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Désert d'humanité -

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Message par Eumène de Cardie Mer 22 Avr - 13:41

Avec cette série je vous propose trois vignettes d'un conflit dans le Golfe Persique lorsque la France intervient en défense de certaines nations menacées par leur puissant voisin... 

Ces textes sont assez ancien, près de 15 ans, et je vous les livre pratiquement sans modifications par rapport à la version initiale, ne vous étonnez donc pas de certains éléments qui apparaissent aujourd'hui comme datés... 

Nous sommes autour de 2020, la France a considérablement renforcé sa puissance militaire dans les années 2003-2015 sous l'impulsion de De Villepin, nommé premier ministre après son discours à l'ONU contre la guerre en Irak : non seulement le projet de PA2 est-il réalisé, mais une série d'autres projets, principalement maritimes, ne connaissent pas de retard et l'aviation est également modernisée avec un passage au tout Rafale (produit à une cadence bien plus importante et connaissance une accélération de sa roadmap de mises à jour). 

Sans plus attendre passons au premier chapitre de ce récit...

Eumène de Cardie

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Message par Eumène de Cardie Mer 22 Avr - 13:41

Chapitre 1 : Ciel en tempête



Le soleil resplendissait dans le ciel sans nuages. Confiant et détendu, Fariq Al Saoud profitait du spectacle magnifique qui s’offrait à ses yeux, l’immensité du désert arabique s’étalant à perte de vue autour de lui. Il était dans son élément au milieu des airs, sanglé dans le siège éjectable de son appareil, volant à mach 1.2 au dessus du désert de son pays, l’Arabie Saoudite. Fariq Al Saoud était un cousin au troisième degré du souverain mais il était avant tout un officier de l’armée de l’air de son pays, un combattant équipé de l’une des meilleures machines jamais construite par l’homme. 
Cinq ans plus tôt le souverain saoudien avait obtenu la vente d’un lot de 72 chasseurs américains du type F-22 Lightning II, une machine splendide aux capacités inégalées dans le monde. Quinze tonnes de métal et d’éléments composites, d’électronique avancée et de systèmes d’une technologie de pointe. L’appareil avait été conçu près de 25 ans plus tôt et pourtant aucun autre appareil ne lui arrivait à la cheville. Même les Typhoon qui équipaient la force armée de son pays depuis une quinzaine d’année, conçus à la même époque que le F-22, n’étaient pas à même de rivaliser avec cet appareil, ce qui expliquait leur achat. 
Sa forme compacte elle-même dégageait une impression de puissance malgré le fait qu’aucune arme n’était visible sous ses ailes, ses missiles étant rangés dans ses soutes afin d’augmenter sa discrétion face à d’éventuels radars, un élément d’autant plus important que malgré sa détente Fariq n’oubliait pas que son pays était en guerre depuis trois semaines.
Fariq songeait à ces dernières années, à l’excitation qu’il avait ressentit en recevant son nouvel avion : formé sur les vieux Tornado acquis dans les années 1970 et usés jusqu’à la moelle, le passage sur F-22 avait été pour lui une révélation. Son avionique avancée, ses capacités d’approche discrète, pour ne pas dire furtive, sa manœuvrabilité exceptionnelle ( quoique, il devait bien le reconnaître, inférieure à celle des Typhoon équipant également l'armée de l'air saoudienne, des appareils de conception européenne privilégiant l'agilité à la furtivité ), son endurance… Tout cela le rendait réellement amoureux de sa machine. Il savait bien que d’ici quelques années il devrait l’abandonner pour continuer sa carrière, mais d’ici là rien ni personne ne l’empêcherais de profiter au maximum de son avion. 
Un coup d’œil sur ses écrans lui révéla qu’aucune menace n’avait été détectée par les capteurs passifs de son avion ou par le puissant radar de l’avion de contrôle AWACS qui volait à plusieurs dizaines de kilomètres en retrait du front, l’un des cinq précieux avions formant l’ossature des capacités de combat des forces aériennes saoudites en fournissant aux chasseurs la possibilité de voir et tirer sans avoir à allumer leurs radars embarqués, conservant ainsi leur discrétion. 
 Soudain sa radio prit vie et la voix de son ailier, Taref Arif, un jeune lieutenant à peine sortit de l’école de pilotage, se fit entendre : « Sierra two à Sierra one, c’est trop calme, ces pleutres d’émiratis n’osent plus décoller depuis la raclée qu’ils ont pris il y a une semaine ! Over.» Fariq jura. Ils avaient pourtant ordre de garder le silence radio ! Certes les appareils disposaient d’une liaison laser qui leur permettait de communiquer sans être interceptés, mais elle était présentement inopérante, du fait de la différence d’altitude entre les deux appareils. Stupide jeune pilote, tout juste bon à conduire un des avions transporteurs C-17 chargés du ravitaillement des forces terrestres ! 
Activant son propre micro Fariq répondit : 
 « Sierra one à Sierra two, nous avons peut-être infligé une raclée aux émiratis en abattant 15 de leurs 80 F-16 mais je te rappelle que cela nous a couté 8 Typhoon et un F-22. Mais surtout je te rappelle que nos instructions sont de rester en mode de contrôle des émissions ! Over. » 
« Mes excuses Sierra one, on s’ennuie tellement ici avec juste le ciel et le désert tout autour de nous alors que l’escadron Faucon Sacré s’amuse à bombarder leurs brigades blindées… Sierra two over and… » 
***
A trente kilomètres des appareils de Fariq et de Taref un autre appareil n’avait rien perdu de l’échange radio entre les deux pilotes saoudiens. Jean Lasalle était pilote au sein de la flottille 12F de l’aéronautique navale française, en mission pour son pays. A bord de son chasseur Rafale M il rasait le sol à près de mach 1.3, utilisant autant que possible le relief pour masquer son approche.   
