Thulé émergée

Thulé est une terre nommée pour la première fois par l'explorateur grec Pythéas. Cette terre situé dans l’Atlantique nord à été assimilé à la Norvège ou l'Islande ou les Shetlands. Ici il s'agira du plateau de Rockall. Rockal est actuellement un rocher émergé dans l’Atlantique nord appartenant au Royaume Unis. C'est une ancienne cheminé volcanique qui culmine à 17 mètres. Ils s'agit du seul point émergé du plateau de Rockall un fragment de croûte continental qui lors de l’ouverture de l'Atlantique nord se sépara de l'Irlande pour ensuite se séparer du Groenland (Voir la carte). On suppose que ce microcontinent  a été submergé à l’Éocène.

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Selon l'auteur de la carte cette île a été découvert par Pythéas et une colonie grecque y fut fondé. Plus tard il y eu des migration germanique et la langue est depuis germanique avec un substrat grec. La religion est catholique avec des protestants au nord (région qui appartenait à la Norvège). Comme faune il a imaginé des phoques géant et des ours de la taille d'un lapin, on va essayer de faire plus réaliste.

En admettant que l'île reste émergé elle aurait l'inconvénient d'être stérilisé par la glace comme l'Islande lors de ère glaciaire, un glacier a recouvert les îles Britanniques, nul doute que Thulé aurait été prise dans la glace elle aussi. Le fond marin est aussi trop profond pour relier l'île même en période glaciaire donc pas trop de possibilité pour la faune terrestre d'atteindre l'île. Au niveau de la flore elle aurait eu un climat similaire à l'Irlande et l’Écosse donc de la forêt de feuillus dans les basses terres et de conifère dans les hauteurs (comme la forêt calédonienne) puis des Landes suite au déboisement.

Pour ce qui est de la faune il faut soit marcher sur la glace tant que la glaciation le permet ou flotter sur un radeau végétal.

Au niveau de la faune il y aurait peu de mammifères endémique. On peut être sur qu'il y aurait une sous espèce de renard polaire car cette espèce a un bon pouvoir de dispersion, elle peut parcourir des milliers de kilomètres sur la glace et est le seul mammifère terrestre d’Islande et de Jean Mayen. La sous espèce de Thulé aurait sans doute abandonné son pelage d'hivers dans les basses terres pour conserver son pelage d'été toute l'année, une variété conservant le pelage d'hivers existerait dans les hautes terres. Le renard polaire a disparu vers - 8000 d'Irlande, le réchauffement du climat amenant le renard roux, bien plus gros qui l'a supplanté. Actuellement le renard roux remonte vers le nord où il prend le territoire de son cousin plus petit.

Un autre mammifère terrestre pourrait être le renne disparu vers - 7500 d'Irlande. Il a pu atteindre le Svalbard depuis le Groenland en marchant sur la glace. Le renne a aussi disparu récemment des montagnes d’Écosse vers l'an 1000 avant d'y être réintroduit au XXI^ème siècle. Il pourrait s'adapter au climat plus chaud en l'absence de concurrent. Plus tard il aura de la concurrence car les humains introduiront certainement d'autres espèces de cervidé mais il pourra avoir l'avantage dans les montagnes.

Un candidat potentiel est l'ours. L’Irlande a abrité des, ours polaire et des ours brun. D'après leur ADN ces ours brun s'était hybridé avec des ours polaires. Ces ours d'Irlande ont disparu vers - 500. On peut donc imaginer une population d'ours polaire ayant quelque ancêtres ours bruns restant parcourant la glace pour chasser des phoques puis qui se maintiendrait sur l'île si elle trouve suffisamment de nourriture. Les phoques élevant des petit dans la glace deviendraient rare avec la fin de l'ère glaciaire mais les ours pourraient compenser avec des rennes devenant de plus en plus nombreux avec la déglaciation de l'île. Les saumons pourraient aussi être une source de nourriture. Ils devraient aussi revenir à une alimentation plus omnivore. L'ours polaire étant une espèce relativement jeune (500 000 ans) elle peut encore être adaptable. les quelques ancêtre bruns verraient leurs gènes sélectionné et le pelage deviendrait de plus en plus foncé. Il y aurait aussi une réduction de taille car l'île ne pourrait supporté une population de grand animaux, l'ours polaire étant le plus gros des ours. Ces ours devraient disparaître durant l'antiquité.

Dernier candidat pour une introduction naturelle la loutre de rivière. Avantage elle nage bien.

