Daikita 太北
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Re: Daikita 太北
La c'est too much spoil.Wardog1 a écrit:Petite question, si la 2nd guerre mondiale à bien lieu, de quel coté seront les japonais?
Désolé, mais il va falloir attendre pour le savoir.
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
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Re: Daikita 太北
Il y a toujours une frange de l’extrême gauche japonaise qui ont toujours préféré se battre que d'attendre que le réformisme gagne. L'armée rouge japonaise s'est fait remarqué par des attentats à travers le monde mais la plupart des mouvement révolutionnaire ne sont jamais sortis du Japon. Donc oui, quoi qu'ils arrivent t'a un mouvement terroriste de l’extrême gauche (pas que communiste, les libertaires/anarchistes aussi sont actifs) qui devrait d'ailleurs déjà avoir fait sensation dans le pays dans les années 1800.
Le PCJ lui est rentré IRL dans le jeu politique (bien que réclamant toujours le départ des américains et l'établissement d'une république), mais ses propositions restent quand même choquante du point de vue des autres partis politiques officialisé. Après comme je l'ai dit, pour montrer aux soviétique un rapprochement diplomatique, le japon peut autoriser le pcj (sous haute surveillance).
Le PCJ lui est rentré IRL dans le jeu politique (bien que réclamant toujours le départ des américains et l'établissement d'une république), mais ses propositions restent quand même choquante du point de vue des autres partis politiques officialisé. Après comme je l'ai dit, pour montrer aux soviétique un rapprochement diplomatique, le japon peut autoriser le pcj (sous haute surveillance).
Maraud- Messages : 561
Date d'inscription : 01/11/2015
Re: Daikita 太北
Le temps de bien tourner le truc et je modifierais le texte.
Merci pour tes conseils Maraud.
Merci pour tes conseils Maraud.
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Re: Daikita 太北
Du coup j'ai modifier par:
Comme ça vous savez qu'il y a un deuxième conflit mondiale, mais rien de plus.Bien entendu, d’autres partis politiques ont fait leur apparition depuis ce décret. Le communisme quand à lui, a fut à nouveau autorisé peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les communistes se divisèrent alors entre ceux qui voulaient renverser l’Empereur par les armes et ceux qui voulaient prendre le pouvoir légalement.
Dernière édition par Thomas le Jeu 14 Jan - 22:14, édité 1 fois
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Re: Daikita 太北
Staline a repousser la menace barbare capitalisto-hitlérienne sans l'aide des alliés et inspiré par cette victoire à décrété le pouvoir au peuple! Désormais toute l’Eurasie du nord fait partie du bloc communiste qui est réputé pour son haut niveau d'étude, d'égalité et de liberté. Son principal adversaire les USA ont décidé de devenir une dictature fasciste ce qui fait que seul le japon devient la seule puissance médiatrice entre les deux blocs!
(Comment ça c'est pas ça?)
(Comment ça c'est pas ça?)
Maraud- Messages : 561
Date d'inscription : 01/11/2015
Re: Daikita 太北
T'es peut être pas si éloigné que ça de la vérité...Maraud a écrit:Staline a repousser la menace barbare capitalisto-hitlérienne sans l'aide des alliés et inspiré par cette victoire à décrété le pouvoir au peuple! Désormais toute l’Eurasie du nord fait partie du bloc communiste qui est réputé pour son haut niveau d'étude, d'égalité et de liberté. Son principal adversaire les USA ont décidé de devenir une dictature fasciste ce qui fait que seul le japon devient la seule puissance médiatrice entre les deux blocs!
(Comment ça c'est pas ça?)
Ou peut être que je ment.
Ou peut être pas ^^
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Re: Daikita 太北
Les USA Fasciste s'est ma LT !
Jolou- Messages : 636
Date d'inscription : 17/10/2015
Age : 27
Localisation : Proche de Montpellier
Re: Daikita 太北
C'est surtout très 2017 OTL ^^Jolou a écrit:Les USA Fasciste s'est ma LT !
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Re: Daikita 太北
bon, j'ai idée ce que je vais traiter dans 3 prochains chapitre "historiques".
Faut juste que je trouve le temps d'écrire.
J'ai du mal à reprendre le rythme.
Faut juste que je trouve le temps d'écrire.
J'ai du mal à reprendre le rythme.
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Re: Daikita 太北
Prend ton temps^^
Si tu écris et que ça te fait chier ça sert à rien.
Si tu écris et que ça te fait chier ça sert à rien.
Maraud- Messages : 561
Date d'inscription : 01/11/2015
Re: Daikita 太北
Le trucs c'est que j'ai envie. Parce qu'écrire et dessiner me fait un bien fou.Maraud a écrit:Prend ton temps^^
Si tu écris et que ça te fait chier ça sert à rien.
J'ai juste un fulguroflemme affolante ^^
Dernière édition par Thomas le Lun 31 Oct - 13:31, édité 1 fois
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Un chinois pionnier de l’aviation japonaise
Finalement voilà enfin un nouveau chapitre. L'idée m'a été soufflé par Hendrik. Merci à toi.
En gros la China National Aviation Corporation est un équivalent Chinois d'Embaer OTl. Si vous avez des idées d'avions que la firme pourrait fabriquer, j'en parlerais dans un futur chapitre.
OTL, Wong Tsu à travailler pour Boeing, qui aurait potentiellement disparu sans lui. Ici c'est le cas, et c'est Convair (disparut OTL) qui devient un géant.
Un chinois pionnier de l’aviation japonaise
Peu connu hors de Chine, Wong Tsu a récemment été placé sous le feu des projecteurs par les archivistes de Tachikawa qui préparent un livre recomptant l’histoire de la firme japonaise.
Wong est née à Beijing en 1893, à l’âge de 16 ans il se rend en Angleterre pour étudié l’ingénierie navale. Six ans plus tard, il prend des cours d’ingénierie aéronautiques à l’université de Tōkyō lorsqu’il obtient un poste à l’Aichi Kokuki.
En 1917, il retourne en Chine et travail pour la China National Aviation Corporation ou sa carrière prend son envol.
En 1931, les Japonais lancent un projet de « Record Breaker » le Gasuden Kōken. Le projet est dirigé par l’Institut de recherche aéronautique de l’université de Tōkyō. Le but du projet est de battre le record de vol longue durée en circuit fermé de Russell Boardman et John Pollando. En 1933 le projet prend du retard et connaît des difficultés. La Gasuden (Tōkyō Gas and Electric Company) s’offre le service de Wong Tsu. Ce dernier remet rapidement le projet sur la bonne voie.
La construction de l’appareil est terminée en mai 1935 et le premier vol a lieu le 9 juillet 1935.
Le 13 novembre 1935, le Gasuden Kōken établi le nouveau record mondial de vol longue durée en circuit fermé en volant 11 651, 011 km. C’est le premier record japonais enregistré auprès de la Fédération aéronautique internationale. Le record tiendra jusqu’en aout 1939.
Il travaille ensuite chez Mitsubishi et participe à un nouveau record lorsque la compagnie est associée au projet d’Asahi Shinbun : le Kamikaze. L’avion réalise en vol Tōkyō-Londres en passant par Taihoku, Vientiane, Calcutta, Karachi, Bassora, Bagdad, Athènes, Rome et Paris. Le Kamikaze a parcouru 15 357 km en 51 heures, 19 minutes et 23 secondes.
Par la suite, Wong Tsu connaît une carrière discrète chez Tachikawa, mais en 1941 la compagnie est associée à un nouveau « Record Breaker » d’Asahi Shinbun : le A-26.
En très peu de temps, l’ingénieur chinois résout les problèmes de poids de cet appareil qui établit un nouveau record le 13 novembre 1942 ralliant New York depuis Tōkyō sans escale. L’A-26 a parcouru 10 848,14 km en un peu plus de 38 heures et 4 minutes. Il sert ensuite d’avion de liaison diplomatique durant la guerre et subit diverses améliorations. Une version de transport de passager T-77 voit le jour après la guerre.
Durant son séjour au Japon Wong Tsu se lie d’amitié avec le célèbre Jiro Horikoshi, concepteur des plus célèbres avions de Mitsubishi. En 1944, Wong Tsu rentre en Chine et auréolé de ses succès devient l’ingénieur en chef de la China National Aviation Corporation.
