D’une guerre d’endiguement à une guerre totale (Remake)
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D’une guerre d’endiguement à une guerre totale (Remake)
Ça me trottait dans la tête depuis un moment, mais j'avais envie de reprendre ce texte pour l'améliorer et le compléter.
Si les premiers chapitres que vous allez lire sont inchangés, j'ai déjà commencé à beaucoup modifier la suite du conflit qui y est décrit.
Le but, avec vos commentaires et suggestion, est non seulement d'améliorer le texte, mais aussi de l'étoffer, voir de le pousser plus loin que la version initiale.
Dans les modifications que je suis en train d'apporter, le conflit dure déjà plus longtemps et ne termine pas aussi bien que dans la version poster lors du CTC.
Note de l’auteur : avec un POD semblable il y a le tome 20 « Dragon Rouge » de la série de BD Jour J. Toutefois, la BD porte plus sur les magouilles politiques que le conflit en lui-même. J’ai, comme souvent, glissé quelques clins d’œil historiques ou à d’autres œuvres. Le fait qu’Hồ Chí Minh soit tué à Yên Bái est un clin d’œil à Au Bord de l’Abîme. Le fait que ce soit le 187ème Régiment de la 101ème Division aéroportée qui saute dans le « Chaudron » l’est aussi. La démonstration nucléaire contre la Corée du nord est un clin d’œil au roman « 10 juin 1999 » d’Eric L. Harry (il faudra un jour que je fasse un article de blog sur ce bouquin). Au niveau des références historiques, si j’ai évidemment directement repris des éléments de mes recherches pour Au Bord de l’Abîme, j’ai aussi récemment mis la main sur une série d’articles du Fana de l’aviation tournant autour de l’intervention américaine à Điện Biên Phủ, notamment les numéros 536 et 537. À l’occasion, peut-être que j’étofferai et améliorerai ce « court » pour en faire une nouvelle.
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
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Des vautours dans la vallée de la mort
Des vautours dans la vallée de la mort
Depuis la vallée encaissée de Điện Biên Phủ, personne ne l’avait entendu venir. Masqué par le plafond nuageux alors que les soldats français étaient occupés par les combats, l’avion arrivait au nord-est de la vallée, au-dessus du gros du corps de bataille de Giáp. Son artillerie, ses réserves, ses renforts furent vaporisés par une bombe nucléaire tactique Mark 4. Chaleur et poussière comme on dit. À l’ouest du pays, Tuần Giáo, principale réserve logistique du Việt Minh est aussi frappée. Bien plus au nord, quatre autres bombes avaient détonné sur la Route Colonial 4 pour couper la ligne de vie communiste qui alimentait le Việt Minh depuis la Chine. C’était évidemment un avertissement pour Máo Zédōng, les États-Unis s’étaient décidés à intervenir. Non pour sauver l’empire français, mais pour stopper l’extension de « l’empire communiste », la fameuse stratégie de l’endiguement. Le Président américain Eisenhower, et surtout son Vice-Président Nixon, était persuadé que la Chine, doter d’une armée qui malgré la multitude restait très mal équipée et entrainée par rapport à l’armée américaine, protesterait, mais ne bougerait pas. En réalité, les Américains venaient d’ouvrir une boite de Pandore.
Initialement, le président américain redoutait l’intervention de la chasse chinoise au-dessus de l’Indochine. Les estimations initiales datant de 1953 laissant entendre que 200 Mig-15 étaient déployés au sud de la Chine à Nánníng, Thien Ho, Nánhǎi, Linchow, Guǎngzhōu, Guilin ou Kūnmíng. Il fallait aussi compter sur les appareils plus anciens tels que les Mig-9, La-11, Il-10 et Tu-2. Enfin, les rapports laissaient entendre qu’il ne faudrait que quelques jours pour transférer les nombreux Mig-15 du reste du territoire chinois jusqu’au sud du pays. Toutefois, les opérations de reconnaissance du printemps 1954, menées par des RB-45 au-dessus des principaux terrains d’aviation du sud de la Chine confirmèrent que la Chine n’avait ni la place ni les infrastructures pour engager beaucoup plus d’avions dans la région. Les bombardiers chinois ne semblaient pas à craindre non plus, la plupart des nouveaux Il-28 étant déployé autour de Běijīng.
C’est ainsi que Washington, sur les recommandations de l’amiral Radford et relais des demandes françaises, commença à intervenir en Indochine à partir de 4 avril 1954. Trois jours plus tôt, suite à des négociations débutées le 24 mars, un accord secret entre Washington et Paris était trouvé : les États-Unis intervenaient en soutien de la France, mais cette dernière abandonnait toute prétention sur la région. Pas d’Union française, pas de protectorat, plus d’ingérence dans la politique intérieure locale. Pour faire simple, en échange d’une victoire à Điện Biên Phủ, la France passait le relai aux États-Unis. L’argument qui aura fini par convaincre le Président Eisenhower et surtout le Congrès est la présence massive de « volontaires » chinois comme servant de DCA dans l’armée Việt Minh. Si la Chine est déjà cobelligérante, pourquoi l’Amérique se priverait-elle ? Seulement, on le saura que bien après, ses rapports étaient faux, ou tout du moins fortement exagérés. Cela n’empêchera donc pas l’Indochina Commitee noyauté par le complexe militaro-industriel de « lancer sa guerre ». Donc, à partir du 4 avril, les B-29 américains basés aux Philippines entament 16 nuits consécutives de bombardement sur la DCA autour de Điện Biên Phủ. Il est même envisagé de faire intervenir l’aviation taïwanaise au-dessus du sud de la Chine, mais l’idée est rapidement abandonnée. Pendant 15 nuits, dans le cadre de l’opération Vulture, soixante Stratofortress de l’USAF, escortés par 150 chasseurs de l’US Navy, déversent une cargaison quotidienne de 450 tonnes de bombes sur les troupes de Giáp. En parallèle, dans le cas où la Chine étendrait son engagement en Indochine, le Pentagone prépare le déploiement éventuel de six divisions d’infanterie, une division aéroportée pour un total de 275 000 hommes, soutenue par trois escadres de l’USAF.
En attendant, le 20 avril, 24 heures après la fin de la vague de bombardement, les paras de la 101ème aéroporté sautent sur et autour de Điện Biên Phủ. Si 2800 hommes du 187ème Régiment de la 101ème Division aéroportée sautent dans le « Chaudron », les autres se déversent dans la jungle environnante avec pour mission d’attaquer les forces communistes partout où cela est possible tout en sécurisant des zones d’atterrissage pour être ravitaillés. Si le largage est un succès, les Américains perdent 27 avions et 270 hommes. En effet, les B-29 n’ont pas complètement fait taire la DCA Việt Minh. Toutefois, les 17 000 hommes qui se déversent sur la zone permettent d’arrêter l’assaut communiste. Harcelé de toute part, Giáp est plus occupé à se défendre qu’à attaquer les Français dans le « Chaudron ». Avec l’aide du 187ème Régiment, les Français arrivent à rétablir leur périmètre, marquant la reprise du ravitaillement et des évacuations sanitaires.
Si la Chine et l’URSS n’interviennent pas, leurs protestations sont vives, très vives. Et l’URSS décide de soutenir encore plus massivement la Chine et le Việt Minh dans l’espoir de sanctuariser complètement le nord du Tonkin. Même si la Chine n’intervient pas en Indochine, une série de manœuvres d’intimidations et d’accrochage commence entre les aviations des deux Chines au-dessus du détroit. Et pour le coup, face au F-47N (des P-47 d’origine américaine), les Mig-15 communistes finissent par établir une petite, mais réelle, supériorité. Du moins pour un temps.
En parallèle, à Điện Biên Phủ, les troupes américaines frappent durement les corps de bataille Việt Minh et parviennent, comme espéré, à dégager des zones de largage pour se ravitailler convenablement. Pourtant, les troupes de Giáp, malgré de lourdes pertes, tiennent bon et commencent à recevoir des renforts. Pour le coup, des « volontaires chinois », par millier, accompagnent les troupes Việt Minh fraichement levées. Pour Giáp et Hồ Chí Minh, Điện Biên Phủ est devenu la bataille décisive. Ils en sont persuadés, s’ils perdent ici, ils ne s’en relèveront jamais. Alors les Việt Minh tiennent… Jusqu’au 6 mai… jusqu’à l’opération Cobalt. En fait, ils tiendront un peu au-delà, mais cela deviendra vite secondaire dans un conflit qui change alors de dimension.
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Opération Cobalt
Opération Cobalt
Le 6 mai 1954 donc, l’opération Cobalt anéantit le noyau dur des forces de Giáp, et lui avec. De Lang Son à Cao Bang en passant par Na Cham, That Khé et Dong Khê la RC4 est vitrifiée. L’URSS annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec les États-Unis, son retrait de l’ONU ainsi que son soutien inconditionnel à Hồ Chí Minh. Si l’URSS ne déclare pas la guerre, c’est parce que la démonstration de l’opération Cobalt fait peur à la troïka formée par Malenkov, Beria et Molotov. Ils tergiversent, car si l’URSS détient l’arme nucléaire, son arsenal est moins étendu que celui des Américains. Ces derniers ont l’avantage dans une guerre nucléaire et dans une éventuelle campagne de bombardement stratégique. C’est cette hésitation qui fera tomber la troïka face à Khrushchev quelques jours plus tard. Plus incisifs dans ses annonces, il n’ira pourtant pas jusqu’à déclarer la guerre. Par contre, ils multiplient encore l’aide à la Chine et au Việt Minh. Son but : voir les États-Unis user leurs effectifs, leur industrie, leur moral dans une guerre contre les « armées populaires » qui ont l’avantage du nombre et du terrain. Quant à la Chine, si elle n’émet pas de déclaration de guerre officielle, dans la pratique, c'est tout comme. En plus de 200 000 volontaires qui se déversent en Indochine, elle va attaquer Taiwan, pensant les Américains trop occupés en Indochine. Pour ce qui est de l’utilisation de l’arme nucléaire en Indochine, elle était envisagée par le Pentagone dès juin 1953 et la conférence Quimpart de Pearl Harbor. Cette même conférence envisageait même une invasion du sud de la Chine avec le débarquement d’un million de soldats taïwanais. Mais ces derniers ne sont pas encore assez bien équipés et entrainés.
