[CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
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[CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Depuis la vallée encaissée de Điện Biên Phủ, personne ne l’avait entendu venir. Masqué par le plafond nuageux alors que les soldats français étaient occupés par les combats, l’avion arrivait au nord-est de la vallée, au-dessus du gros du corps de bataille de Giáp. Son artillerie, ses réserves, ses renforts furent vaporisés par une bombe nucléaire tactique Mark 4. Chaleur et poussière comme on dit. À l’ouest du pays, Tuần Giáo, principale réserve logistique du Việt Minh est aussi frappée. Bien plus au nord, quatre autres bombes avaient détonné sur la Route Colonial 4 pour couper la ligne de vie communiste qui alimentait le Việt Minh depuis la Chine. C’était évidemment un avertissement pour Máo Zédōng, les États-Unis s’étaient décidés à intervenir. Non pour sauver l’empire français, mais pour stopper l’extension de « l’empire communiste », la fameuse stratégie de l’endiguement. Le Président américain Eisenhower, et surtout son Vice-Président Nixon, était persuadé que la Chine, doter d’une armée qui malgré la multitude restait très mal équipée et entrainée par rapport à l’armée américaine, protesterait, mais ne bougerait pas. En réalité, les Américains venaient d’ouvrir une boite de Pandore.
Initialement, le président américain redoutait l’intervention de la chasse chinoise au-dessus de l’Indochine. Les estimations initiales datant de 1953 laissant entendre que 200 Mig-15 étaient déployés au sud de la Chine à Nánníng, Thien Ho, Nánhǎi, Linchow, Guǎngzhōu, Guilin ou Kūnmíng. Il fallait aussi compter sur les appareils plus anciens tels que les Mig-9, La-11, Il-10 et Tu-2. Enfin, les rapports laissaient entendre qu’il ne faudrait que quelques jours pour transférer les nombreux Mig-15 du reste du territoire chinois jusqu’au sud du pays. Toutefois, les opérations de reconnaissance du printemps 1954, menées par des RB-45 au-dessus des principaux terrains d’aviation du sud de la Chine confirmèrent que la Chine n’avait ni la place ni les infrastructures pour engager beaucoup plus d’avions dans la région. Les bombardiers chinois ne semblaient pas à craindre non plus, la plupart des nouveaux Il-28 étant déployé autour de Běijīng.
C’est ainsi que Washington, sur les recommandations de l’amiral Radford et relais des demandes françaises, commença à intervenir en Indochine à partir de 4 avril 1954. Trois jours plus tôt, suite à des négociations débutées le 24 mars, un accord secret entre Washington et Paris était trouvé : les États-Unis intervenaient en soutien de la France, mais cette dernière abandonnait toute prétention sur la région. Pas d’Union française, pas de protectorat, plus d’ingérence dans la politique intérieure locale. Pour faire simple, en échange d’une victoire à Điện Biên Phủ, la France passait le relai aux États-Unis. L’argument qui aura fini par convaincre le Président Eisenhower et surtout le Congrès est la présence massive de « volontaires » chinois comme servant de DCA dans l’armée Việt Minh. Si la Chine est déjà cobelligérante, pourquoi l’Amérique se priverait-elle ? Seulement, on le saura que bien après, ses rapports étaient faux, ou tout du moins fortement exagérés. Cela n’empêchera donc pas l’Indochina Commitee noyauté par le complexe militaro-industriel de « lancer sa guerre ». Donc, à partir du 4 avril, les B-29 américains basés aux Philippines entament 16 nuits consécutives de bombardement sur la DCA autour de Điện Biên Phủ. Il est même envisagé de faire intervenir l’aviation taïwanaise au-dessus du sud de la Chine, mais l’idée est rapidement abandonnée. Pendant 15 nuits, dans le cadre de l’opération Vulture, soixante Stratofortress de l’USAF, escortés par 150 chasseurs de l’US Navy, déversent une cargaison quotidienne de 450 tonnes de bombes sur les troupes de Giáp. En parallèle, dans le cas où la Chine étendrait son engagement en Indochine, le Pentagone prépare le déploiement éventuel de six divisions d’infanterie, une division aéroportée pour un total de 275 000 hommes, soutenue par trois escadres de l’USAF.
En attendant, le 20 avril, 24 heures après la fin de la vague de bombardement, les paras de la 101ème aéroporté sautent sur et autour de Điện Biên Phủ. Si 2800 hommes du 187ème Régiment de la 101ème Division aéroportée sautent dans le « Chaudron », les autres se déversent dans la jungle environnante avec pour mission d’attaquer les forces communistes partout où cela est possible tout en sécurisant des zones d’atterrissage pour être ravitaillés. Si le largage est un succès, les Américains perdent 27 avions et 270 hommes. En effet, les B-29 n’ont pas complètement fait taire la DCA Việt Minh. Toutefois, les 17 000 hommes qui se déversent sur la zone permettent d’arrêter l’assaut communiste. Harcelé de toute part, Giáp est plus occupé à se défendre qu’à attaquer les Français dans le « Chaudron ». Avec l’aide du 187ème Régiment, les Français arrivent à rétablir leur périmètre, marquant la reprise du ravitaillement et des évacuations sanitaires.
Si la Chine et l’URSS n’interviennent pas, leurs protestations sont vives, très vives. Et l’URSS décide de soutenir encore plus massivement la Chine et le Việt Minh dans l’espoir de sanctuariser complètement le nord du Tonkin. Même si la Chine n’intervient pas en Indochine, une série de manœuvres d’intimidations et d’accrochage commence entre les aviations des deux Chine au-dessus du détroit. Et pour le coup, face au F-47N (des P-47 d’origine américaine), les Mig-15 communistes finissent par établir une petite, mais réelle, supériorité. Du moins pour un temps.
En parallèle, à Điện Biên Phủ, les troupes américaines frappent durement les corps de bataille Việt Minh et parviennent comme espéré à dégager des zones de largage pour se ravitailler convenablement. Pourtant, les troupes de Giáp, malgré de lourdes pertes, tiennent bon et commencent à recevoir des renforts. Pour le coup, des « volontaires chinois », par millier, accompagnent les troupes Việt Minh fraichement levées. Pour Giáp et Hồ Chí Minh, Điện Biên Phủ est devenu la bataille décisive. Ils en sont persuadés, s’ils perdent ici, ils ne s’en relèveront jamais. Alors les Việt Minh tiennent… Jusqu’au 6 mai… jusqu’à l’opération Cobalt. En fait, ils tiendront un peu au-delà, mais cela deviendra vite secondaire dans un conflit qui change alors de dimension.
Le 6 mai 1954 donc, l’opération Cobalt anéantit le noyau dur des forces de Giáp, et lui avec. De Lang Son à Cao Bang en passant par Na Cham, That Khé et Dong Khê la RC4 est vitrifiée. L’URSS annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec les États-Unis, son retrait de l’ONU ainsi que son soutien inconditionnel à Hồ Chí Minh. Si l’URSS ne déclare pas la guerre, c’est parce que la démonstration de l’opération Cobalt fait peur à la troïka formée par Malenkov, Beria et Molotov. Ils tergiversent, car si l’URSS détient l’arme nucléaire, son arsenal est moins étendu que celui des Américains. Ces derniers ont l’avantage dans une guerre nucléaire et dans une éventuelle campagne de bombardement stratégique. C’est cette hésitation qui fera tomber la troïka face à Khrushchev quelques jours plus tard. Plus incisifs dans ses annonces, il n’ira pourtant pas jusqu’à déclarer la guerre. Par contre, ils multiplient encore l’aide à la Chine et au Việt Minh. Son but : voir les États-Unis user leurs effectifs, leur industrie, leur moral dans une guerre contre les « armées populaires » qui ont l’avantage du nombre et du terrain. Quant à la Chine, si elle n’émet pas de déclaration de guerre officielle, dans la pratique c’est tout comme. En plus de 200 000 volontaires qui se déversent en Indochine, elle va attaquer Taiwan, pensant les Américains trop occupés en Indochine. Pour ce qui est de l’utilisation de l’arme nucléaire en Indochine, elle était envisagée par le Pentagone dès juin 1953 et la conférence Quimpart de Pearl Harbor. Cette même conférence envisageait même une invasion du sud de la Chine avec le débarquement d’un million de soldats taïwanais. Mais ces derniers ne sont pas encore assez bien équipés et entrainés.
Pendant ce temps, le 27 mai 1954, l’opération Vulture se termine avec une victoire franco-américaine à Điện Biên Phủ. Victoire plus américaine que française d’ailleurs. En 37 jours de combat, les Américains ont eu à déplorer plus d’un millier de morts, mais les pertes ennemies sont estimées à plus de 20 000 morts. La mort de Giáp ayant désorganisé durablement les assaillants Việt Minh, ces derniers ont perdu progressivement leur coordination qui s’est combinée à la destruction de leurs principaux dépôts logistiques et l’interruption temporaire, mais brutale de l’aide chinoise. Ainsi, de nombreuses formations se sont retrouvées encerclées et ont été taillées en pièce. Il était un temps envisagé de largué les six bombes directement sur les positions Việt Minh autour de Điện Biên Phủ, mais le manque de moyen de guidage et radioguidage, combiné à la météo et au relief, aurait rendu les bombardements trop imprécis, au risque de toucher les troupes américaines et françaises. Si, pendant longtemps, le Président Eisenhower a cherché une décision unifiée avec les Britanniques, l’Amiral Radford et le Vice-Président Richard Nixon auront fini par le convaincre. On ne pouvait pas attendre des Britanniques ayant dû quitter l’Inde qu’ils donnent leurs vies pour défendre l’Indochine française.
Alors que 80 000 Américains se déversent en Indochine (opération Able Sentry) et que les Français sortent par la petite porte, c’est dans le détroit de Taiwan que l’escalade se poursuit. Comme nous l’avons vu, Máo Zédōng, pensant l’Amérique bien assez occupée en Indochine, va tenter sa chance contre Taiwan. Il faut dire que l’augmentation massive du soutien soviétique l’a surement mis en confiance. Ainsi, le 6 juin 1954, une date qui ne doit probablement rien au hasard, la modeste marine populaire se lance à l’assaut des îles Yijiangshan, Tachen et Matsu. Si les premières heures du débarquement chinois à Yijiangshan et Tachen se déroulent bien, la situation est tout autre à Matsu où les troupes du Kuomintang, bien préparées, tiennent bon. Mais le lendemain, la 7ème flotte américaine intervient massivement et non contente d’annihiler les assaillants, va aussi enchainer avec des raids de représailles sur les aérodromes et ports communistes bordant le détroit. Cette fois, c’est sûr, la machine infernale ne s’arrêtera plus. Le 10 juin, alors que des émeutes d’une extrême violence secouent Macao, la modeste garnison portugaise est submergée par une ruée de l’armée populaire. Les combats ne dureront même pas 48 heures. Si le Portugal proteste, il ne déclare pas la guerre et négocie discrètement la libération de tous ses ressortissants. En parallèle et dans les mêmes circonstances, 50 000 soldats chinois se lancent sur Hong Kong où la garnison britannique tient six jours avant d’être submergée, faute de munitions. Churchill le vieux lion explose et, évidemment, déclare la guerre à la République populaire. Si l’Empire britannique n’a pas les moyens ou les effectifs des Américains, cela n’empêchera pas la Royal Navy de regrouper la majorité de ses forces à Singapour pour lancer des raids de représailles sur la Chine et l’option nucléaire est mise sur la table.
