1962 : la fin de l'Union Soviétique
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1962 : la fin de l'Union Soviétique
Faisant une petite pause dans l'écriture de "Tout se poursuit à Bayreuth", je poste ici une petite variation sur "1941 : après la victoire", où je développe l'idée d'une URSS s'effondrant plus tôt, ne bénéficiant pas du mythe de la Grande guerre patriotique.
Le 13 août 1959, à la surprise générale, deux-cents parachutistes soviétiques investissaient le Kremlin et saisissaient son chef, Lavrenti Pavlovitch Beria. Dans le même temps, tous les autres lieux de pouvoir de la capitale étaient investis par les forces armées, sans résistance à l’exception du ministère de l’intérieur, où les partisans su successeur de Staline s’étaient défendus les armes à la main.
A la tête de la conspiration qui avait mené au coup d’Etat se trouvait le vieux maréchal Kliment Vorochilov, ancien ministre de Staline disgracié. Il avait rassemblé derrière lui tous ceux qui souhaitaient ardemment mettre fin à la politique de libéralisation entreprise par le Premier secrétaire, qui amenait à leur sens à la destruction de l’Union et à la ruine de l’héritage de Staline.
Depuis qu’il avait éliminé ses rivaux en 1953, Beria avait en effet pris l’exact contrepied de son prédecesseur en transformant le fonctionnement de l’URSS, d’abord dans les Etats baltes récemment conquis, qui avaient servi de laboratoire, puis dans le reste du pays. Le système du kholkhoze avait été réformé de telle sorte qu’un marché des produits agricoles avait, de fait, été rétabli, menant à une hausse des rendements et attachant à la personne du nouveau chef les masses paysannes soviétiques. Puis, un ensemble de politiques influencées par la NEP léninistes avaient été mises en place ; le niveau de vie s’était rapidement amélioré, de même que la production, mais la médaille avait son revers. Beaucoup, en effet, pointaient du doigt la contradiction entre une société socialiste et l’apparition d’une classe de nouveaux nepmen petit-bourgeois, tandis que dans le même temps l’autonomie des entreprises d’Etat et la fermeture de certaines usines jugées improductives avaient mené à l’apparition d’un chômage urbain que n'avait jamais connu le pays.
Beria avait également dénoncé les crimes de son prédécesseur, d’abord comme de simples « excès regrettables » puis, de plus en plus, comme des abominations indissociables du système mis en place par le vojd, dans lequel il cherchait néanmoins à minimiser sa propre implication. Le culte de la personnalité avait également été supprimé avec le retrait des portraits des dirigeants des cérémonies officielles ; les différents peuples de l’Union avaient été invités à affirmer leur identité, y compris au sein du Parti Communiste de l’Union Soviétique, à rebours de toute politique de russification. Pour beaucoup, s’en était trop.
Arrêté par les militaires, Beria fut exécuté après une parodie de procès dans les heures qui suivirent. La stupeur de la population et la colère des paysans soviétiques qui voyaient dans Beria leur libérateur, fut quelque peu atténuée dans un premier temps par les révélations, preuves à l’appui, sur l’ampleur des crimes personnels de Beria, notamment ses innombrables crimes sexuels pour lesquels il n’avait jamais hésité à mobiliser l’appareil d’Etat. « Le calme règne enfin à Moscou » titrait le Quotidien du Peuple de la Chine voisine.
Au cours des deux années à venir, le nouveau praesidium allait aller de déconvenue en déconvenue, jusqu’à se ridiculiser complètement. Si dans un premier temps les campagnes vécurent dans la peur d’un retour de la terreur stalinienne, les citoyens soviétiques se rendrent bien vite compte que Vorochilov était incapable de mener à bien ce retour : les « organes » étaient depuis longtemps devenues la chose personnelle de Lavrenti Beria, ils n’avaient plus aucune efficacité une fois leur chef éliminé et ses partisans purgé. Les soviétiques virent rapidement que malgré les discours sur le retour à l’ordre, leur espace de liberté d’expression n'avait pas été réduit mais s’était même élargi avec la décapitation du pouvoir. Vorochilov et sa clique ne pouvaient ni réprimer efficacement ni même réellement s’informer sur l’état du pays. La recollectivisation ne fut menée que très superficiellement, les résistances des paysans et les réticences des administrations locales la freinant durablement.
