François II et Anne de Bretagne... l’indépendance armoricaine ?

Lorsque Arthur III de Bretagne meurt en 1458, François est couronné duc comme un roi... avec un manteau d'hermine, une épée nue et une couronne fermée (privilège royal). Il faut dire que le duché a été un royaume indépendant et que la guerre de cent ans a rendu de l'énergie au vieux duché. Ne bat-il pas monnaie d'or et d'argent, signe de souveraineté ? Son armée et son administration sont d'ailleurs totalement indépendante du Royaume de France. François II n'est-il pas duc "de par la grâce de Dieu" ? La formule apparaît dans les actes de la Chancellerie dès 1417, soit deux ans après le désastre d'Azincourt, et ce n'est pas une coïncidence. La Bretagne gagne en autonomie lorsque le royaume de France s'affaiblit.
L'autre grand duché autonome, la Bourgogne, s'est allié aux Anglais. Les Bretons sont restés neutres. Le duc François II prête hommage simple au roi de France - debour et armé- comme à un pair, n'est-il pas "roi en son duché" ? Depuis 1460, le pape autorise même la Bretagne à avoir sa propre université à Nantes, ce qui permet à la Bretagne de cultiver sa culture sans dépendre du roi.

Comme le roi de France, François II s'établit dans une cour fixe - à Nantes- à partir de 1466. Il édifie un château magnifique qui préfigure déjà les palais de la Renaissance, bien qu'il ait un rempart et des tours extérieures des plus solides.

Au temps du vieux Charles VII, l'horizon de la Bretagne est sans nuage. L’avènement de Louis XI change tout. Le nouveau roi, ne cache pas vouloir réunifier la Bretagne à la France. Le duché aurait-il pu obtenir son indépendance et échapper à une unification forcée que de nombreux Bretons contestent encore ?

Les POD possibles :

On est souvent obligé de recourir à une seule possibilité et dire "là, à ce moment de l'histoire, les choses auraient pu être différente". La particularité de l'histoire de la Bretagne, c'est qu'il y a plus d'une possibilité pour le duché de changer le cours de l'histoire.

La ligue du Bien Publique :

En 1465, mené par le duc de Bourgogne, une alliance se forme contre le roi Louis XI. Cette coalition propose de renverser le roi pour mettre à sa place son jeune frère, Charles duc de Berry, pantin inconsistant s'il en est. Le premier affrontement, la bataille de Montlhéry, est indécis peut-être parce que les troupes Bourguignonnes ne veulent pas vraiment en découdre. D'ailleurs, seul l’intransigeance du comte de Saint-Pol provoque la bataille. Si la puissance artillerie bourguignonne avait joué convenablement son rôle et que l'attaque avait été poursuivie après que la cavalerie ait chassé les Franc-archers de Louis XI du village de Montlhéry, un sort différent aurait attendu. Or OTL, alors que le roi est sur le point de gagner, le comte du Maine trahit et quitte le champ de bataille avec un tiers de l'armée ! Ce qui transforme la victoire certaine des royaux en une mêlée sauvage.
Or, OTL après cette bataille indécise, Louis XI traite et signe la paix de Conflans. Une défaite pourrait conduire à sa destitution (voire à sa mort, il s'est retrouvé au cœur de la mêlée OTL) et à son remplacement par Charles de Berry.

La guerre folle
J'ai déjà traité spécifiquement de ce sujet ici - > https://forumuchronies.frenchboard.com/t249-la-guerre-folle

Anne de Bretagne :
Lorsque François II meurt en 1488, son héritière est une petite fille de 11 ans, Anne. L'une des clauses du traité ayant mis fin à la Guerre Folle est qu'elle doit se marier qu'avec l'accord du Roi de France. Cette enfant se trouve face à une tâche impossible redresser militairement la Bretagne (écrasée à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier), chasser l'envahisseur, rendre sa gloire perdue à la Bretagne. Certes, la jeune duchesse bénéficie de l'aide d'un habile conseiller, en la personne de Philippe de Montauban. Cependant, il lui faut un allié extérieur. Ce sera Maximilien de Habsbourg, roi des Romains et donc héritier de l'Empire d'Allemagne.
Échec !
Le mariage ne se fera pas, parce que la France provoque une révolte en Allemagne. En 1491, la Bretagne est de nouveau envahis. Seule Rennes résiste et Charles VIII impose ses désirs..; dont la main d'Anne de Bretagne car vu qu’elle n'a pas consommé son mariage avec Maximillien, le roi le fait casser. Le contrat de mariage est une humiliation supplémentaire car Anne doit céder ses droits sur le duché de Bretagne à son époux !
Seulement...
Le destin est bien capricieux ! Charles VIII meurt... Louis XII qui prend sa succession est un ancien allié. Ce dernier veut épouser Anne depuis qu'elel est enfant, il cède à tout pour l'obtenir et va même jusqu'à garantir que le duché ne sera pas intégrer à la France.Qui plus est Anne entends marier sa fille Claude à un certain Charles le Grand... le futur Charles Quint ! Et en 1504, Anne signe un traité avec le roi de France qui implique que si la reine ne lui donne pas de dauphin, Claude et Charles recevront..; les domaines Italins de La France, la Bourgogne et la Bretagne !
Vous imaginez Charles Quint Maître de toutes l'Italie, de la Bourgogne et de la Bretagne, en plus du Comté de Flandres, de l'Espagne et de l'Allemagne ? La France n'y aurait pas survécu !
Heureusement, Louis XII manœuvre et s'arrange pour faire fiancer Claude à François d’Angoulême - futur François 1er.
Anne cède, avec l'espoir de retourner la situation ultérieurement. peine perdue, elle tombe malade 1511 et décède ne 1514... à seulement 36 ans.

Et si elle n'était pas tombée malade ou même simplement si elle avait vécu plus longtemps ? Louis XII meurt en 1515... si elle avait vécu ne serait-ce qu'un an de plus, elle aurait pu empêcher le mariage de Claude et de François 1er !
Anne aurait probablement ré

Et la bataille de Saint Aubin du Cormier (28 juillet 1488) est considérée comme LA bataille qui cela le destin du duché de Bretagne... je ne la retrouve pas dans votre récit...

Basileus Byzantium a écrit:Et la bataille de Saint Aubin du Cormier (28 juillet 1488) est considérée comme LA bataille qui cela le destin du duché de Bretagne... je ne la retrouve pas dans votre récit...

Parce qu'elle était perdue avant d'être livrée. Même si les Bretons avaient gagné cette bataille, les Français auraient pu aligner une autre armée et recommencer, tandis que les Bretons ne pouvaient pas se permettre de perdre.