Le Phénix impérial
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Anaxagore
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Le Phénix impérial
Au champ d'honneur
« L'Enfer s'était abattu sur Terre. Nos canons avaient transformé la Cité en un immense brasier tandis que nous étions entourés des cadavres des soldats français déchiquetés par notre artillerie.
Mais le pire, c'est qu'au milieu de cet Apocalypse, des soldats ennemis parvenaient, Dieu sait comment, à trouver la force de se redresser entre chaque déchaînement de notre artillerie, et de continuer la lutte, fauchant nombre des nôtres.
Cette résistance que nous jugions futile, et la mort en masse de nos camarades, parfois du fait de civils français combattant de concert avec les militaires, nous transforma dès lors en bêtes sauvages.
C'est instinctivement, tels des animaux, que nous appuyâmes sur la gâchette de nos fusils lorsque nous entreprîmes de fusiller les civils que nous jugions, parfois à tort, comme des Francs-Tireurs ayant participé aux combats.
Puisse Le Tout-Puissant nous pardonner ce que nous fîmes ce jour là... »
Mais le pire, c'est qu'au milieu de cet Apocalypse, des soldats ennemis parvenaient, Dieu sait comment, à trouver la force de se redresser entre chaque déchaînement de notre artillerie, et de continuer la lutte, fauchant nombre des nôtres.
Cette résistance que nous jugions futile, et la mort en masse de nos camarades, parfois du fait de civils français combattant de concert avec les militaires, nous transforma dès lors en bêtes sauvages.
C'est instinctivement, tels des animaux, que nous appuyâmes sur la gâchette de nos fusils lorsque nous entreprîmes de fusiller les civils que nous jugions, parfois à tort, comme des Francs-Tireurs ayant participé aux combats.
Puisse Le Tout-Puissant nous pardonner ce que nous fîmes ce jour là... »
Florian Kunhauser (Soldat bavarois), Récit de la guerre de 1870.
1er Septembre 1870
Aux environs de Sedan,
Napoléon III avait cherché en vain à mourir toute la journée. Cependant, bien qu'il se fut exposé plus d'une fois aux balles et aux obus prussiens, en montant sur des hauteurs visées par les tirs des ennemis de la France, il était toujours en vie quand, croyant que la mort ne voulait pas de lui, il se décida à rentrer au QG de l'Armée de Chalons, en fait, la sous-préfecture de la ville de Sedan.
Mais le dirigeant français avait en fait rendez-vous avec son destin...
Arrivé à proximité d'un pont visé par l'artillerie prussienne, une explosion eut lieu à l'endroit exact où se situait l'Empereur des Français. Une fois la fumée dissipée, il ne restait plus qu'une masse informe de chair et de viscères. Les témoins de la scène furent incapables de distinguer le cavalier de sa monture...
A Sedan même, le commandant en chef de l'Armée de Chalons, en fait le troisième en l'espace d'une journée, Emmanuel Félix de Wimpffen, continuait à vouloir tenir coûte que coûte ses positions alors que les malheureux soldats français se faisaient déchiqueter par l'artillerie ennemie sans pouvoir riposter. La nouvelle de la mort de l'Empereur ne l'ébranla même pas dans sa criminelle détermination à demander l'impossible à ce qui était désormais plus une masse humaine sans hiérarchie et sans discipline qu'une armée. Masse humaine qui, de plus, fuyait désormais désespérément vers la ville de Sedan pour n'y trouver qu'un bien précaire abri...
Le lendemain 2 Septembre, von Moltke, le commandant en chef des armées allemandes coalisées, voyant que le bombardement d'enfer qu'il faisait subir à l'armée française ne résolvait pourtant pas les Français à la capitulation, ordonna l'assaut général.
