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[CTC14] L'héritier de Cyrus

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Message par DemetriosPoliorcète Mar 24 Aoû - 20:22

Le 27 octobre 1940, alors que l'Europe vivait l'une des plus tristes périodes de son histoire, les villes iraniennes se paraient des couleurs de la fête. Téhéran était certes encore empreinte de rusticité, et de l'austérité qui caractérisait le règne de Reza Ier Pahlavi, souverain qui était resté avant tout un militaire, un cosaque refusant de dormir ailleurs que par terre, mais les festivités avaient été à la hauteur de l'événement: un héritier mâle était né pour la jeune dynastie Pahlavi.

La princesse Fawzieh, épouse du prince héritier Mohammad Reza Pahlavi, venait en effet de donner naissance à un fils, qui fut baptisé Reza Mohammad Ali; son père, qui avait d'abord souhaité l'appeler Reza Kourosh (Cyrus), en hommage au fondateur de l'Empire perse, mais il se laissa convaincre par une référence au dirigeant modernisateur Mehmet Ali, fondateur de sa lignée maternelle. Le prénom "Ali" ne pouvait par ailleurs pas déplaire dans un pays en grande majorité chiite. Comblé dès sa naissance de titres et d'honneurs -son austère grand-père se laissa attendrir et lui offrit immédiatement un palais- le jeune prince était promis à un avenir grandiose.

Ses premières années furent pourtant marquées par l'incertitude, avec l'invasion anglo-russe de 1943, l'abdication de Reza en faveur de son fils, son départ en exil et l'effervescence politique qui marqua la fin de la dictature.

Comme son père avant lui, le jeune prince fut rapidement envoyé étudier hors d'Iran, dans un premier temps en Suisse, puis, à l'adolescence, en France. La francophilie de Mohammad Reza, et son admiration pour De Gaulle, rencontré brièvement en 1953, l'avaient sans doute convaincu de faire suivre à son fils des études à Paris, dans l'espoir qu'il intègre la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr, ce qu'il fit à ses dix-huit ans.

En dépit de ses études brillantes, qui seyaient tout à fait à un monarque, les rapports se tendirent progressivement avec son père. Etait-ce le climat intellectuel largement favorable à la gauche, ou la fréquentation d’Iraniens exilés suite au coup d’Etat de 1953 ? Toujours est-il que le jeune prince se fit de plus en plus critique vis-à-vis de la politique autoritaire de Mohammad Reza.

Peu après son retour à Téhéran, après ses quatre années d’instruction à Saint-Cyr, il s’installe dans une propriété à Kâshân, où il organise une sorte de cour parallèle, recevant intellectuels et personnalités politiques en disgrâce à Téhéran. Deux ans plus tard, en 1964, il est finalement éloigné du territoire iranien sous prétexte de représentation diplomatique, devenant attaché militaire de l’ambassade à Paris. Sa mission achevée, il reste en France, où il enseigne la littérature persane. Au cours des somptueuses « Fêtes des Persépolis » organisées par le Shâh, la presse étrangère commente abondamment l’absence de l’héritier en titre.

La rupture est définitivement consommée lorsque Reza Mohammad Ali publie en 1974 une virulente critique contre le programme d’achat des chasseurs américains F-14 et la dépendance envers les Etats-Unis qu’il implique, se positionnant en faveur d’un rééquilibrage des relations internationales de l’Iran. Dans les années qui suivent, la population iranienne voit de plus en plus le prince héritier comme un opposant à son père, bien qu’il s’en défende. Ses textes critiques, notamment contre l’imposition du monopartisme en 1975.. La censure se trouvait particulièrement gênée quand il s’agissait d’empêcher la circulation des écrits du futur souverain…

