[CTC23] Mimosa
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[CTC23] Mimosa
Mimosa
Kremlin, République socialiste soviétique de Russie, 14 juillet 1941Après une grosse journée de travail, Sergei Kirov regardait par l’une des fenêtres de son bureau, l’ancien bureau de l’illustre Lénine. La journée avait été fructueuse et les dernières semaines écoulées allaient définitivement faire entrer Kirov et l’URSS dans l’histoire.
Ayant succédé à Trotsky et Lénine, il avait la difficile mission de consolider la révolution en URSS et de saisir chaque opportunité de l’exporter à l’étranger. La première partie de cette mission se déroulait convenablement bien, l’URSS disposant maintenant d’une solide base industrielle alimentée par un territoire riche en ressources, même si certains projets avaient été suspendus depuis le début de la guerre contre l’infâme bête nazie. La seconde partie de la mission avait été plus compliquée. En 1921, Lénine avait judicieusement appuyé les indépendantistes turques dans la Guerre civile anatolienne, qui avait vu l’implosion définitive de l’Empire ottoman. Le conflit s’était terminé en 1922 avec des concessions dans les deux camps. Français, Italiens, Britanniques et Grecques reconnaissaient la République socialiste turque de Mustafa Suphi. En contrepartie Turques et Soviétiques reconnaissaient l’indépendance du Kurdistan. Enfin, tout ce beau monde avait signé la Convention concernant le régime des détroits des Dardanelles et du Bosphore. À mi-chemin entre le monde arabe et le monde européen, la Turquie était un atout inestimable pour la cause socialiste. Malheureusement, dans le même temps Lénine avait dû faire une croix sur la Mandchourie, repère des derniers Russes blancs et de la légion tchécoslovaques soutenu par le Japon. Kirov avait lui-même été à peine plus heureux dans sa tentative d’exporter la révolution. Il avait choisi l’Inde, alimentant en armes, dès 1931, le Parti communiste indien. En réalité, le PCI avait commencé à recevoir du soutien dès 1925, mais à partir de 1931 la quantité d’armes et matériels avait doublé, puis à nouveau à partir de 1934. Kirov s’était appuyé sur son poulain local Krishna Pillai qui avait pris la tête du parti l’année suivante et déclenché la guerre civile. Dès 1936, face à 9 millions de soldats communistes et une population globalement hostile, les Anglais et leurs sbires avaient été contraints de se replier sur les grandes villes côtières et dans les états princiers du Sud. C’était le premier clou dans le cercueil des empires européen. Le second clou venait des Japonais eux-mêmes qui, en échange de leur appui contre l’Allemagne et via la menace de la puissance montante de leur alliance « Panasiatique », avaient contraint les Hollandais, Britanniques et Français à s’engager sur la décolonisation progressive de l’Asie à l’issue de la guerre. Ajoutez la perte de la Malaisie à celle de l’Inde et le cartel impérial britannique n’était plus rien. Le seul problème de Kirov était justement l’Inde, car Krishna Pillai semblait vouloir voler de ses propres ailes et écoutait de moins en moins les « recommandations » du Kremlin. L’insolent développait même sa propre version du Marxisme avec ce que les gens appelaient le Pillaïsme mettant l’accent sur l’indépendance nationale et sur le développement équilibré de la paysannerie et de l’industrie légère.
