens quelque chose en vous... une force cachée.... vous devez être l'objet de ma quête, le commandant Wu Tan Kai, anciennement de l'armée de Youzhou...
- Je suis cet homme et vous, qui êtes-vous ? Pourquoi me cherchez-vous ?
- Mon nom est sans importance. Je suis une ombre parmi d'autres ombres. Et ma voix n'est que l'écho de la voix de mon maître. Je sers sa majesté Han Sun Huangdi....
- Mais l'empereur en place est Han Heng Huangdi....
- L'honorable frère aîné repose à présent dans son mausolée de pierre sur la colline de Chang'an. Sa Majesté Han Sun a endossé les vêtements du sacre et siège à présent sur le trône du dragon, en haut des marches de la Salle au Plancher de Cinabre.
Une goute de sueur froide descendait dans le dos de Tan Kai. Maître Zheng l'avait prévenu que le souverain était à l'article de la mort et que la nouvelle de son trépas pouvait déjà voyager sur les routes. Liangjiang Xincun était un village isolé, il n'y avait rien d'étonnant à ce que ce soit ses ennemis qui lui annoncent la triste nouvelle.
Il s'inclina en direction de l'ouest et de la capitale impériale. Tan Kai n'avait jamais rencontré l'empereur, mais le Fils du Ciel l'avait protégé durant toutes sa vie, sans qu'il ne le sache.
- Que me veut Sa Majesté ?
- Je dois amener votre tête à sa majesté Sun Huangdi. N'ayez crainte ce sera rapide.
Tan Kai leva sa lance et.... l'instant d'après il roulait au sol, le corps parcouru de frissons glacés. La terre autour de lui, ses vêtements, étaient recouverts de givre ! Relevant les yeux, il vit la main levée de l'inconnu... couverte de glace !
- L'étreinte du froid va vous saisir et vous amener à la mort !
- Pas tant que je serais là !
La voix avait tonné de l'entrée de l'école. Maître Zheng surgit de la porte et frappa à la vitesse de la foudre...Les brigands étaient tous au sol. L'homme en armure noire se retourna et regarda Zheng Sei. Pour la première fois une émotion apparut sur son visage cireux.
- Vous mais... oh, je vois... très rusé de votre part. Nous n'avions pas pensé à ça. Il va falloir que je prévienne Sa Majesté.
- Il suffit ! On écrase la tête des serpents, on ne les laisse pas répandre leur venin.
L'homme en noir n'eut pas le temps d'esquisser un geste de défense. Il fut touché trois fois, au front, à la gorge et au ventre. Sans un cri, il tomba de tout son long et se figea après quelques soubresauts.
Zheng Sei posa ensuite une main sur le bras de Tan Kai et la chaleur revint dans ses muscles, chassant les brûlures du froid, et le choc de l'attaque soudaine.
- Regardez mon élève. Regardez ce que vous allez devoir affronter.
D'un mouvement du menton, maître Zheng désigna le cadavre de l'homme en noir. Secoué de spasmes, il se redressa. L'idéogramme sur son front pulsait d'une lumière rougeoyante.
- Ce sceau préserve de la seconde mort. C'est une magie très ancienne.
Maître Zheng s'approcha du zombie qui tendit les mains vers lui. Sans montrer de peur ou de dégoût, ce dernier leva une paume devant le visage du mort, murmura quelques paroles et referma le poing. La créature s'effondra au sol... sans plus se relever.
- Je sais comment offrir le repos aux victimes de ce sortilège. Mais vous, il vous faudra tuer deux fois ceux de vos ennemis qui portent l'idéogramme de la mort sur le front.
- La seconde mort, murmura Mudan, effrayée.
- Lorsque le corps meurt, l'âme quitte l'enveloppe charnelle. Le sceau interdit cela. Piégée dans la chair morte par la magie, l'âme est alors contrainte à servir jusqu'à la destruction de sa prison.
Enfouissant ses mains dans ses manches, maître Zheng se retourna.
- Venez, suivez-moi. Nous n'avons plus beaucoup de temps.
Le trio franchit les portes de l'école. Voyant l'attroupement des élèves et des professeurs qui les attendaient, Zheng Sei jeta quelques ordres pour que tous s'arment et que les portes soient closes.
Puis, il entra dans son pavillon. De son coffre, il sortit un ballot qu'il déroula sur le plancher. Enveloppée dans le tissu, il y avait une magnifique armure de bandes de cuir recouvertes de plaques d'acier incrustées d'ivoire et de perles. Tout comme le bouclier orné d'une tête de tigre que le maître posa à côté, ces objets n'avaient rien de nouveau aux yeux du commandant Wu.
- J'ai fait restaurer votre cuirasse Jin et votre bouclier. Vous en aurez bien besoin. Mais plus important...
Il posa une épée de 80 centimètres de long sur le sol, de celle que les chinois appellent Jian. Son fourreau était en bois rouge avec des parties métalliques en alliage d'or et d'argent, comme sa poigné, le pommeau et la garde.
- Cette épée s'appelle Zhishi Guang (Juste Lumière). Je l'ai gardée pour vous.
- Maître, j'ai plus besoin d'informations.
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Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
A compter de demain 14 septembre et jusqu’au 18 septembre inclu (soit 5 jours) Zhongguo est en promotion gratuite sur Kindle.
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Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
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Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Chapitre 19
Aucun état, même s'il aligne dix mille chars de guerre, n'est prêt à émousser le mordant de ses troupes sous les murs d'une place solidement défendue, car il prête le flanc aux attaques d'un puissant rival qui profitera de son épuisement pour le prendre à revers.
Han-Fei-tse, Chap. XIX, Les cinq vermines
La dernière campagne que le roi Zan désirait conduire avant l'hiver visait les berges du fleuve Houang-Ho . Le souverain avait quitté Ye Cheng pour se rapprocher de Fang Xang, la capitale de Youzhou. Son but était de chasser les Djurchets de tous les châteaux et petites villes qu'ils occupaient et ainsi préparer l'investissement de cette place stratégique.
Cependant, il avait envoyé une partie de son armée plus au nord, précisément dans le comté de Guangyang. Son général avait été reçu en audience par le marquis Wu Tan Kai et lui avait communiqué le désir du roi de le voir se rejoindre à ses campagnes.
Dans le jeu complexe de la diplomatie et des intrigues de cours, le marquis de Guangyang et le roi Gongsun Zan avaient chacun besoin du soutient de l'autre. En divisant ses forces pour protéger le comté contre les nomades des steppes, le souverain avait affaibli ses positions dans le conflit contre l'usurpateur du trône. Bien conscient de cela, Wu Tan Kai quitta Bei Ping bien décidé à se rendre utile auprès de son roi.
Une petite troupe dirigée par Zu Congming escorta le marquis Wu Tan Kai et Chen Mudan jusqu'à l'immense camp que le roi Zan avait fait construire pour héberger son armée. Avant même d'atteindre la palissade renforcée de tours de bois qui défendaient la ville de toile, ils découvrirent ses faubourgs.
Les armées attirent toujours à elles les commerçants désireux de s'enrichir de la solde des soldats et... disons des "divertissements"... maisons de jeu... prostituées. Beaucoup de petites villes ne pouvaient se vanter d'être aussi peuplée que cet incroyable caravansérail qui prospérait sur le dos de l'armée.
Arrivé aux portes pavoisées de l'étendard de Youzhou, le marquis de Guangyang dut se présenter formellement. Ses bannières et la présence du commandant Zu finirent cependant par apaiser les doutes des défenseurs.
En temps normal, l'arrivée d'un noble à la cour du roi aurait certainement donné lieu à une cérémonie solennelle. Cependant, la guerre occupait les esprits et le roi reçu ses visiteurs au sortir de sa tente, entouré de ses ministres et de ses officiers. Tandis que les tambours se mirent à battre, les soldats acclamèrent le marquis qui inspectait la haie d'honneur qui l'attendait sur la place d'arme.
Descendu de cheval, Wu Tan Kai effectua le Kotow en compagnie de Chen Mudan et Zu Congming, restés trois pas en retrait. Le roi s'empressa de lui demander de se relever, puis après un échange de politesse l'invita à le suivre dans sa tente.
Vêtu d'un magnifique Mianfu de cérémonie, portant une coiffe qui dissimulait son visage derrière un rideau de perle, le roi Zan avait sa barbe répandue en trois pans sur sa poitrine. Encore puissant guerrier en dépit de son âge, il exposait son armure et sa hallebarde ornée au côté de son trône. Ne leur jetant qu'un coup d'œil, le monarque s'arrêta devant une carte du pays de Ts'in déployée sur le sol de la tente. Autour d'elle s'activaient plusieurs mandarins militaires. Ils déplaçaient des figurines représentant des hommes, des chevaux, mais aussi des forts et des navires.