Pour le reste on peut envisager des petit animaux flottant sur des radeaux végétaux. Surtout des rongeurs, l'Irlande en compte quelques un. Le Lézard vivipare (Zootoca vivipara) est aussi un candidat. Les amphibien ne font pas de bon candidat, ils supportent mal l'eau salé.

Les oiseaux seront nombreux. Suivant la présence ou non de prédateurs on peut imaginer de gros oiseaux passant plus de temps au sol comme des cygnes par exemple. Ces cygnes ne devraient craindre que les ours, les renards polaires n'étant pas une menace pour un individu adulte.

Faune introduite

Pour le reste il faudra une intervention humaine car les pont de glace disparaîtra rapidement et comme en Irlande aujourd'hui la plupart des mammifères ont été introduit. On peut penser que les humains arriveront dès le  Mésolithique. Ils pourraient introduire le lièvre variable et des chiens qui retourneront à l'état sauvage. Plus tard il y aura l’introduction du cerf élaphe (il a été réintroduit en Irlande vers - 3300), il devrait y être introduit dans l’antiquité voir dans la préhistoire. le chevreuil est aussi un bon candidat à la réintroduction car étant plus petit il tient mieux sur les petits bateaux de l'époque. Il y aura aussi tout les commensaux de l'homme tel les rats souris, lapins, cochons, chats, bétail retourné à l'état sauvage tel les moutons, les chèvres voir même des bœufs.

Les humains arriveront sur l'île vers le Mésolithique, il y introduiront le lièvre variable et des chiens encore proches des loup qui formeront des meutes pour se nourrir des rennes. Plus tard il y aura introduction des cerfs et des chevreuils. Ces humains seront probablement des noirs aux yeux bleus tel qu'il existaient sur le continent avant la néolithique.

Le Néolithique est arrivé vers - 3800 en Écosse et en Irlande. On peut donc estimer que l'agriculture arrivera sur Thulé vers - 3200 au plus tard. Et il y aura certainement une période de transition, comme sur la Baltique où les chasseurs-cueilleurs élevaient des porcs des siècles avant l’adoption de l'agriculture. Les village de pêcheurs côtiers adopteront des animaux domestiques tels les porcs et du petit bétail (chèvre mouton) pour ensuite adopté du bétail plus gros, la culture des végétaux ne venant qu'ensuite. La situation isolé de l'île ferra que peut-être les chasseurs-cueilleurs formeront une proportion plus importante des ancêtres des thuléens modernes, ceux-ci auront une couleur de peaux plus foncé que les autres européens. L'isolement de l'île faisant aussi que que l langue sera préservé, elle ne sera pas indo-européenne.

L'Antiquité commencera par l'arrivée du cuivre vers 2000 avant JC puis il y aura l'age du fer. Quelques celtes s'installeront sur la côté est mais ils resteront en minorité à par des les îles à l'est. L'île sera alors constitué de clans se combattant entre eux comme en Irlande. Les chaînes de montagnes assez hautes favoriseront la fragmentation de l'île. Dans l'Antiquité tardive les thuléens emprunteront l'écriture oghamique des irlandais. Les romains seront trop loin pour avoir une influence significative, pour eux Thulé sera une île lointaine aussi légendaire que ne l'était la Bretagne avant César.

Le haut Moyen Age verra pour la première fois le monde extérieur avoir une influence sur l'île. La christianisation de l'île devrait être entreprise depuis l'Irlande à partir du VI^ème siècle et des païens devraient encore exister au IX^ème siècle dans les montagnes. La barrière de la langue y étant pour beaucoup.

Ensuite viendront les invasion vikings. Certaines zones seront entièrement scandinavisé comme les Orcades ou les Shetlands en Écosse. Les îles du nord devraient passé dans l'orbite scandinaves à cette période pour finir par appartenir à la Norvège puis au Danemark. Quelques îles au nord et territoire au nord de Thulé seront peuplé de scandinaves mais ces population devraient être reconquise par des souverains locaux.

Au niveau culturel la victoire de la christianisation devrait être totale aux XI^ème siècle pour les derniers scandinaves sur les côtes au XII^ème siècle avec la conversion des derniers païens dans les montagnes. C'est à cette période que l'écriture latine s'imposera avec la disparition de l’écriture ogham et des runes scandinaves  au XII^ème. L'île devraient s’unifier à la fin du Moyen Age.