Pourtant Kirov ne s’était pas laissé abattre et quand la guerre avait commencé en Europe, les Allemands avaient balayé les Polonais et Tchécoslovaques avant de se tourner vers la France. Là, les Franco-Britanniques n’avaient contenu que de justesse la Wermarcht sur le Rhin. Les Belges et les Hollandais avaient été balayés. Pourtant Hitler avait commis une terrible erreur en signant le Pacte germano-soviétique, partageant la Pologne avec l’URSS et acceptant l’occupation soviétique des pays baltes. En apparence, Kirov avait trahi le Traité franco-soviétique d’assistance mutuelle, mais il avait secrètement trouvé un terrain d’entente avec le Président Léon Blum (un homme qu’il appréciait énormément) et le Président Ignacy Mościcki (un homme qu’il détestait). Dans le cadre de son accord avec Hitler, Kirov enverrait l’armée rouge occuper l’est de la Pologne alors que les Polonais se retiraient en masse vers la zone soviétique. De là, les soldats polonais pourraient rejoindre la France via le Kurdistan et la Syrie. Ainsi l’empire d’Hitler se retrouvait avec une frontière terrestre avec l’URSS et si cette dernière avait une mission plus importante encore que d’abattre la bourgeoisie capitaliste, c’était de détruire l’immonde bête fasciste qui pouvait parfois en découler. Concernant les pays baltes, Kirov avait promis à Blum (et à travers lui à Churchill) que l’URSS se retirait des états baltes dans les cinq ans suivant la fin de la guerre. Un temps qui serait mis à profit pour y encrer profondément l’idéal socialiste.
C’est dans ces circonstances que, comme ses deux illustres prédécesseurs, il avait saisi une belle opportunité, celle de monnayer l’entrée en guerre de l’URSS en échange de nouvelles concessions. En effet, le 22 juin dernier l’armée rouge avait lancé l’opération Mars contre les armées allemandes. Les hordes nazies avaient reculé sous les coups de boutoir de l’armée rouge et, d’après le Commissaire du peuple pour la défense Mikhaïl Toukhatchevski, la Vistule serait atteinte d’ici cinq jours. Bien sûr les Allemands n’étaient pas restés les bras croisés et étaient passés à l’offensive dans le Sud sur les frontières nord et ouest de l’Ukraine, mais les fiers soldats soviétiques avaient encaissé le choc sans trop de difficultés. Si l’Armée rouge était restée sur la défensive en Ukraine, c’est parce que le front nord avait la priorité. Une fois la Vistule atteinte, l’Armée rouge allait remonter le long du fleuve dans une course à la mer afin de piéger les troupes allemandes de Prusse Orientale. Ce sera « la plus grosse manœuvre encerclement de l’Histoire de la guerre mécanisée » lui avait assuré Toukhatchevski. En échange de l’ouverture du « Front de l’Est » Kirov avait, « à la dernière minute » gagnée le droit de faire main basse sur la Perse. En effet, le Shah n’était pas très coopératif avec ses maitres Anglais et ces derniers avaient tout récemment « perdu » l’Irak suite au coup d’État de Rashid Ali al-Gaylani. Avec la perte de l’Inde, les Britanniques n’avaient pas les moyens humains de tenir la frontière belge, la Norvège, leur empire en Afrique et reprendre l’Irak tout en faisant rentrer le Shah d’Iran dans le rang par la force.
Dans quelques jours, les forces françaises entreraient dans le nord de l’Irak par la Syrie et le Kurdistan alors que les forces britanniques entreraient au sud depuis le Koweït et la Transjordanie. Pendant ce temps, l’Armée rouge entrerait en Perse depuis le Caucase et le Turkménistan. L’URSS avait déjà jeté son dévolu sur une figure locale à placer au pouvoir et avait aussi déjà prévu ce que ses nouveaux alliés auraient à céder en échange de leur libération de l’impérialisme occidental.
Entre les nouvelles de Pologne et les dernières prévisions concernant la Perse, Kirov estimait que la journée et même la semaine avaient été très bonnes. Son seul regret était qu’en ces temps de guerre il n’avait pas le temps de regagner sa résidence moscovite, non loin du Kremlin, dans l’une de ses balades à pied qui avait sa réputation d’homme du peuple dans le monde entier. Les promenades attendraient, contrairement à la libération des peuples.