Dans les années qui suivirent, la contestation ne cessa de grandir en Iran, conséquence de l’autoritarisme toujours plus important du Shâh en même temps que de la mauvaise maitrise du développement économique. L’année 1977 vit une explosion des critiques intellectuelles que la censure ne pouvait plus empêcher, puis l’année suivante fut marquée par une série de manifestations de plus en plus violemment réprimées, animées par l’extrême gauche aussi bien que par les religieux. Resté silencieux, le prince héritier songeait sans doute déjà au moment où il apparaitrait comme le seul recours, tout en se gardant de fréquenter l’opposition, Ruhollah Khomeiny s’étant pourtant installé lui aussi en région parisienne.
Le 27 août, alors que la confrontation semblait sans issue, Mohammad Reza laissa l’Iran sans voix en annonçant son abdication en faveur de son fils, dont on apprenait par la même la présence à Téhéran. On ignore ce que les deux hommes s’étaient dit, mais on sait aujourd’hui que la décision du monarque avait été contrainte et forcée, sous la pression de ses alliés occidentaux.

Le nouveau Shah, proclamé sous le nom de Reza II, nomma immédiatement un gouvernement dirigé par Karim Sanjâbi, le dirigeant du Front National, et proclama le retour du multipartisme. Il dut aussi se résoudre à des concessions envers les religieux, en interdisant les casinos et en revenant au calendrier traditionnel. Ces mesures suffirent largement à faire descendre la tension, marginalisant les khomeinistes. Le jeune Shah pouvait s’appuyer désormais aussi bien sur le l’ancien appareil d’Etat que sur les mouvements démocrates, et bientôt sur les réformateurs islamiques de Mehdi Bazargan ; un bipartisme devait progressivement s’installer entre ces derniers et le Front National, le Parti de la résurrection des anciens partisans de Mohammad Reza étant relégué au second plan, de même que les formations extrémistes comme les Modjahedines du peuple d’Iran.
Les années 1980 furent marquées par le conservatisme, le pays devait digérer les effets de l’expansion économique de la décennie précédente. Mais l’Iran poursuivait sa marche vers la modernité, qui devint éclatante au cours de la décennie 1990, avec notamment le développement des grands ports du Sud, sur le Golfe persique. C’est d’ailleurs à Bandar Abbas que Reza II inaugura, des années plus tard, la tour Amir Kabir, le plus haut édifice du monde. Ni Dubai ni Doha ne purent sortir de l’ombre des cités iraniennes.

S’il a progressivement perdu en influence réelle dans le processus de décision politique, alors que le parlementarisme devenait la norme dans la vie publique, Reza II est resté une autorité morale incontournable. Marié trois fois, il possède une nombreuse descendance qui fait la joie de la presse people.
Au cours de son règne, il aura paradoxalement donné corps aux mots prononcés en 1971 par son père : « tu peux dormir, Cyrus, car nous veillons ».

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Message par LFC/Emile Ollivier Mar 24 Aoû - 23:36

J'adore ! Et ben vous avez envoyés du lourd toi et Thomas !
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Message par Collectionneur Mer 25 Aoû - 1:33

J'ai un doute, la princesse Fawzieh remplace cette princesse égyptienne ?

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Faouzia_Fouad
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Message par DemetriosPoliorcète Mer 25 Aoû - 6:46

Collectionneur a écrit:J'ai un doute, la princesse Fawzieh remplace cette princesse égyptienne ?

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Faouzia_Fouad

Il s'agit bien de la princesse égyptienne, Fawzia, persanisé en Fawzieh, à la différence qu'ici le couple princier ne donne pas naissance à une fille (Shahnaz), mais à un fils.
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Message par DemetriosPoliorcète Mer 25 Aoû - 6:47

LFC/Emile Ollivier a écrit:J'adore ! Et ben vous avez envoyés du lourd toi et Thomas !

Merci !
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Message par Thomas Mer 25 Aoû - 9:29

Je buguais un peu en lisant le texte, car il me semblait que les fils ainés Reza était né en 1960. Bien vu ce POD.

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