- Marquis Wu, voici la situation actuelle. J'aimerais votre avis.
Tan Kai s'inclina devant son souverain.
- Je suis honoré de votre confiance, Votre Majesté.
Il inspecta la carte pour la forme, mais les positions occupées par les Djurchets étaient celles qu'il s'attendait à trouver. Les troupes de l'usurpateur appliquaient les tactiques de défense prévues par le royaume de Youzhou en cas d'invasion par le sud. Tous les passages guéables étaient protégés par des forts tombés intactes aux mains des Mandchous lors de l'invasion initiale. Des troupes mobiles se trouvaient en retrait prêtes à lever le siège de toute place-forte assaillie l'armée du roi Zan. Des navires ravitaillaient les positions le long du Fleuve Jaune et... bien sûr, les forces loyalistes n'avaient pas de bateaux de guerre pour les combattre.
- Sun Tsu, le Grand Général, a dit : " Qui tient toutes les places qu'il défend, défend des places qui ne seront pas attaquées." Si jamais nous prenons un des châteaux avant que les forces mobiles ne puissent réagir, nous serons libres de faire traverser le gros de l'armée royale. Alors le choix des Djurchets de diviser leur armée en plusieurs corps de manière à couvrir les ponts et les guets se retournera contre eux. Nous pourrons les assaillir l'un après l'autre et les vaincre dans les détails.
Le prince Gongsun Zhao acquiesça.
- Nous avons suivi le même raisonnement mais les châteaux continueraient à être ravitaillés par le fleuve et même après une victoire en rase campagne, nous serions toujours obligé de réduire les garnisons l'une après l'autre.
Tan Kai se déchaussa et marcha sur la vaste carte jusqu'à un fort ennemi. Il se trouvait au nord des marais de Tang et commandait le passage où la rivière Fen rejoignait le Fleuve Jaune.
- Comme vous le savez sans doute, avant que le frère de Votre Majesté n'usurpe le trône, je commandais une petite flotte sur le Houang-Ho. Je connais donc bien la région. Votre Majesté, je vous propose d'attaquer le château de Hòu diē. Il est idéalement placé pour barrer la route à tout ravitaillement par le fleuve et la rivière Fen. Les marais de Tang et de Kang empêchent que les garnisons et les armées disposées au sud-est puissent intervenir rapidement. Quand aux garnisons plus au nord, elles ne peuvent quitter leurs positions sans découvrir le pays aux armées qui sont installées dans mon fief de Guangyang.
Le roi Zan intervint.
- Marquis Wu, nous avons déjà essayé de prendre ce château... quatre fois et nous avons échoué. Vu la disposition des lieux, il n'est attaquable que d'un seul côté. Mais pour ce faire, il faut d'abord franchir le fleuve par un pont qui passe juste aux pieds de ses murailles.
Wu Tan Kai insista.
- Votre Majesté, je pensais plutôt couper leur ravitaillement en installant un fort sur l'autre rive.
Le prince Zhao secoua la tête.
- Cela a aussi été essayé, marquis Wu ! Leurs arbalétriers et leurs armes de siège sont capables de tirer sur les ouvriers et les soldats qui se risqueraient à élever une fortification sur notre rive.
Le jeune marquis sourit.
- Sauf si on élève ce fort en l'espace d'une seule nuit !
Les mandarins échangèrent des regards stupéfaits. Finalement, un d'eux osa réagir.
- Veuillez m'excuser, mais sans doute monseigneur le marquis veut plaisanter. Tout le monde sait que c'est impossible.
Gongsun Zan sourit et répliqua.
- Nous parlons du stratège qui réussit à faire se combattre deux armées alliées lors de la bataille de la Jiāng Zi . Je pense qu'il a une idée qui sort de l'ordinaire.
- Votre Majesté, vous avez envoyé des soldats abattre des arbres sous les yeux des factionnaires ennemis et avez tenté de créer une fortification juste sous la berge d'en face. Les mandarins ont raison ceci est irréalisable. Ce que je propose de faire c'est d'abattre des arbres en amont de Hòu diē et de nous en servir pour construire un fort à partir d'éléments facilement démontables. Le courant conduira nos soldats sur des radeaux formés par les pièces de bois du fort préfabriqué. Il nous suffira ensuite d'aborder sans bruit sur la berge opposée au château et de remonter notre forteresse, le tout sous le couvert de la nuit.
L'obscurité s'étendait comme un linceul. Les étoiles et la lune se cachaient aux yeux des animaux comme des hommes, voilés par d'épais nuages. Tan Kai n'aurait pu rêver d'un meilleur temps pour exécuter son plan. La fine pluie d'automne était également son alliée, elle étouffait les sons et fatiguait les sentinelles qui veillaient sur le château de Hòu diē.
Les radeaux - reliés ensembles par des cordes- avançaient rapidement et sans bruit sur l'eau noire. Ils étaient occupés par les soldats d'élite de Zu Congming mais aussi une centaine d'habitants de la région qui avaient rejoint les forces loyalistes. Au cours des quatre derniers jours, ces hommes avaient appris à travailler ensemble. Ils avaient taillés des troncs et les avaient assemblés, recommençant jusqu'à être capable d'élever rapidement un fort, même dans le noir. Le coup de génie du marquis Wu Tan Kai était d'avoir dessiné cette fortification en n'utilisant que quatre types de pièces de bois, toutes taillées de manière standardisée et dotées d'encoches aux deux extrémités. Celles-ci étant prévues pour s'imbriquer et faciliter l'assemblage.
Le pilote, un pêcheur de la région de Wei, rejoignit le marquis.
- Nous arrivons monseigneur.
Wu Tan Kai regarda autour de lui, sans rien voir d'autres que des forêts obscures.
- Tu es certain ?
- Oui monseigneur, je navigue de nuit depuis des années. Le courant change à proximité de l'embouchure de la rivière Fen.
- Très bien, que l'on se prépare à l'accostage.
Le grand avantage de la planification, c'est que chacun sait ce qu'il a à faire. À peine le premier radeau avait-il touché terre que les deux premiers groupes se formaient. Des soldats en arme se déployaient en reconnaissance tandis que d'autre démontait leur embarcation pour récupérer les poutres.
Le deuxième radeau débarqua un groupe équipé de pelles et de pioches qui commencèrent immédiatement à creuser un fossé, rejetant la terre d'un seul côté. Ils avaient à peine achevé une section que d'autres hommes prenaient leur succession pour creuser des trous dans la levée et y planter des poutres. Ils laissèrent la place à des soldats qui finirent la construction de la palissade, puis à d'autres qui placèrent les Cornes de Cerf sur la montée de terre.
À ce moment, le fort était presqu'achevé. Il ne restait plus qu'à terminer les tours d'angle et celles de la porte d'entrée. Une partie des soldats abandonnait déjà ses outils pour se disposer sur les chemins de ronde.
Lorsque les premières lueurs du jour révélèrent le fort "magiquement" apparu sur l'autre rive. Une bonne moitié des soldats dormaient, se reposant des efforts de la nuit. Debout parmi les sentinelles, Tan Kai sourit en entendant le rythme précipité du gong d'alarme qui sonnait dans le château de Hòu diē.
Son plan avait stupéfait ses alliés... mais l'effet était plus grand encore sur l'ennemi.
Aucun état, même s'il aligne dix mille chars de guerre, n'est prêt à émousser le mordant de ses troupes sous les murs d'une place solidement défendue, car il prête le flanc aux attaques d'un puissant rival qui profitera de son épuisement pour le prendre à revers.
Han-Fei-tse, Chap. XIX, Les cinq vermines
La dernière campagne que le roi Zan désirait conduire avant l'hiver visait les berges du fleuve Houang-Ho . Le souverain avait quitté Ye Cheng pour se rapprocher de Fang Xang, la capitale de Youzhou. Son but était de chasser les Djurchets de tous les châteaux et petites villes qu'ils occupaient et ainsi préparer l'investissement de cette place stratégique.
Cependant, il avait envoyé une partie de son armée plus au nord, précisément dans le comté de Guangyang. Son général avait été reçu en audience par le marquis Wu Tan Kai et lui avait communiqué le désir du roi de le voir se rejoindre à ses campagnes.