Pendant ce temps, le 27 mai 1964, l’opération Vulture se termine avec une victoire franco-américaine à Điện Biên Phủ. Victoire plus américaine que française d’ailleurs. En 37 jours de combat, les Américains ont eu à déplorer plus d’un millier de morts, mais les pertes ennemies sont estimées à plus de 20 000 morts. La mort de Giáp ayant désorganisé durablement les assaillants Việt Minh, ces derniers ont perdu progressivement leur coordination qui s’est combinée à la destruction de leurs principaux dépôts logistiques et l’interruption temporaire, mais brutale de l’aide chinoise. Ainsi, de nombreuses formations se sont retrouvées encerclées et ont été taillées en pièce. Il était un temps envisagé de largué les six bombes directement sur les positions Việt Minh autour de Điện Biên Phủ, mais le manque de moyen de guidage et radioguidage, combiné à la météo et au relief, aurait rendu les bombardements trop imprécis, au risque de toucher les troupes américaines et françaises. Si, pendant longtemps, le Président Eisenhower a cherché une décision unifiée avec les Britanniques, l’Amiral Radford et le Vice-Président Richard Nixon auront fini par le convaincre. On ne pouvait pas attendre des Britanniques ayant dû quitter l’Inde qu’ils donnent leurs vies pour défendre l’Indochine française.
Carte de l'opération Vulture et de l'opération Cobalt
Dernière édition par Thomas le Ven 29 Sep - 9:07, édité 3 fois
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Le détroit s’enflamme
Le détroit s’enflamme
Alors que 80 000 Américains se déversent en Indochine (opération Able Sentry) et que les Français sortent par la petite porte, c’est dans le détroit de Taiwan que l’escalade se poursuit. Comme nous l’avons vu, Máo Zédōng, pensant l’Amérique bien assez occupée en Indochine, va tenter sa chance contre Taiwan. Il faut dire que l’augmentation massive du soutien soviétique l’a surement mis en confiance. Ainsi, le 6 juin 1954, une date qui ne doit probablement rien au hasard, la modeste marine populaire se lance à l’assaut des îles Yijiangshan, Tachen et Matsu. Si les premières heures du débarquement chinois à Yijiangshan et Tachen se déroulent bien, la situation est tout autre à Matsu où les troupes du Kuomintang, bien préparées, tiennent bon. Mais le lendemain, la 7ème flotte américaine intervient massivement et non contente d’annihiler les assaillants, va aussi enchainer avec des raids de représailles sur les aérodromes et ports communistes bordant le détroit. Cette fois, c’est sûr, la machine infernale ne s’arrêtera plus. Le 10 juin, alors que des émeutes d’une extrême violence secouent Macao, la modeste garnison portugaise est submergée par une ruée de l’armée populaire. Les combats ne dureront même pas 48 heures. Si le Portugal proteste, il ne déclare pas la guerre et négocie discrètement la libération de tous ses ressortissants. En parallèle et dans les mêmes circonstances, 50 000 soldats chinois se lancent sur Hong Kong où la garnison britannique tient six jours avant d’être submergée, faute de munitions. Churchill le vieux lion explose et, évidemment, déclare la guerre à la République populaire. Si l’Empire britannique n’a pas les moyens ou les effectifs des Américains, cela n’empêchera pas la Royal Navy de regrouper la majorité de ses forces à Singapour pour lancer des raids de représailles sur la Chine et l’option nucléaire est mise sur la table.
Alors que le front indochinois se stabilise sur le Fleuve Rouge et que le détroit de Taiwan s’enflamme, les Américains ne restent pas les bras croisés. Pas plus que leur allié taïwanais. Si les planificateurs du Pentagone ont commencé à y penser dès le printemps de 1954, l’escalade du conflit les pousse à préparer plus sérieusement leur plan. Ce dernier s’appelle opération East Wind. Ni plus ni moins que l’invasion américano-taïwanaise de la Chine continentale. Toutefois, ce nom global englobe deux opérations majeures. Hammerhead est l’invasion de l’île d’Hainan, une prémice devant mettre la chasse et le soutien aérien rapproché directement au-dessus du territoire chinois. Ensuite, une fois solidement établi à Hainan, les forces américaines et taïwanaises lanceront l’opération Bulwark, le débarquement simultané sur la péninsule de Léizhōu, à l’est et l’ouest d’Hong Kong, dans la zone Shantou-Xiamen-Fuzhou en face de Taiwan, mais aussi à Qingdao (pour couper la péninsule du même nom) et Shanghai. Non seulement la Royal Navy est associée à l’opération (sous commandement américain), mais les Royal Marines seront de la partie pour ce qui est de la libération d’Hong Kong. Cependant, Churchill a bien du mal à motiver l’opinion publique et les alliées du Commonwealth, ainsi l’effort britannique dans ce conflit parait bien anecdotique. Le Premier ministre britannique ne mobilise que le Princess Patricia’s Canadian Light Infantry, l’ANZAC Expeditionary Force, la 3rd Commando Brigade, le 40. Commando des Royal Marines, le N°. 15 Squadron de la RAF et l’ANZAC Air Force. Enfin, le Kuomintang, mobilise un total de 2 millions d’hommes, dont 300 000 prendront part aux débarquements au côté des Américains. Ces derniers engagent deux Air Forces, deux Armées complètes et plus de 200 navires.
La préparation opérationnelle prend plusieurs mois et l’élection présidentielle américaine approche à grands pas dans une ambiance très étrange. Si le démocrate Adlai Stevenson fait campagne contre « une guerre inutile qui aurait pu et dû être évitée » il ne décolle pas dans les sondages. La majorité de l’opinion américaine reste favorable à la guerre, il faut dire que le Maccarthysme fait son effet : « chasser les rouges et les buter jusque dans les chiottes ! » C’est donc le 15 août 1955 à 5 heures du matin, à quelques mois de l’élection, que débute Hammerhead. Ce sont trois divisions de Marine et quatre divisions d’infanterie qui débarquent en 35 points de l’île d’Hainan. Grâce à la longue campagne aérienne et navale précédent les débarquements, les défenseurs sont dépassés à trois pour un dans les zones de débarquement. Malgré le soutien de 12 porte-avions et 4 cuirassés, il faut tout de même deux mois et trois semaines pour sécuriser la totalité de l’île et c’est un carnage. Si les Américains ont plus 5000 tués, l’APL compte au moins 110 000 morts si on inclut les miliciens. Pire, on parle de 40 000 civils tués. Heureusement, le contrôle de l’information fait que l’opinion américaine n’a pas de chiffre aussi précis. Deux choses sont alors certaines, l’armée chinoise n’est ni assez bien entrainée ni assez bien équipée pour faire face aux forces américaines et surtout, cette guerre va faire des centaines de milliers, voire des millions de morts.
Pour suivre les cadences de production infernales, les États-Unis ont, dès 1954, investi massivement dans l’industrie japonaise afin de produire armes et munitions au plus près du front. En plus de ce qui va générer un énorme boom économique, le pays du soleil levant est à nouveau autorisé à avoir une armée (les forces d’autodéfenses). En Europe aussi, la crainte d’une guerre pousse au réarmement. Si les populations des pays membres de l’OTAN ne sont pas spécialement favorables à la guerre contre la Chine, une guerre lointaine, la crainte que l’URSS profite de la situation fait que l’effort de réarmement reste bien accueilli. L’URSS, justement, a créé sa propre alliance défensive avec le « Pacte de Varsovie ». Si Nikita Khrushchev ne semble pas prévoir de passer à l’offensive, l’industrie soviétique tourne à plein régime pour maintenir les forces chinoises à flot tout en modernisant l’Armée rouge. Alors que Chinois et Américains versent leur sang, l’URSS guette des opportunités.
Carte de l'opération Able Sentry
Dernière édition par Thomas le Lun 6 Mar - 19:47, édité 1 fois
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Invasion
Invasion
Le 10 octobre 1955 voit la seconde phase du carnage commencer avec l’opération Bulwark. Comme expliqué plus tôt, l’opération prévoit des débarquements simultanés sur la péninsule de Léizhōu en face de l’île d’Hainan, à l’est et l’ouest d’Hong Kong, dans la zone Shantou-Xiamen-Fuzhou en face de Taiwan, mais aussi à Qingdao et Shanghai. Il s’agit de la plus grande opération amphibie jamais réalisée. Les Américains engagent 3 divisions de Marine, 23 divisions d’infanterie et 2 divisions blindées. Les Taïwanais engagent 22 divisions mobilisées et encadrées dans le cadre du programme « National Glory ». À nouveau, les débarquements sont des succès d’un côté et un vrai massacre de l’autre. Les débarquements ne se font pas dans ou à proximité des agglomérations, mais dans les plaines qui les entourent. Cela permet aux Américains et Taïwanais d’utiliser pleinement leur puissance de feu et de prendre le contrôle d’axes routiers et navigables très importants. Au fur et mesure que les forces américaines et taïwanaises avancent dans les terres, leur avance se fait de plus en plus lente et méthodique. A Hong Kong, après un mois de combat, près de 100 000 communistes sont piégé dans la ville. Un encerclement qui ne sera jamais brisé, laissant les alliés nettoyer méthodiquement « La Perle d'Orient ». Il faut onze mois, jusqu’en août 1956, 61 000 morts américains, 74 000 morts taïwanais pour sécuriser tous les objectifs de Bulwark. Rien qu’à Hong Kong, les Alliés ont perdu près de 10 000 hommes. Certes, c'est dix fois moins que les communistes, mais contrairement aux occidentaux, Máo n’a pas une opinion publique à ménager. Côté communiste, on ne compte même plus les pertes. Peut-être bien 400 000 morts, probablement plus, car la plupart des engagements voient un taux de pertes de 1 pour 5 à 1 pour 10 défaveurs des communistes. Mais en parallèle des combats, d’autres drames ont lieu. La mobilisation chinoise mène à des récoltes catastrophiques entrainant une famine d’ampleur biblique dans certaines régions. Si certaines régions ont des excédents, les transferts de denrée sont rendu difficile par le manque de moyen de transport, mobiliser pour ravitailler l’armée. Ainsi, dans certaines régions, l’aide arrive avec beaucoup de retard. Un phénomène amplifié par la supériorité aérienne américaine qui attaque transports fluviaux, véhicules et train. Plus de 600 avions sont mobilisés à cette fin. Les gares, les dépôts, les entrepôts sont aussi ciblés. On estime que l’opération, cyniquement appelée Profusion, a causé indirectement la mort de 6 millions de personnes.Dans une tentative désespérée d’arrêter l’ennemi, Máo Zédōng ordonne la destruction des digues et barrages sur le Fleuve Jaune et le Yangtze. Si c’est en effet l’un des principaux facteurs de la lenteur des opérations américaines, c’est surtout un drame pour les Chinois. On estime que les inondations et leurs conséquences ont fait 3 millions de morts, blessés et déplacés. Un chiffre invérifiable, mais une crise qui mènera à la chute de Máo et le début des luttes de pouvoir. Toutefois, Tchang Kaï-chek et Dwight D. Eisenhower doivent se rendre à l’évidence, la guerre sera longue et meurtrière, car les troupes maoïstes contre-attaquent partout et tout le temps. Peu importe les pertes et l’écart qualitatifs tant dans le domaine de l’entrainement que dans celui du matériel. Les forces alliées s’arcboutent sur leurs positions pendant que l’US Air Force intensifie encore ses bombardements. Il faut dire que Taiwan s'est transformé en base aérienne géante et que plus aucun recoins de la Chine continental n’est à l’abri des terribles B-29 et B-52 américains. Si l’URSS livre bien évidemment des canons antiaériens au Chinois, ces derniers n’ont par contre plus aucun avions en état de voler, car leurs pilotes sont abattus plus vite qu’ils ne sont formés. À ce moment du conflit, l’US Army et USMC ont déjà déployé plus de 6 millions d’hommes sur le théâtre chinois et les forces taiwanaises en totalisent 14 millions. Chiffre qui inclut des milliers de volontaires anticommunistes, notamment 8 000 japonais. Toutefois, cela semble, pour certain, dérisoire face à la multitude communiste qui déferle sans fin contre les lignes alliées.
