Grèce-Turquie

Avec le désastre qui a ravagé la frontière turquo-syrienne, l'incompétence de l'administration turque qui a laissé des construire des logements s'écroulant comment des châteaux de cartes avec des lois d'amnistie automatique est de nouveau sur le devant de la scène.

Plusieurs équipes de sauveteurs étrangères dont les Israéliens ont étaient menacés.

Spoiler : il va rien se passer.
Erdogan va décaler les élections en 2025, les contrats pour reconstruire seront frauduleux, et ça sera pas du tout anti sismique.
La presse comme internet continuera d'être baillonée.
Les éventuels concurrents à la présidentielles ne pourront pas se présenté, notamment le maire CHP d'Istanbul Ekrem İmamoğlu. Au pire, y'aura des fraudes comme d'hab.

Bon, demain élections en Turquie :

Les enjeux selon moi : si Erdogan perd, va-t-il accepter le verdict des urnes ou va-t-il le refuser, éventuellement en truquant les résultats ? Et s'il le refuse, que sera la réaction de l'opposition, de l'armée et de la société civile en général ?

Du statu quo à la guerre civile, tout me paraît possible...

Selon toute vraisemblance, Erdo l'emportera au 2ème tour et le Parlement devrait lui conserver une majorité...

"Etrangement", il fait un bon résultat dans les zones du tremblement de terre...

Le pays va pouvoir continuer à s'enfoncer dans la crise économique ...

A noter que sur la chaîne publique TRT, il a eu droit à 48 heures d'antennes pour les élections, alors que son principal adversaire a eu droit à 32 minutes...

Possible aussi que le choix d'un candidat alévi kurde de la part de l'opposition n'a pas été un bon choix...

Même si je ne suis pas nécessairement un grand fan du journal Le Monde, j'ai trouvé ces informations intéressantes :

https://www.lemonde.fr/international/live/2023/05/15/elections-en-turquie-en-direct-quelles-perspectives-apres-le-premier-tour-de-l-election-presidentielle-posez-vos-questions_6173333_3210.html

Il est très intéressant de noter que la grande majorité de la diaspora turque en Europe a voté massivement pour Erdogan: les chiffres sont éloquents, j'ai vu des chiffres (à confirmer cependant) évoquant des 70,80 pour cent des suffrages pour "Erdo" en Allemagne et en Autriche.

Je ne suis pas étonné, mais je doute que cela change quoi que ce soit :

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/l-opposition-turque-conteste-des-milliers-de-bulletins-de-vote/ar-AA1biSCB?ocid=hpmsn&cvid=1a9c02cb680347b9962bea4304e2cbd1&ei=17

@Ezaski a eu raison hélas. J'ai d'énormes doutes sur le doute qu'Ergodan quitte le pouvoir.

Il y a aussi la crise économique, une grande partie de la population se retrouve obligé de vivre avec les aides d'état.
Et aussi, ce que je n'avais pas noté, c'est le conservatisme d'une majorité de la population qu'il faut noter, on est trop biaisé par notre vision venu d'Europe.

Après, si je veux jouer au cynique, si Erdogan veut jouer au pharaon de l'Exode, c'est son droit.
Et puis, cela me fait penser à la notion de légimité sur laquelle j'ai une opinion et une théorie personnelle : pour moi, la légitimité politique n'est jamais acquise, toujours en (dé)construction au travers des actions, des discours, du contexte. Erdogan a construit sa légitimité, qu'on soit d'accord ou non avec ses approches politiques. Tant qu'il pourra retomber sur ses pieds, il pourra préserver en partie sa légitimité.
Je tiens cependant à noter une relative érosion (passagère ou non est un autre débat) si on considère l'évolution des résultats d'élections : en 2014, il a été élu à plus de 51% des votes (pour 74% des inscrits qui ont voté), en 2018, c'était plus de 52% (pour 86% des inscrits) et pour ce premier tour, "que" 49% et des poussières (pour un ratio équivalent d'inscrits qui ont voté comparé à 2018). Son atout reste le fait qu'en dépit des difficultés croissantes, il peut encore s'appuyer sur le bilan de presque dix ans de présidence et sur les caractéristiques de son adversaire (sans compter bien sûr l'arme médiatique, notamment dans le temps de visibilité médiatique).
Néanmoins, il semblerait qu'un fossé générationnel se développe en Turquie entre la frange conservatrice et une frange désireuse d'alternative. Un fossé qui peut susciter des tensions, encore plus dans le contexte socio-économique actuel...

Bon, pas de surprise. Erdo again...

Et Erdo prépare déjà les prochaines élections...

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/six-cha%C3%AEnes-d-opposition-turques-vis%C3%A9es-par-une-enqu%C3%AAte-apr%C3%A8s-l-%C3%A9lection-pr%C3%A9sidentielle/ar-AA1bUf2d?ocid=hpmsn&cvid=459ba00c0963416da2ec510578093365&ei=40

Sur que de faire juste 52 % avec la propagande d'état massive, c'est que les médias d'opposition on encore de l'influence...