Dans le jeu complexe de la diplomatie et des intrigues de cours, le marquis de Guangyang et le roi Gongsun Zan avaient chacun besoin du soutient de l'autre. En divisant ses forces pour protéger le comté contre les nomades des steppes, le souverain avait affaibli ses positions dans le conflit contre l'usurpateur du trône. Bien conscient de cela, Wu Tan Kai quitta Bei Ping bien décidé à se rendre utile auprès de son roi.
Une petite troupe dirigée par Zu Congming escorta le marquis Wu Tan Kai et Chen Mudan jusqu'à l'immense camp que le roi Zan avait fait construire pour héberger son armée. Avant même d'atteindre la palissade renforcée de tours de bois qui défendaient la ville de toile, ils découvrirent ses faubourgs.
Les armées attirent toujours à elles les commerçants désireux de s'enrichir de la solde des soldats et... disons des "divertissements"... maisons de jeu... prostituées. Beaucoup de petites villes ne pouvaient se vanter d'être aussi peuplée que cet incroyable caravansérail qui prospérait sur le dos de l'armée.
Arrivé aux portes pavoisées de l'étendard de Youzhou, le marquis de Guangyang dut se présenter formellement. Ses bannières et la présence du commandant Zu finirent cependant par apaiser les doutes des défenseurs.
En temps normal, l'arrivée d'un noble à la cour du roi aurait certainement donné lieu à une cérémonie solennelle. Cependant, la guerre occupait les esprits et le roi reçu ses visiteurs au sortir de sa tente, entouré de ses ministres et de ses officiers. Tandis que les tambours se mirent à battre, les soldats acclamèrent le marquis qui inspectait la haie d'honneur qui l'attendait sur la place d'arme.
Descendu de cheval, Wu Tan Kai effectua le Kotow en compagnie de Chen Mudan et Zu Congming, restés trois pas en retrait. Le roi s'empressa de lui demander de se relever, puis après un échange de politesse l'invita à le suivre dans sa tente.
Vêtu d'un magnifique Mianfu de cérémonie, portant une coiffe qui dissimulait son visage derrière un rideau de perle, le roi Zan avait sa barbe répandue en trois pans sur sa poitrine. Encore puissant guerrier en dépit de son âge, il exposait son armure et sa hallebarde ornée au côté de son trône. Ne leur jetant qu'un coup d'œil, le monarque s'arrêta devant une carte du pays de Ts'in déployée sur le sol de la tente. Autour d'elle s'activaient plusieurs mandarins militaires. Ils déplaçaient des figurines représentant des hommes, des chevaux, mais aussi des forts et des navires.
- Marquis Wu, voici la situation actuelle. J'aimerais votre avis.
Tan Kai s'inclina devant son souverain.
- Je suis honoré de votre confiance, Votre Majesté.
Il inspecta la carte pour la forme, mais les positions occupées par les Djurchets étaient celles qu'il s'attendait à trouver. Les troupes de l'usurpateur appliquaient les tactiques de défense prévues par le royaume de Youzhou en cas d'invasion par le sud. Tous les passages guéables étaient protégés par des forts tombés intactes aux mains des Mandchous lors de l'invasion initiale. Des troupes mobiles se trouvaient en retrait prêtes à lever le siège de toute place-forte assaillie l'armée du roi Zan. Des navires ravitaillaient les positions le long du Fleuve Jaune et... bien sûr, les forces loyalistes n'avaient pas de bateaux de guerre pour les combattre.
- Sun Tsu, le Grand Général, a dit : " Qui tient toutes les places qu'il défend, défend des places qui ne seront pas attaquées." Si jamais nous prenons un des châteaux avant que les forces mobiles ne puissent réagir, nous serons libres de faire traverser le gros de l'armée royale. Alors le choix des Djurchets de diviser leur armée en plusieurs corps de manière à couvrir les ponts et les guets se retournera contre eux. Nous pourrons les assaillir l'un après l'autre et les vaincre dans les détails.
Le prince Gongsun Zhao acquiesça.
- Nous avons suivi le même raisonnement mais les châteaux continueraient à être ravitaillés par le fleuve et même après une victoire en rase campagne, nous serions toujours obligé de réduire les garnisons l'une après l'autre.
Tan Kai se déchaussa et marcha sur la vaste carte jusqu'à un fort ennemi. Il se trouvait au nord des marais de Tang et commandait le passage où la rivière Fen rejoignait le Fleuve Jaune.
- Comme vous le savez sans doute, avant que le frère de Votre Majesté n'usurpe le trône, je commandais une petite flotte sur le Houang-Ho. Je connais donc bien la région. Votre Majesté, je vous propose d'attaquer le château de Hòu diē. Il est idéalement placé pour barrer la route à tout ravitaillement par le fleuve et la rivière Fen. Les marais de Tang et de Kang empêchent que les garnisons et les armées disposées au sud-est puissent intervenir rapidement. Quand aux garnisons plus au nord, elles ne peuvent quitter leurs positions sans découvrir le pays aux armées qui sont installées dans mon fief de Guangyang.
Le roi Zan intervint.
- Marquis Wu, nous avons déjà essayé de prendre ce château... quatre fois et nous avons échoué. Vu la disposition des lieux, il n'est attaquable que d'un seul côté. Mais pour ce faire, il faut d'abord franchir le fleuve par un pont qui passe juste aux pieds de ses murailles.
Wu Tan Kai insista.
- Votre Majesté, je pensais plutôt couper leur ravitaillement en installant un fort sur l'autre rive.
Le prince Zhao secoua la tête.
- Cela a aussi été essayé, marquis Wu ! Leurs arbalétriers et leurs armes de siège sont capables de tirer sur les ouvriers et les soldats qui se risqueraient à élever une fortification sur notre rive.
Le jeune marquis sourit.
- Sauf si on élève ce fort en l'espace d'une seule nuit !
Les mandarins échangèrent des regards stupéfaits. Finalement, un d'eux osa réagir.
- Veuillez m'excuser, mais sans doute monseigneur le marquis veut plaisanter. Tout le monde sait que c'est impossible.
Gongsun Zan sourit et répliqua.
- Nous parlons du stratège qui réussit à faire se combattre deux armées alliées lors de la bataille de la Jiāng Zi . Je pense qu'il a une idée qui sort de l'ordinaire.
- Votre Majesté, vous avez envoyé des soldats abattre des arbres sous les yeux des factionnaires ennemis et avez tenté de créer une fortification juste sous la berge d'en face. Les mandarins ont raison ceci est irréalisable. Ce que je propose de faire c'est d'abattre des arbres en amont de Hòu diē et de nous en servir pour construire un fort à partir d'éléments facilement démontables. Le courant conduira nos soldats sur des radeaux formés par les pièces de bois du fort préfabriqué. Il nous suffira ensuite d'aborder sans bruit sur la berge opposée au château et de remonter notre forteresse, le tout sous le couvert de la nuit.
L'obscurité s'étendait comme un linceul. Les étoiles et la lune se cachaient aux yeux des animaux comme des hommes, voilés par d'épais nuages. Tan Kai n'aurait pu rêver d'un meilleur temps pour exécuter son plan. La fine pluie d'automne était également son alliée, elle étouffait les sons et fatiguait les sentinelles qui veillaient sur le château de Hòu diē.
Les radeaux - reliés ensembles par des cordes- avançaient rapidement et sans bruit sur l'eau noire. Ils étaient occupés par les soldats d'élite de Zu Congming mais aussi une centaine d'habitants de la région qui avaient rejoint les forces loyalistes. Au cours des quatre derniers jours, ces hommes avaient appris à travailler ensemble. Ils avaient taillés des troncs et les avaient assemblés, recommençant jusqu'à être capable d'élever rapidement un fort, même dans le noir. Le coup de génie du marquis Wu Tan Kai était d'avoir dessiné cette fortification en n'utilisant que quatre types de pièces de bois, toutes taillées de manière standardisée et dotées d'encoches aux deux extrémités. Celles-ci étant prévues pour s'imbriquer et faciliter l'assemblage.
Le pilote, un pêcheur de la région de Wei, rejoignit le marquis.
- Nous arrivons monseigneur.
Wu Tan Kai regarda autour de lui, sans rien voir d'autres que des forêts obscures.
- Tu es certain ?
- Oui monseigneur, je navigue de nuit depuis des années. Le courant change à proximité de l'embouchure de la rivière Fen.
- Très bien, que l'on se prépare à l'accostage.