Dernière édition par Thomas le Ven 29 Sep - 7:37, édité 5 fois
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Enlisement morbide
Enlisement morbide
L’aggravement de la famine en Chine, suite aux décisions de Máo, créer une première vague de défection chez les anciens seigneurs de guerre nationaliste qui avait rallié les communistes pendant la guerre civile. Dans ces nouvelles zones, principalement dans le sud du pays, qui échappe soudainement aux contrôles des communistes, des millions de Chinois prennent la route vers les lignes américaino-taiwanaises, espérant y trouver de la nourriture. S’ils en trouvent, c’est en grande partie grâce à d’autres pays d’Asie auxquels les Américains achètent du riz par millions de tonnes. Cela aura pour conséquence heureuse de mener à un enrichissement des classes paysannes dans une bonne partie de l’Asie, notamment aux Philippines, au Cambodge, en Thaïlande ou encore en Inde. Malheureusement, le torrent de réfugiés entraine avec lui des centaines d’infiltrés communistes. Ces derniers mèneront des assassinats, des campagnes d’empoissonnement, incendieront des logements et baraquements avec pour conséquence l’installation d’une certaine paranoïa envers les colonnes de réfugiés. Paranoïa qui mènera elle-même à de nombreux incident violent et exécutions de civiles par les forces républicaines et américaines.La campagne du Guangxi prend fin le 30 janvier 1956, en partie grâce au ralliement de certains des anciens nationalistes qui avaient rejoint les communistes en 1949. Les pertes communistes sont estimées à 65 000 morts et les pertes civiles à au moins 71 000 morts dans une campagne qui a vu 1,5 million de communistes affronter près d’un million de nationalistes.
Le 13 février 1956, après 11 mois de combat, Shanghai, dernier objectif de l’opération Bulwark, est enfin sécurisée. Pour la première fois, des chiffres assez peu édulcorés fuitent dans la presse occidentale et ce n’est pas beau à voir. Si le public américain est choqué par la mort 18 000 « boys », elle est aussi horrifiée les 187 000 morts dans les rangs ennemis. Une citation, reprise un peu partout, dit « Où qu’on aille, on marche sur des cadavres ». Et des cadavres il y en a en effet, mais l’horreur n’était pas terminée. Le Grand Timonier, semble avoir fait le même pari que les japonais face aux Américains durant la guerre du pacifique : infliger des pertes effroyables à l’ennemi pour que, sous la pression de l’opinion populaire, il jette l’éponge. Máo avait toutefois oublié plusieurs détails : le patriotisme d’une partie des Américains et la capacité du gouvernement américain à gérer sa communication. Ainsi, si les pertes ont en effet choqué l’opinion, elles furent l’occasion pour le président Eisenhower ne prouver le peu de considération que les communistes avaient pour la vie de leurs « camarades », raison pour laquelle cette guerre devait être menée et gagnée. Máo donnera raison à Eisenhower seulement 11 jours plus tard en lançant une contre-offensive générale contre Shanghai dans l’espoir d’en faire le tombeau des Américains, se prenant probablement pour un Joukov à Stalingrad. Cette contre-offensive sera pourtant un échec pitoyable et mortifère faisant plus de 57 000 morts dans les rangs communistes en seulement 34 jours. Cela représente le chiffre effroyable de plus de 1600 morts par jours avant que l’offensive s’arrête le 3 mars 1956.
La « stratégie » de Máo est d’ailleurs assez déconcertante, car pendant qu’il mobilise des millions d’hommes contre les périmètres autour de Shanghai, du Shandong et de l’Anhui, il dégarnit sont front sud. Cela permet aux troupes de Tchang Kaï-chek de conquérir Changsha, dans le Hunan, le 6 février 1956, après deux mois de combat. Même si la poche de Hengyang verra 17 000 communistes résister héroïquement à 110 000 républicains pendant encore six semaines.
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Chaos
Chaos
En avril 1956, Liu Shaoqin, heurté par la famine qui touche sa région natale du Hunan et le tribut que la population paye à la guerre, fait arrêter et exécuter le Grand Timonier et prend rapidement le contrôle du Pékin avant d’ordonner l’arrêt des contre-attaques et la consolidation des défenses dans les secteurs qui lui sont fidèles. Liu Shaoqi critique le fait que de nombreux Chinois soient envoyés au front sans aucune préparation et avec un équipement moins que minimaliste, il critique aussi la gestion logistique et économique de la guerre créant famines et épidémies. Cette prise de conscience, dira-t-il plus tard, a été amorcée par la destruction volontaire du barrage de Banqiao en aout 1955 qui a fait 58 000 morts, dont le jeune fils de Liu, Yuan, âgé de seulement 4 ans et qui était élevé dans la famille, loin de Pékin. Rapidement, une rumeur courte même que Liu Shaoqi envisagerait de négocier la fin des hostilités. C’est ainsi que Jiang Qing, Zhang Chunqiao, Yao Wenyuan et Wang Hongwen, des proches de Máo, qui gagneront le surnom de la « Bande des quatre », et qui ont eu le temps de fuir la capitale, lancent un contre coup d’État qui achève de plonger le gouvernement et l’armée dans le chaos. La « Bande des quatre », pour le symbole, installe son gouvernement à Xi’an.Pour rajouter le chaos au chaos, Kim Il-sung a fourbi ses armes et se lance dans une audacieuse invasion de la Corée du Sud. Après tout, les forces américaines sont enlisées en Chine, théâtre sur lequel, contre toute attente, l’arme nucléaire n’a pas encore été utilisée. Ainsi, le 14 septembre 1956, l’aéroport national de Gimpo est bombardé, le palais de Gyeongmudae attaqué par des commandos infiltrés et des troupes débarquent à Uljin dans l’est du pays. Quelques heures après, profitant du chaos engendré par les attaques et surtout par la mort de Syngman Rhee, l’armée nord-coréenne franchit la frontière en masse. Si les forces sud-coréennes et américaines résistent de leur mieux, elles sont en infériorité numérique et font face à un formidable déluge d’artillerie. Dwight D. Eisenhower lance un avertissement à Kim Il-sung, lui ordonnant de retirer immédiatement ses troupes. Nikita Khrushchev en fait autant, il faut dire que le Président américain a été très clair avec lui : s’il faut atomiser le « grand leader » pour le remettre à sa place, il le fera. Et c’est ce qu’il fait… presque. Le 16 août 1956, 48 heures après le début de l’invasion nord-coréenne, l’île de Ch'odo à une centaine de kilomètres de Pyongyang est rasée par une bombe thermonucléaire B46. C’est l’opération Meethinghouse, et Kim Il-sung semble comprendre le message puisque par l’intermédiaire de Khrushchev il fait savoir que ses troupes vont regagner leur frontière. Ce qui est fait, pour l’essentiel, dans les 48 heures suivantes.
Toutefois, Nikita Khrushchev comprend que le conflit risque de dégénérer sur n’importe quel front. Il aimerait convaincre les Chinois de déposer les armes, mais qui choisir comme interlocuteur alors que la bande de quatre et Liu Shaoqi se retrouvent à mener une guerre civile au milieu d’une invasion de leur territoire ? Pendant des semaines, l’URSS échange avec les deux factions et le seul qui est réceptif à une fin des hostilités est Liu Shaoqi dont le fils ainé, Liu Yunbin, ingénieur en chimie nucléaire qui étudie à Moscou, devient l’ambassadeur de l’ombre.
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Massacres
Massacres
Fin novembre 1956, la « Bande des quatre » lance son « offensive d’hiver » dans les régions du Guangxi, du Guangdong, du Henan, du Hunan, du Jiangxi, du Shanxi et de Shandong. L’opération, un véritable suicide, prend fin en mars 1957. Les communistes, s’ils ont réunie à reprendre quelques positions, généralement mineur, subissent à nouveaux des pertes effroyables. Sur les 1,4 millions de combattants communistes engagés 650 000 ont étés tués, blessés ou capturés. Plus de 70 000 d’entre eux ont tout simplement préféré se rendre à la première occasion.Malgré les pertes toujours aussi terribles, mais aussi les désertions en hausse, la « Bande des quatre » continue de trouver de la chair à canon. Toutefois, les pertes et les désorganisations créent des appels d’aire en différent endroit du front qui permettent aux troupes républicaines et américaines de lancer des offensives d’un côté, et aux Shaoqistes de gagner, dans certaines régions, les cœurs et les esprits.
Dans le Hubei, 6 divisions d’infanterie et une division blindée alliées atteignent Zaoyang et Yichang dans une campagne éclaire entre le 1er mai et 18 juin 1957.
Plus au nord, les troupes sino-américaines sécurisent progressivement l’ouest du Shandong. Lorsque les communistes lance une nouvelle contrattaque le 18 août 1957, il leur faut 620 000 hommes et 7 jours de combat pour forcer les alliés à reculer. Un recul d’une centaine de kilomètres, forçant les alliés à se retrancher sur le fleuve jaune, mais une retraite organisée qui limite les pertes à 12 000 américains et 18 000 chinois républicains, en comptant les blessés, quand les communistes déplorent près de 71 000 morts et 22 000 désertions. Une victoire chère payée, mais une victoire quand même.
Le 6 septembre 1957, les troupes maoïstes tentent une première fois de reprendre Changsha aux républicains. Le 8 octobre, cette offensive s’arrête d’elle-même faute d’homme et de munitions. Malgré un avantage numérique d’un pour deux, les communistes perdent près de 17 000 hommes en un mois.