L'Armée française montra dans la dernière phase de la bataille de Sedan, le meilleur comme le pire. Alors que des groupes d'hommes (on ne peut plus parler de régiments dans ce chaos indescriptible) se rendaient sans combattre, généralement les hommes des grandes villes n'ayant eu qu'une instruction militaire de base, vu le système de conscription archaïque de la France. D'autres, les soldats de métiers, se battirent jusqu'à la dernière cartouche pour défendre le QG de de Wimpffen qui prit d'ailleurs lui-même le commandement d'une dernière charge suicidaire à la baïonnette contre les assaillants prussiens, une fois les munitions épuisées.
Cette épisode fameux fut immortalisé par le peintre Alphonse de Neuville dans son œuvre "La dernière charge".
Les Coalisés germaniques subirent eux-mêmes des pertes terrifiantes, ayant du parfois nettoyer les maisons une par une, au corps à corps. Guillaume de Prusse eut d'ailleurs ses mots « Si Mars-la-Tour fut le tombeau de ma garde, Sedan fut celui de toute mon armée. Puisse Dieu faire s'arrêter cette guerre maintenant... »
Ce n'est qu'une fois le carnage terminée, et l'Armée de Chalons détruite, que les Allemands apprirent la mort de Napoléon III et firent parvenir la nouvelle au Monde.
La cruauté prussienne, désormais celle de tous les Allemands, s'abattit sur les courageux habitants de la ville en ruine, qui eurent comme seul tort de combattre pour leur pays. Les armées du Roi Guillaume assassinèrent ainsi près d'une centaines de civils, rien qu'à Sedan...
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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LFC/Emile Ollivier- Messages : 2706
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Blackswordzero aime ce message
Re: Le Phénix impérial
Chouette intro. J'aime bien les citations.
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
Re: Le Phénix impérial
Merci Thomas. Chaque chapitre sera introduit par une citation, tout comme le livre lfc
LFC/Emile Ollivier- Messages : 2706
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Re: Le Phénix impérial
Le rapace sauve l'aigle
« César tombera de son trône construit avec les ossements du peuple ! »
Brutus dans le pamphlet, Pour de nouvelles ides de Mars, diffusé dans l'Empire français depuis la Belgique. 1871
3 Septembre 1870
Paris,
Après avoir un temps cru à une grande victoire de Mac-Mahon suite à la transmission d’une fausse rumeur, Paris apprit du soir la triste réalité. L’armée française avait été écrasé et, comme l’expliquait les placards affichés partout dans la capitale, l'Empereur "est tombé glorieusement à la tête de ses troupes."
Le Corps législatif, lui, avait appris la nouvelle par la voix de Palikao depuis plusieurs heures déjà et ne cessait de délibérer dès lors. Palikao savait son gouvernement en danger car 2 oppositions lui faisait face. Celle des Républicains, dont l’un des députés, Jules Favre, a proposé la déchéance de la dynastie Bonaparte, motion qui n’a néanmoins même pas été étudiée par les députés qui préférèrent, du moins en ce qui concerne les députés du centre, se ranger derrière l’autre meneur de l’opposition, Adolphe Thiers. Celui-ci n’évoquait pas un changement de Régime mais réclamait la formation d’un nouveau gouvernement, composé de toutes les couleurs politiques composant le Corps législatif. Il se doute bien que les Républicains refuseront de participer à un gouvernement impérial tandis que la droite refusera elle aussi certainement d’intégrer ce nouveau gouvernement.
Thiers voyant son heure arriver, tomba le masque. Il avait refusé quelques jours plus tôt de prendre la tête du gouvernement de l'Empire, que lui avait proposé l'Impératrice-Régente car ne voulant pas s'associer à un Régime moribond. Or, l'Empereur était mort, ses armées vaincues ou encerclées, son héritier étant un jeune homme de 14 ans qu'il pensait pouvoir manipuler facilement. Il se décida alors de passer à l'action avant que d'autres, il pensait notamment aux Républicains, ne puissent profiter de la situation.
Palikao, sentant la situation lui échapper, fit ajourner la séance au lendemain, 4 Septembre...