Dans le même temps, le Kremlin avait annoncé le retour à une économie planifiée, sans avoir de véritable plan sous la main et sans redéfinir les responsabilités de chacun. La situation vira vite à la catastrophe, ordres et contre ordres paralysant la production et amenant à une multiplication des pénuries. Dès 1960, les grèves se multiplièrent parmi les ouvriers, ruinant les efforts idéologiques du praesidium qui voulait remettre l’ouvriérisme au goût du jour. En 1961, l’échec était total.
Mais ce ne furent pas les mouvements des paysans ou des ouvriers qui provoquèrent la chute de la junte, du moins pas directement : ce fût le PCUS lui-même qui mena à sa chute, par une série de frondes d’abord localisées puis étendue à toute l’Union et à tous les niveaux de la hiérarchie. Beaucoup de jeunes cadres réformistes, formés sous Beria, refusaient les nouvelles orientations du régime, tandis que d’autres, plus anciens, n’avaient aucune envie de revire la période stalinienne. Même parmi ceux qui croyaient encore sincèrement dans le communisme, beaucoup n’acceptaient pas le coup de force qui avait outrepassé la légalité soviétique elle-même et le fonctionnement du Parti.
Impuissants à rétablir l’ordre, le gouvernement putschistes ne tint pas deux années complètes et accepta la tenue d’un congrès du PCUS, ne prenant en compte aucune des exclusions opérées depuis 1959. Ce XXIIIe congrès marqua la consécration du réformisme, bluffant les observateurs occidentaux qui voyaient l’URSS se remettre en cause elle-même. Le nouveau Secrétaire général semblait avoir été nommé pour présider à la liquidation de l’Union : Georgui Malenkov, ancien allié de Beria que celui-ci avait fini par jeter en prison puis par reléguer à la direction d’une centrale électrique sibérienne, avait été tiré de l’anonymat pour incarner la transition. Son absence de charisme, encore aggravée par une vieillissement prématuré, et un retour à la foi orthodoxe dans les dernières années, semblaient annihiler tout risque de dérive autoritaire. On décida de la tenue d’élections libres dans les Républiques dès l’année suivante, et de l’élection d’une constituante pour 1963. Le Parti unique et les entraves à la liberté d’expression furent levées, menant à une période de floraison culturelle et journalistique sans précédent. Sur le plan économique, on décida prudemment de revenir au système mis en place par Beria sans aller plus avant jusqu’à ce que les questions institutionnelles soient réglées.
Les élections de 1962 virent le triomphe des nationalistes dans les pays Baltes, en Ukraine et en Transcaucasie et des réformistes du PCUS en Russie, tandis que la nomenklatura d’Asie centrale s’en tira habilement en faisant campagne sur des thèmes nationalistes sans quitter pour autant le Parti. L’acceptation des résultats par le nouveau gouvernement donna le signale de l’effondrement de l’Union.
Dès mars 1962, les trois Etats baltes, incorporés contre leur volonté en 1939, proclamèrent leur indépendance. Après quelques affrontements avec l’armée régulière, Moscou accepta de fait cette indépendance et se retira. La question était plus épineuse ailleurs, où l’hétérogéneité ethnique des Républiques risquaient de provoquer des conflits armés. En Azerbaïdjan, les Arméniens du Haut-Karabagh proclamèrent une RSS d’Artsakh, sans en référer au pouvoir central, entraînant immédiatement la formation de milices arméniennes et azéries s’affrontant directement, les troupes fédérales ne pouvant intervenir. En Ukraine, devant la menace d’une proclamation de l’indépendance, des émeutes touchèrent les villes de l’Est, réclamant la constitution d’une République Socialiste Soviétique d’Ukraine Orientale. A Moscou, où l’on comptait ne s’occuper des problèmes nationaux qu’après avoir défini un nouveau cadre constitutionnel, le pouvoir paniquait. Le salut vint de la proposition de médiation de plusieurs pays ouest-européens, qui proposèrent la tenue d’une conférence internationale chargée de régler les questions frontalières internes à l’Union, préalable à toute nouvelle proclamation d’indépendance. Celle-ci, qui se tint à Stockholm en septembre, avalisa la séparation en deux de l’Ukraine et le rattachement de l’Artsakh à l’Arménie, tandis que Moscou reconnaissait officiellement le départ des Etats baltes. Les dirigeants kazakhes refusèrent catégoriquement toute modification de leur frontière avec la Russie, voyant leur avenir dans une nouvelle union.
