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Mars-la-Tour - 16 août 1870

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Mars-la-Tour - 16 août 1870 Empty Mars-la-Tour - 16 août 1870

Message par galileo Jeu 26 Mai - 19:34

C'est un sujet que j'avais déjà initié sur AH.com et que j'espère relancer içi. La plupart du texte vient du sujet original, mais cela fait un certain moment que je ne me suis pas penché sur le sujet, presque 4 ans.

La bataille de Mars-la-Tour a été décrite par des contemporains comme une opportunité manquée, un tournant de la guerre de 1870.

Après les défaites initiales, Napoléon III et l'Armée du Rhin se retirent à Metz. Ici, l'Empereur donne à Bazaine le commandement de cette armée (Canrobert a décliné) avec pour mission de l'amener à Chalons pour se joindre à l'armée qui s'y constitue. Mais Bazaine a plutôt l'intention de livrer bataille sous les murs de Metz et retarde la retraite. Une des premières conséquences est la bataille de Borny le 14 août qui fixe une partie des forces françaises tandis que les Prussiens franchissent la Moselle plus au sud, vers Pont-à-Mousson.
Dans la nuit du 15 au 16 août, des escarmouches ont lieue entre l'avant-garde du IIIe Corps de von Alvensleben et des éléments français aux environs de Mars-la-Tour. La même nuit, le cortège de Napoléon III, en route pour Verdun, traverse sans s'en rendre compte les lignes ennemies mais arrive sans encombre à destination, où il prend le train pour Chalons (la voie ferrée entre Metz et Verdun n'a pas encore été achevée).

La bataille commence pour les Prussiens sur une méprise. Von Alvensleben croit avoir en face de lui l'arrière-garde de l'armée française, sensée se diriger vers Verdun, et décide d'engager le combat. Mais, faute à Bazaine, l'armée du Rhin est restée près de Metz, et le Prussien affronte en fait le gros de l'armée. De fait, si le Corps de Frossard supporte seul les combats de la matinée, il est rejoint à partir de midi par le reste de l'armée, Canrobert, Ladmirault ... Au plus haut, les Francçais aligneront presque 130,000 hommes; les renforts Prussiens seront plus lent à venir, et ils n'aligneront pas plus de deux corps, soit pas plus de 80,000 hommes. En fait, le gros de l'armée prussienne n'arrivera que dans la nuit et le lendemain.

Mars-la-Tour - 16 août 1870 583px-Battle_of_Mars-la-Tour_map

Plusieurs occasions ce jour-ci auraient pu mener à une victoire stratégique et changer le cour de la guerre.

La meilleure opportunité du jour reste l'issue du combat du Ravin du Poirier, situé à l'ouest du champ de bataille.
A 17 heures, la 38ème brigade de von Schwartzkoppen lance une attaque sur ce qui paraît être le flanc droit des Français, en réalité le flanc gauche du 4ème Corps de Ladmirault. Après avoir traversé un plateau, la brigade doit traverser un ravin avant d'arriver sur les lignes françaises.
Mars-la-Tour - 16 août 1870 Cuve_attaque
Une fois au fond de ce 'Ravin du Poirier' à l'époque, les Prussiens parviennent à gravir la pente au prix de lourdes pertes et menacent d'emporter les positions française quand l'arrivée du Corps de Cissey renverse la situation. Pour les Prussiens, la débâcle commence. Poursuivis à travers le ravin, ils tentent de reformer une ligne et lancent ce qui reste d'une cavalerie déjà fort éprouvée par les combats qui se déroulent plus à l'est dans deux contre-attaques qui finissent en échec.
Mars-la-Tour - 16 août 1870 Cuve_retraiteMars-la-Tour - 16 août 1870 Cuve_charges
A ce moment, la 38ème brigade n'existe plus et il n'y a rien qui se tienne entre le 4ème Corps de Ladmirault et Tronville. Toutefois, le général croit qu'il y a là la IIIème Armée prussienne (qui se trouve en fait à Bar-le-Duc, bien loin de là) et ordonne d'arrêter la progression: il manque là l'occasion d'encercler von Alvensleben.
Mars-la-Tour - 16 août 1870 Iiird-corps-surrounding-png


Ce n'est là qu'une occasion.
Il y en a plusieurs autres que je n'ai pas exploré autant mais qui retiennent l'attention.