Son appareil était plus petit que les F-22 de ses adversaires, et n’avait pas les mêmes capacités de furtivité. Cependant il restait suffisamment discret que pour échapper aux radars de l’AWACS dont les émissions étaient détectées par sa suite de défense électronique Spectra II, version améliorée de l'électronique de base de l'appareil. 
Cette même suite Spectra II avait repéré la communication entre les deux avions ennemis, les deux pilotes étant sans doute trop sûrs d'eux, pensant avoir éliminé toute menace aérienne. C'était vrai jusqu'à il y a peu, les AWACS offrant à l'Arabie Saoudite un trop grand avantage aérien par rapport aux appareils émiratis, lesquels étaient donc abrités dans d'imposants bunkers soumis régulièrement à des bombardements d'artillerie, lesquels étaient la plupart du temps inefficace.   
Cependant ces bombardements avaient causé la mort d'une dizaine d'officiers et de sous-officiers français stationnés aux Emirats, ce qui avait grandement fâché Paris, raison de la présence de Jean dans la région. 
Quelques pressions sur les multiples boutons décorant son manche à balais et Jean sourit : son missile à guidage passif Mica avait repéré l'émetteur de l'un des F-22. Pas la peine d'attendre plus longtemps, le moment était propice. Jean appuya sur le bouton de tir tout en détournant la tête pour éviter d'être aveuglé par le départ du missile anti-aérien. De toute façon son casque affichait sur sa visière toutes les informations importantes : emplacement des appareils hostiles, statut des missiles, état de l'appareil, tout était affiché et visible où qu'il porte son regard. En appuyant sur le bouton de tir Jean prononça simplement deux mots : « Fox three », envoyé sous forme de rayon laser par son système de communication discret vers un satellite au dessus de la région avant d'être transmis par radio conventionnelle au poste de commandement du Richelieu, un système dont seule la France disposait et qui était un des principaux atouts de sa force aérienne.  
La mission de Jean avait commencé deux heures plus tôt. Son ailier Pierre Duponton et lui avaient décollé du porte-avion Richelieu, le nouveau porte-aéronef fleuron de la flotte française alors en mission dans l’Océan Indien. L'appareil emportait avec lui un important chargement de missiles anti-aériens dont quatre des rares missiles à guidage passif se fixant sur les émissions électromagnétiques ennemies pour trouver leurs cibles et 4 missiles à guidage infra-rouge Iris-T. Cependant la principale arme pour la mission était un ensemble de 4 autres missiles anti-aériens Meteor dont la portée de plus de 100 kilomètres permettrait à Jean de mener à bien sa mission : abattre l'AWACS. Mais avant de pouvoir tirer ces missiles il lui fallait détruire les deux chasseurs saoudiens...
***
 La conversation avec Taref avait détourné l'attention de Fariq qui n'avait de ce fait pas vu le flash du lancement du missile. Le guidage passif de ce dernier n'avait pas non plus permis au système d'avertissement de lancement de remplir son office. Aussi l'explosion qui interrompit la phrase de Taref fut-elle une grande surprise pour Fariq qui réagit instinctivement en virant abruptement tout en appuyant sur le bouton d'activation des contre-mesures électroniques et infrarouges. La force de gravité colla le capitaine à son siège, l'empêchant un instant de parler. Quand il reprit son souffle il appela immédiatement son ailier, lequel ne pouvait plus répondre : le missile français avait explosé à hauteur de la verrière du cockpit, projetant des éclats mortels qui avaient transpercé la vitre spéciale et déchiqueté le pilote, une mort trop rapide pour être douloureuse.   
Quelle était donc l’origine de ce satané missile ? Les émiratis ne possédaient pourtant aucun appareil furtif, leur arsenal ne comprenant que des Mirages 2000 modernisés et des F-16, des appareils dont la conception remontait aux années 60 et 70 et qui ne disposaient d’aucun élément susceptible d’expliquer une telle discrétion… Soudain un éclat au dessus du désert, bien en dessous de lui, attira son attention. La source était encore éloignée de plusieurs dizaines de kilomètres mais sa caméra embarquée lui permit de zoomer sur la zone. Et là il comprit : un appareil français, clairement identifiable avec ses formes rondes et ses petites ailes canard, volait à très basse altitude, ce qui expliquait que l’AWACS ne l’ait pas détecté. Réduisant un peu le zoom de sa caméra Fariq vit apparaître un second chasseur. Il n’avait pas le choix, il devait allumer son radar AN/APG-77(b), devenant ainsi plus repérable mais permettant aussi de pointer ses propres missiles AMRAAM sur ses adversaires tout en avertissant l’AWACS de l’attaque. 
***
Une alarme résonna dans le casque de Jean. Il était détecté, cela ne faisait aucun doute : le F-22 survivant avait activé son puissant radar. Il n’avait pas le choix, il devrait l’affronter de face. Heureusement son appareil était équipé d’excellents missiles et était plus manœuvrable que celui de son adversaire. Et, surtout, tout donnait à penser que son adversaire manquait d’entrainement : ses erreurs jusqu’à présent avaient été nombreuses, et sa réaction paniquée suite à la destruction de son ailier tendait à confirmer cette impression. 
Jean, lui, n’était pas un novice : cela faisait déjà 13 ans qu’il volait à bord de son Rafale M, décollant du pont du Charles de Gaulle et du Richelieu au service de sa patrie. Il avait servit deux fois en Afghanistan ainsi que lors de l’opération « Nubie éternelle », l’opération de déploiement d’une force européenne d’interposition au Soudan. Simple mission de paix, « Nubie éternelle » avait débouché sur une véritable guerre durant laquelle il avait abattu un SU-27 et deux SU-25 d’origine russe avant d’être lui-même abattu lors d’une attaque contre une colonne soudanaise qui venait de détruire un village du Darfour, un tir chanceux de la part d’un canon anti-aérien autopropulsé ZSU-23-4 Shilka. Si il parvenait à abattre ce F-22 il deviendrait le premier as français depuis des décennies, un honneur qu’il était bien déterminé à obtenir.   