Au cours des mois qui suivirent, l’Ukraine occidentale et les Républiques transcaucasiennes choisirent de se séparer de l’Union. La question des frontières réglées, les élections de 1963 purent se tenir sereinement. Les réformistes avaient entre temps quitté en masse le PCUS pour former le Parti du Socialisme Démocratique, récupérant une large part de l’appareil du Parti ; le PCUS proprement dit ne put mobiliser qu’autour du seul refus d’un changement trop rapide. Les nationalistes russes avaient acquis une certaine popularité mais partaient divisés.
L’Assemblée constituante d’Almaty commença à siéger en décembre, avec la lourde tâche de définir quel serait l’Etat successeur de l’URSS. L’ancien nom avait en effet été progressivement abandonné, associé à un projet communiste auquel presque plus personne ne croyait. Un militaire eût à cette occasion cette réflexion restée célèbre : « si nous avions affronté les fascistes au lieu de pactiser avec eux, si nous avions remporté une grande victoire contre les nations ennemies, alors peut-être le pays aurait-il accepté les réformes de Beria et l’Union aurait-elle pu continuer à vivre et à prospérer sous son ancienne forme. Mais elle n’avait rien à proposer au peuple, aucun mythe fédérateur sinon celui de la marche vers le communisme ; une fois que nous avons abandonné celui-ci, l’Union ne pouvait survivre, elle n’avait plus de raison d’être ».
Restait à déterminer quelle nouvelle idéologie allait souder les Républiques qui avaient choisi de participer à l’Union. Un nationalisme grand-russien était exclu par les républiques non-russes aussi bien que par les minorités de l’ancienne RSFR. L’Eurasisme développé dans l’entre-deux-guerres par des penseurs comme Troubetskoï, avait l’avantage de proposer une identité duale, entre monde slave et monde turc. La référence au socialisme fut conservée dans le corps de la constitution, mais, après d’âpres débat, ne figura pas dans le nom du nouveau pays. Le premier janvier 1964 était officiellement proclamée la Fédération des Républiques Eurasiatiques. Dans la droite ligne des régimes précédents, l’exécutif était particulièrement fort et siégeait au Kremlin. Une chambre haute appelée « Assemblée des Peuples » était installée dans la cité ouzbèke de Samarcand.
Le drapeau, présentant un aigle des steppes sur fond bleu, fût critiqué par beaucoup dans un premier temps, mais fit l’unanimité à partir de 1968, date à laquelle il fût planté sur le sol lunaire par la première mission humaine à atteindre le satellite. La nouvelle Fédération bénéficiait des résultats du programme spatial lancé dans la décennie précédente par Beria.
1962 : la fin de l'Union Soviétique
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« Si nous avions affronté les fascistes au lieu de pactiser avec eux, si nous avions remporté une grande victoire contre les nations ennemies, alors peut-être le pays aurait-il accepté les réformes de Beria et l’Union aurait-elle pu continuer à vivre et à prospérer sous son ancienne forme. Mais elle n’avait rien à proposer au peuple, aucun mythe fédérateur sinon celui de la marche vers le communisme ; une fois que nous avons abandonné celui-ci, l’Union ne pouvait survivre, elle n’avait plus de raison d’être ».
Le 13 août 1959, à la surprise générale, deux-cents parachutistes soviétiques investissaient le Kremlin et saisissaient son chef, Lavrenti Pavlovitch Beria. Dans le même temps, tous les autres lieux de pouvoir de la capitale étaient investis par les forces armées, sans résistance à l’exception du ministère de l’intérieur, où les partisans su successeur de Staline s’étaient défendus les armes à la main.