Achkhabad, République socialiste soviétique du Turkménistan, 24 juillet 1941
Le télégramme était arrivé quelques minutes auparavant, les camarades Kirov et Toukhatchevski, étaient satisfait des derniers rapports des préparatifs et maintenaient l’horaire du début de l’opération Mimosa pour le lendemain à 5 h heures local. Le Major General Sergei Trofimenko était satisfait du travail accompli. Dans le Caucase, à Baku, Vasily Novikov et Alexander Khadeyev avaient probablement reçu le même télégramme. Les trois armées engagées dans l’opération Mimosa avaient tenu le gros de leurs forces en retrait des frontières perses. Évidemment, les troupes du Shah se doutaient qu’une menace pesait sur leurs frontières, mais n’avaient aucune chance d’anticiper l’ampleur de ce qui les attendait. Mimosa se déroulerait en moins de six semaines, les trois généraux en étaient convaincus. Certes le Shah avait mené des efforts de modernisation de son armée, mais rien digne d’être comparé avec l’armée rouge. Les Perses restaient mal équipés, mal encadrés et allaient en plus devoir constituer avec l’apparition des forces du Tudeh sur leurs arrières. Ainsi la 53ème armée de Trofimenko lancerait une offensive sur un vaste front depuis le Turkménistan, alors que la 47ème Armée de Novikov et la 44ème armée de Khadeyev lanceraient des percées fulgurantes depuis l’Azerbaïdjan soviétique. Novikov libérerait l’Azerbaïdjan iranien, puis longerait la frontière avec l’Irak à travers le Kurdistan perse et le Khouzistan. Khadeyev libérerait le Gilan, puis nettoierait les rives de la Caspienne avant de foncer sur Téhéran. Trofimenko quant à lui devait faire la jonction avec les milices Turkmène Sahra avant de déferler vers le centre du pays.
Sergei Trofimenko avait encore inspecté le front le matin même. Il n’en doutait pas, Mashad, le premier objectif de son offensive, tomberait dans les 48 heures. Certes, Trofimenko, pas plus que ses camarades du Caucase, ne se couvrirait de la même gloire que les camarades affrontant les hordes nazies sous les ordres du maréchal Vitaly Primakov, mais cela resterait une contribution non négligeable à la cause socialiste. Là où les combattants du front de l’Est chevauchaient les superbes T-34, les forces dédiées à l’opération Mimosa devraient se contenter de BT-7, des chars légers. Toutefois, Trofimenko n’était pas inquiet, car l’armée du Shah n’avait quasiment rien à opposer aux chars de l’armée rouge, d’autant qu’ils seraient couverts par l’aviation, face à laquelle, là encore, le Shah se trouvait bien démuni. Les BT-7, chars de cavalerie, allaient surtout servir à porter et appuyer l’infanterie. Le seul et unique avantage de l’armée perse était le terrain.
Le Major General repensait au nom de l’opération. Il ne pouvait s’empêcher de penser au premier souvenir que le nom lui avait rappelé, un article de botanique lu totalement par hasard du temps de ses études. De ce dont il se souvenait, il s’agissait d’un genre d’arbre aussi appelé Acacia. Il se demandait s’il croiserait de tels arbres de l’autre côté de la frontière. Pourtant il savait qu’il n’y avait aucun lien entre la présence éventuelle d’Acacia en Perse et le nom de l’opération. Elle était nommée du nom d’une étoile de la Croix du Sud, lui avait-on expliqué. Depuis le début de la guerre, toutes les opérations soviétiques portaient le nom d’un corps céleste, généralement une planète du système solaire. Cette fois-ci s’était donc une lointaine étoile, mais Trofimenko en était certain, le triomphe soviétique en Perse et contre l’Allemagne serait tout aussi brillant que les étoiles au firmament.
