Construction d'univers : "Pas besoin de plus de sucre"
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Construction d'univers : "Pas besoin de plus de sucre"
Bonjour à tous!
Après avoir commencé à construire cet univers (sur une idée du géohistorien Christian Grataloup) pour un précédent CTC, l'envie de le développer davantage, avec vos conseils et idées, ne m'a pas quitté. Avant de me lancer dans un véritable récit chronologique (il faut de toute façon que je poursuive "Les trois abeilles" et "Une guerre froide et quelques autres mésententes"), je partage ici quelques fragments (il s'agit de ce que j'ai déjà posté et de quelques ajouts).
Ici, le point de divergence est l'absence de capture de Bohémond de Tarente dans une embuscade par les danishmendides; après ça, les croisades de renfort ne bifurquent pas de leur itinéraire pour chercher à le libérer, et les Etats latins se renforcent considérablement. Une seconde croisade est néanmoins organisée plus tard que dans notre réalité et met une branche cadette des capétiens sur le trône d'Egypte.
Ces événements vont profondément transformer l'histoire mondiale. Je suis preneur de toutes vos remarques, critiques et suggestions.
Relation du Levant, Liutbrand de Palerme, 1262
Il n’est aucun royaume dans tout l’Orient latin, ni peut être dans l’Orient tout entier, qui puisse prétendre dépasser le royaume d’Egypte en richesse et en puissance. Plus personne n’oserait d’ailleurs si risquer, après que la cavalerie du roi Arthur II ait aidé à repousser les funestes Mongols et sauvé Jérusalem de leur joug impie.
Depuis que Louis de France, duc de Bretagne et frère du roi Guillaume le Grand, a établi ici sa dynastie, la puissance et la richesse des chrétiens n’a fait ici que se renforcer. Si les rois peuvent compter sur le courage de chevaliers et barons de noble lignée, leur puissance s’est encore accrue depuis qu’Arthur Ier, reprenant, au service de la vraie foi, la coutume des princes mahométans, s’est entouré d’une garde de jeunes esclaves turcs et circassiens, élevés dès l’enfance pour en faire des soldats disciplinés, aussi efficaces sur le champ de bataille, dit-on, que les moines des ordres militaires.
Ici, les marchands des cités italiennes, tous si prompt à exiger partout des privilèges plus grands que ceux de leurs rivaux, se plient tous à la même loi et paient les mêmes taxes. Les relations sont amicales, au nord, avec le royaume de Jérusalem, qui a depuis longtemps renoncé à exiger aucune suzeraineté de la part de son voisin. Au sud, les Nubiens, heureux d’avoir été débarrassés de leurs ennemis mahométans, prêtent hommage et versent tribu. Ce n’est que de la côte et du désert de Cyrénaïques que peuvent surgir, périodiquement, des envahisseurs. Mais jamais ils n’ont remporté de victoire notable.
Les terres de la couronne et tout ce qui appartient au roi sont administrés avec intelligence par les serviteurs du palais, Coptes, Grecs et Arméniens le plus souvent. Même les non-chrétiens peuvent espérer obtenir de bonnes place s’ils servent avec talent et fidélité le souverain. Les mahométans des campagnes sont le plus souvent dans le servage, quoique le roi préfère souvent les affranchir pour qu’ils puissent payer, comme leurs compagnons libres des villes, l’impôt spécial pour la pratique de leur foi. Cette redevance amène des ressources considérables à la cour, mais ce n’est pas là la source de la richesse de l’Egypte.
Maître de la mer rouge et du passage entre celle-ci et la Méditerranée, le roi fait payer pour le passage des hommes comme pour celui des marchandises des droits en échange de sa protection. Ainsi, même les mahométans désireux d’accomplir leur pèlerinage à la Mecque doivent souvent payer une somme au roi chrétien d’Alexandrie.
Mais c’est aussi dans la terre d’Egypte que se trouve la source de sa richesse, ici plus qu’ailleurs, l’épice de la canne à sucre est l’objet de toutes les attentions du roi et de ses vassaux. Si les plantations sont ici connues depuis des temps immémoriaux, les rois chrétiens les ont étendu autant qu’ils l’ont pu, tant ils savaient à quel point le sucre était recherché en Europe. Sa vente apporte au pays d’immenses profits.
Lettre de Philippe de Sainte Maure, chevalier de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, à son frère Géraud, 1602
C’est l’une des pires infamies de notre époque que notre paresse à venir évangéliser les païens, alors même que nous avons connaissance d’un monde entier, neuf, où les mahométans ou les hérétiques ne nous ont pas précédé et n’ont pu insuffler des idées fausses et hostiles à la Sainte Eglise apostolique et romaine.
Cela fait pourtant plus de trente ans que, sur nos cartes, moines et humanistes ont fait apparaître les îles océaniques, loin à l’ouest de l’Europe. Encore eût-il fallu que nous prenions au sérieux c que l’on ne prenait que pour des racontars de marins trop portés sur l’alcool et les plaisirs terrestres. Et pourtant, il ne s’est trouvé aucun roi ni aucun empereur pour oser financer de vastes expéditions, après que celle du roi de Grenade ne soit pas revenue, et que celle du roi de Portugal, en l’an de Grâce 1542, ait décidé de rebrousser chemin. Nous savons aujourd’hui qu’un ou deux jours de navigation de plus aurait pu lui faire toucher Hospitalia, ou l’une des îles voisines. Aujourd’hui les royaumes Ibériques sont trop occupés à leurs querelles et à leurs intrigues pour se soucier de religion. L’esprit de la reconquista les a quitté. Au moins ont-ils tenté quelque chose, à la différence des Francs. Que j’ai honte pour notre peuple, mon bien aimé Géraud ! Ou est l’époque de Raymond de Saint Gilles, de Bohémond de Tarente guidant leurs hommes à travers l’Anatolie ? De Tancrède de Hauteville enlevant Mossoul ? Et Guillaume, fils du pieux roi Louis VII et d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine, qui certes n’était pas un saint, mais qui, alors comte de Guyenne, prêta main forte aux Espagnols contre les Almohades. Et son fils Hugues, conquérant l’Egypte avant de se porter au secours de la Syrie. Le nom Franc, le nom Français, ont fait raisonner partout la gloire de Dieu. Et qu’en est-il aujourd’hui ?
Quand des marins Normands, financés par des armateurs de Rouen, ont exploré une partie des côtes de ce nouveau monde, prouvant de ce fait que les îles océanes n’étaient en fait qu’une grande masse de terres, ils cherchèrent de l’or, commentèrent longuement le physique des femmes rencontrées, se demandèrent si des épices rares pouvaient être trouvés ou introduit. Ils mirent un soin particulier à nommer en référence à leurs villes et régions d’origine tous les territoires qu’ils exploraient, mais de religion, point. Ils nommèrent la terre rencontrée Nouvelle Normandie, et il se trouva des moines complaisants pour exhumer de vieux récits de païens nordiques et prétendre que les Normands étaient donc chez eux dans ces terres depuis des siècles ! Six ans plus tard, leurs voisins Malouins lancèrent peu après leur propre expédition, et tinrent absolument à nommer la terre qu’ils explorèrent, plus au Sud, Bretagne d’Outremer. Voilà vers quels vains et ridicules efforts l’orgueil pousse les hommes ! Et pendant ce temps, ce sont des milliers, des millions d’âmes menacées par les limbes faut d’avoir eu la connaissance de dieu.