La première est une attaque de Canrobert en début d'après-midi visant à rejeter les Prussiens, éprouvés par les combats de la matinée, vers Gorze. L'attque a été annulée par Bazaine, mais aurait eu de bonnes de chances d'aboutir et de précipiter la fin de la bataille. Cette perspective m'a fait penser qu'éliminer Bazaine de l'équation ce jour là aurait été bénéfique, d'où la proposition suivante.

Au cours de la journée, Bazaine a manqué d'être ou tué ou capturé. En effet, à un moment, un projectile le manque de peu et tue son cheval sous lui. A un autre moment, alors qu'il visite les lignes en avant de Rezonville, ils est encerclé par les hussards de von Reden et est sauvé in extremis par les cavaliers de la Garde. L'idée de retirer Bazaine du jeu a pour principal objectif d'amener l'armée du Rhin à Chalons. A priori, le commandement irait à Canrobert. Une fois la victoire acquise, je pense Canrobert plus prompt à suivre les ordres de l'Empereur de se retirer sur Verdun avant de transporter l'armée à Chalons, encore qu'il faille qu'il en ait connaissance, au cas où on pourrait supposer qu'il utiliserait la journée du 17 pour se réorganiser. N'étant pas Bazaine, il pourrait se porter au sud vers Pont-à-Mousson ou se cantonner sur ses positions pour couvrir la route de Verdun et se retrancher.

Il y aussi la possibilité que la victoire, dans le scénario Ravin du Poirie avec Bazaine hors du jeu en prime, poussant les Prussiens à retraverser la Moselle, soit si importante que l'investissement de Metz soit prévenu et que MacMahon soit pressé par Eugénie de se porter sur Metz avec autant plus de raison. Toutefois, outre le fait que je doute que Canrobert aille si loin, je pense qu'il y aurait toujours moyen pour les Prussiens d'envoyer les IIIe et IVe Armées contre l'Armée de Chalons, tout en gardant les Ie et IIe pour fixer l'Armée du Rhin en dépit de l'échec à encercler Metz; la stratégie est plus risquée mais faisable.

Il reste plus probable que Canrobert cherche à éviter l'affrontement, au contraire de Bazaine, et se retire sur Chalons.
Ainsi, à la jonction des deux armées, on obtient un groupe de presque 230,000 hommes. Le plan original de se retirer sur Paris serait alors de mise. A noter que les Prussiens pourraient sans doute adjoindre la IIe Armée à leur marche sur Paris, n'ayant pas de forces d'importance sur leurs arrière; il resterait à la Ie Armée la tâche de réduire les places fortes qui tiennent encore (Metz et Strasbourg en premier lieu) et protéger les lignes de communication et d'approvisionnement vers l'Allemagne (un sérieux problème historiquement).

La suite: Paris.
Avec trois armées, les Allemands approchent les 300,000 hommes, contre plus de 260,000 hommes (environ 9 corps plus une troupe de marine) de l'Armée Impériale française, qui peut aussi compter sur presque 400,000 auxiliaires, d'une valeur militaire discutable mais qui fournissent un appoint sensible pour les tâches subalternes, sans oublier la ceinture de forts de la capitale dont l'artillerie lourde surclasse l'artillerie de campagne des Allemands. Comptant sur ce bilan, tout investissement de la capitale paraît voué à l'échec.
La seule chance des Prussiens d'obtenir la victoire décisive qu'il cherchent serait d'affronter l'armée française sur le champ de bataille, mais il est peu probable que celle-ci, instruit de son infériorité tactique, abandonne l'avantage que lui procure l'artillerie lourde des forts de la ceinture. Dès lors, toute tentative d'investir la ville exposerait les unités avancées allemandes à une attaque française depuis Paris, étant compris que les assiégés ont l'avantage des lignes intérieures matérialisées par les chemins de fer de la ceinture.
Je dois citer içi l'uchronie d'Antoine Reverchon, "La France pouvait-elle gagner en 1870?" qui expose un scénario similaire, à ceci près que les forces françaises sont plus faibles (160,000 réguliers au lieu de 260,000).