A la tête de la conspiration qui avait mené au coup d’Etat se trouvait le vieux maréchal Kliment Vorochilov, ancien ministre de Staline disgracié. Il avait rassemblé derrière lui tous ceux qui souhaitaient ardemment mettre fin à la politique de libéralisation entreprise par le Premier secrétaire, qui amenait à leur sens à la destruction de l’Union et à la ruine de l’héritage de Staline.
Depuis qu’il avait éliminé ses rivaux en 1953, Beria avait en effet pris l’exact contrepied de son prédecesseur en transformant le fonctionnement de l’URSS, d’abord dans les Etats baltes récemment conquis, qui avaient servi de laboratoire, puis dans le reste du pays. Le système du kholkhoze avait été réformé de telle sorte qu’un marché des produits agricoles avait, de fait, été rétabli, menant à une hausse des rendements et attachant à la personne du nouveau chef les masses paysannes soviétiques. Puis, un ensemble de politiques influencées par la NEP léninistes avaient été mises en place ; le niveau de vie s’était rapidement amélioré, de même que la production, mais la médaille avait son revers. Beaucoup, en effet, pointaient du doigt la contradiction entre une société socialiste et l’apparition d’une classe de nouveaux nepmen petit-bourgeois, tandis que dans le même temps l’autonomie des entreprises d’Etat et la fermeture de certaines usines jugées improductives avaient mené à l’apparition d’un chômage urbain que n'avait jamais connu le pays.
Beria avait également dénoncé les crimes de son prédécesseur, d’abord comme de simples « excès regrettables » puis, de plus en plus, comme des abominations indissociables du système mis en place par le vojd, dans lequel il cherchait néanmoins à minimiser sa propre implication. Le culte de la personnalité avait également été supprimé avec le retrait des portraits des dirigeants des cérémonies officielles ; les différents peuples de l’Union avaient été invités à affirmer leur identité, y compris au sein du Parti Communiste de l’Union Soviétique, à rebours de toute politique de russification. Pour beaucoup, s’en était trop.
Arrêté par les militaires, Beria fut exécuté après une parodie de procès dans les heures qui suivirent. La stupeur de la population et la colère des paysans soviétiques qui voyaient dans Beria leur libérateur, fut quelque peu atténuée dans un premier temps par les révélations, preuves à l’appui, sur l’ampleur des crimes personnels de Beria, notamment ses innombrables crimes sexuels pour lesquels il n’avait jamais hésité à mobiliser l’appareil d’Etat. « Le calme règne enfin à Moscou » titrait le Quotidien du Peuple de la Chine voisine.
Au cours des deux années à venir, le nouveau praesidium allait aller de déconvenue en déconvenue, jusqu’à se ridiculiser complètement. Si dans un premier temps les campagnes vécurent dans la peur d’un retour de la terreur stalinienne, les citoyens soviétiques se rendrent bien vite compte que Vorochilov était incapable de mener à bien ce retour : les « organes » étaient depuis longtemps devenues la chose personnelle de Lavrenti Beria, ils n’avaient plus aucune efficacité une fois leur chef éliminé et ses partisans purgé. Les soviétiques virent rapidement que malgré les discours sur le retour à l’ordre, leur espace de liberté d’expression n'avait pas été réduit mais s’était même élargi avec la décapitation du pouvoir. Vorochilov et sa clique ne pouvaient ni réprimer efficacement ni même réellement s’informer sur l’état du pays. La recollectivisation ne fut menée que très superficiellement, les résistances des paysans et les réticences des administrations locales la freinant durablement.
Dans le même temps, le Kremlin avait annoncé le retour à une économie planifiée, sans avoir de véritable plan sous la main et sans redéfinir les responsabilités de chacun. La situation vira vite à la catastrophe, ordres et contre ordres paralysant la production et amenant à une multiplication des pénuries. Dès 1960, les grèves se multiplièrent parmi les ouvriers, ruinant les efforts idéologiques du praesidium qui voulait remettre l’ouvriérisme au goût du jour. En 1961, l’échec était total.