Il ne servait plus à rien de ruser, et le F-22 n’était pas doté de missiles capables de se fixer sur ses émissions radar : rester en mode de contrôle des émissions maintenant n’avait plus de sens et ne pourrait au contraire que le défavoriser. Il donna la commande vocale ordonnant à son appareil d’activer le radar RBE-3, modèle tout récemment admis au service capable de détecter les avions furtifs comme le F-22. 
***
RBE-3. Un Rafale français de dernière génération. Il n’y avait plus aucun doute possible, l’aéronavale française avait décidé d’intervenir en faveur des émiratis. La marine saoudienne allait devoir sortir de ses ports et traquer l’ennemi, une tâche difficile car ce dernier pourrait sans doute assurer la couverture du détroit d’Aden et de celui d’Hormuz, forçant les frégates et les corvettes du Royaume à repousser des attaques de missiles, voire même les torpilles de sous-marins nucléaires d’attaque… Mais ce n’était pas là son problème, il devait pour sa part éliminer ces appareils qui le menaçaient lui mais qui surtout pouvaient abattre le précieux AWACS dont il assurait la protection… 
Son radar avait bien détecté les deux cibles et transféré les données aux missiles AMRAAM situés dans la soute de l’appareil. Tous les paramètres de tir étaient bons, ils n’en rechaperaient pas… Par deux fois Tariq appuya sur la gâchette. Les deux soutes s’ouvrirent et deux missiles furent éjectés avant d’allumer leurs moteurs et de s’élancer vers leurs cibles, guidés par leurs propres autodirecteurs radars embarqués. 
***
La tonalité de lancement de missile retentit dans le casque de Jean et la suite de défense Spectra II activa automatiquement les contre-mesures de l’appareil : des cartouches de paille d’aluminium furent éjectées tandis que les brouilleurs actifs s’enclenchaient, cherchant à brouiller les radars du F-22 et des missiles. Avec succès d’ailleurs puisque très vite le premier missile alla se perdre vers le sol, le second s’approchant dangereusement de l’appareil de Pierre avant d’être détourné par un leurre.   
Mais pendant ce temps Jean n’était pas resté inactif : la courte distance le séparant du F-22 l’avait incité à armer ses missiles à guidage infrarouge Iris-T, fabriqué à l’origine par l’Allemagne pour équiper ses Typhoon. Ils étaient équipés de la dernière génération de capteurs, tout à fait capables de se verrouiller sur la chaleur dégagée par le F-22 malgré les matériaux réducteurs de chaleur installés sur son fuselage. Surtout Jean avait un avantage sur son adversaire, en l’occurrence le fait d’avoir le soleil dans son dos : non seulement le pilote saoudien avait-il le soleil dans les yeux mais en plus n’avait-il pas l’avantage d’avoir le soleil pour se protéger du missile IR. 
Une nouvelle tonalité se fit entendre dans le casque de Jean : le missile avait trouvé sa cible et s’était verrouillé dessus. Deux pressions sur le bouton de largage des armes et deux missiles s’envolèrent vers leur cible qui tenta une manœuvre désespérée pour les éviter. 
***
Raté. Ses deux missiles étaient passés à côté de leurs cibles, leurrés par les défenses du Rafale. Mais pire encore son avertisseur de lancement de missile l’avertissait de deux tirs de la part du Rafale de tête… Virant de bord en plongeant vers le sol, Fariq tenta d’échapper aux mortels projectiles tandis que son propre système d’autodéfense larguait ses leurres et tentait d’aveugler les capteurs des missiles ennemis. Trop tard cependant car une violente explosion fit vibrer son appareil et une voix féminine commença à déclamer « warning, warning, motor one damaged, warning, warning, motor one in fire, shutting down fuel alimentation to motor one… ». Le moteur droit avait été endommagé, il ne pouvait plus continuer le combat… brusquement son appareil fut prit de nouveaux tremblements, comme si des coups de massue étaient portés sur ses ailes… 
***
L’appareil ennemi avait été touché, mais il continuait de voler. Jean pouvait voir les flammes ravager le moteur droit de l’appareil et la trainée de fumée qui s’en échappait, mais l’appareil restait dangereux : il restait sans doute entre 4 et 6 missiles à bord, une menace qu’il ne pouvait ignorer. Profitant de la plus grande manœuvrabilité de son avion, le français se positionna sur l’arrière de l’avion ennemi et changea son mode d’armement pour le mode canon. L’arme commença a projeter des obus de 30mm au rythme de 2500 coups par minute, une rafale de 2 secondes envoyant près de 80 projectiles déchiqueter l’appareil ennemi, sectionnant des organes vitaux de la machine, condamnant son pilote à l’éjection dans un des secteurs les plus inhospitaliers de la planète. 
***
Il avait perdu. Il devait le reconnaître, son appareil était maintenant en ruine et allait bientôt s’écraser. Sa seule option désormais était l’éjection, l’abandon de la machine à 130 millions de dollars dont il était si fier il y avait encore moins d’un quart d’heure, cette machine qu’il pensait invincible, ce tas de métal et de plastique en feu qui l’entourait comme un sarcophage… Fariq était sous le choc, incapable de lancer la procédure d’éjection. Aussi est-ce l’ordinateur qui, dans un dernier acte de loyauté envers son pilote, décida de lancer la séquence devant conduire à la survie de Fariq Al Saoud.   
Mais c’était sans compter sur le destin qui avait voulu que l’un des obus français endommage la verrière du cockpit, empêchant son ouverture, préalable indispensable à l’éjection… Lorsque les boulons explosifs retenant le siège à l’appareil explosèrent et que la roquette censée propulser le pilote hors de la carcasse en perdition se mit à feu, ce ne fut que pour projeter le pilote contre une barre métallique qui le tua sur le coup.
***

