Infrastructures à potentiel uchronique

Ça c'est nouveau pour moi, merci Collectionneur!

La tour Venus était une proposition de gratte-ciel de 450 mètres réalisée par OFL Architecture et prévue pour Incheon, en Corée du Sud, au milieu des années 2000. La tour Venus devait être le point de repère de la ville principale, son apparence inhabituelle lui donnant une certaine fluidité, d'autant plus que le gratte-ciel serait entouré d'eau pour l'essentiel. Outre son caractère unique, la tour polyvalente aurait du comprendre des restaurants, des commerces, des entreprises, une salle de sport, un hôtel et des terrasses d'observation. En plus de ces caractéristiques, le bâtiment devait également abriter un musée et une zone de gravité zéro. Malgré ses caractéristiques avancées et son aspect futuriste, la construction de la tour Venus devait commencer au milieu des années 2000 et s'achever en 2008. Mais des retards dus à des problèmes techniques et, enfin, à la crise financière mondiale de 2008/2009 ont également repoussé le développement jusqu'au début des années 2010. Malgré toutes les tentatives de construction de la tour, le projet a été annulé vers 2010/2011 pour des raisons de coûts.

Une zone de gravité zéro ? Un puit pour sauter dans le vide ?

Exact!

Le Grand Baghdad qui n'exista jamais.


L'histoire est pleine de mégastructures et autres bâtiments qui n'ont jamais été construites (souvent pour de bonnes raisons) mais aucune n'est aussi emblématique que le projet de l'architecte Frank Loyd Wright de rénover le centre-urbain de Baghdad à la fin des années 50.
En effet on parle d'une époque où les revenus du pétrole inonde la monarchie irakienne et où le pays est encore fermement sous l'influence occidentale (le renversement de Fayçal II en 1958 par Abd al-Karim Qasim signifiera la mort du projet, Qasim signifiant que les irakiens avait plus besoin de nourriture et de vêtements que de jardins flottants et de fontaines d'or).

Mis au point par Wright pour promouvoir la culture irakienne, le projet est grandiose: Fayçal II cherchant à allier modernisme occidental avec éloge de la culture irakienne: le projet impliquait par exemple la construction d'un quartier culturel adossé à un opéra sur une ile du Tigris, dont le point culminant devrait être une statue tout en métal et décoré  de 91m de haut de Harun-al-Rashid, 5éme calife des Omeyyades (le premier âge d'or de l'Islam médiéval).
La proposition de Wright réussit là où celle de Corbusier et de Niemeyer échouent, il faut dire que son projet de centre culturel et intellectuel (une université est prévue, et sera plus tard construite par l'allemand Grotius) nécessite un vaste espace, espace récemment dégagée par l'assèchement d'une partie des berges du Tigris.  

Cette espace culturel est centré sur l'île d'Edena relié par deux ponts à la ville,l'un deux doit être relié à l'esplanade Faycal censé "courir" en direction de la Mecque, l'autre doit permettre de franchir le Tigris et de rejoindre le futur campus de l'université de Baghad. L'île, outre sa gigantesque statue situé au nord, doit être composée d'un opéra (on y revient un peu plus tard) et d'une zone partagée entre musées et centres commerciaux et artistiques.

L'opéra en lui même doit être les quartiers de l'orchestre philharmonique de Baghdad (orchestre qui allait avoir une tumultueuse histoire, je vous invite à lire la page wiki en anglais), construit sur une colline artificielle (?), les 7000 personnes (sa capacité max) de l'audience pour pouvoir assister au concerts, admirer son arche-proscenium (son avant scène) décorée de scènes des Milles et une nuit ou simplement profiter des nombreuses piscines et jardins attenants doivent emprunter une route serpentante.
Cerise sur le gâteau, une statue de Aladin tenant sa lampe et une épée (une métaphore pour l'épée de l'islam) doit être installé sur son toit.

De l'autre côté du Tigris, le campus de l'université aurait du être construite sur une péninsule formée par le cours du fleuve, sa construction circulaire étant un évident hommage de Wright au premier Baghdad du Calife Al-Mansur (au 8 éme siècle de notre ère).

Fantastique et superbe, probablement irréalisable, le projet de Wright est saluée pour son orientalisme affichée (certains critiques contemporains y voient cependant une succession de clichés bas de gamme sur l'islam et l'orient) à l'inverse des projets de Grotius et de Corbusier qui frappent par l'omniprésence des grattes-ciels et de buildings occidentaux.
Ce "grand Baghdad" est un parfait symbole des monarchies arabes avant le pan-arabisme, éphémère et superbe.