En parallèle Tachikawa, se lance de la conception d’avions de ligne, le premier étant le Tachikawa T-144 dont beaucoup d’éléments dérivent du A-26 (appelé T-77 chez Tachikawa). Ensuite la firme rachète plusieurs de ses concurrents et finit par devenir Nihon Aircraft Manufacturing Corporation (en 1957), un consortium auquel participent Mitsubishi (et sa branche motoriste Nakajima), Kawasaki, Shinmeiwa et Sumitomo. Le consortium est l’un des trois géants mondiaux du secteur avec Airbus et Convair.
Nihon Aircraft Manufacturing Corporation s’associe à la China National Aviation Corporation à partir de 1969. La compagnie chinoise fabrique alors des avions pour son marché domestique et est associé à différents gros projets du géant japonais.
Quasiment inconnu hors de Chine jusqu’à aujourd’hui il y pourtant aussi célèbre que Jiro Horikoshi l’est au Japon.
Wong Tsu, quant à lui, décède en 1965. Son fils adoptif, Wong Chung-Eng vie actuellement à Taihoku au Japon.
Dernière édition par Thomas le Lun 31 Oct - 13:34, édité 1 fois
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Re: Daikita 太北
Du coup j'ai légèrement modifier le chapitre précédent.
Bonne lecture.
Bonne lecture.
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Re: Daikita 太北
C'est toujours intéressant les histoires d'aviation uchronique!Thomas a écrit:Un chinois pionnier de l’aviation japonaise
Si tu as envie de creuser l'idée, je te suggère d'aller sur whatifmodelers.com, un forum pour passionnés d'engins uchroniques divers, dont les avions.
hendryk- Messages : 67
Date d'inscription : 21/10/2015
Re: Daikita 太北
Je connais. Pour les avions japonais j'ai aussi les 2 tomes de "Japanese Secret Project", plus tout un tas d'autres références dont certains serviront dans Daikita et Au Bord de l'Abîme.
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Re: Daikita 太北
Question concernant le futur de la Chine:
Est-ce qu'un Chine républicaine qui se démocratise plus tôt et dont l'économie se dinamysera plus tôt, aura recours au "retro ingeneering" comme les communistes OTL?
Est-ce qu'un Chine républicaine qui se démocratise plus tôt et dont l'économie se dinamysera plus tôt, aura recours au "retro ingeneering" comme les communistes OTL?
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Au Bord de l'Abîme et au-delà
Re: Daikita 太北
Dans la mesure où ils peuvent le faire sans encourir trop de sanctions de la part de leurs partenaires économiques, je pense que oui. Comprendre comment sont fabriqués les produits de la concurrence pour pouvoir faire pareil à moindre coût est une stratégie de développement assez évidente pour un pays qui cherche à grimper l'échelle de la valeur ajoutée.Thomas a écrit:Question concernant le futur de la Chine:
Est-ce qu'un Chine républicaine qui se démocratise plus tôt et dont l'économie se dinamysera plus tôt, aura recours au "retro ingeneering" comme les communistes OTL?
Tout le monde l'a fait, le fait et le fera. Je pense à un exemple typique: quand Lindbergh a complété sa traversée de l'Atlantique, des ingénieurs français en ont profité pour examiner minutieusement le Spirit of Saint Louis sous prétexte de remplacer sa toile déchirée, des fois qu'il y aurait des secrets de fabrication intéressants à trouver.
hendryk- Messages : 67
Date d'inscription : 21/10/2015
Le sentier de la guerre, vers une guerre en Éthiopie
Merci Hendryk.
Voici venir, doucement mais surement, la Seconde Guerre Mondiale.
Le sentier de la guerre, vers une guerre en Éthiopie
Beaucoup pensent que l’origine de la Seconde Guerre mondiale est à chercher dans la Guerre d’Espagne, mais en réalité c’est du côté de la Seconde Guerre italo-éthiopienne qu’il faut chercher. C’est là qu’une puissance animée d’un impérialisme certain s’est lancée dans une guerre d’agression contre une nation indépendante. C’est aussi là que là que l’a Société des Nations a démontré — une fois de trop — ses faiblesses.
Le contexte
Au cours des premières décennies du 20ème siècle, l’Éthiopie et l’Italie ont toutes deux connu d’importants bouleversements politiques.
Depuis la moitié du 19ème siècle, l’Éthiopie connaissait une période de centralisation et de modernisation. Ce processus connut une accélération vers la fin du règne de Menelik II de 1889 à 1913. Le décès de ce dernier fut suivi par une crise politique et l’arrivée au pouvoir de son petit-fils, Ledj Iyasu, dans une atmosphère tendue. Conditions de succession critiquées, politique religieuse remise en cause et antagonisme envers les puissances coloniales marquèrent son règne de trois ans. Il s’acheva à la suite d’un coup d’État soutenu par l’Église éthiopienne orthodoxe et une partie de la noblesse, le 27 septembre 1916 et qui porta Zewditou I à la tête de l’Empire. La souveraine dut néanmoins composer avec Teferi Mekonnen, futur Haile Selassie I.
La cour éthiopienne des années 1920 fut le théâtre d’oppositions entre le parti dit conservateur, représenté par Zewditou, et celui des progressistes, menés par Teferi. Les deux personnalités parvinrent malgré tout à cohabiter et diverses réformes soutenues par les progressistes, sont adoptées : abolition de l’esclavage, modernisations socio-économiques et ouverture au monde extérieur symbolisée par l’adhésion du pays à la Société des Nations en 1923. Ce processus s’est poursuivi après l’arrivée au pouvoir de Haile Selassie. Ces efforts de centralisation vont toutefois se heurter à la politique plus offensive des Italiens et notamment dans la région de l’Ogaden.
En Italie, l’arrivée au pouvoir des fascistes relança les aspirations coloniales de Rome. L’idée de la restauration de la gloire de l’Empire romain constituait une menace évidente envers l’Éthiopie. Divers arguments furent avancés pour justifier les nécessités de coloniser une nouvelle terre, une opinion qui apparaît dès la fin du 19ème siècle. La rhétorique de Mussolini s’articulait autour du thème d’une « Italie prolétaire », « pauvre de capitaux » face aux « nations capitalistes ». L’Éthiopie offre aussi bien de vastes terres agricoles adaptées au « paysan italien » que des richesses naturelles, nécessaires à la politique d’industrialisation voulue par le Duce.
Un autre argument était l’idée d’injustices subies par l’Italie. Ainsi, lorsque les Alliés discutèrent au cours de la Première Guerre mondiale de la redistribution des colonies ennemies après le conflit, l’Italie avait voulu en profiter pour rappeler ses aspirations dans la Corne de l’Afrique. L’Italie demandait la cession en sa faveur de la Côte française des Somalis et du Somaliland britannique, perte que ne sauraient tolérer les deux grandes puissances coloniales.
Enfin, la politique interne fasciste qui connaissait des difficultés poussa le Duce sur le terrain international afin de faire diversion. Le conflit était par conséquent l’occasion de « renforcer la fierté italienne » et démontrer que le fascisme peut permettre au pays de jouer un rôle de premier plan.
Le traité de Wuchale et la Première Guerre italo-éthiopienne
Le traité de Wuchale était un traité entre l’Empire d’Éthiopie et le Royaume d’Italie, signé le 2 mai 1889 à Wuchale entre le Negus Menelik II et le Comte Pietro Antonelli.
Le traité, censé maintenir la « paix et l’amitié », consistait principalement en la cession par l’Éthiopie de diverses régions du nord à l’Italie qui, en échange, fournirait du matériel militaire et une aide financière. Les régions cédées par l’Éthiopie correspondent à l’actuelle Érythrée.
L’article 17 reste le plus célèbre puisqu’il fut à l’origine de la première guerre entre les deux pays. En effet, dans la version éthiopienne, l’article 17 « autorise » l’Éthiopie à utiliser l’Italie comme représentant diplomatique à l’étranger alors que dans la version italienne l’Éthiopie « doit » passer par Rome pour être représentée diplomatiquement, ce qui plaçait l’Éthiopie sous souveraineté italienne.
