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Après Saratoga

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Message par DemetriosPoliorcète Ven 22 Déc - 16:34

La fin de la rébellion

Le 7 octobre 1777, la bataille de Saratoga marquait la fin des espoirs de victoire pour les indépendantistes des Treize colonies américaines : bien que peu décisive du point de vue britannique, elle était un coup au moral des insurgés, qui venaient le mois précédents de s’incliner à Brandywine et de perdre Philadelphie, capitale de facto de la République rebelle.

Les défaites américaines consternèrent les membres du congrès, les Patriotes américains, les bourgeoisies de Richmond et de Georgetown, mais également les milieux intellectuels européens. A Paris, Vergenne et les partisans de l’entrée en guerre aux côtés des insurgés perdaient tout crédit au sein du cabinet du roi Louis XVI. La France se contenterait de soutenir la contrebande pour équiper les rebelles américains et de conserver un comportement bienveillant envers les officiers français volontaires auprès de la jeune république, mais ne ferait guère plus. Volontaires qui d’ailleurs se feront rares, l’indépendance américaine apparaissant de plus en plus comme une cause perdue.

En effet la Nouvelle-Angleterre, isolée par les armées britanniques et en proie aux raids continuels des alliés amérindiens de Londres, ne peut tenir longtemps. En mai 1778, Boston, foyer de la rébellion, tombe. Des négociations engagées avec le Congrès américain échoue devant l’incapacité pour les Américains de parler d’une seule voix. En décembre, une expédition anglaise vise les colonies du sud et s’empare de Savannah ; la désorganisation de l’armée continentale, la baisse de moral suite aux défaites, la défection de certains chefs mais aussi et surtout le manque chronique de poudre noire conduisent à une série de désastres. Charleston tombe, avant que l’Armée continentale du sud ne soit anéantie à Camden. Les Britanniques refusent dès lors de reconnaître une quelconque légitimité au Congrès et demandent une capitulation de l’Armée continentale de Washington, effective à l’hiver 1780. Les négociations de paix se feront au niveau de chaque Etat, les colonies devenant à cette occasion toutes des colonies de la couronne, les colonies « à charte » et de propriétaires étant supprimées. Le Vermont demeure un cas particulier : jamais officiellement membre de l’Union, il est occupé mais ne signe aucun traité de paix. C’est dans cet Etat que naissent les « frères de la forêt », société secrète dédiée au combat contre les Britanniques, qui se répand ensuite dans toute la Nouvelle-Angleterre.

Réorganisation et exil

En France, les milieux philosophiques, Voltaire en tête, mènent une campagne énergique en faveur de l’asile pour les insurgés aboutissant à une proclamation officielle du roi Louis XVI ; considérée par les historiens du droit humanitaire comme fondatrice dans le domaine du droit d’asile, le décret est vu à l’époque comme un moyen d’effacer la dette morale mais aussi les conséquences économiques de l’édit de Nantes, après que Louis XVI at émancipé les protestants. Dans les faits, outre quelques familles de commerçants qui rejoignent les ports de Nantes et Bordeaux, ce sont surtout les élites politiques et intellectuelles qui s’installent à Paris, au premier rang desquelles Benjamin Franklin, Thomas Paine, Thomas Jefferson. La reine Marie-Antoinette parlera plus tard du « poison américain » entré en France, car l’image d’une République idéale, largement fantasmée sur certains aspects, tuée dans l’œuf par la tyrannie de George III, et les principes de la Déclaration d’indépendance, se répandent dans les milieux lettrés, accélérant la remise en cause de l’absolutisme. Si la cour marque sa déception, Choiseul déclare avec malice que « l’Angleterre a héroïquement gagné le droit de conserver le premier de ses fardeaux financiers ».

Aux Treize colonies, pillages et vengeance aveugle sont surtout le fait des Américains loyalistes et des Amérindiens, tandis que Londres cherche rapidement à maintenir un équilibre entre punition apaisement. Si les anciens membres de l’armée continentale sont officiellement exclus du vote et que Londres décide unilatéralement le prélèvement d’une taxe exceptionnelle dédiée à la reconstruction, la politique fléchit dès 1784 avec le Reconciliation Act : les insurgés sont amnistiés, les taxes (y compris celles à l’origine de la rébellion) baissées, l’exclusif colonial assoupli. Le problème de la « taxation sans représentation » est même sensé être réglé par le droit pour chaque colonie d’envoyer des représentants (trois pour la Virginie et la Pennsylvanie, deux pour les autres) ; cette dernière mesure, loin d’avoir l’effet espéré, fut vue comme une insulte, dans un contexte ou des « bourgs pourris » anglais sans aucun habitant étaient autant représentés à Westminter que des colonies de plusieurs centaines de milliers d’habitants…

