Eumène de Cardie

Eumène de Cardie

A l'apogée de la Macédoine, le roi Philippe et son célèbre fils Alexandre le Grand eurent la chance d'avoir un grand général à leur service. Eumène n'était pas Macédonien. C'était un étranger qui avait choisi de combattre pour la Macédoine. En fait, Philippe et lui s'étaient rencontrés dans leur jeunesse et s'étaient liés d'amitiés. Aussi lorsque Philippe devint roi, il appelé son ami à le rejoindre. D'abord secrétaire de Philippe, il devint général de cavalerie ( le second général de la cavalerie macédonienne était le prince Alexandre, ce qui lui donna un rang égal à l'héritier du trône). Il garda le contrôle de ce corps pendant les treize ans où il servit Alexandre le Grand. Pendant plus de vingt ans, il fit parti du conseil personnel de ses deux souverains. Malheureusement, n'étant pas Macédonien ( son origine exacte est assez obscure, il n'était peut être même pas un aristocrate et la Cardie n'a jamais eu d'importance), cela lui valut de solide inimité auprès des jaloux.

A la mort d'Alexandre le Grand, Eumène fut le principal opposant à la séparation de l'Empire d'Alexandre. Il soutint Perdiccas (l'homme auquel Alexandre avait donné son anneau avant de mourir) en tant que régent jusqu'à la majorité de l'héritier du trône. Il fut le seul à le soutenir à l’exception de la mère d'Alexandre. Tous les gouverneurs de province se tournèrent contre Perdiccas, acculé et encerclé par ces mouvements de révolte. Alors que le régent combattait le gouverneur Ptolémée en Egypte ( le futur Ptolémée 1er Sôter, fondateur de la dynastie des Lagides d'Egypte), Eumène se trouva seul à tenir la Turquie actuelle contre les ennemis venus d'Europe. En dépit de troupes peu loyales et réunies depuis peu, Eumène défit Antipater et Crateros qui disposaient pourtant d'une armée largement supérieure numériquement et composée de phalanges macédoniennes en les prenant par surprise sur un terrain favorable à sa cavalerie. Crateros et Néoptolème tombèrent dans la bataille. Ce dernier étant tué par Eumène au cours d'un combat d'anthologie. Eumène chercha à soigner Crateros qui avait été un ami et un fidèle d'Alexandre, mais n'y parvenant pas lui offrit des funérailles digne du grand général qu'il avait été.

Toutefois, cette victoire est malheureusement compensée par la défaite de Perdiccas qui trouve la mort sur le Nil en affrontant les armées coalisées de Ptolémée et d'Antipater. Ce dernier, se voyant déjà sur le trône d'Alexandre, fit juger Eumène ( en son absence) et le fit condamner à mort comme "rebelle". On raconte qu'Eumène en fut très blessé. Plus grave, il se trouvait à présent aux prises avec Antigone qui avait une puissante armée alors que lui-même manquait de tout. Il réussit cependant à résister en n'acceptant de livrer bataille que dans des situations où Antigone ne pouvait pleinement exploiter sa supériorité numérique ou en le harcelant alors qu'il se trouvait en marche. Eumène fut cependant défait et perdit la plus grande partie de son armée. Il trouva refuge derrière les remparts de Nora en Phrygie. Après un siège de plusieurs mois, Eumène réussit à échapper à Antigone.

Sa situation ne s'améliora pas lorsque Olympias (la mère d'Alexandre) regagna la Macédoine en compagnie de l'héritier du trône. Faisant fi des conseils d'Eumène, elle se fit détester de ses sujets; Lorsque les choses tournèrent au pire, Olympias supplia le général de venir à leur secours. Eumène affronta une nouvelle fois Antigone et le défit en l'attaquant alors que ses troupes étaient encore en ordre de marche. C'est alors que le destin joua un très mauvais tour à Eumène.
Antigone, retraitant en Médie, réussit à contraindre son adversaire à le poursuivre dans un désert où il n'y avait pas d'eau sur dix jours de marche. Alourdis par des chargements de vivres et d'eau, l'armée d'Eumène se traîna encore davantage car il fallut se charger de bois de chauffage (1)... parce que les soldats avaient froids la nuit. les lueurs des feux de camp signalèrent la présence de l’armée d'Eumène alors qu'elle se trouvait encore à trois jours de marche de celle d'Antigone. Toute occasion de prendre l'ennemi par surprise étant perdu, les généraux Macédoniens vinrent à désespérer. Ils ne pouvaient plus échapper à l'anéantissement... pourtant Eumène sauva une fois encore son armée en faisant allumer des feux par des volontaires, pendant que le gros de l'armée retraitait sous le couvert de la nuit. Tandis que les volontaires continuaient à avancer vers l'armée d'Antigone, lui faisant croire que son ennemi ne s'était pas rendu compte qu'il était attendu, le reste de ses forces fuirent...