Le 12 octobre 1889, l’Italie fit savoir à la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Russie qu’elle était maître, d’après le traité, de la politique étrangère éthiopienne. En 1890, Menelik prit connaissance de la différence et tenta par la négociation de rectifier le traité. L’Italie refusant, Menelik dénonça le traité en février 1893, geste qui mena les deux pays à s’affronter.
Plusieurs affrontements vont s’en suivre au cours de la Première Guerre italo-éthiopienne qui s’achève par la victoire de l’Empire éthiopien lors de la bataille d’Adoua le 1er mars 1896. Malgré leur défaite, les Italiens maintinrent leur colonie d’Érythrée.
Adoua est amplement exploitée par le pouvoir politique italien comme le lieu d’humiliation appelant à une « revanche » de la « civilisation » face à la « barbarie ».
Adoua n’a toutefois pas mis un terme aux contacts entre les deux États puisqu’une année après la bataille, les rapports diplomatiques furent rétablis. Rome ne pouvant ignorer ce voisin, elle coordonna sa politique vis-à-vis de l’Éthiopie avec la France et le Royaume-Uni. Ce rapprochement est marqué par l’accord tripartite de 1906, signé par les trois puissances européennes. Le texte leur reconnaît des intérêts spécifiques en Éthiopie. Seulement, les Italiens, à la différence des Britanniques et des Français, évitèrent de décrire avec précision les zones d’influences qu’ils revendiquaient.
Les relations Italo-Éthiopiens juste avant la guerre
En 1924, Teferi Mekonnen fut accueilli en Italie par une foule enthousiaste. Par ailleurs, les Italiens proposèrent la cession du port d’Asseb en échange de concessions économiques, ce qui fut refusé par l’Éthiopie. Le 2 août 1928, les deux pays signèrent un Traité de Paix et d’amitié, censé durer vingt ans.
La politique italienne envers l’Éthiopie était fondée sur deux axes : la politique de subversion, appelée « politique tigréenne » et la politique de persuasion, ou « politique shewane ». La première consistait à monter les populations du Tigré, du Godjam, du Bégemeder et du Wello contre le pouvoir central. En même temps, à Addis-Abeba, la légation italienne menait la politique de persuasion. Plusieurs consulats furent ouverts. Les agents y travaillant à récolter des renseignements politiques et militaires.
Tensions dans l’Ogaden et l’incident de Welwel
À partir 1924, les Italiens prirent possession de nombreuses localités stratégiques de l’Ogaden en raison des puits s’y trouvant. À la fin du mois d’octobre 1926, l’Éthiopie, constatant de nombreuses patrouilles italiennes dans la province, décida de réagir. En juin 1927, une expédition fut envoyée dans la région, mais elle prit rapidement fin en raison des discussions autour du Traité de Paix et d’amitié de 1928. Durant ces débats, Mussolini refusa d’ajouter au traité une quelconque référence aux frontières et à leur délimitation, et ce afin d’entretenir la confusion et y maintenir la présence italienne.
En 1931-1932, l’Italie planifia clairement une invasion et commença l’accumulation de matériel de guerre en Érythrée.
La pénétration italienne se fit en pleine phase de centralisation et consolidation de l’autorité gouvernementale éthiopienne. Au début 1934, Haile Selassie I souhaitait ouvrir des bureaux administratifs et des marchés près des points d’eau et des puits. Rome protesta, arguant que son territoire avait été violé, mais refusa clairement d’en définir les limites. Haile Selassie I envoya une commission anglo-éthiopienne chargée de démarquer les territoires, elle arriva le 22-23 novembre 1934 à Welwel.
Dans ces conditions, l’inévitable incident eut lieu. Après presque deux semaines de tensions, des combats éclatèrent le 5 décembre 1934 et après deux jours, les Éthiopiens, ayant perdu 130 hommes, se retirèrent face à l’aviation et aux blindés des Italiens, qui ont subi des pertes moins importantes : 30 morts et une centaine de blessés.
L’incident de Welwel constitua pour Mussolini le « casus belli » justifiant l’invasion.
Haile Selassie I décida de saisir la Société des Nations le 14 décembre 1934. Les deux communiqués de l’Éthiopie restèrent sans réponse. Fitawrari Takele Hawariat, représentant du pays à la SDN, demande au Negusse Negest l’autorisation de préparer la résistance, plusieurs mois avant le conflit. En 1935, l’Éthiopie fit à nouveau appel à la SDN lançant ainsi une phase de vaines délibérations, largement influencée par le contexte européen de l’époque qui voit la montée en puissance des revendications allemandes.
Seul le Japon afficha un soutien discret, mais sincère envers l’Éthiopie, les pays étant liés par un Traité d’amitié et de commerce.
La « crise éthiopienne », vers le déclenchement de la guerre
Les discussions de l’époque placèrent la « crise éthiopienne » au centre des débats diplomatiques. Toutefois, divers facteurs ont fortement influencé le cours des évènements et rendirent la Société des Nations impuissantes.
À cette époque, deux grandes puissances dominaient le globe : la France et le Royaume-Uni. Toutes deux faisaient face à la montée des ambitions allemandes en Europe et la priorité de l’époque était de ne pas s’aliéner l’Italie afin d’éviter une coalition Rome-Berlin. La question allemande fut donc capitale lors des discussions visant à régler la crise. Les relations italo-allemandes étaient à l’époque plutôt tendues. L’objectif était donc de ne pas « pousser Mussolini dans les bras de Hitler » en risquant une alliance avec Haile Selassie. Afin d’y parvenir, le Royaume-Uni et la France étaient prêts à « sacrifier » l’Éthiopie.
La tendance est confirmée par la conférence de Stresa, le 14 avril 1935, lors de laquelle, « à la grande surprise de Mussolini », la crise éthiopienne n’est pas évoquée. Cette rencontre va sceller le destin de l’Éthiopie qui ne peut attendre beaucoup des deux grandes puissances.
Dans la Corne de l’Afrique, le Royaume-Uni a longtemps été l’allié de l’Italie et de nombreux officiels Anglais affichaient un certain engouement pour le fascisme. Pour Londres, l’absence d’intérêts en Éthiopie ne justifiait aucune intervention. Néanmoins, une autre partie des politiques craignait un possible expansionnisme italo-allemand. De plus, la conquête de l’Éthiopie pourrait éventuellement menacer l’Empire britannique en Afrique orientale. Ceux en faveur d’une intervention militaire furent rattrapés par la question du coût d’une telle opération.
L’Italie, certaine d’avoir neutralisé le Royaume-Uni, voulu faire de même avec la France, traditionnellement alliée à l’Éthiopie. Or dans les années 1930, le gouvernement d’Addis-Abeba accélère le basculement d’alliance déjà annoncé par la question allemande et auquel de nombreux Français étaient favorables. Le 7 janvier 1935, un pacte fut conclu entre le Premier ministre français Pierre Laval et Benito Mussolini. Les Italiens remportèrent ainsi une victoire diplomatique puisqu’ils obtinrent la non-intervention de Paris lors de l’invasion planifiée en échange d’une coopération contre Adolf Hitler. Cet accord convainquit Haile Selassie qu’il lui était désormais impossible de compter sur un soutien de la France. Celle-ci va confirmer l’avis du Negusse Negest puisqu’en mars 1935, en violation de tous les traités en vigueur, elle bloque le trafic de matériel militaire à Djibouti.
Pour de nombreux observateurs, la guerre était déjà gagnée pour l’Italie. Aucun État ou coalition ne semblait pouvoir arrêter Mussolini. En fait, la majorité des observateurs pensaient même que l’Éthiopie accepterait des concessions plutôt que d’affronter l’Italie. Haile Selassie ne pouvait pas compter sur les États-Unis qui étaient sur le point de voter une loi isolationniste.
En fait, deux pays gardent de bonnes relations avec l’Éthiopie : le Japon et l’Allemagne.
Le Japon était alors agité par des troubles intérieurs et était occupé par la question de la Guerre civile chinoise. Malgré la détérioration de la situation, le Japon continua d’investir en Éthiopie.
L’Allemagne avait des ambitions territoriales et la cause éthiopienne constituait une occasion de distraire la Société des Nations et ses membres.