Stratégiquement, la situation est loin d'être idéale pour les Allemands: ils avancent en territoire hostile et leurs lignes de communication sont fragile en raison de la résistance des places de Lorraine et d'Alsace sans compter l'activité des Franc-tireurs. On s'oriente donc vers une paix blanche. La France conserve l'Alsace, les Prussiens unifient l'Allemagne à leur profit, et à part une inimitié mutuelle exacerbée, on évite le traumatisme de 1870. Sur le plan politique, le Second Empire survit, et sur le plan colonial, pas de pause dans l'expansion.

Quelques liens :
http://shw-woippy.net/pdf/cg4_rezonville.pdf
http://mlt1870.chez-alice.fr/bataille.htm
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Message par galileo Jeu 26 Mai - 19:37

Oh, juste un détail, les deux fils de Bismarck (Herbert et Guillaume) ont combattus à Mars-la-Tour; Herbert fut blessé au Ravin du Poirier.
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Message par galileo Jeu 26 Mai - 22:30

En survolant quelques pages web sur la topographie des lieux de la bataille, j'ai remarqué le vallon du Rupt de Mad. La vallée de ce ruisseau s'étend à 3-4 km au sud du champ de bataille de Mars-la-Tour et Rezonville; elle est assez encaissée et comprend de nombreux édifices fortifiés de l'époque médiévale.
Ce serait l'endroit idéal pour établir une nouvelle ligne après la bataille: bonne position défensive et pas trop éloignée.

http://www.christophectl.fr/article-les-aitre-medievaux-du-rupt-de-mad-114256103.html
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Message par galileo Jeu 26 Mai - 22:41

Aussi, quelques détails sur le réseau ferroviaire de l'époque. Mars-la-Tour - 16 août 1870 French-railways_1870-jpg

J'ai cherché des infos sur les locomotives de l'époque et il s'avère que le modèle Crampton a été utilisé par la Compagnie des chemins de fer de l'Est dans les années 1850. La locomotive était un modèle performant et pouvait rouler jusqu'à 120 km/h en charge libre, environ 60 km/h avec une quinzaine de wagons en charge, soit entre mille et deux mille soldats par trajet.
Mars-la-Tour - 16 août 1870 Locomotive_Crampton

EDIT: Juste un petit calcul pour savoir en combien de temps ce qui reste de l'armée du Rhin, environ 110,000 hommes, peut être transportée de Verdun à Chalons.
Il y a environ 90 km entre Verdun et Chalons, soit environ 1h30 de trajet. En comptant le temps de chargement et de déchargement des passagers, le réapprovisionnement, etc, l'aller-retour dure autour de 4h. On peut compter dans une journée à environ 5 aller-retours (encore, l'organisation et la logistique étaient un gros défaut de l'armée impériale en 1870). On arrive à environ 10,000 hommes par transportés par train et par journée, et c'est une estimation basse.
La page wiki en anglais sur la locomotive Crampton nous dit que la Compagnie des chemins de fer de l'Est en a acheté 39, construites entre 1852 et 1856 par Cail ou Shneider.
Si on part sur un rythme d'un train partant toute les 30 minutes de Verdun, à 2,000 soldats par train, il faudrait environ 28 heures pour transporter les soldats; on arrondira à 36 heures pour tenir compte de ce qui va avec l'armée, artillerie, munitions, blessés, prisionniers ... et les problèmes. A ce rythme, il faut 8 trains de disponible (cycle de 4 heures par train). Si on passe à un train toute les 20 minutes, c'est 12 trains, et 16 pour un toutes les 15 minutes ...
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Message par LFC/Emile Ollivier Ven 27 Mai - 9:19

Galileo,

Wouhaho, quel beau boulot ! Je suis admiratif. Le seul bémol, ultra-mineur, c'est que dans une biographie du fils de Napoléon III, j'ai lu que le cortège impérial en route vers l'ouest était tombé sur une patrouille allemande qui avait reflué en les voyant.