La « Bande des quatre » lance, à Noël 1957, une nouvelle attaque contre Changsha, deux mois à peine après l’échec précédent. Encore plus solidement retranchées, les troupes de Tchang Kaï-chek tiennent bon encore une fois. Les 120 000 républicains contiennent les 300 000 communistes jusqu’à à ce qu’ils jettent l’éponge le 15 janvier 1958. On estime les pertes communistes à 83 000 morts et blessés.
Le 15 mai 1957, les sino-américaines attaquent dans le Zhejiang et le Jiangxi dans le cadre de l’opération Spirit. Le but n’est pas de conquérir ou tenir le terrain, mais d’annihiler le plus de troupes ennemies avant de revenir sur leurs positions. Ce sont près de 360 000 hommes et 9000 chars qui dévastent la zone jusqu’au 10 septembre. Les troupes tirent à vue sur toutes personnes soupçonnées d’être un ennemi. La campagne et la tension accumulée tout au long de la campagne voit les atrocités augmenter et s’il est clamé que l’opération a permis la neutralisation de 250 000 communistes, les recherches d’après-guerre prouveront assez facilement qu’au moins 70 000 civiles ont étés tués.
Pendant ce temps, en Indochine, le Việt Minh c’est effondré, car depuis l’invasion de la Chine continentale, toute l’aide économique, technique et militaire de l’URSS a été absorbée par la Chine qui elle-même, vu sa situation, n’envoie plus d’aide en Indochine. Si une guérilla subsiste toujours autour d’Hồ Chí Minh, elle n’est plus qu’une vague nuisance. D’ailleurs, le leader du Việt Minh sera finalement tué dans l’opération Iron Oak, un raid héliporté dans la province de Yên Bái dans la nuit du 1er au 2 mai 1958.
Les forces de Liu Shaoqi faisant face aux Américains se sont retranchées et si les accrochages restent quotidiens, les Américains et les Chinois républicains marquent une pause dans leurs offensives terrestres. Cela permet de limiter les pertes et d’apaiser l’opinion publique américaine qui commence à prendre conscience des pertes malgré le contrôle de l’information. Toutefois, les troupes de la « Bande des quatre » continuent d’attaquer celles de Liu Shaoqi, mais aussi les positions américaines. Leurs pertes sont effroyables… et à sens unique. En janvier 1958, à Maolin, 9000 hommes de la « Bande des quatre » attaquent 80 000 hommes de Shaoqi. Cette offensive avec un rapport de 8.8 pour 1 en faveur des défenseurs se termine évidement de manière ridicule avec environs 80% de « pertes ». Certains commencent à imaginer que le conflit pourrait finir par s’arrêter, car avec une telle attrition, la « Bande des quatre » n’aurait bientôt plus de chair à canon à disposition. D’ailleurs, les redditions et désertions se multiplient en conséquence.
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Appel d’air insurrectionnel
Appel d’air insurrectionnel
À l’ouest du pays, les Chinois ne sont pas au bout de leur surprise puisque la « Zone tibétaine » se soulève soudainement. Ayant dégarni ses garnisons dans la région au fil du conflit, le régime Xi’an a fait de sa frontière himalayenne une véritable passoire. Depuis 1957, les armes ont commencé à entrer dans le territoire et surtout des Tibétains et des Khams, mais aussi des Qira'at et des Salar ont commencé à en sortir pour venir s’entrainer en Inde. Entrainée et équipée par les Indiens, les Américains et les terribles Gurkhas de l’armée britannique, une véritable force de guérilla est née dans l’ombre. Elle porte le nom de Chushi Gangdruk, « Quatre rivières, six chaînes de montagnes », et unie tous les groupes ethniques du Tibet qui, même s’ils ont des agendas différents à long terme, ont tous pour premiers objectifs de mettre à bas le joug des communistes.Après, plus d’un an et demi de préparation, le « coup d’envoi des festivités » est donné le 23 février 1958. Les garnisons de l’APL ainsi que les postes-frontière sont attaqués à travers tout le Tibet. Pensant donner une leçon aux rebelles, la garnison Lhassa, commandée par le général Tan Guansan, attaque est incendiée le Palais du Potala. Si la rébellion se retrouve orpheline de son leader spirituel Tenzin Gyatso, elle ne s’effondre pas. Bien au contraire, elle est galvanisée, enragée même. Ses leaders militaires, Pandatsang Rapga et Ngabo Ngawang Jigme, de facto leaders politiques, ne feront rien pour calmer leurs troupes. Les communistes qui ne se rendent pas sont alors traqués comme des bêtes et exécutés avec une extrême brutalité. Le ressentiment engendré par dix ans d’occupation, de massacre et d’humiliation s’exprime par des corps pendus en public et certains prisonniers sont battus à mort par la foule au point que certaines sources parlent de 4000 prisonniers exécutés rien qu’à Lhassa.
Le 10 mars 1958, les axes et lieux clefs de l’Amdo et du Kham sont presque entièrement sous les contrôles des rebelles, même si de nombreuses poches résistances communistes sont actives. Il en va de même pour le Ü-Tsang ou seules des garnisons à Lhassa, Shigatse et Nagchu tiennent encore. Les Chinois, ne se faisant aucune illusion sur le sort qui les attend, se battent avec l’énergie du désespoir. Lhassa sera la dernière poche de résistances importantes à tomber le 23 mars 1958, faute de munitions et des vivres.
L’effondrement de l’emprise communiste sur le Tibet permet alors d’alimenter plus efficacement l’insurrection islamique favorable au KMT qui agite les provinces du Gansu, du Qinghai, du Ningxia, du Xinjiang et du Yunnan depuis 1950. Les rebelles, issues de la Clique des Ma y avaient lancé une insurrection relativement puissante, mais elle avait été puissamment réprimée avant que la guerre n’éclate. Si elle était encore active, elle avait subi de lourdes pertes et plusieurs de ses leaders avaient été tués. Ma Hushan, l’un des plus éminents d’entre eux, avait été capturée en juste avant le début de la guerre et exécutée à Lanzhou. Depuis le début du conflit, les Américains ravitaillaient les héritiers de la clique des Ma par voie aérienne, mais le Tibet insurgé se transforme en caravane ravitaillant les combattants Hui, Salar et Dongxiang. Les conséquences de la guerre avaient déjà offert plus d’amplitude aux actions de la guérilla islamique et la seule réponse de l’APL avait été les expéditions punitives contre les civiles.
Autre surprise désagréable pour le gouvernement Xi’an, l’Inde décide de faire valoir ses revendications territoriales sur l’Aksai Chin. Si Jawaharlal Nehru se lance dans cette « aventure », c’est parce que les communistes n’ont pas grand-chose à opposer à l’Inde et que, en remerciement pour le support de l’Inde à la cause républicaine, Tchang Kaï-chek a accepté de céder ce petit bout d’Himalaya isolé et désolé. La région est occupée après 15 jours de combat et les soldats indiens, pourtant assez mal équipés, sont plus que surpris par le dénuement dans lequel se trouve la région et les troupes communistes supposées la défendre. En réalité, les Indiens ont eu plus de perte à cause conditions météo et du relief que des combats.
Durant cette période, les troupes sino-américaines avancent assez peu, trop occupées par les opérations de pacifications des territoires libérés, la protection de leur logistique et la destruction des poches communistes. Dans les trois cas, l’exécution remplit assez bien la définition de « Massacre ». Afin d’économiser leurs forces et reconstituer les unités, les forces alliées ont donc la sagesse de limiter leur opération. Leurs lignes sont bien trop étendues et donc vulnérables, et les troupes de Xi’an ne se privent pas d’en profiter pour harceler les convois de ravitaillement. C’est l’un des facteurs qui expliquent la violence avec laquelle les alliés sino-américains gèrent les opérations de nettoyage. Le moindre chinois qui n’obéit pas lors d’une opération de ratissage fini généralement abattu, en violation de toutes les règles de la guerre. Des villages entiers sont rasés au napalm pour en déloger une poignée de communiste sans se soucier du sort des gens qui y vivent.
La seule exception à cette volonté de consolidation est l’offensive de la 10ème Division d’infanterie de montagne de l’US Army en direction du Yunnan pour faire la jonction avec les insurgés islamiques pros KMT.
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Météore essoufflé
Météore essoufflé
Le 10 avril 1958, les forces sino-américaines, lancent, après plusieurs mois de pause, leur plus grosse offensive terrestre, l’opération Meteor, mobilisant 5 millions d’hommes (dont 1 million d’américains) 15 000 blindés, 8000 chars, 100 000 camions et 5000 avions. Partant de Changsha pour le mouvement sud ; du Shandong et de Shanghai pour le mouvement nord, les deux offensives doivent faire leurs jonctions entre le lac Poyang et le lac Dongting, coupant de leurs logistiques les dernières forces maoïstes au sud du Yangtze. Les forces d’avant-gardes doivent avancer à travers les lignes communistes sans discontinuer, pendant que les troupes d’arrière-gardes s’occupent des poches des résistances. Ensuite, une vaste opération de « nettoyage » sera lancée contre les gigantesques poches ainsi formées.La tache leur est rendu plus faciles, car Xi’an a mobilisé 430 000 hommes envoyés défendre le nord du Shandong, car la Bande des quatre pense que la préparation des Sino-Américaines est une feinte en vue d’une offensive en direction de leur capitale.
Du 10 avril au 25 mai 1958, la première phase de l’offensive, durant laquelle la 3ème Division Blindé américaine ouvre la voie, permet d’encercler les villes Luoyang, Zhengzhou et Xuchang piégeant 100 000 communistes et en tuant près de 60 000. La deuxième phase de l’opération Meteor, la poussée vers les lacs Poyang et Dongting, s’avère plus difficile. Les troupes communistes ayant compris le but de la manœuvre ennemie tentent d’empêcher la fermeture de la poche, les lignes de ravitaillements sino-américains sont harcelées et les poches sur les arrières de l’offensive sont plus longues que prévu à nettoyer, immobilisant de nombreuses ressources.
Les forces sino-américaines ne sont en vue des lacs qu’à partir du 8 aout 1958, reste encore à réaliser la jonction, mais les pertes sont déjà très élevées : 17 000 morts américains, 90 000 morts chinois républicains et un nombre incalculable de morts dans les rangs communistes. Ces derniers, environs 110 000 d’entre eux plus précisément, se retranchent notamment dans les massifs montagneux de Mufu, Jiuling ou encore Luoxiao rendant impossible la réalisation d’une jonction efficace entre les deux lacs, car plus aux nord la ville de Wuhan, défendu par 260 000 communistes tient elle aussi.