Mais je t’inflige mais plaintes, mon frère, quand je devrais te donner de mes nouvelles. Sache tout d’abord que je ne doute pas un seul instant de la bonne gestion que tu dois faire du domaine familial. Tu as toujours été appelé à reprendre l’héritage de notre famille, quand j’étais appelé à servir Dieu, quand bien même tu étais le cadet et moi l’ainé.
Je suis maintenant depuis deux mois sur l’île d’Hospitalia, au Krak des Taïnos, comme les premiers chevaliers à arriver ont appelé notre fort. Le fort reste d’ailleurs inachevé : nous avons abandonné tous les autres travaux pour porter secours aux malades comme le veut la vocation première de notre Ordre. Ce n’est pas la première épidémie qui touche les habitants de cette île, mais c’est à coup sûr la plus meurtrière. Nous sommes jour et nuit à prodiguer des soins ; c’est une épreuve que le Seigneur inflige à notre jeune établissement, mais il semble que nous nous montrions à la hauteur, car aucun d’entre nous n’est pour l’instant tombé malade, du moins pas de la même affection que les locaux. Depuis qu’ils ont été témoins de ce miracle, ils reçoivent d’ailleurs avec plus d’empressement les sacrements et assistent aux offices.
Une fois ce mal soulagé, si Dieu le veut, nous poursuivrons le renforcement de notre établissement, ainsi que l’exploration du centre de l’île. Par la suite, nous enverrons des navires plus à l’ouest, où les rumeurs prétendent qu’il existe des peuples policés aux riches et magnifique cités. La Providence mettra peut être sur notre chemin un nouveau Constantin.
Rapport de Girolamo Gioberti, navigateur, à son employeur le roi Guillaume III de France, 1621
Sur les côtes de Nouvelle Normandie et de Bretagne Outremer, on trouve des pêcheurs venant de notre royaume ainsi que des Îles britanniques, du Danemark, de Norvège ou d’Allemagne, mais les établissements chrétiens les mieux installés sont les couvents des chanoines réguliers, qui cherchent à gagner les âmes des indigènes. Le nombre de ceux-là augmente, après que de durs fléaux les aient décimés au siècle passé. Entreprenants, ceux-ci vendent en grande quantité de la fourrure aux européens de passage, mais c’est bien là la seule richesse que l’on puisse trouver ici : le climat y est en tous points semblable à celui de nos contrées, sinon que l’hiver y est plus froid et l’été plus chaud […].
Plus au sud, dans les pays du Yucatan ou dans les îles, le climat peut s’avérer propice à la culture du sucre, entre autres épices exotiques. Les établissements du Temple et de l’Hôpital ont cultivé la canne pour leur consommation personnelle, et pour en vendre aux autochtones, mais les tentatives pour l’écouler en Europe s’avèrent peu rentables, vu le coût du voyage, sachant que l’on peut en faire venir à Marseille directement depuis les terres que votre majesté contrôle en Afrique, on de la Terre Sainte. […]
Je sais que votre majesté n’a jamais eu l’intention d’aller à l’encontre des bulles pontificales. Mais dans l’hypothèse bien sûre absurde qu’un souverain de votre envergure envisage de tenter quelque conquête de l’autre côté de l’océan, il devrait en être dissuadé par le peu d’avantages qu’il y aurait à gagner dans un tel projet.
Charte de fondation de Port-au-Fourrures, 1637
Considérant que Port-aux-Fourrures, sise à l’embouchure du Grand fleuve à proximité du village de Stadaconé, est de fait un bourg où vivent en permanence marins et négociants ayant pour port d’attache l’une ou l’autre des villes citées plus haut.
Considérant que la bonne marche du commerce, les relations avec Stadaconé et l’organisation de la vie matérielle et spirituelle sur place nécessitent l’établissement d’une municipalité.
Les armateurs s’engagent ainsi à débourser 200 000 florins pour l’établissement des fortifications et commodités nécessaires. Port-aux-fourrures pourvoira par la suite à ses propres dépenses par une taxe sur les transactions
Sera établi un prévôt des marchands […] il sera assisté d’un conseil de 13 élus.
[…]
Conformément à la Bulle pontificale, la municipalité ne pourra prêter allégeance à aucun souverain de l’hémisphère oriental.
Conformément aux accords avec Stadaconé, il sera interdit de remonter le fleuve pour s’adonner aux commerces des fourrures avec d’autres partenaires.
Port-aux-Fourrures n’exercera aucune suzeraineté sur les monastères ou couvents de chanoines de la région.
Rapport de Guillaume d’York, maitre de la Province de l’Occident d’Outremer, au Grand maître de l’Ordre, 1721
La lutte contre la piraterie et la contrebande est notre première et continue préoccupation. Fidèle à la vocation martiale de l’Ordre, nous traquons sans relâche tout navire aux activités suspectes. Mais je dois vous confesser, Grand maître, que cette tâche n’a jamais été difficile. Il y a dans notre région tant d’îles que le nombre de repères potentiels est immense et, surtout, distinguer les simples marchands des forbans est devenu impossible. Chacun se livre tantôt à d’honnêtes commerces, tantôt à des activités les plus répréhensibles.
Le commandeur de Sainte Marie des Totonaques a récemment eu connaissance d’un navire transportant une cargaison d’esclaves vers la contrée voisine, mais n’a pas eu les moyens de l’arrêter. Cela m’amène a évoquer la plus regrettable évolution qui a cours sur le territoire de notre province : le commerce des esclaves est désormais la norme parmi les peuples nouvellement chrétiens, Totonaques, Tlaxcaltèques ou cités de la Triple alliance. Ces peuples ont en effet pris goût au sucre ; après l’avoir d’abord découvert avec scpeticisme, ls ont pris l’habitude de le mêler à leur boisson traditionnelle qu’ils appellent Chocoatl, dont il change, il est vrai, plaisamment le goût affreux et amer. Le sucre ne pouvant pousser que dans de vastes plantations pour être rentable, ils sont contraints de se procurer des esclaves, qu’ils achètent parfois en contrebande aux pirates des îles, soit des nègres africains, comme je l’ai déjà évoqué, soit des peuples du sud razziés sur la côte. Face à cette menace, les Tupinambas ont tendance à fortifier leurs cités, et de s’armer avec des fusils qu’ils achètent à ces mêmes pirates qui peuvent, en d’autres occasions, venir les capturer. Mais ce n’est là qu’une part restreinte des esclaves : la plupart proviennent des peuples païens qu’ils nomment Chichimèques, non leurs voisins immédiats, trop difficiles à contrôler, mais des captifs cherchés bien plus au nord. Les peuples cavaliers se sont ainsi fait une spécialité de la capture d’esclaves qu’ils vont chercher parfois très loin au nord, et échangent en Anahuac contre des objets en or et en argent, ou contre des armes qui sont maintenant produites ici avec une qualité presque égale à celles d’Europe. La Confédération Maya, autrefois si pacifique, semble emprunter le même chemin.
