[CTC34] Le judaïsme européen après la guerre de Danzig
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[CTC34] Le judaïsme européen après la guerre de Danzig
Le judaïsme européen après la guerre de Danzig
La chute de l’Etat qui avait mené la politique hostile aux Juifs la plus dure et la plus clairement assumée depuis des siècles, le Reich hitlérien, ne signifia pas, contrairement à ce que l’on a pu dire, un reflux unilatéral de l’antisémitisme en Europe.
Certes, après des années de persécutions légales et des pogroms improvisés par les militants les plus zélés dans les derniers jours avant la capitulation, les Juifs allemands retrouvaient enfin l’égalité de droits et la possibilité de revenir à une vie normale. Un part non-négligeable des Juifs réfugiés à l’étranger avant 1939 choisit d’ailleurs de revenir dans le Reich. Pourtant, si le gouvernement issu du putsch contre Hitler avait supprimé les lois de Nuremberg avant le début des négociations avec les alliés, et avait avant cela, dès ses premiers jours au pouvoir, diffusé une circulaire demandant à ne plus les appliquer, l’Allemagne remit à plus tard la question des indemnisations et de la restitution des biens spoliés. Dans un contexte de reconstruction et de tensions politiques persistantes, les chanceliers successifs considéraient qu’il ne s’agissait pas d’une priorité et que, en outre, de nouvelles polémiques dangereuses pour le fragile équilibre politique pouvaient naitre d’une politique considérée comme trop avantageuse pour les Juifs.
En France, le ministère Mandel puis le ministère Blum constituent un cas exceptionnel d’alternance entre deux dirigeants de confession juive à la tête d’une nation occidentale, mais elle ne passe pas aperçue auprès de l’opinion antisémite qui y trouve une occasion pour se déchainer. Non revendiqué par le Renouveau Français de Darnand et Pétain, mais professé ouvertement par plusieurs de ses membres, l’antisémitisme est explicite dans le premier programme du Parti de l’Ordre et de la Nation ; il se partage au sein de cette formation entre un antisémitisme racialiste proche de celui des nazis et un autre, majoritaire et plus proprement français, qui voit les Juifs comme une menace en tant que groupe organisé. Joseph Darnand adressera ses félicitations officielles au roi Abdallah de Jordanie après sa victoire lors de la guerre de Palestine, prenant le contrepied de Charles Maurras qui avait, à la fin de sa vie, défendu l’existence d’un Etat juif qui aurait permis le départ des Juifs européen.
En Italie, les lois raciales de 1938 mises en place par Mussolini furent, en toute discrétion, supprimées après 1941. S’inspirer de l’Allemagne avait été, vraisemblablement, une très mauvaise idée. Certains Italiens de confession juive retrouvèrent au cours des années suivantes des postes importants au sein de l’Etat et du PNF, mais d’une manière générale, le lien était rompu entre le régime fasciste et la bourgeoisie juive, qui l’avait dans un premier temps accepté.
En Grande-Bretagne, l’assassinat de Churchill par le Lehi fut un choc qui renforça un antisémitisme bien implanté tant dans la classe ouvrière que dans l’aristocratie, mais la défaite en Inde et la liquidation progressive de l’Empire tournèrent les regards vers ailleurs. L’Union Movement d’Oswald Mosley n’adopta jamais officiellement de position antisémite.
Mais si un pays ne fut pas touché par le reflux de l’antisémitisme, mais au contraire son exacerbation, ce fut la Pologne de l’après-guerre. Après avoir terriblement souffert de l’occupation à la fois allemande et soviétique, le pays était confronté, de par la modification de ses frontières, à des déplacements massifs de population. C’est dans ce contexte propice aux tensions que les Juifs polonais sortirent des ghettos où les avait parqués l’occupant nazi. Une série d’incidents, le plus souvent dus à des questions liées au relogement, eurent un large écho à la fois de par les rumeurs et dans la presse. 1942 et 1943 virent la dernière vague de pogroms que connut l’Europe, les violences tuant au total entre 300 et 500 juifs, en blessant ou en humiliant de nombreux autres. La Pologne connut ainsi un départ massif d’une dizaine de milliers de personnes pour la Palestine, malgré les efforts du mandat britannique pour l’enrayer. Ce furent des Juifs de Wilno, affiliés au Lehi d’Avraham Stern, qui se chargèrent en représailles de l’assassinat de Winston Churchill.
La défaite des forces sionistes durant la guerre de Palestine fut un coup d'arrêt à l'influence de cette idéologie, dont les différents courants, en exil, n'allaient pas tarder à s'accuser mutuellement lors de controverses sans fin. Le Lehi s'engagea dans un terrorisme désespéré contre les dirigeants arabes puis en Occident. La plupart des Juifs de Palestine émigrèrent, mais leurs principales destinations ne furent pas les pays d'Europe dont ils étaient originaires mais les Etats-Unis et l'Amérique latine
Certes, après des années de persécutions légales et des pogroms improvisés par les militants les plus zélés dans les derniers jours avant la capitulation, les Juifs allemands retrouvaient enfin l’égalité de droits et la possibilité de revenir à une vie normale. Un part non-négligeable des Juifs réfugiés à l’étranger avant 1939 choisit d’ailleurs de revenir dans le Reich. Pourtant, si le gouvernement issu du putsch contre Hitler avait supprimé les lois de Nuremberg avant le début des négociations avec les alliés, et avait avant cela, dès ses premiers jours au pouvoir, diffusé une circulaire demandant à ne plus les appliquer, l’Allemagne remit à plus tard la question des indemnisations et de la restitution des biens spoliés. Dans un contexte de reconstruction et de tensions politiques persistantes, les chanceliers successifs considéraient qu’il ne s’agissait pas d’une priorité et que, en outre, de nouvelles polémiques dangereuses pour le fragile équilibre politique pouvaient naitre d’une politique considérée comme trop avantageuse pour les Juifs.