Le 31 décembre 1958, il faut se rendre à l’évidence, une jonction hermétique est impossible. D’autant que dans leurs replis, les communistes ont pratiqué un politique de la terre brûlée. Si l’offensive s’arrête, elle a tout de même permit de sécuriser de grandes portions du Jiangsu, du Henan et l’Anhui. C’est aussi l’opération la plus couteuse en pertes humaines pour les alliés sino-américains qui déplore près de 100 000 morts et blessé en 9 mois. Près de 12 000 corps ne seront jamais retrouvés.
Dans le sud du front, mais aussi dans le nord-est de la Chine, constatant l’enfer qu’est cette guerre, des commandants communistes rallient les forces shaoqistes, renforcement ainsi la légitimité de Liu Shaoqi dont les forces, bien que faiblement équipées sont solidement retranchées dans les différents reliefs du Jiangxi, du Fujian et du Zhejiang. Si la « Bande des quatre » se gargarise de son « succès » face à l’opération Meteor qui monopolise l’attention, dans le reste du pays le conflit à tourner à une guerre de position durant laquelle les alliés, retranchés et mieux équipés, ont encaissé les assauts chinois tout au long de l’année. Toutefois, les positions les plus éloignées de terres sont difficiles à tenir pour les alliés, face au capital humain des communistes. Les pertes de plus en lourde et l’horreur générale qu’est cette guerre est de plus en plus difficile à censurer auprès du public américain.
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Re: D’une guerre d’endiguement à une guerre totale (Remake)
En te souhaitant une agréable soirée
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Re: D’une guerre d’endiguement à une guerre totale (Remake)
En l'état, je te recommanderais d'attendre.Uranium Colonel a écrit:Salut Thomas, pourrais-je si cela ne te dérange pas traduire cette chronologie en anglais (avec évidement ton nom) et la publier sur cette site ?( https://alternate-timelines.com ).
En te souhaitant une agréable soirée
Je n'ai pas encore fini et vait peut-être retouché certains des chapitres déjà poster ou les complêter. Mais à terme pourquoi pas.
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Re: D’une guerre d’endiguement à une guerre totale (Remake)
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Re: D’une guerre d’endiguement à une guerre totale (Remake)
A priori, si mes allergies printanières me lâchent un peu la grappe, je vais me replonger dans le sujet à partir de cette semaine.Uranium Colonel a écrit:D'accord, merci à toi ; )
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Zénith opportuniste
Zénith opportuniste
Si ce n’est pas la première fois qu’il y pense depuis le début du conflit, Dwight D. Eisenhower a, à nouveau, très fortement envisagé d’utiliser l’arme nucléaire pour faciliter l’offensive sino-américaine. Toutefois, la conférence soviéto-anglo-américaine sur l’arrêt des essais thermonucléaires à Genève au début du mois de mai 1959 lui a rapidement fait renoncer à cette idée. En effet, il y a rencontré Nikita Khrushchev qui, s’il lui a rappelé qu’il soutiendra uniquement une paix négociée, l’a aussi averti qu’en cas d’usage de l’arme nucléaire sur le théâtre chinois, l’armée rouge interviendrait directement dans le conflit. Ce serait évidemment une escalade du conflit, puisque la guerre opposerait directement Soviétiques et Américains dans un conflit déborderait probablement hors des frontières chinoises et pourrait se transformer en conflit nucléaire. En réalité, et a posteriori, il est probable qu’en essayant de pousser les Américains à maintenir les opérations dans le domaine de la guerre conventionnelle, Khrushchev espérait les voir s’user un peu plus dans un conflit long et sanglant.
Ce qu’Eisenhower ne sait pas, c'est que les relations entre Khrushchev et la « Bande des quatre » n’ont eu de cesse de dégrader durant les derniers mois. Si l’URSS fournit des armes, ce n’est jamais assez pour les « camarades chinois » qui sont de plus en plus vindicatifs dans leurs demandes et accusent l’URSS de n’accorder que le minimum vital pour faire tomber leur gouvernement et s’emparer de la Chine. En réalité, le niveau de qualité des forces chinoises a atteint un niveau trop bas pour utiliser certains équipements correctement. Le résultat est que les avions, chars et pièces d’artillerie sont détruits plus vite qu’il n’arrive en Chine, le gouvernement de Xi’an plutôt que d’assumer sa conduite de la guerre, préfère faire porter la responsabilité à son soutien soviétique, aussi bien dans sa propagande que dans sa diplomatie.
À force d’agressivité envers leur seul allié, force est de constater que les membres de la « Bande de quatre » vont lui donner des idées. En effet, la situation au Xinjiang devient de plus en plus tendue. La population, majoritairement Ouïghours et musulmane, étaient délaissés par Xi’an, alors qu’une part non négligeable de la population a été mobilisée, la province meurt de faim. L’insurrection islamique pro KMT a retrouvé un second souffle, mais manque de leader. Le chef du parti communiste chinois du Xinjiang, Wang Enmao, rechigne clairement à réprimer la population. D’abord parce qu’il n’en pas les moyens, mais aussi parce qu’il doute de plus en plus de ses supérieurs à Xi’an. Il décide alors de prendre contact avec les anciens maitres du Xinjiang : l’URSS. Khrushchev ressort alors des placards du KGB l’ancien président de la République du Turkestan Oriental : Elihan Tore.
Le 11 septembre 1959, l’Armée rouge lance l’opération Zenith consistante en la « libération » du Xinjiang. Les forces de Xi’an y sont faibles, mal équipées et harcelées par les insurgés. Tout l’équipement issu de l’aide soviétique est dans le sud et l’est du pays. Les insurgés accueillent et guident l’Armée rouge alors que les troupes fidèles à la Bande de quatre se font tailler en pièce. L’apparition d’Elihan Tore à la tête d’une colonne de char soviétique à Urumqi déclenche des scènes de liesse populaire et il proclame la République du Turkestan Oriental qui est immédiatement reconnue par les membres du pacte de Varsovie, la Corée du Nord et tous les pays et groupes alignés sur Moscou. En échange de sa sécurité et celle de ses proches, mais aussi l’amnistie de ses troupes, Wang Enmao rallie Elihan Tore. Mais le coup des Soviétiques porte encore plus loin puisque les insurgés islamiques originaires de la région rallient aussi le nouveau pouvoir en place. Il faut comprendre que les Hui et la clique des Ma étaient la faction la plus puissante au sein de la rébellion pro-KMT et que les Ouïghours si trouvait de moins en moins représenter. L’opportunité offerte par les Soviétiques est trop belle pour ne pas la saisir.
Après des mois et des mois de conflit, les forces communistes chinoises, quelle que soit leur faction, ne sont tout au plus qu’une milice. Le Xinjiang est considéré libérer après trois semaines de combat, même si dans les faits des forces fidèles à Xi’an continuent d’y mener une guérilla contre les Soviétiques et leurs séides. Les forces fidèles à Shaoqui ont quant à elle reçu l’ordre d’évacuer la région.
Dans le reste de la Chine, les combats connaissent une accalmie relative. Les troupes sino-américaines tentent de se remettre de leurs pertes alors que le gouvernement américain souhaite, via une baisse des pertes, apaiser son opinion publique. Les combattants eux-mêmes sont parfois à deux doigts d’atteindre leur point de rupture devant l’horreur qu’est cette guerre. Malgré tout, les combats restent nombreux, même si leur intensité est moindre tout comme le nombre de troupes qui y sont engagées. Les Sino-Américains parviennent à grignoter quelques positions et fermer quelques poches. Les shaoquistes et les Ma parviennent eu aussi, très modestement, à étendre leur territoire. Le sort des civils reste difficile dans la plupart des zones, mais de nombreux témoignages d’après-guerre permettent de résumer les opinions du moment par « tout sauf vivre en zone communiste ». Quand on sait avec quelle facilité les communistes avaient conquis certaines de ces régions et rallié leurs populations lors de la guerre civile, on comprend à quel point les conditions de vie des Chinois se sont dégradés.
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Un nouvel espoir
Un nouvel espoir
En parallèle des « activités » soviétiques, l’Amérique doit mener ses élections en parallèle de sa guerre. Si les Américains ont fait une croix sur la libération rapide du reste du territoire chinois, il s’avère que la guerre a fini par devenir de plus en plus difficile à soutenir. Non seulement l’opinion publique a fini par ne plus supporter les pertes, mais les « midterms » ont vu les républicains d’Eisenhower se retrouver en minorité face à un raz de marée démocrate. Nixon, candidat logique des républicains pour l’élection présidentielle de 1960, est déjà largement contesté dans son camp. Dans le camp démocrate, John F. Kennedy fait campagne sur une « sinisation » du conflit, c’est-à-dire incorporer les milices et volontaires dans une armée mieux entrainée et mieux équipée afin qu’elle assure, à terme, la totalité des opérations terrestres. Le démocrate table aussi un développement économique de la « Chine Républicaine » afin d’y réduire la pauvreté et en faire un pays stable. Dernier point, il insiste sur le fait de reprendre les négociations pour tenter de trouver une éventuelle solution politique au conflit. Contre toutes attentes, ce programme est plutôt bien accueilli, même par l’aile droite des démocrates, mais aussi par les industriels de l’armement. Ces derniers, en plus de reconstituer les stocks des forces armées américaines, vont devoir assurer l’équipement et le ravitaillement des millions d’hommes l’armée républicaine chinoise. Côté soviétique, Nikita Khrushchev, après avoir mis le Xinjiang dans sa poche, fait savoir que l’URSS appuiera toute tentative « sérieuse et honnête » de trouver une issue politique au conflit.Durant la même période, le mois d’avril 1960 voit quelques batailles d’importance se dérouler entre les forces de la Bande des quatre et les forces de Liu Shaoqi. Les troupes de ce dernier encerclent les forces de Xi’an à Jinzhou et Mudanjiang et y anéantissent plus de 15 000 hommes après respectivement 20 et 23 jours de combat. Durant la même période, la poche communiste de Jinan se rend aux troupes républicaines après 9 mois de sièges. Il ne reste que 1000 soldats communistes et 20 000 civils dans la ville qui est un véritable mouroir à ciel ouvert.
Le 20 janvier 1961, un véritable espoir de paix souffle sur la région avec l’arrivée du démocrate John F. Kennedy à la maison blanche. Ayant fait campagne sur une plateforme pacifiste appelant à des négociations il avait été largement élu en novembre 1960. Huit jours plus tard, pour son premier déplacement à l’international, il se rend à Taiwan pour y rencontrer le généralissime Tchang Kaï-chek et commencer à discuter de la mise en place de la « sinisation » du conflit. Cette mise en place prendra plusieurs semaines à être pensée, sans même parler de sa mise en exécution qui s’étalera sur des années. Ce n’est qu’au mois de mai 1960, que JFK est en mesure de présenter le plan de « sinisation ». Il tient en deux grands axes : le renforcement des capacités militaires chinoises et la pacification des territoires libérés.
