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[CTC13] Pour le plaisir de la troupe...

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Message par LFC/Emile Ollivier Dim 23 Mai - 16:48

Pour le plaisir de la troupe...
« Le gouvernement impérial japonais que je représente, implore le pardon des victimes d’une politique nationale erronée. »
Murayama Tomiichi, premier ministre du Japon, le 22 août 1991, devant le parlement de la république de Corée, exprimant ses regrets concernant les crimes du Japon Showa.


7 Janvier 1989 : Le Japon impérial est en deuil. Son maître incontesté, l’empereur Hirohito, mais qui sera désormais connu sous son nom posthume de Showa Tenno, vient de mourir. C’est son fils, Akihito, qui lui succède.

Âgé de 55 ans, le nouvel Empereur du Grand Japon est un homme nettement plus ouvert sur le monde et moderne que ne l’était son défunt père, qui après un bref intermède démocratique après la fin de la guerre du Pacifique en 1945, avait rétabli un Régime autoritaire en profitant du contexte de la Guerre froide et de la priorité donné par les Américains à la lutte anti-communiste plutôt qu’à l’abaissement du Japon Showa.

Akihito a voyagé dans le monde entier, s’imprégnant des valeurs démocratiques rapidement mise de côté par son père. Un de ses biographes explique même qu’il aurait rencontré son grand-oncle, Higashikuni Naruhiko, ex-premier ministre de Showa et successeur de Tojo après sa tentative de putsch ratée en février 1944. Higashikuni dont l’histoire retiendra qu’il mit un terme à la terrible guerre du Pacifique début 1945, suite au succès miraculeux des Japonais durant la bataille du Golfe de Leyte en octobre 1944. Higishikuni dont le monde sait aussi qu’il s’exilera en France, à Neuilly-sur-Seine, du fait de son opposition à la politique d’Hirohito.

Admirateur du système parlementaire britannique, Akihito met à bas le Régime autoritaire de l’Empire en s’appuyant sur l’autorité que lui confère son trône pour faire taire les oppositions des réactionnaires. Pour mener cette politique, Akihito s’inspira du roi d’Espagne, Juan Carlos, qui a mis un terme au Régime Franquiste via un consensus entre le parti au pouvoir et l’opposition de gauche. Akihito dissout la redoutable Teikosekyu, héritière de la non moins cruelle Kempetai, et fait voter par la diète lige de l’Empire une nouvelle constitution. Celle-ci inverse le système de désignation des ministres. Ainsi, c’est la diète qui élit le premier ministre et celui-ci nomme son gouvernement. L’Empereur n’enterrine désormais le choix de la diète qu’a posteriori… Enfin, le haut-conseil, en charge de surveiller la constitutionnalité des lois de l’Empire, est réformé. Ses membres ne sont plus désignés par l’Empereur mais par la diète elle-même.

C’est la « Révolution Heisei », du nom de l’ère impériale d’Akihito selon le calendrier japonais.

La constitution étant réformée, Akihito autorise les partis d’opposition, y compris le Parti communiste, et annonce des élections générales pour mars 1990. Au terme de ces élections, c’est le fraîchement autorisé Parti socialiste japonais (PSJ) qui l’emporte, mais de peu. Akihito obtient en agissant en sous-main que ce soit la combinaison amenant le chef des Socialistes de l’archipel, Murayama Tomiichi, qui soit désigné par la diète. Celui-ci devient Premier ministre en avril après que conformément à la nouvelle constitution de l’Empire, Akihito ai validé le vote des députés.

Celui-ci conduit une politique intérieure ayant pour objet de stabiliser les nouvelles institutions démocratiques issue de la Révolution Heisei. En politique étrangère, Murayama conduit une politique d’ouverture aux autres pays asiatiques. Dans ce contexte, Murayama conduit à l’été 1991 la tournée dite du « Grand Pardon ». Cette dernière le voit se rendre à Séoul mais également à Manille, Phnom Penh, Vientiane, Djakarta, Taipei mais aussi, à Hanoi, capitale de la république socialiste du Vietnam.

À Séoul, devant le parlement coréen, le premier ministre japonais exprimera ses regrets pour les exactions commises par son pays durant la Seconde guerre mondiale. L’un des groupes de victimes auquel s’adresse le chef du gouvernement nippon sera les « Femmes de réconfort », sujet jusque là tabou dans l’Empire mais particulièrement douloureux pour les Coréens. En effet, les chiffres du nombre de ces malheureuses victimes de l’arbitraire et de l’impérialisme Showa varient entre 400 000 pour les historiens de la Chine populaire et… zéro pour les négationnistes japonais ! Le chiffre avancé par l’historien japonais Yoshimi Yoshiaki, qui a travaillé clandestinement sur le sujet, est lui de 200 000 et ce, en comptant toutes les nationalités (dont, et c’est peu connu, des Occidentales réduites à l’état d’esclaves sexuelles). Dans un entretien privé avec le président coréen, Kim Dae-jung, Muruyama exprime même son intention d’allouer « dans les plus brefs délais » une pension aux victimes survivantes de la prostitution forcée dans l’Empire japonais.

Malheureusement, son intention, louable, causa sa chute. À son retour à Tokyo, la diète japonaise rejette l’idée d’une pension à l’issue d’un débat houleux, où son opposition, de l’extrême-droite (qui nia jusqu’à l’existence des « femmes de réconfort » !) au centre, l’a attaqué avec acharnement. Pire, celle-ci vote même une motion de censure dans les jours qui suivent. Celle-ci aboutit à la chute de son cabinet et l’accession du conservateur (Parti libéral, fondé à l’issue de la seconde guerre mondiale et maintenu durant la phase autoritaire de l’ère Showa) Hashimoto Ryutaro au pouvoir. Ce dernier, sans remettre en cause la démocratisation, mettra tout de même en sommeil les mesures les plus progressistes de Muruyama, notamment à l’égard des femmes de l’archipel, et vis à vis des minorités coréenne et aïnoue de l’Empire.

Quand aux anciennes prostituées forcées des soldats nippons, celles-ci meurent peu à peu sans ne jamais recevoir d’autres excuses officielles que celles de Muruyama et sans ne jamais avoir obtenu la moindre réparation...


Voilà, ma participation au concours. J'ai hésité à le poster mais je pense que le concours ne méritait pas d'aboutir à un échec ce mois. Néanmoins, je ne trouve pas ce texte folichon.
LFC/Emile Ollivier
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