Le grand avantage de la planification, c'est que chacun sait ce qu'il a à faire. À peine le premier radeau avait-il touché terre que les deux premiers groupes se formaient. Des soldats en arme se déployaient en reconnaissance tandis que d'autre démontait leur embarcation pour récupérer les poutres.
Le deuxième radeau débarqua un groupe équipé de pelles et de pioches qui commencèrent immédiatement à creuser un fossé, rejetant la terre d'un seul côté. Ils avaient à peine achevé une section que d'autres hommes prenaient leur succession pour creuser des trous dans la levée et y planter des poutres. Ils laissèrent la place à des soldats qui finirent la construction de la palissade, puis à d'autres qui placèrent les Cornes de Cerf sur la montée de terre.
À ce moment, le fort était presqu'achevé. Il ne restait plus qu'à terminer les tours d'angle et celles de la porte d'entrée. Une partie des soldats abandonnait déjà ses outils pour se disposer sur les chemins de ronde.
Lorsque les premières lueurs du jour révélèrent le fort "magiquement" apparu sur l'autre rive. Une bonne moitié des soldats dormaient, se reposant des efforts de la nuit. Debout parmi les sentinelles, Tan Kai sourit en entendant le rythme précipité du gong d'alarme qui sonnait dans le château de Hòu diē.
Son plan avait stupéfait ses alliés... mais l'effet était plus grand encore sur l'ennemi.
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Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
Anaxagore- Messages : 2234
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Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Chapitre 30
Mys tölis tarduš jabyuy (illisible) šadyy anda birmis
Mys tölis tarduš budunyy anda-itmiš, jabyuy šadyy anda birmis
Birijä tabyaě budun jayy-armis, jyryja baz-quayan, toquz-oyuz budun
Birijä tabyaě budun jayy-armis, jyryja baz-quayan, toquz-oyuz budun
Jayy-armis, qyrqyz, quryqan, otuz-tatar, qytai, tataby, qop, jayy-armis
Jayy-armis, qy (illisible)
Traduction : Il y constitua les peuples Teulès et Tardouch, et leur donna un Yabgou et un Chad . Au sud, le peuple chinois était notre ennemi. Au nord, Baz kakhan et le peuple des Neuf-Ougouz étaient nos ennemis ; les Kirgiz, les Kourikans, les Trente-Tatars, les Khitaï, les Tabati, beaucoup étaient ennemis.
Les écris de l'Orkon (texte écris en vieux turc daté entre le VIIIème et le XIème siècle)
Wu Tan Kai tendis l'oreille. Il entendait les rumeurs d'une bataille, cris, hennissements, heurts du fer contre le fer, tambours chinois. Cela semblait venir du sud-ouest. Et bien, il n'avait pas tellement le choix, s'il cherchait le prince Zhao il aurait plus de chance de le trouver de ce côté.
Comme il dévalait la pente, une troupe à cheval l'aperçu et se dirigea vers lui. Les cavaliers qui émergèrent entre les arbres portaient l'armure jin de petites plaques de métal et le casque dou mou typique des Chinois.
En dépit de sa saleté, le marquis fut immédiatement reconnu.
- Monseigneur, que vous est-il arrivé ? Où se trouve votre armée ?
Le marquis résuma rapidement ses mésaventures. L'officier se rembrunit.
- Hélas, monseigneur, je ne suis pas surpris. D'autres châteaux de la passe ont été détruits par le tonnerre terrestre lâché du ciel par ces monstrueux oiseaux.
- Plus important, comment tourne la bataille ?
- Monseigneur, si l'ennemi attaquait uniquement de front, nous pourrions le contenir. Malheureusement, des petites troupes s'infiltrent par les collines et attaquent nos unités à revers. Nous avons perdu beaucoup d'hommes lors des premières attaques. Son excellence, le prince Gongsun Zhao, à ordonné à des patrouilles comme la nôtre de rechercher l'ennemi, et a fait placer plusieurs régiments en ordre de combat sur chaque flanc pour arrêter les raids ennemi.
Tan Kai ne put s'empêcher de grincer des dents. Le prince Zhao n'avait probablement pas le choix, mais de la sorte il immobilisait des forces importantes. Le pire étant que ces attaques ne constituaient que des diversions. Les Chinois réagissaient exactement comme le souhaitaient les barbares, se privant de forces importantes pour pourchasser des ennemis moins nombreux et très mobiles.
Depuis le début de l'invasion des nomades, ces derniers avaient toujours dicté les règles de l'engagement et conservé jalousement l'initiative. Ils dispersaient l'armée de Youzhou et se concentraient pour en attaquer un élément, se repliaient lorsque les Chinois se regroupaient.
Le cri d'un faucon lui fit lever la tête. Les rapaces géants ne servaient pas uniquement à bombarder les armées et les forts, ils servaient d'éclaireurs et de messagers. Pas étonnant que le Youzhou soit à ce point dominé.
- Conduisez-moi auprès de son altesse princière.
L'infanterie du prince Gongsun Zhao était groupée en carrée au flanc de la gorge de Kiu-young-kouan, adossée à une falaise qui empêchait qu'on l'attaqua à revers. Les deux côtés les plus exposés étaient protégés par plusieurs rangs d'hallebardiers ou d'épéistes, dont plusieurs régiments de Tuniques Rouges, l'élite du Youzhou. Derrière, se trouvaient des rangers d'archers et d'arbalétriers desserrés de manière à ne pas former une cible trop facile. Plus en arrière encore se trouvait deux batteries de xuan feng che pao (pierriers tourbillonnants montés sur roues). Ces trébuchets légers pouvaient envoyer des pierres lourdes comme deux hommes à grande distance.
La cavalerie se trouvait plus bas sur la pente, les premiers régiments face aux barbares étaient des archers et des arbalétriers montés. Disposés plus loin, les lanciers montés se tenaient prêt à lancer des contre-charges.
Wu Tan Kai approuva mentalement le dispositif, mais ne l'étudia que le temps d'un rapide coup d'œil, il avait des soucis plus immédiats.
En effet, la patrouille était ressortie de la forêt jute au moment où les cavaliers des steppes lançaient une nouvelle attaque. Des vagues de cavaliers menaçaient de leur couper la route et les Chinois durent filler à bride abattue au milieu d'une pluie de flèches pour éviter l'anéantissement.
Heureusement, les tireurs montés de Youzhou intervinrent. Flèches et carreaux frappèrent les rangs ennemis. Profitant d'un instant de flottement, le marquis de Guanyang et son escorte purent rejoindre les lignes alliées.
Dans l'absolu, Tan Kai aurait préféré rencontré immédiatement le prince Zhao, mais la situation ne s'y prêtait guère. Étant d'un supérieur au général Yin, il prit sa place à la tête de l'aile gauche. Le plan de bataille arrêté par le fils du Roi d'Or était exactement celui qu'il avait imaginé en voyant son dispositif. L'infanterie avait pour tâche de fixer l'ennemi, et la cavalerie de l'harceler.
Toutefois, les barbares semblaient avoir percé leurs intentions, bien que quelques chiliarchies aient formé des kürën qui tourbillonnaient devant l'infanterie chinoise, le gros de leurs forces échangeaient des tirs avec les archers montés.
Le ciel est strié de projectiles divers qui montent vers le ciel en masse compact avant de retomber en pluie frappant les boucliers des fantassins de Youzhou avec le même bruit que font des grêlons sur un toit.
L'affrontement finit cependant par tourner à l'avantage des Chinois. Leurs archers, postés en haut des pentes, bénéficiaient d'une portée supérieure à celle des cavaliers nomades qui doivent la gravir sous le feu ennemi avant de pouvoir décocher leurs traits. Les trébuchets ne firent que peu de dégâts par contre. Lents à tirer, ils frappaient rarement au milieu des tourbillons d'archers montés de l'ennemi. Toutefois, l'impressionnant ronflement des pierres, et la gerbe de terre qu'ils élevaient vers le ciel impressionna les nomades.
Une chiliarchie isolée chargea un régiment d'infanterie chinoise, regroupée en formation rocher. Cependant, incapables de percer le mur de bouclier, les barbares piétinèrent vainement devant lui perdant un homme après l'autre.
À ce moment, Tan Kai lança une contre-attaque... mais les nomades se replièrent immédiatement, refusant le combat. Peu désireux de trop s'éloigner de l'infanterie, le marquis abandonna rapidement la poursuite.
- Général Yin nous avons tiré trop de traits, il faut absolument renouveler notre stock de flèches.
L'officier le regarda, interloqué.
- Et où en trouverais-je, l'intendance est à plusieurs heures et...