Pendant ce temps, on apprit que le fils de Napoléon III, désormais l'Empereur Napoléon IV, se trouvaient à Landrecies, ville lui ayant fait un accueil triomphal, se démarquant ainsi de la plupart des villes qu'il avait traversé depuis le début de la guerre. On télégraphia la nouvelle de la mort de Napoléon III à son fils et on lui demande de rentrer en urgence à Paris.
Vu l'urgence, on ne pensa même pas à ménager l’adolescent de 14 ans qui venait de perdre son père en lui annonçant froidement sa disparition… Mais le héros de Sarrebruck avait déjà montré son courage.
Thiers travailla toute la nuit avec ses principaux lieutenants lui permettant le lendemain, de se présenter à l’impératrice-régente avec la liste des membres du futur gouvernement. La manière dont ce nouveau Cabinet fut constitué respecta à la lettre la Constitution approuvée par plébiscite en Mai. Eugénie, vu la situation, savait qu’elle ne pouvait faire face à une fronde parlementaire en des heures aussi tragiques et accepta de nommer Thiers à la tête d’un gouvernement d’union des centres.
De plus, Eugénie était aussi une fidèle épouse. Effondrée par la mort de son mari, était-elle dès lors réellement en état de pouvoir résister à l'infâme Thiers ?
Chef du gouvernement, Thiers s'attribua le portefeuille de l’intérieur car il était désireux de faire régner directement l’ordre dans le pays. Il décida aussi de rappeler au gouvernement Buffet et Daru qui s’étaient opposés au plébiscite du 8 Mai afin de montrer aux Mamelouks, les tenants d'un pouvoir impérial fort, qu'ils devaient désormais faire face à un gouvernement constitutionnel issu des rangs du Corps législatif. Il s’entoura également de personnalités ayant signés l’interpellation des 116, pour un Empire libéral.
En parallèle, il décida de nommer un Ministre des affaires étrangères qui n’avait pas voté la guerre contre la Prusse en la personne d'Eugène Chevandier de Valdrome. Et ce, dans l’espoir que cela infléchira les Allemands vers une paix de compromis sans annexion.
À peine nommé, ce dernier prit la direction de l'est, de Bismarck et des armées envahissant la France.
Mais politique extérieure équivalait à politique intérieure en ces temps troublés. Thiers jouant sur les deux tableaux avec Valdrome. En effet, il fut également un Ministre de l'intérieur à poigne qui tînt tête en personne à l'émeute républicaine du 12 Janvier précédent. En revanche, il ne rappela pas Emile Ollivier, l’ancien chef du gouvernement, craignant que celui-ci ne lui fasse de l’ombre tout en le sachant haï de presque tous...
Mais l'émeute menacait. Déjà, celle-ci avait triomphé à Marseille et Lyon. Cependant, le chef du gouvernement savait également que ces « victoires » ne représentaient rien si le gouvernement central à Paris tenait bon. Thiers, fin politique, s'adjoignit les services de Trochu, gouverneur militaire de Paris, Orléaniste de cœur, à défaut de raison, et en fit son Ministre de la guerre. À deux, ils décidèrent de s'appuyer sur les troupes fidèles à l'Empire qui tenaient la capitale pour défendre le Corps législatif.
La foule fut ainsi rapidement dispersée. Victor Hugo, prêta ses mots, sans doute apocryphes, à Thiers qui, répondant à Trochu qui lui demandait comment traiter les émeutiers, aurait répondu « Comme les Protestants ! » dans son pamphlet « Le 4 Septembre ou la Saint-Barthélemy de notre temps ».
L'exilé ne se fit d'ailleurs pas prier pour signaler que les de Reffye utilisées contre les Parisiens, ne l'étaient pas contre les Prussiens...
L'émeute dispersée et le Palais Bourbon sauvé de l'envahissement, Thiers put se présenter comme un gage d'ordre devant les Députés et rapidement face à l'opinion conservatrice. Le Corps législatif vota à la quasi-unanimité, sur sa proposition, la déchéance de leur mandats aux 10 députés républicains de la chambre avant de les faire arrêter par les gardes.