[…]
Toutes ces opérations ont, vous ne l’ignorez pas, un coût immense, qui nous laisse déficitaires en dépit des excellents profits que nous ont donné la vente de vin et, dans une moindre mesure, notre mission première qu’est l’escorte des pèlerins.
La Gazette de Paris, 1747
Lors de l’ouverture des Etats généraux, le duc de Grasse, chef de file des députés de la noblesse, a vivement attaqué la décision du gouvernement de sa majesté d’intervenir contre la Confédération maya. Il a indiqué que cela allait contre les bulles pontificales interdisant aux pouvoirs temporels de s’établir de l’autre côté de l’Atlantique, mais que c’était également une menace pour la paix entre les puissances européennes, qui avaient toutes acceptées jusque-là de maintenir entre elles un équilibre et se refusant aux conquêtes outre-mer. Il a terminé son discours en indiquant que, s’il n’était désormais plus possible de revenir en arrière concernant l’expédition et la signature du traité avec les Mayas, il fallait tout de même renoncer au projet d’établir des bases permanentes dans les terres occidentales, au risque d’inciter nos voisins à en faire de même.
Pélage Bailleul, député du Tiers, a répondu en soutenant la décision royale, qui allait dans le sens des intérêts du commerce, et donc de la prospérité du royaume, et que toutes les Nations chrétiennes seraient bénéficiaires de nos actions, car toutes souhaitent voir leur commerce protégé.
Lettre de Thomas Schlesinger, entrepreneur lorrain, à son banquier Gianmarco Tavani, 1812
Depuis que le funeste décret qui condamnait le commerce d’indiennes a été aboli et que le gouvernement de Sa Majesté soutient la production locale plutôt que de prohiber, le goût pour ces tissus chez les français ne s’est pas démenti. De nouvelles techniques nous permettent d’en produire de grandes quantités, nous pouvons en vendre à des prix abordables pour une clientèle qui dépasse le monde des élégantes de la cour et des femmes de riches négociants. Le problème de l’approvisionnement en coton est désormais réglé par le développement de l’excellente production égyptienne.
Eloge de son grand père, par Takamoto Matsuda, 1902
Mon grand père Takamoto Hiroo amena l’honneur sur notre famille. Grand armateur, il fut, et le rappela sans cesse, marin avant tout.
D’une vielle famille de navigateurs, il effectuait ses douze ans des travresées au long cours à travers l’océan. Il connut toutes les turpitudes de la mer, tempêtes, avaries, et rencontre avec les corsaires russes, pour rallier le Daikitia, le Tlingitu, le Haidatu. Devenu capitaine, il s’établit dans les comptoirs plus au sud, dans les provinces nouvellement conquises par l’Anahuac. Là, il convoyait le long des côtes le vin, qui était la raison d’être de l’expansion des Anahuaciens, jusqu’à Acapulco.
Revenu au pays, il se fit armateur. Beaucoup tentaient leur chance sur le trajet du Pacifique, à la recherche des métaux précieux qui avaient toujours manqué dans nos pays, mais lui avait senti une meilleure opportunité : le thé noir de Chine, dont nous n’aimons pas le goût, était recherché autour de la Méditerranée, et particulièrement en Europe, où, mêlé au sucre, il était une source d’énergie inestimable pour les travailleurs des industries.
Après avoir commencé à construire cet univers (sur une idée du géohistorien Christian Grataloup) pour un précédent CTC, l'envie de le développer davantage, avec vos conseils et idées, ne m'a pas quitté. Avant de me lancer dans un véritable récit chronologique (il faut de toute façon que je poursuive "Les trois abeilles" et "Une guerre froide et quelques autres mésententes"), je partage ici quelques fragments (il s'agit de ce que j'ai déjà posté et de quelques ajouts).
Ici, le point de divergence est l'absence de capture de Bohémond de Tarente dans une embuscade par les danishmendides; après ça, les croisades de renfort ne bifurquent pas de leur itinéraire pour chercher à le libérer, et les Etats latins se renforcent considérablement. Une seconde croisade est néanmoins organisée plus tard que dans notre réalité et met une branche cadette des capétiens sur le trône d'Egypte.
Ces événements vont profondément transformer l'histoire mondiale. Je suis preneur de toutes vos remarques, critiques et suggestions.
Relation du Levant, Liutbrand de Palerme, 1262
Il n’est aucun royaume dans tout l’Orient latin, ni peut être dans l’Orient tout entier, qui puisse prétendre dépasser le royaume d’Egypte en richesse et en puissance. Plus personne n’oserait d’ailleurs si risquer, après que la cavalerie du roi Arthur II ait aidé à repousser les funestes Mongols et sauvé Jérusalem de leur joug impie.
Depuis que Louis de France, duc de Bretagne et frère du roi Guillaume le Grand, a établi ici sa dynastie, la puissance et la richesse des chrétiens n’a fait ici que se renforcer. Si les rois peuvent compter sur le courage de chevaliers et barons de noble lignée, leur puissance s’est encore accrue depuis qu’Arthur Ier, reprenant, au service de la vraie foi, la coutume des princes mahométans, s’est entouré d’une garde de jeunes esclaves turcs et circassiens, élevés dès l’enfance pour en faire des soldats disciplinés, aussi efficaces sur le champ de bataille, dit-on, que les moines des ordres militaires.
Ici, les marchands des cités italiennes, tous si prompt à exiger partout des privilèges plus grands que ceux de leurs rivaux, se plient tous à la même loi et paient les mêmes taxes. Les relations sont amicales, au nord, avec le royaume de Jérusalem, qui a depuis longtemps renoncé à exiger aucune suzeraineté de la part de son voisin. Au sud, les Nubiens, heureux d’avoir été débarrassés de leurs ennemis mahométans, prêtent hommage et versent tribu. Ce n’est que de la côte et du désert de Cyrénaïques que peuvent surgir, périodiquement, des envahisseurs. Mais jamais ils n’ont remporté de victoire notable.
Les terres de la couronne et tout ce qui appartient au roi sont administrés avec intelligence par les serviteurs du palais, Coptes, Grecs et Arméniens le plus souvent. Même les non-chrétiens peuvent espérer obtenir de bonnes place s’ils servent avec talent et fidélité le souverain. Les mahométans des campagnes sont le plus souvent dans le servage, quoique le roi préfère souvent les affranchir pour qu’ils puissent payer, comme leurs compagnons libres des villes, l’impôt spécial pour la pratique de leur foi. Cette redevance amène des ressources considérables à la cour, mais ce n’est pas là la source de la richesse de l’Egypte.
Maître de la mer rouge et du passage entre celle-ci et la Méditerranée, le roi fait payer pour le passage des hommes comme pour celui des marchandises des droits en échange de sa protection. Ainsi, même les mahométans désireux d’accomplir leur pèlerinage à la Mecque doivent souvent payer une somme au roi chrétien d’Alexandrie.
Mais c’est aussi dans la terre d’Egypte que se trouve la source de sa richesse, ici plus qu’ailleurs, l’épice de la canne à sucre est l’objet de toutes les attentions du roi et de ses vassaux. Si les plantations sont ici connues depuis des temps immémoriaux, les rois chrétiens les ont étendu autant qu’ils l’ont pu, tant ils savaient à quel point le sucre était recherché en Europe. Sa vente apporte au pays d’immenses profits.