L’Allemagne se montra enthousiaste à l’idée d’une possible défaite de l’Italie, pays opposé à ses ambitions en Autriche. Le scénario de la victoire éthiopienne n’était en effet pas entièrement écarté. Des experts, soldats et voyageurs affirmaient que le climat rude et le relief difficile pouvaient conduire à une défaite italienne ou tout au moins à une guerre longue. Les Allemands voulaient neutraliser la Société des Nations et les décisions importantes d’Adolf Hitler se firent à des moments importants de la crise et du conflit. Le service militaire obligatoire fut annoncé en mars 1935 alors que les discussions liées à la crise éthiopienne étaient particulièrement intenses. Plus tard, la remilitarisation de la Rhénanie se fit à un moment clé du conflit.
La possibilité d’un rapprochement avec l’Allemagne n’échappa pas à Haile Selassie. Il envoya en juillet 1935, l’allemand David Hall à Berlin afin de négocier un soutien militaire. Hitler saisit l’occasion et permit à l’envoyé d’acquérir : 10 000 fusils Mausers, 10 millions de cartouches, des mitrailleuses et mitraillettes, grenades et médicaments. S’y ajoutèrent 36 canons Oerlikon achetés en Suisse et 30 canons antichars de 37 mm ainsi que des munitions. L’échange était tenu secret tout comme le parachutage du matériel durant le conflit qui sera révélé par Haile Selassie lui-même vingt ans plus tard.
Le Japon de son côté n’avait aucun moyen de délivrer du matériel aux Éthiopiens, puisque les Français interdisaient le transit de matériel militaire via Djibouti. Par contre, cela n’empêcha pas quelques dizaines de volontaires japonais de rejoindre les rangs éthiopiens.
Dernière édition par Thomas le Lun 31 Oct - 13:45, édité 1 fois
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Re: Daikita 太北
Thomas a écrit:Question concernant le futur de la Chine:
Est-ce qu'un Chine républicaine qui se démocratise plus tôt et dont l'économie se dinamysera plus tôt, aura recours au "retro ingeneering" comme les communistes OTL?
Qu'entend tu pas Chine démocratique? Parce que au KMT c'était pas vraiment des grands démocrates. Tu veux peut être parler d'une Chine s'alignant sur le Japon de ta TL?
Maraud- Messages : 561
Date d'inscription : 01/11/2015
Re: Daikita 太北
Si tu relis la TL, tu verra que la tête du KMT n'est pas la même.
A terme, il va se démocratiser et tout et tout.
En tous cas bien plus vite que la Chine de Mao OTL.
Mais je vais pas trop spoiler
A terme, il va se démocratiser et tout et tout.
En tous cas bien plus vite que la Chine de Mao OTL.
Mais je vais pas trop spoiler
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Re: Daikita 太北
Je parles de l'ensemble du KMT^^ Certes certains d'entre eux étaient plus ouvert, mais pour beaucoup il n'y a guère de différence entre eux et les seigneurs de guerres locaux. Bon j'essaye de retrouver la partie qui parlait du KMT mais pour une Chine démocratique (ça dépend par ce que tu entend par démocratique) faudrais que l'alliance coco nationaliste est trouvé une issue pacifiste.
Maraud- Messages : 561
Date d'inscription : 01/11/2015
Re: Daikita 太北
https://forumuchronies.frenchboard.com/t98p60-daikitaMaraud a écrit:Je parles de l'ensemble du KMT^^ Certes certains d'entre eux étaient plus ouvert, mais pour beaucoup il n'y a guère de différence entre eux et les seigneurs de guerres locaux. Bon j'essaye de retrouver la partie qui parlait du KMT mais pour une Chine démocratique (ça dépend par ce que tu entend par démocratique) faudrais que l'alliance coco nationaliste est trouvé une issue pacifiste.
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Re: Daikita 太北
J'avais complètement raté ce passage^^.
Et je rejoins hendryk pour sa réponse.
Et je rejoins hendryk pour sa réponse.
Maraud- Messages : 561
Date d'inscription : 01/11/2015
Le sentier de la guerre, la guerre italo-éthiopienne
Le sentier de la guerre, la guerre italo-éthiopienne
Les armées et le matériel des belligérants
Le nombre de soldats éthiopiens était estimé entre 200 000 et 500 000 hommes. Seule la Garde impériale, composée d’environ 5 000 soldats, avait reçu une formation moderne assurée depuis décembre 1934 par des officiers suédois.
L’armement et le matériel à disposition des Éthiopiens étaient peu importants et anciens. L’importation d’armes modernes fut limitée par l’embargo en vigueur depuis mai 1935. Quant au matériel promis par les Allemands, seule une partie put arriver en raison de la difficulté du parachutage clandestin. À cela s’ajouta le problème de l’acheminement jusqu’au front.
Le manque de vivres provoquera des désertions en masse. 90 % des troupes éthiopiennes avaient des fusils vieux de plus de quarante ans. Le nombre de fusils modernes était estimé entre 50 et 60 000. Les forces éthiopiennes n’avaient à leur disposition que 125 mitrailleuses et l’artillerie était quasiment inexistante.
Face à cette armée « embryonnaire », les Italiens disposaient de bien meilleures troupes. L’armée italienne comptait 500 000 hommes, dont les troupes régulières, des ouvriers, et du personnel assurant divers services (médecine, communication). Les cinq corps d’armée disposaient des équipements les plus modernes : près de 500 pièces d’artillerie, 300 à 500 avions qui lui assuraient une supériorité aérienne absolue.
La différence se traduisit par des avantages concrets pour les Italiens, dotés d’un matériel moderne. L’excellente logistique des forces italiennes tranchait avec celle des Éthiopiens. Le niveau de préparation des Italiens est clairement supérieur. Dans l’arsenal à disposition des Italiens, il y avait aussi des armes chimiques et bactériologiques interdites par la convention de Genève : 60 000 grenades à l’arsine pour l’artillerie, 1 000 tonnes de bombes à ypérite pour l’aéronautique et 270 tonnes de produits chimiques agressifs pour l’emploi tactique.
Le déclenchement du conflit
Le 25 septembre 1935, Haile Selassie ordonna à ses troupes de rester à 30 km des frontières afin d’éviter tout nouvel incident. Cependant, il signa également – dans le plus grand secret — un décret de mobilisation, tout en espérant toujours une résolution diplomatique. Le 2 octobre 1935, Benito Mussolini annonce « Nous avons été patients avec l’Éthiopie pendant quarante ans ; à présent notre patience est épuisée ». Le même jour, le gouvernement éthiopien annonce que des soldats italiens ont violé la frontière de la région au sud du mont Moussa Ali, près de Djibouti.
Haile Selassie proclame la mobilisation générale le 3 octobre. Haile Selassie ne peut cacher une certaine désespérance. Celle-ci fut exprimée le 17 octobre, lors de son départ vers le nord afin de rejoindre l’armée de Moulougéta Yeggazou. Il proclama à l’occasion : « Préférons une mort glorieuse à la mort que nous subirons immanquablement du fait d’une quelconque maladie. Les Italiens se vantent de leurs armes, nous nous vantons de notre confiance en Dieu ».
Le 3 octobre 1935, en traversant la frontière entre l’Érythrée italienne et l’Empire éthiopien, les troupes de Mussolini déclenchèrent la dernière guerre coloniale en Afrique.
La guerre dans le nord
Le 3 octobre 1935, 100 000 soldats menés par Emilio De Bono traversent la frontière entre l’Empire éthiopien et la colonie italienne d’Érythrée. Les premières cibles sont Adoua, Enticho et Adigrat. Du côté éthiopien, les opérations sont menées sur trois fronts : l’axe Meqelé-Dessé-Addis-Abeba est couvert par Ras Moulougéta Yeggazou, ministre de la Guerre, et ses 80 000 hommes ; à sa gauche, on trouve les 30 000 soldats de Ras Kassa Haile Darge et Ras Seyoum Mengesha. Enfin, plus à l’ouest, le Bégemeder et le Godjam sont protégés par les 30 000 hommes de Ras Emrou Haile Selassie. Le jour même, Ras Seyoum annonça à Addis-Abeba, par télégramme, le bombardement d’Adigrat et Adoua par l’aviation italienne. Adigrat tombe le 5 octobre, et Adoua le lendemain, après deux jours de bombardements qui forcèrent les Éthiopiens à la retraite.