Collectionneur a écrit:Sur que de faire juste 52 % avec la propagande d'état massive, c'est que les médias d'opposition en encore de l'influence...

En effet. Il y a de surcroît une usure qui semble se dessiner et vu le contexte actuel, ce n'est pas près de s'arranger. Surtout si Erdogan continue de souffler sur les braises pour maintenir son pouvoir et développer son projet.

Au moins, pour tout le mal qu'on peut dire de Poutine, il était bien plus fin pour construire sa légitimité politique en tant que dirigeant de la Russie et a su tirer profit d'un contexte spécifique (la période post-URSS et le mandat d'Eltsine) pour construire son image et sa légitimité quand il est devenu président (sans compter le fait que sur le plan culturel et politique, la Russie n'a guère connu de nuances, rendant toute perspective alternative difficile à percevoir, ou ignorées car associées aux déboires des années 1990). Erdogan avait construit sa légitimité dans un contexte qui prête moins le flanc à ce genre d'évolutions (même si la mondialisation néolibérale est un excellent moteur pour les populismes de tout bord), étant donné que la Turquie a eu une histoire "moins tumultueuse" depuis l'établissement de la République que ne l'a été pour la Russie, notamment du fait de relations plus apaisées avec le reste du monde. La force initiale d'Erdogan a été la prospérité économique de son pays et le rôle qu'il a joué dans les affaires locales (notamment Syrie) et de jouer sur les tergiversations et divisions européennes, sans compter le "coup d'état" manqué de 2016 qui lui a été très bénéfique (si on compare ses trois élections, 39% des électeurs (51% des votants) l'ont soutenu en 2014, près de 45% en 2018 (52%), c'est-à-dire dans le contexte post-tentative de coup d'état et 42% pour le premier tour de l'élection de cette année (49%)). Mais le pilier central de sa légitimité, l'économie, est en train de partir en vrille, ce qui fait qu'à l'instar de tout dirigeant conservateur devant préserver sa position, il se tourne vers les classiques du genre: la sécurité, la promotion de la culture traditionnelle...

L'inconvénient de jouer sur les divisions est de voir le potentiel héritage que tu souhaites construire partir en cendres à partir du moment où tu n'es plus sur l'échiquier. C'est encore plus problématique pour le cas d'Erdogan car cette fracture est à la fois sociologique (population urbaine vs population rurale) et générationnelle, même si bien sûr les lignes ne sont pas tranchées de façon binaire.

En gros, dans le cadre actuel (même si l'imprévisible est toujours de mise, notamment sur le plan économique, social, géopolitique et commercial), il y a plus de chances de voir la Turquie se fragiliser davantage sur le plan intérieur et social et d'offrir un ferment dangereux pour l'avenir, non seulement pour le pays mais aussi pour ses voisins, étant donné le rôle de puissance régionale que joue la Turquie au Proche et Moyen-Orient.

A noté que la banque centrale Turc à quasiment épuisé ces réserves de liquidité de devise étrangère, la lira turque pourrait réellement se casser la gueule, on ne serait pas loin d'un scénario à l'Argentine

ezaski a écrit:A noté que la banque centrale Turc à quasiment épuisé ces réserves de liquidité de devise étrangère, la lira turque pourrait réellement se casser la gueule, on ne serait pas loin d'un scénario à l'Argentine

Ce serait plutôt ironique de voir que le dirigeant qui cherche à ressusciter l'héritage ottoman, contribue à refaire de son pays "l'homme malade de l'Europe" (même si techniquement, ce n'est plus l'Europe) ou plutôt "l'homme malade de l'OTAN", "l'homme malade de l'Orient"...

Oui... L'objectif du gouvernement turc et de réduire l'inflation, le problème c'est que la banque centrale n'est plus indépendante, et elle n'a plus de cash. L'inflation est montée jusqu'à 80% officieusement, officiellement elle est de 44% aujourd'hui, grâce à la politique monétaire actuelle. Le problème est qu'elle va très fortement remonter maintenant. L'économie turque risque d'être complètement laminé.

Et bien, il semblerait que cela soit arrivé plus vite que prévu.
https://twitter.com/restitutorII/status/1666357139055452161?t=qTnEBUSEWR6ABiZQF-kBVA&s=19

La livre turque se casse la gueule face au dollar...

Réaction d'Erdogan, les élections sont passées donc on change tout malgré les promesses
https://twitter.com/restitutorII/status/1671836088627765249?t=15nwrnU-0M2wQRfjSaGznw&s=19

Pour ceux qui sont intéressés, il y a dans le dernier LOS! (le numéro 68) de Juillet Août, un scénario prospectif sur un engagement franco-grecque avec la Turquie (avec tout l'arsenal moderne des deux pays, du Rafale M au porte-drones "Anadolu".

Celui-ci ?

https://caraktere.com/los/1072-los-n68.html

C'est un article en combien de pages ?

11 pages mais avec bcp de photos.

Merci pour l'info.