Lettre de Philippe de Sainte Maure, chevalier de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, à son frère Géraud, 1602
C’est l’une des pires infamies de notre époque que notre paresse à venir évangéliser les païens, alors même que nous avons connaissance d’un monde entier, neuf, où les mahométans ou les hérétiques ne nous ont pas précédé et n’ont pu insuffler des idées fausses et hostiles à la Sainte Eglise apostolique et romaine.
Cela fait pourtant plus de trente ans que, sur nos cartes, moines et humanistes ont fait apparaître les îles océaniques, loin à l’ouest de l’Europe. Encore eût-il fallu que nous prenions au sérieux c que l’on ne prenait que pour des racontars de marins trop portés sur l’alcool et les plaisirs terrestres. Et pourtant, il ne s’est trouvé aucun roi ni aucun empereur pour oser financer de vastes expéditions, après que celle du roi de Grenade ne soit pas revenue, et que celle du roi de Portugal, en l’an de Grâce 1542, ait décidé de rebrousser chemin. Nous savons aujourd’hui qu’un ou deux jours de navigation de plus aurait pu lui faire toucher Hospitalia, ou l’une des îles voisines. Aujourd’hui les royaumes Ibériques sont trop occupés à leurs querelles et à leurs intrigues pour se soucier de religion. L’esprit de la reconquista les a quitté. Au moins ont-ils tenté quelque chose, à la différence des Francs. Que j’ai honte pour notre peuple, mon bien aimé Géraud ! Ou est l’époque de Raymond de Saint Gilles, de Bohémond de Tarente guidant leurs hommes à travers l’Anatolie ? De Tancrède de Hauteville enlevant Mossoul ? Et Guillaume, fils du pieux roi Louis VII et d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine, qui certes n’était pas un saint, mais qui, alors comte de Guyenne, prêta main forte aux Espagnols contre les Almohades. Et son fils Hugues, conquérant l’Egypte avant de se porter au secours de la Syrie. Le nom Franc, le nom Français, ont fait raisonner partout la gloire de Dieu. Et qu’en est-il aujourd’hui ?
Quand des marins Normands, financés par des armateurs de Rouen, ont exploré une partie des côtes de ce nouveau monde, prouvant de ce fait que les îles océanes n’étaient en fait qu’une grande masse de terres, ils cherchèrent de l’or, commentèrent longuement le physique des femmes rencontrées, se demandèrent si des épices rares pouvaient être trouvés ou introduit. Ils mirent un soin particulier à nommer en référence à leurs villes et régions d’origine tous les territoires qu’ils exploraient, mais de religion, point. Ils nommèrent la terre rencontrée Nouvelle Normandie, et il se trouva des moines complaisants pour exhumer de vieux récits de païens nordiques et prétendre que les Normands étaient donc chez eux dans ces terres depuis des siècles ! Six ans plus tard, leurs voisins Malouins lancèrent peu après leur propre expédition, et tinrent absolument à nommer la terre qu’ils explorèrent, plus au Sud, Bretagne d’Outremer. Voilà vers quels vains et ridicules efforts l’orgueil pousse les hommes ! Et pendant ce temps, ce sont des milliers, des millions d’âmes menacées par les limbes faut d’avoir eu la connaissance de dieu.
Mais je t’inflige mais plaintes, mon frère, quand je devrais te donner de mes nouvelles. Sache tout d’abord que je ne doute pas un seul instant de la bonne gestion que tu dois faire du domaine familial. Tu as toujours été appelé à reprendre l’héritage de notre famille, quand j’étais appelé à servir Dieu, quand bien même tu étais le cadet et moi l’ainé.
Je suis maintenant depuis deux mois sur l’île d’Hospitalia, au Krak des Taïnos, comme les premiers chevaliers à arriver ont appelé notre fort. Le fort reste d’ailleurs inachevé : nous avons abandonné tous les autres travaux pour porter secours aux malades comme le veut la vocation première de notre Ordre. Ce n’est pas la première épidémie qui touche les habitants de cette île, mais c’est à coup sûr la plus meurtrière. Nous sommes jour et nuit à prodiguer des soins ; c’est une épreuve que le Seigneur inflige à notre jeune établissement, mais il semble que nous nous montrions à la hauteur, car aucun d’entre nous n’est pour l’instant tombé malade, du moins pas de la même affection que les locaux. Depuis qu’ils ont été témoins de ce miracle, ils reçoivent d’ailleurs avec plus d’empressement les sacrements et assistent aux offices.
Une fois ce mal soulagé, si Dieu le veut, nous poursuivrons le renforcement de notre établissement, ainsi que l’exploration du centre de l’île. Par la suite, nous enverrons des navires plus à l’ouest, où les rumeurs prétendent qu’il existe des peuples policés aux riches et magnifique cités. La Providence mettra peut être sur notre chemin un nouveau Constantin.
Rapport de Girolamo Gioberti, navigateur, à son employeur le roi Guillaume III de France, 1621
Sur les côtes de Nouvelle Normandie et de Bretagne Outremer, on trouve des pêcheurs venant de notre royaume ainsi que des Îles britanniques, du Danemark, de Norvège ou d’Allemagne, mais les établissements chrétiens les mieux installés sont les couvents des chanoines réguliers, qui cherchent à gagner les âmes des indigènes. Le nombre de ceux-là augmente, après que de durs fléaux les aient décimés au siècle passé. Entreprenants, ceux-ci vendent en grande quantité de la fourrure aux européens de passage, mais c’est bien là la seule richesse que l’on puisse trouver ici : le climat y est en tous points semblable à celui de nos contrées, sinon que l’hiver y est plus froid et l’été plus chaud […].
Plus au sud, dans les pays du Yucatan ou dans les îles, le climat peut s’avérer propice à la culture du sucre, entre autres épices exotiques. Les établissements du Temple et de l’Hôpital ont cultivé la canne pour leur consommation personnelle, et pour en vendre aux autochtones, mais les tentatives pour l’écouler en Europe s’avèrent peu rentables, vu le coût du voyage, sachant que l’on peut en faire venir à Marseille directement depuis les terres que votre majesté contrôle en Afrique, on de la Terre Sainte. […]
Je sais que votre majesté n’a jamais eu l’intention d’aller à l’encontre des bulles pontificales. Mais dans l’hypothèse bien sûre absurde qu’un souverain de votre envergure envisage de tenter quelque conquête de l’autre côté de l’océan, il devrait en être dissuadé par le peu d’avantages qu’il y aurait à gagner dans un tel projet.
Charte de fondation de Port-au-Fourrures, 1637
Considérant que Port-aux-Fourrures, sise à l’embouchure du Grand fleuve à proximité du village de Stadaconé, est de fait un bourg où vivent en permanence marins et négociants ayant pour port d’attache l’une ou l’autre des villes citées plus haut.
Considérant que la bonne marche du commerce, les relations avec Stadaconé et l’organisation de la vie matérielle et spirituelle sur place nécessitent l’établissement d’une municipalité.