 Il était désormais officiellement un as, victorieux à cinq reprises en combat aérien, le meilleur pilote des forces armées de la République. Mais il ne pouvait pas encore se laisser aller à la joie, cela devrait attendre son retour à bord du Richelieu. D’autres comptaient sur lui, il avait une mission à accomplir, une cible à détruire afin que la seconde vague de chasseurs qui suivaient le sien puissent larguer leurs missiles air-sol et détruire sur le tarmac les autres appareils saoudiens, donnant ainsi une chance aux émiratis de repousser leurs ennemis… Déjà le combat contre le F-22 était passé en arrière plan dans son esprit passé à la prochaine phase du plan… 

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Message par Eumène de Cardie Mer 22 Avr - 13:42

Chapitre 2 : Sable et sang



L’explosion projeta sable, pierre et fragments métalliques tout autour du point d’impact, criblant le blindage du char Leclerc voisin. A l’intérieur du blindé les trois hommes de l’équipage levèrent un regard inquiet vers les parois de métal de leur véhicule. Le caporal Malik Attaf, pilote du véhicule, prononça une rapide action de grâce avant de déclarer à plus haute voix que cette fois-ci ce n’était pas tombé loin. 
Le Leclerc faisait partie d’un peloton de quatre chars émiratis positionnés de manière à prévenir une attaque massive vers Abu Dhabi, 5km en avant du gros des forces chargées de la défense de la capitale de la fédération. 
Soudain un bruit attira l’attention du sergent Murad Omar, le chef du véhicule : son système d’affichage de la situation Icône venait d’afficher une série de symboles de couleur rouge. Au même moment la voix de son supérieur, le lieutenant Abraham Al Dhabi, commandant du peloton, se fit entendre dans ses écouteurs : « Faucon un à tous les faucons, les souris sont dans la souricière. Je répète, les souris sont dans la souricière. N’engager que sur mon ordre. »
Alors que ses hommes se préparaient au combat en revérifiant une dernière fois l’état de leurs véhicules, le lieutenant Al Dhabi resta à la radio, changeant de fréquence pour appeler l’artillerie, ordonnant un tir barrage sur l’espace situé devant ses unités. L’armée émiratie avait prévu une surprise pour l’armée saoudienne : douze canons autopropulsés Caesar avaient été placés à vingt-cinq kilomètres de la ligne de front et équipés de munitions copperhead. Ces obus, d’un modèle qui avait déjà servi durant la guerre du Golfe en 1991, avaient pour particularité d’être guidés par un laser sur leur cible finale. Tous les chars émiratis disposaient justement d’un laser adéquat, fixé sur leur toit et commandé par le chef de char, c’était même l’une des particularités de la version émiratie du Leclerc. Grâce à cela la puissance de destruction des blindés était doublée tant qu’ils restaient à portée de l’artillerie. 
***
Le capitaine Moqtar Al Saoud, cousin au 5ème rang du souverain saoudi, était inquiet. Le bombardement d’artillerie qu’il avait ordonné ne semblait pas avoir causé beaucoup de dégâts, à en croire le peu de fumée visible à l’horizon. Tenant ses jumelles d’une main et s’agrippant au bord de la tourelle de l’autre, il observait ses hommes progressant à vive allure en direction d’Abu Dhabi. Il avait commencé les opérations avec douze chars et autant de transporteurs de troupes Al Fahd sous son commandement, il y avait déjà deux jours. Et en seulement deux jours il avait perdu près du tiers de ses hommes, deux transports de troupe ayant sauté sur des mines qui les avaient entièrement ravagés, un bombardement d'artillerie en ayant détruit trois autre dont heureusement quelques hommes avaient survécu tandis qu'un de ses précieux chars avait été détruit par un missile tiré depuis les airs lors d'une des rares sorties des forces aériennes émiraties. 
Néanmoins il restait confiant : son pays mettait en ligne plus de troupes et disposait d'une totale maîtrise des cieux, même si la présence d'un grand nombre de batteries anti-aériennes mobiles ennemies défendant les unités de première et deuxième ligne avait été une mauvaise surprise, couteuse en vie humaines pour la force aérienne saoudite qui avait vite renoncé à déployer ses vieux bombardiers Tornado et à risquer ses appareils plus modernes pour ce qui était, on en était sur à Ryad, une simple question de temps. 
"Aigle d'acier à Renard un, un barrage d'artillerie est en route vers votre position, enclenchons procédure de contre batterie"
A peine le cerveau de Moqtar eut-il enregistré le message diffusé par le responsable de l’unité de radars de contre-batterie que le système de détection d’émissions laser se mit à hurler d’un son strident, quelques secondes avant que le premier obus n’explose. Ou plutôt que la charge explosive du premier obus téléguidé n’explose après que le capteur d’impact l’ait informé qu’il avait atteint sa cible, détruisant l’un char M1A3 de Moqtar. Quelques millièmes de seconde plus tard c’était au tour d’un transporteur de troupes Al Fahd d’être détruit par une charge de 6,7 kilos d’explosifs qui ne laissèrent aucune chance aux 8 hommes qui se trouvaient à bord. 
En une minute ce furent pas moins de 36 obus qui s’abattirent sur l’unité saoudienne, détruisant le quart des véhicules du capitaine Al Saoud : 4 chars et 3 transporteurs de troupes furent mis hors de combat en quelques secondes.
***
Le lieutenant Al Mdina était concentré sur son écran tactique de commandement, vérifiant que l’ordinateur de contrôle de tir de contre-batterie avait bien envoyé les bonnes coordonnées de tir aux six lance-roquettes multiples Astros II dont il avait la charge. Satisfait, il appuya sur la touche autorisant les commandants de chaque véhicule à lancer leurs 16 roquettes SS-60 de 180mm, soit un total de près d’une centaine de roquettes destinées à anéantir les canons d’artillerie émiratis repérés par le radar. Une fontaine de lumière s’éleva dans le ciel, bientôt obscurcis par un immense panache de fumée tandis qu’un bruit déchirant retentissait à chaque départ de roquette. 
C’était sans compter sur le fait que les Caesar émiratis avaient déjà levé le camp : profitant du fait que leurs ordinateurs calculaient en temps réel la position des véhicules et étaient capables de définir en même temps les solutions de tirs, les équipages de l’artillerie émiratie n’avaient eu qu’à abaisser les stabilisateurs de leurs véhicules, lancer la séquence de tir, laquelle ne durait que quelques dizaines de secondes, puis rétracter les stabilisateurs avant de filer à près de soixante km/h au travers du désert, se gardant bien de rouler sur la piste qui leur avait servit à gagner leur position. 
En revanche une autre unité, située cinq kilomètres de la première, attendait silencieusement depuis plusieurs heures qu’un tel échange de tir se produise : attendant une demi-minute après que la première unité ait fait feu, le commandant de cette unité ordonna l’allumage de son radar de contre-batterie, juste à temps pour voir apparaître sur ses écrans les premières roquettes de l’ennemi prenant leur envol. Immédiatement il ordonna un tir de contre-batterie et ses six canons tirèrent un total de vingt-quatre obus sur les positions des Astros saoudiens. Cependant, là où les roquettes saoudiennes étaient d’un modèle non guidé il n’en allait pas de même pour les obus tirés par les obusiers émiratis : leurs munitions étaient des obus SADARM qui, à l’apogée de leur course, déployaient un petit parachute permettant aux capteurs intégrés de l’obus de repérer sa cible et de tirer avec précision deux sous-munitions capables de détruire n’importe quelle objectif au blindage léger comme celui des Astros. Ainsi les lance-roquettes saoudiens, qui avaient eux aussi commencé à lever le camp, furent-ils tous détruits en quelques secondes par les obus tombés du ciel. 
***
« Faucon un à tous les faucons, feu à volonté ! » : l’ordre jaillit dans les écouteurs du sergent Omar. Immédiatement il commença à donner ses propres instructions : « objectif char, position 280, élévation 8°, obus flèche, feu ! objectif transport de troupe, position 279, élévation 10°, obus explosif, feu ! » Entre chaque ordre de tir le char de soixante tonne était violement secoué par le recul du canon de 120mm. Malgré l’excitation qui l’envahissait intérieurement, le sergent Omar restait calme. Il savait que ses hommes étaient bien entraînés mais que si lui, leur chef, se laissait aller alors eux pourraient commettre une erreur qui leur serait fatale à tous. 
-          Faucon un est touché ! je répète, faucon un est touché ! 
-          Ici faucon deux, je prends le commandement. A tous les faucons, repli vers la position ba ! Je vais voir si il y a des survivants à bord de faucon un
-          Faucon trois, bien reçu, je me déplace vers la position ba !
-          Faucon quatre, bien reçu, je fais de même ! 
Le rugissement de la turbine du puissant moteur de 1500cv du char se fit plus fort tandis que le caporal Attaf enclenchait la marche arrière pour les faire sortir du trou dans lequel ils s’étaient cachés, arrachant au passage le filet de camouflage qui masquait leur signature thermique et radar ainsi que leur forme aux drones et avions ennemis. Omar désigna encore deux cibles à son artilleur avant de consulter l’horloge du bord. Une minute et quinze secondes depuis le début du combat. 
Le géant d’acier sortit de son trou à près de 30 km/h, en marche arrière. Sur l’écran tactique le sergent Omar put constater que Faucon trois et quatre obéissaient bien à ses ordres. Lui-même ordonna à Attaf de se diriger vers la dernière position connue de Faucon un, l’artilleur faisant pivoter la tourelle du char. La manœuvre était risquée, interdite par le protocole, mais il ne pouvait abandonner son lieutenant à l’ennemi.
***