Mais je chipote, c'est vraiment du bon travail Smile
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Message par galileo Ven 27 Mai - 16:31

Le récit que j'en ai provient essentiellement de la biographie du Prince Napoléon ( PLON-PLON : Le Bonaparte Rouge par Michèle Battesti), lequel faisait également parti du voyage. Le cortège était parti de Metz juste avant que les combats ne commencent, le voyage a été marqué par un peu d'agitation (ambiance lugubre à la lecture) mais je ne me souviens pas de cette patrouille (mais c'est peut-être un détail que l'auteur n'a pas jugé pertinent); toujours est-il que le cortège ne se rend compte qu'il a traversé les lignes allemandes que tard, alors qu'il est déjà en vu de Verdun.
Quant à la biographie de Napoléon III par Milza, l'épisode n'est même pas mentionné (on comprend qu'il ait fallu faire le tri pour raconter le personnage et son oeuvre en 760 pages).
Il me manque encore un bon nombre de biographies sur les personnages de l'époque à lire. Pour Napoléon IV, je m'étais jusqu'içi contenté de l'album illustré, mais je devrais sans doute acheter le livre de Lachnitt.

Pour l'instant, outre les sources internet et divers articles de magazines historiques, ma principale base de travail sur l'ambiance politique et militaire des derniers jours de l'Empire repose sur les biographies du Prince Napoléon et d' Eugène Rouher (Eugène Rouher et le Second Empire par Robert Schnerb).Ceci m'amène à prolonger la discussion sur Mars-la-Tour dans une perspective politique.

La marche vers Sedan était largement le fait de l'Impératrice Eugénie. Bien que les générations suivantes ont entourés le personnage d'une légende noire, je préfère lui laisser le bénéfice du doute, car je lui accorde au moins une chose, et non des moindres, son instinct maternel (on pourrait presque la prendre pour une mère poule vis-à-vis du prince impériale), sans compter qu'elle était quelqu'un de déterminée et stoïque quand son mari se disperse entre plusieurs maîtresses avant que la maladie ne le rende impotent et incapable de la moindre résolution et fermeté.
Peut-être était elle si attachée au pouvoir qu'elle préférait éloigner son mari de la capitale, car l'Empereur ayant abandonné le commandement de l'Armée à MacMahon et Bazaine, la régence aurait du prendre fin; on peut aussi dire qu'elle ai voulu pallier à la faiblesse de son mari. Tout compte fait, je ne lui reproche que son manque de clairvoyance et son positionnement politique trop conservateur.