Alors que le front indochinois se stabilise sur le Fleuve Rouge et que le détroit de Taiwan s’enflamme, les Américains ne restent pas les bras croisés. Pas plus que leur allié taïwanais. Si les planificateurs du Pentagone ont commencé à y penser dès le printemps de 1954, l’escalade du conflit les pousse à préparer plus sérieusement leur plan. Ce dernier s’appelle opération East Wind. Ni plus ni moins que l’invasion américano-taïwanaise de la Chine continentale. Toutefois, ce nom global englobe deux opérations majeures. Hammerhead est l’invasion de l’île d’Hainan, une prémice devant mettre la chasse et le soutien aérien rapproché directement au-dessus du territoire chinois. Ensuite, une fois solidement établi à Hainan, les forces américaines et taïwanaises lanceront l’opération Bulwark, le débarquement simultané sur la péninsule de Léizhōu, à l’est et l’ouest d’Hong Kong, dans la zone Shantou-Xiamen-Fuzhou en face de Taiwan, mais aussi à Qingdao (pour couper la péninsule du même nom) et Shanghai. Non seulement la Royal Navy est associée à l’opération (sous commandement américain), mais les Royal Marines seront de la partie pour ce qui est de la libération d’Hong Kong. Cependant, Churchill a bien du mal à motiver l’opinion publique et les alliées du Commonwealth, ainsi l’effort britannique dans ce conflit parait bien anecdotique. Le Premier ministre britannique ne mobilise que le Princess Patricia’s Canadian Light Infantry, l’ANZAC Expeditionary Force, la 3rd Commando Brigade, le 40. Commando des Royal Marines, le N°. 15 Squadron de la RAF et l’ANZAC Air Force. Enfin, le Kuomintang, mobilise un total de 2 millions d’hommes, dont 300 000 prendront part aux débarquements au côté des Américains. Ces derniers engagent deux Air Forces, deux Armées complètes et plus de 200 navires.
La préparation opérationnelle prend plusieurs mois et l’élection présidentielle américaine approche à grands pas dans une ambiance très étrange. Si le démocrate Adlai Stevenson fait campagne contre « une guerre inutile qui aurait pu et dû être évitée » il ne décolle pas dans les sondages. La majorité de l’opinion américaine reste favorable à la guerre, il faut dire que le Maccarthysme fait son effet : « chasser les rouges et les buter jusque dans les chiottes ! » C’est donc le 15 août 1955 à 5 heures du matin, à quelques mois de l’élection, que débute Hammerhead. Ce sont trois divisions de Marine et quatre divisions d’infanterie qui débarquent en 35 points de l’île d’Hainan. Grâce à la longue campagne aérienne et navale précédent les débarquements, les défenseurs sont dépassés à trois pour un dans les zones de débarquement. Malgré le soutien de 12 porte-avions et 4 cuirassés, il faut tout de même deux mois et trois semaines pour sécuriser la totalité de l’île et c’est un carnage. Si les Américains ont plus 5000 tués, l’APL compte au moins 110 000 morts si on inclut les miliciens. Pire, on parle de 40 000 civils tués. Heureusement, le contrôle de l’information fait que l’opinion américaine n’a pas de chiffre aussi précis. Deux choses sont alors certaines, l’armée chinoise n’est ni assez bien entrainée ni assez bien équipée pour faire face aux forces américaines et surtout, cette guerre va faire des centaines de milliers, voire des millions de morts.
Pour suivre les cadences de production infernales, les États-Unis ont, dès 1954, investi massivement dans l’industrie japonaise afin de produire armes et munitions au plus près du front. En plus de ce qui va générer un énorme boom économique, le pays du soleil levant est à nouveau autorisé à avoir une armée (les forces d’autodéfenses). En Europe aussi, la crainte d’une guerre pousse au réarmement. Si les populations des pays membres de l’OTAN ne sont pas spécialement favorables à la guerre contre la Chine, une guerre lointaine, la crainte que l’URSS profite de la situation fait que l’effort de réarmement reste bien accueilli. L’URSS, justement, a créé sa propre alliance défensive avec le « Pacte de Varsovie ». Si Nikita Khrushchev ne semble pas prévoir de passer à l’offensive, l’industrie soviétique tourne à plein régime pour maintenir les forces chinoises à flot tout en modernisant l’Armée rouge. Alors que Chinois et Américains versent leur sang, l’URSS guette des opportunités.
Le 10 octobre 1955 voit la seconde phase du carnage commencer avec l’opération Bulwark. Comme expliqué plus tôt, l’opération prévoit des débarquements simultanés sur la péninsule de Léizhōu en face de l’île d’Hainan, à l’est et l’ouest d’Hong Kong, dans la zone Shantou-Xiamen-Fuzhou en face de Taiwan, mais aussi à Qingdao et Shanghai. Il s’agit de la plus grande opération amphibie jamais réalisée. Les Américains engagent 3 divisions de Marine, 23 divisions d’infanterie et 2 divisions blindées. Les Taïwanais engagent 22 divisions mobilisées et encadrées dans le cadre du programme « National Glory ». À nouveau, les débarquements sont des succès d’un côté et un vrai massacre de l’autre. Les débarquements ne se font pas dans ou à proximité des agglomérations, mais dans les plaines qui les entourent. Cela permet aux Américains et Taïwanais d’utiliser pleinement leur puissance de feu et de prendre le contrôle d’axes routiers et navigables très importants. Au fur et mesure que les forces américaines et taïwanaises avancent dans les terres, leur avance se fait de plus en plus lente et méthodique. Il faut onze mois, jusqu’en août 1956, 16 000 morts américains, 47 000 morts taïwanais pour sécuriser tous les objectifs de Bulwark. Côté communiste, on ne compte même plus les pertes. Peut-être bien 400 000 morts. Mais en parallèle des combats, d’autres drames ont lieu. La mobilisation chinoise mène à des récoltes catastrophiques entrainant une famine d’ampleur biblique.
Dans une tentative désespérée d’arrêter l’ennemi, Máo Zédōng ordonne la destruction des digues et barrages sur le Fleuve Jaune et le Yangtze. Si c’est en effet l’un des principaux facteurs de la lenteur des opérations américaines, c’est surtout un drame pour les Chinois. On estime que les inondations à elles seules ont fait 3 millions de morts, blessés et déplacés. Un chiffre invérifiable, mais une crise qui mène la chute de Máo et le début des luttes de pouvoir. En avril 1956, Liu Shaoqi fait arrêter et exécuter le Grand Timonier, il ordonne aussi l’arrêt des contre-attaques et la consolidation des défenses. Rapidement, le bruit court même qu’il envisagerait de négocier la fin des hostilités. C’est ainsi que Jiang Qing, Zhang Chunqiao, Yao Wenyuan et Wang Hongwen, des proches de Máo, qui gagneront le surnom de la « Bande des quatre », lancent un contre coup d’État qui achève de plonger le gouvernement et l’armée dans le chaos.
Pour rajouter le chaos au chaos, Kim Il-sung a fourbi ses armes et se lance dans une audacieuse invasion de la Corée du Sud. Après tout, les forces américaines sont enlisées en Chine, théâtre sur lequel, contre toute attente, l’arme nucléaire n’a pas encore été utilisée. Ainsi, le 14 septembre 1956, l’aéroport national de Gimpo est bombardé, le palais de Gyeongmudae attaqué par des commandos infiltrés et des troupes débarquent à Uljin dans l’est du pays. Quelques heures après, profitant du chaos engendré par les attaques et surtout par la mort de Syngman Rhee, l’armée nord-coréenne franchit la frontière en masse. Si les forces sud-coréennes et américaines résistent de leur mieux, elles sont en infériorité numérique et font face à un formidable déluge d’artillerie. Dwight D. Eisenhower lance un avertissement à Kim Il-sung, lui ordonnant de retirer immédiatement ses troupes. Nikita Khrushchev en fait autant, il faut dire que le Président américain a été très clair avec lui : s’il faut atomiser le « grand leader » pour le remettre à sa place, il le fera. Et c’est ce qu’il fait… presque. Le 16 août, 48 heures après le début de l’invasion nord-coréenne, l’île de Ch'odo à une centaine de kilomètres de Pyongyang est rasée par une bombe thermonucléaire B46. C’est l’opération Meethinghouse, et Kim Il-sung semble comprendre le message puisque par l’intermédiaire de Khrushchev il fait savoir que ses troupes vont regagner leur frontière. Ce qui est fait, pour l’essentiel, dans les 48 heures suivantes.
Toutefois, Nikita Khrushchev comprend que le conflit risque de dégénérer sur n’importe quel front. Il aimerait convaincre les Chinois de déposer les armes, mais qui choisir comme interlocuteur alors que la bande de quatre et Liu Shaoqi se retrouvent à mener une guerre civile au milieu d’une invasion de leur territoire ? Pendant des semaines, l’URSS échange avec les deux factions et le seul qui est réceptif à une fin des hostilités est Liu Shaoqi. Le 11 septembre 1956, l’Armée rouge lance l’opération Zenith consistant en l’invasion de la Mandchourie et du Xinjiang. Les forces chinoises y sont faibles et mal équipées. Tout l’équipement issu de l’aide soviétique est dans le sud du pays. Les troupes fidèles à Shaoqi accueillent et guident l’Armée rouge. Les troupes fidèles à la Bande de quatre se font tailler en pièce. Après des mois et des mois de conflit, les forces chinoises, quelle que soit leur faction, ne sont tout au plus qu’une milice. La Mandchourie et le Xinjiang sont occupés en 22 jours seulement. À défaut de communication fiable encore utilisable en territoire chinois, on en revient tracts largués par avion. Tracts dans lesquels Liu Shaoqi, Nikita Khrushchev et Dwight D. Eisenhower appellent mutuellement à l’arrêt des combats et la reddition de la Bande de quatre retranchés dans la Cité interdite. En attendant, les fronts se figent pour plusieurs mois. Ce qui nous permet de revenir un instant sur la guerre en Indochine pour laquelle il n’y a plus grand-chose à dire. Depuis l’invasion de la Chine continentale, toute l’aide économique, technique et militaire de l’URSS a été absorbée par la Chine, conduisant à l’effondrement du Việt Minh. Si une guérilla subsiste toujours autour d’Hồ Chí Minh, elle n’est plus qu’une vague nuisance. D’ailleurs, le leader du Việt Minh sera finalement tué dans l’opération Iron Oak, un raid héliporté dans la province de Yên Bái dans la nuit du 1er au 2 mai 1958.
