Harald III et ses héritiers
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Thomas
LFC/Emile Ollivier
DemetriosPoliorcète
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Harald III et ses héritiers
Harald III et ses héritiers
Si l’on en croît les chanteurs, il s’en serait fallu de peu pour que la conquête norvégienne de l’Angleterre n’advienne jamais. En effet, plusieurs textes écrits sur la bataille de Stamford Brua indiquent que le roi Harald, en état de transe guerrière pendant l’ensemble du combat, se serait aperçu après coup d’une entaille causée dans son cou par une flèche l’ayant effleurée. Invention destinée à magnifier l’héroïsme du souverain ? Nous ne le saurons jamais.
Toujours est-il que le courage du souverain sauva l’armée norvégienne, prise par surprise par les troupes d’Harold Godwinson, d’un désastre complet, et permit de rétablir la situation avant que les troupes du Jarl des Orcades n’arrivent pour prêter main forte à leur suzerain. La mort d’Harold dans la mêlée emporta définitivement la décision, et les troupes norvégiennes sortirent victorieuses de ce mauvais pas.
Harald eut l’intelligence de ne pas faire marcher ses troupes vers le sud, et de d’abord renforcer son pouvoir autour d’York. Son allié Tostig fit tout son possible pour rallier à lui de nouveaux soutiens anglo-saxons, renforçant ainsi son armée alors que les deux autres prétendants, Edgar Atheling, de la maison de Wessex, et Guillaume de Normandie s’affrontaient dans le sud.
Après une difficile prise de Londres, Guillaume se décida à marcher vers le nord au printemps 1067. Norvégiens et Normands, des Anglo-Saxons s’étant ralliés au deux camps dans des proportions relativement semblables, s’affrontèrent au sud d’York, et Harald fut une fois encore victorieux. La mort de l’élite normande et de son duc allait précipiter la crise du duché et son annexion par le domaine royale ; les Normands émigreraient ensuite en masse vers la Méditerranée où ils se feraient à nouveau un nom glorieux.
Enfin reconnu par tous comme roi d’Angleterre, Harald ne profita pas longtemps de sa conquête et mourut l’année suivante, laissant le trône à ses deux fils, Magnus et Olav. Proclamés conjointement rois de Norvège et d’Angleterre, ils se partagèrent dans les faits les domaines de leur père, Magnus régnant sur la Norvège, dont il avait été proclamé roi en 1066, en prévision du départ de leur père, et Olav sur l’Angleterre, où il avait accompagné son père. Mais la mort de Magnus dès 1069 amena Olav à exercer la royauté sur les deux pays. De retour en Norvège pour consolider son trône, il fonda en 1070 la ville de Bergen, appelée à devenir la capitale du pays, avant de retourner en Angleterre où il allait désormais passer la majeure partie de sa vie.
A l’inverse de son père, il apparaît comme un souverain peu belliqueux et surtout soucieux de développer le commerce et de stabiliser l’organisation des conquêtes, ce qui lui vaudra le surnom de Kyrre, « le tranquille ». Pendant ses trente ans de règne, les liens déjà anciens entre pays scandinaves et les îles britanniques s’approfondissent encore. Plusieurs grandes réalisations architecturales à York, la nouvelle capitale, renforcent encore le prestige de la dynastie.
A la mort d’Olav en 1093, ses possessions sont de nouveau partagées entre ses deux héritiers, son fils Magnus héritant de l’Angleterre et son neveu Hakon de la Norvège. Mais le destin réunit encore une fois les deux royaumes : Hakon décède de maladie peu de temps après, permettant à Magnus d’être proclamé roi de Norvège. Plus agressif que son père sur le plan militaire, Magnus III affronte la Suède, mais conclut une paix en 1101 avec les deux autres rois scandinaves pour se concentrer sur ses expéditions en Irlande, où il impose sa suzeraineté sur la majeure partie du pays.
Magnus (Ier du nom en Angleterre, III en Norvège) est le dernier souverain à régner conjointement sur les deux pays. A sa mort, son fils Sigurd hérite de l’Angleterre, tandis que ses fils Eysteinn et Harald se partagent la Norvège. Ce n’est pas pour autant la fin de l’influence scandinave : la langue de la cour, son fonctionnement interne et un certain nombre de pratiques administratives demeurent norvégiennes, tandis que l’immigration scandinave vers les Îles britanniques se poursuit. Il faudra attendre le XIVe siècle pour qu’une fusion linguistique et culturelle des deux populations s’opère définitivement.
