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[CTC31] Un drapeau rouge sur Babylone

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Message par DemetriosPoliorcète Ven 3 Mar - 9:33

Un drapeau rouge sur Babylone



Le 8 février 1963 au soir, une trentaine d’hommes sont fusillés dans la cour d’une caserne de Bagdad. Parmi eux,  Abdel Salam ‘Aref, vieux rival du président Qasem, mais aussi le général Ahmed Hassan al-Bakr, organisateur du coup d’Etat manqué, et Saddam Hussein, éxécuteur des basses œuvres du Parti Baas qui avait tenté de tuer Qasim cinq ans plus tôt.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le pouvoir de Qasem est en réalité fragilisé par ce coup d’Etat : ayant manqué de peu d’être renversé, il n’a dû son salut qu’à la mobilisation des activistes du parti communiste qui ont livré de violents combats de rue face aux militants du Baas, et à ses sympathisants au sein des forces armées, qui ont œuvré à saboter l’action de ‘Aref et d’al-Bakr.


Au cours des mois qui suivent, la montée en puissance du PCI est sensible à travers la nomination du chef du parti, Hussein al-Radi, à l’agriculture et à aux affaires sociales, et à celle d’autres communistes à des postes clés, notamment au ministère du pétrole. Le Parti pourra ainsi s’attribuer la paternité de toutes les réalisations postérieures de la République Irakienne. Après la sanglante purge du Baas, les communistes veillent aussi à tuer dans l’œuf une autre concurrence qui lui dispute sa base sociale : le parti chiite al-Daawa, qui est interdit et dont le leader Moqtada al-Sadr est contraint à l’exil. Le Parti, dont la propagande est systématiquement associée à celle de l’Etat, connaît alors une croissance spectaculaire, particulièrement notable parmi les classes populaire chiites. De 15 000 en 1963, ses membres atteignent le nombre de 100 000 dix ans plus tard. Autre signe du changement de rapport de force, l’autonomie du Kurdistan, prévue par la constitution de 1958 et objet de tension entre Qasim et ses alliés communistes (beaucoup de communistes irakiens sont issus de la minorité kurde), est enfin mise en pratique.
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Hussein al-Radi, Secrétaire Général du PCI

Dès 1965, le pétrole est nationalisé, offrant au régime d’importants revenus en plus d’une grande popularité dans le monde arabe, alors même que l’étoile de Nasser pâlit avec l’enlisement au Yémen puis la défaite lors de la guerre des six jours. Devant le noyautage de l’Etat toujours plus important par les militants marxistes, un coup d’Etat nationaliste soutenu par la CIA tente  de renverser la République Irakienne en 1968, mais échoue et renforce au contraire le pouvoir du PCI. La mort de Qasem, déjà malade et affaibli depuis plusieurs années, assassiné par les putschistes, supprime la dernière force qui s’opposait à un alignement total sur le bloc de l’Est. Des centaines de conseillers soviétiques arrivent dans le pays, qualifié par Brejnev de « Cuba du Moyen Orient », et l’argent du pétrole sert à lancer une politique de développement à marche forcé, centré sur les industries lourdes. En 1970, la Constitution est modifiée et le pays rebaptisé République Socialiste Irakienne. Les communistes ne briguent ni la présidence de la République ni la direction officielle du gouvernement, mais sont dans les faits la force dominante du Front National Progressiste, coalition unique qui dirige le pays.

Mais c’est en 1972 que le régime va connaître son plus grand succès : malgré la présence de troupes de la Ligue Arabe sur le territoire koweïtien, l’Emir est éliminé au cours d’un simulacre de révolution ; les rebelles appellent à l’aide le voisin irakien qui dépêche des parachutistes dans le pays. Les combats entre les forces irakiennes et celles de la Ligue manquent d’entraîner un conflit généralisé dans la région, mais la popularité de l’Irak parmi les opinions arabes aussi bien que parmi les intellectuels occidentaux conduisent finalement la plupart des pays de la région à accepter de fait  l’annexion du Koweït à l’Irak. Ils s’en mordent les doigts l’année suivante : la crise pétrolière multiplie les revenus pétroliers de Bagdad qui peut alors dépenser des fortunes dans l’armement, mais aussi dans la mise en valeur de son patrimoine, avec la construction du plus grand musée historique du monde inauguré en 1977.
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Drapeau de la République Irakienne

L’Irak devient, au cours de la décennie suivante, la principale force géopolitique du Moyen-Orient. Si le soutien financier au Parti communiste Toudeh iranien n’empêche pas la prise de contrôle des religieux chiites sur la révolution de 1979, qui inquiète énormément Bagdad, il joue un rôle non négligeable dans la chute de Khomeini en 1983 et dans la démocratisation de l’Iran. Le régime communiste de Kaboul reçoit lui aussi un fort soutien financier irakien.
La chute de l’URSS en 1991 porte néanmoins un coup au régime et agit comme un révélateur de problème déjà bien présents : malgré le haut niveau de vie, le système d’économie planifiée a clairement atteint ses limites et s’est essoufflé, provoquant le développement du chômage urbain. Dans le même temps, la population arabe sunnite a connu un réveil religieux et conteste la prééminence des chiites dans la majorité gouvernementale. Plus globalement, le gouvernement non-officiel des communistes est critiqué par une opinion libérale qui a le soutien des Occidentaux.

Al-Radi est contraint de quitter le Secrétariat du Parti et de laisser la place à une nouvelle génération de dirigeants moins marqués par la doctrine marxiste et davantage nationalistes. La solution à la crise politique est finalement trouvée : fusionner l’ensemble des partis du Front National Progressiste en une unique formation, le Parti National progressiste. Débarrassés de l’étiquette communiste, les cadres peuvent enfin viser la direction officielle du pays, chose faite dès 1993 où les premières élections libres (mais néanmoins marqués par le clientélisme et de nombreux cas de fraude) assure la majorité absolue au parti. Une série d’attentats de djihadistes revenus d’Afghanistan, faisant l’unanimité contre eux, avait également permis de souder la population. Ils convainquent également Bagdad d’augmenter son soutien financier et matériel au régime de Nadjibollah, prenant le relais de la Russie et lui permettant de tenir.

Economiquement, une timide libéralisation voit le jour, mais les nouveaux dirigeants préfèrent rapidement le modèle chinois « socialiste de marché », dont l’influence marque durablement l’économie du pays.

Le Parti National Progressiste reste aujourd’hui la principale force politique irakienne et gouverne sans discontinuer depuis sa création.


Dernière édition par DemetriosPoliorcète le Sam 25 Mar - 10:42, édité 2 fois
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Message par Préhistorique Ven 3 Mar - 22:39

Bon texte

le leader Moqtada al-Sadr est contraint à l’exil
Je pense qu'il y a une erreur car il est né en 1974, ça doit plutôt être son père Mohammad Sadeq al-Sadr.
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Message par DemetriosPoliorcète Lun 6 Mar - 13:50

Préhistorique a écrit:Bon texte

le leader Moqtada al-Sadr est contraint à l’exil
Je pense qu'il y a une erreur car il est né en 1974, ça doit plutôt être son père Mohammad Sadeq al-Sadr.

Merci.

Oui en effet, j'ai confondu les deux.
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Message par Collectionneur Lun 13 Mar - 3:20

Un Irak qui échappe à trois guerres et ''stabilise'' l'Iran et l'Afghanistan ? Vraiment optimiste pour une fois Smile

Un S oublié :

Ils convainquent également Bagdad d’augmenter son soutien financier et matériel au régime de Nadjibollah, prenant le relai(S) de la Russie et lui permettant de tenir.
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