Pendant ce temps, les négociations se poursuivent par l’entremise de l’URRS. Les choses sérieuses commencent réellement en novembre avec un quasi-cessez-le-feu qui s’installe progressivement. Les Soviétiques maintiennent leurs positions en Mandchourie et au Xinjiang. Les forces de Liu Shaoqi faisant face aux Américains se sont retranchées et si les accrochages restent quotidiens, les Américains n’essaient pas d’avancer. Cela permet de limiter les pertes et d’apaiser l’opinion publique américaine qui commence à prendre conscience des pertes malgré le contrôle de l’information. Toutefois, les troupes de la Bande des quatre continuent d’attaquer celles de Liu Shaoqi, mais aussi les positions américaines. Leurs pertes sont effroyables… et à sens unique. Le conflit pourrait bien finir par s’arrêter, car avec une telle attrition, la Bande des quatre n’aurait bientôt plus de chair à canon à disposition. D’ailleurs, les redditions et désertions se multiplient en conséquence.
Le 4 mars 1957, après un hiver effroyable pour les Chinois et surtout pour les civils, Liu Shaoqi, Nikita Khrushchev, Tchang Kaï-chek et Dwight D. Eisenhower se retrouvent à Haikou sur l’île d’Hainan pour parapher un accord de paix. Quelques jours auparavant, le 18 février, la Bande des quatre a été renversée par ses derniers fidèles et les rumeurs les plus sordides circulent sur le sort qui leur a été réservé. Le traité d’Haikou organise la fin des hostilités et décide du sort de la Chine. Le pays ne sera pas formellement occupé, mais va être radicalement transformé. Tout le monde a dû faire des compromis. La République de Chine est rétablie sur l’ensemble du territoire, mais devra présenter une nouvelle constitution. Tchang Kaï-chek n’accomplit pas son vieux rêve de devenir le Président de la Chine unifiée. Personne, pas même les Américains, n’était prêt à céder sur ce point. Si Tchang était un allié utile des Américains, Eisenhower a bien compris que les Chinois communistes n’accepteraient jamais son autorité, le passif est trop lourd. C’est Li Zongren qui est nommé Président du gouvernement de transition, avec Deng Xiaoping comme Premier ministre. Liu Shaoqi garde le contrôle de ce qui reste des armées. Surtout, il a obtenu que son pays ne soit ni occupé ni partitionné entre l’URSS et les États-Unis. En échange, les premiers brouillons de constitution évoquent la fédéralisation du pays, la démocratie et la libéralisation. Bien sûr, dans la pratique, Soviétiques comme Américains vont rester en Chine pendant un moment, pour aider au maintien de l’ordre, à la reconstruction et surtout à l’aide aux populations qui en ont bien besoin.
Le 5 mars 1959, la constitution est promulguée sans referendum ni vote. Pas très démocratique, mais les citoyens de la Chine continentale ont d’autres priorités et puis, on l’amendera plus tard s’il le faut. La Chine unifiée devient la République fédérale chinoise, constituée de neuf républiques : la République de Taiwan, la République de Mandchourie, la République du Xinjiang, la République du Tibet, la République de Mongolie intérieure, la République Hui et la République du Guangdong. La capitale fédérale est établie à Nanjing et la démocratie directe au suffrage universel est instaurée. Pour ce qui est de la politique, les grands principes issus des nombreux compromis sont intéressants. Sur le plan économique, c’est un mélange de capitalisme et de socialisme qui préfigurera ce que certains qualifient de capitalisme d’État. En effet, si la libre entreprise et la libre propriété sont instaurées, malgré tout l’état pilote les secteurs clefs de l’économie. Au niveau agricole, si la propriété individuelle est rétablie, les coopératives sont plus avantageuses en termes de taxation. De plus, l’accumulation des terres, bien que possible, reste fermement encadrée. Tout cela est rendu possible par un programme d’aide et d’investissement. Si l’URSS et les États-Unis sont les principaux contributeurs, la surprise vient du Japon qui, grassement enrichi par son soutien industriel à la guerre des Américains, investit massivement dans l’agriculture chinoise. Si dans un premier temps, ce sont les Chinois qui en bénéficieront, une fois leur sécurité alimentaire restaurée, le Japon, manquant de terres arables, pourra importer des denrées à des prix très intéressants. Ce n’est donc pas un geste désintéressé.
De l’Indochine à la Chine. D’une guerre française à une guerre américaine. D’une guerre d’endiguement à une guerre totale. Si l’année 1959 est porteuse d’espoir, cette guerre reste un désastre total dont les pertes humaines rivalisent sans peine avec celle de la Seconde Guerre mondiale. Plus de 12 millions de soldats et miliciens chinois tués et surtout des pertes civiles directes et indirectes estimées à 23 millions de morts. Des chiffres stratosphériques comparés aux pertes américaines et taïwanaises qui s’établissent respectivement à 312 000 et 780 000 de soldats tués. Tout cela pour empêcher l’extension du communisme. Toutefois, d’autres espoirs se dessinent. Soviétiques et Américains commencent à discuter d’une réunification d’une Allemagne neutralisée avec une armée basée sur le modèle japonais. La même chose est envisagée par les deux grandes puissances au sujet de la Corée. Des discussions ont lieu autour de la question des armements nucléaires, plus précisément autour de la question du plafonnement du nombre d’armes des puissances détentrice et de la non-prolifération. Qui vivra verra et puis comme le dit un proverbe africain : L’espoir est le pilier du monde.
Depuis la vallée encaissée de Điện Biên Phủ, personne ne l’avait entendu venir. Masqué par le plafond nuageux alors que les soldats français étaient occupés par les combats, l’avion arrivait au nord-est de la vallée, au-dessus du gros du corps de bataille de Giáp. Son artillerie, ses réserves, ses renforts furent vaporisés par une bombe nucléaire tactique Mark 4. Chaleur et poussière comme on dit. À l’ouest du pays, Tuần Giáo, principale réserve logistique du Việt Minh est aussi frappée. Bien plus au nord, quatre autres bombes avaient détonné sur la Route Colonial 4 pour couper la ligne de vie communiste qui alimentait le Việt Minh depuis la Chine. C’était évidemment un avertissement pour Máo Zédōng, les États-Unis s’étaient décidés à intervenir. Non pour sauver l’empire français, mais pour stopper l’extension de « l’empire communiste », la fameuse stratégie de l’endiguement. Le Président américain Eisenhower, et surtout son Vice-Président Nixon, était persuadé que la Chine, doter d’une armée qui malgré la multitude restait très mal équipée et entrainée par rapport à l’armée américaine, protesterait, mais ne bougerait pas. En réalité, les Américains venaient d’ouvrir une boite de Pandore.
Initialement, le président américain redoutait l’intervention de la chasse chinoise au-dessus de l’Indochine. Les estimations initiales datant de 1953 laissant entendre que 200 Mig-15 étaient déployés au sud de la Chine à Nánníng, Thien Ho, Nánhǎi, Linchow, Guǎngzhōu, Guilin ou Kūnmíng. Il fallait aussi compter sur les appareils plus anciens tels que les Mig-9, La-11, Il-10 et Tu-2. Enfin, les rapports laissaient entendre qu’il ne faudrait que quelques jours pour transférer les nombreux Mig-15 du reste du territoire chinois jusqu’au sud du pays. Toutefois, les opérations de reconnaissance du printemps 1954, menées par des RB-45 au-dessus des principaux terrains d’aviation du sud de la Chine confirmèrent que la Chine n’avait ni la place ni les infrastructures pour engager beaucoup plus d’avions dans la région. Les bombardiers chinois ne semblaient pas à craindre non plus, la plupart des nouveaux Il-28 étant déployé autour de Běijīng.
C’est ainsi que Washington, sur les recommandations de l’amiral Radford et relais des demandes françaises, commença à intervenir en Indochine à partir de 4 avril 1954. Trois jours plus tôt, suite à des négociations débutées le 24 mars, un accord secret entre Washington et Paris était trouvé : les États-Unis intervenaient en soutien de la France, mais cette dernière abandonnait toute prétention sur la région. Pas d’Union française, pas de protectorat, plus d’ingérence dans la politique intérieure locale. Pour faire simple, en échange d’une victoire à Điện Biên Phủ, la France passait le relai aux États-Unis. L’argument qui aura fini par convaincre le Président Eisenhower et surtout le Congrès est la présence massive de « volontaires » chinois comme servant de DCA dans l’armée Việt Minh. Si la Chine est déjà cobelligérante, pourquoi l’Amérique se priverait-elle ? Seulement, on le saura que bien après, ses rapports étaient faux, ou tout du moins fortement exagérés. Cela n’empêchera donc pas l’Indochina Commitee noyauté par le complexe militaro-industriel de « lancer sa guerre ». Donc, à partir du 4 avril, les B-29 américains basés aux Philippines entament 16 nuits consécutives de bombardement sur la DCA autour de Điện Biên Phủ. Il est même envisagé de faire intervenir l’aviation taïwanaise au-dessus du sud de la Chine, mais l’idée est rapidement abandonnée. Pendant 15 nuits, dans le cadre de l’opération Vulture, soixante Stratofortress de l’USAF, escortés par 150 chasseurs de l’US Navy, déversent une cargaison quotidienne de 450 tonnes de bombes sur les troupes de Giáp. En parallèle, dans le cas où la Chine étendrait son engagement en Indochine, le Pentagone prépare le déploiement éventuel de six divisions d’infanterie, une division aéroportée pour un total de 275 000 hommes, soutenue par trois escadres de l’USAF.
En attendant, le 20 avril, 24 heures après la fin de la vague de bombardement, les paras de la 101ème aéroporté sautent sur et autour de Điện Biên Phủ. Si 2800 hommes du 187ème Régiment de la 101ème Division aéroportée sautent dans le « Chaudron », les autres se déversent dans la jungle environnante avec pour mission d’attaquer les forces communistes partout où cela est possible tout en sécurisant des zones d’atterrissage pour être ravitaillés. Si le largage est un succès, les Américains perdent 27 avions et 270 hommes. En effet, les B-29 n’ont pas complètement fait taire la DCA Việt Minh. Toutefois, les 17 000 hommes qui se déversent sur la zone permettent d’arrêter l’assaut communiste. Harcelé de toute part, Giáp est plus occupé à se défendre qu’à attaquer les Français dans le « Chaudron ». Avec l’aide du 187ème Régiment, les Français arrivent à rétablir leur périmètre, marquant la reprise du ravitaillement et des évacuations sanitaires.