Les rapports radios étaient trop nombreux, mais il ressortait de chacun d’eux que beaucoup de ses hommes étaient morts. Quatre chars avaient été détruits, deux autres touchés, un transporteur de troupe éliminé. Il n’avait pas le choix. Il devait ordonner la retraite et sauver ce qui pouvait encore l’être. « Renard un à tous les kangourous, débarquez et empêchez les de nous suivre, nous viendrons vous reprendre à la nuit tombante. A tous les renards et toutes les cigognes, retraite vers le point alef. » Il venait de sacrifier son infanterie mais elle était moins importante que ses précieux chars, moins précieuse que sa propre vie… Il appuya sur le bouton commandant le déclenchement des fumigènes, laissant les volutes chimiques masquer son ignominieuse retraite.. 

Eumène de Cardie

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Message par Eumène de Cardie Mer 22 Avr - 15:03

Chapitre 3 : Le cardinal des mers

CVN Richelieu, Mer d'Omam, intervention française jour 8, 21h12 



L'amiral Hervé de la Roche-Précise, commandant en chef des forces armées françaises pour l'océan Indien, était préoccupé. Les premières opérations offensives menées contre le royaume saoudien par les forces sous ses ordres avaient certes causé d'importants dommages à l'effort de guerre de son ennemi mais il n'avait pu frapper contre la flotte ennemie, sortie de ses ports avant que la flotte française ne puisse l'y frapper.  
La marine saoudienne était puissante, comprenant notamment 7 navires aux caractéristiques furtives, 3 étant des frégates construites en France dans les années 90 sur le modèle des frégates La Fayette, les 4 autres étant des navires d'origine américaine de la classe Littoral Combat Ship. Ensemble ces navires représentaient une puissante force de frappe et surtout une menace importante pour l'aviation embarquée du porte-avion Richelieu, navire amiral de la flotte française.
Cependant la France avait donné à ses officiers les moyens de neutraliser la menace puisque la flotte de l'Océan Indien avait été renforcée pour cette opération : outre le porte-avion Richelieu l'amiral pouvait compter sur la frégate lourde de défense aérienne Chevalier Forbin, quatre frégates multimission de la classe Aquitaine dont une chargée de missiles de frappe anti-terre Scalp, une frégate légère de défense aérienne de la classe FREDA et deux frégates furtives légères La Fayette remises à niveau en 2015, travaux qui avaient triplé leur puissance de feu, et deux sous-marins nucléaires d'attaque, des vieux de la classe Rubis puisque le Suffren, premier navire de la classe Suffren, ne serait pas prêt avant 2022. Enfin deux navires de transport de troupe et d'assaut de la classe Mistral et deux navires ravitailleurs avaient également été intégrés à la flotte.
Une force considérable donc, la plus puissante armada rassemblée par la France depuis l'assaut sur le canal de Suez en 1956. Une flotte qui avait déjà rencontré plusieurs succès dans ce conflit : depuis l'arrivée sur zone une quinzaine d'avions ennemis avaient été abattus, une dizaine d'autres étant détruits par des missiles de croisière tirés depuis les navires de surface. 
Le quartier général des forces saoudiennes avait également été touché par un raid de missiles et plusieurs autres cibles stratégiques avaient été endommagées. Le fait que la France dispose de plusieurs satellites espions avait grandement facilité la tâche de coordination des frappes et assuré un bénéfice maximal pour chaque tir. Une série de clichés était justement affichée sur l'écran de la table à carte virtuelle de la passerelle du Richelieu. 
Les images montraient deux gros navires en flamme,puis les mêmes navires quelques heures plus tard : l'un avait disparu, ayant explosé et ravagé le quai auquel il était attaché, l'autre dégageant toujours une intense fumée. Les navires ravitailleurs de la flotte saoudienne ne lui causeraient plus de soucis...  