Source: https://urbanutopias.net/2020/01/15/flw-other-designs/

Impressionant!

Le musée d'art moderne de Caracas, littéralement renversant.


"la fleur de pierre" est probablement l'une des plus obscures et renversantes propositions faites par un architecte, en l’occurrence le brésilien Oscar Ribeiro de Almeida Niemeyer Soares Filho (1907-2012) élève de Le Corbusier (pour le meilleur et pour le pire) dont les œuvres les plus connus sont la capitale brésilienne et le bâtiment de l'ONU à New York.
Niemeyer a gagné une réputation de "sculpteur de monument" et l'on peut dire qu'elle n'est pas usurpée quand on voit sa proposition pour le musée d'art moderne de Caracas (1945-1959) ici une fusion de formes abstraites et de courbes libres combinés au sein d'une pyramide inversée, posée elle-même sur un pic surmontant le centre-ville de la capitale vénézuélienne.
Perchée à plus de 6 mètres de sol, cette construction en pure béton ne présente que deux "ouvertures" vers l'extérieur sous la forme de deux petits balcons présents aux second étage:
en effet le musée aurait du comprendre 4 étages, le dernier étant une grande mezzanine soutenue par des câbles légers descendant de concert depuis le toit vitré du bâtiment, ce dernier étant l'unique source de lumière naturelle illuminant les œuvres d'arts.

Le projet de Niemeyer, jamais réalisé, inspirera pourtant la construction du pavillon canadien lors de l'expo universelle de Montréal (1967); il ressort de ce projet une sensation étrange, un peu comme-si l'architecte avait été un peu mégalomane et avait voulu concurrencer les pyramides égyptiennes.

Sources: https://centerfordiagonality.org/oscar-niemeyers-caracas-museum-of-modern-art/ (les principales illustrations sont issus de cet article, signé Joël Levinson).

Ca doit pas être évident de poser un Ha'tak la dessus...

Une photo (Norman Bel Gedes) que j'aime bien: le pavillon General Motors lors de la foire mondiale de New York en 1939 décrivant la ville de 1959-1969, Futurama (évidement patronné par les grandes compagnies pétrolières et automobiles américaines).

Lien: https://fr.wikipedia.org/wiki/Futurama_(Exposition_Universelle_de_New_York_1939_-_1940)

La Pyramide des Héros: effrayant et écrasant.



Le groupe des Phalangistes a laissé un mauvais souvenir aux Espagnols, et pour cause les tenants de cette idéologie ultra-nationaliste, racialiste et ultra-catholique ont été les principaux soutiens de Franco lors de la guerre civile espagnole, son principal promoteur José Antonio Primo de Rivera aura "l'insigne honneur" de servir la cause (et de disparaitre de la scène politique d'où il aurait fini par faire ombrager au Caudillo) en étant exécuté par les républicains au début des hostilités.
Véritable étoile montante des mouvements autoritaires et fascisants en Europe, de Rivera va rester (et reste, malheureusement) une icône des nationalistes, à la fin des années 30 alors que la victoire sur les républicains est imminente, l'architecte Luis Moya (grand admirateur) proposera l'édification d'un mausolée dans la plus grande ligne droite (lol) du style brutaliste/autoritaire.

Mais nous étions en 1939, l'Espagne avait vraiment d'autres choses plus importantes à faire et Franco n'aurait probablement pas apprécié cet ombrage (lui, aura son mausolée).





Pour ceux qui lisent l'espagnol: https://www.elconfidencial.com/cultura/2017-09-02/franco-piramide-moya-valle-caidos_1436979/

Je suis à court de mots.

Visiblement, même la mort ne guérit pas la mégalomanie... surtout chez les pharaons, ça on le savait depuis quelques millénaires... donc finalement, Primo de la Rivera aurait exactement eu l'architecture que l'on est en droit d'attendre du parangon extrême de la mégalomanie la plus débridée: une pyramide!

Le rêve de Hanns Hopp: le nouveau Dresde

L'hymne de la RDA (au demeurant que je trouve beaucoup plus beau que celui de l'actuel RFA) s'intitule "Auferstanden aus ruinen" (littérallement "ressuscité des ruines") et ont peut dire que ce titre irait très bien à l'architecte Hanns Hopp (1890-1971) et à son travail à la fin de la seconde guerre mondiale dans ce qui allait devenir la RDA: à l'origine, Hopp est natif de Königsberg (où on lui doit le Park Hotel, ayant réchappé au siège de la ville par les soviétiques) et s'échappera de la Prusse Orientale en 1944 pour Dresde (ce qui rétrospectivement n'était peut être pas un bon choix), il survivra manifestement au terrible bombardement de la ville en 1945 et proposera dès 1946 un plan assez proche du style de Le Corbusier pour la reconstruction de la ville.
Refusé par suffrage universel, le plan de Hopp finira aux oubliettes même si son auteur obtiendra au moins le poste (Président de l'académie d'architecture de la RDA) qu'il méritait.