Mais ce ne furent pas les mouvements des paysans ou des ouvriers qui provoquèrent la chute de la junte, du moins pas directement : ce fût le PCUS lui-même qui mena à sa chute, par une série de frondes d’abord localisées puis étendue à toute l’Union et à tous les niveaux de la hiérarchie. Beaucoup de jeunes cadres réformistes, formés sous Beria, refusaient les nouvelles orientations du régime, tandis que d’autres, plus anciens, n’avaient aucune envie de revire la période stalinienne. Même parmi ceux qui croyaient encore sincèrement dans le communisme, beaucoup n’acceptaient pas le coup de force qui avait outrepassé la légalité soviétique elle-même et le fonctionnement du Parti.
Impuissants à rétablir l’ordre, le gouvernement putschistes ne tint pas deux années complètes et accepta la tenue d’un congrès du PCUS, ne prenant en compte aucune des exclusions opérées depuis 1959. Ce XXIIIe congrès marqua la consécration du réformisme, bluffant les observateurs occidentaux qui voyaient l’URSS se remettre en cause elle-même. Le nouveau Secrétaire général semblait avoir été nommé pour présider à la liquidation de l’Union : Georgui Malenkov, ancien allié de Beria que celui-ci avait fini par jeter en prison puis par reléguer à la direction d’une centrale électrique sibérienne, avait été tiré de l’anonymat pour incarner la transition. Son absence de charisme, encore aggravée par une vieillissement prématuré, et un retour à la foi orthodoxe dans les dernières années, semblaient annihiler tout risque de dérive autoritaire. On décida de la tenue d’élections libres dans les Républiques dès l’année suivante, et de l’élection d’une constituante pour 1963. Le Parti unique et les entraves à la liberté d’expression furent levées, menant à une période de floraison culturelle et journalistique sans précédent. Sur le plan économique, on décida prudemment de revenir au système mis en place par Beria sans aller plus avant jusqu’à ce que les questions institutionnelles soient réglées.
Les élections de 1962 virent le triomphe des nationalistes dans les pays Baltes, en Ukraine et en Transcaucasie et des réformistes du PCUS en Russie, tandis que la nomenklatura d’Asie centrale s’en tira habilement en faisant campagne sur des thèmes nationalistes sans quitter pour autant le Parti. L’acceptation des résultats par le nouveau gouvernement donna le signale de l’effondrement de l’Union.
Dès mars 1962, les trois Etats baltes, incorporés contre leur volonté en 1939, proclamèrent leur indépendance. Après quelques affrontements avec l’armée régulière, Moscou accepta de fait cette indépendance et se retira. La question était plus épineuse ailleurs, où l’hétérogéneité ethnique des Républiques risquaient de provoquer des conflits armés. En Azerbaïdjan, les Arméniens du Haut-Karabagh proclamèrent une RSS d’Artsakh, sans en référer au pouvoir central, entraînant immédiatement la formation de milices arméniennes et azéries s’affrontant directement, les troupes fédérales ne pouvant intervenir. En Ukraine, devant la menace d’une proclamation de l’indépendance, des émeutes touchèrent les villes de l’Est, réclamant la constitution d’une République Socialiste Soviétique d’Ukraine Orientale. A Moscou, où l’on comptait ne s’occuper des problèmes nationaux qu’après avoir défini un nouveau cadre constitutionnel, le pouvoir paniquait. Le salut vint de la proposition de médiation de plusieurs pays ouest-européens, qui proposèrent la tenue d’une conférence internationale chargée de régler les questions frontalières internes à l’Union, préalable à toute nouvelle proclamation d’indépendance. Celle-ci, qui se tint à Stockholm en septembre, avalisa la séparation en deux de l’Ukraine et le rattachement de l’Artsakh à l’Arménie, tandis que Moscou reconnaissait officiellement le départ des Etats baltes. Les dirigeants kazakhes refusèrent catégoriquement toute modification de leur frontière avec la Russie, voyant leur avenir dans une nouvelle union.