FFG Makkah, Mer d'Oman, intervention française jour 8, 21h30



L'amiral Hamid ben Youssef était dans sa cabine et regardait la carte étendue devant lui, maussade. Il savait que là, quelque part au large des côtes de son pays, une flotte ennemie l'attendait. Une flotte puissante, bien entraînée, une des plus grandes flottes occidentales.
Lui aussi commandait une flotte, la meilleure que puissent offrir les pétrodollars accumulés depuis soixante ans. Contemplant l'écran d'affichage tactique, fusion des informations récoltées par tous les capteurs des navires sous ses ordres, l'amiral savait néanmoins que cela ne serait pas suffisant pour couler la flotte ennemie. 
Les rapports reçus des services de renseignement faisaient part de la présence d'un porte-avion et d'une dizaine de navires de premier rang ainsi que d'au moins un sous-marin, peut-être deux. Pouvait-il seulement espérer survivre à l'affrontement ? Les rapports indiquaient que les ports du pays avaient souffert d'attaques de missiles, sans doute destinées à couler ses navires de combat à quai. Heureusement il avait appareillé trois jours plus tôt afin de traquer la flotte des émirats. Cela lui avait permit d'éviter l'attaque, une chance que n'avaient pas eu les deux navires ravitailleurs. Mais cela signifiait qu'il était coincé entre les deux forces navales, coincé aussi par la côte iranienne et la côte omanaise, pris au piège par l'ennemi, et qu'il avait perdu la capacité de rester longtemps en mer. 
Essayeraient-ils de détruire sa flotte depuis les airs ? Risqueraient-ils leurs navires à portée de missiles ? Élimineraient-ils la flotte saoudienne à coup de torpilles ?  Hamid ben Youssef savait bien que lui, à la place de l'amiral français, chercherait avant tout à repérer l'ennemi puis à l'éliminer à distance, restant bien hors de portée des armes adverses. Cela signifiait qu'il devait lui aussi trouver la position de l'ennemi et s'en rapprocher le plus possible pour repousser le groupe aéronaval loin des côtes, trop loin que pour intervenir à terre avec son aviation embarquée. 
Les ordres de Ryad étaient en effet très clairs : la marine avait pour mission unique la protection des côtes pour permettre aux forces aériennes et terrestres du royaume d'accomplir leurs propres objectifs aux Émirats Arabes Unis sans avoir à se soucier d'une intervention étrangère. On savait en haut lieux que ni les USA ni le Royaume-Unis n'interviendraient, les premiers parce qu'ils considéraient que les opérations en cours renforceraient leur allié saoudien, les seconds parce qu'ils n'étaient plus à même de projeter des forces capables d'influencer les combats terrestres, ruinés qu'ils étaient par la crise financière de 2008 et les coûts énormes des guerres d'Irak, d'Iran et d'Afghanistan menées entre 2004 et 2017.
On savait que la Chine, proche elle aussi de l'Arabie Saoudite, ne bougerait pas. Israël ne ferait rien dans un conflit entre Arabes. La Russie ne s'intéressait pas à la région, au contraire l'instabilité allait faire grimper les prix du gaz, ce qui l'enrichirait. Personne dans le gouvernement ou à l'état-major n'avait songé à la France. Et c’était désormais à l’amiral ben Youssef de s’en occuper…


CVN Richelieu, Mer d'Oman, intervention française jour 8, 21h30 



L'amiral de la Roche-Précise tourna son regard vers le capitaine en charge du quart
- Capitaine Quatremer, où en sommes nous de la recherche des forces navales ennemies ?
- Rien de nouveau depuis la passe satellite d'hier, amiral. Ils étaient dans le golfe d'Oman, à 400 miles de nos unités,  en mode de contrôle des émissions pour éviter d'être repérés par nos détecteurs d'ondes électromagnétiques et ainsi bénéficier au maximum des capacités furtives de leurs navires. Un premier écran composé des trois frégates Al Sawhari précédait le groupe de combat principal constitué des quatre frégates LCS.
- Cela ne peut durer. Lieutenant Janneau, quel est l'état de la force aérienne saoudienne ? Est-elle capable de venir nous attaquer ou bien avons nous causé assez de dégâts ?
- Bonne question, amiral. Les observateurs à Dubaï nous indiquent que les saoudiens ont adopté une posture aérienne défensive : nous leur avons fait très mal, et ils se concentrent maintenant sur la protection de leur capitale, se servant de leurs derniers appareils de contrôle aérien AWACS. Étant si loin à l'intérieur des terres ces appareils ne sont d'aucune utilité pour nous localiser. Je pense donc la possibilité d'un raid aérien fort peu probable.
- Bien. Lieutenant, ordonnez à l'Hawkeye d'allumer son radar et de traquer la flotte ennemie. J'en ai assez de n'utiliser que des capteurs passifs. Capitaine Laer, doublez la patrouille de défense aérienne. En passant notre avion de guet en mode actif nous risquons d'attirer un raid aérien saoudien. Préparez également un vol de 4 Rafales équipés de missiles anti-navire Exocet. J'espère avoir du travail pour eux avant la fin de la journée. 
- A vos ordres amiral ! Je lance immédiatement les appareils d'alerte et fait préparer un groupe d'attaque. 




FFG Makkah, Mer d'Oman, intervention française jour 8, 21h31 



- Commandant ! Émissions aéroportée, antenne AN/APS-145, appareil de type E-2C Hawkeye ou P-3C modifié... C'est israélien, égyptien, américain ou français !
- Niveau de la menace ?
- Détection endéans la demi-heure assurée à 83%. 
- Distance de la cible ? 
- 350 nautiques, commandant. Il semble assez proche de la côte yéménite, comme si il couvrait des opérations aériennes le long de la côte...
Sur l'écran de la console de situation tactique un symbole rouge est apparu, marquant la position de l'émetteur radar, désigné comme étant un avion. 
- Son radar n'a pas la portée pour soutenir les opérations menées aux émirats. Il doit nous chercher. La question est de savoir si il est proche ou non de la flotte française. Cette position me semble fort exposée, si près de la côte... C'est bizarre. Non, le porte-avion doit être plus au large. Mettez le cap au 180, avant deux tiers, et transmettez l'ordre au reste de la flotte. J'espère simplement que nous ne faisons pas ce que notre ennemi attends de nous...


CVN Richelieu, Mer d'Oman, intervention française jour 8, 21h35 



- Ils réagissent comme prévu, amiral. Leur cap est passé au 180 et leur vitesse a augmenté. 
- Bien, très bien. Ils ne pensent pas que nous ayons eu le culot de nous approcher à ce point de la côte pour réduire nos temps de vol et assurer une meilleure portée à nos missiles. C'est très bien. Prévenez le Saphir et la Perle. Ils vont avoir du travail !
-  A vos ordres, amiral. Que dois-je leur transmettre ?
- Le plan d'opération sera le suivant. Nous allons mener une première attaque aérienne avec les quatre Rafale d'alerte qui viendront de leur quadrant est afin de pousser le groupe ennemi vers nous. Le Saphir et la Perle se placeront en embuscade de part et d'autre de la flotte ennemie puis lanceront leurs torpilles en visant prioritairement les frégates Al Sawhari car je veux nous débarrasser de leurs missiles Aster pour laisser le champs libre à la seconde vague de douze Rafales, lesquels auront à s'occuper des LCS. L'attaque aérienne servira également de couverture pour la retraite des sous-marins. Les Rafales concentreront leurs feux sur deux des quatre frégates restantes afin de forcer les deux autres à se retirer vers la côte, si possible en les envoyant au port où ils ne seront plus un danger pour personne. Deux des Rafales seront toutefois chargés de viser les éventuelles Sawarhi qui auraient survécu aux torpilles. Nous allons voir si l'Exocet III est un aussi bon missile que son ancêtre... Quel délais pour que les sous-marins soient en position d'attaque ?
- Avec les fonds nécessaires pour leur permettre de s'échapper ? Trois heures à 25 noeuds, six heure à 18 noeuds, dix heures à 10 noeuds. 
- Très bien, en ce cas préparez l'attaque principale pour dans dix heures. Ordonnez aux Rafales d'alerte de décoller maintenant et d'attaquer par l'est, leur plan de vol leur sera communiqué en route sur base du dernier relevé satellite. Il est bien prévu pour dans trente minutes n'est-ce pas ?
- Oui amiral.Nous pourrons alors affiner le plan d'attaque des Rafales.
- De toute manière ils ont déjà été briefés sur la menace, ils savent à quoi s'attendre. Très bien, procédez.
- A vos ordres, amiral !