Tourné vers l’espace germanique et la Scandinavie, l’Angleterre n’a que peu de rapports avec le royaume de France, qui poursuit dans le même temps sa lente unification. Ce n’est qu’à partir du XIIIe siècle que les deux pays se rapprochent à travers des politiques d’alliance matrimoniales. Au siècle suivant, l’extinction de la branche ainée des Capétiens conduit brièvement à l’union des deux pays sous la maison de Norvège. La noblesse française s’habitue difficilement à ces souverains « aussi étranges qu’étrangers », comme le dira avec malice un chroniqueur ; mais ceux-ci ont l’avantage d’être souvent absents et de laisser à leurs sujets nobles une plus grande liberté d’action.
En 1402, c’est finalement le thing anglais, inquiet de l’influence française grandissante, qui met fin à l’union en proclamant roi un héritier différent du trône de France. L’Irlande en profite également pour se séparer de l’Angleterre, une troisième branche des descendants d’Harald et de Sigurd obtenant ainsi une couronne.
Ancêtre des plus grandes maisons princières européenne, Harald Hardrada, le vainqueur de Stamford Bridge, devient au XXe siècle un symbole d’unité. En 1956, alors que la France, l’Angleterre, l’Irlande, l’Ecosse, la Frise et le Danemark-Norvège fondent l’Union Européenne, Harald est qualifié d’ « arrière-grand-père de l’Europe »
Dernière édition par DemetriosPoliorcète le Jeu 25 Aoû - 21:26, édité 1 fois
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
LFC/Emile Ollivier, Collectionneur, Rayan du Griffoul, ezaski et Yodarc aiment ce message
Re: Harald III et ses héritiers
Une sacrée uchronie ! Excellent comme d'habitude en tout cas.
LFC/Emile Ollivier- Messages : 2721
Date d'inscription : 26/03/2016
Age : 35
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Re: Harald III et ses héritiers
Excellent!
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« Ce n’est que devant l’épreuve, la vraie, celle qui met en jeu l’existence même, que les hommes cessent de se mentir et révèlent vraiment ce qu’ils sont. »
Alexandre Lang.
Au Bord de l'Abîme et au-delà
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Re: Harald III et ses héritiers
Excellent, mais la dernière phrase a rectifier
En 1956, alors que la France, l’A...l...gleterre, l’Irlande, l’Ecosse, la Frise et le Danemark-Norvège fondent l’Union Européenne, Harald est qualifié d’ « arrière-gra...d-père de l’Europe »
En 1956, alors que la France, l’A...l...gleterre, l’Irlande, l’Ecosse, la Frise et le Danemark-Norvège fondent l’Union Européenne, Harald est qualifié d’ « arrière-gra...d-père de l’Europe »
Re: Harald III et ses héritiers
Mais non c'est un mélange entre l'algerie et l'angleterre!
Wardog1- Messages : 356
Date d'inscription : 08/11/2015
Age : 32
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Re: Harald III et ses héritiers
Merci à tous!
Je corrige, Collectionneur
Je corrige, Collectionneur
DemetriosPoliorcète- Messages : 1481
Date d'inscription : 05/03/2016
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Re: Harald III et ses héritiers
Très bonne TL, plein de bonnes idées et j'adore cette époque.
Standford Bridge est une de ces batailles oubliées qui auraient pu changer le cours de l'histoire.
Standford Bridge est une de ces batailles oubliées qui auraient pu changer le cours de l'histoire.
_________________
Le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des philosophes et des sots. William Faulkner
Anaxagore- Messages : 2234
Date d'inscription : 18/10/2015
Age : 50
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Re: Harald III et ses héritiers
Bonne uchronie. Évidemment à l'époque pas trop de sentiment national, cela permet de faire des assemblages sur une personne avec des unions personnelles et alliances matrimoniales. Un individu pouvait changer le cours de l'histoire en restant vivant ou en mourant (ici Guillaume le conquérant).
Dans ce monde l'anglais aura très peu de vocabulaire français et on peut penser que les irlandais continueront à parler majoritairement gaélique car indépendants.
Dans ce monde l'anglais aura très peu de vocabulaire français et on peut penser que les irlandais continueront à parler majoritairement gaélique car indépendants.
Préhistorique- Messages : 567
Date d'inscription : 03/03/2020
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