Métabolisme et cité marine: l'autre Tokyo.


La fin des années 50 a été une période assez bénie, enfin de compte, pour le Japon: outre une croissance économique assez vertigineuse s'annonçait aussi un renouveau culturel et politique, quoique avec une certaine influence américaine.
L'architecture japonaise n'est pas épargnée et le besoin de construction permet donc à une jeune génération d'architectes tels que Kiyonori Kikutake (1928-2011) de lancer le mouvement "métaboliste", un courant annonçant d'emblée la "mort" de la forme et de la fonction au profit d'une croissance "organique" des bâtiments au sein de l'espace "futur" (donc), la seule à même de concevoir les villes japonaises du futur.
Kikutake est le premier à se jeter avec son projet de "Marine City Project" en 58, établissant que le futur des villes japonaises ne pouvait que reposer sur une construction de villes sur la mer (ancrés par des piliers géants) et sur un modèle de croissance biologique sous peine de voir la société japonaise sombrer dans les dissensions politiques et sociales fautes de terres où l'on pourrait construire.
Son projet est donc "simple": construire une ville décomposée en une vingtaine de sphères et les ancrer au fond de la mer, chacune des sphères représenterait une activité propre à la ville: au sein du "Kombinat" par exemple, c'est un modèle industriel, où les habitants seraient logés plus loin, en périphérie d'une plateforme principal d'où serait établi une très haute tour centralisant toutes les activités humaines.

Si le projet de Kikutake ne verra jamais le jour, il influencera jusqu'à nos jours tout une école japonaise, puis internationale avec les britannique du groupe Archigram (dès les années 70) et on peut penser que les installations de la planète océan Kamino dans Star Wars sont un hommage direct à Kikutake.


Source et images supplémentaires: https://archeyes.com/marine-city-megastructure-kiyonori-kikutake/

"Une Cité Industrielle", le rétro-futurisme à l'oeuvre?

Derrière Tony Garnier ( 1869-1949), célèbre urbaniste chargé dans les années 1910 de la rénovation de la ville de Lyon, a d'abord commencé sa carrière en tant qu"'utopiste urbain", utopie de béton et de fomes qui va périr chez son auteur au lendemain de la première guerre mondiale (l'architecte ne se consacrera plus qu'à la réalisation de monuments aux morts).
Pourtant derrière cet idéal mort né, se cache une des premières volonté de concevoir une ville pour ses habitants, et non plus pour ses fonctions; d'inspiration socialiste Garnier a rédigé un recueil intitulé "Une Cité Industrielle. Étude pour la construction des villes.", une première pour le XXe siècle.
Pour ceux qui souhaiterait se documenter un peu plus sur la "Cité industrielle", Une maquette à l’échelle 1/5000 fût exposée à la la Galerie d’architecture moderne et contemporaine.





Sources: https://www.citedelarchitecture.fr/fr/CiteDeLArchiChezVous/la-cite-industrielle-de-tony-garnier
https://www.citedelarchitecture.fr/fr/CiteDeLArchiChezVous/la-cite-industrielle-de-tony-garnier

Les promenades suspendues de Manhattan

Preuve que la question de la circulation piétonne dans les villes est aussi ancienne que l'apparition de la voiture, l'ingénieur Henry Harrison Suplee propose ainsi en 1913 la construction d'imposantes passerelles et promenades urbaines surélevées et suspendues au dessus des artères embouteillés de New York.

Quitte à te surprendre, l'idée n'est pas nouvelle et a été adoptée à... Babylone.
En effet, l'ancienne ville mésopotammienne avait des paserelles reliant entre elles les maisons pour éviter aux habitants de marcher avec les chevaux.

Comme quoi! les embouteillages étaient déjà un problème à l'époque!