Si la Chine et l’URSS n’interviennent pas, leurs protestations sont vives, très vives. Et l’URSS décide de soutenir encore plus massivement la Chine et le Việt Minh dans l’espoir de sanctuariser complètement le nord du Tonkin. Même si la Chine n’intervient pas en Indochine, une série de manœuvres d’intimidations et d’accrochage commence entre les aviations des deux Chine au-dessus du détroit. Et pour le coup, face au F-47N (des P-47 d’origine américaine), les Mig-15 communistes finissent par établir une petite, mais réelle, supériorité. Du moins pour un temps.
En parallèle, à Điện Biên Phủ, les troupes américaines frappent durement les corps de bataille Việt Minh et parviennent comme espéré à dégager des zones de largage pour se ravitailler convenablement. Pourtant, les troupes de Giáp, malgré de lourdes pertes, tiennent bon et commencent à recevoir des renforts. Pour le coup, des « volontaires chinois », par millier, accompagnent les troupes Việt Minh fraichement levées. Pour Giáp et Hồ Chí Minh, Điện Biên Phủ est devenu la bataille décisive. Ils en sont persuadés, s’ils perdent ici, ils ne s’en relèveront jamais. Alors les Việt Minh tiennent… Jusqu’au 6 mai… jusqu’à l’opération Cobalt. En fait, ils tiendront un peu au-delà, mais cela deviendra vite secondaire dans un conflit qui change alors de dimension.
Le 6 mai 1954 donc, l’opération Cobalt anéantit le noyau dur des forces de Giáp, et lui avec. De Lang Son à Cao Bang en passant par Na Cham, That Khé et Dong Khê la RC4 est vitrifiée. L’URSS annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec les États-Unis, son retrait de l’ONU ainsi que son soutien inconditionnel à Hồ Chí Minh. Si l’URSS ne déclare pas la guerre, c’est parce que la démonstration de l’opération Cobalt fait peur à la troïka formée par Malenkov, Beria et Molotov. Ils tergiversent, car si l’URSS détient l’arme nucléaire, son arsenal est moins étendu que celui des Américains. Ces derniers ont l’avantage dans une guerre nucléaire et dans une éventuelle campagne de bombardement stratégique. C’est cette hésitation qui fera tomber la troïka face à Khrushchev quelques jours plus tard. Plus incisifs dans ses annonces, il n’ira pourtant pas jusqu’à déclarer la guerre. Par contre, ils multiplient encore l’aide à la Chine et au Việt Minh. Son but : voir les États-Unis user leurs effectifs, leur industrie, leur moral dans une guerre contre les « armées populaires » qui ont l’avantage du nombre et du terrain. Quant à la Chine, si elle n’émet pas de déclaration de guerre officielle, dans la pratique c’est tout comme. En plus de 200 000 volontaires qui se déversent en Indochine, elle va attaquer Taiwan, pensant les Américains trop occupés en Indochine. Pour ce qui est de l’utilisation de l’arme nucléaire en Indochine, elle était envisagée par le Pentagone dès juin 1953 et la conférence Quimpart de Pearl Harbor. Cette même conférence envisageait même une invasion du sud de la Chine avec le débarquement d’un million de soldats taïwanais. Mais ces derniers ne sont pas encore assez bien équipés et entrainés.
Pendant ce temps, le 27 mai 1954, l’opération Vulture se termine avec une victoire franco-américaine à Điện Biên Phủ. Victoire plus américaine que française d’ailleurs. En 37 jours de combat, les Américains ont eu à déplorer plus d’un millier de morts, mais les pertes ennemies sont estimées à plus de 20 000 morts. La mort de Giáp ayant désorganisé durablement les assaillants Việt Minh, ces derniers ont perdu progressivement leur coordination qui s’est combinée à la destruction de leurs principaux dépôts logistiques et l’interruption temporaire, mais brutale de l’aide chinoise. Ainsi, de nombreuses formations se sont retrouvées encerclées et ont été taillées en pièce. Il était un temps envisagé de largué les six bombes directement sur les positions Việt Minh autour de Điện Biên Phủ, mais le manque de moyen de guidage et radioguidage, combiné à la météo et au relief, aurait rendu les bombardements trop imprécis, au risque de toucher les troupes américaines et françaises. Si, pendant longtemps, le Président Eisenhower a cherché une décision unifiée avec les Britanniques, l’Amiral Radford et le Vice-Président Richard Nixon auront fini par le convaincre. On ne pouvait pas attendre des Britanniques ayant dû quitter l’Inde qu’ils donnent leurs vies pour défendre l’Indochine française.
Alors que 80 000 Américains se déversent en Indochine (opération Able Sentry) et que les Français sortent par la petite porte, c’est dans le détroit de Taiwan que l’escalade se poursuit. Comme nous l’avons vu, Máo Zédōng, pensant l’Amérique bien assez occupée en Indochine, va tenter sa chance contre Taiwan. Il faut dire que l’augmentation massive du soutien soviétique l’a surement mis en confiance. Ainsi, le 6 juin 1954, une date qui ne doit probablement rien au hasard, la modeste marine populaire se lance à l’assaut des îles Yijiangshan, Tachen et Matsu. Si les premières heures du débarquement chinois à Yijiangshan et Tachen se déroulent bien, la situation est tout autre à Matsu où les troupes du Kuomintang, bien préparées, tiennent bon. Mais le lendemain, la 7ème flotte américaine intervient massivement et non contente d’annihiler les assaillants, va aussi enchainer avec des raids de représailles sur les aérodromes et ports communistes bordant le détroit. Cette fois, c’est sûr, la machine infernale ne s’arrêtera plus. Le 10 juin, alors que des émeutes d’une extrême violence secouent Macao, la modeste garnison portugaise est submergée par une ruée de l’armée populaire. Les combats ne dureront même pas 48 heures. Si le Portugal proteste, il ne déclare pas la guerre et négocie discrètement la libération de tous ses ressortissants. En parallèle et dans les mêmes circonstances, 50 000 soldats chinois se lancent sur Hong Kong où la garnison britannique tient six jours avant d’être submergée, faute de munitions. Churchill le vieux lion explose et, évidemment, déclare la guerre à la République populaire. Si l’Empire britannique n’a pas les moyens ou les effectifs des Américains, cela n’empêchera pas la Royal Navy de regrouper la majorité de ses forces à Singapour pour lancer des raids de représailles sur la Chine et l’option nucléaire est mise sur la table.
Alors que le front indochinois se stabilise sur le Fleuve Rouge et que le détroit de Taiwan s’enflamme, les Américains ne restent pas les bras croisés. Pas plus que leur allié taïwanais. Si les planificateurs du Pentagone ont commencé à y penser dès le printemps de 1954, l’escalade du conflit les pousse à préparer plus sérieusement leur plan. Ce dernier s’appelle opération East Wind. Ni plus ni moins que l’invasion américano-taïwanaise de la Chine continentale. Toutefois, ce nom global englobe deux opérations majeures. Hammerhead est l’invasion de l’île d’Hainan, une prémice devant mettre la chasse et le soutien aérien rapproché directement au-dessus du territoire chinois. Ensuite, une fois solidement établi à Hainan, les forces américaines et taïwanaises lanceront l’opération Bulwark, le débarquement simultané sur la péninsule de Léizhōu, à l’est et l’ouest d’Hong Kong, dans la zone Shantou-Xiamen-Fuzhou en face de Taiwan, mais aussi à Qingdao (pour couper la péninsule du même nom) et Shanghai. Non seulement la Royal Navy est associée à l’opération (sous commandement américain), mais les Royal Marines seront de la partie pour ce qui est de la libération d’Hong Kong. Cependant, Churchill a bien du mal à motiver l’opinion publique et les alliées du Commonwealth, ainsi l’effort britannique dans ce conflit parait bien anecdotique. Le Premier ministre britannique ne mobilise que le Princess Patricia’s Canadian Light Infantry, l’ANZAC Expeditionary Force, la 3rd Commando Brigade, le 40. Commando des Royal Marines, le N°. 15 Squadron de la RAF et l’ANZAC Air Force. Enfin, le Kuomintang, mobilise un total de 2 millions d’hommes, dont 300 000 prendront part aux débarquements au côté des Américains. Ces derniers engagent deux Air Forces, deux Armées complètes et plus de 200 navires.
La préparation opérationnelle prend plusieurs mois et l’élection présidentielle américaine approche à grands pas dans une ambiance très étrange. Si le démocrate Adlai Stevenson fait campagne contre « une guerre inutile qui aurait pu et dû être évitée » il ne décolle pas dans les sondages. La majorité de l’opinion américaine reste favorable à la guerre, il faut dire que le Maccarthysme fait son effet : « chasser les rouges et les buter jusque dans les chiottes ! » C’est donc le 15 août 1955 à 5 heures du matin, à quelques mois de l’élection, que débute Hammerhead. Ce sont trois divisions de Marine et quatre divisions d’infanterie qui débarquent en 35 points de l’île d’Hainan. Grâce à la longue campagne aérienne et navale précédent les débarquements, les défenseurs sont dépassés à trois pour un dans les zones de débarquement. Malgré le soutien de 12 porte-avions et 4 cuirassés, il faut tout de même deux mois et trois semaines pour sécuriser la totalité de l’île et c’est un carnage. Si les Américains ont plus 5000 tués, l’APL compte au moins 110 000 morts si on inclut les miliciens. Pire, on parle de 40 000 civils tués. Heureusement, le contrôle de l’information fait que l’opinion américaine n’a pas de chiffre aussi précis. Deux choses sont alors certaines, l’armée chinoise n’est ni assez bien entrainée ni assez bien équipée pour faire face aux forces américaines et surtout, cette guerre va faire des centaines de milliers, voire des millions de morts.
Pour suivre les cadences de production infernales, les États-Unis ont, dès 1954, investi massivement dans l’industrie japonaise afin de produire armes et munitions au plus près du front. En plus de ce qui va générer un énorme boom économique, le pays du soleil levant est à nouveau autorisé à avoir une armée (les forces d’autodéfenses). En Europe aussi, la crainte d’une guerre pousse au réarmement. Si les populations des pays membres de l’OTAN ne sont pas spécialement favorables à la guerre contre la Chine, une guerre lointaine, la crainte que l’URSS profite de la situation fait que l’effort de réarmement reste bien accueilli. L’URSS, justement, a créé sa propre alliance défensive avec le « Pacte de Varsovie ». Si Nikita Khrushchev ne semble pas prévoir de passer à l’offensive, l’industrie soviétique tourne à plein régime pour maintenir les forces chinoises à flot tout en modernisant l’Armée rouge. Alors que Chinois et Américains versent leur sang, l’URSS guette des opportunités.