Bien qu'ayant sauvé son armée, Eumène fut pourtant battu. Du fait des jalousies régnant dans son camp, ses propres généraux le destituèrent et le livrèrent à Antigone. Son sort n'était cependant pas sceller à ce moment. Bien qu'Antigone détestât Eumène pour les défaites qu'il lui avait infligé, il reconnaissait ses grandes qualités de caractère et fut d'abord tenté de l'épargner à condition qu'il rejoigne ses rangs. Toutefois, les membres de sa faction comme les généraux qui avaient trahis Eumène poussèrent Antigone à faire subir le supplice capital à Eumène parce qu'ils le jalousaient et ne voulaient pas qu'ils s'impose une nouvelle fois à leurs dépends.

Quant à Eumène, aux fers depuis deux jours, vint à se plaindre à son geôlier qu'Antigone n'ai pas encore décidé de son sort. Il manquait de courage et d'esprit de décision, il n'y avait pas lieu de discuter de son sort. Soit il était élargi soit tué. Le geôlier répondit qu'il n'avait qu'à mourir au combat plutôt que de tomber aux mains de ses ennemis.  " Plût au ciel que ta parole se fut réalisée ! Mais ce qui l'a empêché, c'est que je n'ai jamais rencontré plus fort que moi dans la lutte ! Car je n'ai, contre qui se fut, jamais porté les armes, sans triompher de cette adversaire." Cet homme qui n'avait jamais été battu les armes à la main regrettait d'avoir été vaincu par la trahison des siens. Eumène fut condamné à mourir de faim... par chance pour lui, deux jours après ses geôliers l'égorgèrent... peut-être par pitié.

C'est après sa mort que les gouverneurs rebelles se proclamèrent roi et que l'héritier d'Alexandre fut tué. Eumène fut le dernier défenseur de l'empire d'Alexandre. Pendant ses campagnes, il faisait dresser la tente du roi son sceptre et sa couronne reposant sur son trône. Les conférences étaient conduites devant les insignes royales, comme si Alexandre était encore là. 

Uchronie :

La chute d'Eumène de Cardie tient à peu de choses. Il n'a pas réussis à s'imposer auprès de généraux jaloux et de soldats qui défendaient plus leurs privilèges que le trône. Il n'a pas réussi non plus à empêcher Olympias de faire n'importe quoi.  Il est difficile d'imaginer un POD unique qui résolve tous ces problèmes relevant de la nature humaine, mais... et si... et si Eumène avait réussi à gagner un soutien suffisant de son armée ? Il ne fait pour moi guère de doutes qu'il aurait fini par gagner la guerre contre les révoltés. 

(1) D’après les historiens anciens, les phalanges d'Alexandre, formée de vétérans habitués à jouir de nombreux privilèges refusèrent de renoncer à leur confort... une bien petite cause pour la disparition d'un empire !

Anaxagore, l'Edouard Will de l'uchronie

Difficile en effet de trouver LE POD vu les immenses difficultés rencontrées.

Peut être Perdiccas gagnant contre Ptolémée ?

Emile Ollivier a écrit:Anaxagore, l'Edouard Will de l'uchronie

Difficile en effet de trouver LE POD vu les immenses difficultés rencontrées.

Peut être Perdiccas gagnant contre Ptolémée ?

Oui, une victoire contre Ptolémée est un POD plausible. Peut-être la mort d'Olympias et de l'héritier (qui était... disons intellectuellement limité... ) laisserait Perdiccas seul héritier légitime du trône.