Au cours des mois qui suivirent, l’Ukraine occidentale et les Républiques transcaucasiennes choisirent de se séparer de l’Union. La question des frontières réglées, les élections de 1963 purent se tenir sereinement. Les réformistes avaient entre temps quitté en masse le PCUS pour former le Parti du Socialisme Démocratique, récupérant une large part de l’appareil du Parti ; le PCUS proprement dit ne put mobiliser qu’autour du seul refus d’un changement trop rapide. Les nationalistes russes avaient acquis une certaine popularité mais partaient divisés.
L’Assemblée constituante d’Almaty commença à siéger en décembre, avec la lourde tâche de définir quel serait l’Etat successeur de l’URSS. L’ancien nom avait en effet été progressivement abandonné, associé à un projet communiste auquel presque plus personne ne croyait. Un militaire eût à cette occasion cette réflexion restée célèbre : « si nous avions affronté les fascistes au lieu de pactiser avec eux, si nous avions remporté une grande victoire contre les nations ennemies, alors peut-être le pays aurait-il accepté les réformes de Beria et l’Union aurait-elle pu continuer à vivre et à prospérer sous son ancienne forme. Mais elle n’avait rien à proposer au peuple, aucun mythe fédérateur sinon celui de la marche vers le communisme ; une fois que nous avons abandonné celui-ci, l’Union ne pouvait survivre, elle n’avait plus de raison d’être ».
Restait à déterminer quelle nouvelle idéologie allait souder les Républiques qui avaient choisi de participer à l’Union. Un nationalisme grand-russien était exclu par les républiques non-russes aussi bien que par les minorités de l’ancienne RSFR. L’Eurasisme développé dans l’entre-deux-guerres par des penseurs comme Troubetskoï, avait l’avantage de proposer une identité duale, entre monde slave et monde turc. La référence au socialisme fut conservée dans le corps de la constitution, mais, après d’âpres débat, ne figura pas dans le nom du nouveau pays. Le premier janvier 1964 était officiellement proclamée la Fédération des Républiques Eurasiatiques. Dans la droite ligne des régimes précédents, l’exécutif était particulièrement fort et siégeait au Kremlin. Une chambre haute appelée « Assemblée des Peuples » était installée dans la cité ouzbèke de Samarcand.
Le drapeau, présentant un aigle des steppes sur fond bleu, fût critiqué par beaucoup dans un premier temps, mais fit l’unanimité à partir de 1968, date à laquelle il fût planté sur le sol lunaire par la première mission humaine à atteindre le satellite. La nouvelle Fédération bénéficiait des résultats du programme spatial lancé dans la décennie précédente par Beria.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
Thomas, Aetius, LFC/Emile Ollivier, Collectionneur, Uranium Colonel, Amon luxinferis et ezaski aiment ce message
Re: 1962 : la fin de l'Union Soviétique
Les Putschistes de cette LT sont des branquignoles à côté de ceux de la LFC
Très bon texte.
PS : Je n'avais jamais remarqué qu'il y avait un oiseau sous le soleil du drapeau kazakh !
Très bon texte.
PS : Je n'avais jamais remarqué qu'il y avait un oiseau sous le soleil du drapeau kazakh !
_________________
1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
https://forumuchronies.frenchboard.com/t751-la-france-exilee-tome-1-1940-la-roue-du-destin
https://forumuchronies.frenchboard.com/t826-la-france-exilee-tome-2-1942-la-roue-tourne
https://forumuchronies.frenchboard.com/t968-la-france-exilee-tome-3-1944-la-fin-d-un-cycle
https://forumuchronies.frenchboard.com/t1036-lfc-guerre-froide
LFC/Emile Ollivier- Messages : 2721
Date d'inscription : 26/03/2016
Age : 35
DemetriosPoliorcète, Collectionneur et Uranium Colonel aiment ce message
Re: 1962 : la fin de l'Union Soviétique
LFC/Emile Ollivier a écrit:Les Putschistes de cette LT sont des branquignoles à côté de ceux de la LFC
Très bon texte.
PS : Je n'avais jamais remarqué qu'il y avait un oiseau sous le soleil du drapeau kazakh !
Merci!
C'est qu'ils n'ont pas à leur crédit d'avoir gagné une guerre mondiale, eux...