Isfahan, Iran, 31 juillet
Soleiman Eskandari était hagard, un officier du NKVD dont il n’avait même pas essayé de retenir le nom venait de lui remettre un message du « Président » Kirov. Les ajustements de dernières minutes qui lui étaient ainsi communiqués avaient douché une partie de ses espoirs, tout du moins de ses espoirs à court terme. S’il restait bien l’homme de confiance des Soviétiques et le président de facto de l’Autorité communiste iranienne provisoire, il allait finalement devoir continuer à composer avec les Anglais et accepter des modifications de ses frontières. En effet, Kirov l’informait que l’Anglo-Persian Oil Company allait continuer à fournir les Britanniques pour la durée de la guerre en Europe, la priorité du moment étant l’anéantissement du fascisme. Pire, encore l’Azerbaïdjan iranien était rattaché d’office à l’Azerbaïdjan soviétique. Dernière infamie et non des moindres, le Kurdistan iranien allait devenir une République socialiste indépendante. La manœuvre était évidente, Kirov voulait un Kurdistan socialiste à opposer au Kurdistan appuyé par les Franco-Britannique. La pilule était plus que difficile à avaler. Pour se faire pardonner ses « concessions imposées », l’URSS allait fournir du matériel agricole et des machines-outils pour commencer à moderniser l’économie du pays. Des armes et véhicules ainsi que des instructeurs allaient aussi être transférés pour renforcer la nouvelle armée à construire. Dès la fin de la guerre, la nouvelle armée iranienne pourrait être équipée aux derniers standards soviétiques afin que l’Iran soit en mesure de défendre ses frontières permettant ainsi à l’Armée rouge de quitter le pays. La dernière concession, plus modeste, était un accès au port dans Bandar Abbas pour la Marine soviétique. Eskandari n’était même pas au courant que la marine soviétique opérait dans l’océan indien.
Le nouveau leader iranien, le terme perse ayant été immédiatement effacé des esprits par le Tudeh, restait malgré tout satisfait du déroulement des évènements et optimiste pour l’avenir. L’opération Mimosa s’était infiniment mieux déroulée que prévu. Plutôt que six semaines, elle avait duré six jours. L’armée du Shah, d’une force théorique de 200 000 hommes ne s’était pas montrée très motivée à défendre la dynastie régnante. Plus de 2000 communistes iraniens s’étaient soulevés à Téhéran et Isfahan juste après le lancement de l’offensive soviétique. La résidence du Shah avait été assiégée par une force de 700 combattants. Dans le même temps, sur le front nord, Mashad était tombé dans la soirée du premier jour de l’offensive. Dans le Caucase, Marand était tombé avant la fin de la journée et Tabriz était tombé dans la nuit. Ardabil avait suivi dans l’après-midi du deuxième jour. L’infanterie soviétique appuyée par les chars léger BT-7 avait balayé avec facilité les quelques unités semblant prêtes à défendre leur tyran. L’armée rouge était bien entrainée et coordonnée, en conséquence elle avançait bien trop vite pour les troupes de l’armée perse. Ainsi, dans le Caucase, en moins de 48 heures la 15ème Division ainsi que la 3ème Division perse avaient été encerclées et avaient rendu les armes, l’ensemble de l’Azerbaïdjan iranien étant tombé. Dans les cieux, la ridicule aviation perse avait été balayée en quelques heures, du moins pour les rares téméraires ayant pris l’air dans leurs vieux coucous. Deux cents bombardiers soviétiques avaient lâché des tracts de propagande enjoignant l’armée à rendre les armes et le peuple à se libérer du joug du Shah. Quelques bombes avaient bien évidemment été larguées sur certaines cibles militaires (on parlait de 200 morts dans les bombardements). Les rares unités perses à avoir échappé à l’offensive dans le Caucase s’étaient repliées dans le plus grand désordre sur la ville de Ramsar, au bord de la mer Caspienne avant de finalement rendre les armes le 28 juillet. Dès le lendemain la garnison d’Hamadan déposait les armes et la ville était déclarée ville ouverte. Au nord-est les Soviétiques n’avaient même pas eu le temps de dérouler leur offensive dans le Khorasan et d’atteindre Birjand que la réédition était tombées le 30 juillet. En effet, dès le 28, l’armée perse avait perdu tout semblant de cohésion, coupé de son commandement et complètement acculé par la déferlante terrestre et aérienne soviétique.