Elle entretiendra des relations avec les îles Britanniques, la Scandinavie et la France. L'unification de l'île étant assez tardive Thulé ne pourra empêcher la conquête de l'Irlande par l'Angleterre. Mais par la suite Thulée pourra tenter de soutenir les rebelles irlandais. Thulé sera aussi en compétition avec l’Écosse pour le contrôle de la seigneurie des îles, des Orcades et des Shetlands. La France sera un allié de choix contre l'Angleterre. Les relations avec le Danemark seront tendues pour les contrôle des Féroé et de l'Islande.

A l'époque moderne tout dépend des liens dynastiques. En admettant que l'île reste indépendante cela fait une seconde Angleterre en Europe. Une deuxième île de grande taille et pouvant alors avoir une petite armée et une grosse flotte, de quoi poser des soucis à l'Angleterre qui sera son principal rival. Pour la réforme protestante cela peut dépendre d'une décision personnelle du souverains mais en général plus on est éloigné de Rome plus on a tendance à vouloir abandonner le catholicisme. Un point qui pourrait tendre a conserver le catholicisme est la proximité avec les irlandais catholiques qu'on voudra toujours pousse r à la révolte contre l’Angleterre protestante, l'écosse protestante sera aussi une ennemi de même que le Danemark protestant. et comme pour les alliance matrimoniales il vaut mieux avoir la m^me religion que ses alliés potentiels (France, Espagne voire clan gaélique écossais des Highlands et Irlande indépendante) Thulé devrait demeurer catholique.

Thulé est aussi situé en Europe de l'ouest donc en bonne position pour coloniser. Ses plaines agricoles devrait lui fournir une population suffisamment importante pour coloniser. Ensuite un fort commerce devrait lui permettre d'avoir des capitaux pour s'industrialiser, à commencer par l’artillerie et les navires pour faire concurrence militaire à l'Angleterre.

Pour l'empire colonial l'Amérique du nord est une cible évidente. A cela on peut ajouter quelques îles à plantation dans les Caraïbes. Une alliance avec la Hollande et le France devrait permettre de contrôler les colonies anglaise d'Amérique du nord et de permettre la survie des colonie hollandaises et françaises. La Géorgie devenant thuélenne ainsi que la baie d'Hudson et Terre Neuve. Il y aura aussi une compagnie des indes orientales.

Arrivé au XIX^ème siècle le point de divergence est tellement loin qu'on peut tout imaginer. Le point principal de cette ligne temporelle est qu'on a deux Angleterre au lieu d'une.

Il y a beaucoup a dire sur les variations du niveau de la mer qui peut résulter des variation de la quantité d'eau sous forme liquide ou sous forme de glace, de la sédimentation et de l'érosion mais aussi des variations de la croûte terrestres.

Dans le cas des îles Britanniques elles subissent un enfoncement depuis la fin de la dernière glaciation. Lors de la glaciation l'inlandsis (calotte de glace continentale) a fait pression et à enfoncé la croûte terrestre et par réaction les zones en bord du glacier (ici les îles Britanniques ) se sont soulevées. Et lors de la déglaciation c'est le phénomène inverse, le glacier fond, la zone qui le supportait remonte et les zones périphériques s'enfoncent. C'est le phénomène de l'enfoncement glaciaire et du rebond isostatique.

Les souches mentionné par Anaxagore en sont une preuve (Forêt antique de Borth, baie de Cardigan pays de Galles), rapidement enfouie dans le sédiment elles ont été préservée. Exemple :  l’ouragan Ivan, qui est passé par la Côte du Golfe en 2004, a révélé un secret au large de l’Alabama. Il s’agit d’un paysage marin arboricole se trouvant à 18 mètres sous la mer. Selon les scientifiques, les éléments constituant cette forêt engloutie sont des cyprès datant de 52 000 ans.

On a l’exemple des îles Scilly qui étaient plus élevées à l'époque romaine comme l'ont démontrer des recherches archéologiques avec des murs engloutit et une ferme sur un îlot trop petit pour avoir actuellement des champs. Le souvenir de cet engloutissement a peut être donné naissance à la légende du Royaume de Lyonesse engloutit. Ci dessous la carte des îles actuelle et le tracé de la côte il y a 5000 ans.

