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[CTC12] Les voies de la dissidence

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Message par LFC/Emile Ollivier Sam 24 Avr - 16:09

Les voies de la dissidence : La fin de la IIIème république

« Si vous demandez l’armistice, je fous le camp avec la flotte! »
François Darlan, au président du conseil Camille Chautemps, 16 juin 1940.

Bordeaux, 16 juin 1940.

Le président du conseil de la république française, Paul Reynaud, vient de remettre sa démission au président de la république, Albert Lebrun.

En dépit du soutien de  MM. Herriot et Jeanneney, respectivement président de la chambre des députés et du sénat, Reynaud cède et demande à ce que Camille Chautemps, auteur la veille d’une proposition visant à demander au Reich les conditions d’un armistice, prenne sa succession. Ce dernier, suite à la mort du maréchal Pétain le 10 juin au soir, tandis qu’il quittait Paris pour la Touraine, était devenu le meneur du camp opposé à un départ pour l’Afrique nord, qualifié d’ailleurs de Flanchards par rien moins que le général de Gaulle !

De Gaulle, eut d’ailleurs ces mots, dans le premier tome de ses mémoires de guerre, pour qualifier la subite explosion du pneu avant droit du véhicule à bord duquel avait pris place le vainqueur de Verdun. « Je sentis, au fond de mon âme, que le mystérieux incident de voiture qui avait frappé le maréchal Pétain émanait d’une Force désireuse de sauver la France. Je l’ai considéré de suite comme une sorte d'appel du destin. D’ailleurs les évènements qui suivirent le prouvèrent. ».

Certes, Darlan ne partageait pas la mystique gaullienne. Mais il n’avait, comme le Général, que bien peu d’estime pour le nouveau dirigeant français, s’opposant avec virulence à toute demande d’armistice, alors que là était justement la base du programme de Camille Chautemps.

Joignant instamment l’acte à la parole, il joint aux ordres de repli vers les ports de l’Empire donné à la flotte française, et qui datent d’avant la démission de Reynaud, celui de transporter vers l’Afrique des stocks de munitions pour ses navires, car les réserves nord-africaines ne permettront pas de tenir suffisamment longtemps, alors que l’idée n’est donc pas juste de mettre la flotte à l’abri de l’appétit des Allemands, mais bien qu’elle continue la guerre aux côtés des Anglais.

Darlan, dans son projet de sédition, sait qu’il peut compter sur la flotte, dont il a d’ailleurs fait sa « chose »  Malheureusement, cela implique l’abandon dans une large mesure de l’embarquement des hommes. Cela, ses futurs détracteurs le lui reprocheront amèrement. Mais l’Amiral a dû parer au plus pressé tandis que les militaires, largement engagés contre les Germano-italiens, auraient eu du mal à se désengager pour embarquement sans que cela ne mette les vaisseaux de Darlan en danger. De plus, la troupe reste aux ordres de Weygand, qui ne partage absolument pas les projets du commandant de la marine française.

Darlan abandonne ainsi les terriens. Sa décision s’explique cependant par le fait que les bases principales d’Afrique du nord, Bizerte et Mers-El-Kébir, ne sont pas vraiment en mesure d’accueillir sur le long terme les grosses unités de la Royale. À cela s’ajoute que l'industrie quasi-inexistante de l'Afrique française mettra du temps à fournir les munitions nécessaires à la flotte pour lui permettre continuer le combat. Certes, François Darlan se doute qu’il pourra à terme compter sur l'appui américain pour pallier à cette défaillance (tout comme pour l'équipement de l'Armée de terre), mais l'industrie US mettra elle aussi un certain moment avant de pouvoir soutenir efficacement la Marine nationale, même si la montée en puissance américaine sera bien plus rapide que l’industrialisation partant du quasi-néant de l’Empire tandis que l’amiral de France (c’est bien son titre officiel) sait qu’il ne pourra compter sur l'aide britannique pour armer ses bâtiments, les types de munitions étant incompatibles entre les deux flottes.


Malgré les attaques virulentes envers sa personne, provenant du propre commandant en chef de l’armée française, le généralissime et désormais ministre de la guerre de Chautemps, Maxime Weygand, et les injonctions à l’obéissance envers le gouvernement de ce dernier (quelle ironie...), l’Amiral prend sa décision. Le 18 juin 1940, et depuis la radio du contre-torpilleur Milan, ancré au large de Bordeaux, l’amiral François Darlan annonce son intention. Celle de continuer la lutte à la tête de la flotte française, invaincue.


Cet appel redonne de l’espoir aux Français qui le captent. L’intégrité des élites n’a pas baissé les bras ! Mieux, le lendemain, 19 juin, de nombreux journaux en France non encore occupée achèveront de transmettre l’information à ceux qui n’avaient pas entendus l’Appel.

Le général Charles Noguès, commandant en chef du théâtre nord-africain, partisan de la continuation de la lutte depuis l’Empire sait désormais à qui adresser ses demandes de renforts. Non pas aux nullités désormais à la tête du gouvernement légal, mais bien à l’autorité qu’incarne l’Amiral tandis que la presse de l’Empire français, à commencer par celle de l’Algérie, voit en Darlan le sauveur de la « Patrie en danger » !