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier aime ce message
Re: 1962 : la fin de l'Union Soviétique
Je propose que la Pologne accepte la frontière entre la nouvelle fédération et l'Ukraine occidentale en échange d'un traité contraignant assurant sa sécurité et un accès à des ressources russes a prix coûtant quelques décennies. La présence des forces de l'Union de l'Europe Occidentale étant alléger en Pologne et un traité de ''ciel ouvert'' étant signé.
DemetriosPoliorcète et LFC/Emile Ollivier aiment ce message
Re: 1962 : la fin de l'Union Soviétique
Collectionneur a écrit:Je propose que la Pologne accepte la frontière entre la nouvelle fédération et l'Ukraine occidentale en échange d'un traité contraignant assurant sa sécurité et un accès à des ressources russes a prix coûtant quelques décennies. La présence des forces de l'Union de l'Europe Occidentale étant alléger en Pologne et un traité de ''ciel ouvert'' étant signé.
Je prends note de l'idée!
Je n'ai pas encore une idée claire sur le tracé des frontières d'après guerre, sachant que dans cette TL l'URSS attaque l'Allemagne dans les derniers jours du conflit puis négocie avec les alliés pour éviter une invasion.
Je me renseigne sur la répartition des populations polonaises en Galicie-Volhynie avant-guerre, pour savoir quelles régions la Pologne n'aurait absolument pas voulu lâcher.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier et Collectionneur aiment ce message
Re: 1962 : la fin de l'Union Soviétique
Après la défaite Allemande, la frontière Soviétique s'est t'elle transformer immédiatement en ''rideau de fer'' ? On peut supposer qu'une partie de la population polonaise a pu s'exiler à l'ouest.
LFC/Emile Ollivier aime ce message
Re: 1962 : la fin de l'Union Soviétique
Collectionneur a écrit:Après la défaite Allemande, la frontière Soviétique s'est t'elle transformer immédiatement en ''rideau de fer'' ? On peut supposer qu'une partie de la population polonaise a pu s'exiler à l'ouest.
Les Polonais et les Soviétiques se sont retrouvés in extremis tous les deux dans le camp des vainqueurs avec une partie de la Pologne occupée par l'Union Soviétique, donc il y a des négociations à la fin de la guerre sur le redécoupage des frontières.
D'un côté l'URSS sait qu'elle ne peut pas tout garder sauf à déclencher une guerre contre les Européens de l'Ouest, de l'autre, elle ne peut pas non plus tout abandonner.
Le règlement précis reste à déterminer donc.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
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Uranium Colonel- Messages : 1905
Date d'inscription : 31/07/2019
Age : 25
Localisation : République Démocratique de l'Icaunais
DemetriosPoliorcète et LFC/Emile Ollivier aiment ce message
Re: 1962 : la fin de l'Union Soviétique
Pas sûr que Mao est remporté la guerre civile dans cette uchronie.
DemetriosPoliorcète et LFC/Emile Ollivier aiment ce message
Re: 1962 : la fin de l'Union Soviétique
J'ai pas mal réfléchi sur la Chine. Mao va remporter la guerre civile après le retrait (partiel) des Japonais.
Avec les réformes de Beria, la Chine a voulu incarner l'orthodoxie marxiste-léniniste face à l'URSS révisionniste, au lieu de chercher à créer son propre modèle (ce qui évite à la Chine le grand bond en avant et la Révolution culturelle).
Dans les années 2020, 'est une sorte de Corée du Nord géante en un peu moins fermé et délirant.
Avec les réformes de Beria, la Chine a voulu incarner l'orthodoxie marxiste-léniniste face à l'URSS révisionniste, au lieu de chercher à créer son propre modèle (ce qui évite à la Chine le grand bond en avant et la Révolution culturelle).
Dans les années 2020, 'est une sorte de Corée du Nord géante en un peu moins fermé et délirant.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier, Collectionneur et Uranium Colonel aiment ce message
Re: 1962 : la fin de l'Union Soviétique
Avec beaucoup de retard, je signale un S en trop dans le paragraphe suivant juste sous la première photo :
Impuissants à rétablir l’ordre, le gouvernement putschistes
Impuissants à rétablir l’ordre, le gouvernement putschistes
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