C'est le « Lit de justice » qu'avait envisagé Ollivier en Août !
En parallèle, victorieux à Paris, il s'appuya sur le télégraphe pour transmettre ses ordres aux garnisons de Marseille et Lyon en vue de peaufiner la contre-attaque et d'y réprimer l'insurrection.
Adolphe semblait oublier que la France était en guerre avec les Coalisés germaniques…
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LFC/Emile Ollivier- Messages : 2706
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Blackswordzero aime ce message
Re: Le Phénix impérial
Ah le voila le fameux rebout
Ça m'a l'air plus fourni ma foi.
Vivement la suite
Ça m'a l'air plus fourni ma foi.
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Re: Le Phénix impérial
Chose promise... Merci en tout cas de ton passage
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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LFC/Emile Ollivier- Messages : 2706
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Re: Le Phénix impérial
Hum, les Germains ont ils les ressources pour marcher sur Paris pour profiter du chaos comme en IRL ? Leurs pertes semblent plus lourdes que dans la réalité.
Re: Le Phénix impérial
La réponse bientôt
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LFC/Emile Ollivier- Messages : 2706
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Re: Le Phénix impérial
Deux oppositions lui faisaient face !
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Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
Anaxagore- Messages : 2228
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Re: Le Phénix impérial
Et oui, voici l'inattendu retour du "Phénix impérial", nouvelle mouture du règne de Napoléon IV ! J'ai envie de faire une pause dans LFC en ce moment.
« C’est le cœur lourd que je vous dis qu’il faut trouver une issue à ce conflit ! »
Adolphe Thiers devant le corps législatif.
Thiers, désormais chef du gouvernement, travaille depuis plusieurs jours, avec l’aide de l’impératrice-régente, à trouver un moyen d’arrêter ce qu’il considère comme une « folie militaire ».
Thiers est parvenu à convaincre Eugénie d’accepter l’unité allemande, qui est déjà un fait accompli car le Royaume de Bavière, du Wurtemberg et le Grand-Duché de Bade sont alliés à la Prusse dans cette guerre. Mais la nomination de Chevandier de Valdrome et la reconnaissance par la France de l’unité de l’Allemagne, sous n’importe quelle forme, seront-t-ils suffisants pour les Allemands ?
Thiers en doute mais il espère tout de même convaincre le chancelier Bismarck en lui faisant craindre la proclamation de la république à Paris en cas de poursuite du conflit et une extension de la révolution au reste de l’Europe. En effet, la révolution a déjà été évitée de justesse le 4 septembre, après l’annonce de la déroute de Sedan, et Thiers sait qu’il sera balayé si les républicains prennent le pouvoir. Paris n’a pas été la seule ville secouée par des troubles révolutionnaires, Lyon, Marseille et Bordeaux ont vus une foule se faire contenir difficilement par les forces de l’ordre à l’annonce de l’anéantissement de l’armée impériale.
D’ailleurs la première décision de Thiers en tant que chef du gouvernement et ministre de l’intérieur a été de proclamer l’État de guerre dans tout le pays !
Convaincre l'Impératrice, désormais veuve, de mettre fin à la guerre prend du temps. Heureusement, les Allemands, eux, progressent en terrain hostile et avancent donc relativement lentement.
Déjà des rumeurs font état de l’action des francs-tireurs contre les soldats allemands isolés en patrouille et des représailles que ceux-ci exercent contre les civils et les francs-tireurs capturés.
Dans le même temps, la presse britannique (de plus en plus favorable à la France), par la voix du journaliste Forbes, a rendu-compte officiellement d’un massacre de civils à Bazeilles, où la population civile a soutenu les Marsouins contre les troupes bavaroises lors de bataille de Sedan.
Et c’est sans compter sur les villes-forteresses qui soutiennent le siège imposé par l’envahisseur !