Les armateurs s’engagent ainsi à débourser 200 000 florins pour l’établissement des fortifications et commodités nécessaires. Port-aux-fourrures pourvoira par la suite à ses propres dépenses par une taxe sur les transactions
Sera établi un prévôt des marchands […] il sera assisté d’un conseil de 13 élus.
[…]
Conformément à la Bulle pontificale, la municipalité ne pourra prêter allégeance à aucun souverain de l’hémisphère oriental.
Conformément aux accords avec Stadaconé, il sera interdit de remonter le fleuve pour s’adonner aux commerces des fourrures avec d’autres partenaires.
Port-aux-Fourrures n’exercera aucune suzeraineté sur les monastères ou couvents de chanoines de la région.
Rapport de Guillaume d’York, maitre de la Province de l’Occident d’Outremer, au Grand maître de l’Ordre, 1721
La lutte contre la piraterie et la contrebande est notre première et continue préoccupation. Fidèle à la vocation martiale de l’Ordre, nous traquons sans relâche tout navire aux activités suspectes. Mais je dois vous confesser, Grand maître, que cette tâche n’a jamais été difficile. Il y a dans notre région tant d’îles que le nombre de repères potentiels est immense et, surtout, distinguer les simples marchands des forbans est devenu impossible. Chacun se livre tantôt à d’honnêtes commerces, tantôt à des activités les plus répréhensibles.
Le commandeur de Sainte Marie des Totonaques a récemment eu connaissance d’un navire transportant une cargaison d’esclaves vers la contrée voisine, mais n’a pas eu les moyens de l’arrêter. Cela m’amène a évoquer la plus regrettable évolution qui a cours sur le territoire de notre province : le commerce des esclaves est désormais la norme parmi les peuples nouvellement chrétiens, Totonaques, Tlaxcaltèques ou cités de la Triple alliance. Ces peuples ont en effet pris goût au sucre ; après l’avoir d’abord découvert avec scpeticisme, ls ont pris l’habitude de le mêler à leur boisson traditionnelle qu’ils appellent Chocoatl, dont il change, il est vrai, plaisamment le goût affreux et amer. Le sucre ne pouvant pousser que dans de vastes plantations pour être rentable, ils sont contraints de se procurer des esclaves, qu’ils achètent parfois en contrebande aux pirates des îles, soit des nègres africains, comme je l’ai déjà évoqué, soit des peuples du sud razziés sur la côte. Face à cette menace, les Tupinambas ont tendance à fortifier leurs cités, et de s’armer avec des fusils qu’ils achètent à ces mêmes pirates qui peuvent, en d’autres occasions, venir les capturer. Mais ce n’est là qu’une part restreinte des esclaves : la plupart proviennent des peuples païens qu’ils nomment Chichimèques, non leurs voisins immédiats, trop difficiles à contrôler, mais des captifs cherchés bien plus au nord. Les peuples cavaliers se sont ainsi fait une spécialité de la capture d’esclaves qu’ils vont chercher parfois très loin au nord, et échangent en Anahuac contre des objets en or et en argent, ou contre des armes qui sont maintenant produites ici avec une qualité presque égale à celles d’Europe. La Confédération Maya, autrefois si pacifique, semble emprunter le même chemin.
[…]
Toutes ces opérations ont, vous ne l’ignorez pas, un coût immense, qui nous laisse déficitaires en dépit des excellents profits que nous ont donné la vente de vin et, dans une moindre mesure, notre mission première qu’est l’escorte des pèlerins.
La Gazette de Paris, 1747
Lors de l’ouverture des Etats généraux, le duc de Grasse, chef de file des députés de la noblesse, a vivement attaqué la décision du gouvernement de sa majesté d’intervenir contre la Confédération maya. Il a indiqué que cela allait contre les bulles pontificales interdisant aux pouvoirs temporels de s’établir de l’autre côté de l’Atlantique, mais que c’était également une menace pour la paix entre les puissances européennes, qui avaient toutes acceptées jusque-là de maintenir entre elles un équilibre et se refusant aux conquêtes outre-mer. Il a terminé son discours en indiquant que, s’il n’était désormais plus possible de revenir en arrière concernant l’expédition et la signature du traité avec les Mayas, il fallait tout de même renoncer au projet d’établir des bases permanentes dans les terres occidentales, au risque d’inciter nos voisins à en faire de même.
Pélage Bailleul, député du Tiers, a répondu en soutenant la décision royale, qui allait dans le sens des intérêts du commerce, et donc de la prospérité du royaume, et que toutes les Nations chrétiennes seraient bénéficiaires de nos actions, car toutes souhaitent voir leur commerce protégé.
Lettre de Thomas Schlesinger, entrepreneur lorrain, à son banquier Gianmarco Tavani, 1812
Depuis que le funeste décret qui condamnait le commerce d’indiennes a été aboli et que le gouvernement de Sa Majesté soutient la production locale plutôt que de prohiber, le goût pour ces tissus chez les français ne s’est pas démenti. De nouvelles techniques nous permettent d’en produire de grandes quantités, nous pouvons en vendre à des prix abordables pour une clientèle qui dépasse le monde des élégantes de la cour et des femmes de riches négociants. Le problème de l’approvisionnement en coton est désormais réglé par le développement de l’excellente production égyptienne.
Eloge de son grand père, par Takamoto Matsuda, 1902
Mon grand père Takamoto Hiroo amena l’honneur sur notre famille. Grand armateur, il fut, et le rappela sans cesse, marin avant tout.
D’une vielle famille de navigateurs, il effectuait ses douze ans des travresées au long cours à travers l’océan. Il connut toutes les turpitudes de la mer, tempêtes, avaries, et rencontre avec les corsaires russes, pour rallier le Daikitia, le Tlingitu, le Haidatu. Devenu capitaine, il s’établit dans les comptoirs plus au sud, dans les provinces nouvellement conquises par l’Anahuac. Là, il convoyait le long des côtes le vin, qui était la raison d’être de l’expansion des Anahuaciens, jusqu’à Acapulco.
Revenu au pays, il se fit armateur. Beaucoup tentaient leur chance sur le trajet du Pacifique, à la recherche des métaux précieux qui avaient toujours manqué dans nos pays, mais lui avait senti une meilleure opportunité : le thé noir de Chine, dont nous n’aimons pas le goût, était recherché autour de la Méditerranée, et particulièrement en Europe, où, mêlé au sucre, il était une source d’énergie inestimable pour les travailleurs des industries.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1472
Date d'inscription : 05/03/2016
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Re: Construction d'univers : "Pas besoin de plus de sucre"
Je ne suis pas assez connaisseur du Moyen Âge et de la renaissance pour aider. Quoi qu'il en soit, j'ai hâte de lire la suite.
_________________
« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
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Re: Construction d'univers : "Pas besoin de plus de sucre"
Thomas a écrit:Je ne suis pas assez connaisseur du Moyen Âge et de la renaissance pour aider. Quoi qu'il en soit, j'ai hâte de lire la suite.
Tu es connaisseur de la civilisation japonaise, je te demanderai peut être un coup de main à l'occasion
Et merci! J'hésite pour la suite à poursuivre avec des bribes de textes ou à créer une chronologie pour telle ou telle partie du monde (une chronologie générale serait trop indigeste je pense).