Le 30, le Shah avait et ordonné la reddition de ses troupes et abdiqué. Soleiman Eskandari était venu assister en personne à l’abdication et s’assurer que la famille impériale restait sauve. Il ne voulait pas que la libération iranienne soit entachée d’un crime de lèse-majesté. Reza Shah et sa famille avaient donc été jetés dans un avion de transport soviétique qui devait les conduire au Koweït, vers un exil aux mains des Britanniques. Il ne découvrirait quelques semaines plus tard, que loin du faste européen, les Britanniques avaient envoyé l’embarrassante ex-famille impériale finir ses jours modestement à l’île Maurice. C’est lors de l’abdication du Shah qu’Eskandari avait enfin rencontré en personne le général Ahmad Nakhjavan, un personnage clé dans la victoire socialiste. En effet, lassée du règne des Pahlavi, de nombreux généraux et politiciens dont Ali Mansur et Mohammad Ali Foroughi avaient déjà trouvé une entente avec le Tudeh et l’URSS. Le Parti de la Renaissance allait former une coalition avec le Tudeh pour bâtir une République socialiste moderne et séculariste. L’URSS avait cédé sur ce dernier point, car l’islam chiite était une composante importante de l’identité populaire iranienne. Tout du moins c’est ce que pensait Eskandari à ce moment-là. Il ne comprendrait que plus tard, en 1947, que Sergei Kirov avait utilisé l’Iran pour expérimenter la possibilité de lever une partie des restrictions religieuses en place en URSS : « S’il n’y a guère de raison d’avoir recours à des superstitions rétrogrades dans une société socialiste éclairée, nous devons également reconnaître que de nombreuses personnes ont trouvé force et réconfort dans leur foi lors de périodes difficiles. La construction d’un nouveau type de société n’est pas exempte de difficultés, et nous devrions donc peut-être permettre à ces institutions religieuses de continuer à fonctionner, tant qu’elles restent loyales envers l’État et le Peuple. » Ainsi, d’une certaine manière, l’Iran allait donc influencer la politique intérieure soviétique sans le vouloir.
En attendant, l’armée rouge continuait d’avancer, sans opposition, afin d’accueillir la réédition des dernières unités perses. Soleiman Eskandari quant à lui, avait regagné Isfahan qui serait la nouvelle capitale de l’Iran et le siège de son nouveau gouvernement.
Camp de Châlons, France, 5 août 1941.
Chapour Bakhtiar avait hâte de se mettre au travail avec le reste de son unité. Le 30ème Régiment d’artillerie était en pleine transformation pour se former à l’utilisation des obusiers M2A1 américain nouvellement livrée à l’armée française. Les différentes batteries du régiment faisaient, à tour de rôle, une rotation au Camp de Châlons pour se former pendant trois semaines, avant de remonter au front avec les nouveaux obusiers. C’était un peu comme une permission, on était loin du vacarme incessant de la Campagne du Rhin.
Après l’offensive française de 1939, les Allemands avaient contre attaqué sur le Rhin, mais surtout à travers les Ardennes. On avait frôlé la catastrophe, les Corps expéditionnaires britanniques ainsi que les débris des armées belge et néerlandais avaient été salement bousculés puis acculés à la mer, formant une immense poche autour de Calais et Dunkerque. Les Allemands pensaient avoir percé, et c’était en fait le cas, mais les Franco-Anglais avaient plus d’un tour dans leur sac. Alors que le corps expéditionnaire de Gort se repliait, la 7ème Panzerdivision étirait sa logistique et exposait ses flancs. Ainsi, le 27 juin 1940, à la grande surprise des Allemands les Britanniques avaient arrêté de reculer. Le lendemain, entre Arras et Abbeville, les Français menés par la 4ème Division de Cuirassier de De Gaulle avaient lancé une contre-attaque avec l’appui de l’aviation. La leçon apprise par le corps expéditionnaire français en Espagne avait été bien appliquée. Le 29, le flanc de l’avancée allemande était enfoncé. Le lendemain, la poche du Pas de Calais contre-attaquait dans toutes les directions. Au final, le 4 juin Rommel évacuait la zone en catastrophe, laissant des centaines de panzers et des milliers d’hommes se faire broyer dans la poche Merlimont. Abandonnés à leur sort, les Allemands avaient malgré tout combattu jusqu’au 18 juin 1940 avant de rendre les armes. C’était la dernière offensive allemande à avoir mis les Alliés en danger. Depuis le combat se déroulait au niveau du Rhin et de la Frontière belge. Actuellement, le 30ème Régiment d’artillerie de Chapour Bakhtiar se battait à la frontière du Luxembourg.