Francs-Tireurs vosgiens en action
Mais la France a beau se dresser contre l'ennemi, son chef du gouvernement est prêt à accepter une paix honteuse pour maintenir l'ordre dans le pays.
Il ne pense qu'à une chose.
Récupérer l'armée de Bazaine, fidèle au régime impérial, pour pouvoir asseoir son pouvoir face aux républicains. Paris n'a certes pas renversé l'empire le 4 septembre, mais le tonnerre gronde toujours dans la capitale.
Et pendant que l’on tergiverse au palais Bourbon, les Prussiens ou, plutôt, les Allemands, approchent de la capitale…
En effet, la politique continue à prévaloir à Paris et une session extraordinaire du corps législatif a lieu en présence du nouvel empereur. Le souverain doit en effet tenir son discours d'investiture aux représentants de la Nation.
L'empereur Napoléon IV
Il a beaucoup d’assurance pour quelqu’un de son âge. Il prête serment sur la constitution de l’empire qu’il s’engage à respecter puis il sous-tend que l’impératrice-régente ne s’opposera plus aux décisions des députés et du gouvernement.
En une sorte d’exécutif « d’enregistrement »...
La France devient donc l'égale du Royaume-uni, où le monarque règne mais ne gouverne plus...
Enfin, c’est au tour du chef du gouvernement de parler. Son discours est un éloge du parlementarisme et du libéralisme.
Thiers explique que compte-tenu de la situation, les Français ne seront consultés sur la succession qu’une fois le conflit terminé puis il conclut son discours en ses termes.
« L’Empire sera libéral ou ne sera plus ! ».
Des cris s’élèvent alors des rangs des Bonapartistes autoritaires et Jérôme David demande une motion de censure à l’encontre du gouvernement mais Thiers parvient à éviter son vote sous prétexte que des questions plus urgentes sont à l’ordre du jour comme trouver les moyens de défendre la capitale (dont la mise en défense, qui avançaient à grand pas sous le ministère Palikao, s’est brusquement arrêtée après les troubles du 4...) ou bien la lecture des rapports sur les rumeurs de coups de mains menés par l’armée de Bazaine contre ses assiégeants.
Il confirme la mission de paix dont est chargé Chevandier de Valdrome.
« C’est le cœur lourd que je vous dis qu’il faut trouver une issue à ce conflit ! » Dans une sorte de parodie de bas étage du discours martial d’Ollivier de juillet...
Le Corps législatif en 1869.
Le Plan de Thiers
« C’est le cœur lourd que je vous dis qu’il faut trouver une issue à ce conflit ! »
Adolphe Thiers devant le corps législatif.
Thiers, désormais chef du gouvernement, travaille depuis plusieurs jours, avec l’aide de l’impératrice-régente, à trouver un moyen d’arrêter ce qu’il considère comme une « folie militaire ».
Thiers est parvenu à convaincre Eugénie d’accepter l’unité allemande, qui est déjà un fait accompli car le Royaume de Bavière, du Wurtemberg et le Grand-Duché de Bade sont alliés à la Prusse dans cette guerre. Mais la nomination de Chevandier de Valdrome et la reconnaissance par la France de l’unité de l’Allemagne, sous n’importe quelle forme, seront-t-ils suffisants pour les Allemands ?
Thiers en doute mais il espère tout de même convaincre le chancelier Bismarck en lui faisant craindre la proclamation de la république à Paris en cas de poursuite du conflit et une extension de la révolution au reste de l’Europe. En effet, la révolution a déjà été évitée de justesse le 4 septembre, après l’annonce de la déroute de Sedan, et Thiers sait qu’il sera balayé si les républicains prennent le pouvoir. Paris n’a pas été la seule ville secouée par des troubles révolutionnaires, Lyon, Marseille et Bordeaux ont vus une foule se faire contenir difficilement par les forces de l’ordre à l’annonce de l’anéantissement de l’armée impériale.