Le 10 octobre 1955 voit la seconde phase du carnage commencer avec l’opération Bulwark. Comme expliqué plus tôt, l’opération prévoit des débarquements simultanés sur la péninsule de Léizhōu en face de l’île d’Hainan, à l’est et l’ouest d’Hong Kong, dans la zone Shantou-Xiamen-Fuzhou en face de Taiwan, mais aussi à Qingdao et Shanghai. Il s’agit de la plus grande opération amphibie jamais réalisée. Les Américains engagent 3 divisions de Marine, 23 divisions d’infanterie et 2 divisions blindées. Les Taïwanais engagent 22 divisions mobilisées et encadrées dans le cadre du programme « National Glory ». À nouveau, les débarquements sont des succès d’un côté et un vrai massacre de l’autre. Les débarquements ne se font pas dans ou à proximité des agglomérations, mais dans les plaines qui les entourent. Cela permet aux Américains et Taïwanais d’utiliser pleinement leur puissance de feu et de prendre le contrôle d’axes routiers et navigables très importants. Au fur et mesure que les forces américaines et taïwanaises avancent dans les terres, leur avance se fait de plus en plus lente et méthodique. Il faut onze mois, jusqu’en août 1956, 16 000 morts américains, 47 000 morts taïwanais pour sécuriser tous les objectifs de Bulwark. Côté communiste, on ne compte même plus les pertes. Peut-être bien 400 000 morts. Mais en parallèle des combats, d’autres drames ont lieu. La mobilisation chinoise mène à des récoltes catastrophiques entrainant une famine d’ampleur biblique.
Dans une tentative désespérée d’arrêter l’ennemi, Máo Zédōng ordonne la destruction des digues et barrages sur le Fleuve Jaune et le Yangtze. Si c’est en effet l’un des principaux facteurs de la lenteur des opérations américaines, c’est surtout un drame pour les Chinois. On estime que les inondations à elles seules ont fait 3 millions de morts, blessés et déplacés. Un chiffre invérifiable, mais une crise qui mène la chute de Máo et le début des luttes de pouvoir. En avril 1956, Liu Shaoqi fait arrêter et exécuter le Grand Timonier, il ordonne aussi l’arrêt des contre-attaques et la consolidation des défenses. Rapidement, le bruit court même qu’il envisagerait de négocier la fin des hostilités. C’est ainsi que Jiang Qing, Zhang Chunqiao, Yao Wenyuan et Wang Hongwen, des proches de Máo, qui gagneront le surnom de la « Bande des quatre », lancent un contre coup d’État qui achève de plonger le gouvernement et l’armée dans le chaos.
Pour rajouter le chaos au chaos, Kim Il-sung a fourbi ses armes et se lance dans une audacieuse invasion de la Corée du Sud. Après tout, les forces américaines sont enlisées en Chine, théâtre sur lequel, contre toute attente, l’arme nucléaire n’a pas encore été utilisée. Ainsi, le 14 septembre 1956, l’aéroport national de Gimpo est bombardé, le palais de Gyeongmudae attaqué par des commandos infiltrés et des troupes débarquent à Uljin dans l’est du pays. Quelques heures après, profitant du chaos engendré par les attaques et surtout par la mort de Syngman Rhee, l’armée nord-coréenne franchit la frontière en masse. Si les forces sud-coréennes et américaines résistent de leur mieux, elles sont en infériorité numérique et font face à un formidable déluge d’artillerie. Dwight D. Eisenhower lance un avertissement à Kim Il-sung, lui ordonnant de retirer immédiatement ses troupes. Nikita Khrushchev en fait autant, il faut dire que le Président américain a été très clair avec lui : s’il faut atomiser le « grand leader » pour le remettre à sa place, il le fera. Et c’est ce qu’il fait… presque. Le 16 août, 48 heures après le début de l’invasion nord-coréenne, l’île de Ch'odo à une centaine de kilomètres de Pyongyang est rasée par une bombe thermonucléaire B46. C’est l’opération Meethinghouse, et Kim Il-sung semble comprendre le message puisque par l’intermédiaire de Khrushchev il fait savoir que ses troupes vont regagner leur frontière. Ce qui est fait, pour l’essentiel, dans les 48 heures suivantes.
Toutefois, Nikita Khrushchev comprend que le conflit risque de dégénérer sur n’importe quel front. Il aimerait convaincre les Chinois de déposer les armes, mais qui choisir comme interlocuteur alors que la bande de quatre et Liu Shaoqi se retrouvent à mener une guerre civile au milieu d’une invasion de leur territoire ? Pendant des semaines, l’URSS échange avec les deux factions et le seul qui est réceptif à une fin des hostilités est Liu Shaoqi. Le 11 septembre 1956, l’Armée rouge lance l’opération Zenith consistant en l’invasion de la Mandchourie et du Xinjiang. Les forces chinoises y sont faibles et mal équipées. Tout l’équipement issu de l’aide soviétique est dans le sud du pays. Les troupes fidèles à Shaoqi accueillent et guident l’Armée rouge. Les troupes fidèles à la Bande de quatre se font tailler en pièce. Après des mois et des mois de conflit, les forces chinoises, quelle que soit leur faction, ne sont tout au plus qu’une milice. La Mandchourie et le Xinjiang sont occupés en 22 jours seulement. À défaut de communication fiable encore utilisable en territoire chinois, on en revient tracts largués par avion. Tracts dans lesquels Liu Shaoqi, Nikita Khrushchev et Dwight D. Eisenhower appellent mutuellement à l’arrêt des combats et la reddition de la Bande de quatre retranchés dans la Cité interdite. En attendant, les fronts se figent pour plusieurs mois. Ce qui nous permet de revenir un instant sur la guerre en Indochine pour laquelle il n’y a plus grand-chose à dire. Depuis l’invasion de la Chine continentale, toute l’aide économique, technique et militaire de l’URSS a été absorbée par la Chine, conduisant à l’effondrement du Việt Minh. Si une guérilla subsiste toujours autour d’Hồ Chí Minh, elle n’est plus qu’une vague nuisance. D’ailleurs, le leader du Việt Minh sera finalement tué dans l’opération Iron Oak, un raid héliporté dans la province de Yên Bái dans la nuit du 1er au 2 mai 1958.
Pendant ce temps, les négociations se poursuivent par l’entremise de l’URRS. Les choses sérieuses commencent réellement en novembre avec un quasi-cessez-le-feu qui s’installe progressivement. Les Soviétiques maintiennent leurs positions en Mandchourie et au Xinjiang. Les forces de Liu Shaoqi faisant face aux Américains se sont retranchées et si les accrochages restent quotidiens, les Américains n’essaient pas d’avancer. Cela permet de limiter les pertes et d’apaiser l’opinion publique américaine qui commence à prendre conscience des pertes malgré le contrôle de l’information. Toutefois, les troupes de la Bande des quatre continuent d’attaquer celles de Liu Shaoqi, mais aussi les positions américaines. Leurs pertes sont effroyables… et à sens unique. Le conflit pourrait bien finir par s’arrêter, car avec une telle attrition, la Bande des quatre n’aurait bientôt plus de chair à canon à disposition. D’ailleurs, les redditions et désertions se multiplient en conséquence.
Le 4 mars 1957, après un hiver effroyable pour les Chinois et surtout pour les civils, Liu Shaoqi, Nikita Khrushchev, Tchang Kaï-chek et Dwight D. Eisenhower se retrouvent à Haikou sur l’île d’Hainan pour parapher un accord de paix. Quelques jours auparavant, le 18 février, la Bande des quatre a été renversée par ses derniers fidèles et les rumeurs les plus sordides circulent sur le sort qui leur a été réservé. Le traité d’Haikou organise la fin des hostilités et décide du sort de la Chine. Le pays ne sera pas formellement occupé, mais va être radicalement transformé. Tout le monde a dû faire des compromis. La République de Chine est rétablie sur l’ensemble du territoire, mais devra présenter une nouvelle constitution. Tchang Kaï-chek n’accomplit pas son vieux rêve de devenir le Président de la Chine unifiée. Personne, pas même les Américains, n’était prêt à céder sur ce point. Si Tchang était un allié utile des Américains, Eisenhower a bien compris que les Chinois communistes n’accepteraient jamais son autorité, le passif est trop lourd. C’est Li Zongren qui est nommé Président du gouvernement de transition, avec Deng Xiaoping comme Premier ministre. Liu Shaoqi garde le contrôle de ce qui reste des armées. Surtout, il a obtenu que son pays ne soit ni occupé ni partitionné entre l’URSS et les États-Unis. En échange, les premiers brouillons de constitution évoquent la fédéralisation du pays, la démocratie et la libéralisation. Bien sûr, dans la pratique, Soviétiques comme Américains vont rester en Chine pendant un moment, pour aider au maintien de l’ordre, à la reconstruction et surtout à l’aide aux populations qui en ont bien besoin.
Le 5 mars 1959, la constitution est promulguée sans referendum ni vote. Pas très démocratique, mais les citoyens de la Chine continentale ont d’autres priorités et puis, on l’amendera plus tard s’il le faut. La Chine unifiée devient la République fédérale chinoise, constituée de neuf républiques : la République de Taiwan, la République de Mandchourie, la République du Xinjiang, la République du Tibet, la République de Mongolie intérieure, la République Hui et la République du Guangdong. La capitale fédérale est établie à Nanjing et la démocratie directe au suffrage universel est instaurée. Pour ce qui est de la politique, les grands principes issus des nombreux compromis sont intéressants. Sur le plan économique, c’est un mélange de capitalisme et de socialisme qui préfigurera ce que certains qualifient de capitalisme d’État. En effet, si la libre entreprise et la libre propriété sont instaurées, malgré tout l’état pilote les secteurs clefs de l’économie. Au niveau agricole, si la propriété individuelle est rétablie, les coopératives sont plus avantageuses en termes de taxation. De plus, l’accumulation des terres, bien que possible, reste fermement encadrée. Tout cela est rendu possible par un programme d’aide et d’investissement. Si l’URSS et les États-Unis sont les principaux contributeurs, la surprise vient du Japon qui, grassement enrichi par son soutien industriel à la guerre des Américains, investit massivement dans l’agriculture chinoise. Si dans un premier temps, ce sont les Chinois qui en bénéficieront, une fois leur sécurité alimentaire restaurée, le Japon, manquant de terres arables, pourra importer des denrées à des prix très intéressants. Ce n’est donc pas un geste désintéressé.