En France, le ministère Mandel puis le ministère Blum constituent un cas exceptionnel d’alternance entre deux dirigeants de confession juive à la tête d’une nation occidentale, mais elle ne passe pas aperçue auprès de l’opinion antisémite qui y trouve une occasion pour se déchainer. Non revendiqué par le Renouveau Français de Darnand et Pétain, mais professé ouvertement par plusieurs de ses membres, l’antisémitisme est explicite dans le premier programme du Parti de l’Ordre et de la Nation ; il se partage au sein de cette formation entre un antisémitisme racialiste proche de celui des nazis et un autre, majoritaire et plus proprement français, qui voit les Juifs comme une menace en tant que groupe organisé. Joseph Darnand adressera ses félicitations officielles au roi Abdallah de Jordanie après sa victoire lors de la guerre de Palestine, prenant le contrepied de Charles Maurras qui avait, à la fin de sa vie, défendu l’existence d’un Etat juif qui aurait permis le départ des Juifs européen.
En Italie, les lois raciales de 1938 mises en place par Mussolini furent, en toute discrétion, supprimées après 1941. S’inspirer de l’Allemagne avait été, vraisemblablement, une très mauvaise idée. Certains Italiens de confession juive retrouvèrent au cours des années suivantes des postes importants au sein de l’Etat et du PNF, mais d’une manière générale, le lien était rompu entre le régime fasciste et la bourgeoisie juive, qui l’avait dans un premier temps accepté.
En Grande-Bretagne, l’assassinat de Churchill par le Lehi fut un choc qui renforça un antisémitisme bien implanté tant dans la classe ouvrière que dans l’aristocratie, mais la défaite en Inde et la liquidation progressive de l’Empire tournèrent les regards vers ailleurs. L’Union Movement d’Oswald Mosley n’adopta jamais officiellement de position antisémite.
Mais si un pays ne fut pas touché par le reflux de l’antisémitisme, mais au contraire son exacerbation, ce fut la Pologne de l’après-guerre. Après avoir terriblement souffert de l’occupation à la fois allemande et soviétique, le pays était confronté, de par la modification de ses frontières, à des déplacements massifs de population. C’est dans ce contexte propice aux tensions que les Juifs polonais sortirent des ghettos où les avait parqués l’occupant nazi. Une série d’incidents, le plus souvent dus à des questions liées au relogement, eurent un large écho à la fois de par les rumeurs et dans la presse. 1942 et 1943 virent la dernière vague de pogroms que connut l’Europe, les violences tuant au total entre 300 et 500 juifs, en blessant ou en humiliant de nombreux autres. La Pologne connut ainsi un départ massif d’une dizaine de milliers de personnes pour la Palestine, malgré les efforts du mandat britannique pour l’enrayer. Ce furent des Juifs de Wilno, affiliés au Lehi d’Avraham Stern, qui se chargèrent en représailles de l’assassinat de Winston Churchill.
La défaite des forces sionistes durant la guerre de Palestine fut un coup d'arrêt à l'influence de cette idéologie, dont les différents courants, en exil, n'allaient pas tarder à s'accuser mutuellement lors de controverses sans fin. Le Lehi s'engagea dans un terrorisme désespéré contre les dirigeants arabes puis en Occident. La plupart des Juifs de Palestine émigrèrent, mais leurs principales destinations ne furent pas les pays d'Europe dont ils étaient originaires mais les Etats-Unis et l'Amérique latine
Dernière édition par Thomas le Mar 26 Sep - 18:20, édité 1 fois (Raison : Typo)
DemetriosPoliorcète- Messages : 1472
Date d'inscription : 05/03/2016
Thomas, LFC/Emile Ollivier et Rayan du Griffoul aiment ce message
Re: [CTC34] Le judaïsme européen après la guerre de Danzig
Texte intéressant en extension de "Après la victoire".
Te voilà vainqueur par défaut. Vu les circonstances, je ne risquais pas de trouver le temps de participer.
Je te laisse m'envoyer ton thème pour le mois d'octobre-novembre.
Te voilà vainqueur par défaut. Vu les circonstances, je ne risquais pas de trouver le temps de participer.
Je te laisse m'envoyer ton thème pour le mois d'octobre-novembre.
_________________
« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
DemetriosPoliorcète, LFC/Emile Ollivier et Collectionneur aiment ce message
Re: [CTC34] Le judaïsme européen après la guerre de Danzig
Merci pour ce texte d'éclaircissement sur "Après la victoire" !
_________________
1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
https://forumuchronies.frenchboard.com/t751-la-france-exilee-tome-1-1940-la-roue-du-destin
https://forumuchronies.frenchboard.com/t826-la-france-exilee-tome-2-1942-la-roue-tourne
https://forumuchronies.frenchboard.com/t968-la-france-exilee-tome-3-1944-la-fin-d-un-cycle
https://forumuchronies.frenchboard.com/t1036-lfc-guerre-froide
LFC/Emile Ollivier- Messages : 2706
Date d'inscription : 26/03/2016
Age : 35
DemetriosPoliorcète et Collectionneur aiment ce message
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