D’ailleurs la première décision de Thiers en tant que chef du gouvernement et ministre de l’intérieur a été de proclamer l’État de guerre dans tout le pays !
Convaincre l'Impératrice, désormais veuve, de mettre fin à la guerre prend du temps. Heureusement, les Allemands, eux, progressent en terrain hostile et avancent donc relativement lentement.
Déjà des rumeurs font état de l’action des francs-tireurs contre les soldats allemands isolés en patrouille et des représailles que ceux-ci exercent contre les civils et les francs-tireurs capturés.
Dans le même temps, la presse britannique (de plus en plus favorable à la France), par la voix du journaliste Forbes, a rendu-compte officiellement d’un massacre de civils à Bazeilles, où la population civile a soutenu les Marsouins contre les troupes bavaroises lors de bataille de Sedan.
Et c’est sans compter sur les villes-forteresses qui soutiennent le siège imposé par l’envahisseur !
Francs-Tireurs vosgiens en action
Mais la France a beau se dresser contre l'ennemi, son chef du gouvernement est prêt à accepter une paix honteuse pour maintenir l'ordre dans le pays.
Il ne pense qu'à une chose.
Récupérer l'armée de Bazaine, fidèle au régime impérial, pour pouvoir asseoir son pouvoir face aux républicains. Paris n'a certes pas renversé l'empire le 4 septembre, mais le tonnerre gronde toujours dans la capitale.
Et pendant que l’on tergiverse au palais Bourbon, les Prussiens ou, plutôt, les Allemands, approchent de la capitale…
En effet, la politique continue à prévaloir à Paris et une session extraordinaire du corps législatif a lieu en présence du nouvel empereur. Le souverain doit en effet tenir son discours d'investiture aux représentants de la Nation.
L'empereur Napoléon IV
Il a beaucoup d’assurance pour quelqu’un de son âge. Il prête serment sur la constitution de l’empire qu’il s’engage à respecter puis il sous-tend que l’impératrice-régente ne s’opposera plus aux décisions des députés et du gouvernement.
En une sorte d’exécutif « d’enregistrement »...
La France devient donc l'égale du Royaume-uni, où le monarque règne mais ne gouverne plus...
Enfin, c’est au tour du chef du gouvernement de parler. Son discours est un éloge du parlementarisme et du libéralisme.
Thiers explique que compte-tenu de la situation, les Français ne seront consultés sur la succession qu’une fois le conflit terminé puis il conclut son discours en ses termes.
« L’Empire sera libéral ou ne sera plus ! ».
Des cris s’élèvent alors des rangs des Bonapartistes autoritaires et Jérôme David demande une motion de censure à l’encontre du gouvernement mais Thiers parvient à éviter son vote sous prétexte que des questions plus urgentes sont à l’ordre du jour comme trouver les moyens de défendre la capitale (dont la mise en défense, qui avançaient à grand pas sous le ministère Palikao, s’est brusquement arrêtée après les troubles du 4...) ou bien la lecture des rapports sur les rumeurs de coups de mains menés par l’armée de Bazaine contre ses assiégeants.
Il confirme la mission de paix dont est chargé Chevandier de Valdrome.
« C’est le cœur lourd que je vous dis qu’il faut trouver une issue à ce conflit ! » Dans une sorte de parodie de bas étage du discours martial d’Ollivier de juillet...
Le Corps législatif en 1869.
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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LFC/Emile Ollivier- Messages : 2706
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Re: Le Phénix impérial
J'ai pensé la même chose.
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Anaxagore- Messages : 2228
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Re: Le Phénix impérial
En effet, c'est bien la triste source d'inspiration de cette phrase. Mais vu le contexte, Thiers s'inspire du cœur léger d'Ollivier.
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Re: Le Phénix impérial
Merci Alex et encore bienvenu !