- Faites constituer des corvées de dix hommes pour chaque wu, qu'ils récupèrent les flèches intactes plantées sur les cadavres.
Comme l'ennemi s'était regroupé au loin, pour se réorganiser, il confia l'aile gauche au général Yin le temps de faire son rapport au prince.
Gongsun Zhao le reçut sous sa tente, entouré de son état-major, ils discutaient de la marche à suivre. Déjà mis au courant de sa présence par l'échange de courriers entre les deux ailes, il avait approuvé sa nomination à la tête de la cavalerie. Le fils du roi respectait les talents de stratège de son cadet, et lui demanda son opinion.
- Votre altesse, Jäbä khan n'est pas un novice. Il a compris votre plan de bataille et concentre ses attaques sur la cavalerie. Nous avons déjà perdu les moitiés des tireurs et commençons à manquer de flèches. Je propose que nous décalions les positions des cavaliers vers le sud, de manière à ce que les barbares soient obligés de longer les formations d'infanteries pour nous attaquer. Lorsqu'ils seront à portée de tir, je lancerais les lanciers montés à l'attaque, soutenus par les archers à cheval, et les vôtres.
Comme le plan semblait bon et que les nomades avaient achevé de se reformer et s'étaient remis en marche, le marquis de Guangyang regagna son camp.
Cette fois, les pierriers frappèrent en premier. La colonne des nomades se trouvaient exactement dans l'axe qu'ils pouvaient frapper aisément. Les rochers envoyés par les frondes géantes provoquèrent l'effroi dans les rangs ennemis.
Le plan de Tan Kai fut appliqué comme convenu. Et d'abord, tout sembla bien se passer. Étant plus haut et montant des chevaux plus rapides, ils rattrapèrent les cavaliers des steppes qui - selon leur tactique habituelle- se repliait en tiraillant. Le choc des deux cavaleries fut violent et bientôt une mêlée furieuse mélangea les armées.
Tandis que Gongsun Zhao faisait avancer une partie de son infanterie, et que tireurs et machines de guerre soutenait l'assaut furieux du marquis, une partie des archers montés, à court de flèches, chargeait à son tour.
On arrivait à un tournant de la bataille et la victoire semblait à portée de main. Les barbares succombaient et certains régiments chinois ayant traversé les lignes ennemies attaquaient les archers à pied déployés derrière les cavaliers, ils les sabraient, les jetaient dans la fuite...
Et soudain, les gongs de guerre sonnèrent la retraite.
Les cavaliers chinois s'étaient avancés loin dans le dispositif ennemi mais ils étaient tombés dans un piège. De la pente opposée à celle où se tenait l'infanterie du prince Zhao déferlait à présent de nombreux cavaliers nomades lancés dans un mouvement d'enveloppement. Leur présence était passée inaperçue jusqu'au moment de leur charge grâce à l'épais couvert de forêt. Ils attaquaient à présent selon une tactique standard des nomades, connue sous le nom de tulughma ou courbe de l'étendard. On faisait reculer le centre pour encercler l'armée ennemie par une attaque d'une aile.
L'infanterie de Youzhou qui venait juste de se mettre en marche regagna ses positions de départ avant que les vagues de cavaliers ennemis ne déferlent sur eux. Une grande partie des archers montés réussit à se réfugier derrière leur ligne... mais les lanciers étaient imbriqués avec des unités ennemies et la plupart des soldats durent ferrailler férocement. Un régiment entier, taillé en pièce se dispersa, les survivants cravachant pour fuir et sauver leur vies. Des deux autres régiments, moins d'une demi-unité parvint dans le carré d'infanterie. Wu tan Kai s'était battu comme un démon pour les sauver.
Jäbä khan, toutefois, était loin de plastronner. Il lui avait fallu deux tentatives - coûteuses- pour battre la cavalerie chinoise. Et ce devait être la partie facile de la bataille... Il lui fallait à présent défaire l'infanterie. Certes, elle avait subie des pertes après les assauts répétés de ces dernières heures.
De plus, les tactiques des nomades - qui convenaient à merveilles aux steppes de Mongolie- se révélaient inappropriées dans l'environnement accidenté de la passe de Kiu-young-kouan. Les pentes praticables étaient peu nombreuses et les archers ne pouvaient formés de kürën car l'espace restreint et la pente l'interdisaient.
Les barbares qui se lancèrent à l'assaut des positions ennemis le firent en bloc compact, souffrant de la pluie de flèches que leur envoyaient les archers ennemis plus haut à flanc de colline. Pour la première fois depuis le début de la bataille les trébuchets purent être utilisés pour le travail pour lesquels ils avaient été conçus envoyant des blocs de rocs dans des masses d'adversaires qui s'efforçaient d'avancer. S'efforçaient... car en fait, ils étaient bloqués. En haut des pentes, des murs de boucliers et de lances chinoises les arrêtaient.
Les pertes s'acculaient chez les nomades. Et la victoire changea une nouvelle fois de camp, cette fois-ci définitivement. Jäbä avait sacrifié la moitié de son armée sans avancer. Comprenant que continuer à attaquer ne lui servirait qu'à perdre l'autre, il ordonna le repli.
Youzhou avait gagné la bataille de la passe de Kiu-young-kouan.... mais de justesse.
Mys tölis tarduš jabyuy (illisible) šadyy anda birmis
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Traduction : Il y constitua les peuples Teulès et Tardouch, et leur donna un Yabgou et un Chad . Au sud, le peuple chinois était notre ennemi. Au nord, Baz kakhan et le peuple des Neuf-Ougouz étaient nos ennemis ; les Kirgiz, les Kourikans, les Trente-Tatars, les Khitaï, les Tabati, beaucoup étaient ennemis.
Les écris de l'Orkon (texte écris en vieux turc daté entre le VIIIème et le XIème siècle)
Wu Tan Kai tendis l'oreille. Il entendait les rumeurs d'une bataille, cris, hennissements, heurts du fer contre le fer, tambours chinois. Cela semblait venir du sud-ouest. Et bien, il n'avait pas tellement le choix, s'il cherchait le prince Zhao il aurait plus de chance de le trouver de ce côté.
Comme il dévalait la pente, une troupe à cheval l'aperçu et se dirigea vers lui. Les cavaliers qui émergèrent entre les arbres portaient l'armure jin de petites plaques de métal et le casque dou mou typique des Chinois.
En dépit de sa saleté, le marquis fut immédiatement reconnu.
- Monseigneur, que vous est-il arrivé ? Où se trouve votre armée ?
Le marquis résuma rapidement ses mésaventures. L'officier se rembrunit.
- Hélas, monseigneur, je ne suis pas surpris. D'autres châteaux de la passe ont été détruits par le tonnerre terrestre lâché du ciel par ces monstrueux oiseaux.
- Plus important, comment tourne la bataille ?
- Monseigneur, si l'ennemi attaquait uniquement de front, nous pourrions le contenir. Malheureusement, des petites troupes s'infiltrent par les collines et attaquent nos unités à revers. Nous avons perdu beaucoup d'hommes lors des premières attaques. Son excellence, le prince Gongsun Zhao, à ordonné à des patrouilles comme la nôtre de rechercher l'ennemi, et a fait placer plusieurs régiments en ordre de combat sur chaque flanc pour arrêter les raids ennemi.
Tan Kai ne put s'empêcher de grincer des dents. Le prince Zhao n'avait probablement pas le choix, mais de la sorte il immobilisait des forces importantes. Le pire étant que ces attaques ne constituaient que des diversions. Les Chinois réagissaient exactement comme le souhaitaient les barbares, se privant de forces importantes pour pourchasser des ennemis moins nombreux et très mobiles.
Depuis le début de l'invasion des nomades, ces derniers avaient toujours dicté les règles de l'engagement et conservé jalousement l'initiative. Ils dispersaient l'armée de Youzhou et se concentraient pour en attaquer un élément, se repliaient lorsque les Chinois se regroupaient.
Le cri d'un faucon lui fit lever la tête. Les rapaces géants ne servaient pas uniquement à bombarder les armées et les forts, ils servaient d'éclaireurs et de messagers. Pas étonnant que le Youzhou soit à ce point dominé.
- Conduisez-moi auprès de son altesse princière.