Le 11 octobre, Dejazmatch Haile Selassie Gougsa, gouverneur du Tigray oriental, passa à l’ennemi avec 1 500 hommes. La colère des Éthiopiens fut d’autant plus importante qu’Haile Selassie Gougsa se fit attribuer le titre de Ras par les Italiens.
Le 15 octobre vit la chute Aksoum aux mains des Italiens qui commencèrent à progresser vers le fleuve Tekezé. Le 8 novembre, ils s’emparèrent de la ville stratégique de Meqelé. Ils furent alors freinés par l’artillerie éthiopienne. Il aura donc fallu un mois aux forces de De Bono pour avancer d’environ 110 km. L’Éthiopie laissa avancer l’ennemi pour des raisons tactiques et diplomatiques : elle souhaitait étirer la ligne d’approvisionnement italienne tout en exposant au monde l’invasion dont elle était victime. De Bono se montra très prudent ; ne voulant pas engager ses troupes sans préparation, afin de ne pas commettre à nouveau les erreurs de la bataille d’Adoua qu’il a vécue durant sa jeunesse.
Cette prudence lui coûtera son poste. Le 11 novembre 1935, Mussolini ordonne à De Bono de marcher sur Amba Alagi, mais ce dernier refusa en insistant sur les risques stratégiques d’une prise purement symbolique. Le Duce, impatient, décida de remplacer De Bono par Pietro Badoglio dont le nom fut associé à la phase la plus impitoyable de la guerre qui va alors rapidement dégénérer en une affaire sanglante de destruction gratuite et brutale.
L’offensive de De Bono ne constitua qu’une avancée limitée et une série d’actions militaires sans grande importance. En fait, la guerre se joua plutôt, durant un certain temps, au niveau diplomatique. Toutefois, à la fin du mois de novembre 1935, Haile Selassie quitta Addis-Abeba pour Dessé où il établit son quartier général avec ses 30 000 hommes. Pendant ce temps, les Italiens bombardèrent les lignes d’approvisionnement tandis que la population locale se révolta en raison des réquisitions de nourriture et animaux par les militaires. Ce n’est que deux semaines plus tard, que les véritables affrontements débutèrent.
Le mois de décembre marqua le début de la campagne active. Haile Selassie voulait mettre à l’épreuve Pietro Badoglio et il demanda à Ras Kassa Haile Darge et à Ras Seyoum Mengesha de charger les Italiens occupant le Tigray pendant que Ras Moulougéta Yeggazou déborderait l’ennemi à Meqelé afin de couper les lignes d’approvisionnement. Cet affrontement se déroulera du 20 au 24 janvier 1936. L’offensive fut un succès partiellement et donna l’impression qu’une victoire éthiopienne était possible. Les troupes éthiopiennes avancèrent à tel point que l’état-major italien étudia une possible retraite de Meqelé. Cependant, Badoglio parvint à résister, mais ne put immédiatement lancer la contre-offensive prévue. La supériorité de son armement ne fut pas suffisante pour faire la différence. À ce moment, Kassa Haile Darge semblait proche du succès, mais ses troupes étaient épuisées et mal équipées. Il n’y a aucun véritable vainqueur à l’issue de cette première bataille du Tembén. Les Éthiopiens parvinrent à s’installer solidement dans la région, mais l’armée italienne ne fut pas repoussée.
Au début du mois de décembre 1935, des opérations furent également menées par Ras Emrou Haile Selassie qui parvint à conduire une attaque sur Adi Quala, centre de ravitaillement des Italiens, basés à Adoua. En réponse, Badoglio ordonna à l’aviation italienne de défendre Adi Quala à tout prix, autorisant l’utilisation de l’ypérite. Cette première violation des engagements internationaux par l’Italie fut signalée par le Negusse Negest, le 1er janvier 1936. Le 15 décembre 1935, au cours de l’une des attaques les plus audacieuses de la guerre, Ras Emrou parvint à mettre en déroute un détachement askari dans le col stratégique de Dambagwina.
Cependant, ces attaques furent arrêtées les 21 et 22 décembre, avec l’utilisation de gaz de combat, lors des bombardements qui firent reculer Emrou entre Aksoum et le fleuve Tekezé.
À partir du 10 février 1936, les Italiens intensifièrent les bombardements et continuèrent à utiliser les gaz de combat, ce qui leur permit remporter plusieurs batailles. Ils décidèrent d’attaquer le quartier général de Ras Moulougéta Yeggazou, située sur la forteresse naturelle de l’Amba Aradom. Le 19 février, après neuf jours de combat, les 70 000 hommes de Badoglio remportèrent la bataille au cours de laquelle 6 000 des 80 000 Éthiopiens périrent. L’armée de Moulougéta s’effondra et celui-ci décéda durant la retraite.
Arrivée après ce désastre, la colonne Kassa-Seyoum ne put apporter son aide et se retrouva rapidement confrontée à une nouvelle offensive italienne : la deuxième bataille du Tembén qui se déroula du 27 au 29 février. Les Italiens disposaient d’une claire supériorité technique, mais étaient également plus nombreux. La bataille conduisit à la destruction de cette colonne centrale et à une nouvelle retraite éthiopienne. Les deux commandants Ras Kassa et Ras Seyoum parvinrent à rejoindre Haile Selassie à Korem avec des effectifs réduits.
Enfin, dans la région de Shiré, Ras Emrou Haile Selassie progressa vers la frontière érythréenne et comptait reprendre Adoua et Aksoum. Il fut arrêté par les bombardements et l’artillerie de Pietro Badoglio, subissant ainsi un revers lors de cette bataille qui dura du 29 février au 2 mars. La défaite d’Emrou ne fut pas aussi catastrophique que celles des colonnes Kassa-Seyoum et Moulougéta. De plus, la retraite s’effectua de manière ordonnée et les 10 000 soldats traversèrent le Tekezé. Ce bon leadership d’Emrou contribua à la poursuite des combats même après la prise d’Addis-Abeba.
En quatre semaines, les troupes de Badoglio avaient remporté la campagne du nord de l’Éthiopie. Les Italiens avaient su profiter de la grande faiblesse des Éthiopiens : l’absence de coordination.
La guerre dans le sud
Bien que les batailles décisives aient eu lieu dans le nord, la guerre se déroula également dans le sud-est de l’Empire éthiopien. Les deux commandants dans cette zone étaient Ras Desta Damtew et Nessibou Zeamanouél. Ils avaient disposé leurs troupes dans l’Ogaden et le Balé. Celles-ci étaient dotées d’un équipement plus moderne que celles du nord et firent preuve d’une meilleure organisation. Les Italiens étaient menés par Rodolfo Graziani, l’homme qui symbolisera la face la plus sombre de l’occupation. Son impatience l’amènera à mener rapidement l’offensive malgré l’ordre de rester sur la défensive. Contrairement aux montagnes du nord, les vastes plaines de l’Ogaden étaient idéales pour les chars italiens. Pendant un temps, les Éthiopiens parvinrent à résister avant que l’utilisation du gaz ne mette fin à leurs espoirs.
Les combats débutèrent autour de Qorahe. Les Éthiopiens réussirent à infliger quelques pertes aux Italiens. Mais la mort de Grazmatch Afewerq le 5 novembre 1935, sapa le moral des Éthiopiens favorisant les forces de Graziani qui parvinrent à capturer Qorahe avant la fin du mois. Après ce succès, les Italiens s’arrêtèrent afin de penser une stratégie contre les 60 000 hommes de Dejazmatch Nessibou situés dans le triangle Harer – Djidjiga — Degehabur.
À mi-décembre, Graziani relança son offensive : les avant-postes éthiopiens ainsi que les villes de Harer et Djidjiga furent bombardés, l’emploi du gaz causant de lourdes pertes et des destructions massives. La colonne italienne prit Gerlogubi, puis Sassebaneh et enfin à Degehabur. Là, les Italiens firent face à une offensive des soldats de Dejazmatch Nessibou Zeamanouél, épaulé par le commandant turc, Wahib Pasha.