En fait, c'était de la sécurité routière, pour éviter que les charriots ne renversent les passants.
D'ailleurs, d'après Gosselin: " Selon Ctésias et selon Hérodote, les murs de Babylone avaient cinquante orgyies ou deux cents coudées royales de hauteur" et "Diodore de Sicile rapporte que des écrivains postérieurs à Ctésias bornaient la hauteur de ces murs [de Babylone] à cinquante coudées, et c'est l'opinion suivie par Strabon ; or cinquante coudées du grand stade de Babylone vaudraient environ 13 mètres ou 71 de nos pieds".
Selon Strabon "Babylone est située dans une plaine. Ses remparts ont 365 stades de circuit (soit 70Kms environ), 32 pieds d'épaisseur (soit 9m de large) et 50 coudées de hauteur (soit 20m) dans l'intervalle des tours, qui elles-mêmes sont hautes de 60 coudées (soit 24m). Au haut de ce rempart on a ménagé un passage assez large pour que deux quadriges puissent s'y croiser.'
Cette muraille servait donc aussi de route! Les chars de la garnison passait sur les murailles plutôt qu'au sol!

Henri Sauvage et la Porte Maillot.

Né en 1870 et mort en 1932, Henri Sauvage fût un illustre représentant de l'art nouveau en architecture, si on lui doit des bâtiments plutôt luxueux (telles que la Villa Majorelle à Nancy (1902), il va rester d'une part un parisien convaincu et de l'autre un partisan acharné de la technique comme solution aux problèmes de logements de plus pauvres (d'où ses Les habitations à bon marché de la rue de Trétaigne, qui préfigurent déjà les HLM).
Convaincu par les principes hygiénistes de l'époque, Sauvage cherche à "éclaircir" un Paris en rénovation permanente depuis Haussmann tout en apportant un touche art déco à la capitale.
D'où aujourd'hui sa proposition pour rénover en 1931 la Place Maillot, on y note la grande "obsession" de Sauvage, celle de bâtiments d’habitations avec des étages en décalés/gradins (d'où les étranges pyramides sur ce dessin) afin de maximiser et harmoniser l'éclairage naturel des chambres.
Si sa proposition de construction ne fût jamais considéré pour la Place, Sauvage garde une certaine influence sur l'architecture parisienne et nantaise avec son immeuble des Amiraux (1913-1930) et les magasins Decré.



Sources: https://www.paris.fr/pages/5-edifices-remarquables-d-henri-sauvage-architecte-de-la-samaritaine-17993
https://www.citedelarchitecture.fr/fr/article/le-dernier-projet-dhenri-sauvage

... j'ai vu des bâtiments construits un peu sur ce principe, au Grau du Roi, près de Monpelier (à la Grande Motte).

Projet de mausolée pour Isaac Newton, ou "cénotaphe" réalisée par l'architecte français Etienne-Louis Boullée (1728-1799) dans le cadre de son "architecture parlante".
Sphère de 150 m de haut, en forme de colosse, noire avec des étoiles scintillantes le jour, et éclairée par une lumière rayonnante la nuit. Non réalisé.



Source: https://en.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne-Louis_Boull%C3%A9e

Ellis Island development- Frank Lloyd Wright, 1959

Un peu d'histoire : Ellis Island a fonctionné comme centre d'immigration jusqu'en 1954, et New York et le New Jersey se sont disputés la propriété de l'île jusqu'en 1998, date à laquelle la majeure partie a été attribuée à New York et environ 10 % au New Jersey.

Après la fermeture du centre d'immigration en 1954, personne ne savait quoi faire de l'endroit, et l'idée de préserver l'histoire n'était dans l'esprit de personne à l'apogée du modernisme.

Le "Key Project" était l'une des deux propositions concurrentes visant à développer l'île à des fins différentes, principalement des complexes hôteliers et d'autres formes de tourisme comme les retombées de la Statue de la Liberté. Wright est décédé avant d'avoir pu présenter sa "contre-proposition", et l'offre "concurrente" a également échoué, probablement en raison du différend sur la propriété du terrain entre les États.

Ce n'est qu'en 1964 que LBJ a fait adopter un plan visant à nationaliser l'île en l'intégrant au Statue of Liberty National Monument, avec l'intention d'en faire un musée et un parc, mais le financement est devenu un problème et les bâtiments se sont rapidement détériorés ; au milieu des années 70, des fonds ont été trouvés et une restauration partielle a eu lieu, avec un tourisme limité, mais c'est Ronald Reagan, entre tous, qui a lancé une campagne de collecte de fonds pour restaurer l'île et en faire une destination touristique majeure aux alentours de 1990.

Plan Pampus (1964) - Archipel artificiel construit à l'est d'Amsterdam qui aurait constitué un ensemble résidentiel et commercial pour 350 000 personnes. Abandonné au profit de logements sociaux actuellement en cours de démolition.

Il y a juste un petit article sur le wiki néerlandais

https://nl.wikipedia.org/wiki/Plan_Pampus

Il à était imaginé par cet architecte :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Bakema