L'évolution de la mer Baltique est intéressante. Complètement prise dans les glace lors de la dernière période glaciaire elle subit un enfoncement important et s’élevât de 400 mètres en son centre. De ce fait elle subit plusieurs phases marine et lacustre suivant la remonté du niveau de la mer et celle plus lente du continent (cf. Geology of the Baltic Sea). Même à l'époque historique il y eu des conséquences. par exemple la vile de Birka en Suède sur le lac Mälar fut abandonnée vers 975, sans doute car le rebond postglaciaire là fait passé du statut de baie d'eau salé à lac d'eau douce rendant son accès plus difficile aux navires marchands. Vers 1200 le chenal était si peu profond qu'il fallait vider les bateaux ce qui conduisit à la fondation de Stockholm. Actuellement la surface du lac Mälar est de 0,7 mètre au dessus du niveau de la mer. Une autre conséquence est l’apparition de l'île Märket en Mer Baltique, on estime que cette île à émergée au XVI^ème siècle et fut partagée en 1809 entre la Suède et la Russie et cette dernière revint à la Finlande en 1917.

Évolution de la configuration de la Mer Baltique après la dernière glaciation.


Sur cette illustration on peut voir l'évolution du littoral de Stockholm, la ligne 1 est la côte actuelle, la ligne 2 est le tracé il y a 2000 ans et la ligne 3 le trace de la côte il y a 4000 ans.

L'Amérique du nord eu sont évolution aussi avec la Mer de Champlain qui recouvrait l’actuelle vallée du Saint Laurent et la Mer de Tyrrell qui était une version agrandie de la baie d'Hudson.

La plaine de Flandre a connu des phases de transgression marine (Dunkerque I, II et III) et de régression (ex : régression Carolyngienne). Une des phases de transgression coïncide avec un refroidissement du climat, un climat plus humide et l'arrivée des anglo-saxons en Angleterre et on sait que l'anglais est proche du frison.

Transgression marine en mer du nord, tout ce qui était en vert était sous l'eau.

La sédimentation et l'érosion ont leur rôle, par exemple la côte française avait il y a 2000 ans le Golfe des Pictons qui aujourd'hui est comblé et forme le marais Poitevin.

La Baie du Mont-Saint-Michel a aussi l'histoire d'une forêt engloutie, la légendaire forêt de Scissy qui aurait été engloutie par un raz de marée. Tout cela est légendaire mais la configuration de la baie a bien variée mais sur des milliers d'années, voir ici pour l'évolution du trait de côte de la baie : Le Mont-Saint-Michel et sa baie, une histoire sédimentaire entre terre et mer. Ici ce n'est pas une variation de la croûte terrestre mais c'est la sédimentation du sud et l'érosion de l'est de la baie.

Autre exemple le site d’Éphèse en Turquie. Un exemple de modification de la côte par sédimentation comblant le port rendant les terres impropre par création de marais apporté des maladie ayant conduit à l'abandon de la ville qui est est aujourd'hui une magnifique ruine attirant les touristes. La ville de Milet a subit le même sort.

A gauche : évolution du rivage à Éphèse. A droite évolution du rivage à Milet

Autre phénomène le Bradyséisme. Il résulte de la variation de la croûte terrestre d'origine volcanique. Une chambre magmatique se vidant et se gonflant. L'exemple type est celui du temple de Temple de Sérapis à Pouzzoles sous l'action du supervolcan des Champs Phlégréens. le niveau du sol peut varier très fortement de 3 mm par jour (soit 320 cm de soulèvement entre 1969 et 1985). On a aussi retrouvé des traces de mollusque marin (lithodome) sur une colonne a environ 6 m ce qui fait qu'entre sa construction à l'époque romaine et aujourd'hui il a été submergé. On connaît un autre exemple dans la parc de Yellowstone de variation du niveau du lac Yellowstone en datant des campements de nomade amérindien, ceux-ci établissant leur campement juste près de l'eau. Or a on retrouvé des campement en hauteur et par datation on a pu retracer le niveau du lac au cours du temps que ce soit sous l'action du supervolcan ou du niveau des précipitations.

Trace de mollusque marin sur une colonne du temple de Temple de Sérapis à Pouzzoles

Non je n’ai mentionné aucune uchronie de ce type. Ce type d'uchronie existe et ce divise en deux, le Projet Atlantropa (J'ai même retrouvé Collectionneur ici sur AIR-DEFENSE.NET et une Méditerranée à sec depuis le Messinien. On peut imaginer un POD où celle-ci reste fermé ou se ferme à tout moment, cela prendrait 1000 ans pour qu'elle se vide par évaporation et élevant le niveau du reste des océans de 12 mètres.