L'infanterie du prince Gongsun Zhao était groupée en carrée au flanc de la gorge de Kiu-young-kouan, adossée à une falaise qui empêchait qu'on l'attaqua à revers. Les deux côtés les plus exposés étaient protégés par plusieurs rangs d'hallebardiers ou d'épéistes, dont plusieurs régiments de Tuniques Rouges, l'élite du Youzhou. Derrière, se trouvaient des rangers d'archers et d'arbalétriers desserrés de manière à ne pas former une cible trop facile. Plus en arrière encore se trouvait deux batteries de xuan feng che pao (pierriers tourbillonnants montés sur roues). Ces trébuchets légers pouvaient envoyer des pierres lourdes comme deux hommes à grande distance.
La cavalerie se trouvait plus bas sur la pente, les premiers régiments face aux barbares étaient des archers et des arbalétriers montés. Disposés plus loin, les lanciers montés se tenaient prêt à lancer des contre-charges.
Wu Tan Kai approuva mentalement le dispositif, mais ne l'étudia que le temps d'un rapide coup d'œil, il avait des soucis plus immédiats.
En effet, la patrouille était ressortie de la forêt jute au moment où les cavaliers des steppes lançaient une nouvelle attaque. Des vagues de cavaliers menaçaient de leur couper la route et les Chinois durent filler à bride abattue au milieu d'une pluie de flèches pour éviter l'anéantissement.
Heureusement, les tireurs montés de Youzhou intervinrent. Flèches et carreaux frappèrent les rangs ennemis. Profitant d'un instant de flottement, le marquis de Guanyang et son escorte purent rejoindre les lignes alliées.
Dans l'absolu, Tan Kai aurait préféré rencontré immédiatement le prince Zhao, mais la situation ne s'y prêtait guère. Étant d'un supérieur au général Yin, il prit sa place à la tête de l'aile gauche. Le plan de bataille arrêté par le fils du Roi d'Or était exactement celui qu'il avait imaginé en voyant son dispositif. L'infanterie avait pour tâche de fixer l'ennemi, et la cavalerie de l'harceler.
Toutefois, les barbares semblaient avoir percé leurs intentions, bien que quelques chiliarchies aient formé des kürën qui tourbillonnaient devant l'infanterie chinoise, le gros de leurs forces échangeaient des tirs avec les archers montés.
Le ciel est strié de projectiles divers qui montent vers le ciel en masse compact avant de retomber en pluie frappant les boucliers des fantassins de Youzhou avec le même bruit que font des grêlons sur un toit.
L'affrontement finit cependant par tourner à l'avantage des Chinois. Leurs archers, postés en haut des pentes, bénéficiaient d'une portée supérieure à celle des cavaliers nomades qui doivent la gravir sous le feu ennemi avant de pouvoir décocher leurs traits. Les trébuchets ne firent que peu de dégâts par contre. Lents à tirer, ils frappaient rarement au milieu des tourbillons d'archers montés de l'ennemi. Toutefois, l'impressionnant ronflement des pierres, et la gerbe de terre qu'ils élevaient vers le ciel impressionna les nomades.
Une chiliarchie isolée chargea un régiment d'infanterie chinoise, regroupée en formation rocher. Cependant, incapables de percer le mur de bouclier, les barbares piétinèrent vainement devant lui perdant un homme après l'autre.
À ce moment, Tan Kai lança une contre-attaque... mais les nomades se replièrent immédiatement, refusant le combat. Peu désireux de trop s'éloigner de l'infanterie, le marquis abandonna rapidement la poursuite.
- Général Yin nous avons tiré trop de traits, il faut absolument renouveler notre stock de flèches.
L'officier le regarda, interloqué.
- Et où en trouverais-je, l'intendance est à plusieurs heures et...
- Faites constituer des corvées de dix hommes pour chaque wu, qu'ils récupèrent les flèches intactes plantées sur les cadavres.
Comme l'ennemi s'était regroupé au loin, pour se réorganiser, il confia l'aile gauche au général Yin le temps de faire son rapport au prince.
Gongsun Zhao le reçut sous sa tente, entouré de son état-major, ils discutaient de la marche à suivre. Déjà mis au courant de sa présence par l'échange de courriers entre les deux ailes, il avait approuvé sa nomination à la tête de la cavalerie. Le fils du roi respectait les talents de stratège de son cadet, et lui demanda son opinion.
- Votre altesse, Jäbä khan n'est pas un novice. Il a compris votre plan de bataille et concentre ses attaques sur la cavalerie. Nous avons déjà perdu les moitiés des tireurs et commençons à manquer de flèches. Je propose que nous décalions les positions des cavaliers vers le sud, de manière à ce que les barbares soient obligés de longer les formations d'infanteries pour nous attaquer. Lorsqu'ils seront à portée de tir, je lancerais les lanciers montés à l'attaque, soutenus par les archers à cheval, et les vôtres.
Comme le plan semblait bon et que les nomades avaient achevé de se reformer et s'étaient remis en marche, le marquis de Guangyang regagna son camp.
Cette fois, les pierriers frappèrent en premier. La colonne des nomades se trouvaient exactement dans l'axe qu'ils pouvaient frapper aisément. Les rochers envoyés par les frondes géantes provoquèrent l'effroi dans les rangs ennemis.
Le plan de Tan Kai fut appliqué comme convenu. Et d'abord, tout sembla bien se passer. Étant plus haut et montant des chevaux plus rapides, ils rattrapèrent les cavaliers des steppes qui - selon leur tactique habituelle- se repliait en tiraillant. Le choc des deux cavaleries fut violent et bientôt une mêlée furieuse mélangea les armées.
Tandis que Gongsun Zhao faisait avancer une partie de son infanterie, et que tireurs et machines de guerre soutenait l'assaut furieux du marquis, une partie des archers montés, à court de flèches, chargeait à son tour.
On arrivait à un tournant de la bataille et la victoire semblait à portée de main. Les barbares succombaient et certains régiments chinois ayant traversé les lignes ennemies attaquaient les archers à pied déployés derrière les cavaliers, ils les sabraient, les jetaient dans la fuite...
Et soudain, les gongs de guerre sonnèrent la retraite.
Les cavaliers chinois s'étaient avancés loin dans le dispositif ennemi mais ils étaient tombés dans un piège. De la pente opposée à celle où se tenait l'infanterie du prince Zhao déferlait à présent de nombreux cavaliers nomades lancés dans un mouvement d'enveloppement. Leur présence était passée inaperçue jusqu'au moment de leur charge grâce à l'épais couvert de forêt. Ils attaquaient à présent selon une tactique standard des nomades, connue sous le nom de tulughma ou courbe de l'étendard. On faisait reculer le centre pour encercler l'armée ennemie par une attaque d'une aile.
L'infanterie de Youzhou qui venait juste de se mettre en marche regagna ses positions de départ avant que les vagues de cavaliers ennemis ne déferlent sur eux. Une grande partie des archers montés réussit à se réfugier derrière leur ligne... mais les lanciers étaient imbriqués avec des unités ennemies et la plupart des soldats durent ferrailler férocement. Un régiment entier, taillé en pièce se dispersa, les survivants cravachant pour fuir et sauver leur vies. Des deux autres régiments, moins d'une demi-unité parvint dans le carré d'infanterie. Wu tan Kai s'était battu comme un démon pour les sauver.
Jäbä khan, toutefois, était loin de plastronner. Il lui avait fallu deux tentatives - coûteuses- pour battre la cavalerie chinoise. Et ce devait être la partie facile de la bataille... Il lui fallait à présent défaire l'infanterie. Certes, elle avait subie des pertes après les assauts répétés de ces dernières heures.
De plus, les tactiques des nomades - qui convenaient à merveilles aux steppes de Mongolie- se révélaient inappropriées dans l'environnement accidenté de la passe de Kiu-young-kouan. Les pentes praticables étaient peu nombreuses et les archers ne pouvaient formés de kürën car l'espace restreint et la pente l'interdisaient.
Les barbares qui se lancèrent à l'assaut des positions ennemis le firent en bloc compact, souffrant de la pluie de flèches que leur envoyaient les archers ennemis plus haut à flanc de colline. Pour la première fois depuis le début de la bataille les trébuchets purent être utilisés pour le travail pour lesquels ils avaient été conçus envoyant des blocs de rocs dans des masses d'adversaires qui s'efforçaient d'avancer. S'efforçaient... car en fait, ils étaient bloqués. En haut des pentes, des murs de boucliers et de lances chinoises les arrêtaient.
Les pertes s'acculaient chez les nomades. Et la victoire changea une nouvelle fois de camp, cette fois-ci définitivement. Jäbä avait sacrifié la moitié de son armée sans avancer. Comprenant que continuer à attaquer ne lui servirait qu'à perdre l'autre, il ordonna le repli.