DemetriosPoliorcète- Messages : 1472
Date d'inscription : 05/03/2016
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Re: Construction d'univers : "Pas besoin de plus de sucre"
Salut ! J'essaierai de t'aider avec des suggestions
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1940 : Mandel continue la guerre depuis l'exil.
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Re: Construction d'univers : "Pas besoin de plus de sucre"
Pas de soucis. Si je peux aider, je le ferai.DemetriosPoliorcète a écrit:Thomas a écrit:Je ne suis pas assez connaisseur du Moyen Âge et de la renaissance pour aider. Quoi qu'il en soit, j'ai hâte de lire la suite.
Tu es connaisseur de la civilisation japonaise, je te demanderai peut être un coup de main à l'occasion
Et merci! J'hésite pour la suite à poursuivre avec des bribes de textes ou à créer une chronologie pour telle ou telle partie du monde (une chronologie générale serait trop indigeste je pense).
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Re: Construction d'univers : "Pas besoin de plus de sucre"
Chronologie pour les Amériques
1490-1560 : la prise de conscience progressive de l’existence d’un nouveau continent
Années 1490 : plusieurs rumeurs parcourent l’Europe sur des récits de pécheurs de morue qui se rendraient régulièrement sur des îles au climat semblable à celui de l’Europe, mais ils sont rarement pris au sérieux.
1512 :un marin flamand fait sensation en ramenant d’une campagne de pêche une épouse au physique étrange. Les érudits locaux concluent qu’il doit s’agir d’une guanche des canaries. Certaines cartes commencent à mentionner des « îles de l’ouest », mais le lieu reste perçu comme essentiellement légendaire.
Années 1530 : cherchant à doubler leurs voisins andalous dans leur expansion au sud du Maroc, les portugais s’installent aux canaries orientales et découvrent Madère. Mais la mauvaise adaptation des embarcation aux conditions de l’Atlantique rend les traversées périlleuses. Les techniques s’améliorent néanmoins. Les Açores sont découvertes en 1538. Une expédition lancée plus à l’ouest ne revient pas.
A Cyrène, l’Ordre de l’hôpital commence à travailler sur la cartographie et les techniques de navigations en haute mer, afin de prêter main forte dans l’évangélisation des éventuels nouveaux territoires.
1542 : une expédition lancée par le roi de Grenade rebrousse chemin à un ou deux jours de navigation des Caraïbes.
1561 : le chanoine Flamand Martin van Andeweld accompagne des pécheurs de morue dans une expédition et livre une description détaillée des grandes îles qu’il découvre et de leurs habitants. Cette fois, l’existence de vastes terres à l’ouest est reconnue par tous.
1560-1650 : le grand élan missionnaire
1560-1590 : des centaines de chanoines réguliers entreprennent le voyage dans le but de sauver les âmes des habitants de l’Outremer. Ces expéditions son souvent le fait d’initiatives individuelles ou de la part des ordres. Les précheurs embarquent parfois sur les navires des pécheurs ou des commerçants. Plus rarement, le voyage est financé par les ordres eux-mêmes.
Les ordres suivant la règle de Saint Benoît financent également, un peu plus tard, des expéditions sans retour. Le but est de leur point de vue moins la conversion que la recherche d’un « désert » qui permette de vivre pleinement dans la vie monastique, loin des tentations du monde.
1572 : des armateurs normands financent l’exploration de la Nouvelle-Normandie [Canada et Nouvelle Angleterre]
1582 : exploration de la Bretagne Outremer par des marins malouins.
1588 : première traversée transatlantique des Hospitaliers.
1598 : établissement d’une première base permanente sur l’île d’Hospitalia [Haïti], le « Krak des Taïnos ».
1599 : une bulle pontificale interdit strictement l’appropriation de tout territoire à l’ouest des Açores par les royaumes européens. Seuls les ordres monastiques peuvent prétendre exercer une souveraineté.
1604 : l’Ordre du Temple, plus riche institutions de l’Occident chrétien, envoie sa première expédition sur l’Île Saint Maurice (Cuba) et en commence la conquête.
1607 : des contacts commerciaux sont établis par les Hospitaliers avec la cité côtière maya de Tulum, mais la maladie provoque rapidement la ruine de celle-ci.
1615 : fondation de Sainte Marie des Totonaques, première commanderie templière sur le continent.
1617 : une dizaine d'Européens, pour la plupart des laïcs au service des Templiers, s'échouent en territoire maya. Les transferts techniques qu'ils permettent lancent un processus d'unification militaire du Yucatan.
1624 : expédition templière vers la cité légendaire de Tenochtitlan. Les moines soldats sont déçus : la ville a depuis longtemps perdu sa prééminence, a subi plusieurs vagues de pillage avant d’être dépeuplée par les épidémies. Les Templiers constatent néanmoins la facilité avec laquelle ils peuvent obtenir de l’or contre quelques objets en fer et des promesses d’assistance militaire. Après une campagne victorieuse contre les Tlaxcaltèques, ils obtiennent la conversion du roi Mexica et l’abolition officielle des sacrifices humains.
1637 : le plus grand établissement commercial du nouveau monde, Port-aux-Fourrures, est officiellement établie en tant que cité indépendante.
1641 : traité instituant la Confédération de l’Anahuac entre les Mexicas, les Toltèques et les Tlaxcaltèques, sous protection templière. Les Totonaque, mécontents de voir leurs projets de conquête vers l’ouest entravés, obtiennent peu après la création d’une confédération plus large qui les inclut et leur donne une place prééminente.
1642 : défaite de l’expédition templière contre le Tahuantinsuyu. Considérablement affaibli par les épidémies, celui-ci connaît une remontée en puissance avec l’apport des techniques européennes et des chevaux.
1645 : arrivée à Port-aux-Fourrures du cardinal Farnese, candidat malheureux à la Papauté qui fuit les risques d’assassinat. Il transforme le territoire en Principauté archépiscopale et étend son influence sur les peuples iroquoiens voisins [les Iroquois du Saint-Laurent], les Algonquins, les Hurons-Wendat, et affronte la confédération Hadenosaunee.
1650 : à Saint Bernard d’Outremer, principal monastère cistercien en Bretagne Outremer, les habitants laïcs du bourg qui s’est organisée à proximité de l’établissement s’en émancipent et forment une commune.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1472
Date d'inscription : 05/03/2016
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Re: Construction d'univers : "Pas besoin de plus de sucre"
Beaucoup trop tard. OTL les ibériques ont commencé à peupler Madères et les Açores dès le XVème siècle. Les Canaries ont été envahies par les européens dès 1402 (cf. Jean de Béthencourt). Ce sont justement des terres à sucre donc l’intérêt économique ne change pas. Pas de raison que les techniques de navigation changent par rapport à OTL, il faudra toujours atteindre ces îles.DemetriosPoliorcète a écrit:Années 1530 : cherchant à doubler leurs voisins andalous dans leur expansion au sud du Maroc, les portugais s’installent aux Canaries orientales et découvrent Madère. Mais la mauvaise adaptation des embarcations aux conditions de l’Atlantique rend les traversées périlleuses. Les techniques s’améliorent néanmoins. Les Açores sont découvertes en 1538.
