Wunderwaffen en action (dossier spécial du magazine TNT numéro 92 d'août à septembre 2022)

Bonjour à tous et toutes, aujourd'hui je vais commenter (dans les très grandes lignes) le dossier spécial de cette revue, rédigé par Laurent Tirone (Les fiascos militaires de la seconde guerre mondiale, les armes secrètes du IIIe Reich).

Les Prémices de l'uchronie.
Tout d'abord l'auteur estime que l'année de la "dernière chance" pour les Wunderwaffen est début 1944, ce qui me semble personnellement un peu osé, à cette stade des opérations, l'Allemagne à déjà perdu aussi bien à l'est (perte de l'Ukraine orientale, menaces sur la Roumanie et le Danube) qu'à l'ouest (la mise à mort de la Luftwaffe et la fin de la bataille de l'Atlantique), mais l'auteur veut imaginer ces wunderwaffen dans le cadre défensif et non offensif.
-Une structure politique et industriel au sein du IIIéme Reich différente qu'OTL permettant une concentration de moyens et de recherches sur certaines armes et véhicules (c'est probablement le principal point de divergence ici, l'auteur reconnaissant que celui-ci est un gros Alien Space Bat) dès 1941.
-Des choix de développements raisonnables et concrets à l'hiver 1941-2: exit donc les Mistel et autres Silbervogel.

Conséquences:
-La recherche sur les missiles anti-chars, notamment le "Panzerabwehrraketen" X-7 à version infrarouge (Steinbock: Capricorne) n'est pas stoppé 1941 (OTL)
-L'évolution du Panzer V Panther et du programme Entwicklungstypen (lancé dès mai 1942) permettant une sortie à l'été 1944 des premiers MBT de type E-50, à partir de juillet 44, l'auteur imagine donc que les Panzer-Divisionen pourrait être équipé du couple Panther Ausf/F (canon de 88mm)E-50, largement supérieur au T-34 et M4 Sherman.
-Le développement du Panzer VII Maus comme char lourd à la suite de l'annulation de l'E-75/E-100, L'auteur précise bien que le Maus n'aurait de valeur que sous la forme d'un 'briseur" d'offensive soviétique, couvert en quiconque par un autre Maus et des chars moyens (l'auteur estime que la capacité de tir du 128mm du Maus à 3,5km permet à deux de ces chars de tenir un front de 8km, soit la longueur de front tenu par une division d'infanterie) et destiné à casser/freiner l'avance soviétique.
-Développement massif des Rheintochter (12 000m de plafond pour 1080km/h) et des Enzian (assez proche du Me-163) à moins que ne soit privilégié le programme Wasserfall (5000 missiles pour 300 batteries à travers tous le pays, taux d'échec assez important et complexe à mettre en oeuvre).
-Le Coelian sur base de Panther comme flakpanzer (voir OTL le Gepard ouest-allemand).
-La luftwaffe abandonne le He-177 au profit d'une production en masse de l'Arado 234 et d'une à plus petite échelle du Ta-183 et du Me-262 HG III (disponible dès la mi-1944)
-La Kriegsmarine met le paquet sur les Schnellboot et le sous marin Typ XXI.
-Exit le V1 pour passer directement au V2.

La Chronologie:

*Hiver 1941-2: Basculement du IIIe Reich dans une économie de guerre et rationalisation du programme d'armement (POD Majeur)
*1943: Idem que OTL, défaites allemandes en Tunisie, à Stalingrad et à Koursk, l'initiative stratégique est perdu.
-3 Février 1944: début de la "Big Week", la campagne de bombardement stratégique à l'ouest en préparation de la campagne en France, première introduction à petite échelle des Me-262 et des Ta-183 couplé à l'usage massif des premiers missiles anti-aériens, la campagne aérienne des alliés, malgré de très lourdes perdes (40% des effectifs ATL contre 20% dans notre chronologie) reste un succès, quoique maintenant contesté par la luftwaffe.
-Juin 1944: un débarquement très limitée du fait de la reprise de la bataille de l'atlantique et des raids d'Arado 234, enlisement des alliés dans les bocages normands qui n'en sorte que difficilement à la fin de l'été (du fait des débarquements en Provence)
Les soviétiques lors de L'opération Bagration percent mais se heurtent aux noyaux défensifs constitués par les couples Panther F et E50 et les Festung, la progression (raid en profondeur) des chars soviétiques est rendu difficile du fait la dotation en masse de missiles X-7 au sein des unités d'infanterie. la tête de pont soviétique de la Vistule est détruite en août 1944 par une contre-offensive allemande.
Les soviétiques sont aux portes de la Prusse-Orientale mais incapable d'exploiter plus loin avant la fin février 45.
-Hiver 1944-1945: succès relatif de l'opération Bondenplatte et de la poussé des Ardennes, les deux camps sont épuisés et contraints à une pause stratégique.
1945: quels options pour les alliés? une crainte grandissante que la rationalisation de l'industrie et de l'armement du IIIe Reich n'ait pu déboucher sur un programme atomique allemand plus avancé qu'OTL, à l'est une perte d'effectif majeur pour l'armée rouge.
La victoire du IIIe Reich reste cependant impossible.


Mon commentaire
L'auteur met le doigt sur des points importants, rarement évoqués, sur les wunderwaffen, en montrant bien que les armements les plus importants et les plus décisifs sont rarement les plus sophistiqués (honnêtement je suis très satisfait de voir que l'auteur à accordé une place très importante aux missiles anti-chars et aux Flakpanzers, qui vont vraiment préfiguré le matériel militaire de la guerre froide) mais sitôt passer à sa chronologie, j'ai été déçu (à tel point que j'envisage d'un refaire une) l'auteur semble hésiter sur le rôle et le poids qu'aurait joué les wunderwaffen dans l'année 44 sans parler de la contre riposte technologique allié (à peine évoquée sous la forme d'une phrase évoquant la mise en service du M26 Pershing/T-54 au mieux pas avant 45) ici inexistante.

Vis-à-vis de ce point : (l'auteur estime que la capacité de tir du 128mm du Maus à 3,5km permet à deux de ces chars de tenir un front de 8km, soit la longueur de front tenu par une division d'infanterie)
L'auteur oublie que de 2 Maus ça ne fait que 2 canons dont le rechargement est long pour "tenir" un front. Qu'en plus, il faut faire mouche avec "AP", car sans coup au but, les "AP" ne font pas de dégâts. Le Maus aurait été massif et lent, donc une cible de choix pour l'artillerie et l'aviation. Qu'il aurait très probablement eu les mêmes problèmes de fiabilité que les Tiger et Königstiger.
Le E-50 est déjà plus plausible, mais l'est moins que le Panther Ausf .F.

Efin, comme tu le soulignes, les alliés ne sont pas en reste sur le plan technologique. (Je l'évoquais ici dans ma recension du numéro 100 du magazine "Ligne de Front")
Sans compter l'avantage du nombre (population mobilisable et production), ainsi que ce lui de pouvoir attaquer sur de multiples fronts.

Sans oublier que la Roumanie reste une cible pour les soviétiques et que les allemands dans ce scénario ont encore moins de possibilité de disperser leurs forces, sans compter que le bon matériel risquerait surtout de privilégier à des unités (pseudo) "d'élite" telles que les corps panzer SS au détriment des régiments d'active "classiques".