Youzhou avait gagné la bataille de la passe de Kiu-young-kouan.... mais de justesse.
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Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Ne faites par attention, aux fautes d'orthographe, c'est un premier jet.
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Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
J'ai commencé la réécriture du tome 2, je suis très content du résultat. La couverture, dessinée par RA est en cours
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Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
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Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Sympa le dessin
Maraud- Messages : 561
Date d'inscription : 01/11/2015
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Pas mal.
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Magnifique !
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
https://forumuchronies.frenchboard.com/t751-la-france-exilee-tome-1-1940-la-roue-du-destin
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LFC/Emile Ollivier- Messages : 2721
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Age : 35
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Bonjour, juste pour vous signaler que le premier tome de "Zhongguo, l'âge des héros" sera disponible en version imprimée d'ici 72 heures sur Amazon. Dès que j'aurais le lien d'achat, je vous le posterais ici.
Le texte a été légèrement réécris, à noter que la version virtuelle devrait être également remplacée par cette nouvelle mouture. L'essentiel de la réécriture est juste de la correction (orthographes, coquilles diverses, répétitions), mais certains passages ont été revus pour être plus intelligibles. Pour vous donner une idée de l'importance de cette réécriture, la nouvelle version est plus courte d'une page.
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Le texte a été légèrement réécris, à noter que la version virtuelle devrait être également remplacée par cette nouvelle mouture. L'essentiel de la réécriture est juste de la correction (orthographes, coquilles diverses, répétitions), mais certains passages ont été revus pour être plus intelligibles. Pour vous donner une idée de l'importance de cette réécriture, la nouvelle version est plus courte d'une page.
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Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Amazon a fait vite, le livre est déjà disponible... en Angleterre https://www.amazon.co.uk/dp/1520975856?ref_=pe_870760_150889320
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Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Disponible ici -> https://www.amazon.fr/dp/1520975856
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Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Zhongguo est une série de roman sur lequel je travaille depuis maintenant trois ans (plus dix ans de préparation et de recherches avant). basé sur la Chine des légendes, elle raconte l'accession d'un jeune noble au titre d'empereur, depuis l'époque où il est un simple proscrit.
Le Tome 1 ici en version brochée https://www.amazon.fr/dp/1520975856
et ici en version numérique https://www.amazon.fr/dp/B01HIQPGOI
L'illustrateur qui s'occupe des images intérieures du tome 2 doit encore me livrer deux illustrations pleines pages, et j'ai encore quelques corrections à faire. cependant la sortie du Tome 2 est à présent incessante.
En attendant, j'ai commencé le tome 3... et voilà un extrait.
Chapitre 2
La 1e année, le souverain fut reconnu. Il résida à Yeou-hioung. Il régla, le premier, la forme du bonnet et des vêtements impériaux.
La 20e année, des nuages d’heureux présage furent vus. Il établit les insignes et le nom de ses officiers d’après la couleur des nuages.
Les annales sur le bambou (Zhúshū Jìnián)
- Son Excellence le général de l'aile gauche, monseigneur Wu Tan Kai, marquis de Guangyang.
Dans l'immense pavillon du plancher de cinabre, la voix du premier portier porta jusqu'au trône. De part et d'autre du tapis central, les mandarins inférieurs s'alignaient entre les piliers de bois rouge qui soutenaient le toit. Assis en tailleurs, ils s'inclinèrent avec un ensemble parfait.
Le marquis s'avança, fixant le sol, jusqu'au pied de l'estrade qui entourait le lourd fauteuil d'or du souverain. Il effectua le kotow au bas des marches de pierres blanches sculptées en forme de monstres fantastiques, touchant le sol de son front.
- Vous pouvez lever les yeux, général.
Tan Tai s'exécuta.
La plateforme était vaste et une vingtaine de mandarins supérieurs entouraient le monarque. Cependant, le regard s'arrêtait naturellement sur le roi Zan de Youzhou. Pas seulement à cause du Mianfu rouge et du voile de perle qui tombait de sa coiffe, privilèges de sa charge. Non, le torrent de la barbe royale, bien que grisé par les ans, tombait en trois pointes sur un torse puissant de guerrier. Comme un arbre séculaire, vieux mais fort, au milieu de faibles pousses sorties au printemps, le puissant monarque imposait naturellement le respect.
- Tout d'abord, marquis, permettez-moi de m'excuser de vous faire venir alors que vous devriez être en train de vous occuper de votre jeune épouse. Hélas comme le dit si bien le poète Du-Fu: " La natte nuptiale n'a même pas eu le temps de s'échauffer, aux premières lueurs du jour, c'était déjà l'heure de nous séparer". Triste est le destin, fait d'attente et d'inquiétude, de celle qui épouse un militaire.
Tan Kai s'inclina derechef, l'entrée en matière de son roi le troublait de plus d'une manière.
- Oui, Votre Majesté.
Cependant, Gongsun Zan chassa l'évocation de sa nièce, la jeune épouse du marquis, d'un simple geste. Quoi qu'il ait voulu dire... ou rappeler, cela avait été fait.
- J'ai besoin de vous, général.
- Je vis pour vous servir, Votre Majesté.
- Il me semble me rappeler que vous connaissez la région appelée Yǐn guāngpǔ guówáng, général.
Tan Kai fut surpris
- Les cités des rois spectres ? Mais... Oui, je les ai traversés pour me rendre secrètement à Bei Ping à l'époque où j'œuvrais contre le gouverneur imposé par l'Usurpateur. Toutefois, ces deux petits états ont été conquis par le prince Zhao, il y a presque un an maintenant. Son Altesse Royale a rasé les villes maudites, tué les gobelins, Yaoguai et autres créatures malfaisantes qui résidaient dans cette contrée de cauchemar.
L'évocation de son fils décédé fit passer une ombre imperceptible sur le visage du roi. Cela fut très bref.
- Certes, mais les collecteurs d'impôts ne sont pas revenus. J'ai donc envoyé un régiment de cavalerie sous le commandement du colonel Di, un officier qui a été sous vos ordres au cours du siège de Fan Yang. D'ailleurs, que pensez-vous de lui ?
- Un subordonné compétent, déterminé et extrêmement observateur, Votre Majesté. Si on lui donne un ordre il cherche à y obéir même s'il le trouve stupide. Il a cependant mauvais caractère et sa détermination confine à l'entêtement.
Le Roi d'Or de Youzhou eut un signe d'acquiescement.
- Aucun des trois mille hommes du colonel Di n'est revenu. Je voudrais que vous partiez à leur recherche et que vous découvriez ce qui est arrivé.
Tan Kai fronça les sourcils. La disparition d'un régiment entier n'avait rien d'un incident mineur. Les dernières années n'avaient été qu'une succession de conflits d'une rare violence. Le Grand Khan de la Horde Bleue avait fait retraite dans les steppes. À présent que la Grande Muraille était tenue contre lui, il ne pourrait plus aisément envahir le Youzhou. De plus, les espions rapportaient que les khans se battaient les uns contre les autres... résultat tangible des graines de discordes semées par Tan Kai lors de la dernière campagne. Ce ne pouvait donc être de son fait.
L'usurpateur Gongsun Du, frère cadet du roi Zan, faisait un suspect plus probable. Même chassé du trône qu'il avait un temps occupé par forfaiture, il restait influent au Youzhou et tenait encore le quart nord du royaume. Seulement....
- Vous pensez que les Rois Spectres pourraient être de retour, Votre Majesté ?
- Peut-on réellement les tuer ? Après tout ils sont morts il y a des siècles et cela ne les a pas empêché de rebâtir leurs villes une première fois. Alors pourquoi pas une seconde ?
Le Tome 1 ici en version brochée https://www.amazon.fr/dp/1520975856
et ici en version numérique https://www.amazon.fr/dp/B01HIQPGOI
L'illustrateur qui s'occupe des images intérieures du tome 2 doit encore me livrer deux illustrations pleines pages, et j'ai encore quelques corrections à faire. cependant la sortie du Tome 2 est à présent incessante.
En attendant, j'ai commencé le tome 3... et voilà un extrait.
Chapitre 2
La 1e année, le souverain fut reconnu. Il résida à Yeou-hioung. Il régla, le premier, la forme du bonnet et des vêtements impériaux.
La 20e année, des nuages d’heureux présage furent vus. Il établit les insignes et le nom de ses officiers d’après la couleur des nuages.
Les annales sur le bambou (Zhúshū Jìnián)
- Son Excellence le général de l'aile gauche, monseigneur Wu Tan Kai, marquis de Guangyang.