Je pense que les portugais exploreront l'Afrique comme OTL car il y a un intérêt économique (esclave, or, ivoire) et si on peut contourner l'Afrique cela permettra de commercer directement avec les Indes (ITTL les européens devraient connaître la côte de l'Afrique orientale au moins jusqu'au nord du Mozambique) sans devoir payer de taxes à l’Égypte. Et s'il existe un équivalent d'Henry le navigateur, maître de l'ordre du Christ on verra une commanderie de cet ordre s'installer au Brésil qui devrait être atteint vers 1550 au plus tard.
Préhistorique- Messages : 561
Date d'inscription : 03/03/2020
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Re: Construction d'univers : "Pas besoin de plus de sucre"
Préhistorique a écrit:Beaucoup trop tard. OTL les ibériques ont commencé à peupler Madères et les Açores dès le XVème siècle. Les Canaries ont été envahies par les européens dès 1402 (cf. Jean de Béthencourt). Ce sont justement des terres à sucre donc l’intérêt économique ne change pas. Pas de raison que les techniques de navigation changent par rapport à OTL, il faudra toujours atteindre ces îles.DemetriosPoliorcète a écrit:Années 1530 : cherchant à doubler leurs voisins andalous dans leur expansion au sud du Maroc, les portugais s’installent aux Canaries orientales et découvrent Madère. Mais la mauvaise adaptation des embarcations aux conditions de l’Atlantique rend les traversées périlleuses. Les techniques s’améliorent néanmoins. Les Açores sont découvertes en 1538.
Je pense que les portugais exploreront l'Afrique comme OTL car il y a un intérêt économique (esclave, or, ivoire) et si on peut contourner l'Afrique cela permettra de commercer directement avec les Indes (ITTL les européens devraient connaître la côte de l'Afrique orientale au moins jusqu'au nord du Mozambique) sans devoir payer de taxes à l’Égypte. Et s'il existe un équivalent d'Henry le navigateur, maître de l'ordre du Christ on verra une commanderie de cet ordre s'installer au Brésil qui devrait être atteint vers 1550 au plus tard.
Merci pour ton retour.
Le parti pris est ici que les Européens ont mis la main sur le Levant suite aux croisades, puis sur tout le littoral nord-africain au XVe siècle, avec néanmoins un effort continu pour lutter contre les résistances musulmanes dans l'intérieur des terres.
Il n'y a donc pas de Henri le navigateur et les puissances européennes, trop occupées sur le continent, n'investissent pas dans la navigation. Les techniques évoluent avec un certain décalage temporel.
Pour les Canaries, il est vrai qu'elles sont connues depuis le XIVe siècle et qu'elles auraient sans doute été convoitées de toutes façon (j'aurais bien aimé laisser une chance aux Guanches tout de même...)
Pour la question de la circumnavigation de l'Afrique, il est clair qu'elle finira bien par avoir lieu, je m'interroge encore sur sa date et ses circonstances (dès que la circumnavigation devient fréquente, on ne peut plus retarder la découverte des Amériques, étant donné que les courants amènent les navires loin à l'ouest et qu'il suffit de dévier un peu pour arriver au Brésil en effet).
DemetriosPoliorcète- Messages : 1472
Date d'inscription : 05/03/2016
Re: Construction d'univers : "Pas besoin de plus de sucre"
L’affirmation des nouveaux Etats
Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, la problématique religieuse qui avait présidé aux échanges entre Européens et habitant du Nouveau monde cède la place à l’affirmation des Etats locaux, notamment l’Anahuac et la Principauté archiépiscopale de Nouvelle Normandie.
Remis du choc microbien et de la période de vide politique qui avait suivi l’effondrement de l’Empire mexica, les peuples qui forment la Confédération d’Anahuac ont assimilé avec succès les techniques européennes ainsi que l’élevage du bétail (ils deviennent ainsi véritablement des peuples « à steaks »). L’unité est renforcée par des campagnes menées en commun contre les Chichimèques du nord, et par la « croisade » contre les Pilpils, qui sont anéantis et intégrés dans la Confédération, au sud.
Bien que toujours tributaires de l’Ordre du Temple, les cités d’Anahuac n’en prennent pas moins rapidement conscience de la valeur de leurs métaux précieux aux yeux des Européens et négocient chaque année plus durement le montant de leur tribut. Pour que leurs établissement puissent se financer, les Templiers doivent développer le commerce, exportant notamment vers l’Anahuac du sucre (qui sera bien vite produit sur place) et, surtout, du vin. Ces échanges encouragent l’immigration de laïcs venus de toute l’Europe vers l’Île Saint Maurice, où ils se mélangent aux populations christianisées.
Alors que l’Anahuac s’étend vers le nord dans une logique d’impérialisme défensif (il s’agit d’éloigner toujours plus loin la menace chichimèque) et de recherche de nouveaux gisements de métaux précieux, les Templiers établissent des comptoirs sur la côte occidentale, mais voient rapidement apparaître des concurrents avec les premiers établissements japonais
En 1671, un traité est signé avec le Tahuantinsuyu : les ordres du Temple et de l’Hôpital peuvent entretenir chacun un établissement côtier. Les chanoines peuvent prêcher le christianisme dans certaines régions, mais aucun chrétien ne peut franchir les murs de Cuzco.
Plus au nord, les Princes-archevêques de Nouvelle-Normandie poursuivent un double objectif : renforcer leur puissance territoriale tout en affirmant une prééminence spirituelle dans tout le continent. Alors que les villes de Stadaconé et d’Hochelaga sont déjà depuis longtemps directement sous l’influence de Port-aux-Fourrures, celle-ci s’accroît en direction des peuples voisins. Pragmatiques, les princes archevêques ferment les yeux sur les syncrétismes religieux divers. Le contrôle des établissements côtiers européens, jusqu’à l’embouchure du fleuve Manhatte [l’Hudson] au sud, est assuré par la mise en place de garnisons de mercenaires allemands, puis de supplétifs autochtones.
L’expansion de la principauté est néanmoins gênée par la guerre prolongée contre la confédération des Quatre nations hadenosaunee. Une grandes expédition parfois qualifiée de « croisade huronne » permet la conquête du territoire mohawk, mais la résistance se poursuit en amont de la Grande rivière. Un traité est finalement signé et la Confédération obtient le droit de conserver sa religion. Les destructions et déplacements de populations ont néanmoins largement affecté sa structure sociale originale, et a vu l’apparition d’une classe de chefs de guerre.
Les prétentions de la Nouvelle Normandie inquiètent la Papauté, qui s’empresse de créer un siège archiépiscopal pour la Bretagne Outremer, situé à Saint Bernard, niant la revendication d’un pouvoir Néo-normand s’étendant jusqu’à la rivière Delaware. Alors que des combats se déroulent, hors de tout cadres, entre les alliés de Port-aux-Fourrures et ceux de Saint-Bernard. Une « ligue de la côte » réunissant monastères cisterciens, établissements commerciaux européens et peuples christianisés.
Remis du choc microbien et de la période de vide politique qui avait suivi l’effondrement de l’Empire mexica, les peuples qui forment la Confédération d’Anahuac ont assimilé avec succès les techniques européennes ainsi que l’élevage du bétail (ils deviennent ainsi véritablement des peuples « à steaks »). L’unité est renforcée par des campagnes menées en commun contre les Chichimèques du nord, et par la « croisade » contre les Pilpils, qui sont anéantis et intégrés dans la Confédération, au sud.