Ceci amenant cela, j'en viens à l'anecdote du Camp de Chalons. Napoléon III et le Prince Napoléon arrivent donc à Chalons après un trajet en train depuis Verdun. Là, le Prince Napoléon rencontre par hasard le général Trochu venu prendre le commandement d'un corps d'armée nouvellement constitué. Ils discutent et en viennent à élaborer un plan. De l'avis de la plupart des généraux, la retraite sur Paris est la seule option valable, mais encore faut-il convaincre l'empereur. Le Prince Napoléon, sachant la faiblesse insigne de son cousin, veut tenter un coup de force, pour ne pas lui laisser le temps de discuter avec l'Impératrice à Paris; le Prince la sait opposée à cette stratégie et craint que si l'Empereur venait à discuter de la retraite vers Paris, il ne saurait que plier face aux récriminations de sa femme, ce qui d'ailleurs finira par arriver. Mais revenons au coup de force, car il s'agit bien de fait d'un coup de force où la vitesse compte.
Le Prince Napoléon et les aides de l'empereur parviennent dans un premier temps de la nécessité de faire retraite sur Paris. Pour préparer le mouvement, on nomme Trochu comme gouverneur militaire de la capitale; ensuite, l'Empereur rentrera à Paris, mettant de facto fin à la régence de l'Impératrice, un fait qu'on ne manque pas de penser qu'il s'agit d'un des objectifs premiers des 'conjurés'. Mais comme dit avant, l'Empereur ne peut s'empêcher de télégraphier à l'Impératrice et reviens sur sa décision: on marchera au secours de Bazaine.
Lorsque Trochu, dépité, s'apprête à quitter le camp pour Paris, il a une discussion avec le Prince Napoléon; il a perdu ce qui lui restait de considération pour l'Empereur :"dans ce camp, je ne vois qu'un Napoléon" ; ou encore, au prince qui lui demande si il agira contre l'Empereur, il répond qu'il ne fera rien pour le sauver (on comprend pourquoi les forces de l'ordre sont restées passives le 4 septembre, là où elles auraient pu aisément disperser la foule et prévenir la déchéance de l'Empire).
Au delà de la chute de l'Empire, il faut voir dans cette histoire le rapport de force engagé par le Prince Napoléon. L'homme a beau être détesté par certains, isolé, il n'en reste pas moins une pièce centrale. Ses accointances avec des membres notoires de l'opposition en ont longtemps fait un suspect au yeux de Napoléon III, de l'Impératrice et autres affidés du régime, et sa qualité de prince lui ont aliéné la plupart de ses anciens amis républicains. Il entretien néanmoins un cercle développé: il est resté un ami de Victor Hugo, George Sand, a protégé Proudhon, aidé au lancement de la Iere Internationale, et Emile Ollivier est un de ses obligés. En 1865, il était près de se rapprocher du Duc de Morny pour promouvoir la libéralisation du régime (Morny était bien mieux introduit dans les jeux du haut de son perchoir au Palais Bourbon), mais la mort a empêché ce qui aurait sans doute été une entente très fructueuse. Je n'ai pas la biographie du Prince sous la main, mais il me semble qu'en tant qu'intermédiaire entre Napoléon III et Emile Ollivier, il avait joué un rôle crucial dans la formation du premier gouvernement 'parlementaire' du Second Empire.
Dans le domaine militaire, le Prince Napoléon restait un général compétent et plus au fait des réalités militaires que certains; il avait fait ses preuves lors de la guerre de Crimée, et il est d'avis de Michèle Battesti (l'auteur de sa biographie) que si il avait pris le commandement, comme il aurait pu le faire à la mort de Saint-Arnaud si Canrobert n'avait pas sorti d'instructions secrète de Napoléon III (toujours méfiant), Sébastopol serait tombé bien plus tôt (le prince Napoléon, dit-elle, préconisait de prendre d'assaut la place à certains endroits où les lignes russes n'avaient pas encore été fortifiées, alors que les autres généraux du corps expéditionnaire défendaient une stratégie plus attentiste). Bien que Napoléon-Jérôme ait déjà ses entrées dans la Marine (sans doute le fait de son père le roi Jérôme qui avait lui-même servi dans cette arme), le contre-amiral de la Roncière étant même un ami proche, je ne prétends pas que cette anecdote est représentative de l'état d'esprit du corps officier de l'armée envers le prince, mais l'apostrophe de Trochu qui reconnait en le Prince le véritable héritier de son oncle (sur le plan militaire on peut penser) reste lourde de sens.
On ne peut s'empêcher de penser que dans l'hypothèse d'une retraite réussie de l'Armée du Rhin vers Chalons et du retour de Napoléon III à Paris avec les conséquences que l'on a dites plus haut, le Prince Napoléon serait en position de définir à la stratégie militaire impériale, lui qui attend depuis des années de retrouver un commandement actif.
Mars-la-Tour - 16 août 1870 Napoleon_Jozef_Karel_Paul_1855
Cette photo date de la Crimée.
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Message par LFC/Emile Ollivier Ven 27 Mai - 17:21

Je vais essayer de trouver à ma faculté les ouvrages mentionnés. Pour agrandir ma connaissance du sujet et améliorer mon récit.

Jusqu'à quand avez-vous imaginer la suite ?

Je n'ai pas lu l'ouvrage de Reverchon, quand a lieu son point de divergence ?
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Message par Anaxagore Ven 27 Mai - 18:23

En tout cas, il ressemble physiquement à Napoléon premier, ce prince rouge.

_________________
Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
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Message par galileo Ven 27 Mai - 18:26

L'ouvrage de Reverchon est plutôt une réflexion sur la guerre de 1870 visant à montrer que la défaite n'était pas aussi inéluctable, que le combat n'était pas perdu d'avance; il illustre son propos avec plusieurs scénarios de victoire possible:
#1 : Victoire à Saint-Privat (18 août)
#2 : Victoire à Paris (septembre) : pas de marche pour sauver Bazaine, Trochu prend les commande et écrase la IIIe Armée au sud de Paris;
#3 : Offensive de l'armée de la Loire (novembre) : la coordination effective d'une offensive de l'armée de la Loire de Chanzy et d'une sortie des défenseurs de Paris brise le siège
#4 : Offensive concentrique (hiver) : une attaque concertée de toutes les armées de province parvient à forcer les Allemands à se retirer.