Le renforcement des capacités militaires chinoises prévoit l’équipement et l’entrainement des milices et des anciennes unités communistes afin de les incorporer pleinement dans l’armée chinoise. Cette dernière va bénéficier d’un programme d’entrainement à destination de ses officiers et sous-officiers afin d’augmenter la cohésion des forces et leurs capacités tactiques. Si les forces terrestres américaines vont prendre une part moins proéminente dans les combats, les hélicoptères et avions américains vont continuer à fournir un soutien massif aux unités chinoises qui incorporeront des officiers américains pour assurer la coordination tactique air-sol avant que les Chinois soient capables d’assurer cette activité. Les Chinois vont justement recevoir des formations pour augmenter le nombre de pilotes dans leur rang. En réalité, ce genre de formation est distillé aux Chinois depuis des années, mais en nombre restreint et il faudra environs deux avant de voir le nombre de pilotes chinois augmenter significativement.
La pacification des territoires libérés est un autre défi, car elle passe par des actions civiles, économiques, politiques et militaires. Le premier point est un appel à la coordination internationale pour fournir du matériel agricole en masse afin d’assurer l’autosuffisance de base aux populations chinoises. Cet appel est très bien reçu puisque même certains pays du bloc communiste y répondent, notamment la Tchécoslovaquie, certainement avec l’aval de Moscou. Si actuellement les munitions consommées sur le théâtre chinois viennent principalement des États-Unis, une portion non négligeable est produite au Japon, en Corée du Sud et à Taïwan, mais l’armée américaine a très sérieusement entamé ses réserves et la production n’est pas suffisante pour alimenter la Chine et refaire les stocks américains. Il est donc décidé de créer cinq usines de munitions en Chine pour assurer l’approvisionnement des Chinois. Ce point, s’il est important sur le plan militaire, va aussi créer plusieurs milliers d’emplois directs. Le gouvernement de Xi’an n’ayant clairement plus les moyens de menacer directement les territoires républicains, il est prévu de lancer un grand programme d’infrastructure pour reconstruire le pays : hôpitaux, écoles, barrages, routes et chemins de faire doivent être reconstruit. Pour ce faire, Kennedy compte lancer une conférence internationale pour coordonner les fonds et les prêts. Le président espère lever plus de 100 milliards de dollars d’investissement pour la Chine et compte demander au Congrès de financer de projet à hauteur d’au moins 15 milliards de dollars. Le dernier point de la pacification est un peu moins glamour, mais tout aussi important puisqu’il s’agit de neutraliser les derniers foyers d’insurrection communiste dans la zone sous-contrôle républicain. Jusqu’à présent, ce combat est mené avant toute l’arme à la main, mais il est alors question de gagner les cœurs et les esprits. Pour ce faire, il est prévu de créer un comité d’expert afin d’apporter la réponse la plus appropriée possible à la situation chinoise.
Le Forum pour la reconstruction de la Chine se tient à Colombo au Sri Lanka, 24 au 30 septembre 1960 et est un modeste succès. Si les 100 milliards rêvés par Kennedy ne sont pas atteints, les promesses d’investissement atteignent tout de même des 61.5 milliards de dollars et le Congrès américain à accepter d’y injecter 16,5 milliards. L’argent permettra de construire et reconstruire des hôpitaux, des routes, des chemins de fer, des écoles, barrages, des digues et tout ce que la guerre a ravagé. Mais pour ce faire, il faudra de nombreuses années.
Quant à la pacification du territoire conquis, si elle prendra du temps, serait plus facile que prévu et sera l’occasion pour les Britanniques de se montrer à nouveau utiles pour leurs alliés américains. Si sur le plan militaire, l’armée britannique était passée en second plan, d’autres membres du Commonwealth, les Australiens, menaient des opérations de contre-insurrection efficace au profit des Chinois. Mais c’est le vainqueur de l’insurrection malaise, le Britannique Sir Robert Grainger Ker Thompson, théoricien de la contre-insurrection qui allait devenir le principal conseillé des alliées dans le domaine de la contre-insurrection. C’est sur ses conseils que les Américains poussent Tchang Kaï-chek à une meilleure gouvernance, contrainte par un allié dans lequel son pouvoir s’effondrerait, le généralissime mettra les conseils en application, mais la relation entre le président chinois et le président américain devienne pour le moins tendues. En parallèle, dans les zones conquises, mais où des unités de guérilla communiste subsistent, des unités légères, les Unités Spéciales de Reconnaissance Territoriale (USRT), généralement encadrée par des soldats australiens ou néozélandais, ratissent les campagnes. Elles coupent progressivement les guérilleros communistes des populations civiles qui leur apportaient un soutien, souvent sous la contrainte. Opérant discrètement avec des moyens légers, elles traquent et harcèlent les communistes avec une efficacité rare. Les USRT gagneront ainsi la réputation de meilleures unités des forces spéciales chinoises.
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Re: D’une guerre d’endiguement à une guerre totale (Remake)
*Manque de temps
*Trop de choses sur le feu
*Plus de modifications et ajours que prévu
Pour le dernier point, j'ai déjà une douzaine de chapitres en cours d'écriture. Ils portent aussi bien sur le conflit chinois que ce qui se passe en Indochine, à Cuba ou en URSS.
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L’inspiration cambodgienne
L’inspiration cambodgienne
Certains diront que Kennedy s’est inspiré de l’action française au Cambodge, car pour le président américain, si le Cambodge a su éviter l’ornière de la révolution communiste, c'est par une politique volontaire d’autonomie économique, de réformes politiques et de lutte contre la corruption, coupant l’herbe sous le pied des aspirants communistes.En effet, alors que les « Frenchy » sortaient d’Indochine par la petite porte après Diên Biên Phu. Ils y revenaient quelques mois plus tard via le Cambodge, non plus en dirigeant les choses, mais en conseillant et assistant les Cambodgiens. Le plus drôle étant que cela a été permis par une action que tout le monde attribue à la CIA : l’assassinat de Norodom Sihanouk. Le 31 août 1954, deux valises contenant prétendument des cadeaux pour Sihanouk et le directeur du protocole du palais royal, le prince Vakravan, ont été livrées anonymement au palais avec la carte de visite d’un ingénieur américain qui avait fait la connaissance de Sihanouk lorsqu’il travaillait au Cambodge. Alors que Sihanouk et Vakravan ouvrent les valises, elles explosent et tuent les deux hommes sur le coup, ainsi qu’un membre du personnel du palais. C’est ainsi que le francophile et saint-cyrien Sisowath Monireth monte sur le trône. Il mène alors une politique volontaire permettant de réduire l’influence communiste ainsi que le terreau favorable qui était en train de se former au Cambodge. Dans les années qui suivent, des reformes intéressantes ont lieu, par exemple le fait que les entreprises étrangères s’installant au Cambodge doivent y ouvrir une filiale et qu’elle doit être dirigée par un Cambodgien, c’est ainsi que naissent les branches cambodgiennes de Michelin et Peugeot. Le premier non content d’exploiter le caoutchouc se met à en transformer une partie sur place. Le second ouvre une usine de mobylette. Plus discret, mais tout aussi important, Monireth fait appel à des instructeurs français pour former son armée et de nombreux Cambodgiens passent par les écoles militaires françaises depuis cette époque.
Si certains parlent de miracle cambodgien, la situation reste à relativiser. Si, avec le recul dont nous disposons maintenant, nous pouvons en effet parler de miracle, à l’époque, John Fitzgerald Kennedy ne dispose que de quelques années de recul puisque lorsqu’il entre en campagne, le roi Monireth n’est au pouvoir que depuis cinq ans. Toutefois, la rapidité de ses réformes a su inspirer sa population et porter de grands espoirs. Ainsi, si les paysans cambodgiens sont pauvres, le pays ne souffre pas particulièrement d’un problème de monopolisation des terres par les grands propriétaires terriens. Ce phénomène est marginal et ne concerne que deux régions. Toutefois, la réforme agricole de 1956 limite la superficie des terres pouvant être détenue par une personne et favorise la création de coopératives agricoles qui peuvent regrouper de grandes superficies et obtenir des prêts à taux privilégié pour l’achat de matériel. Surtout, les coopératives, gagnant rapidement en puissance, négocient la vente de leur production et des tarifs de plus en plus avantageux, sortant progressivement les paysans de leur misère.
Si Michelin et Peugeot ont ouvert des filiales dès le passage de la loi sur les investissements étrangers, toujours en 1956, elles sont alors les deux seules grandes entreprises à avoir franchi le pas. En 1958, Renault ouvre une usine de tracteur à Kampong Saom (anciennement Sihanoukville). L’usine passera sous le contrôle du Japonais Kubota après le rachat des tracteurs Renault par l’Allemand Claas en 2008.
Le plus grand succès de Monireth est en réalité la lutte contre la corruption qui accompagne la réforme fiscale. Depuis 1955, des contrôles fiscaux et des inspections sont menées dans toutes les couches de la société et de l’appareil d’état. Si beaucoup de malversation et de mauvaises pratiques sont mises aux jours, beaucoup de « contrevenants » rentrent dans le rang et régularisent leurs situations. D’autres dont les méfaits sont plus graves par la position qu’ils occupent permettent de faire des exemples. C’est ainsi que des ministres, députés, gradés de l’armée et de la police tombent par dizaines et permettent au roi de se bâtir une immense popularité tout en faisant rentrer des dizaines de millions de dollars dans les caisses du gouvernement.
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Alexandre Lang.
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La crise Cubaine
Dans la matinée du 1er janvier 1959, les troupes du Segundo Frente Nacional del Escambray entrent à La Havane. Le jour suivant, les troupes du Movimiento 26 de Julio, commandées par Camilo Cienfuegos et le Che Guevara, s'emparent sans résistance du régiment de Campo Columbia et de la forteresse de San Carlos de la Cabaña. Simultanément, Fidel Castro entre triomphalement à Santiago de Cuba, la déclarant capitale provisoire de Cuba et proclamant Manuel Urrutia président de la Nation.
La révolution cubaine a marqué un tournant décisif dans les relations entre les États-Unis et Cuba. Bien qu’Eisenhower ait d'abord été disposé à reconnaître le nouveau gouvernement de Castro, il en est rapidement venu à craindre que les insurrections communistes ne se répandent dans les pays d'Amérique latine, ce qui, selon les mots de son vice-président, est « inacceptable après avoir botter les culs du Viet Minh et du PCC ». Après que le gouvernement révolutionnaire a nationalisé tous les biens américains à Cuba en août 1960, l'administration américaine a gelé tous les biens cubains sur le sol américain, rompu les liens diplomatiques, et renforcé son embargo sur Cuba.