Se trouvant dans une impasse, Graziani porta son attention vers l’ouest, en direction des troupes de Ras Desta Damtew. Ce dernier profita des combats de Qorahe pour mener l’une des campagnes les plus audacieuses de toute la guerre en conduisant ses troupes jusqu’à Dolo sur la frontière avec la Somalie italienne. Graziani, au courant de cette opération, rattrapa les troupes épuisées de Desta Damtew. Le 6 janvier 1936, ce dernier informa le commandement impérial éthiopien de l’inévitable désastre qui attendait ses forces, enracinées sur les deux rives du Jubba à 95 km nord de Dolo. En effet, Graziani leur infligea une lourde défaite lors de la bataille de Genalé Dorya qui se déroula du 12 au 20 janvier 1936. Des milliers d’Éthiopiens furent tués tandis que les survivants fuillaient les Italiens qui les poussèrent sur 600 km bloquant la route menant vers le Kenya. Dès cette période, Desta Damtew mit en place des opérations de résistance dans le sud. Quant à Nessibou, il se retira de la région de Sassebaneh ou il fut capturé par les Italiens en mai 1936.
Malgré ces victoires, les Italiens firent face à un phénomène gênant : la désertion des askaris érythréens pour se battre aux côtés des Éthiopiens. Ainsi à Genalé Dorya, 900 askaris rejoignirent l’armée de Desta Damtew, une arrivée qui gonfle le moral de son armée et explique en partie, la poursuite de sa lutte et de la résistance. Outre ces désertions, Graziani déplore des pertes bien plus importantes que celles de Badoglio au nord.
La défaite éthiopienne
En février 1936, Haile Selassie, dont le campement était soumis aux bombardements italiens, décida de quitter Dessé pour Korem où il apprit les défaites dans le nord. Le 21 mars 1936, il s’installa à Maychew avec les 6 000 hommes de la Garde impériale. Pendant quelques jours, le Negusse Negest discute avec ses chefs de la tactique à adopter. Le combat était perdu d’avance, mais il s’explique du point de vue symbolique : la tradition militaire éthiopienne voulant que le Negusse Negest mène en personne une grande bataille victorieuse.
La situation semblait plus que favorable à une victoire italienne et Haile Selassie, qui prit part directement à la bataille, savait qu’il n’y avait aucun espoir. Les Italiens, solidement installés dans leurs fortifications ne pouvaient perdre une guerre qu’ils dominaient entièrement. Face à eux, les Éthiopiens étaient largement affaiblis par les défaites de février. Les soldats de Ras Emrou Haile Selassie ne participèrent pas à la bataille, seuls les quelques soldats démoralisés de Ras Kassa Haile Darge et Ras Seyoum Mengesha y prirent part. Quant aux troupes de Moulougéta Yeggazou, elles avaient été annihilées à Amba Aradom. En fait, cette bataille constitua un test pour la Garde Impériale, seul corps composé d’hommes nouveaux formés pour la guerre moderne.
Toutefois, ils ne représentaient que 6 000 des 35 000 Éthiopiens qui affrontaient 40 000 Italiens.
Vers la fin du mois de mars, la décision d’attaquer fut prise par Haile Selassie. Le 28 et le 29, il communiqua deux télégrammes à son épouse dans lesquels il révéla les cibles choisit. Or ces télégrammes furent interceptés par les Italiens. Le 31 mars, vers 4 h, la première offensive éthiopienne lancée fut un désastre. Les diverses vagues furent repoussées par les Italiens qui progressivement, parvinrent à avancer. Sous les bombardements aériens, les Éthiopiens durent fuir, laissant 8 000 morts derrière eux et permettant à leurs adversaires de remporter la victoire.
La retraite de l’armée menée par le souverain éthiopien marqua une étape importante du conflit. Maychew est généralement considérée comme l’ultime affrontement de la guerre. Aux yeux de Haile Selassie, l’unique solution était le départ vers Addis-Abeba.
Au cours d’une retraite cauchemardesque, les Éthiopiens perdirent plus d’hommes que lors de la bataille. Plusieurs causes à cela, d’abord les bombardements au gaz moutarde puis le passage dans un territoire où vivaient les Rayas et les Azebos, des populations qui avaient souffert d’une campagne punitive ordonnée par Selassie dans les années 20. Ces rébellions le forcèrent à changer de chemin pour retourner à Addis-Abeba. La route vers la capitale était difficile, les régions traversées étaient livrées à l’anarchie et la vue des troupes impériales déclencha de brèves escarmouches. Pendant ce temps, les Italiens prirent Dessé, où Pietro Badoglio installa son quartier général afin de préparer la marche sur Addis-Abeba. La capitale commença à connaître d’importants troubles. À la fin du mois d’avril, on comptait 1 500 Arméniens réfugiés dans les bâtiments de la légation française. Les Britanniques firent ériger une enceinte de barbelés tout autour de la leur. Pendant ce temps, les Japonais distribuaient discrètement des balles dum-dum.
Conscient de la chute inévitable d’Addis-Abeba, Haile Selassie fit déplacer la capitale vers Goré, dans l’ouest, une zone loin des combats et relativement proche du Soudan anglo-égyptien. Le 30 avril 1936, le Negusse Negest arriva à Addis-Abeba. Il passera deux jours partagé entre ceux qui lui demandent de quitter le pays et ceux gardant espoir en une victoire. Parmi ceux-ci, Blatta Tekle Welde Hawariat, maire d’Addis-Abeba, fondateur de l’association des Patriotes qui avait commencé la formation des jeunes aux méthodes de la guérilla. Les divers partisans d’une résistance estimèrent qu’avec la saison des pluies approchant, l’avancée italienne serait ralentie, permettant la constitution de mouvements ravitaillés depuis le Kenya et le Soudan. Haile Selassie envisagea même de rejoindre Ras Emrou Haile Selassie pour poursuivre la résistance.
Le 1er mai 1936, le Conseil de la Couronne vota, à 21 voix contre 3, en faveur du départ du Negusse Negest pour Djibouti ou il devra poursuivre une action diplomatique en Europe et à la Société des Nations. Le soir, la décision de ne pas défendre la capitale fut prise ; les membres du Conseil ayant estimé qu’une telle action aurait été vaine : la voie était libre pour les Italiens.
Les armées et le matériel des belligérants
Le nombre de soldats éthiopiens était estimé entre 200 000 et 500 000 hommes. Seule la Garde impériale, composée d’environ 5 000 soldats, avait reçu une formation moderne assurée depuis décembre 1934 par des officiers suédois.
L’armement et le matériel à disposition des Éthiopiens étaient peu importants et anciens. L’importation d’armes modernes fut limitée par l’embargo en vigueur depuis mai 1935. Quant au matériel promis par les Allemands, seule une partie put arriver en raison de la difficulté du parachutage clandestin. À cela s’ajouta le problème de l’acheminement jusqu’au front.
Le manque de vivres provoquera des désertions en masse. 90 % des troupes éthiopiennes avaient des fusils vieux de plus de quarante ans. Le nombre de fusils modernes était estimé entre 50 et 60 000. Les forces éthiopiennes n’avaient à leur disposition que 125 mitrailleuses et l’artillerie était quasiment inexistante.
Face à cette armée « embryonnaire », les Italiens disposaient de bien meilleures troupes. L’armée italienne comptait 500 000 hommes, dont les troupes régulières, des ouvriers, et du personnel assurant divers services (médecine, communication). Les cinq corps d’armée disposaient des équipements les plus modernes : près de 500 pièces d’artillerie, 300 à 500 avions qui lui assuraient une supériorité aérienne absolue.
La différence se traduisit par des avantages concrets pour les Italiens, dotés d’un matériel moderne. L’excellente logistique des forces italiennes tranchait avec celle des Éthiopiens. Le niveau de préparation des Italiens est clairement supérieur. Dans l’arsenal à disposition des Italiens, il y avait aussi des armes chimiques et bactériologiques interdites par la convention de Genève : 60 000 grenades à l’arsine pour l’artillerie, 1 000 tonnes de bombes à ypérite pour l’aéronautique et 270 tonnes de produits chimiques agressifs pour l’emploi tactique.
Le déclenchement du conflit
Le 25 septembre 1935, Haile Selassie ordonna à ses troupes de rester à 30 km des frontières afin d’éviter tout nouvel incident. Cependant, il signa également – dans le plus grand secret — un décret de mobilisation, tout en espérant toujours une résolution diplomatique. Le 2 octobre 1935, Benito Mussolini annonce « Nous avons été patients avec l’Éthiopie pendant quarante ans ; à présent notre patience est épuisée ». Le même jour, le gouvernement éthiopien annonce que des soldats italiens ont violé la frontière de la région au sud du mont Moussa Ali, près de Djibouti.