De l’Indochine à la Chine. D’une guerre française à une guerre américaine. D’une guerre d’endiguement à une guerre totale. Si l’année 1959 est porteuse d’espoir, cette guerre reste un désastre total dont les pertes humaines rivalisent sans peine avec celle de la Seconde Guerre mondiale. Plus de 12 millions de soldats et miliciens chinois tués et surtout des pertes civiles directes et indirectes estimées à 23 millions de morts. Des chiffres stratosphériques comparés aux pertes américaines et taïwanaises qui s’établissent respectivement à 312 000 et 780 000 de soldats tués. Tout cela pour empêcher l’extension du communisme. Toutefois, d’autres espoirs se dessinent. Soviétiques et Américains commencent à discuter d’une réunification d’une Allemagne neutralisée avec une armée basée sur le modèle japonais. La même chose est envisagée par les deux grandes puissances au sujet de la Corée. Des discussions ont lieu autour de la question des armements nucléaires, plus précisément autour de la question du plafonnement du nombre d’armes des puissances détentrice et de la non-prolifération. Qui vivra verra et puis comme le dit un proverbe africain : L’espoir est le pilier du monde.
Note de l’auteur : avec un POD semblable il y a le tome 20 « Dragon Rouge » de la série de BD Jour J. Toutefois, la BD porte plus sur les magouilles politiques que le conflit en lui-même. J’ai, comme souvent, glissé quelques clins d’œil historiques ou à d’autres œuvres. Le fait qu’Hồ Chí Minh soit tué à Yên Bái est un clin d’œil à Au Bord de l’Abîme. Le fait que ce soit le 187ème Régiment de la 101ème Division aéroportée qui saute dans le « Chaudron » l’est aussi. La démonstration nucléaire contre la Corée du nord est un clin d’œil au roman « 10 juin 1999 » d’Eric L. Harry (il faudra un jour que je fasse un article de blog sur ce bouquin). Au niveau des références historiques, si j’ai évidemment directement repris des éléments de mes recherches pour Au Bord de l’Abîme, j’ai aussi récemment mis la main sur une série d’articles du Fana de l’aviation tournant autour de l’intervention américaine à Điện Biên Phủ, notamment les numéros 536 et 537. À l’occasion, peut-être que j’étofferai et améliorerai ce « court » pour en faire une nouvelle.
Dernière édition par Thomas le Jeu 28 Sep - 18:09, édité 2 fois
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Et bien, beau texte. Je signale des erreurs de date :
Le 6 mai ''1964'' donc, l’opération Cobalt anéantit le noyau dur des forces de Giáp,
Pendant ce temps, le 27 mai 1964, l’opération Vulture se termine avec une victoire franco-américaine à Điện Biên Phủ. Victoire plus américaine que française d’ailleurs
Le 6 mai ''1964'' donc, l’opération Cobalt anéantit le noyau dur des forces de Giáp,
Pendant ce temps, le 27 mai 1964, l’opération Vulture se termine avec une victoire franco-américaine à Điện Biên Phủ. Victoire plus américaine que française d’ailleurs
Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Non, pas d'erreur. Le 6 mai, il y a l'opération Cobalt, mais les combats se poursuivent autour de Điện Biên Phủ.Collectionneur a écrit:Et bien, beau texte. Je signale des erreurs de date :
Le 6 mai ''1964'' donc, l’opération Cobalt anéantit le noyau dur des forces de Giáp,
Pendant ce temps, le 27 mai 1964, l’opération Vulture se termine avec une victoire franco-américaine à Điện Biên Phủ. Victoire plus américaine que française d’ailleurs
Et merci pour ton compliment.
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Je parle de l'année 64 au lieu de 54
Et un lapsus entre redition et réédition . Tracts dans lesquels Liu Shaoqi, Nikita Khrushchev et Dwight D. Eisenhower appellent mutuellement à l’arrêt des combats et la ''réédition'' de la Bande de quatre retranchés dans la Cité
Concernant le futur, l'usage de l'arme nucléaire dans ce conflit me fait penser que le TNP de 1968 n'aura pas lieu, ou alors que nombre de pays vont avoir la bombe avant de parler désarmement.
Et un lapsus entre redition et réédition . Tracts dans lesquels Liu Shaoqi, Nikita Khrushchev et Dwight D. Eisenhower appellent mutuellement à l’arrêt des combats et la ''réédition'' de la Bande de quatre retranchés dans la Cité
Concernant le futur, l'usage de l'arme nucléaire dans ce conflit me fait penser que le TNP de 1968 n'aura pas lieu, ou alors que nombre de pays vont avoir la bombe avant de parler désarmement.
Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Ah oui, bien vu. C'est corrigé, merci.Collectionneur a écrit:Je parle de l'année 64 au lieu de 54
Et un lapsus entre redition et réédition . Tracts dans lesquels Liu Shaoqi, Nikita Khrushchev et Dwight D. Eisenhower appellent mutuellement à l’arrêt des combats et la ''réédition'' de la Bande de quatre retranchés dans la Cité
Concernant le futur, l'usage de l'arme nucléaire dans ce conflit me fait penser que le TNP de 1968 n'aura pas lieu, ou alors que nombre de pays vont avoir la bombe avant de parler désarmement.
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Merci pour ce texte, tu as mon vote de facto.
Et merci pour ce que je crois être un clin d'oeil à "En traversant des temps difficiles" avec l'Opération Cobalt
Et merci pour ce que je crois être un clin d'oeil à "En traversant des temps difficiles" avec l'Opération Cobalt
Uranium Colonel- Messages : 1905
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Uranium Colonel a écrit:Merci pour ce texte, tu as mon vote de facto.
Et merci pour ce que je crois être un clin d'oeil à "En traversant des temps difficiles" avec l'Opération Cobalt
1/ Merci beaucoup.
2/ Bien vu et de rien.
J'admets être assez satisfait du résultat obtenu en si peu de temps. En gros, j'ai eu l'idée en début de semaine dernière, ce qui aboutie à une vingtaine de ligne de notes environs.
Ensuite, j'ai consacré mes soirées de mercredi à vendredi, à l'écriture. Donc approximativement 7 heures où je me suis vraiment laissé aller et où je me suis fait plaisir.
Enfin, samedi, j'ai consacré environs 2 heures pour les corrections et relectures.
Ainsi, pour approximativement 9 heures de travail, je suis assez content et surpris de ce que j'ai réussi à faire.
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Sympa. Mais quand même, malgré les pertes chinoises, le récit me semble terriblement optimiste quant aux risques d'escalade avec Moscou (ici étrangement inexistants) et aux succès militaires nationalistes et américains sur le continent d'abord, puis à l'issue du conflit en Chine comme conséquemment à l'avenir de l'Allemagne.
Imberator- Messages : 92
Date d'inscription : 06/12/2015
Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Plusieurs points:
Je pars du principe que personne n'a envie d'utiliser l'arme nucléaire.
L'escalade, si elle est peu visible, demeure par le fait que l'armée chinoise est alimentée massivement par l'URSS. Dans cette guerre, les Soviétiques espèrent que leur plus gros rival et l'outsider maoïste vont s'affaiblir mutuellement, offrant par glissement le statu de première puissance mondiale à l'URSS.
L'armée chinoise de l'époque, si elle a de gros effectifs, est une puissance militaire très faible. L'entrainement et l'équipement sont dignes d'une milice, la stratégie militaire est tout sauf moderne. Dans une guerre contre une armée régulière semi-professionnelle, ce genre de force se fait forcément tailler en pièce.
Pour la fin de l'histoire, je pars du principe optimiste qu'après ce dérapage ayant fait beaucoup trop de mort, tout le monde est prêt à des compromis.
Je pars du principe que personne n'a envie d'utiliser l'arme nucléaire.
L'escalade, si elle est peu visible, demeure par le fait que l'armée chinoise est alimentée massivement par l'URSS. Dans cette guerre, les Soviétiques espèrent que leur plus gros rival et l'outsider maoïste vont s'affaiblir mutuellement, offrant par glissement le statu de première puissance mondiale à l'URSS.
L'armée chinoise de l'époque, si elle a de gros effectifs, est une puissance militaire très faible. L'entrainement et l'équipement sont dignes d'une milice, la stratégie militaire est tout sauf moderne. Dans une guerre contre une armée régulière semi-professionnelle, ce genre de force se fait forcément tailler en pièce.
Pour la fin de l'histoire, je pars du principe optimiste qu'après ce dérapage ayant fait beaucoup trop de mort, tout le monde est prêt à des compromis.
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Et c'est bien pour ça qu'elle est absolument invincible face aux Américains.Thomas a écrit:L'armée chinoise de l'époque, si elle a de gros effectifs, est une puissance militaire très faible. L'entrainement et l'équipement sont dignes d'une milice, la stratégie militaire est tout sauf moderne. Dans une guerre contre une armée régulière semi-professionnelle, ce genre de force se fait forcément tailler en pièce.
D'abord politiquement, tout comme face aux Japonais, les Chinois, misant sur leur nombre, leur endurance et l'immensité de leur pays, plutôt que de se diviser resserreraient très vraisemblablement les coudes au contraire de ce qui est proposé dans le scénario, point qui découle de déconvenues militaires initiales sans doute très exagérées.
Ensuite militairement précisément les troupes US peuvent essayer de briser l'armée régulière sur le terrain et s'enfoncer en territoire chinois, la guerre est de toute façon ingagnable pour elles. Tout comme face aux Japonais mais à plus grande échelle les forces régulières chinoises, bénéficiant d'une profondeur stratégique conséquente, reculeront pied à pied, souffriront le martyr mais ne cèderont pas et se reconstitueront en permanence car disposant d'un capital humain presque infini et de matériels soviétiques en quantité.
Et pendant ce temps à l'arrière du front les guérilleros chinois se compteront en millions et rendront le contrôle du pays virtuellement impossible.
Les USA, qui ont eu tant de mal en Corée et qui se sont fait humilier au Vietnam, se retrouveraient à devoir gérer une guerre simultanément de type Corée et Vietnam mais facteur 10 et avec comme inconvénient supplémentaire une profondeur stratégique adverse considérablement plus grande.
Et c'est bien ce qui n'est pas crédible. Que les USA s'inquiètent de leurs pertes, OK. Qu'ils s'émeuvent des souffrances chinoises, d'accord.Thomas a écrit:Pour la fin de l'histoire, je pars du principe optimiste qu'après ce dérapage ayant fait beaucoup trop de mort, tout le monde est prêt à des compromis.
Mais les Chinois et encore moins les Soviétiques n'auront pas ce genre de scrupules. Comme lors de la Seconde Guerre Mondiale, 20 millions de morts, 40, 60 même peu importe pour les Chinois et pour Moscou si c'est le prix à payer pour obtenir la victoire.
Imberator- Messages : 92
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Je ne vois pas ces pays être prêt à perdre 20-40-60 millions de concitoyens moins de 10 ans après la Seconde guerre mondiale.Mais les Chinois et encore moins les Soviétiques n'auront pas ce genre de scrupules. Comme lors de la Seconde Guerre Mondiale, 20 millions de morts, 40, 60 mêmes peu importe pour les Chinois et pour Moscou si c'est le prix à payer pour obtenir la victoire.