En dépit de l’amnistie, de nombreux anciens insurgés choisirent de quitter le pays, notamment parmi les calvinistes : l’utopie d’une terre libre et chrétienne ayant échoué, il n’était plus possible de vivre sous la tutelle britannique. Les tentatives spectaculaires de création d’Etats indépendants à l’ouest, comme la République libre d’Amérique au-delà des Appalaches, et Freedomia furent écrasés conjointement par les forces britanniques et les Amérindiens. Cependant, plusieurs milliers d’anglophones s’installèrent dans la vallée du Mississipi, territoire théoriquement espagnol mais pratiquement pas administré, fondant des villes au nom évocateur comme Franklinpolis, au nord de la Nouvelle-Orléans. D’autres créerent des communautés dans les différentes colonies espagnoles, notamment autour du Rio de la Plata et au Chili, où le climat était plus supportable aux anciens colons de Nouvelle-Angleterre. Mais la terre d’asile par excellence fut la colonie du Cap, néerlandaise, nouveau lieu de l’utopie calviniste, qui avait déjà accueilli de nombreux Français chassés au siècle précédent par l’édit de Nantes ; de nombreux toponymes rappellent cette immigration.

La grande majorité de la population américaine resta néanmoins sur place, se ralliant à la couronne ou adoptant des formes de résistance silencieuses, comme le boycott des produits anglais ou le refus de voter aux élections. A Londres, les pressions des milieux abolitionnistes avaient abouti à l’affranchissement des 12 000 esclaves ayant servi dans l’armée royale et de leurs familles, conduisant à la création d’importantes communautés noires libres.

Le Royaume des Amériques

En 1797 et 1798, la Révolution française entraîne la chute de la régente Marie-Antoinette et la rédaction d’une Constitution dans laquelle l’influence de la Déclaration d’indépendance est évidente. L’arrivée de ces nouvelles dans les Treize colonies ravive le souvenir de la Rébellion, entrainant un regain d’activité des Frères de la forêt et des sociétés secrètes indépendantistes. En 1799, des drapeaux de l’éphémère République et de la France sont hissés lors d’émeutes à Boston et New-York.

La peur d’une nouvelle guerre vient s’ajouter au problème jamais résolu du coût de la colonie pour décider les parlementaires à repenser l’organisation des Amériques et à envisager un gouvernement unifié et autonome politiquement…et surtout en termes de budget. En 1800, un Acte proposant l’élection d’un Parlement des Amériques est voté, entraînant une panique chez les Amérindiens, qui envoient plusieurs délégations à Londres, rappelant leurs bons et loyaux services pendant la Rébellion. Pour éviter toute idée de filiation entre ce Parlement et le Congrès de Philadelphie, il est décidé d’y inclure des représentants des deux Floride, du Nouveau Brunswick et de Terre-Neuve.

Bien que boycottée par les nostalgiques les plus intransigeants des Etats-Unis, l’élection du Parlement est un succès. Celui-ci se réunit à Charleston en 1801 ; parmi ses membres, on trouve George Washington, qui a accepté l’amnistie et représente la Virginie. L’assemblée donne son accord à l’envoi d’ne délégation pour négocier la création d’un Royaume des Amériques dont la couronne serait confiée à George III. Si les négociations trainent en longueur, elles aboutissent en 1804 à la proclamation du Royaume des Amériques, dirigé par George III et son fils, le Prince régent. Londres se débarrasse enfin de son fardeau financier, et les Américains obtiennent le gouvernement de leur nation, bien que sa constitution soit un décalque des textes fondamentaux britanniques et que George III y reste monarque de droit divin. La province de Québec reste quant à elle inchangée, tandis que le territoire indien demeure sous la protection directe du roi d’Angleterre, bien que ses frontières soient à cette occasion repoussées vers l’ouest, reconnaissant les empiètements de facto des colons. Cet échec oblige les nations autochtones à s’organiser pour présenter un front uni dans les questions de frontières à venir.

Crise et effondrement du royaume

Au cours de ses vingt-neuf premières années d’existence, le Royaume des Amériques étonna le monde par sa stabilité. La recette était simple : peu d’ingérences du pouvoir royal dans les affaires du gouvernement fédéral, peu d’ingérences du gouvernement fédéral dans les affaires des Etats.