Haile Selassie proclame la mobilisation générale le 3 octobre. Haile Selassie ne peut cacher une certaine désespérance. Celle-ci fut exprimée le 17 octobre, lors de son départ vers le nord afin de rejoindre l’armée de Moulougéta Yeggazou. Il proclama à l’occasion : « Préférons une mort glorieuse à la mort que nous subirons immanquablement du fait d’une quelconque maladie. Les Italiens se vantent de leurs armes, nous nous vantons de notre confiance en Dieu ».
Le 3 octobre 1935, en traversant la frontière entre l’Érythrée italienne et l’Empire éthiopien, les troupes de Mussolini déclenchèrent la dernière guerre coloniale en Afrique.
La guerre dans le nord
Le 3 octobre 1935, 100 000 soldats menés par Emilio De Bono traversent la frontière entre l’Empire éthiopien et la colonie italienne d’Érythrée. Les premières cibles sont Adoua, Enticho et Adigrat. Du côté éthiopien, les opérations sont menées sur trois fronts : l’axe Meqelé-Dessé-Addis-Abeba est couvert par Ras Moulougéta Yeggazou, ministre de la Guerre, et ses 80 000 hommes ; à sa gauche, on trouve les 30 000 soldats de Ras Kassa Haile Darge et Ras Seyoum Mengesha. Enfin, plus à l’ouest, le Bégemeder et le Godjam sont protégés par les 30 000 hommes de Ras Emrou Haile Selassie. Le jour même, Ras Seyoum annonça à Addis-Abeba, par télégramme, le bombardement d’Adigrat et Adoua par l’aviation italienne. Adigrat tombe le 5 octobre, et Adoua le lendemain, après deux jours de bombardements qui forcèrent les Éthiopiens à la retraite.
Le 11 octobre, Dejazmatch Haile Selassie Gougsa, gouverneur du Tigray oriental, passa à l’ennemi avec 1 500 hommes. La colère des Éthiopiens fut d’autant plus importante qu’Haile Selassie Gougsa se fit attribuer le titre de Ras par les Italiens.
Le 15 octobre vit la chute Aksoum aux mains des Italiens qui commencèrent à progresser vers le fleuve Tekezé. Le 8 novembre, ils s’emparèrent de la ville stratégique de Meqelé. Ils furent alors freinés par l’artillerie éthiopienne. Il aura donc fallu un mois aux forces de De Bono pour avancer d’environ 110 km. L’Éthiopie laissa avancer l’ennemi pour des raisons tactiques et diplomatiques : elle souhaitait étirer la ligne d’approvisionnement italienne tout en exposant au monde l’invasion dont elle était victime. De Bono se montra très prudent ; ne voulant pas engager ses troupes sans préparation, afin de ne pas commettre à nouveau les erreurs de la bataille d’Adoua qu’il a vécue durant sa jeunesse.
Cette prudence lui coûtera son poste. Le 11 novembre 1935, Mussolini ordonne à De Bono de marcher sur Amba Alagi, mais ce dernier refusa en insistant sur les risques stratégiques d’une prise purement symbolique. Le Duce, impatient, décida de remplacer De Bono par Pietro Badoglio dont le nom fut associé à la phase la plus impitoyable de la guerre qui va alors rapidement dégénérer en une affaire sanglante de destruction gratuite et brutale.
L’offensive de De Bono ne constitua qu’une avancée limitée et une série d’actions militaires sans grande importance. En fait, la guerre se joua plutôt, durant un certain temps, au niveau diplomatique. Toutefois, à la fin du mois de novembre 1935, Haile Selassie quitta Addis-Abeba pour Dessé où il établit son quartier général avec ses 30 000 hommes. Pendant ce temps, les Italiens bombardèrent les lignes d’approvisionnement tandis que la population locale se révolta en raison des réquisitions de nourriture et animaux par les militaires. Ce n’est que deux semaines plus tard, que les véritables affrontements débutèrent.
Le mois de décembre marqua le début de la campagne active. Haile Selassie voulait mettre à l’épreuve Pietro Badoglio et il demanda à Ras Kassa Haile Darge et à Ras Seyoum Mengesha de charger les Italiens occupant le Tigray pendant que Ras Moulougéta Yeggazou déborderait l’ennemi à Meqelé afin de couper les lignes d’approvisionnement. Cet affrontement se déroulera du 20 au 24 janvier 1936. L’offensive fut un succès partiellement et donna l’impression qu’une victoire éthiopienne était possible. Les troupes éthiopiennes avancèrent à tel point que l’état-major italien étudia une possible retraite de Meqelé. Cependant, Badoglio parvint à résister, mais ne put immédiatement lancer la contre-offensive prévue. La supériorité de son armement ne fut pas suffisante pour faire la différence. À ce moment, Kassa Haile Darge semblait proche du succès, mais ses troupes étaient épuisées et mal équipées. Il n’y a aucun véritable vainqueur à l’issue de cette première bataille du Tembén. Les Éthiopiens parvinrent à s’installer solidement dans la région, mais l’armée italienne ne fut pas repoussée.
Au début du mois de décembre 1935, des opérations furent également menées par Ras Emrou Haile Selassie qui parvint à conduire une attaque sur Adi Quala, centre de ravitaillement des Italiens, basés à Adoua. En réponse, Badoglio ordonna à l’aviation italienne de défendre Adi Quala à tout prix, autorisant l’utilisation de l’ypérite. Cette première violation des engagements internationaux par l’Italie fut signalée par le Negusse Negest, le 1er janvier 1936. Le 15 décembre 1935, au cours de l’une des attaques les plus audacieuses de la guerre, Ras Emrou parvint à mettre en déroute un détachement askari dans le col stratégique de Dambagwina.
Cependant, ces attaques furent arrêtées les 21 et 22 décembre, avec l’utilisation de gaz de combat, lors des bombardements qui firent reculer Emrou entre Aksoum et le fleuve Tekezé.
À partir du 10 février 1936, les Italiens intensifièrent les bombardements et continuèrent à utiliser les gaz de combat, ce qui leur permit remporter plusieurs batailles. Ils décidèrent d’attaquer le quartier général de Ras Moulougéta Yeggazou, située sur la forteresse naturelle de l’Amba Aradom. Le 19 février, après neuf jours de combat, les 70 000 hommes de Badoglio remportèrent la bataille au cours de laquelle 6 000 des 80 000 Éthiopiens périrent. L’armée de Moulougéta s’effondra et celui-ci décéda durant la retraite.
Arrivée après ce désastre, la colonne Kassa-Seyoum ne put apporter son aide et se retrouva rapidement confrontée à une nouvelle offensive italienne : la deuxième bataille du Tembén qui se déroula du 27 au 29 février. Les Italiens disposaient d’une claire supériorité technique, mais étaient également plus nombreux. La bataille conduisit à la destruction de cette colonne centrale et à une nouvelle retraite éthiopienne. Les deux commandants Ras Kassa et Ras Seyoum parvinrent à rejoindre Haile Selassie à Korem avec des effectifs réduits.
Enfin, dans la région de Shiré, Ras Emrou Haile Selassie progressa vers la frontière érythréenne et comptait reprendre Adoua et Aksoum. Il fut arrêté par les bombardements et l’artillerie de Pietro Badoglio, subissant ainsi un revers lors de cette bataille qui dura du 29 février au 2 mars. La défaite d’Emrou ne fut pas aussi catastrophique que celles des colonnes Kassa-Seyoum et Moulougéta. De plus, la retraite s’effectua de manière ordonnée et les 10 000 soldats traversèrent le Tekezé. Ce bon leadership d’Emrou contribua à la poursuite des combats même après la prise d’Addis-Abeba.
En quatre semaines, les troupes de Badoglio avaient remporté la campagne du nord de l’Éthiopie. Les Italiens avaient su profiter de la grande faiblesse des Éthiopiens : l’absence de coordination.