Un truc qui rejoint ce que j'exprime sur le premier point. Je ne vois pas les Chinois accepter tous et unanimement tous les sacrifices après tout ce qu'ils ont endurés dans la guerre contre le Japon et la Guerre civile.D'abord politiquement, tout comme face aux Japonais, les Chinois, misant sur leur nombre, leur endurance et l'immensité de leur pays, plutôt que de se diviser resserreraient très vraisemblablement les coudes au contraire de ce qui est proposé dans le scénario, point qui découle de déconvenues militaires initiales sans doute très exagérées.
Ensuite militairement précisément les troupes US peuvent essayer de briser l'armée régulière sur le terrain et s'enfoncer en territoire chinois, la guerre est de toute façon ingagnable pour elles. Tout comme face aux Japonais mais à plus grande échelle les forces régulières chinoises, bénéficiant d'une profondeur stratégique conséquente, reculeront pied à pied, souffriront le martyr mais ne cèderont pas et se reconstitueront en permanence car disposant d'un capital humain presque infini et de matériels soviétiques en quantité.
Et pendant ce temps à l'arrière du front les guérilleros chinois se compteront en millions et rendront le contrôle du pays virtuellement impossible.
Les USA, qui ont eu tant de mal en Corée et qui se sont fait humilier au Vietnam, se retrouveraient à devoir gérer une guerre simultanément de type Corée et Vietnam, mais facteur 10 et avec comme inconvénient supplémentaire une profondeur stratégique adverse considérablement plus grande.
Le pays pense encore ses plaies des deux guerres et commencent avoir ces premières famines dès 1953.
Quant au contrôle du terrain, l'Alliance Américano-taiwanaise ne contrôle que quelques zones côtières qui justement leur coutent de longs mois dans leur avancée en Chine. D'autant qu'en parallèle, ils doivent contenir les tentatives de contre-attaques.
La comparaison avec le Vietnam est à la fois vraie et fausse, comme le serait la comparaison avec l'Afghanistan. Deux guerres lors desquelles sur le plan strictement militaire, les États-Uns sont l'ascendant, mais subissent une défaite avant tout politique et morale.
Enfin, il faut garder en tête que le format CTC à ses contraintes et que tout un tas d'éléments ne peuvent pas être détaillé/expliqué.
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Parce que tu es un "occidental petit-bourgeois humaniste". Pas un despote sociopathe.Thomas a écrit:Je ne vois pas ces pays être prêt à perdre 20-40-60 millions de concitoyens moins de 10 ans après la Seconde guerre mondiale.
Mao répétait que du fait de la sa population la République Populaire était le seul pays qui survivrait à une guerre nucléaire. Pour un dirigeant chinois des dizaines de millions de morts, au front ou sur les chantiers du Grand Bon en Avant, pour un objectif majeur dans un pays surpeuplé ce n'est pas un problème, tout au plus une gène rattrapable en une demi-génération, comme la guerre sino-japonaise.
D'abord les famines c'est encore à l'époque "naturel" et acceptable tant qu'elle ne concernent pas l'élite au pouvoir.Thomas a écrit:Je ne vois pas les Chinois accepter tous et unanimement tous les sacrifices après tout ce qu'ils ont endurés dans la guerre contre le Japon et la Guerre civile.
Le pays pense encore ses plaies des deux guerres et commencent avoir ces premières famines dès 1953.
Ensuite l’unanimité ça n’existe pas politiquement. Dans une dictature ça a encore moins d'importance. Ce qui compte c'est la solidité du pouvoir en place et, ici, le sentiment national, bien plus profond qu'on se l'imagine en occident, de la population comme du régime qui ne s'aurait s’accommoder d'une soumission aux conditions d'un étranger pas même capable de conquérir le pays. Et si les régions ravagées sont fortement minoritaires il n'y aura que les populations immédiatement concernées pour s'opposer à la conduite de la guerre. Ailleurs le patriotisme devrait logiquement incliner les masses en faveur de la résistance à l'envahisseur et du soutient régime.
Se rappeler qu'après l'invasion japonaise les communistes se sont spontanément tout à fait volontairement placés, effectivement provisoirement, sous la direction des nationalistes avec lesquels ils s'entretuaient immédiatement avant, ce par patriotisme et pour chasser l'envahisseur.
Là tant que le pays n'est pas sur le point de sombrer et que les Américains ne se sont pas enfoncés profondément loin des côtes, la situation est bien moins critique que face aux Japonais. Donc pourquoi céder si vite et se déchirer entre camarades quand on a des ressources immenses, qu'on n'est pas pressé par le temps et par quelque élection que ce soit et qu'en plus on sait que l'adversaire, lui, tient grandement compte de ses propres pertes et aura donc une capacité d'endurance certainement bien plus faible.
Enfin et surtout tu prends le problème à l'envers. Je ne vois pas les Chinois avoir accepté les pires souffrances pour chasser les Japonais, puis avoir combattu pour la révolution jusqu'à rejeter les Nationalistes à la mer pour ensuite plier si facilement contre un envahisseur qui ne tient que quelques territoires côtiers, que les ressources en hommes et en matériels soviétiques sont abondants. Aussi ridicule que de se livrer à Tokyo en 40/41.
De deux chose l'une. Soit les Américains tiennent de vastes territoires chinois, mais alors leurs arrières seront incontrôlables et donc les dirigeants chinois pourront compter sur l'épuisement de l'occupant à la longue, soit ils se cantonnent à tenir quelques territoires côtiers et alors ils ne seront certainement ni en mesure de faire plier un régime techniquement même pas menacé, ni donc en capacité de provoquer indirectement une guerre civile entre communistes, et alors ils finiront là aussi par s'épuiser au fil des années.Thomas a écrit:Quant au contrôle du terrain, l'Alliance Américano-taiwanaise ne contrôle que quelques zones côtières qui justement leur coutent de longs mois dans leur avancée en Chine. D'autant qu'en parallèle, ils doivent contenir les tentatives de contre-attaques.
Dans tous les cas, comme pour la guerre avec le Japon ou pour la guerre civile, le temps, l'immensité du pays et de sa population jouent inéluctablement contre l'agresseur.
Mais là la victoire militaire ici n'a rien d'aussi évident et totale qu'en Irak ou en Afghanistan, loin de là. Vu la profondeur stratégique et les ressources dans l'intérieur du pays, ne contrôler, et encore sans doute pas entièrement, que quelques territoires côtiers à l'issue de quelques victoires initiales, mêmes spectaculaires, ne peut en aucun cas être considéré comme une victoire définitive.Thomas a écrit:La comparaison avec le Vietnam est à la fois vraie et fausse, comme le serait la comparaison avec l'Afghanistan. Deux guerres lors desquelles sur le plan strictement militaire, les États-Uns sont l'ascendant, mais subissent une défaite avant tout politique et morale.
Les conditions des guerres de l'opium ne sont plus de mise. Si l'on se souvient du ressentiment populaire après les ingérences britanniques on ne peut imaginer les Chinois et leurs dirigeants un siècle après se soumettre "si aisément" alors que l'ennemi tient quoi ? 300 à 500.000 km2, soit 3, 4 ou 5% du territoire, au plus 20% de la population, guère plus, même si à notre échelle c'est beaucoup.
Et pareillement après avoir vu les Américains en difficulté en Corée et à la ramasse au Vietnam, croire que leur intervention contre la RPC 15 fois plus grande et plus peuplée serait une certes sanglant et couteuse, surtout pour les locaux, mais triomphale accumulation de victoires militaires écrasantes, c'est de la science fiction.
Sur ce point ton scénario est inconsidérément optimiste.
Ben tiens !Thomas a écrit:Enfin, il faut garder en tête que le format CTC à ses contraintes et que tout un tas d'éléments ne peuvent pas être détaillé/expliqué.
S'il faut expliquer alors faut le faire. Si non c'est trop facile : "Ouais, mais ça marche quand même dans tout les cas mais tu peux pas comprendre pourquoi parce que je peux pas expliquer les détails...".
Et, malheureusement et si on veut rester crédible, fondamentalement quels soient les détails d'un scénario, les données géostratégiques n'ont que faire des dits détails et ne changent pas subitement sur commande en fonction de la direction que l'on veut donner à une uchronie.
Quand même une Chine démocratique et consensuelle à la fin d'une guerre digne des chevauchées coloniales du XIXème siècle, et mieux encore une Allemagne sur la voie de l'unification et de la neutralité...
Imberator- Messages : 92
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
@Imberator. Je rappelle les frictions du PCC même au plus fort de la dictature maoïste. On a quand eu Lin Biao se faire tué a bord d'un avion britannique Trident de la Force aérienne chinoise qui s'est planté en Mongolie.
Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
D'où le parti prit.Parce que tu es un "occidental petit-bourgeois humaniste". Pas un despote sociopathe.
Je crois, à tort ou à raison, que tout le monde n'est pas prêt à tous les sacrifices.
C'est ce que lui disait. Cela ne veut pas dire que tous les Chinois ou tous les membres PCC, sont prêts à se sacrifier ou sacrifier les autres.Mao répétait que du fait de la sa population la République Populaire était le seul pays qui survivrait à une guerre nucléaire.
Ce qui rejoint le parti prit "occidental petit-bourgeois humaniste".
Lui Shaoqi ne mourrait pas de faim OTL, mais le fait de voir la famine dévaster sa région natale l'a mené à s'opposer à Mao dès les débuts des années 60. Ici, je fais le parti prit qu'avec des famines aggravées par la mobilisation et la destruction des infrastructures, le même genre de friction et opposition se forment.D'abord les famines c'est encore à l'époque "naturel" et acceptable tant qu'elle ne concernent pas l'élite au pouvoir.
Oui, je fais le parti prit qu'après un énième massacre, les grandes puissances se disent qu'il faut trouver des terrains d'entente, des compromis.Sur ce point, ton scénario est inconsidérément optimiste.
Avec le CTC, on est censé faire des textes aux alentours des 2000 mots. Ici, je suis plus proche des 4000. Donc, oui, je n'ai pas pris le temps de tout expliquer, j'ai même coupé quelques phrases.S'il faut expliquer alors faut le faire. Si non c'est trop facile : "Ouais, mais ça marche quand même dans tout les cas mais tu peux pas comprendre pourquoi parce que je peux pas expliquer les détails...".
De manière plus globale, ce texte n'a pas prétention à être une thèse. C'est une fiction écrite en quelques heures, avec un parti prit dès le départ qui est de voir un conflit "néo-colonialiste/impérialiste" dégénérer en conflit de plus grande envergure. Un conflit alimenté par le cynisme, avant qu'enfin, face à la multitude de morts, si peu de temps après la seconde guerre mondiale, un peu d'humanité resurgissent.