En avril 1961, le Président Kennedy passe trois jours à la Havane lors d’une « visite surprise ». Il y relance les relations diplomatiques avec le régime cubain avec l’espoir de dissuader Castro d’instaurer un régime communiste. Il obtient la restitution des biens et avoir des particuliers américains en échange de la lever d’une partie des sanctions. JFK fait toutefois savoir à Castro que pour revenir sur le reste des sanctions, Cuba devra faire beaucoup de chose : dédommager les entreprises américaines dont les biens ou avoirs ont étés nationalisés, mettre fin aux exécutions et rétablir un régime démocratique. La situation se normalise en octobre 1962 lors du sommet de la Havane qui marque par la même occasion la première rencontre entre Kennedy et Khrushchev. En échange des indemnisations pour les entreprises américaines lésées, les Etats-Unis vont lever leur embargo. Cela se fera progressivement à cause de la fragilité de l’économie cubaine. Contre la promesse de ne pas instaurer un régime « communiste », les Etats-Unis s’engagent à ne pas soutenir d’opposition armée. Si l’URSS prévoit de fournir une aide économique à Cuba, le président américain obtient la promesse que l’URSS ne déploiera pas de forces militaires ou de bases sur l’île.
Contre toute attente, les engagements seront plus ou moins tenus. Vingt mille anciens militaires et policiers qui avaient été exclus de leurs fonctions pour trente ans sont réhabilités. La constitution est amandée pour rétablir un poste de président tout en plaçant l’essentielle du pouvoir dans le poste de premier ministre et dans le parlement. Si Conrado Bécquer (leader des travailleurs de l’industrie sucrière) est élu président face à Huber Matos (récemment gracié) et Manuel Urrutia Lleó (revenu d’exil), c’est bien Fidel Castro qui reste l’homme fort du régime et conserve le poste de Premier Ministre. Le M-26-7 va dominer la vie politique du pays pour les décennies à venir en menant un numéro d’équilibriste entre ses aspirations socialistes et la pression de son puissant voisin américain. Cuba parvient à solder les dédommagements dus aux sociétés américaines en 1978, permettant la lever des dernières sanctions. Dans la même période, à l’initiative de Fidel Castre, Cuba se rapproche de la France du général de Gaulle suite à la fin de la guerre d’Algérie. Le général accepte de pardonner à Castro son soutien au FLN. Pour Castro, se rapprocher de la France est une position de compromis dans la relation que Cuba entretien avec les USA et l’URSS. En 1967, cherchant des capitaux pour se dévelloper, Cuba s’ouvre timidement aux investissements étrangers en autorisant les entreprises étrangères à prendre des parts dans les projets nationaux. C’est ainsi que Total va s’implanter à Cuba en 1971 et que les forces armées cubaines vont commencer à s’équiper en équipement militaire français. À partir de 1976, Cuba peut compter sur la Canada de Pierre Elliott Trudeau comme partenaire économique. Car si relation Américano-Cubaine sont à peu près normalisé, les entreprises américaines s’abstiennent revenir à Cuba où n’y reviennent que timidement. Français et canadiens sont plus pragmatiques (ou opportunistes) et tolèrent la démocratie relative tenue par Castro. Ce dernier reste l’homme fort de Cuba jusqu’en 1999, se maintenant au poste de premier ministre jusqu’en 1981 puis à la présidence du Parlement ensuite. Dans la même période, Raul Castro trust sans discontinuer le poste de Ministre de la Défense. Fidel Castro démocratise et normalise progressivement le régime, abrogeant la peine de mort en 1989, puis portant une nouvelle constitution via un referendum en 1999. La nouvelle constitution rétablie : le droit de libre association et la liberté de la presse, rétablie la création d’entreprise privée dans les secteurs non stratégique et en dehors de l’agriculture ou les coopératives restent la norme. La loi électorale autorise les réunions des candidats et le libre accès aux moyens de communication alors que jusqu’à présent seuls les candidats et partis tolérés par le M-26-7 étaient autorisés.
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Le nettoyage des poches
Le nettoyage des poches
L’année 1963 voit le lancement de grandes opérations de nettoyage contre les poches communistes dans les zones contrôlé par les républicains. S’il serait trop long de parler de chaque opération, puisqu’elles se comptent par centaines, voici un échantillon de ce qui s’est passé durant cette période.La période du 18 au 24 aout 1963 voit se dérouler l’opération Starlite contre la poche de Weifeng dans la région de Qingdao. Les effectifs de 5 bataillons de Marines entrent dans la ville qui, d’après les renseignements obtenus par un fugitif, est prête à tomber. Les combats sont âpres, car certains défenseurs semblent prêts à mourir pour un idéal maoïste tombé en désuétude. Si les Américains ont 45 tués, plus de 600 des défenseurs sont tués et 42 autres se donnent la mort plutôt que d’être fait prisonnier. Les survivants n’ont que la peau sur les os, se contentant de manger des insectes, des rats, ou les quelques plantes et champignons qu’ils ont réussi à cultiver dans une ville en ruine.
Du 7 au 10 septembre 1963, deux bataillons de l’USMC et deux bataillons chinois prennent possession des îles de l’archipel de Changshan ou les « derniers maoïstes du Dalian » étaient retranchés. En réalité, si on y trouve l’équivalent d’un régiment, les maoïstes qui occupent l’archipel, s’ils tiraient sur toute embarcation ennemie (tant républicains qu’américaines ou shaoquistes), étaient surtout occupés à survivre par ce que la mer et l’agriculture leur offraient. L’opération Piranha tourne vite à la simple opération de ratissage. Si 16 communistes sont tués, les alliés sino-américains n’ont que 2 tués et 5 blessés. Plus de 500 maoïstes sont capturés.
Dans la nuit du 18 au 19 septembre 1963, les alliés lance l’opération Gibraltar à Yinchuan dans le Ningxia, un territoire contrôlé par la rébellion Ma pro-KMT. Le 502ème régiment parachutiste américain appuie 150 commandos de l’unité Liang Shan de l’armée républicaine dans une frappe de décapitation. Insérés par hélicoptère juste avant la tombée de la nuit, les Sino-Américains éliminent plus de 250 communistes, dont l’essentiel du commandement de la poche. Ils évacuent la zone, toujours par hélicoptère, au lever du soleil en déplorant 16 pertes. La poche de Yinchuan, totalement désorganisée, s’effondre deux jours plus tard sous l’assaut des Ma.
Du 19 au 25 octobre 193, les alliés sino-américains décident lancer le dernier assaut du siège de Yongzhou dans le Hunan. Après une trêve sanitaire ayant permis d’évacuer 2400 civiles, des commandos du 5ème groupe de forces spéciales américaines infiltrent le périmètre des forces maoïstes. Profitant du chaos engendré par les commandos américains, plus de 1400 soldats républicains forcent le périmètre. Après 6 jours de combat et plus de 800 pertes plus 3000 communistes déposent les armes. En face, les Américains n’ont perdu que 3 hommes et les Chinois en trentaine. Quelques années plus tard, un vétéran américain de la bataille comparera, dans ses mémoires, les défenseurs de Yongzhou et aux zombies du film « Night of the Living Dead » de George A. Romero.
Du 5 au 8 novembre 1963, le 503ème régiment aéroporté, appuyé par des unités du Commonwealth, lance une opération de type « search and destroy », l’opération Hump, à Wuxi. Cette ville se trouve dans le sud de la province du Jiangsu, située à 135 kilomètres au nord-ouest du centre de Shanghai, entre Changzhou et Suzhou. Les troupes américaines sont insérées par hélicoptère en plein dans le périmètre pendant que les troupes du Commonwealth attaquent au sol depuis le sud-ouest. Le premier engagement majeur de l’opération a lieu dans la nuit du 7 au 8 lorsque les troupes de la Bande des quatre attaquent les positions américaines, les encerclent et menacent même de les faire tomber. Les Américains perdent 49 des 400 hommes engagés et éliminent plus de 400 communistes. Quelques heures plus tard, les troupes Commonwealth se lancent dans le nettoyage d’un réseau de tranchées et d’un bunker. S’ils perdent deux des leurs, ils éliminent une trentaine de communistes. L’opération permet aussi de faire 270 prisonniers.
Du 27 octobre au 26 novembre 1963, les forces américano-vietnamiennes entament le nettoyage de la vallée de Nanchang, la « cité des Héros », l’endroit où est née l’Armée populaire de Libération. Tout un symbole pour une zone qui est frappée constamment par les B-52 américains depuis le mois de septembre. L’opération Long Reach est lancée dans la nuit du 26 au 27 octobre avec plusieurs raids héliportés de la 1ère Division de cavalerie américaine, alors qu’au sol l’armée républicaine engage 4 divisions dans la vallée. Les troupes américaines capturent le hameau de Poyang sur la rive du lac éponyme le 28 octobre puis le village de Jingdezhen le 29 octobre. Le 1er novembre, les Américains font face à leur premier engagement sérieux, affrontant 300 communistes dans le triangle Poyang-Jingdezhen-Leping. Les communistes décrochent le lendemain matin et tendent une embuscade à leur poursuivant le 3 novembre. Ils y subissent de lourdes pertes et finissent par être anéantis par le harcèlement des Américains et de leurs soutiens héliportés qui les étrillent le 6 et le 9 novembre. D’autres éléments de 1ère Division de cavalerie lancent des reconnaissances en force au nord de vallée entre le 10 et le 13 novembre. Un assaut, toujours héliporté, est lancé le 14 novembre sur les hauteurs bordant les villages de Dongyangzhen et Lixinxiang. Les posés commencent à 9 h 30 et subissent des assauts communistes dès 10 h 48. Les Américains commencent une série de frappes aériennes dans vallée environnante et se sont pas moins de 23 frappes qui ont lieu en l’espace de deux heures autour des zones de posés X-Ray 1 et 2. Le 15 novembre deux bataillons supplémentaires sont insérés dans les monts Huangshan, notamment au pied du pic du Lion, et parviennent à prendre position deux jours plus tard à l’ouest de Nanchang. Les GI’s guident ainsi des frappes aériennes de F-4, plus précises que celles des B-52. Durant cette phase de l’opération, les Américains ont tout de même 151 morts et blessés, mais estiment avoir neutralisé plus de 500 communistes. En parallèle, la vallée continue d’être nettoyée par les troupes républicaines massivement soutenues par l’aviation. Nanchang est encerclé à partir du 20 novembre et refuse tout appel à la reddition. De nombreux civils tentent de fuir la ville avec les plus grandes difficultés. Les communistes tentent de les abattre, alors que plusieurs incidents ont lieu lorsque les civils atteignent les lignes républicaines, le tout alors que les B-52 reprennent leurs bombardements pour faire plier la résistance communiste. Le 23 novembre, alors que les troupes du KMT grignotent progressivement les positions ennemies dans la ville, des communistes tentent une sortie. Soixante-quinze d’entre eux se lancent à l’assaut. Après 45 minutes de combat seul, 17 sont encore vivants. La ville de Nanchang est déclarée libérée le 26 novembre 1963. Au total, l’opération Long Reach a vu l’élimination de plus de 6500 combattants communistes et la capture d’un peu plus de 1500 d’entre eux. Si les pertes civiles sont initialement estimées à environ 600 morts, certaines sources d’après-guerre révisent ce chiffre à environs 6000.