A bord d’Espadon 1, au dessus de la mer d’Oman, intervention française jour 8, 23h41



Jean Lasalle regarda une nouvelle fois l’écran affichant la position de son appareil puis revérifia l’état de ses munitions. Deux missiles Exocet pour les navires, deux missiles MICA et deux IRIS-T pour la défense aérienne. L’augmentation de puissance du moteur lors de la dernière refonte de l’appareil permettait l’emport d’une charge aussi lourde que s’il avait décollé depuis un aéroport terrestre, une des nombreuses améliorations apportées par ce nouveau standard. 
Six avions, plus d’une dizaine de véhicules terrestres et maintenant peut-être un navire… Lassale sourit, il était sans aucun doute le meilleur pilote de France. Sa promotion ne pourrait plus tarder… Mais avant cela il devait encore achever cette mission. 
La mise à jour des frégates Sawhari, alors célébrée comme un succès de l’industrie française, avait rendu ces grandes sœurs des frégates La Fayette bien plus dangereuses, proches en capacité des FREDA dont la Royale venait de recevoir le second exemplaire. Cela signifiait missiles Aster 30 et Aster 15, mais aussi des missiles à très courte portée RAM et quatre canons ultra-rapides destinés à intercepter les missiles anti-navires les plus rapides. 
Volant au raz de l’eau, le groupe de quatre chasseurs français semblait dévorer la distance qui le séparait des navires ennemis, les pilotes ayant activé le pilote automatique pour éviter tout risque de perte de contrôle. 
Dans le casque de Jean une voix résonna : « A tous les Espadons, ici Aigle 1, cible à portée dans une minute. » Le pilote sourit : ses détecteurs de menaces étaient toujours silencieux. Vérifiant une nouvelle fois le statut de ses armes, il activa aussi le système de largage et alluma leurs systèmes de guidage. 
« Espadons, ici Aigle 1, prêts à bondir dans 10… 9… 8… » Le contrôleur à bord de l’avion de guet continua son décompte jusqu’au « top » final. Au signal, les quatres pilotes redressèrent violemment leurs appareils, le doigt sur la détente, jusqu’à entendre le signal audio indiquant que leurs armes avaient trouvés leurs cibles. Par deux fois Jean appuya sur la commande de tir, sentant l’appareil s'alléger alors que le missile gauche puis le missile droit quittent ses ailes, lui entame un virage serré vers la droite, suivi par ses ailiers, chacun lançant à la radio un laconique « fox five » à chaque largage. 

FFG Makkah, Mer d'Oman, intervention française jour 8, 23h41



Le premier signe de trouble fut le son du klaxon de rappel au poste de combat et d’alerte missile qui réveilla l'amiral Hamid ben Youssef. Prenant à peine le temps de revêtir un pantalon et une chemise, l’officier se précipita en passerelle. 
« 8 vampires en approche, amiral, lancés par quatre appareils venant du 260 qui ont immédiatement replongé sous l’horizon radar. Les Aster sont sur… » L’officier s’arrêta de parler : un intense jet de flamme devant les fenêtres de la passerelle indiquait suffisamment bien que le système anti-aérien de la frégate avait entrepris de réagir à l’agression. 
« Cibles ? » demanda ben Youssef. « L’al Dammam pour cinq projectiles, et l’al Ryiadh pour les trois autres» répondit immédiatement le sous-officier chargé de la veille radar, une note de soulagement audible dans sa voix. 
L’amiral grimaça. Ses frégates de défense aérienne étaient bonnes, mais affronter cinq missiles anti-navires modernes était difficile pour toutes les marines du monde. Il n’empêche, l'entraînement de son équipage et la qualité du matériel devrait assurer sa survie. 
Tout le monde écoutait les opérateurs anti-aériens décrire la bataille en cours. Deux missiles abattus dans la première salve, restaient six… Un troisième détruit en vol, le bruit de l’explosion audible malgré le klaxon d’alerte, un nuage noir apparaissant dans le ciel à côté de… oui, des points noirs, les missiles ! Les canons du navires se mirent à tonner dans un vacarme assourdissant. Jamais l’ensemble de l’armement n’avait été amené à agir simultanément et de concert !
Deux autres missiles furent touchés, un troisième leurré par le système de défense. L’al Damman et l’al Ryiadh furent chacun frappés d’un projectile. L’al Damman sembla se déplacer latéralement sous la force de l’impact en pleine superstructure, une pluie de débris projetés dans les airs retombant tout autour du navire tandis qu’une épaisse fumée commença à s’en dégager. 
L’al Ryiadh semblait plus gravement touché. Le coup a porté dans la coque, déchirant la tôle jusque sous le niveau de la mer… Déjà il commence à gîter tandis que des flammes s’échappent de l’ouverture béante dans laquelle se précipite l’eau. 
L’amiral n’est pas encore remis de son choc qu’une nouvelle voix se fait entendre, celle de l’opérateur de la console de lutte anti sous-marine : “torpilles en approche au 60 !” tandis que simultanément l’opérateur radar s’exclame “missiles en approche au 60 !”
Lançant un juron, l’amiral regarda l’écran des menaces. Quatre torpilles et quatre missiles approchant du même quadran... Des sous-marins… la menace contre laquelle il est le moins bien équipé. Et avec l’al Ryiadh et l’al Damman hors service il a perdu deux de ses trois principaux navires de défense aérienne ! Les quatre navires fournis par les Américains n’avaient ni missiles longue portée ni l’artillerie nécessaire pour intercepter avec succès de tels missiles… 
Utilisant la capacité de mise en réseau de ses navires, l’amiral ordonna à l’al Damman de tirer quatre missiles anti-aériens, les radars du Makkah se chargeant de les guider vers leur cible en même temps que les missiles tirés par le navire amiral. Deux des Exocets furent abattus, mais l’un s’abattit sur l’un des trimaran LCS qui se brisa net et commença immédiatement à couler, l’autre touchant l’al Damman et provoquant une explosion spectaculaire des cellules à missile, pulvérisant le navire. 
Pendant ce temps le Makkah et les trois autres navires de la flottille avaient accéléré à leur vitesse maximale, mettant le cap au 170 pour s’éloigner de la côte et des torpilles en approche. 
Mais si les LCS peuvent atteindre jusqu’à 44 noeuds de vitesse, c’est insuffisant face à la F21 capable d’atteindre plus de 50 noeuds… Deux des navires sont atteints et littéralement projetés hors de l’eau par la force de l’explosion sous leur coque, l’un des trimarans se brisant sous le choc tandis que l’autre, touché au moment où il franchissait une grosse vague, est carrément retourné et expose ses propulseurs à l’air ! Mais l’amiral ne verra pas cette catastrophe car l’explosion de deux torpilles sous le Makkah ont brisé la quille du navire et causé un tel choc que l’amiral, heurtant une console dans sa chute, est inconscient… Fortement commotionné, il ne retrouvera jamais ses sens et ne connaîtra jamais l’ampleur de son déshonneur… 