Dans l'immense pavillon du plancher de cinabre, la voix du premier portier porta jusqu'au trône. De part et d'autre du tapis central, les mandarins inférieurs s'alignaient entre les piliers de bois rouge qui soutenaient le toit. Assis en tailleurs, ils s'inclinèrent avec un ensemble parfait.
Le marquis s'avança, fixant le sol, jusqu'au pied de l'estrade qui entourait le lourd fauteuil d'or du souverain. Il effectua le kotow au bas des marches de pierres blanches sculptées en forme de monstres fantastiques, touchant le sol de son front.
- Vous pouvez lever les yeux, général.
Tan Tai s'exécuta.
La plateforme était vaste et une vingtaine de mandarins supérieurs entouraient le monarque. Cependant, le regard s'arrêtait naturellement sur le roi Zan de Youzhou. Pas seulement à cause du Mianfu rouge et du voile de perle qui tombait de sa coiffe, privilèges de sa charge. Non, le torrent de la barbe royale, bien que grisé par les ans, tombait en trois pointes sur un torse puissant de guerrier. Comme un arbre séculaire, vieux mais fort, au milieu de faibles pousses sorties au printemps, le puissant monarque imposait naturellement le respect.
- Tout d'abord, marquis, permettez-moi de m'excuser de vous faire venir alors que vous devriez être en train de vous occuper de votre jeune épouse. Hélas comme le dit si bien le poète Du-Fu: " La natte nuptiale n'a même pas eu le temps de s'échauffer, aux premières lueurs du jour, c'était déjà l'heure de nous séparer". Triste est le destin, fait d'attente et d'inquiétude, de celle qui épouse un militaire.
Tan Kai s'inclina derechef, l'entrée en matière de son roi le troublait de plus d'une manière.
- Oui, Votre Majesté.
Cependant, Gongsun Zan chassa l'évocation de sa nièce, la jeune épouse du marquis, d'un simple geste. Quoi qu'il ait voulu dire... ou rappeler, cela avait été fait.
- J'ai besoin de vous, général.
- Je vis pour vous servir, Votre Majesté.
- Il me semble me rappeler que vous connaissez la région appelée Yǐn guāngpǔ guówáng, général.
Tan Kai fut surpris
- Les cités des rois spectres ? Mais... Oui, je les ai traversés pour me rendre secrètement à Bei Ping à l'époque où j'œuvrais contre le gouverneur imposé par l'Usurpateur. Toutefois, ces deux petits états ont été conquis par le prince Zhao, il y a presque un an maintenant. Son Altesse Royale a rasé les villes maudites, tué les gobelins, Yaoguai et autres créatures malfaisantes qui résidaient dans cette contrée de cauchemar.
L'évocation de son fils décédé fit passer une ombre imperceptible sur le visage du roi. Cela fut très bref.
- Certes, mais les collecteurs d'impôts ne sont pas revenus. J'ai donc envoyé un régiment de cavalerie sous le commandement du colonel Di, un officier qui a été sous vos ordres au cours du siège de Fan Yang. D'ailleurs, que pensez-vous de lui ?
- Un subordonné compétent, déterminé et extrêmement observateur, Votre Majesté. Si on lui donne un ordre il cherche à y obéir même s'il le trouve stupide. Il a cependant mauvais caractère et sa détermination confine à l'entêtement.
Le Roi d'Or de Youzhou eut un signe d'acquiescement.
- Aucun des trois mille hommes du colonel Di n'est revenu. Je voudrais que vous partiez à leur recherche et que vous découvriez ce qui est arrivé.
Tan Kai fronça les sourcils. La disparition d'un régiment entier n'avait rien d'un incident mineur. Les dernières années n'avaient été qu'une succession de conflits d'une rare violence. Le Grand Khan de la Horde Bleue avait fait retraite dans les steppes. À présent que la Grande Muraille était tenue contre lui, il ne pourrait plus aisément envahir le Youzhou. De plus, les espions rapportaient que les khans se battaient les uns contre les autres... résultat tangible des graines de discordes semées par Tan Kai lors de la dernière campagne. Ce ne pouvait donc être de son fait.
L'usurpateur Gongsun Du, frère cadet du roi Zan, faisait un suspect plus probable. Même chassé du trône qu'il avait un temps occupé par forfaiture, il restait influent au Youzhou et tenait encore le quart nord du royaume. Seulement....
- Vous pensez que les Rois Spectres pourraient être de retour, Votre Majesté ?
- Peut-on réellement les tuer ? Après tout ils sont morts il y a des siècles et cela ne les a pas empêché de rebâtir leurs villes une première fois. Alors pourquoi pas une seconde ?
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Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
T'es sacrément productif camarade.
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Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Petite question. Les illustrations du livre (jonques, parchemin...) sont des oeuvres personnelles ?
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Collectionneur a écrit:Petite question. Les illustrations du livre (jonques, parchemin...) sont des oeuvres personnelles ?
Pas du tout, elles sont tirées du Wujing Zongyao un livre datant de la dynastie song.
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Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Celui ci donc :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wujing_Zongyao
Juste une critique, si un ''colonel'' (bon, avec 3000 hommes à l'origine sous ses ordres, c'est plus un général de brigade) chinois à un animal magique, les rois et dirigeants des grands ports doivent en avoir ou connaissent au moins ceux ci. L'effet de subjucation créer par l'apparition de cette chimère devant les tribus qu'il affronte ne devrait pas être aussi intense.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wujing_Zongyao
Juste une critique, si un ''colonel'' (bon, avec 3000 hommes à l'origine sous ses ordres, c'est plus un général de brigade) chinois à un animal magique, les rois et dirigeants des grands ports doivent en avoir ou connaissent au moins ceux ci. L'effet de subjucation créer par l'apparition de cette chimère devant les tribus qu'il affronte ne devrait pas être aussi intense.
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Collectionneur a écrit:Celui ci donc :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wujing_Zongyao
Juste une critique, si un ''colonel'' (bon, avec 3000 hommes à l'origine sous ses ordres, c'est plus un général de brigade) chinois à un animal magique, les rois et dirigeants des grands ports doivent en avoir ou connaissent au moins ceux ci. L'effet de subjucation créer par l'apparition de cette chimère devant les tribus qu'il affronte ne devrait pas être aussi intense.
Alors là dérompe-toi, à l'origine j'avais la même opinion et puis ma mère m'a expliqué les mentalités dans la région et à l'époque...
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Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Entendu.
Je signale une faute de traduction sur le graphique du 5eme jour de la bataille de Hu à la page 358, chapitre 35 :
Zone incendiée par Ballist = Zone incendiée par baliste
Je signale une faute de traduction sur le graphique du 5eme jour de la bataille de Hu à la page 358, chapitre 35 :
Zone incendiée par Ballist = Zone incendiée par baliste
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
J'y suis pour rie, ,mon cher, ce n'est pas moi qui fait mes infographies et j'ai déjà signalé le problème.
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Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Entendu. Tu à déjà une date de parution prévu pour la suite ?
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
Le tome 2 dépends en partie du travail d'autres personnes, moi je n'ai plus que la réécriture à faire; Donc de mon côté, il me reste plus ou moins une semaine de travail.
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Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
Re: Zhongguo, la Chine antique entre histoire et légende
La Chine de Zhongguo ressemble à celle qui existait entre l'époque des Hans et celle des Songs. Cependant, il s'agit d'un univers mêlant contrées et personnages réels avec des mythes, des légendes et des créatures appartenant au folklore de la Chine ancienne. Le tome 1 s'achevait sur la victoire des Turbans Rouges sur l'usurpateur Gongsun Du. Wu Tan Kai - le héros de la série - doit à présent remplir le devoir de tout noble confucéen en vengeant le meurtre de son père. Toutefois, il apprend que sa mère qu'il croyait morte en lui donnant le jour est prisonnière du frère cadet de l'empereur. Ce nouveau tome va porter l'intrigue du tome 1 à un nouveau paroxysme : assassinats, batailles, machinations ourdies jusque dans le palais impérial, révoltes, coup d'états, invasions barbares, épidémies, famines et luttes entre sectes vont se succéder au fil des pages. Wu Tan Kai réussira à surmonter les épreuves qui l'attendent ou les convulsions qui secouent la dynastie agonisante l'emporteront-elles ?
l'adresse suivante https://www.amazon.fr/dp/B073BR2TVR
La version brochée n'est pas encore disponible en France.
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La version brochée n'est pas encore disponible en France.
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Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
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