J'ai trouvé une uchronie sur Deviantart, je vous ais traduis l'histoire par contre je ne traduis pas les notes pour construire le scénario, vous pourrez les lire en anglais ici : Gods of Salt

Dieux du Sel



Crédit : Concavenator

Mettons tout ensemble. Il y a six millions d'années, vers la fin du Miocène, la fermeture naturelle du détroit de Gibraltar a transformé la mer Méditerranée en un désert salé. Les quelques espaces habitables offraient un passage sûr entre l'Afrique et l'Europe à de nombreuses espèces; les éléphants et les singes, dont la diversité avait augmenté pendant tout le Miocène, en faisaient partie.

Les profondeurs du nouveau bassin méditerranéen, en revanche, étaient un environnement infernal qui a dû contraindre de nombreuses espèces à des adaptations désespérées. De nombreuses plantes ont appris à pousser dans le sable, bien avant que le Sahara ne devienne un désert, avec des concentrations de sel qui tueraient la plupart des autres. Les éléphants, nous l'avons vu, sont doués pour trouver et stocker de l'eau, en utilisant des outils pour empêcher l'évaporation des réserves. Ils doivent avoir fait évoluer leur intelligence caractéristique pour faire face aux défis uniques du bassin méditerranéen. Comme les chasseurs-cueilleurs Khoisan du désert du Kalahari (ou d'ailleurs les premiers Homo sapiens), ils avaient besoin de compétences avancées en résolution de problèmes, d'une bonne mémoire et de la capacité de coopérer et de se faire confiance.

Leur solution finale pour s'assurer un approvisionnement alimentaire dans le grand bassin était l'agriculture. De nombreux halophytes méditerranéens sont comestibles même dans l'alimentation humaine axée sur les graines et les fruits; mais les éléphants sages du Miocène pouvaient se nourrir même d'herbe simple. Les céréales comme le Polypogon qui ne sont, après tout, rien de plus que de l'herbe particulièrement nutritive - ont dû être une bénédiction. Peut-être ont-ils même été sélectionnés artificiellement pour tolérer des sols plus salins, comme aurait pu l'être le précieux arganier.

Pourtant, la civilisation éléphantine en plein essor a été ralentie par leur reproduction lente et par leur capacité limitée de manipulation. La trompe était très efficace, mais chaque éléphant ne pouvait contenir qu'une seule chose à la fois. Ils doivent avoir expérimenté de nombreuses formes de travail animal (ainsi que hydraulique, etc.), mais aucun des nombreux animaux de leur région ne pouvait les aider à manipuler des objets, à fabriquer de l'artisanat bon marché ou à faire fonctionner des machines.

Finalement, ils ont commencé à travailler avec des singes. Peut-être ont-ils prélevé un échantillon de descendants d'Oreopithecus ou de Graecopithecus des hautes terres du nord. C'étaient des animaux intelligents, forgés par le même environnement cruel, capables de comprendre les gestes et d'exécuter des ordres simples. Ils n'enlevaient pas les feuilles dures et l'herbe de leurs maîtres, mais ils mangeaient presque tout le reste (pour les éléphants, la capacité de digérer la viande devait sembler extrêmement précieuse). Ils avaient des mains: deux mains pour saisir un objet large sans poignées, pour disperser des graines sur un champ, ou pour tenir marteau et ciseau dans la fabrication d'un arc de triomphe.

Ainsi, les éléphants se sont retrouvés à régner sur une vaste caste de petits esclaves agiles et infiniment polyvalents. Ils ont sûrement essayé de les améliorer par un élevage sélectif, comme les humains l'ont fait avec les chiens et les chevaux, créant des caractéristiques similaires aux mâchoires courtes et aux petites dents des humains, ou au visage paisible des bonobos. Leurs gènes portent encore des traces de lignées étroitement apparentées. Ils encourageaient certainement une démarche bipède, de sorte que les précieuses mains restaient toujours libres. Avec des serviteurs de singes si communs et utiles, rampant tout autour comme des robots vivants, les éléphants devaient avoir peu d'incitation à améliorer encore leur technologie.