CVN Richelieu, Mer d'Oman, intervention française jour 9, 00h30 



  • Amiral, nous avons la confirmation satellite. Malgré le problème de coordination entre les deux attaques nous avons obtenu des résultats supérieurs aux attentes. Les radars saoudiens ont bien réussi à percer le brouillage des Exocet III mais près de la moitié d’entre eux ont atteint leur cible, et les torpilles ont achevé le travail. Les trois frégates et trois des LCS ont coulé ou sont sur le point de sombrer, seul un LCS a survécu à notre attaque. Il conduit actuellement des opérations de secours à en juger par le nombre de marins porteur de gilets de sauvetage entassés sur son pont arrière… Vous êtes le nouveau Suffren de la France !

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Message par Thomas Jeu 23 Avr - 11:30

Jean Lasalle était pilote au sein de la flottille 12F de l’aéronautique navale française, en mission pour son pays.
Je pense directe à lui:
Désert d'humanité -  TaT_x7GV_400x400

Lecture in progress.

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Message par Thomas Jeu 23 Avr - 14:26

Terminé.
Chouette récit en effet.

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Message par Eumène de Cardie Jeu 23 Avr - 16:23

Merci Smile

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Message par Collectionneur Jeu 30 Avr - 1:27

Merci Very Happy Je signale un s trop dans le premier message :
.. soucier d'une intervention étrangère. On savait en haut lieux que ni les USA ni le Royaume-Uni(s)

Mais la flotte française est passé par la Mer Rouge pour atteindre l'Océan indien ? Les saoudiens l'on sûrement remarqué.
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Message par Eumène de Cardie Jeu 30 Avr - 8:40

Collectionneur a écrit:Merci Very Happy Je signale un s trop dans le premier message :
.. soucier d'une intervention étrangère. On savait en haut lieux que ni les USA ni le Royaume-Uni(s)

Mais la flotte française est passé par la Mer Rouge pour atteindre l'Océan indien ? Les saoudiens l'on sûrement remarqué.
Merci Smile

Oui le gros de la flotte française est passé par la Mer Rouge et a bien été détecté par les Saoudiens, mais d'une part le gros de leurs forces était tourné vers l'est et d'autre part au moment du passage de Suez les Français n'étaient pas encore officiellement hostiles donc impossible d'agir.

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Message par Collectionneur Jeu 30 Avr - 9:29

Une guerre avec le premier producteur de pétrole du Proche-Orient... La, il faut que Paris se rabiboche avec Téhéran avant de se lancer dans une telle aventure Twisted Evil
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Message par Collectionneur Sam 9 Mai - 20:58

Au fait, dans la première vignette, il faudrait remplacer F-22 Lightning II par Raptor.
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Message par Eumène de Cardie Sam 9 Mai - 22:23

Collectionneur a écrit:Au fait, dans la première vignette, il faudrait remplacer F-22 Lightning II par Raptor.
Cela montre à quel point ce texte a été rédigé il y a longtemps :p

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Message par Eumène de Cardie Sam 9 Mai - 22:24

Collectionneur a écrit:Une guerre avec le premier producteur de pétrole du Proche-Orient... La, il faut que Paris se rabiboche avec Téhéran avant de se lancer dans une telle aventure Twisted Evil  
Ou être plus loin dans la transition énergétique, ou avoir de meilleurs liens avec la Lybie et/ou l'Algérie Wink

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Message par Collectionneur Sam 9 Mai - 23:37

A quel date le F-22 est devenu le Raptor au fait ? J'ai encore les jeux PC de 1999 chez moi bien que mon PC n'arrive plus a les lire....
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Message par Eumène de Cardie Dim 10 Mai - 10:42

Sans doute lors de son entrée formelle en service, en 2005

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Message par Collectionneur Mer 2 Fév - 13:44

Je remonte le fil... Depuis Djibouti, avec les yéménites sûrement ravis de voir leurs voisins se fairent essorer, on peut lancé des raids en profondeur dans le sud du Royaume. Mais la mer rouge sera interdite aux navires français entre les missiles antinavires et les mines. Et même pour les vols aériens, cela sera risqué. l'Égypte dépend énormément de l'Arabie Saoudite pour son financement, autorisera t'elle l'usage de son espace aérien a la France pour ravitaillé l'océan Indien ?
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Message par Eumène de Cardie Mer 20 Sep - 18:38

Le texte est né comme une simple bataille aérienne, petit exercice de style, et n'a jamais fait l'objet d'un vrai contexte géopolitique, donc on peut imaginer toute situation. On sait juste qu'on est dans un environnement qui, à l'époque d'écriture, était 15 à 20 ans dans le futur. Donc les liens financiers Arabie/Egypte peuvent ne pas être présents Wink

Par ailleurs la flotte française est "revenue sur ses pas" après être passée en océan indien, ce qui aide aux opérations. Par contre seule la base aux émirats et la flotte sont engagés par la France.

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Message par Collectionneur Mer 20 Sep - 22:20

Les forces françaises ayant une base commune avec l'USAF, celui leur donne une protection supplémentaire qui inhibe une réaction saoudienne voulant éviter des dommages collatéraux chez les américains.

Mais on voit en ce moment en Russie, et d'ailleurs également en Arabie saoudite lors des attaques houtis que des petits drones peuvent réussir à s'infiltrer et être très précis lors d'attaques sur des bases stratégiques.
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