Bien que toujours tributaires de l’Ordre du Temple, les cités d’Anahuac n’en prennent pas moins rapidement conscience de la valeur de leurs métaux précieux aux yeux des Européens et négocient chaque année plus durement le montant de leur tribut. Pour que leurs établissement puissent se financer, les Templiers doivent développer le commerce, exportant notamment vers l’Anahuac du sucre (qui sera bien vite produit sur place) et, surtout, du vin. Ces échanges encouragent l’immigration de laïcs venus de toute l’Europe vers l’Île Saint Maurice, où ils se mélangent aux populations christianisées.
Alors que l’Anahuac s’étend vers le nord dans une logique d’impérialisme défensif (il s’agit d’éloigner toujours plus loin la menace chichimèque) et de recherche de nouveaux gisements de métaux précieux, les Templiers établissent des comptoirs sur la côte occidentale, mais voient rapidement apparaître des concurrents avec les premiers établissements japonais
En 1671, un traité est signé avec le Tahuantinsuyu : les ordres du Temple et de l’Hôpital peuvent entretenir chacun un établissement côtier. Les chanoines peuvent prêcher le christianisme dans certaines régions, mais aucun chrétien ne peut franchir les murs de Cuzco.
Plus au nord, les Princes-archevêques de Nouvelle-Normandie poursuivent un double objectif : renforcer leur puissance territoriale tout en affirmant une prééminence spirituelle dans tout le continent. Alors que les villes de Stadaconé et d’Hochelaga sont déjà depuis longtemps directement sous l’influence de Port-aux-Fourrures, celle-ci s’accroît en direction des peuples voisins. Pragmatiques, les princes archevêques ferment les yeux sur les syncrétismes religieux divers. Le contrôle des établissements côtiers européens, jusqu’à l’embouchure du fleuve Manhatte [l’Hudson] au sud, est assuré par la mise en place de garnisons de mercenaires allemands, puis de supplétifs autochtones.
L’expansion de la principauté est néanmoins gênée par la guerre prolongée contre la confédération des Quatre nations hadenosaunee. Une grandes expédition parfois qualifiée de « croisade huronne » permet la conquête du territoire mohawk, mais la résistance se poursuit en amont de la Grande rivière. Un traité est finalement signé et la Confédération obtient le droit de conserver sa religion. Les destructions et déplacements de populations ont néanmoins largement affecté sa structure sociale originale, et a vu l’apparition d’une classe de chefs de guerre.
Les prétentions de la Nouvelle Normandie inquiètent la Papauté, qui s’empresse de créer un siège archiépiscopal pour la Bretagne Outremer, situé à Saint Bernard, niant la revendication d’un pouvoir Néo-normand s’étendant jusqu’à la rivière Delaware. Alors que des combats se déroulent, hors de tout cadres, entre les alliés de Port-aux-Fourrures et ceux de Saint-Bernard. Une « ligue de la côte » réunissant monastères cisterciens, établissements commerciaux européens et peuples christianisés.
DemetriosPoliorcète- Messages : 1472
Date d'inscription : 05/03/2016
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Re: Construction d'univers : "Pas besoin de plus de sucre"
Le problème principale de cette Time Line est qu'elle est basé sur un postulat faux: "OTL, Christophe Colomb a découvert l'Amérique" ergo dans une TL où l'histoire est bouleversée, Colomb reste un négrier et ne traverse pas l'Amérique.
Mais, les Européens connaissent l'Amérique depuis (au moins) le haut Moyen-Âge. Les Bretons (les habitants de l'île de Bretagne), puis les Vikings, mais aussi les pêcheurs de morue de Bretagne (la bretagne continentale, cette fois) allaient au Canada.
Il y a plusieurs raisons qui expliquent que la colonisation de l'Amérique soit tardive.
1°) la technologie, pour traverser l'Atlantique (sans passer par la route des gués Islande -> Groënlande -> Terre Neuve) il faut la voile latine et le gouvernail d'étanbot. Technologies qui sont transmis aux Européens par les Arabes grâce à la Reconquista.
2°) Une raison d'aller là-bas... c'est con dit comme ça... mais vous voyez les gens du Moyen-Âge était tout à fait près à faire des voyages de plusieurs milliers de kilomètres, lever des armées et des flottes... pour reconquérir le Saint Sepulcre.
3°) Pendant l'essentiel du Moyen-Âge, la pression démographique est faible, les terres à défricher et à cultiver en Europe ne manquent pas. Il n'y aucune raison de coloniser des terres lointaines.
Là où par contre tu as raison, c'est que le principal déclencheur de la recherche de la "route de l'ouest" a été de contourner les Arabes pour commercer avec les Serres (les Chinois) et les 'îles aux Epices" (l'archipel des Molluques). mais aussi retrouver le légendaire 'Royaume du Prêtre Jean" pays chrétien que certains situent en Afrique (probablement l'Ethiopie effectivement chrétienne) ou en Asie (probablement Quatah KIrai, état du XIIème siècle en Mongolie intérieure dirigée par un khan chrétien. Dans ta TL, ni les Arabes ni les Mongols ne sont plus des ennemis, le commerce doit sans doute fonctionner à plein régime... et donc aucun besoin d'une route de l'ouest.
Mais, les Européens connaissent l'Amérique depuis (au moins) le haut Moyen-Âge. Les Bretons (les habitants de l'île de Bretagne), puis les Vikings, mais aussi les pêcheurs de morue de Bretagne (la bretagne continentale, cette fois) allaient au Canada.
Il y a plusieurs raisons qui expliquent que la colonisation de l'Amérique soit tardive.
1°) la technologie, pour traverser l'Atlantique (sans passer par la route des gués Islande -> Groënlande -> Terre Neuve) il faut la voile latine et le gouvernail d'étanbot. Technologies qui sont transmis aux Européens par les Arabes grâce à la Reconquista.
2°) Une raison d'aller là-bas... c'est con dit comme ça... mais vous voyez les gens du Moyen-Âge était tout à fait près à faire des voyages de plusieurs milliers de kilomètres, lever des armées et des flottes... pour reconquérir le Saint Sepulcre.
3°) Pendant l'essentiel du Moyen-Âge, la pression démographique est faible, les terres à défricher et à cultiver en Europe ne manquent pas. Il n'y aucune raison de coloniser des terres lointaines.
Là où par contre tu as raison, c'est que le principal déclencheur de la recherche de la "route de l'ouest" a été de contourner les Arabes pour commercer avec les Serres (les Chinois) et les 'îles aux Epices" (l'archipel des Molluques). mais aussi retrouver le légendaire 'Royaume du Prêtre Jean" pays chrétien que certains situent en Afrique (probablement l'Ethiopie effectivement chrétienne) ou en Asie (probablement Quatah KIrai, état du XIIème siècle en Mongolie intérieure dirigée par un khan chrétien. Dans ta TL, ni les Arabes ni les Mongols ne sont plus des ennemis, le commerce doit sans doute fonctionner à plein régime... et donc aucun besoin d'une route de l'ouest.
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