Du 17 novembre au 20 décembre 1963 se joue une bataille acharnée pour Lianyungang et ses alentours, dans le Jiangsu. En effet, le 17 novembre des unités de la guérilla communistes ont écrasé la petite garnison locale exécutant les soldats du KMT qui ont été fait prisonnier. La première tentative de réplique, dès le lendemain matin, consistant en un assaut héliporté des marines est annulée après que 17 des 30 hélicoptères ont été la cible de tir antiaérien. Les maoïstes ont en effet capturé plusieurs mitrailleuses M2 Browning de calibre 12.7 qu’ils ont parfaitement positionnées. Les positions antiaériennes sont attaquées quelques heures plus tard par des F-4 américains. L’assaut héliporté reprend quelques et permet de reprendre pied à Lianyungang. Les marines éliminent 141 communistes et font 87 prisonniers au prix de 33 pertes. Un peu plus au sud, deux bataillons chinois sont harcelés par les communistes et sont contraints de reculer pour se regrouper sur Guanyun à partir du 20 novembre. Les 5 décembre, les Américains assemblent la Task Force Green qui regroupe 3 bataillons de Marines, 3 bataillons chinois et le 101ème bataillon de Reconnaissance. La Task Force Green lance l’opération Harvest Moon le 8 décembre en avançant le long de la route 25 avec les Chinois en première ligne. À 13 h 30, le 101ème bataillon de Reconnaissance qui mène l’assaut tombe dans une embuscade et perd un tiers de ses hommes (morts et blessés combinés) en l’espace de deux heures. Les Chinois sont tombés dans une véritable « kill box » parfaitement quadrillée par les mitrailleuses et mortiers communistes. Ils ne parviennent à s’en sortir que grâce à un soutien aérien américain très réactif ainsi que le renfort d’un bataillon d’infanterie. Les troupes républicaines se retranchent pour la nuit. Le 9 décembre, une infiltration communiste frappe à 6 h 45 l’un des postes de commandement d’un des bataillons du KMT, alors que sur une autre position en tentative d’assaut est repoussé. À 10 h, le 2ème bataillon du 7ème régiment de Marines est inséré à 9 km à l’ouest des positions du KMT et avance en direction du nord-est. Ils parviennent à avancer sur 2,5 km en deux heures. À 14 h, le 3ème bataillon du 3ème régiment de Marines se pose à 2,5 km au sud-ouest des positions du KMT et réalise la jonction 1 h 30 plus tard tout en établissant des positions avantageuses sur une colline. À la fin de la journée, les combattants communistes décrochent abandonnant 75 morts et 200 blessés derrière eux. Le 10 décembre, les troupes chinoises et leurs renforts de l’USMC reprennent leur marche vers Lianyungang. À 11 h, le 2ème bataillon du 1er régiment de Marines est héliporté à Baitabuzhen, 20 kilomètres à l’ouest de Lianyungang. Les hélicoptères sont la cible d’un tir nourrit venant d’une colline eu sud de la zone de posé. L’équivalent d’une compagnie de marines est contraint de se poser en catastrophe et de se retrancher alors que les autres hélicoptères se posent un peu plus à l’ouest. Malgré des combats intenses, les marines du 2ème bataillon parviennent à faire leur jonction à Baitabuzhen au crépuscule au prix de 20 morts dans leurs rangs. À 22 h, une première vague de renfort est héliportée sur zones avec l’arrivée du 2ème bataillon du 7er régiment de Marines. À 3 h du matin le 11 décembre, Baitabuzhen est renforcé par le 1er bataillon du 2ème régiment de Marines. Dans la foulée, les marines se déploient sur un front de 5 kilomètres et rencontrent peu de résistance. Les villages de Gezhai et Pingmingzhen sont sécurisés au crépuscule et le village de Zhangwanxiang, d’où des mortiers harcelaient des marines, est frappé par une paire de B-52. Les marines continuent d’avancer sur le front ouest de Lianyungang avec le soutien de B-52 tout au long du 12 et du 13 décembre. Ils prennent les villages de Ximen et Jinpingzhen, au pied du mont Shipeng depuis lequel les communistes délivrent un feu nourri, mais imprécis. Leurs positions sont alors matraquées par l’aviation américaine. Au sud de Lianyungang, les troupes chinoises on reprit leur avance alors que les communistes ont été contraints de détourner une partie de leurs forces pour contenir l’assaut des marines des jours précédents. Les troupes républicaines capturent le village de Ninghaixiang à 8 km au sud Lianyungang alors qu’une partie des effectifs contourne la ville par l’est et parvient à percer au l’extrême sud du mont Huaguo. La hauteur leur donne une position de tir direct vers le cœur du dispositif communiste qui se retrouve alors à la merci des mitrailleuses et mortiers du KMT. La position communiste subit alors quatre heures de tir nourri de bombardement et s’effondre. Les forces sino-américaines consacrent encore deux jours à nettoyer la ville avant que l’opération Harvest Moon soit déclarée terminée. Durant l’opération, les marines ont perdu 45 hommes, le KMT en a perdu 91. Les communistes ont 407 tués (en réalité aux 91 civils ont été comptés comme communiste) et plus de 700 prisonniers. Enfin, 33 tonnes d’armes et munitions ont été saisies, ce qui montre que même dans des zones « conquises » les communistes restent une menace réelle.
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La guerre change de forme
La guerre change de forme
À partir de 1964, la guerre change de forme. L’armée républicaine chinoise se lance dans le grignotage des positions communistes le long du front pendant que les forces sino-américaines lancent des raids aéroportés sur les arrières des communistes. Ces opérations sont une nouvelle façon de faire la guerre, dans un environnement où la supériorité aérienne américaine est totale, d’énormes raids aéroportés sont lancés déplaçant plusieurs milliers d’hommes en quelques jours. Le scénario est souvent le même assaut héliporté des forces américaines suivit du largage ou de la dépose de milliers de soldats chinois et de l’aérotransport de canons d’artillerie. Les hélicoptères et l’aviation fournissent alors un soutien passif aux troupes au sol pour anéantir toutes résistances communistes. Pour ce faire, les unités lourdes américaines se délaissent d’une partie de leurs chars au profit des troupes chinoises et adaptent passivement l’hélicoptère comme moyen de transport. Ce mode opératoire découle directement de la conduite des opérations initiée en 1963 et devient la norme sur le théâtre d’opérations chinois.On ne dénombre pas moins de 57 opérations de ce type en 1964. L’une des plus notables est l’opération Masher qui permet d’assiéger Kunming dans la zone contestée par la rébellion islamique pro républicaine. Après l’assaut héliporté de la 1ère Division de cavalerie américaine, 4 divisions chinoises sont acheminées ainsi que 7 batteries d’artillerie. Lancée le 24 janvier 1964, l’opération permet de faire entrer les forces républicaines dans la ville, qui tombe le 6 mars suivant. Les pertes américaines sont très faibles, moins de 300 morts alors que l’armée républicaine dénombre un millier de morts et deux fois plus de blessés. Dans les rangs communistes, on estime que 60 000 miliciens et soldats étaient présents dans la zone. Environs 5000 d’entre eux se sont rendus, est 6 000 autres ont été capturés alors plus de 4 000 d’entre eux ont été tués.
Les mêmes unités américaines et chinoises mènent ensuite l’opération Irving de septembre 1964 à février 1965. L’opération consiste en des raids et opérations de ratissage en appui aux forces islamistes et républicaines. Alors que l’armée républicaine nettoie les vallées, les hélicoptères américains mènent des opérations d’insertions en faveur des troupes islamiques dans les montagnes, prenant ainsi les communistes en tenaille. En six mois d’opération, Irving permet de tuer 26 000 communistes. Ce n’est que plusieurs années après qu’une enquête prouvera que plus de 1700 civils ont été tués et que 2600 blessés ont été exécutés. Toutefois, la nouvelle stratégie militaire américaine permet au chinois de gagner du terrain et de se rapprocher des troupes islamistes sur le plan politique tout en subissant relativement peu de perte. En effet, l’opération Irving n’a vu la mort que de 87 Américains en 6 mois.
Les 57 opérations de 1965 permettent de neutraliser plus de 147 000 communistes alors quelles pertes américaines s’élèvent seulement à 5005 morts et blessés. Les forces républicaines et les forces islamistes déplorent quant à elle un peu plus de 30 000 morts et blessés. Ces chiffres très favorables aux intérêts américains, combinés aux succès militaires que représentent ces opérations, valent alors une immense popularité au président Kennedy. Ce dernier est pourtant la cible d’un complot d’assassinat en novembre.
S’il n’y a jamais eu de menace directe sur sa vie, il s’avère que des militants anticastristes travaillant initialement pour la CIA prévoyaient d’assassiner le président lors de la cérémonie d’ouverture du Cross Florida Barge Canal le 27 février 1964. Neuf jours avant l’évènement, le FBI intercepte deux véhicules avec à leurs bords Marita Lorenz (ex-maitresse de Fidel Castro), David Morales, Franck Sturgis, Pedro Diaz Lanz, Orlando Bosch, Gerry Patrick Hemming, Guillermo Novo et Ignacio Novo et Howard Hunt qui est un agent de la CIA. Cette fine équipe fait partie d’une ancienne opération anticastriste appelée « Opération quarante » qui était organisé par la CIA pour renverser Fidel Castro est rétablie les intérêts américains à Cuba. Suite aux différentes négociations en JFK et Castro, l’opération a été annulée et la « bande de Howard Hunt » a alors décidé de se débarrasser de Kennedy pour porter le vice-président Lyndon B. Johnson au pouvoir, car ils le pensaient plus favorable aux intérêts anticastristes. En 1967, les conspirateurs sont condamnés à différentes peines de prison, à l’exception de Howard Hunt qui est en plus condamné pour trahison, ce qui lui vaudra la prison à vie.
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Re: D’une guerre d’endiguement à une guerre totale (Remake)
Uranium Colonel- Messages : 1901
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