Et Noguès n’est pas seul. Il est suivi en cela par l’intégralité des dirigeants des colonies, tout à la fois patriotes, peut être moins conscients de l’ampleur du désastre métropolitain et donc moins en état de choc que les chefs présents à Bordeaux et, ne l’oublions pas, inquiets pour les intérêts coloniaux de la France qu’ils estiment menacés par la faiblesse du gouvernement, comme l’avouera notamment plus tard Noguès. Ainsi, pas un territoire de l’Empire refusera son soutien à la cause de la résistance. La Corse elle-même annonce son ralliement, le général Amédée Jean Mollard étant soutenu dans son action sincère par une population enthousiaste. La détermination de Darlan démontre à Noguès que le seul choix possible pour la France et son Empire est de continuer la lutte, d’autant qu’il sait désormais qu’il pourra compter sur la flotte pour défendre l’Empire.

François Darlan, cependant, craignant pour sa sécurité personnelle, part dès le lendemain, 19 juin, pour l’Afrique à bord du Milan, en prenant soin d’embarquer à ses côtés, les derniers tenants de la résistance du gouvernement Reynaud. À savoir, Charles de Gaulle, Georges Mandel et Louis Marin. Il était grand temps ! Laval, vice-président du conseil du cabinet de la déroute, palliant malheureusement à la défaillance et à la mollesse du reste de ce dernier, dépassé qu’il est par les évènements, avait ordonné l’arrestation des « dissidents » potentiels. Si Jean Zay et Pierre Mendès-France figurent parmi les premières victimes de la répression, Darlan, Marin, de Gaulle et Mandel avaient aussi chacun un mandat d’arrêt pour sédition à leur encontre !


Loin du panier de crabes qu’est devenu Bordeaux, les quatre sont à l’inverse accueillis avec enthousiasme par la foule algéroise et le général Noguès mais l’heure n’est pas du tout au repos. En effet, si l’idée de continuer la lutte l’a emporté, il faut désormais s’organiser politiquement ! Noguès, Darlan, Mandel, Marin et de Gaulle, conviennent de la constitution du « Conseil de défense de l’Empire » qui sera composé, en plus de ces cinq hommes, des principaux dirigeants des colonies et autres protectorats constituants l’Empire français ainsi que des officiers supérieurs des théâtres d’opérations ultramarins. À savoir, Georges Le Beau, gouverneur général de l'Algérie, Marcel Peyrouton, résident général en Tunisie, Paul Legentilhomme, gouverneur de la Côte française des Somalis, Eugène Mittelhauser, commandant en chef du théâtre d'opérations de Méditerranée orientale, Edgard de Larminat, commandant des forces françaises au Levant, Pierre Boisson, gouverneur général de l’Afrique occidentale française, Léon Cayla, gouverneur général de l’Afrique équatoriale française, Marcel de Coppet, gouverneur général de Madagascar et Georges Catroux, gouverneur général de l’Indochine française.

À sa tête sont tout naturellement placés en tant que coprésidents, François Darlan et Charles Noguès. Ils seront bientôt surnommés les Dyarques.…

Le conseil s’arrogent les pouvoirs militaires dans l’ensemble des colonies, mais pas les pouvoirs civils (législatifs et exécutifs), car ne rejetant pas l’autorité de Bordeaux formellement. L’objectif dans l’adresse au peuple de l’Empire du 23 juin 1940, véritable acte constitutif du conseil de défense de l’Empire, l’objectif affiché est seulement la défense de l’Empire et la continuation de la guerre au nom de la république française. Bref, le projet, l’intention, est seulement militaire.

Pour le moment...

Un malheur n’arrive jamais seul pour les homme de Bordeaux. L’Empire, un de leurs principaux si ce n’est leur principal gage face aux Nazis, a quasiment fait sécession et Hitler, de son côté, a répondu à la demande d’armistice du gouvernement Chautemps non par des mots mais en faisant bombarder la « capitale de la défaite » ! Le Führer excédé par l’action de l’amiral Darlan, la juge en effet, à tort, organisé depuis Bordeaux…

Pris de panique par la réaction brutale des Nazis, la seule réaction de Camille Chautemps est d’organiser, à son tour, le repli de son propre gouvernement vers Alger le 25 juin à bord des derniers avions d’Air France.

Mal lui en prend…

À peine arrivés à Alger le 26 juin, les membres du cabinet sont mis aux arrêts et placés en résidence surveillée, sur ordre du conseil de défense de l’Empire, pour « intelligence avec l’ennemi » ! Désormais, la rupture est désormais nette avec la IIIème république car dès le lendemain 27 juin, le conseil s’arrogent le pouvoir civil dans l’Empire ainsi qu’en Corse mais néanmoins on date le plus souvent la chute de la IIIème république à la date de l’arrestation des membres du cabinet républicain par les dirigeants du conseil de défense de l’Empire le 26 juin 1940.