La guerre dans le sud
Bien que les batailles décisives aient eu lieu dans le nord, la guerre se déroula également dans le sud-est de l’Empire éthiopien. Les deux commandants dans cette zone étaient Ras Desta Damtew et Nessibou Zeamanouél. Ils avaient disposé leurs troupes dans l’Ogaden et le Balé. Celles-ci étaient dotées d’un équipement plus moderne que celles du nord et firent preuve d’une meilleure organisation. Les Italiens étaient menés par Rodolfo Graziani, l’homme qui symbolisera la face la plus sombre de l’occupation. Son impatience l’amènera à mener rapidement l’offensive malgré l’ordre de rester sur la défensive. Contrairement aux montagnes du nord, les vastes plaines de l’Ogaden étaient idéales pour les chars italiens. Pendant un temps, les Éthiopiens parvinrent à résister avant que l’utilisation du gaz ne mette fin à leurs espoirs.
Les combats débutèrent autour de Qorahe. Les Éthiopiens réussirent à infliger quelques pertes aux Italiens. Mais la mort de Grazmatch Afewerq le 5 novembre 1935, sapa le moral des Éthiopiens favorisant les forces de Graziani qui parvinrent à capturer Qorahe avant la fin du mois. Après ce succès, les Italiens s’arrêtèrent afin de penser une stratégie contre les 60 000 hommes de Dejazmatch Nessibou situés dans le triangle Harer – Djidjiga — Degehabur.
À mi-décembre, Graziani relança son offensive : les avant-postes éthiopiens ainsi que les villes de Harer et Djidjiga furent bombardés, l’emploi du gaz causant de lourdes pertes et des destructions massives. La colonne italienne prit Gerlogubi, puis Sassebaneh et enfin à Degehabur. Là, les Italiens firent face à une offensive des soldats de Dejazmatch Nessibou Zeamanouél, épaulé par le commandant turc, Wahib Pasha.
Se trouvant dans une impasse, Graziani porta son attention vers l’ouest, en direction des troupes de Ras Desta Damtew. Ce dernier profita des combats de Qorahe pour mener l’une des campagnes les plus audacieuses de toute la guerre en conduisant ses troupes jusqu’à Dolo sur la frontière avec la Somalie italienne. Graziani, au courant de cette opération, rattrapa les troupes épuisées de Desta Damtew. Le 6 janvier 1936, ce dernier informa le commandement impérial éthiopien de l’inévitable désastre qui attendait ses forces, enracinées sur les deux rives du Jubba à 95 km nord de Dolo. En effet, Graziani leur infligea une lourde défaite lors de la bataille de Genalé Dorya qui se déroula du 12 au 20 janvier 1936. Des milliers d’Éthiopiens furent tués tandis que les survivants fuillaient les Italiens qui les poussèrent sur 600 km bloquant la route menant vers le Kenya. Dès cette période, Desta Damtew mit en place des opérations de résistance dans le sud. Quant à Nessibou, il se retira de la région de Sassebaneh ou il fut capturé par les Italiens en mai 1936.
Malgré ces victoires, les Italiens firent face à un phénomène gênant : la désertion des askaris érythréens pour se battre aux côtés des Éthiopiens. Ainsi à Genalé Dorya, 900 askaris rejoignirent l’armée de Desta Damtew, une arrivée qui gonfle le moral de son armée et explique en partie, la poursuite de sa lutte et de la résistance. Outre ces désertions, Graziani déplore des pertes bien plus importantes que celles de Badoglio au nord.
La défaite éthiopienne
En février 1936, Haile Selassie, dont le campement était soumis aux bombardements italiens, décida de quitter Dessé pour Korem où il apprit les défaites dans le nord. Le 21 mars 1936, il s’installa à Maychew avec les 6 000 hommes de la Garde impériale. Pendant quelques jours, le Negusse Negest discute avec ses chefs de la tactique à adopter. Le combat était perdu d’avance, mais il s’explique du point de vue symbolique : la tradition militaire éthiopienne voulant que le Negusse Negest mène en personne une grande bataille victorieuse.
La situation semblait plus que favorable à une victoire italienne et Haile Selassie, qui prit part directement à la bataille, savait qu’il n’y avait aucun espoir. Les Italiens, solidement installés dans leurs fortifications ne pouvaient perdre une guerre qu’ils dominaient entièrement. Face à eux, les Éthiopiens étaient largement affaiblis par les défaites de février. Les soldats de Ras Emrou Haile Selassie ne participèrent pas à la bataille, seuls les quelques soldats démoralisés de Ras Kassa Haile Darge et Ras Seyoum Mengesha y prirent part. Quant aux troupes de Moulougéta Yeggazou, elles avaient été annihilées à Amba Aradom. En fait, cette bataille constitua un test pour la Garde Impériale, seul corps composé d’hommes nouveaux formés pour la guerre moderne.
Toutefois, ils ne représentaient que 6 000 des 35 000 Éthiopiens qui affrontaient 40 000 Italiens.
Vers la fin du mois de mars, la décision d’attaquer fut prise par Haile Selassie. Le 28 et le 29, il communiqua deux télégrammes à son épouse dans lesquels il révéla les cibles choisit. Or ces télégrammes furent interceptés par les Italiens. Le 31 mars, vers 4 h, la première offensive éthiopienne lancée fut un désastre. Les diverses vagues furent repoussées par les Italiens qui progressivement, parvinrent à avancer. Sous les bombardements aériens, les Éthiopiens durent fuir, laissant 8 000 morts derrière eux et permettant à leurs adversaires de remporter la victoire.
La retraite de l’armée menée par le souverain éthiopien marqua une étape importante du conflit. Maychew est généralement considérée comme l’ultime affrontement de la guerre. Aux yeux de Haile Selassie, l’unique solution était le départ vers Addis-Abeba.
Au cours d’une retraite cauchemardesque, les Éthiopiens perdirent plus d’hommes que lors de la bataille. Plusieurs causes à cela, d’abord les bombardements au gaz moutarde puis le passage dans un territoire où vivaient les Rayas et les Azebos, des populations qui avaient souffert d’une campagne punitive ordonnée par Selassie dans les années 20. Ces rébellions le forcèrent à changer de chemin pour retourner à Addis-Abeba. La route vers la capitale était difficile, les régions traversées étaient livrées à l’anarchie et la vue des troupes impériales déclencha de brèves escarmouches. Pendant ce temps, les Italiens prirent Dessé, où Pietro Badoglio installa son quartier général afin de préparer la marche sur Addis-Abeba. La capitale commença à connaître d’importants troubles. À la fin du mois d’avril, on comptait 1 500 Arméniens réfugiés dans les bâtiments de la légation française. Les Britanniques firent ériger une enceinte de barbelés tout autour de la leur. Pendant ce temps, les Japonais distribuaient discrètement des balles dum-dum.
Conscient de la chute inévitable d’Addis-Abeba, Haile Selassie fit déplacer la capitale vers Goré, dans l’ouest, une zone loin des combats et relativement proche du Soudan anglo-égyptien. Le 30 avril 1936, le Negusse Negest arriva à Addis-Abeba. Il passera deux jours partagé entre ceux qui lui demandent de quitter le pays et ceux gardant espoir en une victoire. Parmi ceux-ci, Blatta Tekle Welde Hawariat, maire d’Addis-Abeba, fondateur de l’association des Patriotes qui avait commencé la formation des jeunes aux méthodes de la guérilla. Les divers partisans d’une résistance estimèrent qu’avec la saison des pluies approchant, l’avancée italienne serait ralentie, permettant la constitution de mouvements ravitaillés depuis le Kenya et le Soudan. Haile Selassie envisagea même de rejoindre Ras Emrou Haile Selassie pour poursuivre la résistance.
Le 1er mai 1936, le Conseil de la Couronne vota, à 21 voix contre 3, en faveur du départ du Negusse Negest pour Djibouti ou il devra poursuivre une action diplomatique en Europe et à la Société des Nations. Le soir, la décision de ne pas défendre la capitale fut prise ; les membres du Conseil ayant estimé qu’une telle action aurait été vaine : la voie était libre pour les Italiens.
Dernière édition par Thomas le Lun 31 Oct - 14:19, édité 1 fois
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Alexandre Lang.
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Re: Daikita 太北
Le prochain update va devoir attendre, je suis quelque peu grippé depuis hier.
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