Enfin, comme dit dans les notes de fin,
.À l’occasion, peut-être que j’étofferai et améliorerai ce « court »
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Les Américains certainement pas, surtout pour leurs propres pertes. Les Russes et surtout les Chinois n'en n'ont, sinon rien, du moins vraiment pas grand chose à faire. Les morts c'est de la viande. L'élevage humain permettra de reconstituer le cheptel rapidement en temps voulu. Seuls comptent la nation et la révolution.Thomas a écrit:D'où le parti prit.Parce que tu es un "occidental petit-bourgeois humaniste". Pas un despote sociopathe.
Je crois, à tort ou à raison, que tout le monde n'est pas prêt à tous les sacrifices.
D'abord pour Mao il ne s'agissait pas de se sacrifier lui, qui aurait pris place n'en doutons pas dans un abri antiatomique confortablement aménagé, ni forcément de même l'élite du parti, mais de sacrifier la populace chinoise par centaines de millions pour la victoire.Thomas a écrit:C'est ce que lui disait. Cela ne veut pas dire que tous les Chinois ou tous les membres PCC, sont prêts à se sacrifier ou sacrifier les autres.Mao répétait que du fait de la sa population la République Populaire était le seul pays qui survivrait à une guerre nucléaire.
Ce qui rejoint le parti prit "occidental petit-bourgeois humaniste".
Et puis qu'il n'y ait pas absolue unanimité sur la nécessité d'accepter des pertes énormes et qu'il y ait "des bonnes âmes" au PCC, sans doute. De la à ce qu'elles s'imposent dans les conditions exposées, pratiquement aucune chance. Ou alors il faudrait que fort opportunément à la tête du PCC une grippe quelconque tue sélectivement les tenants majoritaires de la lutte à outrance et eux seuls.
D'abord les destructions proposées ici ne provoqueront pas une famine aussi grave que celle engendrée par le Grand Bon en Avant. Pratiquement rien ne pourrait être aussi ravageur dans le domaine. Ensuite la mobilisation sera négligeable eu égard à la taille de la population. Disons 2% de la population mobilisée, 12.000.000 d'hommes en permanence sous les drapeaux sur plus de 600 millions d'habitants et plus ? C'est presque anecdotique et c'est bien suffisant pour tenir tête à des Américains et nationalistes prudemment cantonnés à quelques territoires côtiers. 21 millions de morts, un peu moins de 3,5% de la population ? Une proportion un petit peu moins élevée que ce qu'a subi la France de 14-18 pourtant très démocratique et bien plus regardante de ses pertes. Et ici sur une période plus longue et sur une Chine démographiquement bien plus dynamique. Pas négligeable mais largement acceptable pour le pouvoir en place et sans doute aussi pour une bonne partie du quidam (pour ne pas dire le pékin) de base étant donnée l'importance de l'enjeu et l’endoctrinement idéologique.Thomas a écrit:Lui Shaoqi ne mourrait pas de faim OTL, mais le fait de voir la famine dévaster sa région natale l'a mené à s'opposer à Mao dès les débuts des années 60. Ici, je fais le parti prit qu'avec des famines aggravées par la mobilisation et la destruction des infrastructures, le même genre de friction et opposition se forment.D'abord les famines c'est encore à l'époque "naturel" et acceptable tant qu'elle ne concernent pas l'élite au pouvoir.
La grande force de la Chine à cette époque c'est justement la surabondance des petites mains, un peu comme au Vietnam. S'il faut on mobilisera les étudiants et même une partie des bureaucrates comme lors du GB en Avant. Que les chemins de fer soient inutilisables et des dizaines de millions de coulis transporteront l'essentiel de tout ce qui est indispensable comme sur la piste Ho Chi Minh. Qu'il ait pénurie d'électricité et le gros du pays continuera de s'éclairer à la bougie. Que l'industrie manque de tout, peu importe au final vu le peu qu'elle produit de correct à l'époque, l'URSS compensera ce qui manquera de plus vital pour l'effort de guerre, le reste attendra.
La guerre, la guerre et encore la guerre avant tout comme face aux Japonais quelques années plus tôt.
Et puis Lui Shaoqi et ceux qui pensaient comme lui étaient sans doute bien gentils mais le Grand Bon à quand même duré un bout de temps. Et là il ne s'agissait que de considérations intérieures pour lesquelles de tels sacrifices étaient beaucoup plus difficilement tolérables. Face à une invasion étrangère et à une menace existentielle pour le régime la détermination et les sacrifices à consentir comme la solidarité entre camarades ne peuvent être que nettement plus grands.
Oui mais bon la géopolitique ce n'est pas le monde merveilleux de Disney. Et là, tant pour le PCC que pour le KMT de l'époque, le compromis proposé induisant et la démocratie à l'occidentale, et la fédéralisation, ne peut pas être accepté.Thomas a écrit:Oui, je fais le parti prit qu'après un énième massacre, les grandes puissances se disent qu'il faut trouver des terrains d'entente, des compromis.Sur ce point, ton scénario est inconsidérément optimiste.
La démocratie pour nous c'est la solution à tout. En Iraq et en Afghanistan nous ne sommes pas parvenus à l'imposer par la force. Après les printemps arabes et en Turquie elle a pu émergée avant d'être confisquée par les islamistes ou par des militaires voulant faire barrages aux islamistes. Au Vietnam pendant la guerre les américains n'ont pas su ou voulu ou plus vraisemblablement pas pu l'imposer dans le sud. Ce n'est pas un régime qui s'applique spontanément et irrévocablement quand l'occident décide de le mettre en place comme on se l'imagine.
Pour une large partie du monde la démocratie c'est l'incertitude, le risque d'une alternance et que l'un ou l'autre bord une fois aux manettes n'oublie ses belles promesses progressistes, toujours du point de vue occidental, pour confisquer le pouvoir et s'employer à éliminer l'autre camp, y compris ici en Chine et au risque d'une nouvelle guerre civile. Et on ne peut compter qu'à ce stade la confiance soit de mise entre communistes et nationalistes quand à la gestion future du pouvoir.
La démocratie et le fédéralisme c'est aussi la porte ouverte aux régionalismes et aux sécessionnistes. Or historiquement les Chinois de tous bords ont trop souffert de phases d'émiettement politique et de leurs conséquences néfastes, comme lors de celle du début du XXème siècle, pour risquer de laisser le pays exposé à une potentielle désunion même partielle.
Sans compter qu'on croit bien trop facilement, pour ne pas dire naïvement, en occident que le fédéralisme est la panacée contre les forces ethniques centrifuges. Pour un Tibétain et plus encore un Ouïgour demeurer durablement sous la tutelle d'une population chinoise immense et alors en plein boum démographique la rendant de fait omnipotente même dans un cadre fédéral ne saurait être acceptable à long terme. Surtout avec une constitution franchement vague et sans la moindre assurance tangible que la politique de décentralisation puisse avoir un avenir pas plus que la démocratie.
Deux milles mots de plus ne sauraient modifier si radicalement les données psychologiques, politiques et géostratégiques au point de faire de l'intervention américaine sinon une promenade de santé, du moins une réussite bien trop facile et complète, et des leaders communistes chinois et soviétiques des apôtres de la modération et de l'humanisme. Surtout dans la mesure où les intérêts politiques de ces derniers sont en jeu, que le temps joue pour eux, que les pertes ne sont pas leur priorité contrairement aux Américains, et que la défaite ne peut être aussi aisée et totale que proposée pour toutes les raisons exposées.Thomas a écrit:Avec le CTC, on est censé faire des textes aux alentours des 2000 mots. Ici, je suis plus proche des 4000. Donc, oui, je n'ai pas pris le temps de tout expliquer, j'ai même coupé quelques phrases.S'il faut expliquer alors faut le faire. Si non c'est trop facile : "Ouais, mais ça marche quand même dans tout les cas mais tu peux pas comprendre pourquoi parce que je peux pas expliquer les détails...".
Il y a quand même une incohérence à estimer que les opérations américaines en Chine seraient une relative partie de plaisir et aboutiraient de fait à une victoire totale occidentale, fondamentalement la démocratie donc la fin d'une Chine communiste ce n'est rien d'autre, alors qu'au Vietnam ils ont dû plier face à un adversaire 15 à 20 fois moins nombreux et qui a encaissé des pertes proportionnellement bien plus élevées (plus de 2 millions de morts sur autour de 40 millions d'habitants pendant la guerre et comptant nord et sud, un peu plus de 5% donc, contre ici en Chine 21 millions sur plus de 600, on l'a dit moins de 3,5%).
Sans compter qu'avec une mobilisation plus importante que pour le Vietnam côté US, les classes aisées se retrouveraient assez vite concernées et, comme à la fin des années 60 historiquement avec la médiatisation incontrôlée du conflit, se montreraient de moins en moins enclines à soutenir une guerre "étrangère" de longue durée, menée pour le compte d'une Chine nationaliste tout sauf démocratique, entrainant le gros de l'opinion publique américaine à leur suite. Comme au Vietnam, Chinois et Soviétiques ne passeraient pas à côté de cette donnée cruciale et joueraient habilement la montre contre Washington. Et les millions de morts chinois seraient très cyniquement exposés comme la conséquence de l'"impérialisme et de la cruauté" américains. Donc pourquoi un compromis quand l'avenir, pour meurtrier, s'annonce prometteur ?
Et c'est bien là le problème. Les fins hollywoodiennes dans les conflits de grande intensité ça n'existe pas. Le cynisme en politique c'est la règle, au moins et surtout dans les régimes totalitaires.Thomas a écrit:De manière plus globale, ce texte n'a pas prétention à être une thèse. C'est une fiction écrite en quelques heures, avec un parti prit dès le départ qui est de voir un conflit "néo-colonialiste/impérialiste" dégénérer en conflit de plus grande envergure. Un conflit alimenté par le cynisme, avant qu'enfin, face à la multitude de morts, si peu de temps après la seconde guerre mondiale, un peu d'humanité resurgissent.
Imberator- Messages : 92
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Bizarre, je pensais que cette erreur sur l'année 1954/1964 avait été corrigé par Thomas :
Pendant ce temps, le 27 mai 1964, l’opération Vulture se termine avec une victoire franco-américaine à Điện Biên Phủ. Victoire plus américaine que française d’ailleurs
Pendant ce temps, le 27 mai 1964, l’opération Vulture se termine avec une victoire franco-américaine à Điện Biên Phủ. Victoire plus américaine que française d’ailleurs
Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Je pensais aussi. Normalement, c'est (re)corrigé.Collectionneur a écrit:Bizarre, je pensais que cette erreur sur l'année 1954/1964 avait été corrigé par Thomas :
Pendant ce temps, le 27 mai 1964, l’opération Vulture se termine avec une victoire franco-américaine à Điện Biên Phủ. Victoire plus américaine que française d’ailleurs
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Re: [CTC27] D’une guerre d’endiguement à une guerre totale
Pour ceux qui passeraient par là, un remake de ce texte est en cours ici.
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