Justement, l’exilé iranien avait enfin l’opportunité de lire un journal récent. La plupart du temps, si des journaux arrivaient jusqu’au front, ils arrivaient avec plusieurs semaines de retard. Il avait dans les mains un exemplaire du Paris-Soir de la veille. Une page presque complète était consacrée à l’action des alliés au Moyen-Orient. Le 25 juillet avait vu le lancement de l’opération Constance pour reprendre le contrôle de l’Irak à Rashid Ali al-Gaylani. L’article décrivait à grand trait comment, depuis la Transjordanie et le Koweït, l’Iraqforce d’Archibald Wavell avait repris Bassora en seulement une semaine. Dans le nord, depuis la Syrie française et le Kurdistan, le 6ème Régiment étranger d’infanterie du Lieutenant-colonel Barre était déjà aux portes de Tikrit avec l’appui de l’armée kurde.
Après voir finit de lire l’article, qui finalement donnait peu de détail sur les combats et l’ordre de bataille, Chapour Bakhtiar tomba sur l’encart qui occupait moins du dernier tiers de la page. Un soulèvement communiste menée par le Tudeh, un jeune parti communiste iranien, combinée à l’intervention de l’Armée rouge soviétique avait fait chuter le régime impérial perse. Le Shah avait pris la route de l’exil. L’encart laissa l’Iranien perplexe tant les détails étaient limités. Son père, ministre de la guerre du Shah, avait été exécuté en 1934, Chapour était donc content de voir le régime du despote ayant fait exécuter son père toucher à sa fin. Quant au sort futur de son pays, c’était la grande inconnue. Pour le moment, il fallait se débarrasser de l’ogre national-socialiste allemand. Ensuite, selon les circonstances, peut-être pourrait-il enfin regagner son pays.
Notes et annexes :
Encore une histoire se déroulant dans l’univers de Daïkita. Donc un brouillon pour la future V2.
Pour rappel, dans cette future V2, Staline est mort lors de la bataille Tsaritsyn et n’aura donc pas marqué l’histoire. C’est donc Trotsky qui succède à Lénine, mais il se met pas mal de camarade à dos, notamment Kamenev, Zimovjev et Bukharin. Lors du 16ème Congrès en 1930, le populaire Kirov qui navigue au centre gauche du PC est élu. À partir de là, il se maintient avec succès, modernisant l’URSS tout en cherchant des opportunités d’exporter la révolution. Il est alors perçu par ses camarades comme étant le digne successeur de Lénine et Trotsky. L’URSS se développe beaucoup plus sainement (pas de grandes purges, utilisation du Goulag pour la réhabilitation politique par le travail, réformes, démocratisation…) et jouit d’une meilleure image à l’étranger.
Dans cette TL, suite à divers incidents que je ne dévoilerais pas, la pression populaire d’une partie de la classe politique pousse la France et le Royaume-Uni à intervenir militairement dans la guerre d’Espagne. L’une des conséquences politiques et le maintien au pouvoir du Front populaire et de Léon Blum.