Le seul événement susceptible d’ébranler l’édifice fut la proclamation, en 1814, d’une République de l’Ohio dans le territoire du même nom, théoriquement rattaché à la province de Québec, par les milliers de colons anglophone installés illégalement. La volonté de créer un Etat indépendant sur cet immense territoire, accompagnée de l’usage de la mémoire de 1776, entraîna la réaction de la couronne mais également celle, plus vive encore, des Indiens du nord-ouest, autour du chef charismatique Tecumseh, fondateur d’une confédération autour de son peuple, les Shawnee. Quatre ans d’une guerre particulièrement brutale conduisit à un compromis avec la création d’un Etat de l’Ohio rejoignant le royaume des Amériques et celle d’un Etat souverain (mais toujours avec George IV comme souverain théorique et protecteur) pour la confédération de Tecumseh.
Pour sa trentième année d’existence, une crise allait néanmoins secouer le royaume : le vote, à quelques voix prêt, de l’Indian removal act, déplaçant les Indiens à l’ouest des Appalaches, se heurta au veto royal, avec l’aval du Parlement de Londres où les réseaux Amérindiens menaient un intense lobbying. Ce coup d’autorité, devenu impensable en Grande-Bretagne, fut perçu comme un retour de la sujétion à Londres, et raviva les vieilles blessures. Quatre ans plus tard, une autre question se posait : Londres abolissait l’esclavage dans ses colonies, ce qui amena à se poser la question d’une mesure similaire aux Amériques. Quatre ans plus tard, Victoria déclara officiellement qu’elle souhaitant que le Parlement des Amériques se prononce sur la question.

Le ressentiment antibritannique, autant que la peur d’un renforcement du pouvoir central aux Amériques, entraîna les colonies esclavagistes à faire sécession, reprenant le nom d’Etats-Unis d’Amérique. En dehors des anti-esclavagistes virulents, peu de gens souhaitaient se battre jusqu’à la mort pour maintenir dans le Royaume les Etats sécessionnistes ; le patriotisme américain s’était toujours effacé devant l’attachement de chacun à son Etat. Après plusieurs mois d’incertitudes, le Parlement vota la non-reconnaissance de la sécession mais désapprouva l’idée d’une intervention armée, à la fureur de Londres. La guerre finit par éclater…sans que le Parlement n’oblige officiellement les Etats à participer.

L’armées royales des Amériques subit une défaite rapide mais brutale après avoir tenté d’envahir la Virginie du Nord. Dans les mois qui suivirent, des troupes débarquées de Grande-Bretagne s’emparèrent de Richmond et des principales villes côtières, mis au prix de très lourdes pertes. Un an plus tard, les élections parlementaires donnèrent un net avantage aux adversaires de la guerre, et le Royaume des Amériques signa un cessez-le-feu, affirmant de fait sa totale souveraineté en termes de politique étrangère. La Grande-Bretagne devait abandonner la partie en 1842 et reconnaître la sécession, sauvant la face en négociant des dispositions pour l’abolition progressive de l’esclavage.

La crise ouverte entre la couronne et le Royaume des Amériques fut résolu par l’accord de 1845 qui déclarait que la couronne passerait à la mort de Victoria à une branche cadette de la maison de Saxe-Cobourg Gotha. Le duc de Buckingham devant héritier des titres paternels, ce fut le troisième fils de Victoria, Arthur, qui devint roi des Amériques à la mort de sa mère.

Il faudra attendre 1920 pour la pleine souveraineté des territoires indiens du sud ouest, et 1922 pour ceux du nord ouest. En 1924, après des années de guerre civile larvée, le Québec obtenait la pleine indépendance.
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Message par Thomas Ven 22 Déc - 18:24

Du coup, on se retrouve avec une Amérique type "confédéré mas pas trop et pas longtemps" et surtout plus petite qui obtient l'indépendance ^^

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Message par Wardog1 Ven 22 Déc - 19:35

Et frontalière de nation indiennes indépendante, pas de piste des larmes? Ca serait une bonne chose et la population amérindienne serait sans doute plus importante.
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Message par Collectionneur Jeu 28 Déc - 17:38

Il est vrai que la victoire des indépendantistes des 13 colonies est une anomalie historique pour l'époque.

Je signale un mot oublié :

Aux Treize colonies, pillages et vengeance aveugle sont surtout le fait des Américains loyalistes et des Amérindiens, tandis que Londres cherche rapidement à maintenir un équilibre entre punition .... apaisement

Une lettre ici :

Celui-ci se réunit à Charleston en 1801 ; parmi ses membres, on trouve George Washington, qui a accepté l’amnistie et représente la Virginie. L’assemblée donne son accord à l’envoi d’.....ne délégation pour négocier la création d’un Royaume des Amériques dont la couronne serait confiée à George III.

S en trop :

L’armées royale'''s''' des Amériques subit une défaite rapide mais brutale après avoir tenté d’envahir la Virginie du Nord.
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