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Re: Le Phénix impérial
Les pourparlers de paix
Sur ordre du chef du gouvernement, Eugène Chevandier de Valdrome, nommé par celui-ci à la tête de la diplomatie française, arrive dans un château situé près de Château-Thierry, dans lequel Bismarck s'est installé.
Celui-ci cumule les mérites d'être à la fois un libéral, un homme à poigne qui n'a pas hésité à prendre la tête de la troupe pour disperser l'émeute républicaine consécutive à la mort de Victor Noir mais surtout, de s'être opposé à la guerre contre la Prusse.
Le nouveau chef du gouvernement l'a chargé de négocier avec Bismarck les conditions de paix les moins désavantageuses possibles pour la France en échange de la reconnaissance de l'unité allemande autour de la Prusse.
Une suspension d'armes est demandé pour permettre à Valdrome de franchir les lignes allemandes et de s'entretenir avec le « Chancelier de fer ».
Bismarck accueille le ministre français avec hauteur. Il menace même un moment de faire raser Metz, Strasbourg et Toul si le gouvernement impérial ne dispose pas, comme préliminaire à la poursuite des négociations, à livrer ses places aux troupes allemandes.
Valdrome est impressionné mais en réalité, l'attitude du junker prussien masque sa grande inquiétude et sa volonté de conclure au plus vite. En effet, le Chancelier ne veut pas que son pays s'enlise dans une longue guerre d'usure et il sent les Français disposés à céder sur l'essentiel, à savoir l'unité allemande autour de Berlin.
D'autant qu'il est conscient qu'après l'échec révolutionnaire du 4 septembre la France mobilise ses forces vives, jusque là épargnée par le fait que l'armée française était une troupe professionnelle, comme l'a montré sa tenue jusqu'ici.
En effet, les Allemands ont détruit l'armée de Napoléon III à Sedan et a isolé celle de Bazaine dans Metz mais cela au prix de pertes terrifiantes sous le coup des redoutables chassepots.
Mais Bismarck veut également que la paix soit victorieuse, afin de cimenter l'unité allemande autour d'un contentieux avec Paris et pousser définitivement la Bavière dans les bras de la Prusse.
Bismarck reste donc ferme en qui concerne la cession de l'Alsace et de la Moselle au nouvel État allemand pour prix de la conclusion de toute paix définitive.
Chevandier, en tant que patriote français, est prêt à rejeter fermement le diktat du Prussien.
Mais il n'est que ministre, il doit donc rendre des comptes au chef du gouvernement, bien plus disposé que lui à capituler, il le sait.
Le ministre français reprend donc la route de Paris. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'un évènement décisif vient d'y avoir lieu...
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LFC/Emile Ollivier- Messages : 2706
Date d'inscription : 26/03/2016
Age : 35
Re: Le Phénix impérial
J'ai hâte de voir la suite !
Trixy- Messages : 107
Date d'inscription : 01/06/2019
Re: Le Phénix impérial
Passionnant ! La suite ! La suite !
Et si la France- Messages : 3
Date d'inscription : 12/05/2020
Re: Le Phénix impérial
une suite ?
Erriep Tanlag- Messages : 53
Date d'inscription : 05/07/2017
Age : 42
Re: Le Phénix impérial
salut super histoire mais je voulais savoir si tu aller la continuer
Amon luxinferis- Messages : 551
Date d'inscription : 17/08/2020
Re: Le Phénix impérial
Salut !
En fait je suis concentré sur LFC pour le moment.
Peut être un jour
En fait je suis concentré sur LFC pour le moment.
Peut être un jour
_________________
1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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LFC/Emile Ollivier- Messages : 2706
Date d'inscription : 26/03/2016
Age : 35
Collectionneur aime ce message
Re: Le Phénix impérial
Emile Ollivier a écrit:Salut !
En fait je suis concentré sur LFC pour le moment.
Peut être un jour
OK il y a pas de soucis
Amon luxinferis- Messages : 551
Date d'inscription : 17/08/2020
LFC/Emile Ollivier aime ce message
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