Concernant l’Inde, Gandhi est battue à mort lors de sa descente d’un train Durban-Pretoria en 1893. Le combat pour l’indépendance de l’Inde ne se déroule pas comme OTL et voit l’émergence plus rapide de Krishna Pillai au sein du PCI, qui lui-même devient de plus en plus populaire dans le combat pour l’indépendance, menant donc à une guerre d’indépendance indienne.
L’URSS de Kirov, qui se développe aussi mieux qu’OTL, a pour avantage d’inspirer plus tôt l’apparition de certains partis communistes, quand l’URSS ne les appuie pas directement. C’est ainsi que le Tudeh apparait un an plus tôt qu’OTL.
Dans ce que j’envisage, le Pillaïsme sera une version indienne (tout aussi terrible en conséquence) du maoïsme.
Trofimenko n’a pas croisé d’acacias une fois entrés en Iran, car ces arbres poussent presque tous en Australie, même si depuis on en a planté dans plein d’autres pays.
Ordre bataille alliés de l’opération Constance :
*IraqForce (Archibald Wavel)
-14ème Armée du Royaume-Uni
+2ème Division britannique
+6ème Régiment de fusiliers gorkhas de la reine Elizabeth
+7ème régiment de fusiliers gorkhas du duc d’Édimbourg
+Levées assyriennes et irakiennes
*6ème régiment étranger d’infanterie (Lieutenant-colonel Barre)
-7ème régiment de Peshmerga
-16ème régiment de Peshmerga
Ordre de bataille soviétique de l’opération Mimosa:
*Front transcaucasien
-47ème Armée (Vasily Novikov)
-44ème Armée (Alexander Khadeyev)
*District militaire d’Asie centrale
-53ème armée (Sergei Trofimenko)
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Re: [CTC23] Mimosa
Encore un excellent texte Thomas
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LFC/Emile Ollivier- Messages : 2706
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Re: [CTC23] Mimosa
Super texte !
Rezâ Shâh n'a pas changé le nom officiel du pays dans cette TL?
Rezâ Shâh n'a pas changé le nom officiel du pays dans cette TL?
DemetriosPoliorcète- Messages : 1472
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier aime ce message
Re: [CTC23] Mimosa
Merci!LFC/Emile Ollivier a écrit:Encore un excellent texte Thomas
Dur de choisir entre toi et Demetrios
Merci!DemetriosPoliorcète a écrit:Super texte !
Rezâ Shâh n'a pas changé le nom officiel du pays dans cette TL?
C'est un parti pris. Pour la future et lointaine version définitive de la TL on verra bien.
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Re: [CTC23] Mimosa
excellent !
Flosgon78- Messages : 288
Date d'inscription : 19/03/2019
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Re: [CTC23] Mimosa
Merci.Flosgon78 a écrit:excellent !
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Re: [CTC23] Mimosa
Très sympathique, sincèrement.
Toutefois la multiplication ici des points de vergences (mort de Staline, de Gandhi,...) dont certains semblent peu crédibles ou ne sont très opportunément pas développés (intervention Franco Britannique en Espagne, disparition de Mustapha Kemal en Turquie), sans même parler de la situation en parallèle dans le Pacifique elle même complètement chamboulée, donnent l'impression qu'on veut résolument nous mener précisément quelque part et qu'on tarabiscote l'Histoire de-ci de-là pour y parvenir avec pour le moins légèreté.
Un travers commun à bien des uchronies.
En tout cas si la vraisemblance en pâtit quelque peu, cela n'affecte en rien la qualité littéraire du résultat.
Toutefois la multiplication ici des points de vergences (mort de Staline, de Gandhi,...) dont certains semblent peu crédibles ou ne sont très opportunément pas développés (intervention Franco Britannique en Espagne, disparition de Mustapha Kemal en Turquie), sans même parler de la situation en parallèle dans le Pacifique elle même complètement chamboulée, donnent l'impression qu'on veut résolument nous mener précisément quelque part et qu'on tarabiscote l'Histoire de-ci de-là pour y parvenir avec pour le moins légèreté.
