[CTC 31] La question d’Orient en 1916

Jérusalem était en liesse et accueillait à bras ouverts l’entrée des forces de l’entente venues d’Égypte ainsi que les cavaliers du Chérif Hussein de La Mecque, qui s’était allié à eux contre les Turcs, Turcs qui venaient juste de fuir la ville, à la grande joie de la communauté arménienne locale… S’installant immédiatement dans le palais du gouverneur ottoman pour en faire sa propre demeure (quelle merveille pour ce fruste habitant du désert), Hussein s’y proclama « Roi de Syrie », ce qui provoqua immédiatement des soulèvements dans le reste de la Grande Syrie encore aux mains d’un empire ottoman alors en pleine déliquescence, véritables dernières convulsions de « l’homme malade de l’Europe ».


À peu près tout le monde trouvait son compte dans le Croissant fertile à la prochaine et inévitable chute de l’Empire turc (Les Russes avançaient en Anatolie après chassés les forces de l’empire rival d’Arménie et la Grèce venait de déclarer la guerre à Constantinople en vue de reprendre cette même ville symbole). Hussein avait promis liberté de culte et protection aux Chrétiens et aux Juifs de son nouveau royaume tandis que les Arabes syriens retrouvaient enfin leur indépendance perdue au XVIème siècle du fait de ces Turcs aujourd’hui vaincus. Enfin, les Arméniens cessaient d’être exterminés…

Les plans du gouvernement de Napoléon IV semblaient se dérouler comme prévu… Lui qui avait envoyés négocier avec Hussein le premier officier du renseignement français issu de la population musulmane d’Algérie, Noureddine Al-Caïd, choisi car justement en tant que musulman, il avait le droit de pénétrer dans la ville sainte de l’Islam. Al-Caïd avait offert l’indépendance aux Arabes syriens en échange de leur soutien dans le plantage de ce qui s’avéra être le dernier clou du cercueil de l’Empire turc, du fait de l’effondrement parallèle des Empires allemands et austro-hongrois du fait de l’offensive de Broussilov, de celle des Franco-britanniques sur la Somme et de la résistance homérique des Français à Verdun.

Pourtant Londres, s’estimant dupé, considérant comme folie l’indépendance offerte aux Arabes car menaçant la route des Indes, complotait déjà conte Hussein. Une première tentative d’assassinat, et ce même avant la conclusion de l’armistice avec la Turquie visa le nouveau roi. Heureusement celle-ci échoua mais elle blessa sérieusement Al-Caïd qui s’était interposé entre l’assassin et le roi. Cet attentat, provoqua un net refroidissement des relations interalliés car on devina aisément la main de Londres derrière la tentative et il fallut toute la force de persuasion des Français pour empêcher Hussein de faire décapiter le colonel Lawrence, l’envoyé britannique.

Tandis que les armistices s’enchaînaient, prélude à celui final signé par l’Allemagne en décembre 1916, Londres commençaient à s’installer en pays conquis en Mésopotamie, mais ne trouvait pas de dynaste local pour y installer une monarchie rivale, mais fantoche, à celle des Hachémites de Jérusalem. Tant pis, on en ferait une colonie ordinaire... Plus efficace fut le soutien à une indépendance des Kurdes, qui avait le mérite d’être déjà accepté par principe par Versailles. D’ailleurs, le Kurdistan nouvellement indépendant, servira de tampon entre les possessions britanniques et l’empire russe désormais maître de l’Anatolie orientale.

Plus sournois, fut la promesse faîtes par le ministre des affaires étrangères britannique, Lord Balfour, à la constitution d’un « foyer national juif » au Levant, le gouvernement Asquith espérant contrebalancer l’influence française sur la Syrie en soutenant la cause sioniste (Londres était déjà protectrice des Juifs de l’empire ottoman). Or, si Hussein avait promis sincèrement libertés et protection aux Juifs de son État, cela ne concernait que ceux qui y étaient déjà installés. Logiquement, le roi refusera toute nouvelle immigration juive et, encore plus certainement, toute amputation de son royaume au profit de ce « foyer national ».

Les négociations de paix de 1917 qui devront se tenir à Strasbourg semblent déjà extrêmement tendus concernant le sort du Levant...

Retour du côté du "Règne de Napoléon IV", intéressant!

DemetriosPoliorcète a écrit:Retour du côté du "Règne de Napoléon IV", intéressant!

Je suppose aussi que c'est cette TL.

Exactement Avec toute fois une inspiration venant du mod de Hearts of Iron IV où la seconde guerre mondiale est gagnée dès 1916 (donc plus optimiste que la première version)

Excellent. Juste une lettre oubliée :

Pourtant Londres, s’estimant dupé, considérant comme folie l’indépendance offerte aux Arabes car menaçant la route des Indes, complotait déjà ''conte'' Hussein

Si il n'y à pas d'état d'israel dans le futur ca pourrait eviter plusieurs conflits dans le future je pense.