Pour ce qui est de la suite, j'en ai bien sûr une. J'ai recherché le sujet comme base pour un TL sur le Second Empire, mais j'ai trouvé que partir de 1870 pour créer un univers entiers était trop proche de la réalité, donc j'ai changé le POD plusieurs fois, mais aujourd'hui, je tourne autour d'une intervention française dans la guerre de 1866.
Toutefois, mon intérêt pour la guerre de 1870 se maintient avec un but réduit, celui d'un récit alternatif de la guerre, à la manière de la FTL (1870 au lieu de 1940).
Mais le projet global reste en sommeil depuis plusieurs années, j'ai d'autres idées sur le grill et je préfère faire les choses bien, rassembler de la documentation pour créer une trame cohérente.
Toutefois, il me reste un document texte illustré que j'avais écris il y a longtemps, une chronologie plus ou moins succincte des événements. Je n'ai jamais envisagé de poster ce "brouillon" (dépassé encore aujourd'hui), mais je pourrais si tu veux.

J'ai surtout pensé sur le plan colonial et géopolitique car je manque de connaissance sur la formation des partis politiques (au sens moderne, en lieu et place de ce qui s'apparentait plus à un tendance avec quelques orateurs doués et barons en tête).
On a:
> Yémen français: il y a eu un établissement commercial à Cheik Said juste avant la guerre, mais cette implantation a tourné court à cause de la guerre et de l'agitation contre les Français des tribus locales par les Britanniques d'Aden. Ici, l'établissement s'étend dans le contexte d'une vague d'expansion turque dans la région. Ainsi, l'émirat d'Asir devient un protectorat pour échapper aux Turcs aux environs de 1872. L'imamat zaidi de Sanaa suit le même chemin après une invasion ratée par les Turcs (les Français ont aidé à la chose en fournissant des armes aux locaux). La dernière phase arrive au lendemain de la guerre russo-turque. Bien que la France ne se soit pas engagée militairement, elle a soutenu les Russes diplomatiquement et récupère la bande côtière controlée par les Ottomans, centrée sur le port d'Hodeida.
> Indochine : La guerre du Tonkin éclate plutôt, en 1873. Les Français coopèrent avec le Siam contre les Pavillons établis au Laos et dans le Haut Tonkin. Cette colaboration se renforce sur fond de crise politique au Siam. Le Palais du Devant (une sorte de Vice roi) rivalise avec le jeune Rama V, sa garde a été modernisée, armée et entraînée par les Britanniques; un incendie du palais royal en 1875 et des méprises qui ont suivi vont déclencher historiquement une crise en 1875 à l'issue de laquelle, le Palais du Devant sera reléguée à l'arrière plan. Ici, Rama V fait moderniser sa propre garde par les Français pour faire contrepoids. Dans ce contexte d'influence française grandissante, le roi de Birmanie fait aussi appel aux Français pour des contrats commerciaux, mais c'est la goutte de trop pour les Britanniques qui envahissent la Haute Birmanie (la troisième guerre anglo-birmane a eu lieu historiquement dix ans plus tard pour pratiquement les mêmes raisons), ce qui finit de convaincre le Siam de se ranger du côté des Français.
> Afrique de l'est : Les Français profitent de la crise financière que subit l'Egypte pour lui acheter le Soudan (la souveraineté égyptienne demeure mais la province est administré  par les Français comme un condominium) et s'étendre en Afrique de l'est. A noter que le Soudan égyptien inclut alors la province de Habesh (Erythrée occidentale, Asmara ...) cédé il y a peu par les Turcs à leur "vassal". Une expansion en Abyssinie n'est pas à exclure mais serait difficile.
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Message par LFC/Emile Ollivier Sam 28 Mai - 8:29

Pour l'expansion coloniale française post fin de la guerre, comme je l'ai déjà écrite, et que je la posterai bientôt, on pourra comparer Smile

EDIT : Le poste colonial français au Yemen me rappelle cette petite île française que j'avais découverte dans un mod de EU III Smile

Vieux souvenirs :p
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