Des PoD post guerre froide

Rayan du Griffoul a écrit:Et si les français avaient dit non à Maastricht

Dimanche 20 Septembre 1992

Il est 20h, des dizaines de millions de français sont devant leur télévision. Depuis plusieurs jours les sondages étaient de plus en serrés, entre le OUI et le NON au référendum sur la ratification du traité de Maastricht, devant instituer une Union Européenne. Et ce malgré l’intervention dans la campagne du président François Mitterrand.

Le Couperet tombe, lorsque sur France 2 Paul Amar annonce que le non est majoritaire avec 51.5%.

Une chape de plomb tombe sur les partisans du oui présents sur le plateau, comme Simone Veil qui à du mal à trouver ses mots, alors que Laurent Fabius parle d’un coup d'arrêt au projet européen.

Chez les vainqueurs, c’est l’explosion de joie. Depuis son QG Rue François 1er, Charles Pasqua salue une victoire de la France face aux technocrates, Philippe Séguin reste plutôt modeste. Jean-Pierre Chevènement, autre partisan du non appelle le PS à ne pas rester sourd au message envoyé par les français.

Mais ce qui surprend tous les observateurs ce soir-là, c’est le silence de l’Elysée.

Le lendemain, tous les journaux français et européens titrent sur le résultat français. Tandis qu’un communiqué annonce que le président s’adressera aux français le soir même.

L’allocution présidentielle est assez brève. François Mitterrand prend acte de la décision des Français, et déclare que le processus européen n’est pas mort, mais que de nouvelles négociations sont nécessaires. Il conclut par ces mots.

Mes chers compatriotes. Je me suis engagée en faveur de ce traité. Et vous l’avez rejeté. En conséquence, j’ai pris la décision de me démettre de mon mandat de président de la République. Je prends conscience du poids de ma décision, mais elle s’impose. Française, français, je n’oublierai jamais le moindre jour pendant ses onze ans où je vous ai représenté. Merci et longue vie à vous et à notre pays
Vive la République Vive la France.

Alors qu’il s'apprêtait à quitter son poste, d’ici quelques jours, le président du Sénat Alain Poher se voit contraint pour la troisième fois d'assurer l'interiem à la tete du pouvoir.

Cette présidentielle anticipée, douche les espoirs des autres membres de la CEE, de voir rapidement un second référendum. Mais surtout elle a accéléré les grandes manœuvres politiques.

Dans la foulée de la démission, le duo Pasqua-Séguin parachève son OPA sur le RPR. En ayant pris position pour le oui, alors que les trois quarts des militants gaullistes ont voté non, Jacques Chirac est poussé à la démission. Charles Pasqua est élu président du parti gaulliste et propose à Philippe Séguin d’être le candidat RPR à la présidentielle.

Le premier tour est fixé au 25 Octobre, le second le 7 Novembre.

A droite les partisans du oui se regroupent autour de Valéry Giscard d’Estaing qui est investi par l’UDF et qui reçoit le soutien de plusieurs cadres du RPR comme Alain Juppé, Edouard Balladur ou Nicolas Sarkozy. Alors qu’a contrario des membres de l’UDF comme Philippe de Villiers, soutiennent la candidature de Philippe Séguin.

Du côté du PS, “le candidat naturel” Michel Rocard, fut investi. Celui-ci parle même d’un nouveau traité, ce qui fait grincer des dents du côté de la commission européenne. Alors que VGE annonce qu’en cas d'élection, il consultera de nouveau le peuple français sur ce même texte.

Jean-Pierre Chevènement déclare sa candidature déclarant vouloir représenter le “peuple de gauche qui à non”. Il prend de vitesse le PCF, qui au final décide de soutenir l’ancien ministre de la défense.

Parmi les autres candidats, l’écologiste Antoine Waechter (qui sera le seul à ne pas consacrer sa campagne à l’Europe) réussi à obtenir de justesse ses 500 signatures, ce qui ne sera pas le cas de Jean-Marie Le Pen ou d’Arlette Laguiller, qui n’eurent pas le temps d’obtenir les parrainages des élues.

Avec à peine 5 candidats, cette présidentielle est celle qui compte le moins de candidats depuis 1958 (qui s'était disputé au suffrage indirect)

Le 25 Octobre Philippe Seguin arrive en tête avec 30% des voix. En seconde position Michel Rocard se qualifie pour le second tour avec 23%. Giscard ne rassemblant que 20%, tandis que Chevènement rassemble 15% et Waechter 12%...

A suivre