Un travers commun à bien des uchronies.
En tout cas si la vraisemblance en pâtit quelque peu, cela n'affecte en rien la qualité littéraire du résultat.
Imberator- Messages : 92
Date d'inscription : 06/12/2015
Re: [CTC23] Mimosa
Le problème étant que c'est un bout d'un univers plus global (Daïkita), je suis donc obligé d'amener les choses pour resituer l'histoire. Et le tous de manière "rapide" pour garder les textes aussi court que possible. Lorsque j'écrirai enfin la V2 de Daïkita, le texte sera entièrement retravailler.
Les décès de Gandhi et Staline, ne seront même pas évoqués dans le récit final, mais sous les formes de notes en fin d'ouvrage. Le jour ou ouvrage il y aura. En l'occurrence, leurs décès sont basés sur des évènements plausibles. Staline était bien à la bataille de Tsaritsyn, tout comme Gandhi a bien été victime d'un "incident racial" si on en croit les récits qu'il en a faits.
En tout cas merci pour tes retours.
Les décès de Gandhi et Staline, ne seront même pas évoqués dans le récit final, mais sous les formes de notes en fin d'ouvrage. Le jour ou ouvrage il y aura. En l'occurrence, leurs décès sont basés sur des évènements plausibles. Staline était bien à la bataille de Tsaritsyn, tout comme Gandhi a bien été victime d'un "incident racial" si on en croit les récits qu'il en a faits.
En tout cas merci pour tes retours.
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Re: [CTC23] Mimosa
Pour Staline et Gandhi je n'ai aucunement prétendu que leurs disparitions n'étaient pas envisageables. Juste que le cumul de décès ici, de changements là, sans qu'il y ait de rapports de causalité entre eux manquait pour le moins de vraisemblance et ne semblait introduit que pour nous conduire dans un monde alternatif aux dimensions définies par avance.
Et si l'ensemble est à appréhender dans un concept plus large, le grand nord japonais, alors cela n'en est que moins crédible.
L'Histoire aurait évolué de façon singulièrement différente dans le pacifique ET Staline serait mort en Pologne ET Gandhi n'aurait pas passé le cap du XXème siècle ET la Turquie kémaliste n'aurait pas vu le jour ET les Franco-Britanniques seraient intervenus dans la guerre civile espagnole,...
Ça fait quand même vraiment beaucoup. Même si, encore une fois, l'univers ainsi créé demeure intéressant.
Et si l'ensemble est à appréhender dans un concept plus large, le grand nord japonais, alors cela n'en est que moins crédible.
L'Histoire aurait évolué de façon singulièrement différente dans le pacifique ET Staline serait mort en Pologne ET Gandhi n'aurait pas passé le cap du XXème siècle ET la Turquie kémaliste n'aurait pas vu le jour ET les Franco-Britanniques seraient intervenus dans la guerre civile espagnole,...
Ça fait quand même vraiment beaucoup. Même si, encore une fois, l'univers ainsi créé demeure intéressant.
Imberator- Messages : 92
Date d'inscription : 06/12/2015
Re: [CTC23] Mimosa
Le but avec cet univers est en effet d'avoir un univers relativement fun et très différent du notre. Un peu à la manière du mod Kaiserreich pour HOI4 qui cumule les divergences entre le POD (victoire allemande en 1919) et le début de jeu (1936) qui donne un univers hallucinant de divergence et, en jouant avec l'Histoire, faire découvrir des figures historiques différentes et explorer les possibilités (ils en rajoutent même à chaque maj du mod).Ça fait quand même vraiment beaucoup. Même si, encore une fois, l'univers ainsi créé demeure intéressant. a écrit:
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
LFC/Emile Ollivier aime ce message
Re: [CTC23] Mimosa
Si c'est assumé, rien à redire.
Imberator- Messages : 92
Date d'inscription : 06/12/2015
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