Mais l’intégralité du cabinet des lâches n’a pas pris la poudre d’escampette...

En effet, Pierre Laval, vice-président du conseil, a décidé de rester en Métropole. À peine apprend-t-il l’arrestation des membres du gouvernement s’étant repliés qu’il s’arroge la présidence du conseil pour lui-même ! Pire, en parfaite intelligence avec Weygand, il ordonne un cessez-le-feu unilatéral avec l’ennemi, alors que l’armée française continuait pourtant sa courageuse résistance, à l’instar des « Cadets de Saumur » du colonel Charles Michon que le commandant en chef des ennemis leur faisant face, le général allemand Kurt Feldt, impressionné par leur combativité, fera libérer sur parole, après désarmement. En dépit de l’absence d’ordres du haut-commandement depuis quelques jours, dans un chaos minutieusement instauré par leur propre commandant en chef (!), l’armée française, dans une large mesure, continuait à lutter, envers et contre tout...

Mais Laval ne se contentera pas d’abattre la malheureuse armée française car bientôt, c’est la République (mais peut-on encore parler de République après l’arrestation du cabinet Chautemps et alors que la Métropole est déjà en grande partie occupée par l’ennemi?) ou plutôt ce qu’il en reste qu’il mettra à genoux…

À Londres, Churchill, qui était terrifié à l'idée que la France ne conclue un armistice, reprend du poil de la bête. « Voilà des hommes bien dignes de Clemenceau » pense-t-il en parlant des membres du Conseil de défense de l’Empire. D’ailleurs, le 24 juin 1940, soit avant même la déroute finale du gouvernement Chautemps le 26 juin, le premier ministre britannique avait reconnu le « conseil de défense de l’Empire » comme seul représentant légal du peuple français. Churchill était en effet déjà conscient qu’il était à la fois de la médiocrité des hommes de Bordeaux, de leur désir d’un armistice et au contraire, de la combativité des dirigeants ayant choisis les voies de la dissidence et avait coupé les ponts avec Chautemps, en dépit de objections de certains membres de son propre gouvernement. Ainsi, Churchill s’était fait encore plus zélé que les dirigeants de la France en exil, qui n’avaient pas de suite rejeté l’autorité de la IIIème République en se contentant de prendre le pouvoir dans le domaine de la guerre.

La France, ou plutôt la France combattante, comme elle commence rapidement à s’appeler dans ses décrets officiels et comme aussi, la surnomme la presse de l’Empire et la presse internationale (Les Britanniques et les Américains l’appellent d’ailleurs « Fighting France »), continuera la guerre au sein de la Grande Alliance.

Darlan a certes maintenu à flot la France, en lui permettant de continuer la lutte aux côtés de ses alliés, sa marine participant d’ailleurs dans les semaines qui suivent à la destruction à quai de la flotte italienne stationnée à Tarente aux côtés de la Royal Navy. Cependant, cet homme issu du Radicalisme, de la gauche, optera, par pure ambition et car il considérait le moment comme opportun, pour un virage conservateur et autoritaire, notamment en évinçant politiquement Noguès en le réduisant à un simple rôle militaire comme chef de l’armée française, sans que les principaux dirigeants de l’Empire, membres du conseil de défense de l’Empire ou bien leurs subordonnés directs, ne s’y opposent.

Darlan établit ainsi un « État césarien » à la tête de la France en exil, en s’appuyant sur les colons et le conseil de l’Empire élu à l’été 1941 et véritable « parlement croupion » à sa solde. Cette chambre « d’enregistrement » se contentant de valider les décisions de l’Amiral, leur donnant ainsi un vernis de démocratie tandis qu’il nomme des hommes liges à son service au sein du « comité national français », le « gouvernement » de la France en exil, qui a remplacé le conseil de défense de l’Empire, et dont il prend la tête.

Mais les « derniers républicains », ceux-là mêmes que Darlan avait sauvé des griffes de Laval, de Gaulle et Mandel, prirent la tête de l’opposition à l’Amiral. La guerre ayant pris une nouvelle tournure, le poids des deux hommes s’amplifia avec notamment le fait que le maintien d’un « dictateur » à la tête de la France combattante faisait de plus en plus tâche dans le camp allié (même si Roosevelt, bien plus que Churchill, s’en serait bien contenté, mais l’Américain avait une opinion publique lui… et elle est favorable à Mandel et de Gaulle !) et que la résistance intérieure française, avait bien du mal à travailler avec le « Dey d’Alger » comme on le surnommait très méchamment au sein de l’armée des ombres. Du moins dans ses courants démocrates…

Mais c’est une autre histoire.



Chers lecteurs, vous venez de lire tout simplement ce qui aurait pu être le point de divergence de LFC. Peut-être cela aurait été audacieux de se démarquer encore plus de la FTL en créant cette "super France libre" pas forcément très démocratique. Après j'ai certainement été un peu frileux de donner un rôle positif à quelqu'un qui a si mal tourné IRL. J'espère que néanmoins que vous avez apprécié cette lecture. Smile
LFC/Emile Ollivier
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