Rappelez-vous que l'air au fond du bassin était très épais: il est probable que les éléphants étaient spécialement adaptés pour le respirer, et ressentiraient beaucoup d'inconfort en dehors de leur berceau. Ils ne se sont jamais aventurés au-delà de ce qui est aujourd'hui le littoral de la Méditerranée, qui devait leur ressembler à des montagnes infranchissables. Cependant, ils auraient pu envoyer leurs serviteurs en exploration sur les grandes îles: laissant, par exemple, les empreintes mystérieuses de la Crète.

Les dirigeants proboscidiens n'avaient probablement pas beaucoup plus de souci pour leurs esclaves primates que les humains pour les vaches dans un abattoir. Même s'ils ne pouvaient pas les manger, ils pouvaient toujours transformer leurs peaux et leurs os en objets précieux; les sacrifier aux dieux éléphantesques au sommet d'une ziggourat élevée par leur travail; les faire combattre dans des jeux de sang ou des batailles par procuration; les utiliser pour la gratification charnelle ou pour des expériences médicales. Les différentes inclinations des humains, des bonobos et des chimpanzés peuvent être comprises comme une spécialisation pour de telles tâches. Nous ne pouvons que nous demander ce que les singes pourraient comprendre de leur condition.

La civilisation des éléphants a eu 600 000 ans pour se développer entre la crise messinienne et le déluge du Zanclean: trois fois l'âge de notre propre espèce. Certes, ils ont étudié en profondeur leur monde isolé. Alors que le niveau de la mer commençait à augmenter dans le détroit de Gibraltar, ils auraient probablement prédit le danger et construit un barrage massif pour bloquer le passage des eaux de l'Atlantique. L'entretien de ce barrage devait être la plus haute priorité. Mais il y avait certainement ceux qui ne croyaient pas à ce danger imminent. Et à la fin, le péché central de l'empire éléphantin a dû les rattraper.

Qu'est-ce qui aurait pu détourner les éléphants de la préservation du bassin méditerranéen tel qu'ils l'ont trouvé? Probablement l'action de ceux qui n'avaient rien à perdre d'une destruction totale - comme les esclaves singes qui avaient finalement franchi le seuil de la conscience de soi. Ou plutôt une action préventive de ceux qui craignaient une révolte plus que leur propre anéantissement? Une sorte d'action de sabotage, peut-être, qui a mis fin à une histoire millénaire en brisant le grand barrage, en laissant l'océan se déverser dans le bassin avec une catastrophe inimaginable, et en le transformant en mer.

Certains ont survécu, des singes et des éléphants. Ils devaient être peu nombreux, peut-être des parias qui avaient fui, ou avaient été exilés, vers les hautes terres extérieures. Peu à peu, ils se sont de nouveau habitués à l'air mince (peut-être que cela ne nécessitait même pas d'adaptation évolutive, juste une apaisement individuel; mais les seigneurs ci-dessous étaient habitués au confort...). Certains se sont échoués sur les nouvelles îles et sont devenus les nains de Chypre, de Crète et de Sicile. Les autres se sont dispersés dans les étendues sauvages de l'Afrique et de l'Europe.

Sans les infrastructures de l'empire submergé, non préparés à l'environnement différent à l'extérieur, ils étaient incapables de reconstruire leur civilisation. La plupart d'entre eux avaient été mal insérés dans la société et leurs facultés intellectuelles n'étaient pas les plus élevées, ni comme cause ni comme conséquence de leur isolement. Seuls, ils sont redevenus des animaux sauvages et sont devenus plus doux qu'ils ne l'avaient jamais été lorsqu'ils étaient des êtres civilisés. Ils conservent encore les compétences vestigiales des artistes et des médecins; ils pleurent toujours la mort de leurs proches.

Les singes survivants, maintenant libres, ont erré au cœur de l'Afrique, en passant par le Tchad. Certains ont trouvé refuge dans les jungles du Congo et du Nigeria, d'autres dans les savanes du Kenya et d'Afrique du Sud, ce qui leur a peut-être rappelé les terres plates où ils ont été élevés dans leur nouvelle forme.

Cinq millions d'années après cette catastrophe inimaginable, le limon a recouvert toutes les ruines du fond de la Méditerranée et les "singes domestiqués" ont quitté l'Afrique en trois vagues de migration. Maintenant, ils contrôlent le monde, des côtes aux montagnes, ils transforment ses terres en villes et fermes, et ils détiennent en leur pouvoir le sort des lointains descendants de leurs anciens maîtres.

Il reste à voir s'ils choisiront d'être miséricordieux ou vindicatifs. Cinq millions d'années ne suffisent-elles pas pour expier un péché ?